SENtract – Le mercredi 28 juillet, le parlement iranien a examiné le plan « Protection des droits des utilisateurs du cyberespace et d’organisation des réseaux sociaux ». Citant l’article 85 de la constitution du régime, le parlement a chargé sa commission culturelle de poursuivre l’examen de la question et de présenter ses conclusions au Conseil des gardiens.
Dans son discours du Nouvel An Persan, Khamenei a annoncé son désir d’avoir un jeune gouvernement du Hezbollah pour le prochain gouvernement, et a fait des remarques sur ses attributs qu’il avait en tête. Dans le même discours, il a évoqué la situation d’Internet en Iran. Il a déclaré : « Malheureusement, malgré toutes mes recommandations et mon insistance, notre atmosphère Internet est lâche et incontrôlée … Notre cyberespace doit être géré. Nous ne devons pas permettre à nos ennemis d’utiliser notre cyberespace contre nous. » (Site Internet Khamenei, 1er avril 2021)
L' »ennemi » auquel Khamenei fait référence est l’OMPI, l’ennemi juré du régime. Il dirige les unités de résistance et les jeunes insurgés à l’intérieur de l’Iran, et qui ont défié Khamenei et son régime. Désespéré, Khamenei veut contrôler à tout prix le cyberespace iranien.
« Hier, une lettre a été écrite aux députés iraniens par le chef de la Commission culturelle, Morteza Agha Tehrani, dans laquelle celui-ci affirme que le plan des limitations du cyberespace était le résultat des avis et des discussions de l’appareil exécutif et des institutions gouvernementales, leur demandant de voter pour ce plan et de le soutenir. » (Site Donyaye Eghtesad, 28 juillet 2021)
Sadegh Sattarifard, expert au Centre de recherche parlementaire, a déclaré à propos du plan : « Dans ce plan, nous avons annoncé que si les réseaux sociaux étrangers devaient fonctionner, ils devraient avoir une licence. » L’obtention d’une licence signifie que le régime peut en quelque sorte accéder aux serveurs des utilisateurs iraniens qui communiquent entre eux. Le régime iranien avait précédemment annoncé cette volonté à Telegram et à d’autres plateformes de messagerie, qui ont rejeté sa demande.
L’actuel Ministre des Communications et des Technologies de l’Information iranien a fait référence à ce plan controversé dans sa publication sur Telegram. Il a déclaré: « Ce plan entraînera très probablement davantage de limitations du cyberespace et rendra l’utilisation de pare-feu encore plus difficile. » Il pense que quel que soit l’angle sous lequel vous regardez ce plan, cela entraînera moins d’accès utilisateur et plus de limitations.
Ce plan accroît la pression sur les moyens de subsistance des iraniens en créant deux millions de chômeurs, et rend le flux d’informations et la répression en Iran pire qu’il ne l’est. Ce plan rendra plus de tranches sociales en chômage et plus appauvries. Et entraînera absolument une augmentation des grèves, des protestations et des émeutes. Pendant ce temps, la société iranienne sera comme une poudrière.
Selon un média pro-régime, cette insistance du parlement iranien à approuver et mettre en œuvre ce plan augmentera la vulnérabilité de la société et sera coûteuse pour le régime, socialement et économiquement. En effet, la majorité des utilisateurs des réseaux sociaux sont des jeunes, et cela peut porter le niveau d’intolérance de la population à un nouveau pic et provoquer des révoltes et des soulèvements sociaux massifs.
Plusieurs parlementaires iraniens ont également mis en garde contre ce projet de restriction d’Internet par crainte des conséquences. Le membre du parlement du régime, Saeedi, a déclaré: « Bien que le parlement ne tienne pas de session informelle sur des problèmes tels que les pénuries d’eau dans la province du Khuzestan et la question du vaccin contre le covid-19, il a tenu des réunions pour discuter du plan de limitation du cyberespace. Ce jour n’était pas une bonne journée pour le parlement. C’était une défaite historique. »
Le ministre de la Culture et de l’Orientation islamique, Seyed Abbas Salehi, a écrit à comme réaction à ce plan sur sa page Twitter : « La société bipolaire est le chemin de la mort ; malheureusement, de nouvelles polarisations sont nées en Iran. »
Cependant, Khamenei a un souci : freiner les soulèvements populaires qui se sont déroulés ces dernières semaines au Khuzestan et dans d’autres villes et provinces. Pour ce faire, Khamenei intensifie la répression et la censure. La « nomination » de Raisi, l’un des plus fidèles à Khamenei, nouveau président de l’Iran fait partie de cette politique répressive. Il est dit que le CGRI et ses cyber-bataillons qui seront responsables de la mise en œuvre de ce plan.
Parallèlement, Khamenei a l’intention de couper les communications de l’OMPI avec les unités de résistance pendant les soulèvements en Iran. L’objectif ultime est de bloquer les messageries et les plateformes des réseaux sociaux comme Instagram et WhatsApp, qui sont largement utilisées en Iran, en particulier lors des soulèvements et des troubles sociaux. Ces réseaux sociaux servent à diffuser les nouvelles et les informations. Lors du soulèvement du Khuzestan, le débit d’Internet est devenu très faible dès le premier jour, et a été complètement coupé au bout de quelques jours.
Jahanabadi, membre de la commission de sécurité du parlement, a déclaré : « Avec la mise en œuvre de ce plan, nous verrons un chaos et un désordre étranges dans notre relation avec le monde et dans la relation des Iraniens entre eux. Pourraient-ils bloquer la plate-forme de messagerie Telegram ? Pourraient-ils se débarrasser de toutes les antennes paraboliques ? Cette approche n’a même pas réussi en Corée du Nord ou dans certains pays d’Amérique latine. »
Hamid Enayat
SENtract