A LA DECOUVERTE DE GORA FALL : Père Gora, l’homme qui a fait du développement de son quartier un sacerdoce

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(Tract)- Tout le monde l’appelle Père Gora. Certainement à cause de son âge avancé, lui qui a déjà soufflé une soixantaine de bougie. Mais Gora Fall à l’état civil ne reflète physiquement pas son âge. C’est un homme svelte, qui s’habile de façon simple, parfois en jean et tee-shirt, avec une casquette toujours visé à la tête, selon les circonstances. Très élégant, il soigne bien sa mise. A vrai dire, il ne passe pas inaperçu. A chaque coin de rue où il passe c’est des « Pères Gora » par-ci et par-là. Enfant, jeunes, adultes, femmes ou hommes, tous lui vouent une grande admiration. C’est que son quotidien à lui, pour ne pas dire son sacerdoce, c’est le développement de son quartier de Keur Mbaye Fall. Nous vous plongeons dans la vie de cet homme au service de sa communauté.  

Natif de Pikine avant de venir élire domicile Keur Mbaye Fall dans la commune Mbao, Gora Fall que tous nomme ici Père Gora est un homme courtois et très disponible en permanence au service de son prochain et de sa communauté. Dans sa maison entourée d’une grande famille, ce polygame père de plusieurs enfants, la soixantaine bien sonnée, nous accueille avec un sourire large dans un grand salon. L’homme ne fait pas son âge. Physiquement, il semble plus jeune qu’il n’y paraît. Le secret de sa fraîcheur qui lui fait garder sa jeunesse, il dit qu’en réalité, il n’existe aucun. «Il n’y a pas de secret, il faut juste avoir une bonne hygiène de vie», lance-t-il.

Sa philosophie de la vie, c’est l’entraide et la cohésion sociale. Pour lui, le premier terrain d’expérimentation, c’est la maison. Et c’est le plus important. « Car, c’est à partir de la maison que l’on se forge pour être leader. Après la maison, c’est le quartier », explique-t-il, avant de révélé qu’il a créé sa première association à Pikine « Association Nek Ben contre la pauvreté et le chômage ». Il y a participé à la vie sociale, économique, sur le plan, sportif et culturel. « On a eu à faire des formations pour les jeunes sur les nouvelles technologies. En ce moment, l’infographie n’était pas aussi développé comme aujourd’hui », note-t-il.

De Pikine à Mbao, Père Gora pensait il allait se reposer car il se dit vieux et fatigué. « Mais une fois ici à Mbao, à Keur Mbaye Fall, j’ai vu que la jeunesse et les femmes sont très dynamiques. Je ne pouvais pas rester les bras croisés, j’ai pris mon bâton de pèlerin pour participer au rayonnement de la commune. J’ai donc créé le Mouvement de Solidarité pour le Développement (MSD). Une manière d’éradiquer le chômage et pauvreté. Tous les 15 jours, on se retrouve entre membres. Et s’ils cotisent 500 FCFA, moi je participe à hauteur de 5000 FCFA. On appelle ça : Quinzaine MSD », confie-t-il.

« Ça porté ces fruits, car ils s’autofinancent. Parce que, de toute ma vie, je n’ai pas fait un prêt bancaire, donc je ne vais pas demander aux gens de le faire. Au lieu d’aller à la banque pour trouver des lignes de crédits, grâce à ses cotisations les femmes s’autofinancent », se félicite-t-il.

« Je criais sortez qu’on se débarrasse de cette eau avant que cette eau ne se débarrasse de nous,

Selon bons nombres de témoignages, Père Gora fait de la politique, mais n’a jamais voulu être devant, mais il prône toujours que les jeunes et les femmes soient en première ligne. Car en 2014, lors des locales, il a été le coordonnateur général de « Benno Siggil Sénégal. « Mon nom n’était pas sur les listes, je ne voulais ni être maire ni conseil municipal, mais que les jeunes puissent intégrer les instances. Et dieu merci, on a eu des conseillers et des adjoints au maire », explique-t-il.

Très sociale, M. Fall a créé une association internationale avec ses partenaires et qu’il a appelée : « Les petites gouttes ». Son rôle est de venir en aide aux talibés, aux albinos, aux personnes en situation de handicap. « On a même acheté un terrain de 300 mètres carrés pour y réalise un centre d’incubation pour les former. Dans la commune de Mbao, les talibés quand ils seront malades ils ont où se soigner », informe-t-il avant de lancer : « La vie de Père Gora, c’est un sacerdoce ».

Autodidacte, toujours avec sa classe, mais par la force des choses, devenu un incontournable imprimeur, un typographe attitré, il a formé énormément de jeunes. Lui qui se désole de la situation des inondations. Et comme porte-voix, il sillonne les quartiers de la commune pour sensibiliser et assister. « Je criais sortez qu’on se débarrasse de cette eau avant que cette eau ne se débarrasse de nous, débarrassons-nous de cette saleté. Au début, on disait ce vieux-là est fou. Mais de file en aiguille, les gens m’ont rejoint », se satisfait-il.

Des ambitions pour les prochaines locales

A l’en croire c’est la faute de l’équipe municipale dirigée par Abdoulaye Pouye, si en 7 ans de mandat, rien n’a été fait pour régler la situation désastreuse de Mbao et plus spécifiquement de Keur Mbaye Fall. « Quand le ciel est noire, les populations s’inquiètent. Pire, il n’existe pas de poste de santé, ni de marché, encore moins un stade digne de ce nom. Il y a un seul terrain depuis Mamadou Seck. Il n’y a ni bibliothèque municipale, ni de bourse municipale, c’est aberrant », fulmine-t-il.

Et d’avertir sur les inondations : « Si on n’y prend pas garde, Keur Mbaye Fall, Mbao, d’ici deux ans, beaucoup de gens vont démanger, car la nappe monte de jour en en jour. D’autant qu’ci, on a trois ressources qui peuvent développer la localité. Il s’agit de la mer, les deux bassins et la forêt classée ».

C’est la raison pour laquelle, il avait mis sur pied un mouvement politique de dimension nationale : TS19 24  « Tabakh Sénégal ». Un mouvement qu’il lancé avec un grand meeting pour les prochaines locales avec la liste « 3 Mbollo Sukhali Mbao » qui regroupera toutes les parties prenantes de l’opposition.  « On est sûr de remporter ces joutes, vues la détermination et l’engament des populations. Car, ce qu’on a réussi dans la commune lors des élections présidentielles où l’APR avait gagné avec 48%, les 52% c’est la voix des oppositions, on peut le refaire. J’ai consolidé les 52%, alors que les 48% d’Obama et Karim Sall se sont effrité, vu que ces deux hommes du même parti ne parlent plus le même langage. On va donc récupérer une partie de leur vote. Logiquement, on peut faire mal », jubile-t-il avant l’heure.

 

Adama Aïdara

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