L’ET DIT TÔT D’O.N.G – Au Cameroun, il aura fallu 7 jours fois 2 pour venir à bout de l’épluchage des résultats et de l’examen des recours devant décider de qui dirigera les destinées du pays pour les 7 années à venir, après la présidentielle du 7 octobre. Redirigera plutôt. Puisque la victoire du tyranosaure tranquille Paul Biya est inéluctable et devrait être sans surprise proclamée ce lundi 21 octobre par le Conseil Constitutionnel. Les recours en annulation et pour fraude électorale des opposants Maurice Kamto, Josuah Osih du Sdf et Cabraal Libii ont tous été déclarés irrecevables. Cette élection aura donc constitué des primaires pour ces candidats, qui leur permettront de se peser avant de véritablement s’affronter pour l’après- Biya, en 2025. Quand le grand âge, les lois de la nature ou la simple décence auront eu raison de l’Omni-absent Biya, qui aura alors 92 ans.
A partir de ce lundi 21 octobre, l’époux de The First Hair Chantal Biya repart pour un mandat de 7 ans qui devrait s’avérer interminable. Le mandat du baroud d’honneur et de l’àquoibonisme. Il repart pour des conseils ministeriels intermittents et inopinés tous les deux ans. Il repart surtout pour des séjours privés dans sa villégiature de Genève, d’où il contrôlera, comme à son habitude, le pays de tant de diversités qu’est le triangle au coeur du Golfe de Guinée, toujours traversé de secousses telluriques souterraines qui émergent rarement à la surface. Si ce n’est avec ce début de guerre civile dans la partie anglophone du pays et les exactions de l’armée dans le nord au nom de la lutte sans merci contre Boko Haram. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le Cameroun, cette énième réélection de Biya, l’homme du non- Renouveau. Le pays de Mongo Beti devra encore rester cryogénisé dans la naphtaline de la force d’inertie qui dirige ce pays sécurocrate avec des ministres dont les plus jeunes sont septuagénaires et des sénateurs centenaires. Une cacochymie institutionnelle à rebours de la vitalité du peuple camerounais, inventif quand il reste au pays et conquérant quand il est à l’étranger, où sa diaspora est la communauté la plus politisée, la plus industrieuse et la plus diplômée de tous les pays d’Afrique subsaharienne francophone.
Le Cameroun à nouveau en Paul position dès demain donc. En attendant d’être en pôle position dans encore 7 ans. Pour un nouveau départ et (enfin!) un sursaut collectif pour mettre fin au désabusement national.
Ousseynou Nar Gueye
Directeur de la publication de Tract.sn