[Tribune] Fugue, kidnapping simulé : une tendance dangereuse chez les femmes (Par Daouda Gbaya)

SENtract / avec Guestuinfo – Au Sénégal, depuis quelques temps, des disparitions de jeunes filles sont annoncées dans les médias, cristallisant l’attention de l’opinion publique. Mais beaucoup de disparitions ont tout l’air d’une cabale tant le modus operandi est ubuesque. La dernière en date, c’est le cas de la jeune étudiante Aïcha Ly, habitante de Pikine Icotaf. « Portée disparue » depuis mercredi dernier, cette étudiante de l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, avait cours ce jour-là à 8h. Elle a quitté la maison vers les coups de 6h 45 et devait descendre à 16h. Depuis lors, aucune nouvelle, rapportent nos confrères du quotidien Enquête. Mais aux dernières nouvelles, le journal l’Observateur nous apprend que l’étudiante a et retrouvée en Côte d’Ivoire.

 

Le lundi dernier, Aicha Ly a appelé au téléphone sa mère et lui demande de venir la récupérer. Toutefois, elle dit ignorer l’endroit où elle se trouve. Informée de la situation, la police ivoirienne retrace l’appel et la retrouve dans un endroit non indiqué avant de la ramener chez son oncle en Côte d’Ivoire. Sans plus de détails. “Pour le moment, nous ne savons pas comment elle a atterri là-bas”, informe une proche de la famille. Aïcha a-t-elle organisé sa disparition ? A-t-elle dit toute la vérité à sa famille ? En tout cas, cette histoire rappelle celle de Diarry Sow, cette étudiante dont la disparition en Europe avait suscité l’émoi.

 

Diarry ou l’histoire d’une capricieuse trop ingrate

Meilleure élève au concours général en 2019, Diarry  Sow avait bénéficié d’une bourse en prépa au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Au bout de quelques mois, cette étudiante sénégalaise se volatilise en France, suscitant angoisse et incompréhension à Dakar comme dans la diaspora sénégalaise. Des recherches ont été alors lancées en Europe et des Sénégalais se sont mobilisés dans les réseaux sociaux pour la retrouver.

Le 22 janvier 2021, à la surprise générale, Diarry Sow réapparaît. Elle a été finalement retrouvée saine et sauve en Belgique, précisément dans la capitale Bruxelles. C’est elle même qui a contacté les autorités consulaires du Sénégal à Paris. Ces dernières l’ont rapatriée en France avant de la remettre à son « mentor » Serigne Mbaye Thiam qui va la ramener au Sénégal.

Pour justifier sa disparition, les proches de Diarry Sow soutiennent qu’elle était « dans un état dépressif » et devait « subir des examens psychiatriques ». Mais, d’autres sénégalais pensent que cette jeune fille avait tout simplement « fugué » pour échapper à la pression familiale. Et l’histoire semble leur donner raison puisque Diarry Sow a confirmé, dans son nouvel ouvrage – « Je pars » – avoir simulé sa disparition. Mieux, cette jeune écrivaine a même « insulté » ses détracteurs en leur lançant, tout de go : « Je vous emmerde ! ». Ce qui avait choqué une partie de l’opinion Sénégalaise.

 

Kidnapping organisé

D’autres femmes, plus futées que Diarry Sow, simulent un kidnapping pour se faire de l’argent. C’est le cas de Fatou Ly, qui était portée disparue à Mbour pendant 48 heures. Épouse d’un ancien douanier, cette femme avait, en réalité, organisé sa disparition en faisant croire à la police qu’elle avait été enlevée. Lorsque son mari a tenté de joindre son épouse, il tombe sur un homme au ton menaçant qui lui apprend avoir kidnappé son épouse et lui réclame 1,5 million contre sa libération, rapportent nos confrères de L’As.

Désemparé, le mari accepte de coopérer maïs il décide d’alerter la police de Mbour. Le commissaire prend contact avec le « ravisseur », qui maintient ses menaces et demande que l’argent soit envoyé par Wari. Le policier accepte le plan, mais retarde le versement de la somme. Une façon de gagner du temps pour alerter tous les points Wari du département.

L’ancien douanier rappelle le « kidnappeur » et lui propose 500 mille francs CFA. Ce dernier accepte. L’argent est envoyé. Le lendemain, Fatou Ly regagne le domicile conjugal. Avec une mine d’enterrement.

Interrogée par la police, elle affirme avoir été kidnappée à l’Arrêt Oncad. Que ses ravisseurs lui ont bandé les yeux, l’ont mise dans une voiture pour une destination inconnue. Arrivée sur place, elle a été, selon son récit, conduite dans une salle sombre, on lui a montré « 6 oreilles coupées, 2 jambes sectionnées et une tête de femme décapitée qui avait une couleur bleue ».

Mais son histoire n’a pas convaincu le commissaire, qui a interrogé la caissière du point Wari où les 500 mille ont été retirés. Cette dernière déclare que Fatou Ly a bien retiré l’argent et qu’elle était avec un certain Fodé Daffé.

Surpris chez lui et en possession de chanvre indien, Fodé passe aux aveux en précisant avoir encaissé 30 mille francs CFA dans l’opération. Sachant que les carottes étaient cuites, Fatou Ly a reconnu les faits en justifiant son acte par le fait qu’elle cherchait des fonds pour relancer son commerce qui ne marchait pas.

Très outré par le comportement de son épouse, l’ex douanier décide de la répudier avant d’y renoncer. Son amour pour sa femme ayant pris le dessus sur ses sentiments, le mari trouve un avocat pour tirer sa femme d’affaire. Malheureusement, cette dernière serait condamnée par justice pour «extorsion de fonds».