(Sentract)- Derrière le prix Goncourt 2021 sommeille un grand fan du ballon rond. Un pratiquant assidu, en même temps observateur avisé. Voici dix choses à savoir sur la culture foot du jeune écrivain sénégalais (31 ans).
Selon vous à quoi ressemble en ce moment le quotidien de Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021 pour son roman «La plus secrète mémoire des hommes» (éd. Jimsaan/Philippe Rey) ? Vous serez peut-être surpris. Le jeune écrivain sénégalais (31 ans) passe l’essentiel de son temps devant la télé à suivre la CAN 2021. Il a fait la révélation dans un entretien avec le quotidien sportif français l’Equipe, repris par Seneweb où il a étalé sa culture foot.
Son avis sur la compétition continentale. La qualité du jeu de l’Ethiopie. Les Lions. Ses équipes de cœur. Son footballeur «absolu». Sa marque de crampons préférée… Bref, Mbougar Sarr est comme beaucoup de jeunes Sénégalais «ordinaires» : il vit le foot à fond. Voici la preuve en dix points.
1. Ses équipes de cœur
Mbougar Sarr supporte le Real Madrid et Liverpool. Il devait donc être aux anges lorsque les Merengues ont remporté le dernier Clasico en dominant le FC Barcelone en demi-finale de la Supercoupe d’Espagne. Il doit en revanche être en ce moment inquiet de la forme de Manchester City, leader de la Premier League avec 9 points d’avance sur les Reds, deuxièmes.
2. Son poste de prédilection
Le prix Goncourt 2021 joue sentinelle. Comme Gana Guèye. Naguère, il évoluait plus haut dans l’entrejeu. «J’ai commencé milieu offensif, 10 on va dire, et au fil des années, j’ai reculé parce que je suis lent sur le terrain. Souvent, j’ai besoin d’avoir le jeu en face de moi, confesse Mbougar Sarr. Dos au but, je ne suis pas très efficace. Et ces dernières années, j’ai beaucoup été utilisé en défense centrale. L’équipe (à Beauvais, championnat Loisir) manquait de taille. Evidemment, quand on est grand, on a le malheur d’être ciblé tout de suite mais j’ai appris à aimer ce poste.»
3. Ses références au foot
Mbougar Sarr a beau être fan de foot et écrivain de talent, les dribbles, les passes et les buts ne sont pas des éléments du champ lexical de ses écrits. Les références au ballon sont quasi-inexistantes dans ses écrits. Dans son roman qui a reçu le Goncourt, «Le plus secrète mémoire des hommes», celles-ci se résument à la Bombonera, à l’évocation de chants de supporters de l’Ajax en l’honneur de Johan Cruyff… Cette dernière scène se déroulait à Amsterdam, la ville de naissance du théoricien du football total. «C’est vraiment très discret. On peut même considérer que c’est très caricatural, admet-t-il. (…) C’est un peu facile. Ce ne sont que des clins d’œil pour les amateurs de foot.»
4. Son intérêt pour la CAN
Le quotidien de l’écrivain sénégalais se résume en ce moment presque à se poser devant la télé pour suivre la CAN. «Je ne fais que ça en réalité depuis quelques jours. Je passe parfois toute la journée, de 14 heures à 22 heures (GMT -1) à regarder les matches, confie Mbougar Sarr. J’ai une passion pour le jeu, pour les équipes, y compris les plus inconnues. Je me suis abonné à beINSports juste pour ça.»
5. Son faible pour l’Ethiopie
Mbougar Sarr est fan de l’Ethiopie, éliminée au premier tour de la CAN 2021. C’est l’équipe qui, à son avis, «a livré des matches techniquement très aboutis». L’écrivain détaille : «Contre le Cameroun (1-4), leur première mi-temps est la meilleure que j’ai vue, avec des joueurs bien sûr inconnus au bataillon mais avec une cohérence technique. On sent qu’il y a du travail derrière.»
6. Son avis sur les Lions
Le prix Goncourt 2021 suit le parcours des Lions avec la vigilance du consultant foot. Il trouve que le Sénégal n’est «pas très flamboyant». Ce qui constitue à ses yeux une anomalie. «Avec les joueurs dont on dispose, on serait en droit d’attendre plus, tranche-t-il. Je ne veux pas trop accabler le sélectionneur (Aliou Cissé), mais il a quand même une part de responsabilité. C’est un groupe avec lequel il a travaillé depuis très longtemps, ce n’est pas juste sur cette compétition.»
7. Sa douleur post-finale de la CAN 2019
Le Sénégal s’était incliné face à l’Algérie en finale de la CAN 2019. Cette défaite des Lions, Mbougar Sarr l’a mal digérée. Il rembobine : «J’ai vu le match à Beauvais, avec ma compagne, chez ses parents. Après la rencontre, j’étais tellement effondré que je suis parti marcher seul. Ils ne m’avaient jamais vu dans cet état. Ce jour-là, ils ont vraiment compris que le football me tenait à cœur.»
8. Ses crampons préférés
Les nouvelles chaussures de football, ultra souples, design et très colorées, ne font pas rêver Mbougar Sarr. L’écrivain sénégalais préfère les «austères» Copa Mundial 45. Son frère, qui est footballeur, le chambre pour ce choix. «Il trouve que ce sont des chaussures de daron, de vieux, raconte-t-il. Que l’équilibre n’est pas bon, que la semelle est trop étrange.» Malgré ces quolibets, le romancier reste droit dans ses pompes auxquelles il trouve toutes les qualités. «La classe de la languette», «la qualité du contrôle que ça apporte», «le confort», la «sobriété»… La seule exception que sa règle en matière de crampons aurait pu souffrir, ce sont les chaussures jaunes portées par Zidane lors du Mondial 2006. «Oui celles-là, il faut les trouver», acquiesce-t-il. Avant de se reprendre : «Mais même un Goncourt ne suffirait pas pour les acheter.»
9. Son «joueur absolu»
Le Français Zinedine Zidane est le footballeur préféré de Mohamed Mbougar Sarr. L’homme aux deux coups de boule qui ont terrassé le Brésil (3-0, score final) en finale du Mondial 1998 lui «a procuré les émotions les plus fortes comme joueur». Le prix Goncourt s’enflamme : «Il faut regarder les matches de Zidane en entier. Les compilations ne rendent pas toujours hommage à ce qu’il a été. C’est l’exemple typique du joueur qui, en termes statistiques, n’émerge pas. Même les passes décisives, il n’en donnait pas tant que ça. Il était surtout important pour l’avant-dernière passe, celle qui déséquilibre. Après, évidemment, il y a les cartons rouges… Mais ça participe de sa légende, de son humanité. Comme Maradona, ces joueurs sont nos miroirs.»
10. Son projet de livre sur Zidane
Mbougar Sarr avait commencé à écrire sur l’ancien numéro 10 de l’Equipe de France, son joueur préféré. Zidane. Mais le projet a peu de chance d’aboutir. «Je pense que je n’irai jamais au bout. Car comme disait Roland Barthes, on parle toujours très mal des choses qu’on aime», avoue-t-il.
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