Serigne Mansour Sy Borom Daara Ji : Voyage dans l’univers d’un intellectuel engagé ». C’est le titre du film documentaire de Cheikh Omar Sy qui a été projeté vendredi dernier au Centre Yennenga, à Grand Dakar. C’est une synthèse du marabout et de son engagement dans son rôle pacificateur.
Le film documentaire « Serigne Mansour Sy Borom Daara Ji : Voyage dans l’univers d’un intellectuel engagé », a été projeté vendredi soir au Centre Yennenga de Grand-Dakar. Il est réalisé par Serigne Cheikh Oumar Sy Djamil et retrace les différentes étapes de la vie du saint homme. Le film met l’accent sur la dimension intellectuelle et spirituelle de l’homme. C’est une sorte de road-movie où le réalisateur a revisité un pan de l’histoire de son père en mettant l’accent sur les étapes marquantes de la vie de Borom Daara Ji. De Dakar à Tivaouane, en passant par Ziguinchor, il met en lumière une histoire jamais racontée, teintée d’images inédites qui ont marqué la vie de cet homme de Dieu avec sa visite mémorable dans le sud du pays. Un voyage qui lui a permis de régler un conflit vieux de 40 ans, relatif à la direction de la mosquée, qui a opposé les Diolas et les Socés au quartier Niafoulen.
Un séjour de 10 jours
Le marabout Serigne Mansour Sy Borom Daara Ji était très déterminé à résoudre ce problème. Il a donc tout fait pour se rendre en Casamance, en dépit de la rébellion. C’est le 6 décembre 2006 à 15 h qu’il a débarqué à l’aéroport de Dakar en vue de rallier Ziguinchor où il n’a finalement atterri qu’à 18 h. Il a été accueilli par une immense foule qui l’a escorté de l’aéroport à sa résidence, aux Hlm Néma. « Cet accueil, même Senghor ne l’a pas eu », se souvient Alassane Sarr DG du groupe Sud Media. Après un séjour de 10 jours, la paix et le calme sont revenus entre les deux parties qui se sont serrées la main devant le marabout sous les applaudissements d’une salle noire de monde. Une mission impossible venait ainsi d’être accomplie. Ce film de plus d’une heure s’ouvre avec un plan zoom sur le réalisateur qui quitte son quartier de Fass pour rallier Tivaouane, accompagné par les chants de Mbaye Dondé Mbaye en sourdine. La camera sur une vue aérienne surplombe la maison Borom Daara Ji. La belle voix off de Djadji Touré campe le sujet sur le marabout, né le 15 août 1925 à Tivaouane et décédé le 9 décembre 2012 à Paris, à l’âge de 87 ans. Il est rappelé que le surnom de « Borom Daara Ji » vient du fait qu’il a tenu pendant de longues années le grand daara de Tivaouane fondé par son grand-père, Seydi El Hadj Malick Sy.
Témoignages
Le documentaire est jalonné par une série de témoignages des fidèles, de parents, d’amis, de chefs religieux et coutumiers, de professeurs qui apprécient la dimension du saint homme. « Serigne Mansour est la synthèse d’un Sénégal : Bon, vertueux, homme aux influences multiples, possesseur d’un savoir pluriel. Il a connecté l’homme à l’école et l’école à la société, au moment où il y avait une rupture. C’est un exemple dans le modèle et un modèle dans l’exemple », témoigne ainsi Pr Mounirou Sy. Pr Abdou Aziz Kébé de souligner : « Serigne Mansour est une des perles rares. C’est un archéologue de langue. Son écriture, son discours reflète une parfaite connaissance de la langue arabe. Mais Serigne Mansour est capable de suivre la généalogie des mots, des concepts jusqu’à leurs racines, jusqu’à leurs origines. » Le film se referme sur une note triste. La disparition de Serigne Mansour Sy Borom Daara Ji. Et c’est la voix d’Ablaye Mbaye chantant la mort qui ponctue ce moment douloureux.
Adama AIDARA KANTE Avec Besbi