SENtract – La police a levé samedi le couvre-feu en vigueur depuis mercredi dans les zones de la Sierra Leone touchées par des émeutes ayant fait au moins une dizaine de morts parmi la police et les manifestants.
« La situation sécuritaire s’est considérablement améliorée dans tout le pays, et en particulier dans les lieux qui ont été gravement touchés (par les manifestations), grâce à la contribution » des militaires, a déclaré dans un communiqué l’inspecteur général de la police William Fayia Sellu, rapporte l’AFP. « Le couvre-feu dans les endroits concernés (zone ouest, Makeni, Magburaka et Kamakwie) est par la présente révoqué, avec effet immédiat », ajoute le communiqué.
Un couvre-feu avait été annoncé par le vice-président de 15h00 à 07h00 mercredi, jour des violents affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants. Il était ensuite passé de 19h00 à 07h00 dans les lieux touchés par les émeutes. Vendredi, dans une adresse à la nation, le président sierra-léonais Julius Maada Bio a accusé l’opposition d’avoir voulu créer une « insurrection » pour renverser le gouvernement. « Ce jour-là, la paix, la sécurité et la stabilité de cette Nation a été brisée par des personnes dont l’insurrection a été préméditée, bien planifiée, financée et exécutée avec une brutalité choquante », a-t-il déclaré.
L’ancien parti au pouvoir visé par ses propos a quant à lui exprimé « son inquiétude » et appelé toutes les parties à « une désescalade des tensions et à éviter les discours incendiaires et les déclarations non fondées ». Au moins quatre membres des forces de sécurité ont été tués dans ces manifestations et plusieurs commissariats ont été vandalisés, selon la police.
Au moins six civils ont également été tués, selon un responsable de la morgue de Freetown. Les médias locaux donnent le chiffre de sept manifestants tués. L’initiative de la manifestation est venue d’un groupe de femmes commerçantes, « The Grassroots Women of Salone », qui a convoqué un « rassemblement pacifique » pour « attirer l’attention sur les difficultés économiques ».
Malgré un sol regorgeant de diamants, la Sierra Leone est un des pays les moins développés au monde. L’ancienne colonie britannique et ses 7,5 millions d’habitants se remettaient encore d’une guerre civile brutale de 1991 à 2002 et de l’épidémie d’Ebola de 2014-2016 en Afrique de l’Ouest quand ils ont été frappés par la pandémie de Covid-19 puis par les conséquences de la guerre en Ukraine.