SENtract – Durant plusieurs jours, la commune de Nguékokh a vibré au rythme de la diversité et d’échanges culturels. C’était à l’occasion de la 7e édition du Festival international panafricain de Nguékokh, appelé «Festi’Nguékokh» qui a été clôturée, jeudi, par le ministre de la Culture, Aliou Sow.
C’est un rendez-vous annuel qui draine de nombreux panafricanistes du continent et de la diaspora. Le Festival international de Nguékohh, le «Festi-Nguékokh» a été clôturé, jeudi dernier, après jours plusieurs jours de festivités.
Organisé par la Jeunesse interconnectée et fusionnée d’Afrique (Jif’Afrique), ce rendez-vous est un haut lieu de rencontres et de brassages des peuples d’Afrique. Cette 7e édition a été rehaussée par la présence du ministre de la Culture et du patrimoine historique.
A cette occasion, Aliou Sow a d’abord fait le tour des stands pour rencontrer les exposants qui font honneur au génie créateur africain. Ils sont venus de la Gambie, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Bénin, du Mali, de la Guinée Conakry, du Niger, du Cameroun et du Sénégal.
A la tête d’une très forte délégation, le ministre a été accueilli par des sonorités sérères avec la troupe Fadial de Joal, un cachet hip-hop avec la prestation de Sister El-B.
«La meilleure réponse contre le néocolonialiste, l’impérialisme…»
Une fête en symbiose qui a été quelque peu ternie par le discours anti-français de jeunes membres de l’organisation qui se disent panafricanistes et qui ont chargé la France.
Le chef du protocole du ministre a dû prendre la parole pour un rappel à l’ordre. «Nous sommes là pour la culture, parlons culture. Arrêtons ce discours raciste, xénophobe qui n’engage pas le ministre», a-t-il plaidé.
Très diplomatique, Aliou Sow s’est dit séduit par le concept «Plus qu’un slogan, c’est une réalité». C’est un haut lieu de brassage des peuples d’Afrique.
Face à cette jeunesse, tel un professeur devant ses étudiants, il a déclaré qu’il ne faut pas que l’on dévoie le concept du panafricanisme. «Moi-même, je suis professeur titulaire de civilisation africaine. Mon cours de Master 1, s’intitule : Conscience noire, panafricanisme et courant du mouvement rasta», précise-t-il d’emblée.
Puis, il dira : «Aujourd’hui, à l’ère et à l’heure de la Renaissance africaine, la meilleure réponse contre le néocolonialiste, contre le l’impérialisme, c’est l’affirmation de la renaissance africaine et non pas la réaction par la dénonciation phraséologique. Il ne s’agit pas de parler, de dénoncer, mais de s’affirmer, d’agir de façon concrète. C’est ainsi que nous participerons à l’enracinement, au dialogue des cultures, au dialogue des civilisations, au dialogue des peuples.»
Le successeur de Abdoulaye Diop estime qu’il faut redéfinir, repenser et renseigner à la jeunesse le panafricanisme. «Ce n’est pas une affirmation de xénophobie pour réagir à la xénophobie. Ce n’est pas une affirmation de la haine pour réagir à la haine. Ce n’est pas un moment de règlement de comptes. C’est un moment de dire qui nous sommes, ce dont nous sommes capables, que nous ne sommes mus par aucune sorte de complexe d’infériorité devant quiconque. C’est ça le panafricanisme», a-t-il insisté.
«Le procès de la France n’est pas le panafricanisme»
Aliou Sow a ensuite martelé que «le panafricanisme, c’est le résultat de l’effet Boomerang de l’esclavage». Aussi a-t-il relaté tout le processus qui a fait naitre le panafricanisme, de Henry Sylvester-Williams en 1900 qui a prononcé la première fois le mot «Panafricanisme», mais aussi avec Nkrumah en 60 pour avoir organisé les deux conférences panafricaines au Ghana. (…).
«Le panafricanisme, c’est d’abord notre prise de conscience, notre autocritique, notre façon d’aimer l’autre en développant le Ubuntu. C’est notre façon d’être solidaire dans la détresse, la difficulté», a-t-il souligné. «Le procès de la France n’est pas le panafricanisme. Ne soyez pas des réactionnaires, soyez des hommes et des femmes d’action. Libérons-nous, coupons les chaines, parler de l’autre, c’est accepter d’être soumis à l’autre, c’est cultiver la haine. D’ailleurs, quoi de plus incompréhensible qu’on porte un nom français, qu’on parle français, qu’on s’habille occidental pour dénoncer la France. Mais commençons d’abord par nous dépouiller d’abord de tout cela. La France fait partie de l’histoire de l’Afrique. L’Afrique fait partie de l’histoire de la France», a-t-il conscientisé.
Le ministre de la Culture poursuit : «Posons-nous les bonnes questions. Est-ce que nous avons fait un effort pour qu’une de nos langues puisse être apprise, comprise par tous les Africains pour devenir une nouvelle langue de substitution aux langues occidentales. Pour moi, c’est ça les vrais défis et les vrais combats. Nos valeurs culturelles nous imposent la courtoisie, le respect de la femme, de l’ainé, de l’étranger… Le panafricanisme n’est pas un discours, c’est une posture, un comportement, une manière d’appropriation de son passé, de son héritage avec fierté et courage, mais avec la force de l’amour de l’autre et non pas du rejet de l’autre.»
Sentract, avec Besbi