Tract-Des trois principaux gisements, c’est le projet Grand tortue Ahmeyim ou GTA qui est le plus avancé. La majorité du gaz issu de ce site sera exportée sous forme liquide vers l’Europe dès la fin de l’année. Le gisement offshore Yaakar Teranga, est lui voué à alimenter exclusivement le Sénégal, selon Rfi.
Le gaz sera transformé en électricité par la technologie « gaz to power », comme l’explique Mohamed Abdallahi Seck de l’Association sénégalaise pour le développement de l’Énergie en Afrique : « Le gaz naturel est majoritairement composé de méthane, CH4, c’est un combustible avec lequel on produit de la chaleur dans les turbines. Et cette chaleur est utilisée pour mettre en route la vapeur d’eau. Et cette vapeur-là va également faire tourner les turbines. »
Pour ce faire, des centrales à gaz vont être construite, comme Ndar Énergie au nord du pays, d’une capacité de 200 mégawatts. D’autres centrales qui fonctionnent actuellement au fioul seront converties. Au Sénégal, l’électricité est produite à 80% à partir de produits pétroliers importés. Pour Papa Daouda Diène de l’ONG NRGI, l’arrivée du gaz aura un impact positif sur la souveraineté énergétique. « On importe du fuel et c’est subventionné. Le fait d’utiliser du gaz permettra de réduire considérablement les subventions qui laissera de l’espace budgétaire pour consacrer des investissements à l’extension du réseau, etc. »
Et c’est toute l’économie sénégalaise qui sera transformée, puisque l’effet devrait aussi se faire sentir sur les budgets des ménages et sur l’industrie sénégalaise. « On peut anticiper même sur les baisses aux consommateurs finales de l’ordre de 30% de ce qu’ils paient classiquement », détaille Mohamed Abdallahi Seck.
« Et cela permettra surtout d’aller vers l’industrialisation, précise Awa Marie Coll Seck la présidente du comité ITIE pour la transparence dans les industries extractives au Sénégal. Que ce soit dans le fer, l’agroalimentaire, la pétrochimie, les engrais. En fait, l’industrie de transformation. »
Selon des professionnels du secteur, le gaz pourrait représenter jusqu’à 80% du mix énergétique sénégalais dans 20 ans. NRGI alerte sur les risques de cette nouvelle dépendance, en prenant l’exemple de l’Algérie. « Le cas de l’Algérie… Des politiques ont été connus pour encourager l’utilisation du gaz et ça a déteint sur les renouvelables. Donc les renouvelables ont été oubliés », avertit Papa Daouda Diène.
La Banque mondiale estime que l’entrée en production des gisements d’hydrocarbures devrait doubler la croissance de l’économie sénégalaise entre 2022 et 2024.