Tract – Le professeur Babacar Niang, qui dirige la clinique, doit se présenter chaque vendredi devant le juge pour signer son contrôle judiciaire. Il est accusé d’homicide involontaire, de mise en danger de la vie d’autrui et de non-assistance à une personne en danger, en raison de l’évacuation de Mamadou Ly, également connu sous le nom de Doudou Fall, de la clinique. Son frère et le maire de la Médina ont déposé plainte contre lui.
L’agent municipal avait été blessé lors des manifestations du 16 mars liées au procès de Mame Mbaye Niang-Ousmane Sonko. Le procureur avait alors révélé des manquements dans la prise en charge de Doudou Fall et avait accusé le Dr Niang. À ce moment-là, ce dernier était en prison.
Finalement, le directeur de Suma Assistance a décidé de rompre avec le silence, rapporte Senenews. Il a expliqué que la politique s’était immiscée dans le domaine médical. «On est à chaque fois sur place avant. Nous sommes allés prendre Mamadou Ly à la Médina devant la clinique de la Médina. Il y avait six blessés sous perfusion, sans discrimination, encore moins de distinction de couleurs du Pastef ou d’un autre parti. Depuis 36 ans, je suis dans ce domaine. Ousmane Sonko a déjà son ministère de la Santé. Ils ont une possibilité de prise en charge. C’est pourquoi on a posé la question. Je n’ai signé aucune convention avec Pastef et je poursuivrai quiconque s’aventure dans ce domaine, parce qu’il ne peut pas le prouver. En résumé, nous sommes allés le prendre, nous avons essayé de le soigner et aujourd’hui, le procureur nous a lynché. Aujourd’hui, je ne peux pas me promener à la Médina. C’est comme si j’avais tué de sang-froid Doudou Fall», se désole le Dr Niang.
Il ajoute que «dans la clinique, il y a de l’hôtellerie. Celles qui viennent accoucher, je ne les vois pas. Elles viennent avec leur gynéco, accouchent et repartent de la même manière. Sonko peut louer une chambre et se faire suivre par son médecin à Suma. La preuve, je n’étais pas là. Depuis la Covid, je fais l’objet d’interpellation et le rapport de la Cour des comptes m’a donné raison».
«On galvaudé le terme non-assistance en danger sans savoir ce qu’il en est au just»
Le Dr Niang a également expliqué pourquoi il a demandé si Doudou Fall, finalement décédé, était de Pastef ou pas. «Il y avait un scanner de plus de 100 mille francs à payer. Je peux transporter des malades, mais pour des prises en charge, il faut un garant. C’est ce qui justifie la question et ça se passe comme ça dans tous les hôpitaux. Il se trouve que Pastef, s’est organisé depuis des années. Ils nous ont donné leurs numéros : ‘Chaque fois que vous verrez quelqu’un de notre organisation, appelez nos médecins.’ Ils ont une cellule socio médicale», précise-t-il.
Doudou Fall était installé à l’hôpital du jour. Là-bas, on fait le diagnostic et on comprend ce qu’il faut faire par rapport au suivi médical. Sur les 24 heures qu’il a passées, comme expliqué par le procureur, le Dr Niang a souligné que le procureur a été sans doute abusé. «J’ai signé le remboursement de la différence d’argent à midi alors que je devais aller au Fouta. Sa famille a pensé qu’il faut qu’il parte à l’hôpital et c’est à 12 h, au lieu de 17 h, comme expliqué par le procureur. À notre niveau, on voulait qu’il soit examiné par un neurochirurgien, pour savoir s’il y a possibilité de l’opérer. Le spécialiste contacté devait venir le vendredi, selon son agenda, parce que comme vous le savez, il n’y a pas beaucoup de neurochirurgiens au Sénégal. Au niveau de Suma, on travaille avec trois d’entre eux. On en a contacté un autre, mais il a aussi donné rendez-vous le lendemain. Ils ont eu une place à l’hôpital avec l’aide du ministre de l’Intérieur comme l’a souligné Bamba Fall. Le dossier existe et n’eut été le secret médical, on allait vous livrer les détails».
Il a encore répondu au procureur. «Ils l’ont (le dossier médical) et savent ce qui est écrit au détail près. En attente d’un neurochirurgien, il avait sa perfusion de morphine et ses médicaments. Autrement, il bénéficiait du suivi médical normal.»
Le directeur de Suma Assistance regrette-t-il ce qui s’est passé ? Le clinicien affirme qu’après 36 ans de service, à chaque fois que quelqu’un meurt, il a des regrets. C’est un sentiment qu’on a toujours. « Si je pouvais éviter la mort, mes parents seraient là ».
«On galvaudé le terme non-assistance en danger sans savoir ce qu’il en est au juste. On a des formulaires à suivre et à chaque intervention, il y a un type de traitement à faire. Alors, où situe-t-on la non-assistance ? Vous pensez que moi, je peux voir quelqu’un mourir ou souffrir et rester là à boire mon thé ?», termine le Dr Niang.