« Je tends la main à tous et à toutes pour travailler ensemble. Je convie à ce dialogue tout le monde. Dialogue auquel, mes prédécesseurs Abdoulaye Wade et Abdou Diouf pourront contribuer pour éventuellement, trouver de nouvelles pistes de développement », a donc déclaré hier le président réélu Sall, dans sa première prise de parole publique d’après reconduction. Il n’a pas dit que Diouf et Wade « pourront contribuer éventuellement » mais bien qu’ils contribueraient « pour éventuellement, etc. « .
Comme pour une cérémonie de gala au Grand théâtre national, Abdoulaye Wade est donc désigné parrain du pencco politique auquel Macky Sall convie la classe politique du pays. Eh bien, le moins serait donc que Sall fasse voter par sa majorité parlementaire un loi d’amnistie dd son fils Karim Wade, « enfermé dehors » et empêché de pénétrer le territoire sénégalais depuis bien des années. Ce qui a été assorti de son éviction des listes électorales et de toute candidature à l’élection présidentielle. En plus de la lourde épée de Damoclès des 138 milliards d’amende qui plane sur la tête du même fils Wade. cela fait beaucoup. Et la douleur paternelle a été à la hauteur de ce qu’il considère comme un acharnement contre sa progéniture. Wade père aura tempêté tant et tant contre cet inique sort réservé à son fils, qu’il considère comme un exilé politique. Le khalife du Sopi a été aussi loin qu’appeler à brûler du matériel de bureau de vote. Pour la première fois depuis au moins 1978, soit 40 ans, il n’a pas voté lors d’un scrutin présidentiel.
« Parrainer » Abdoulaye Wade est donc bien, et même très bien; mais libérer son fils Karim des affres de l’exil imposé serait mieux. Macky Sall en a l’occasion, en annonçant dans le cadre de son discours à la Nation du 3 avril prochain son intention de faire voter une loi d’amnistie de Karim Wade. Et aussi de Khalifa Sall, en passant.
Libérer les partisans de Rewmi qui ont été appréhendés juste après la proclamation des résultats de la présidentielle, notamment dans les rangs du parti Rewmi, ne sera pas suffisant pour installer les commodités du dialogue politique. Il faut d’abord calmer l’ire jupitérienne de Wade père.
Seynabou Niang
Tract 2019