Tract – Depuis quelque temps, le constat est qu’Idrissa Seck s’est encore emmuré – cela devient une seconde nature chez lui, dans un silence tapageur. L’ancien Premier ministre sous le magistère d’Abdoulaye Wade, ‘promoteur’ de la marche bleue qui mena à la première Alternance de 2000, est devenu un féru de la marque motus- pas bouche cousue.
Mais manifestement, cette absence de la scène politique est toujours une curiosité pour nombre d’observateurs regardant cet homme qui, après la présidentielle de 2019, est pourtant sorti 2e (avec 20% de l’lectorat) derrière Macky Sall réélu président de la République du Sénégal. Devant Ousmane Sonko, surgi en 3e position. C’est arrivé, il y a bientôt 5 ans. Entre-temps, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts politico-sociaux, pendant que des mares de sueurs, buées de salives et flaques de sang sont versées sous les autoponts des aboiements et atermoiements démocratiques.
Idrissa Seck qui avait migré, en 2020, dans l’archipel de la mouvance présidentiel, pensant inhaler dans Benno Bokk Yakaar (BBY) une brise d’espérance-vie, s’est finalement résolu, avec les tournures politiques et remous sociaux du moment, de se rapatrier dans son ilot de départ, l’opposition. Laquelle est dans la confusion totale, sens dessus-dessous vers l’embarquement pour la présidentielle de 2024 à Sunugaal. Le président de Rewmi, son parti qu’il a fait sombrer dans les marécages de Benno, ne déclare-t-il pas sa candidature en retardant de quitter son fauteuil de président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), rendu après à ses désormais ex-alliés en attendant d’autres opportunités.
On lui permettra de retrouver ses traces dans l’opposition qui donne du fil à retordre au pouvoir en place avec l’empreinte d’Ousmane Sonko envoyé en prison, écarté de la course vers… le sommet. Idy formulera quelque pensée pour une élection inclusive avant de tirer le rideau. L’heure a sonné. C’est le temps de réflexion comme il l’a confié dans un passé récent. Silence radio. Le passionné de plat ‘mafé’ se cultive, se nourrit, s’illumine dans sa retraite, triant dans ce manoir à chapelets le projet de société qui fera le Sénégal d’aujourd’hui et de demain, en attendant de prendre la parole.
Parce qu’Idrissa sait donc que la parole, cette faculté que Le Créateur a clairement fournie à l’humain, est un moyen de communication fondamental. Qui la maitrise saura agir sur les uns et les autres, qui la formule pourra se donner une allure dans la société, les hautes sphères de la GOUVERNANCE.
Mais Idy sait également que cette parole s’entretient à travers les synapses des savoirs et des connaissances saupoudrées par un terreau d’expériences. Et, cet exercice ne peut se faire qu’en battant en retraite de ce charivari politique, quitte à se faire taxer de «machineur à calculette», amateur de paraboles ‘matées- mantiques’. En tout cas, lui Ndamal Kajoor – appelez-le comme vous voulez – n’en a cure. On est en politique. Reculer pour mieux sauter n’est pas interdit. Mais encore, s’emmurer dans sa forteresse pour clairement évaluer, en n’omettant pas de le faire pour soi-même, les forces et faiblesses des uns et des autres adversaires en présence, en face et déjà en place, est tout aussi une stratégie belliciste toujours adaptable dans la cité.
Cet ancien lieutenant d’Abdoulaye Wade qui perçoit – selon la vision eue dans ses multiples retraites – que la « station présidentielle » l’attend depuis les apories de la première Alternance, veut se ressourcer et certainement apprendre de ses échecs – ses bons points, ne les connait-il pas – qui font de lui, un candidat « plus expérimenté en matière d’élections au Sénégal »
En répondant à la question d’un journaliste qui s’étonnait d’une séquence de son mutisme l’homme de Thiès a déclaré que : « Le silence est toujours une occasion de réflexion profonde ». On peut ne pas citer le nombre de fois qu’il a adopté pareille attitude. Seulement, lui rappeler que Charles de Gaule, dans Le fil de l’épée (1932), avait fait noter ceci : « Rien ne rehausse l’autorité mieux que le silence, splendeur des forts et refuge des faibles ».
En tout cas, chez Idy de Thiès entretenir le mystère fait partie de son jeu politique. Et quand il sortira de son «xaluwa», Mara (dimunitif de marabout), comme l’appelle certain, pourrait nous apparaître très rayonnant et «encyclopédique» à souhait avec un nouveau manuel de postures politiques, de piques assassines envers ses adversaires. Ils sont avertis.
Il faut dire qu’Idrissa Seck se meut toujours dans ces aphorismes enchâssés – j’allais dire, enchaussés – au fond desquels il vous demande de plonger avec lui pour en tirer le véritable message. Arrivera-t-il à faire embarquer plus d’un dans son Rewmi ?
Après 2007, 2012, 2019, l’ancien « fils adoptif » de Me Wade pourrait-il convaincre l’électorat sénégalais dans sa 4e quête de la « station présidentielle » ? La météo politique des temps sénégalais entre décembre 2023 et janvier-février 2024, nous le dira.
Toujours est-il que pour le président de Rewmi, aujourd’hui âgé de 63 ans, qui se muscle d’une carrière politique garnie de plusieurs décennies d’expériences, cette élection pour la magistrature suprême, semble être l’ultime collecte de parrainages.
Cheikh Tidiane COLY
Directeur de publication