[REPORTAGE ‘TRACT’] PRÉSIDENTIELLE DE 2024: Des ‘Tractonautes’ donnent leur avis sur le système de parrainage et l’élimination de certains candidats 

TRACT – Le contrôle des parrainages pour l’élection présidentielle de février 2024 a pris fin le mardi 9 janvier dernier.

 

Après avoir passé à la loupe le dossier des 93 candidats déclarés, le Conseil Constitutionnel a finalement validé 21 candidatures, et recalé 72, en maintenant auparavant 9 candidatures lors du premier passage et 12 autres à l’issue du second.

 

Ainsi, en attendant la délibération du 20 janvier prochain sur les candidats qui seront officiellement retenus, votre site Tract, après l’avis des experts, a pensé à donner la parole à des ‘Tractonautes’ qui ont été les parrains et futurs électeurs du prochain Président de la République. 

 

À la question de savoir ce qu’il en pense sur le système de parrainage et sur les candidats recalés, Mamadou Seck, politologue en herbe en master 2 à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, argumente:

 

 «  Cette façon de faire le parrainage arrange le parti au pouvoir qui est libre de choisir ses adversaires parce qu’il a avec lui le fichier électoral qu’il peut modifier à sa guise « 

 

 » Le parrainage qui est pratiqué au Sénégal impose une tolérance zéro aux candidats à l’élection présidentielle. Il faut se le dire, beaucoup de candidats ont été éliminés à cause des doublons mais aussi des électeurs non trouvables sur le fichier électoral. Le cas de Mari Teuw Niane constitue un cas d’école parce qu’en tant que candidat, lui-même ne se trouve pas sur le fichier, ce qui est scandaleux. Personnellement, je ne suis pas contre le parrainage parce que ça permet de diminuer les candidats. Mais la manière dont on le fait ici au Sénégal pose problème. Qu’on se dise la vérité, cette façon de faire le parrainage arrange le parti au pouvoir qui est libre de choisir ses adversaires parce qu’il a avec lui le fichier électoral qu’il peut modifier à sa guise. Aujourd’hui, des candidats comme Abdourahmane Diouf et Mary Teuw Niane qui ont des programmes prometteurs pouvaient animer le jeu électoral et hausser le niveau, mais malheureusement, ils sont victimes de ce système de parrainage. Qu’en est il de la situation d’Ousmane qui est lésée par l’administration sénégalaise. En effet, par un simple refus d’octroie de l’attestation de la Cour Des Comptes, on invalide sa candidature. Maintenant pour moi, l’opposition doit faire bloc pour contester, obtenir et vérifier le fichier électoral. En tout état de cause, j’exhorte le Conseil Constitutionnel à faire preuve de maturité et à appliquer les lois de notre pays pour une élection inclusive et transparente « , a défendu notre interlocuteur, par ailleurs acteur politique.

 

Sur le même sujet, Adja Maguette Gueye, se disant neutre et apolitique, nous donne son avis: 

 

« Je me demande s’il n y a pas des non-dits sur cette façon dont on vérifie les parrainages pour valider ou invalider les candidatures déclarés »

 

 » Moi je ne suis pas trop intéressée par la politique mais comme je suis scotchée sur les réseaux sociaux, j’ai pu savoir comment s’est déroulée la vérification des parrainages. Déjà je trouve que le système de parrainage est une bonne chose parce que ça allait être impossible d’élire notre futur Président de la République en un jour si les 93 candidats déclarés étaient tous parti à l’élection présidentielle. Sans parler du fait que maintenant n’importe qui peut se lever, surgire de nul part pour dire qu’il veut devenir Chef d’État. Maintenant au sujet de l’élimination de certains candidats en particulier, je me pose des questions. J’ai vu que certains ténors politiques comme les anciens premiers ministres et quelqu’un comme Bougane Gueye Dany qui se sont faits un nom dans l’arène politique ont été éliminé là où les Mame Boye Diao, Anta Babacar Ngom, Serigne Mbop et autres ont réussi à valider leur candidature. Je ne sais pas pour vous mais ça me fait bizarre. Je me demande s’il n y a pas des non-dits sur cette façon dont on vérifie les parrainages pour valider ou invalider les candidatures déclarées », s’est posé la dame avec beaucoup de sérieux.

 

Et justement, à propos de la fiabilité de la vérification des parrainages, le « tractonaute » Pape Mbaye a manifestement montré sa manque de confiance sur le travail du Conseil Constitutionnel qu’il a jugé pas du tout transparent:

 

« Si le Conseil Constitutionnel croit vraiment à cette transparence dont il parle, pourquoi ne pas autoriser les journalistes à accéder dans leurs locaux et leur permettre de mettre en direct la vérification des parrainages » 

 

 »  Moi je n’ai absolument rien compris de comment se déroule la vérification des parrainages. On nous parle d’élection transparente mais à ce niveau il n’y a pas de transparence. Nous, on parraine des candidats et après les membres du Conseil Constitutionnel s’enferment dans leur bureau, font leur calcul et après nous informer que le candidat que vous avez parrainé est éliminé. S’ils croient vraiment à cette transparence dont ils parlent, pourquoi ne pas autoriser les journalistes à accéder dans leurs locaux et leur permettre de mettre en direct la vérification des parrainages. Nous aimerions bien leur faire confiance mais ils ne font vraiment pas ce qu’il faut  » se désole-t-il. 

 

Hadj Ludovic