[REPORTAGE ‘TRACT’] OBSESSION AUX JEUX DE HASARD : DES ACCROS DE ‘PARIFOOT ET XBET’ RACONTENT LEURS JOURS SANS 

[Tract – Les jeux de hasard sont devenus de nos jours une activé génératrice de revenus pour bon nombre de jeunes. Malgré le risque de perdre après chaque mise, des jeunes n’hésitent pas à jouer dans l’espoir d’avoir un ticket gagnant.

 

« J’ai perdu au jeu la moitié de l’argent que mon oncle m’avait confié »

Nous avons approché des jeunes dans le but de comprendre comment ils vivent cette obsession de gain… Au hasard de notre pérégrination nous rencontrons en premier le jeune Harouna Diallo. Elève en classe de de terminale, il n’a pas hésité de se prêter au jeu des questions-réponses. Il se rappelle « qu’un jour, mon oncle partait en week-end et m’avait donné de l’argent pour que je lui cherche des papiers ». Mais alors, au lieu d’honorer la requête de son oncle, la tentation a été plus forte pour Harouna. Il veut encaisser plus d’argent. «J’avais pris presque la moitié de l’argent et miser sur des équipes avec des cotes élevées dans l’espoir de gagner le quadruple. Mais malheureusement, j’avais perdu mon coupon à cause de Manchester United », a-t-il confié avec un brin de culpabilité. Ce jour-là, contrairement à lui à sa scoumoune, un ami a eu la chance de gagner. Et c’est lui qui lui vient en aide. Ce complice aux jeux du hasard « m’avait prêté de l’argent pour que je puisse régler les papiers de mon oncle », assure notre interlocuteur. « Juste pour vous dire que je prends parfois des risques pour pouvoir jouer », nous livre ce jeune homme de 18 ans.

Harouna Diallo nous dit avoir commencé à jouer au Xbet il y’a maintenant plus d’un an. « Et comme tous les joueurs, parfois je gagne, parfois je perds. Mais pour dire la vérité, je perds plus que je ne gagne », avoue-t-il. Mais malgré cela, «je continue quand-même à jouer parce que je suis devenu accro. Le week-end quand il y a matchs et que je ne joue pas, je ressens un vide. Même si je dois emprunter 1.000FCFA pour miser sur des équipes de différents championnats, je le fais », annonce le jeune élève, les yeux agités comme dans un cercle tourbillonnant. 

 

« J’espérer gagner 816 000 FCFA…. »

Un de ses amis de fortune, Ousmane Diallo, en a aussi eu pour son compte. « Comme son nom l’indique, c’est un jeu de hasard, on perd comme on gagne. Moi j’ai perdu plusieurs fois mais n’empêche je continue toujours », reconnait Ousmane qui reconnait avoir eu son jour de chance en misant 1000f pour se voir gagner 107.000FCFA. Et « ce fut ma plus grosse cagnotte », scande encore Ousmane Diallo. Toutefois, il reste quelque peu lucide dans la somme à mettre en jeu. « La seule différence entre moi et les autres est que je ne fais pas de pari fou en misant gros parce que j’ai vu des amis vendre leurs matos pour jouer et ne pas avoir gain de cause », justifie notre protagoniste. « Concernant mon mauvais jour, je ne peux pas dire que c’était une perte, mais plutôt une déception : J’ai failli gagner 816.000FCFA », s’écrit-il en rappelant ce souvenir qui aurait pu l’enrichir.  Mais à cause d’une équipe, celle de Marseille, « j’ai perdu le ticket. J’étais triste ce jour-là parce que pour moi c’était déjà gagné vu que j’avais ‘couvert’ Marseille en ne lui demandant qu’un match nul », nous a-t-il raconté. 

 

 » Pendant la Coupe du monde passée, j’avais vendu ma moto pour miser au jeu… » 

Pour Moustapha Ly, il est la plus grande victime des jeux de hasard. « Pour vous dire la vérité, vous ne pouvez pas trouver une plus grande victime de Xbet que moi. Avant cette moto que vous voyez là, j’avais un T-Max. Mais pendant la récente Coupe du monde, je l’ai vendu pour ensuite parier avec la moitié de l’argent », déroule-t-il. « J’avais espéré gagner beaucoup d’argent avant la fin de la compétition, mais je n’ai eu que des regrets », reconnait-il en nous soufflant sa déception. « Moi, je sais que j’en fais trop mais il m’est impossible d’arrêter. J’ai décidé à plusieurs reprises de ne plus jouer mais à chaque week-end quand il y a match, il devient impossible que je me retienne », dit Moustapha Ly qui affiche là toute sa faiblesse pour la… loterie. « Vous savez les jeux de hasard c’est risqué, mais ça nous donne aussi de l’espoir et ça nous aide parfois à boucher les trous. Si on avait mieux, quelque chose à faire qui allait nous rapporter beaucoup d’argent on n’allait même pas avoir le temps de jouer », justifie-t-il. « Mais malheureusement, maintenant au Sénégal pour trouver du travail, il faut avoir le bras long, avoir des connaissances. Et puisqu’il en est ici, on va faire de Xbet notre gagne-pain jusqu’à ce qu’on trouve ce qui ce qui peut nous rapporter ce que les jeux du hasard nous rapporte », lance-t-il dans un défi hasardeux au baluchon de la chance.

 

Hadj Ludovic