TRACT – Le report de l’élection présidentielle qui devait se tenir le dimanche 25 février, annoncé par le Président Macky Sall le 3 février dernier, reste une décision mal pris par les Sénégalais.
C’est du moins ce qu’on peut dire après avoir donné aux citoyens l’occasion de s’exprimer sur ce sujet.
À l’unanimité, toutes les personnes interrogées ont manifesté différemment ce qu’on peut considérer comme une “déception”, un “désespoir”.
Manifestant son souhait de s’exprimer sur ce sujet pendant que nous interrogeons son camarade, Mamadou Djité, étudiant en Langues Et Cultures Africaines à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, s’ouvre à nous :
“Si le Président Macky Sall écoutait le peuple Sénégalais, il n’allait pas faire ce forcing qui a replongé le pays dans un K.O plus plus profond”
“ Nous avons un Président sourd et très têtu qui n’écoute pas la volonté populaire. Si le Président Macky Sall écoutait le peuple Sénégalais, il n’allait pas faire ce forcing qui a replongé le pays dans un K.O plus plus profond. Les sénégalais ont commencé à montrer depuis mars 2021 qu’ils veulent une nouvelle alternance,ce qui explique en réalité les manifestations qui ont eu lieu avant que le Président Macky déclare qu’il ne sera pas candidat en 2024. Et si vous avez fait le constat, il n’y a pas eu de grandes manifestations depuis lors, même pendant l’arrestation de Sonko. Mais avec ce report des élections, les doutes qu’on avait sur sa volonté de rester au pouvoir malgré la fin de son mandat deviennent de plus en plus fondés. On en avait fini avec des morts d’hommes durant les manifestations jusqu’à ce qu’il fasse repousser l’élection présidentielle. Il est temps qu’il parte et qu’il transmet le témoin comme il l’avait reçu. Il n’est pas le seul Sénégalais capable de diriger ce pays quand-même”, a jugé M. Djité.
Pour Ibrahim Sy, Gérant d’une boutique de multiservices dans les alentours de l’Université Gaston Berger, signe:
“Il a repoussé les élections sans dialogue et maintenant il veut fixer une date pour l’élection après un dialogue, je me demande sincèrement à quoi il joue”
“ Je ne sais pas si une telle situation est arrivée au Sénégal avant notre connaissance, mais pour nous jeunes, elle reste historique. Le Président Macky Sall a voulu rester au pouvoir jusqu’à la fin de l’année 2024 malgré la fin de son mandat, chose que je considère comme un manque d’honnêteté et une trahison. Maintenant c’est clair dans ma tête qu’il n’a pas renoncé de se présenter à l’élection présidentielle de par son propre gré. Il a vraiment plongé le Sénégal dans une situation politique plus compliquée au moment où il devait sortir par la grande porte et entrer dans l’histoire. Que les gens le disent ou non, nous doutons de voir un Président qui n’est pas élu diriger le pays après le 2 avril. Il a repoussé les élections sans dialogue et maintenant il veut fixer une date pour l’élection après un dialogue, je me demande sincèrement à quoi il joue. Cette crise politique et sociale, c’est pas un dialogue qui va le régler encore moins des calculs politiques”, a-t-il estimé.
Quant à Antoine Mendy, sérigraphe de profession, il nous parle de ses doute sur la sincérité du Président Macky Sall en ce qui concerne le dialogue:
“Il sait que politiquement c’est fini pour lui et il veut emporter dans sa chute une partie de l’opposition”
“ Moi je ne dirai plus le Président Macky, je l’appelle désormais le Président sortant. Il n’a plus ni de la légitimité ni de la légalité à mes yeux. C’est quelqu’un qui m’a beaucoup déçu, je ne m’attendais pas à ce qu’il tombe aussi bas. Après que le Conseil Constitutionnel lui a posé un niet catégorique sur le rapport des élections, il nous parle d’un dialogue pour fixer une nouvelle date, il veut juste se dédouaner. Il sait que politiquement c’est fini pour lui et il veut emporter dans sa chute une partie de l’opposition. L’opposition a compris ça et c’est pourquoi ils ont refusé de participer à ce dialogue qui n’est rien de plus qu’un mascarade. Qu’il arrête de vouloir nous faire croire qu’il est un homme de consensus qui respecte la volonté populaire. Si c’était le cas, il allait respecter en premier lieu la Constitution qui a clairement fixé la date de l’élection présidentielle”, a-t-il argumenté.
Hadj Ludoviç