Tract – Ça y est, Sunugaal amerrit encore sur la berge de la politique de l’extraordinaire. Au débarquement de ce jeudi 14 mars 2024, Ousmane Sonko et son alter ego – clone parfait Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Il n’y a pas de hasard, les Pastéfiens nous l’ont dit et scandé : «Diomaye mooy Sonko» et vice versa, «Sonko mooy Diomaye». Et curieusement, malgré lui, c’est Macky Sall – accusé d’être l’auteur de la tragédie de leur incarcération -, qui s’affiche en réalisateur et metteur… en selle de ce scénario qui va déteindre sur la campagne électorale.
Cette libération de Sonko et Diomaye est, peut-être, le symbole d’un renouveau dans le landerneau politique du Sénégal. Et pour les deux chefs de l’ex-Pastef, nous ne savons pas s’ils ont perdu, en prison, le goût de la bataille. En tout cas, les comparses sont sortis, par la magie d’un ‘sukëru koor’ présidentiel à l’aune d’une amnistie votée en mode fast track à l’Assemblée par les députés de la majorité ‘résidentielle’. Et pourtant, cette sortie par la porte enrobée de l’amnistie, ils – Sonko and Co – ne l’auraient pas demandée, selon leurs proches.
La démarche annonçant cette bénédiction serait-elle accordée seulement à qui le souhaiterait et le mériterait ? Mais, beaucoup d’observateurs ne considérent point qu’elle était applicable à tous. Toujours est-il que Macky Sall a semblé prendre une décision difficile, le jour du dialogue national. On l’aura vu, le visage «mastiqué» mais ferme, démontrer qu’il avait envie de se retirer de la vie république, pardon, de la virée publique. Douze ans à ce poste de président suffisent pour quiconque émet le vœu de consacrer plus de temps à sa famille, son épouse, ses enfants…
Le pays est prêt pour l’élection et un nouveau chef de « parti pris » doit mener la campagne. C’est Amadou Ba, pense un Macky non convaincu, qui est le meilleur pour le succéder. Il en a l’étoffe cogitent les uns à Benno Bokk Yaakaar, mais pour les autres livrés au marronnage, ceux-là jugent que le tout nouveau ex-Pm n’est juste qu’un poids-pelure. Bref, Macky a jugé bon de lui refaire une carapace, ces dernières heures avant la sortie des esprits qui hantent le fameux « Système » (finissant ?).
Alors, il ne lui restera plus qu’à évacuer la pile de documents devant lui, à transmettre au futur successeur… Qui sera-t-il ? La réponse au-delà du 24 mars.
Pour l’instant, les célèbres ex-prisonniers politiques seront complètement plongés dans la guerre de la campagne. Ils ont sablé le champagne, Astafiroulah, ils ont lampé leur ‘bisaab bu weex’ pour arroser leur liberté qui ne sera pas de tout repos. Pas de répit pour eux, pas de repli sur le duo. Les épisodes concernant les causes du conflit qui les ont fait acheminer au cachot, les répressions qui laminaient les populations, le libertinage du parlement, les privilèges de la ‘royauté présidentielle’, les années ‘covidées’ et socialement débridées entre 2021 et 2024, la restauration de l’état de… droiture sont autant de sujets qui les attend dans ces rues publiques qui servaient de quartier général.
D’ailleurs, les images de leur sortie de ce jeudi nuit sont évocatrices du serment historique et de la liesse populaire qui les lient à leurs partisans. Mais à l’aube de leur premier jour de sortie, sous leurs yeux embués, il leur sera placé l’atlas des prochaines étapes de la progression de la bataille pour le fauteuil présidentiel. Un « thiooki fin » ou « thiooki » en finesse !
Alors, en suivant le scénario du président sortant, le dernier affrontement aura bien lieu sur plusieurs fronts. Ici entre les 19 candidats, et là dans plusieurs des partis qui, malgré leur bravoure exceptionnelle, vont tomber et ne s’en relèveront jamais. En attendant le chant des spoliés résonner dans cette campagne diablement ‘électo-râle’.
Par Cheikh Tidiane COLY – Al Makhtoum