Tract – L’appel des journalistes africains, en 1991, notifiant la Déclaration de Windhoek sur le pluralisme et l’indépendance des médias, avait fait échos à la Conférence générale de l’UNESCO. Et l’Assemblée générale des Nations Unies a pris le relais, deux années plus tard, pour faire du 3 mai Journée mondiale de la liberté de la presse. La liberté de la presse, dites-vous ? Où en sommes-nous, au Sénégal, depuis sa proclamation, il y a 3 décennies ? Des efforts ont été faits, mais il reste encore à la «maison-presse» de balayer dans son environnement pour ses activités ‘libres, sans pressions’.
En lisant les déclarations, par-ci, par-là, depuis les tribunes des Nations unies et de l’Unesco, en passant pas les Associations de presse, les Ong défenseurs des Droits de l’homme et autres entités de la société civile, l’on note que tous, formulent les vœux d’un engagement louable pour une presse ‘LIBRE ET INDEPENDANTE’. Tout le monde sait : les médias libres et indépendants jouent un rôle crucial dans la promotion de la démocratie, de la transparence et de l’inclusion sociale. Tous savent que la presse offre une plateforme essentielle pour la diversité des opinions et la diffusion d’informations pertinentes pour le progrès social. Et encore…
Certes, il est important de parler, aujourd’hui, du thème retenu ‘mondialement’ pour cette Journée 2024 : «La presse au service de la planète : le journalisme face à la crise environnementale». Pour ce qui nous concerne, nous qui avons été secoués ces derniers temps par les ‘politiques’, il est bon de ‘tropicaliser’ le débat, en abordant le véritable sujet de la presse au Sénégal.
Il est temps de tenir et d’entretenir l’environnement des médias, en aidant les journalistes à retrouver, véritablement et professionnellement, leur liberté d’expression pour leur éviter la voie des voix sinueuses du griotisme, de l’amateurisme, de l’improbité… Parce qu’il y a crise, il faut la résoudre. D’abord au sein des entreprises de presse, les rédactions etc. Nous ne pouvons pas nous ériger en ‘donneurs de leçons’, en tribune de vérité, en espace de démocratie, alors qu’il y a encore beaucoup à faire chez nous.
Et, il est fort estimable de constater que pour cette année, la «Crise dans les médias : les entreprises de presse et les professionnels de l’information face aux défis de la précarité», soit le thème choisi par la Coordination des associations de presse (CAP) du Sénégal pour en débattre à la Maison de la presse Babacar Touré.
Ainsi, faut-il déjà saluer le travail de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (CJRS) qui a mis en lumière des conditions de travail difficiles pour les journalistes, notamment en ce qui concerne les contrats, la rémunération, les cotisations sociales et la couverture maladie. C’est un panorama peu reluisant qui nous est dressé par les jeunes reporters. Il est important cet aspect incontournable, non seulement à l’occasion de la Journée de la liberté de la presse, mais il faut poser le débat au quotidien des reportages, des interviews et le résoudre pleinement et avec courage. C’est à partir de ce moment que nous pourrons nous satisfaire de notre travail en équipe pour une presse libre et diversifiée permettant aux citoyens d’accéder à une information pluraliste et de participer activement au débat public.
Dès lors, nous aurons raison de dire, pendant qu’on y est, avec le président Bassirou Diomaye Faye, que la démocratie prospère grâce à des débats animés, une vérification rigoureuse des faits et une diversité de perspectives. Et parce que la prolifération de la mésinformation et de la désinformation dans le paysage numérique est un défi majeur, il est urgent que la presse s’arme organiquement et surtout financièrement pour garantir à ses acteurs de travailler en toute intelligence…
Alors, nous pourrons tous promouvoir la véracité et la diversité des idées pour renforcer notre cohésion sociale et protéger nos valeurs démocratiques.
Cheikh Tidiane COLY
Directeur de publication