TRACT – Le mariage, défini comme un acte plutôt culturel que religieux, trouve tout son sens de par la façon dont il est pratiqué au Sénégal. Il suffit de voir de près comment les mariages sont scellés, célébrés et vécus pour être en phase avec cette assertion. Et pourtant, au Sénégal, on dit qu’on se marie ‘ci farata Yalla ak souneu Mouhamad’. Mais bizarrement, peu d’actes religieux sont posés, avant la célébration, pendant et durant les mariages.
D’abord, pour les demandes en mariage, elles se font présentement à la culture occidentale. Pour se montrer être en phase avec l’évolution du monde, nous avons choisi de mettre de côté la façon dont la religion l’a recommandé et préfère nous agenouiller devant la femme, bague à la main, pour lui demander de devenir notre épouse.
Parlons ici du ‘aada ak thiossane’. Avant la célébration d’un mariage, là où la fille qui compte se marier devait fixer la dote qui est une obligation religieuse que seule la future mariée a le droit de fixer, c’est maintenant aux parents, les mères en particulier, qui demandent, ‘assafourlah’, qui exigent une grosse somme d’argent. Une somme qu’elles vont distribuer aux tantes paternelles (les badiène), aux grand-père et grand-mère mêmes s’ils sont décédés depuis Mathusalem (les yélou Mame), aux voisins dans le but qu’ils amènent en retour plus que ce qu’ils ont reçu aux jours de la célébration du mariage. Bref, ne citons que ceux-là. De plus, la modernité, dit-ton, vient s’ajouter à tout.
Venons en à la célébration du mariage, spécialement à la phase où on fait le ‘farata’. Le premier constat fait, est l’absence des mariés à la mosquée où le sermon qui sera fait est exclusivement destiné aux deux personnes qui comptent s’unir pour le meilleur et pour le pire. À la place d’être présents et d’écouter ce qui est les droits et devoirs de chacun d’eux dans le mariage, la mariée elle, laissant ce que la religion juge important, préfère obéir aux souhaits des coutumes et traditions. À l’heure pendant laquelle le mariage est en train d’être scellé, elle est assise au milieu du lit de sa mère, chapelet à la main, récitant du on ne sait quoi. Quant à l’homme lui, les traditions ancestrales l’exigent à rester à la maison au lieu d’aller assister le sermon, pour pouvoir faire le fameux ‘teumbeule’ pour qu’on puisse pas lui faire du ‘Xala”.
Aussi, on on ne se limite plus à se marier d’une façon culturelle, occidentale, plutôt que religieuse. Désormais on y rajoute une couche de modernité. À la veille d’un mariage, on voit de plus en plus des ‘soirées d’enterrement de vie de jeune fille’ et des ‘henné time’ durant lesquels il faudra exhiber ses parties intimes et des danses digne d’une striptease pour rendre la soirée animée et agréable. Les sommes colossales dépensées durant ces cérémonies avant même de sceler les mariages est estimées à des millions.
Le ‘aada et thiossane’ reviendra encore ici. Il continuera à imposer ses règles dès la première fois que les mariés doivent consommer leur mariage. Si la religion recommande la discrétion, le ‘aada’ lui, voudra que tout le quartier soit au courant de cette première nuit d’intimité. Il organise cette dernière de sorte que les parents et le quartier soient au coran que la mariée a eu ses premiers rapports sexuels avec son mari et qu’elle a été vierge.
Le ‘aada ak thiossane’, continuant toujours d’exercer ses pouvoirs, oblige la mère de la mariée à donner des cadeaux à la mère de son beau-fils. Et là, une question se pose: est-il raisonnable de donner à quelqu’un sa fille en mariage et lui en rajouter des cadeaux ? Vous nous direz certainement oui. Mais, laissez nous vous rappeler que jadis, cette pratique, culturellement appelée le ‘Yébi’, était faite dans le but de rendre la belle famille reconnaissante, tolérante, douce et bonne avec la femme de leur fils, frère ou cousin. À cette époque, un tout petit cadeau, quelque soit sa valeur, faisait que les belles-mères et belles-sœurs manifestent une reconnaissance et accorde un soutien infaillible à la mariée dans son ménage. Tout le contraire de ce qu’on voit à présent, car, la belle famille, si elle reçoit des cadeaux venant de la mère de la mariée inférieurs à leur attente, elles manifesteront un mépris, un traitement d’infériorité envers la mariée. N’en parlons pas de la vécue quotidienne de cette dernière, durant tout le mariage, si elle n’a pas pratiqué cette coutume qui n’est ni une obligation ni un devoir du point de vu religieuse. Et pourtant, logiquement, c’est elle qui a quitté sa famille, laissant ses parents, frères et sœurs derrière pour venir entretenir leur fils et la maison qui devraient être couverte de cadeaux.
Au vu de tous ces constats, deux questions majeures d’ordre religieux s’impose. Est-il désormais logique de dire que les mariages au Sénégal se font ‘ci farata Yalla’ et surtout , surtout ‘ci souneu Mouhamad’ ?
Toutes ces dépenses et cérémonies d’avant et au premier jour des mariages, ont-elles une répercussion religieuse positive sur le mariage, union sacrée et recommandation divine ?
Hadj Ludovic