‘Aysha’ : Quand le cinéma sénégalais brise le silence sur le viol et les réalités sociales           

TRACT –  Le cinéma est un puissant vecteur de sensibilisation et de transformation sociale, et au Sénégal, il joue un rôle de plus en plus crucial dans le dialogue autour des problématiques contemporaines. Avec des sujets souvent passés sous silence, comme le viol, le cinéma sénégalais se positionne aujourd’hui comme un espace de réflexion et de prise de conscience collective. Le film « Aysha », présenté en avant-première par le producteur Thione Niang, est l’exemple même de cette ambition de faire du cinéma un miroir des réalités sociales.

 

Thione Niang, un jeune leader originaire de Kaolack, a pris le pari de s’éloigner de ses activités traditionnelles pour embrasser le septième art, avec pour mission de mettre en lumière des sujets délicats et tabous dans la société sénégalaise. À travers « Aysha », il raconte l’histoire tragique d’une jeune fille de 14 ans dont le rêve de devenir avocate se voit brisé par une agression sexuelle. Le film ne se contente pas de relater seulement un fait divers. Il dépeint également les défis quotidiens des jeunes filles dans un contexte rural, où les tâches domestiques et les obstacles sociaux freinent leur éducation et leur émancipation.

Rêve brisé d’une fillette de 14 ans

En choisissant de raconter cette histoire, Thione Niang espère briser le silence qui entoure le viol, un sujet encore largement tabou dans de nombreuses familles et communautés sénégalaises. « Aysha » vise à sensibiliser, à provoquer des discussions et à inciter à l’action pour protéger les jeunes filles vulnérables. Le producteur s’est exprimé avec force : « Il est temps que nous, Africains, prenions la parole pour raconter nos propres histoires. Depuis trop longtemps, d’autres ont parlé à notre place. Aujourd’hui, nous devons montrer notre réalité au monde et offrir une vision authentique de notre culture. »

Le cinéma sénégalais, bien qu’encore émergent sur la scène internationale, connaît une renaissance avec des productions qui abordent des thèmes locaux tout en s’ouvrant à un public global. Thione Niang voit dans le cinéma un outil de promotion culturelle capable de contrer l’influence dominante du cinéma occidental. Il aspire à faire découvrir le potentiel du cinéma africain aux spectateurs étrangers, notamment américains, en présentant des œuvres ancrées dans des réalités authentiques. « Le cinéma n’a pas de frontières, » souligne-t-il, « et il a un pouvoir de sensibilisation qui va bien au-delà de la politique. »

Conflit de génération

Outre le viol, « Aysha » aborde également des problématiques telles que le conflit générationnel et le manque de soutien parental envers l’éducation des jeunes filles. Ce film est une critique des traditions limitatives qui freinent l’émancipation féminine, mais aussi une invitation à réévaluer l’importance de l’éducation dans la lutte contre les inégalités de genre. En montrant les obstacles que rencontrent les jeunes filles, même avant d’arriver à l’école, le film appelle à une réflexion collective sur la place des femmes dans la société.

La projection d’ »Aysha » a été un moment fort, réunissant des professionnels du cinéma, des acteurs culturels et des médias, témoignant de l’intérêt croissant pour des œuvres qui explorent des sujets sensibles avec authenticité. Thione Niang a également profité de l’événement pour annoncer un futur projet « Aysha » : Quand le cinéma sénégalais brise le silence sur le viol et les réalités sociales cinématographiques sur l’immigration clandestine, mettant en lumière le parcours périlleux des migrants. Ce projet s’inscrit dans la continuité de sa vision de faire du cinéma un moyen d’expression des réalités africaines et de porter des messages forts sur la scène internationale.

Le film « Aysha » et l’engagement de Thione Niang illustrent parfaitement l’importance du cinéma au Sénégal en tant qu’instrument de changement social et de promotion culturelle. En racontant des histoires locales avec une portée universelle, le cinéma sénégalais aspire à éduquer, sensibiliser et inspirer, tout en donnant une voix à ceux qui ont longtemps été réduits au silence.