Tract-Depuis plusieurs jours, Dakar et le reste du Sénégal sont envahis par des montagnes d’ordures, conséquence d’une grève des concessionnaires de nettoiement. Dans un entretien accordé à L’Observateur, Ndongo Fall, président du Collectif des concessionnaires du nettoiement du Sénégal, revient sur les raisons de cette paralysie, notamment les dettes impayées de l’État, estimées à 18 milliards de FCFA, et l’impasse des négociations.
« Cela fait maintenant quatre jours (dimanche) que nous avons arrêté nos prestations de collecte des déchets sur l’ensemble du territoire national. La raison principale est simple : depuis le début de l’année 2024, nous n’avons pas été payés », explique Ndongo Fall. Selon lui, « les factures impayées, qui s’accumulent de janvier à octobre 2024, atteignent aujourd’hui 18 milliards de FCFA. »
Il dénonce également le non-respect des engagements pris par l’État pour éponger ces dettes, malgré de nombreuses relances. « Les autorités restent sourdes à nos revendications, ce qui témoigne d’un manque flagrant de considération envers les professionnels du secteur », déplore-t-il.
Pour tenter de calmer la situation, un acompte de 1,5 milliard de FCFA, soit seulement 10 % du montant total, a été débloqué. Une somme jugée insuffisante par Ndongo Fall : « Ce montant ne couvre même pas nos besoins de fonctionnement. On nous a promis un deuxième versement équivalent, mais cela reste dérisoire par rapport à la dette globale. »
Selon lui, les rencontres organisées par le ministre de tutelle, Balla Moussa Fofana, n’ont abouti à aucune solution concrète. « Lors de la dernière réunion avec le ministre, le directeur général de la Sonaged était présent mais ne figurait pas sur la liste des invités. Cela montre un manque de coordination au sein des autorités », estime-t-il.
Un courrier du Premier ministre Ousmane Sonko aurait pourtant été adressé au ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires, lui demandant de trouver une solution rapide. Mais jusqu’ici, rien n’a été fait, indique M. Fall.
Ce dernier pointe également une tension entre le ministre Fofana et le directeur général de la Sonaged : « On sent qu’il y a des frictions entre eux. Cela pourrait expliquer l’inefficacité dans la gestion de cette crise, mais ce sont les populations qui en payent le prix. »
En attendant un règlement satisfaisant de leurs revendications, les concessionnaires excluent toute reprise du travail. « Nous restons déterminés à poursuivre notre mouvement jusqu’à obtenir une réponse concrète et complète de la part des autorités », conclut Ndongo Fall.