[TRIBUNE] Par Ousseynou Nar Gueye | VERS 2029 : COMMENT DIOMAYE DÉSAMORCE TOUTE ‘CONFLICTOGÉNÉITÉ’ AU SOMMET DE L’ÉTAT

Ousseynou Nar Gueye

Tract – ‘Circulez, y a rien à voir !’. Président Diomaye a désamorcé derechef toute idée (et velléité?) de ‘conflictogénéité’ au sommet de l’État. Entre lui et son Premier ministre souhaité ‘super-fort’, Ousmane Sonko. ‘C’est mon ami. Il n’y a aucun problème entre nous’.

Le patron du GOS (Gouvernement O.S) peut se rendormir sur ses deux oreilles, après avoir mobilisé le ban et l’arrière-ban de l’Etat-Pastef et déclaré mâlement au King Fad Palace qu’il ‘interpelle’ le chef de l’État pour qu’on lui laisse les coudées franches dans son action gouvernementale, afin qu’il puisse cheffer comme un chef  : ‘Soit le président Diomaye règle la question, soit il me laisse la régler!’, a tempêté le prophète (Astagfiroullah!) des masses pastéfiennes, ‘Ousmane-the-man’ .

La lucidité sereine de président Bassirou Diakhar, pour rétorquer à cette sortie ; pour le moins ébouriffante de Premier ministre Sonko, a de quoi se faire arracher les cheveux à l’opposition radicale et à ses fourriers d’avant-garde avant-centres qui squattent les médias à longueur d’heure, jours et nuits et à longueurs de débats télé non intercalés de reportages (ce qui nous permettrait de respirer…) : mes chers Hamidou (Anne), Madiambal (Diagne), Dr Yoro (Dia), Seydou (Gueye), Bougane (Gueye)…et autres personnalités publiques moins pratiquées par ma modeste (à défaut d’humble!) personne : comme Kirikou l’honorable Abdou ou Pape Malick Ndour ex-icône de la feue jeunesse apérisante chloroformée et stipendiée dans les megas-meetings mackysants. Jeunesse désormais hors de portée des euphorisants du double Salltennat passé de Macky Toroodo.

Alors ? Verdict ? Diomaye a-t-il tendu l’autre joue après la soufflante symbolique de Sonko ?

Notre président de la République est en tout cas une figure quasi-christique (Re-astagfiroullah!) dans sa capacité à encaisser et à endosser.

Mais n’est-ce pas cela qu’on attend d’un kilifa ? Oui, si : ‘Mu nekk ku mana jélelé, mu doon ku mana jégelé’. Qu’il ait le dos large. De ce point de vue, Diomaye remplit bien tout son fauteuil de président. Comme l’on dit en wolof, je crois pouvoir m’aventurer à conclure, au moins provisoirement jusqu’en 2029, que : ‘fèèss na sissam’.

Pour délaisser l’exemple de la figure christique et aller vers les préceptes de la Sunna islamique, en notre peuple si fervent croyant musulman, j’ajouterais qu’il sait ‘dilater sa poitrine’ pour supporter la pression, les pressions, de toutes part qu’elles viennent : du camp d’en face ou du sien propre.

Avec la sortie fracassante par live sur réseau social de Sonko au KFP où il installe il y a une semaine, jeudi dernier, le Conseil national de Pastef, d’aucuns, sinon beaucoup se sont laissé aller à pronostiquer une rapide et funeste  issue du duo au pouvoir, à la Senghor-Dia ou même à la Sankara-Compaoré. Il n’en est rien. 

Et parions qu’il n’en sera rien. Car le duo Diomaye-Sonko est un binôme de deux personnes toutes aussi stoïques, chacun à leur façon.

Président Diomaye par la parole rare, le débit monotone et la colère froide, rentrée, cachée et brève. Premier minstre Sonko, qui l’a prouvé à suffisance pendant dix ans d’opposition intranquille, par l’expectoration de phrases fortes et définitives, fracassantes et fermes, le débit menaçant et les révélations en cascade comme pour former un bouclier, un ‘totem d’immortalité’ comme dans les émissions de téléréalité de survie en milieu hostile (‘je suis politiquement indestructible’, dixit le Premier ministre). Mais ce sont là les deux faces d’une même sorte de patience, de capacité de résilience et de foi en ce que tout ce qui arrive et arrivera est deja écrit. Mektoub. 

L’on comprend que Sonko, avec son ‘rabat d’arrêt Mambaye Niang’ pour diffamation qui le rend inéligible (jusqu’à survenance d’un fait nouveau dans cette affaire, comme m’en prévient mon frère Cheikh Oumar D.?), forclos donc pour la présidentielle de 2029, ait eu un vague à l’âme, un coup de blues, une descente au fond du fleuve Sénégal : eaux profondes dont il ne pouvait remonter qu’en frappant fort du talon pour revenir à la surface des choses essentielles de la République : rester focus sur la conduite du char de l’État et l’assumation de la responsabilité d’être totalement et en pleine capacité aux affaires. Oui, Diomaye détermine la politique de la Nation. Mais oui aussi, Sonko conduit la politique de la Nation.

En ma qualité de soutien politique assuré et assumé de Diomaye et Sonko depuis bien avant la présidentielle de 2024, j’en appelle surtout à Sonko d’accepter que les critiques fusent jusqu’à en être redondantes : de la part d’une bonne partie de la presse, opposante par nature et rétive à tout regime politique même si et quand elle a objectivement contribuée à l’élire ; de la part de chroniqueurs souvent ‘ânes-pas alpha-bêtes’, c’est-à -dire toujours adeptes de parler de l’anal et de la bête à deux dos, toutes choses triviales qui ne resteront pas dans les annales de la République dans la suite du cours de ce 21ème  siecle ; de la part d’opposants radicaux aussi par force de l’habitude, de l’habit (de la camisole de force?) et de l’habitus : ils n’ont que le ministère de la Parlotte pour exister : Alors, Premier Sonko, souffrez de le leur laisser exercer un peu et de temps en temps ?

Aussi, j’en appelle à l’élargissement de prison des chroniqueurs enfermés et à des jugements rapides, avec des peines de sursis et une totale ‘déprisonnalisation’ des sanctions contre les gens de médias. Laissons tout le monde déblatérer, quoique certains débitent des sornettes pour lesquelles « on ne frapperait pas son enfant », pour le dire en parler wolof.

Oui, ‘que mille écoles (et mille médias!) rivalisent’, comme disait le Grand Timonier chinois Mao, qui n’était pourtant pas démocrate ou multipartite pour un sou (avec ses fameux camps de rééducation culturelle). Laissons proliférer les médias : à la fin des fins, le public sénégalais, l’opinion nationale, le bon peuple toujours souverain par principe, je le pense, je le crois, fera toujours les bons choix : regarder et écouter ce qui leur apporte de la connaissance en instruction et en culture générale, du renforcement dans leur connaissance de leur foi, et qui éclairent leur choix politiques et citoyens. 

Même ceux non instruits à l’école en français (que je me refuse à appeler ‘l’école française’) et la jeune génération des moins de 35 ans et qui représente 70% de la population de notre pays, accros à Snapchat et a Tiktok qui sont leurs seules sources ‘d’information’.

Eh bien, tous ceux-là finiront bien par préférer la qualité de fond et de forme, à toutes ces invectives perpétuellement débitées et répétées à longueur d’antenne par des pessimistes professionnels : ce qui relève de la paresse intellectuelle.

Mais une fois de plus, on comprend le Premier ministre Sonko auquel le président Diomaye a fait plusieurs clins d’oeil pour lui indiquer que lui Sonko devait pouvoir prendre la succession présidentielle dès l’élection de 2029 : ‘j’ai dit a Sonko de ne pas lorgner le fauteuil, mais de bien le regarder » , ‘je donne comme second prénom à ma dernière fille celui de la sainte mère de Sonko, Dame Khady’, etc, etc.

On serait Sonko ou pas, qu’on serait bardé de certitudes quant à son avenir à moyen terme, pour beaucoup moins que cela, et surtout de la ferme conviction, pour Sonko, que le martyre communicationnel qu’il est forcé d’endurer pendant le quinquennat Diomayat, en tant que bouclier auto-proclamé du chef de l’Etat, en tant que fusible qui refuse de disjoncter, n’est rien d’autre que ce chemin pavé d’épines  qui mène ; ), lentement mais sûrement, au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor, dès 2029.

2029 s’éloigne donc (un peu? beaucoup?) pour le chef du GOS. Et alors? Un double quinquennat de Diomaye est toujours bon à prendre. Et Sonko ne devrait pas chipoter sur une accession potentielle à la magistrature suprême en 2034, inch’Allah, à l’âge de 60 ans, soit d’une cuvée bien plus jeune que pour Gorgui Wade, qui accède à l’Everest des fonctions électives à l’âge avancé de 74 ans, celui-là même où Senghor démissionne un certain 31 décembre 1980.

Duo au sommet de l’Etat? Ou plutôt trio, plus assurément ?

Duo de choc ? Chocs de trio ? En effet, il n’est pas impossible que le trio président-Premier ministre-président de l’Assemblée, soit le tiercé dans lequel il faille (re)trouver les présidents sénégalais pour les vingt prochaines années, c’est-à-dire, pour la prochaine génération de Sénégalais.

Mais bon, ‘de la coupe aux lèvres, il y a loin’, comme vient encore de le constater Monsieur Sonko, et il ne faudra donc pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : ‘Digeunté khaatj ak door, lépp khatch na ci’. Mais, travaillez, prenez de la peine, il en  sortira toujours quelque chose de bon. 

A propos du trio aussi, l’absence du territoire national du président et du président de l’Assemblée, les deux premières personnalités  de l’Etat, quand la troisième qu’est le Premier ministre fait sa sortie fracassante d’interpellation, me rappelle un événement similaire : je pense à 1958, lors de la tournée special combo ‘Communauté française’ du Général de Gaulle en AOF et en AEF alors, quand Senghor et Dia se retrouvent comme par enchantement à Paris, alors que le ministre de l’Intérieur Valdiodio Ndiaye dut aller à la corvée pour répondre, en Place Protêt (actuelle Place de l’Indépendance) au discours à la ‘vous-voulez-l’indépendance-alors-prenez-la’ du Grand Charles, chahuté par les porteurs de pancartes sur lesquelles on lisait : ‘Vive l’Indépendance’,’Nous voulons l’Indépendance’, ‘L’Indépendance immédiate’.

Enfin, parlant de voyage, Sonko revient récemment de Chine, dont il est bien de ramener des dizaines de milliards de FCFA en dons, aides et prêts, mais dont il faut laisser là-bas le centralisme démocratique du Parti Communiste Chinois. 

Alors, dans cette affaire de karaté verbal de jeudi dernier, entre le premier ministre, le président et le président de l’Assemblée nationale : lequel aura fait le plus de chinoiseries ? On ne saurait trop le dire.

Mais assurément, avec des techniques de judoka qui prend appui sur la pression du poids de l’adversaire ou même de yoga (pour l’élasticité observée..), Diomaye sait résister à tous les supplices, même pouvant être qualifiés de chinois, tant il font mal ou vous rongent à petit feu. 

Bref, cela n’a rien à voir, mais, quoique… : les deux épouses du président Bassirou Diakhar doivent être bien fières et bien rassurées, pour elles-mêmes et pour le peuple sénégalais, d’avoir un époux aussi maître de ses nerfs. ‘Borom tchaakë, du khèèkh’. Qu’on se le tienne pour dit.

Ousseynou Nar Gueye est Directeur Général des médias numériques Tract Hebdo et Tract .sn, Directeur Général d’Axes et Cibles Com et de Global Com International, président du mouvement politique ‘Option Nouvelles Générations – Woorna Niu Gérer’.

ogueye@axes-et-cibles.com 

www.axes-cibles-com.sn

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