TRACT – La Biennale de Dakar, événement phare de l’art contemporain africain, a bien ouvert ses portes dans un contexte politique marqué par une campagne électorale intense en vue des législatives du 17 octobre prochain. Alors que plus de 300 artistes sont attendus pour exposer dans la capitale sénégalaise, cette situation soulève des interrogations : la politique risque-t-elle de noyer l’événement artistique et de détourner l’attention des citoyens, des médias et des décideurs ? Le Président Dioncye, totalement plongé dans les enjeux de la campagne, n’a pu honorer de sa présence cette rencontre : seul l’État Bassirou Diomaye Diakhar Faye a pris part à la cérémonie d’ouverture de jeudi 7 octobre au grand Théâtre Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar. Mais la Biennale 2024 sera-t-elle sauvée pour autant ? Ou sursitaire ?
La Biennale de Dakar : un lieu de rayonnement artistique
La Biennale de Dakar, lancée en 1992, est un événement artistique de premier plan sur le continent. Elle attire des artistes de toute l’Afrique et d’ailleurs pour une exposition qui célèbre la créativité africaine dans toute sa diversité. La Biennale a longtemps été un espace privilégié de réflexion et de dialogue, offrant une plateforme aux artistes pour exprimer leur vision du monde. Cette année encore, les organisateurs espèrent que l’événement restera un phare de rayonnement artistique, malgré le climat politique.
La campagne électorale : un risque pour la biennale ?
Cependant, l’ouverture de cette biennale coïncide cette année avec une période de campagne intense, où l’attention médiatique et populaire est fortement polarisée par les enjeux politiques. Dans un contexte où les électeurs sont sensibles aux débats, aux promesses des candidats et aux perspectives de changement politique, l’art pourrait être relégué au second plan. La couverture médiatique de la biennale pourrait ainsi se voir réduite au profit de l’actualité politique, risquant d’amoindrir la portée de cet événement culturel.
En tout cas le constat est là on a constaté que depuis le début de la campagne beaucoup d’émissions ou chroniques culturels sont suspendues dans les médias.
Par ailleurs, la présence de nombreux candidats, de meetings et de manifestations peut également réduire l’espace public disponible pour les événements de la biennale. Avec la concurrence possible pour les lieux et les audiences, il y a des risques réels que l’attention portée à la biennale soit diluée. Certains critiques vont même plus loin, avançant que la tenue de la biennale pendant une période électorale est une erreur de stratégie.
La culture face aux défis politiques : quel équilibre ?
Le défi pour les organisateurs de la biennale est de maintenir une visibilité et une importance pour l’art dans un climat politique. L’art doit-il se fondre dans les enjeux politiques du moment ou conserver une forme de neutralité ? L’importance du dialogue entre l’art et la société ne fait aucun doute. Certains experts culturels estiment que l’art doit rester une force de réflexion et d’inspiration qui transcende les réalités politiques du moment. L’art a le pouvoir de rassembler, de réconcilier et de questionner, et il est essentiel que la biennale ne perde pas cet objectif de vue.
La culture peut se tenir au-dessus des clivages politiques et unir les citoyens autour de valeurs communes, tout en rappelant l’importance du dialogue entre les peuples par l’art. En revanche, l’absence du président aurait pu envoyer un message ambigu, négligeant les liens entre culture et enjeux politiques. Dans un pays où l’art fait souvent face à des obstacles financiers et où l’espace public artistique est limité, cette absence pourrait donner un signal d’un manque d’engagement des autorités envers la culture.
Adama Karara