[CHRO’ de Dié Maty Fall] Jub, Jubal, Jubanti ? ‘Nit ku dul juum, amul ! ‘

Tract – On pouvait penser en avoir fini avec les scandales et le népotisme. Il y a grande urgence à revoir le casting gouvernemental insuffisant, mal profilé et inefficace

Youssou Ndour, le ministre du bonheur, nous a sagement rappelé, que « niit bu dul juum amoul ». Surtout lorsque l’on est, comme le Pastef, appelé à agir par une volonté démocratique et populaire massive pour redresser, être transparent et bien gouverner. Au vu des péripéties et des gaffes en série d’éminents membres du gouvernement, il est temps pour les nouvelles autorités élues d’opérer un tournant radical dans le casting gouvernemental.

Passe encore que le tout-puissant Premier ministre et l’honorable président de la République, désigné par lui, se pensent investis de la mission de se soupeser par rapport aux pouvoirs et prérogatives des autres institutions constitutionnelles. Ils en oublieraient presque qu’ils doivent réformer la justice, auditer l’administration, renégocier les contrats miniers et gaziers. Qu’ils doivent booster l’agriculture, l’élevage, l’industrie et la pétrochimie en vue de créer des chaînes de valeur complète pour l’exportation de produits transformés. Qu’ils doivent réduire le chômage des jeunes, le coût de la vie et inciter les Sénégalais à payer leurs impôts. Qu’ils appellent la presse à plus de responsabilité et l’opposition à plus de pertinence. Et surtout présenter à la Nation et aux partenaires techniques et financiers, un plan d’action gouvernemental (DPG) issu de leur programme Vision Sénégal 2050, encore attendu.

Il était grand temps que la gouvernance change et que de nouveaux visages portent le projet de hisser le Sénégal plus haut encore que les prouesses stratégiques accomplies par l’ancien président Macky Sall. Tout le mal que nous souhaitons au duo Diomaye président-Sonko Premier est de réussir, de rester soudé, de rassembler et d’unir autour de leur projet en préparation. Leur réussite sera celle de tout le Sénégal, en attendant la prochaine offre de programme politique. Nous respectons le choix des Sénégalais et restons, par conviction, debout pour un Sénégal de paix et de progrès. Il y a cependant une grande urgence à revoir le casting gouvernemental qui est insuffisant, mal profilé et inefficace. Il est compréhensible que pour une première élection, l’amateurisme et le manque d’expérience soient de mise. En 1981, début des années Mitterrand, le président socialiste nomme aux affaires ses anciens compagnons de lutte de l’union de la Gauche des années de braise. Ce qui peut se comprendre. Mais à partir de mars 1983, face à l’augmentation du déficit public et du déficit extérieur, il met en place le « tournant de la rigueur » devant la réalité du pouvoir et envoie en congés (payés?) ses camarades socialistes et communistes.

À cet effet, il serait souhaitable pour le duo Diomaye-Sonko de s’adapter à la réalité de leur nouvel environnement et de mettre la priorité sur la fonctionnalité des profils. La douée Aminata Touré rendrait un plus grand service à l’image internationale du Sénégal au poste de ministre des Affaires étrangères. Face à elle, le Premier ministre fantoche malien ne ferait pas le coq, sous peine qu’elle lui rentre vertement dans le plumage.

Les ministres Bala Moussa Fofana et Ibrahim Sy sont de vrais boulets, incapables de régler la grève d’un an des travailleurs des collectivités locales pour l’un, et de mettre le recrutement des Sénégalais au-dessus de son parti Pastef, pour le second. Au ministère de la Communication, l’actuel DG du Soleil Lamine Niang aurait de meilleurs atouts (fluidité intellectuelle et intelligence sociale) pour porter la parole du gouvernement que Moustapha Njekk Sarré, plutôt limité dans l’expression et la conception. Le ministre Aliou Sall pourrait parfaitement conserver le ministère du Numérique. Dr Aïssatou Mbodj serait davantage à son avantage comme ministre d’Etat auprès du président de la République ou du Premier ministre que de diriger la Der. Mme Khady Diene Gaye, « na riir, na riiira riir », devra apprendre elle aussi à faire la différence entre État et parti lorsqu’elle agit comme ministre de la République.

On pouvait penser en avoir fini avec les scandales et le népotisme, mais il est difficile de rompre avec les mauvaises pratiques. Les ministres Cheikh Tidiane Dièye et Oumar Diagne, le DG Cheikh Dieng, le ministre Serigne Gueye Diop excellent en industrie mais négligent en recrutement familial, les DG du port et de la Miferso, plutôt bavards et « musculaires », ne rendent pas service aux nobles objectifs du duo au pouvoir. Le scribe des communiqués de la présidence de la République et ministre Ousseynou Ly s’est montré plus compétent dans le domaine digital que dans la maîtrise de la langue officielle et de la rédaction présidentielle. Pitié, un hashtag partisan n’a rien à faire sur des communiqués officiels ni les fautes d’orthographe et de syntaxe. Dans la foulée du nouveau casting souhaitable, les nouvelles autorités devraient recruter un vrai rédacteur républicain et professionnel.

A contrario de ces péchés de débutant, la ministre de la Famille Maimouna Dièye est celle qui incarne le mieux l’âme politique et sociologique du projet de Pastef dans toutes ses dimensions. L’ancienne championne nationale du Sénégal a appris à servir son pays bien avant de devenir ministre et elle est bien servie par son exquise urbanité et son infaillible élégance républicaine.

En dehors de ces mauvais castings précités, le duo Diomaye-Sonko fonctionne bien et se répartit les rôles dans l’atteinte de leurs objectifs. Il utilise à son profit tous les ressorts d’une Constitution qu’il rejetait dans l’opposition, finissant ainsi de légitimer les institutions nées du pouvoir socialiste. Le Premier ministre Sonko, si toutefois il voudrait conserver le ministère de l’opposition et de la harangue politique, devrait plutôt s’orienter vers la direction de la future liste de sa coalition en vue des prochaines législatives anticipées.

À ce titre, il pourrait facilement (c’est peut-être vite dit) s’emparer de la tête de l’Assemblée nationale et incarner, lui aussi, une institution constitutionnelle, avec tous les pouvoirs et prérogatives y attachés. Cela collerait mieux à son tempérament d’homme politique radical et cogneur. Dans ce cas, il serait bien avisé que le nouveau Premier ministre soit une nouvelle Première ministre jeune, d’un gouvernement plus ouvert aux femmes. Il n’en manque pas dans le vivier du Pastef. Sinon, pas de pitié pour les pilleurs de deniers publics, mais toutefois en respectant les droits des présumés accusés.

Tract.sn (avec Seneplus)