[COLY EXPRESS #3] Nos terres à TER ou sans, bradées ventre à terre; ça m’atterre (Par C.T. COLY)

Tract – Tic-tac, tic-tac… Le temps ne s’arrête pour personne. Et, je ressens un drôle de trouble, un saisissant haut-le-corps, de savoir qu’il y a une éhontée braderie accablante des terres sur la côte atlantique du Sénégal.

 

C’est vraiment insoutenable que, là, où j’attends toujours le fameux Brt rodeur pourtant inauguré depuis des mois, bien avant le ‘Son KO’ de Diomaye, j’entends une clameur venue du ciel, que dis-je, de l’AIBD. Un avion a pris feu après une tentative d’envol raté. Hors-piste, il y a eu plus peur et du mal, des blessés dénombrés, des dégâts matériels enregistrés…

Et tous les passagers respirent en reprenant leur souffle, leurs esprits. Puis, on remercie le Ciel de nous prêter encore vie sur cette terre bien sénégalaise où on frôle les catastrophes, et on revient – Touchons du bois ! – à la vie normale. Les djinns sont avec nous, rien à faire. Et pendant qu’on en parle, ils nous habitent, nous enivrent de cette envie de bâtir des maisons, des villas, des immeubles… En chacun de nous, il y a donc du ‘atépa-tout-bâtisseur’, à tout vent quoi. Voilà pourquoi le Sénégal commence à étouffer affreusement à l’intérieur, jusqu’à Mbour 4, Keur Moussé…

Ça fourmille partout, les bâtisses construites sur pilotis d’irrégularités et de magouilles. J’en ai vraiment le torticolis. Pas la peine de mettre « postal », je crois que je vais m’en remettre et aller prendre l’air à la plage. Mais, entre nous, il n’y a plus qu’une infime brise d’espoir bivouaquant sur nos rivages.  Et, quelles plages de dommages ‘sans intérêts’ nous ont léguées les bradeurs hâbleurs !

Dans ces tourbillons de méfaits, il m’a semblé, je ne sais plus, réfléchir profondément aux aspects sombres de notre nature humaine et à la fragilité de notre culture pour ne pas dire civilisation. Effectivement, les dépouilleurs sadiques sont des exemples frappants de cette fragilité de l’enveloppe civilisée, démontrant que même dans une société où la moralité est valorisée (par sunu kilifë yi, diiné, aada ak cosaan), des actes cruels peuvent émerger de manière ambulante et brulante.

Quelle perspective nous construisent-ils là, sur nos conditions d’habitants de ces terres. Certes, la capacité à la cruauté existe potentiellement en chacun de nous, et maintenir une façade honnête peut parfois être une lutte.

L’abîme dans lequel les fraudeurs à falzar, voleurs à col blanc et jean déchiré et autres criminels à dents argentés ont fait tomber une société, est une image de désintégration morale et sociale. Ak lan ? C’est un lieu où la confiance est trahie, où la justice est pervertie, et où l’espoir est souvent étouffé par la peur et la méfiance. Ak lan ? C’est un état où les valeurs fondamentales sont ignorées au profit du gain personnel, laissant derrière eux un paysage de désolation morale et économique.

C’est une tragédie dévastatrice lorsque les actions des fraudeurs et des voleurs entraînent la chute des familles et des communautés entières dans cet abîme de désespoir. Dans ce sombre lieu, la confiance est brisée, la dignité est érodée, et les individus se retrouvent piégés dans un cycle de souffrance et de désespoir où la seule compagnie est celle de la douleur et des regrets.

En attendant de reprendre notre souffle face à une telle situation, espérons que les choses s’améliorent et que nous puissions nous retrouver dans une société plus sereine et équilibrée, dépouillée d’un tumulte politico-socioéconomique et environnemental.

Cheikh Tidiane COLY – Al Makhtoum