[COLY EXPRESS #5] Fini le pointage des chefs d’État africains à l’heure champêtre de l’Élysée

«Impossible n’est pas français, pardon, n’est pas Afrique-hein !»

Tract – N’insistez pas, je semble être au bord du rouleau, d’un bobineau de rêve, aux entours des contours de jaljali saupoudré au Némmali. Je ne sais pas où j’ai chopé cette odeur. Je pense que j’ai un problème avec mon odorat. C’est clinique ?

 

Eh ben non, je suis assis là, en face d’une d’une femme qui me fixe de ses yeux gros et brillants comme lampadaires solaires et, son sourire livrant ses mots, m’amène au large des côtes sénégalaises où il n’y a presque plus de pêcheurs sénégalais pour apporter du bon poisson, dans le panier de la ménagère. Plutôt que des coupables qui vont vite devenir des ‘pro-prêcheurs es logorrhées’ quand sonnera le coup de gong annonciateur de la grande vague des redditions des comptes. La discussion s’anime, se lasse du poisson de Sunugaal. Et, on fait du Coq français à l’âne, pardon, au Lion sénégalais.

Et, on parle de Jean-Luc Mélenchon, à Dakar. Lui qui veut – il est dans son rôle d’homme politique français – mélanger les genres à l’UCAD. Bon, on lui permet ce débat dans le temple du savoir, parce qu’on est entre intellos au galop d’un Sénégal qui s’impulse autrement, dans un tempo pastéfien. On est encore à l’heure du ‘Projet’ qui se pointe encore timidement face à l’effigie iconique du PSE, avec un point commun de ne pas se travestir sur la question Lgbt… En France, pays de Marianne on peut continuellement se le permettre, au Sénégal, peuple de Kocc Barma, on va toujours s’en démettre. La réponse de Sonko, mitigée ? Pas très ferme ? On lui rappelle ce que Macky avait « mis sous le coude » concernant les homos, ce que lui, Sonko ‘mu sell mi’, avait autant martelé dans le sillage de la criminalisation… En tout cas, la polémique enfle.

Bref, pendant ce temps, Jean Luc Mélenchon, lui, est l’invité des nouveaux élus sénégalais. Avant les autorités gouvernementales françaises, s’il vous plait. Qui l’eut cru, il y a quelques bonbonnes d’années ? Bon, entre nous et entre Pastef et la France Insoumise, c’est une visite de travail commanditée. Et Mélenchon, bien que Français semble être le plus tropicalisé depuis les bobos créés aux indécrottables de Pastef, le mieux africanisé, entre Kinshasa et Ndakaru,  jusqu’à avoir bizarrement le teint d’un souverainiste énigmatique. Jean-Luc, c’est un toubab qui dit tout haut, ce que le « français-politiquement-correct » prononce tout bas. C’est un insoumis quoi, Mélenchon.

Lui, il a compris depuis longtemps qu’il faut changer sa philo-zoophile d’épaule. On ne fait plus dans la politique de safari africain sans permission. Et il a raison. Voilà qu’il est là, convié par un Sonko enthousiaste, pour faire monter la température, agiter avec lui les pulsations entre Paris et Dakar. Macron a tout compris, il a du pain sur la planche dans les cuisines du Quai d’Orsay.

Alors, après les piques d’Ousmane, on attend la réplique – peut-être franco-fauve – d’Emmanuel. Ah, ce n’est plus la Françafrique là. Ça, il faut le poinçonner, en lorgnant l’agenda du président Bassirou Diomaye Faye. Le successeur de Macky Sall s’est résolument détourné de la première ‘visite-allégeance’ classiquement, symphoniquement et symboliquement réservée à Paris, marquant une ère inédite.

L’enfant de Ndiaganiao parait siffloter un bel air, un refrain à la Yandé Codou Sène,  pour signifier à l’ancien colon-coloc, qu’à partir de maintenant, ce sont les voisins, les parents d’abord : Nouakchott, Banjul, Bissau, Abidjan, Abuja, Accra… En tenant compte de ce décalage horaire et du mouvement climatique, fini le pointage des chefs d’État africains à l’heure champêtre de l’Élysée.

Cheikh Tidiane COLY – Al Makhtoum