Côte d’Ivoire: le parti de Gbagbo veut plus que la grâce accordée par ADO

SENtract – La grâce accordée par le président ivoirien Alassane Ouattara à son prédécesseur et rival Laurent Gbagbo, qui était condamné à 20 ans de prison dans son pays, a été jugée insuffisante mardi par son parti.

 

Cette grâce annoncée samedi « ne correspond pas aux attentes légitimes de nos compatriotes », a estimé mardi le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), créé l’an dernier par M. Gbagbo, selon l’AFP auteur de cette relation. Il se déclare en faveur d’une « loi d’amnistie » qui efface la peine, contrairement à la grâce présidentielle, selon une déclaration lue à la presse par Justin Koné Katinan, porte-parole du parti.

Il a rappelé que cette loi d’amnistie devant également concerner « les prisonniers civils et militaires » de la crise post-électorale sanglante de 2010-2011, avait été préconisée par le dialogue politique initié par le gouvernement ivoirien en vue de la réconciliation nationale.

Acquitté en mars 2021 de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale (CPI) qui a permis son retour en Côte d’Ivoire peu après, Laurent Gbagbo restait sous le coup en Côte d’Ivoire d’une condamnation à 20 ans de prison pour « le braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) pendant la crise de 2010-2011.

Selon le PPA-CI, cette condamnation « ne repose sur aucun fait réel ». Il souligne que la BCEAO « n’a jamais porté plainte pour braquage et ne s’est pas constituée partie civile dans le procès qui a conduit à la condamnation » de M. Gbagbo.

Le PPA-CI se félicite en revanche de l’annonce par le président Ouattara du dégel des comptes de M. Gbagbo et du paiement de ses arriérés de rentes viagères, ainsi que de la libération conditionnelle de deux anciennes figures de l’appareil militaire et sécuritaire de son régime, condamnées pour leur rôle dans la crise de 2010-2011.

La crise était née du refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de fin 2010 qui avait entraîné des violences ayant fait quelque 3.000 morts jusqu’à l’arrestation de Laurent Gbagbo à Abidjan en avril 2011. Selon son parti, Laurent Gbagbo estime qu’« il est temps de fermer la parenthèse » de cette crise, « en suivant la voie ouverte par la Cour pénale internationale » qui l’a acquitté.

Le président Ouattara avait annoncé la grâce accordée M. Gbagbo dans un discours prononcé samedi à l’occasion de la fête de l’indépendance, « dans le souci de renforcer la cohésion sociale ».