Elles sont un nombre non négligeable au point que l’on n’hésiterait plus à les compter. Certaines sont de vieilles routières, d’autres font leur baptême du feu en politique, sous la coupe de Papa ou d’une popularité soupçonnée. Après qu’une femme officier de l’armée a été nommée pour la première fois dans l’histoire du Sénégal au grade de Générale, on eût cru que le caractère inédit de cette actualité a dopé les orgueils féminins. Résultat : la multiplication des candidatures féminines au « Mussor » à l’assaut du palais présidentiel en 2024. « Goor baakhna ; Djigèn baakhna », elles se sentent aussi capables que les hommes de cette société sexiste à couvert, ayant toujours fait croire aux nanas que leur meilleure place serait entre la cuisine et l’obéissance à son mari.
Mais pour dresser le tableau de la réalité concurrentielle sans être réellement concurrentielle – en attendant de revenir à leurs discours de pre-campagne -, il faut porter à la connaissance de l’opinion publique que sur les bancs des lycées et universités de notre cher pays, les jeunes filles creusent l’écart entre elles et les garçons. Dans d’autres domaines, les femmes se distinguent aussi bien sur l’échiquier national que sur celui international par leurs travaux scientifiques, leur leadership, leur sens des affaires. Suffisant pour légitimer leur engagement politique au service de la Nation.
Leurs discours parfois touchent du doigt les véritables maux qui entravent la bonne marche du pays. L’indépendance de la justice, l’égalité des chances, l’emploi des jeunes, l’immigration irrégulière, la sauvegarde des ressources halieutiques, l’exploitation du gaz et du pétrole, la modernisation de l’agriculture sont autant de sujets d’intérêt national qui meublent leur speech, dans des tonalités différentes. Même s’il faut se rendre à l’évidence que l’originalité programmatique n’y est pas vraiment. Chacune répétant ce que sa concurrente femme a déjà servi comme entrée, par voie médiatique ou par tournées anticipées, dans les bourgades des plus proches aux plus reculées du Sénégal.
Arrêtons-nous en sur l’une d’entre elles ; en l’occurrence Mme Anta Babacar Ngom, la fille du papa milliardaire. Laquelle est en train de respirer la poussière ça et là pour prêcher la bonne parole politique.
Sans doute la plus jeune parmi les candidates – pas encore quadragénaire – son ambition est – si elle est élue – de rendre effective la loi sur la scolarisation dès l’âge de six ans, l’instauration d’un revenu minimum de dignité, de travailler à la séparation réelle des pouvoirs, d’instaurer un service civique obligatoire doublée d’une formation professionnelle. Sûre d’elle, elle met en avant sa maîtrise des « rouages et enjeux de l’économie sénégalaise », pour elle qui est passée par les universités françaises et canadiennes et qui dirige une entreprise familiale ayant des filiales au Mali et au Congo, et qui a fait en 2022 un chiffre d’affaires de 60 milliards de FCFA.
Son programme, d’après quelques commentaires glanés sur les réseaux sociaux, n’est rien d’autre que la répétition de ce que ces devanciers hommes, et même aussi le gouvernement, ont mis sur la fiche d’engagement si ce n’est déjà – ou en train d’être – exécuté par l’État. Rien de nouveau sous le soleil, pour tout dire ! Si elle passe le cap des parrainages en réunissant les 50.000 signatures exigées, elle aura la chance de donner un coup de neuf à son programme.
En face d’elle, d’autres candidates surfent sur leur propre frustration pour en tirer des sujets de campagne (Mimi Touré, l’ancien PM, tient naturellement la première place : la non-occupation du perchoir de l’Assemblée Nationale lui étant toujours restée en travers de la gorge ; et aussi Aïda Mbodj, ancienne socialiste passée par les prairies bleues de Me Wade, avant de faire cavalière seule). Ou font simplement du réchauffé ; la juriste Amsatou Sow Sidibé, candidate insignifiante aux dernières élections auxquelles elle a participé, s’y distingue bien. Amadou Bâ, l‘homme de Benno, peut dormir tranquille : elles ne lui causeront pas des cheveux blancs, plus aptes qu’elles sont à faire de la figuration et de jouer les troubles-fêtes que de glaner des points qui font bondir.
Mais peu importe, l’histoire retiendra qu’autant le nombre de candidats déclarés – qu’autant celui des femmes, particulièrement, donne – et continue de donner – le tournis. Si Présidentielle il y aura – bizarrement, il y a des partisans du report – le temps nous édifiera sur le poids électoral de ces femmes qui cherchent à remplacer le président Macky Sall… Parce que jusqu’ici leur score aux différentes joutes passées ayant été lamentablement insignifiant.