[INTERVIEW] Julienne MBIA: ‘Beaucoup de femmes africaines sont autonomes grâce à l’entrepreneuriat’

Tract – Nous nous sommes entretenus avec Julienne Christelle MBIA, une jeune camerounaise titulaire d’une Maîtrise en Droit des Affaires et passionnée de l’art, de mode africaine et plus particulièrement du pagne. Son amour pour le pagne l’a, d’ailleurs, amenée à créer « Julyanis », qui est une ligne d’accessoires de mode et de décoration d’intérieure en tissu pagne.

 

Diplômé en droit, vous avez régulièrement travaillé comme assistante de direction. Comment s’est faite la transition vers le métier d’accessoiriste  avec comme matériau phare le « tissu pagne »?

Entre mon premier emploi en tant qu’assistante de direction et le deuxième, j’ai vécu une période de chômage pendant laquelle je ressentais le besoin d’explorer de nouveaux horizons. Par ailleurs, plus jeune, j’ai toujours été très habile de mes mains, brodant des nappes par ci, raccommodant  quelques vêtements par là. Je me rappelle d’ailleurs avoir été initiée à la couture par ma grand-mère, même si je n’en comprenais pas la nécessité, n’ayant jamais eu pour ambition de devenir styliste ou même couturière. Durant cette période de chômage donc, en 2017 si j’ai bonne mémoire, j’ai fait la connaissance d’une jeune dame sur Facebook qui proposait des ateliers d’initiation en customisation. J’ai été tout de suite intéressée, vu que j’étais déjà abonnée à une page qui proposait des  accessoires de mode en tissu pagne. La galerie de mon téléphone était d’ailleurs pleine de photos de tous ces jolis accessoires. J’ai donc suivie cette formation et bien que j’aie découvert que cela constituait une véritable passion pour moi, je n’en ai pas fait une activité. L’année qui suivait, j’ai commencé un nouvel emploi et je ne pratiquais la customisation qu’à mes heures perdues. Ce n’est que plus tard que j’ai pensé à en faire une véritable activité. J’ai continué d’apprendre et j’apprends toujours d’ailleurs, l’art et la mode évoluent et il faut bien se mettre à jour.

Vous organisez et animez également des « ateliers de création ». Globalement, quel est votre mode de fonctionnement ?

En effet parmi les services que nous proposons, nous avons des ateliers de création que nous avons appelé « les ateliers de Julyanis ». Déjà nous avons deux types d’ateliers. D’une part, nous avons les ateliers ponctuels qui se tiennent durant une journée et selon un programme bien précis. Ils sont un peu comme une sorte de découverte pour ceux qui veulent s’initier à la customisation et à la création d’accessoires de mode en pagne. D’autre part nous proposons la formation complète en customisation, elle concerne les apprenants qui souhaitent maîtriser la customisation et être par la suite en mesure  de créer des accessoires de mode et autres objets de décoration en tissu pagne. Elle se tient généralement pendant deux ou trois mois.

Que ce soit dans l’un ou dans l’autre cas, nous communiquons généralement sur les réseaux sociaux et c’est par ce même canal que nous obtenons nos apprenant.e.s.

Vous êtes une passionnée et une vraie aventurière dans l’âme. Toutefois, comment envisagez-vous votre trajectoire dans ce domaine?

Mon objectif à long terme est que Julyanis devienne une marque incontournable sur le continent et même au-delà. J’ai également pour ambition d’avoir un showroom et un centre de formation dans ce domaine. Par ailleurs, j’espère un jour pouvoir employer les personnes que je forme, du moins certaines d’entre elles car jusqu’ici je me contente juste de les former.

Vous êtes une réelle entrepreneure. Pensez-vous que les femmes camerounaises, et partant africaines, ont une chance de garantir leur autonomie à travers l’entrepreneuriat ?

Je pense réellement que c’est ce qui se fait déjà. Bien que l’entrepreneuriat ne soit pas un long fleuve tranquille, beaucoup de femmes camerounaises et africaines en général sont autonomes grâce à l’entrepreneuriat.

 

Propos recueillis par Baltazar ATANGANA