[Interview] Mirabell MAYACK: ‘Il faut avancer son projet avec une main de fer’

Tract – Entretien avec Mirabell MAYACK, fondatrice du African Investment Day, une conférence qui explique l’Afrique francophone aux investisseurs non-francophone de l’Europe. 

 

Présentez-vous à nos lecteurs?

Je suis Mirabell Mayack, née d’une mère allemande et d’un père Camerounais. Mon premier mot était “lettre de crédit” et pas Maman ou Papa. Je suis née et j’ai grandi dans une entreprise familiale ou le sujet principal était le business. Comme dans mon enfance, je passe ma vie entre les aéroports, les mentalités différentes et les cultures qui sont à l’opposé l’un de l’autre. Je travaille pour un cabinet britannique et je suis la fondatrice du African Investment Day, une conférence qui explique l’Afrique francophone aux investisseurs non-francophones de l’Europe.

Quel a été le déclic pour vous lancer ?

Je ne me suis pas lancée car j’ai toujours été dans un milieu entrepreneur. Quand je vois une opportunité j’y vais. Mais dans le cas de la promotion de l’Afrique francophone dans les cercles européens, ça a été une opportunité que j’ai observé. Les Suisses, Allemands, Autrichiens et Anglais investissent plutôt dans les marchés maghrébins ou anglophones de l’Est. Personne ne leur parlait de l’Afrique francophone, donc j’ai pris les choses en main et j’en ai fait un business.

En Afrique, le milieu de la finance (business etc.) a encore la réputation d’être un milieu très masculin. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce secteur ?

C’est un phénomène international. Le monde de la finance en Europe est très masculin et surtout très blanc, alors qu’il y a plein de diasporas capable surtout dans les capitales européennes.

En Afrique francophone, j’ai trouvé que le manque de personne qui ne sont pas liées au patron est plus un défi que la diversité. La finance ou plutôt l’investissement est passionnant pour moi surtout quand il s’agit des investissements venant de l’Europe pour l’Afrique francophone. Il faut maîtriser et aimer traiter dans différente juristication et c’est surtout le côté compliance qui me passionne. C’est très difficile de trouver des traces digitales en Afrique francophone. Donc nous intervenons pour rendre toutes transactions transparentes.

Vie privée et vie professionnelle : y a-t-il eu un moment de votre carrière ou vous avez été contrainte de faire un choix entre les deux ?

Jamais. Je fais toujours ce que je veux, à ma façon et je suis mon instant.

De toute façon, l’Afrique francophone est ma vie privée et est devenue ma vie professionnelle.

La place des femmes dans les entreprises africaines est en constante évolution. Leur impact positif est de plus en plus reconnu. Pensez-vous que c’est une tendance qui a vocation à perdurer ? Une tendance à encourager ?

La femme africaine est la colonne vertebrale de l’Afrique. C’est une tendance comme partout qui est à encourager.

Comment pensez-vous que vos projets participent à l’amélioration de la vie des femmes, dans les pays où vous intervenez ?

Tout projet qui contribue à lancer une entreprise et qui va faire grandir le secteur privé, qui crée du travail est une amélioration pour les populations en général. Pour la vie des femmes en particulier, je ne suis pas sûre car les projets n’étaient pas uniquement dédiés aux femmes. Tout ce que je peux faire de mon côté, c’est essayer de changer le regard qu’ont les investisseurs sur la femme africaine.

Souscrivez-vous à l’idée selon laquelle les femmes incarnent le visage de la pauvreté en Afrique ?

C’est mon préjugé préféré et ça me rend furieuse. C’est une image qu’on a fait circuler jusqu’à aujourd’hui en Europe. Ceux qui font ça reçoivent régulièrement des gifles digitales de ma part. Ça montre un esprit très pauvre de la part des institutions qui font croire que la femme africaine est le visage de la pauvreté.

Selon vous, quelles sont les erreurs à éviter lorsque l’on entreprend en Afrique et qu’on est une femme ?

C’est une très bonne question.

Il faut avancer son projet avec une main de fer. Pas de gentillesse et il ne faut surtout jamais accepter des faveurs ou des invitations. Il faut vraiment se concentrer et savoir se battre au maximum. Il faut avoir un mental d’acier et si possible faire de très bonnes économies. Surtout, il ne faut compter et attendre personne.

En général, il faut réfléchir avant d’y aller. Comme partout, un plan business, des calculs sont des outils à avoir dans sa valise.

Pour terminer, quelles sont les choses à faire absolument ?

Investir en Afrique ou simplement investir dans les projets que d’autres sont en train de monter. L’entrepreneuriat, ce n’est pas pour tout le monde. Et pas tout le monde est un entrepreneur. Donc ,il faut absolument investir, trouver des opportunités et trouver sa formule en investissant.

Propos recueillis par Baltazar ATANGANA

noahatango@yahoo.ca