[NÉCROLOGIE] Les âmes s’en viennent et s’en vont, celle de ‘Mama grand’ demeure!

Tract – Hommage de l’écrivain, critique littéraire et comparatiste camerounais Baltazar ATANGANA, dit Nkul Beti, à Balbine ATANGANA épouse YENE NGONO Joseph, matriarche Evondo, décédée le 02 septembre 2024. 

 

Les âmes s’en viennent et s’en vont, celle de « Mama grand » demeure… Ne peignons aucune larme sur nos visages…tremblons de joie, tremblons de joie: Place des fêtes !

Qu’aucune foi ne soit perdue ; car, au cœur de ce monde frappé par les polycrises et marqué par les bouffonneries humaines, la transcendance divine a facilité notre rencontre avec Balbine ATANGANA, Our « Mama grand » ! Flamme ardente qu’on pouvait toucher sans se brûler. Oui, cœur qui savait donner, transmettre, partager, aimer sans rien attendre en retour. Oui ! Notre réverbère éternel ici et même derrière le rideau des ombres mortes : Voyez comme on danse, La vie ne suffit pas pour dépeindre nos pas de danse! Owé, ining itë nyëb….

Mise en veille de l’impérissable matriarche Evondo!

Nos traces existentielles se sont croisées, dès 2022, à travers sa petite fille ! C’était une dame charismatique qui, au travers de ses allures de guerrière et de battante, me rappelait ma défunte maman. Elles avaient en commun d’être « filles uniques ». Ces modèles-repères qui, devant adversité et froideur de l’existence, ont su s’imposer tout en accompagnant leur progéniture à la vie et même à la mort !

« Mama grand » aimait les plaisirs de la société qui apportent à l’existence son raffinement; ses bijoux, son look afro, ses lunettes de star et ses légendaires kaba-ngondo et foulards. Que dire de son animation « atalakutique », qui mettait une ambiance particulière aux événements ! En un mot, une icône pour ses enfants et surtout ses petits et arrière-petits-enfants.

Elle était une sorte d’agnostique social à ses heures. En effet, c’était une dame qui savait que s’y mêlait dans ce monde avec beaucoup de panache hypocrisie et espièglerie, la vraie amitié et l’imposture, l’honnêteté et la mesquinerie. Je comprenais donc très bien son surprotectionisme vis-à-vis de tous ceux qu’elle admettait dans son cocon !

« Mama grand » était rigoureuse, dynamique, sûre d’elle et fière de la manière qu’elle avait, dès la jeunesse, aux côtés de son époux parti trop tôt, échafaudé sa trace existentielle. Elle prenait toujours un grand plaisir à me conter et raconter sa vie, sa trajectoire… les naissances de ses enfants. Retracer son arbre généalogique ! Grace à elle, j’avais fini par faire du carrefour Ekounou, où elle résidait, à Yaoundé, une localisation incontournable dans mes trajets de globe-trotter : juste pour l’écouter et revoir ma défunte maman à travers elle !

Elle n’était pas méchante. Elle vous recadrait, non pas pour vous ridiculiser, mais pour vous inviter à plus d’exactitude et de franchise dans chacun de vos actes de langage. Elle savait donc tenir l’os de la parole. Souvent, suivant quelques témoignages de ses petits enfants et même ses enfants, la première elle vous offensait, mais la première aussi elle revenait vers vous. Pour mettre de l’ordre !

Ici, là-bas, partout…à jamais !

Le trépas de « Mama grand » est une si fine et raffinée petite chose qu’une vie. Pourtant, à travers la femme de cœur, vaillante et intrépide qu’elle était, se révèle profondément comme un principe irremplaçable, immuable, indécrottable qui tient non seulement du miracle, mais aussi d’un enseignement de vie: celui de s’émerveiller et d’émerveiller les autres, tant qu’on peut, pour ne pas se perdre de leurs mémoires !

Je trouvais en elle, une sorte de Lueur poétique : entre rengaines de rassemblement, berceuses dédiées spécialement à ses enfants, ses petits fils et ses arrière-petits-enfants. Ceux qui ont partagé son intimité, les outils technologiques ayant enregistré certaines séquences de son déploiement aidant, peuvent le confirmer. C’est donc par ce poème mien, extrait de ma prochaine œuvre en cours d’édition, que je lui dis au-revoir :

« Mama grand »,

Un jour, ici, là-bas…à jamais !

Nous papoterons comme au bon vieux temps,

Dans la Cacaoyère à Evondo, à Tom et même dans mon Nkolondom natal !

Partout…

Vent, pluie, soleil…

Rien ne sera un obstacle…

Makë ma kogëlan, makë kogëlan asu doé !

« Mama grand », nous marcherons

Ensemble,

Fiers, quiets, heureux…

Tu conteras de belles histoires, je t’écouterai comme au bon vieux temps.

Un jour…

Un jour…

Pour toujours,

« Mama grand »,

Nous t’aimons !

 

Baltazar ATANGANA,

noahatango@yahoo.ca