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INTERVIEW – Que se sont dit Mame Adama Gueye et Aly Ngouille Ndiaye ?

A sa demande, le Coordonnateur de la Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (Pose) a été reçu par le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique.

Au menu des discussions, la distribution des cartes d’électeur, la sécurisation des élections et les mesures à prendre pour la sécurisation du vote. Me Mame Adama Guèye confie avoir reçu des informations rassurantes de la part de Aly Ngouille Ndiaye

Vous avez été reçu par le ministre de l’intérieur, peut-on savoir de quoi vous avez parlé ?

J’étais venu m’enquérir de la situation et le ministre m’a donné des informations sur ce qui a été fait au niveau de la distribution des cartes d’électeur. Je lui ai suggéré de communiquer en direction des populations, parce qu’on constate que ces informations sont souvent limitées aux acteurs politiques.

Je lui ai donc suggéré de faire une communication plus large et en temps réel sur la situation de la distribution des cartes d’électeur.

Selon les informations qu’il m’a données la distribution a atteint un niveau très élevé, celles issues de la refonte et de la révision.

Nous avons discuté de l’impact de la modification de la carte électorale, parce qu’on était très préoccupé par l’estimation du nombre d’électeurs touchés, on nous avait dit 600.000 électeurs, mais sur la base des éléments que le ministre m’a communiqués, le nombre d’électeurs impactés est d’un peu plus de 53.000.

Et un dispositif a été mis en place pour les informer de la situation de leurs nouveaux bureaux de vote par un système de Sms.

J’ai aussi suggéré que la communication soit plus pointue en direction des populations et il a accepté le principe.

L’autre point dont on a parlé, c’est la mise en œuvre des recommandations de mesures correctives du rapport d’audit du fichier électoral, notamment sur un point qui était très important, à savoir, les cartes qui avaient été envoyées dans différentes localités sans avoir été triées au préalable. D’après ce qu’il m’a dit, toutes les cartes ont été rapatriées, triées à nouveau et redispatchées.

Et le ministre m’a donné l’information que sur les 38 recommandations en question, 36 ont été mises en œuvre et il a appelé la DGE pour demander qu’un point précis soit fait sur ces recommandations.

Je lui ai également fait des suggestions sur l’implication des citoyens le jour du vote, c’est à dire la mise en place d’un dispositif d’alerte permettant aux citoyens qui constateraient des dysfonctionnements de pouvoir les signaler. Et il a promis d’étudier la question.

On vous a beaucoup entendu dire que le gouvernement prépare un hold-up électoral, êtes-vous toujours de cet avis ?

L’élection c’est tout un processus : avant, pendant et après. Donc on ne doit se prononcer définitivement et être totalement rassuré sur nos appréhensions que lorsqu’on arrivera aux élections et que le fichier électoral remis aux candidats ne révèle pas d’incongruités inacceptables.

Et que l’on soit assuré que toutes ces personnes qui disent qu’elles n’ont pas reçu leurs cartes d’électeur puissent les recevoir. Même s’il faut dire qu’il y a des cartes qui sont là où elles doivent être et qui ne sont pas retirées, et ça c’est la faute des citoyens.

Il faut donc que nous ayons des assurances sur cette question du fichier électoral, que toutes les dispositions soient prises pour que les électeurs reçoivent leurs cartes, et que le jour du vote, tous les électeurs puissent voter dans des conditions acceptables, que les résultats publiés reflètent l’expression du vote des citoyens et qu’on respecte les règles de publication des résultats, qu’il n’y ait pas d’anticipation en vue de conditionner les gens. Lorsqu’on aura passé toutes ces étapes, on pourra dire que tout s’est bien passé.

Je me félicite de la disponibilité du ministre, qui m’a montré toutes les informations, mais il faut que l’on reste vigilants.

Sur sa page Facebook, le ministre écrit qu’il pense que vous êtes sorti rassuré de votre entrevue, est-ce le cas ?

Il m’a donné des informations rassurantes, je n’ai pas les moyens objectifs de valider toutes les informations, je n’ai pas non plus de raison de douter de la qualité de ces informations.

Je me félicite de son ouverture et de sa disponibilité, il m’a montré ce qu’il avait, j’en ai pris acte. Et je n’ai aucune raison de douter de sa bonne foi.

Sonko : « Notre parti? La diaspora, qui assure là où l’Etat a failli »

Accusé par le régime sortant d’être un candidat des réseaux sociaux, Ousmane Sonko a profité de l’étape de sa caravane à Malem Hodar pour répondre à ses détracteurs. « Ils disent que le Pastef est un parti des réseaux sociaux ; et pourtant, tous les jours, Macky Sall demande à ses partisans de le défendre sur les réseaux sociaux. Ils savent l’importance de ces médias. La plupart des Sénégalais connaissent Ousmane Sonko à travers les réseaux sociaux ». D’après le leader de la coalition Sonko-Président, les Sénégalais ont été séduits par son discours et ont décidé de le rejoindre sans l’avoir vu auparavant. « On dit que c’est le parti de la diaspora. J’en suis ravi, puisque là où l’Etat est défaillant, ce sont les émigrés qui ont assuré », ajoute-t-il. Sonko s’est également réjoui du fait qu’on dise que c’est le parti de la jeunesse. Pour lui, cela veut dire que la victoire est assurée, puisque les jeunes représentent 65 % de la population.

Israël réclame des excuses après les propos antisémites d’un ministre camerounais contre les Bamilékés

Dans un communiqué publié le 4 février, l’ambassade d’Israël au Cameroun s’est dit « choquée » par des « propos antisémites » tenus par le ministre délégué Jean de Dieu Momo au cours d’une émission diffusée sur la chaîne nationale.

Si son entrée dans le gouvernement avait été tonitruante, ses premières sorties le sont tout autant. Un mois à peine après sa nomination, le ministre Jean de Dieu Momo se retrouve au cœur d’une polémique impliquant la représentation diplomatique israélienne et la République du Cameroun.

À l’origine de cette affaire, une déclaration controversée prononcée par le nouveau ministre délégué à la Justice, dans une émission diffusée le 3 février sur la chaîne de télévision nationale, au cours de laquelle il a évoqué un épisode renvoyant à l’Allemagne nazie pour illustrer la situation politique actuelle du Cameroun.

La communauté bamiléké dans le viseur

« En Allemagne, il y avait un peuple qui était très riche, et qui avait tous les leviers économiques, c’était les Juifs. Ils étaient d’une arrogance telle que les peuples allemands se sentaient un peu frustrés. Puis un jour est venu au pouvoir un certain Hitler, qui a mis ces populations-là dans des chambres à gaz. Il faut que les gens instruits comme M. Kamto puissent savoir où ils amènent leur peuple », a ainsi affirmé le président du Paddec – un parti de la majorité présidentielle – pour expliquer les conséquences possibles de ce qu’il considère comme la stratégie politique du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto.

« Je dis à mes frères bamilékés qu’il faut arrêter, car ils sont en train de se faire haïr. Qui seraient les perdants ici, au Cameroun, si la majorité présidentielle devait tout saccager comme ils [les partisans de Maurice Kamto] l’ont fait à l’ambassade ? », a-t-il ajouté, nonobstant le fait que le MRC ait nié toute implication dans les dégradations enregistrées à l’ambassade du Cameroun à Paris lors des manifestations du 26 janvier.

L’ambassade d’Israël espère des excuses immédiates

Des propos condamnés par l’ambassade d’Israël au Cameroun

Des propos rapidement dénoncés par l’ambassade d’Israël au Cameroun qui, dans un communiqué, affirme que Jean de Dieu Momo a « justifié l’holocauste ».

Selon des sources à l’ambassade d’Israël, l’affaire est prise très au sérieux. Des instructions directes auraient d’ailleurs été reçues du ministère israélien des Affaires étrangères pour condamner ce que l’ambassade estime être une « sortie qui décrit avec légèreté une histoire tragique de l’humanité ». « Outragée par cette sortie qui fait entorse à l’image des relations entre nos deux peuples, l’ambassade d’Israël espère des excuses immédiates », conclut le communiqué.

Des explications qui passent mal

À Yaoundé, cependant, les officiels semblent relativiser l’affaire. Joint par Jeune Afrique, le ministre Jean de Dieu Momo n’a pas souhaité réagir à la polémique. Des soutiens se sont par contre mobilisés pour le soutenir dans sa démarche. C’est le cas du politologue Mathias Eric Owona Nguini, qui estime que les propos de Jean de Dieu Momo ont été déformés.

« Cette affaire n’a pas lieu d’être dramatisée. Jean de Dieu Momo n’a jamais dit que la Shoah était une bonne chose. Il n’a rien justifié. Il a juste souligné qu’il ne faut pas que les politiciens camerounais utilisent le particularisme communautaire pour créer des tensions entre certains groupes, et il a pris le cas de l’Allemagne pour prévenir des effets pervers que cela peut susciter », précise le politologue. Pour lui, le ministre « n’a pas stigmatisé la communauté bamiléké, il s’en prenait plutôt aux dirigeants du MRC, qu’il accuse de cultiver un particularisme communautaire exacerbé chez les Bamilékés par instrumentalisation politique », poursuit-il.

Mais ces justifications passent mal au sein d’une partie de l’opinion publique nationale, qui considère l’avocat Jean de Dieu Momo comme un bouc émissaire utilisé par le pouvoir en place pour stigmatiser la communauté bamiléké. « Le rôle assigné à Jean de Dieu Momo, et qu’il joue avec brio, est le même qu’on assignait aux Bamilékés de service qui sacrifiaient sans vergogne leurs frères sur l’autel de leurs ambitions égoïstes, de 1958 à 1971. Il sera placé au pilori de l’histoire », affirme le lanceur d’alerte Paul Chouta, qualifiant les propos du ministre « ignobles » et « désobligeants ».

Selon un cadre du ministère camerounais des Relations extérieures ayant requis l’anonymat, le gouvernement n’est pas engagé par ce communiqué, qui cible de manière claire un individu. « Si excuses il y a, elles seront présentées par le concerné », ajoute-t-il.

JA

Attentes : Que veulent les 200 000 électeurs de Kaolack ?

Kaolack, c’est une ville carrefour. Le quartier garage Nioro, avec ses charrettes, ses bus, ses piétons et taxis sept places, c’est le passage obligé. Un immense marché, une fourmilière, le cœur économique de cette commune traversée par la nationale 1 qui permet de filer vers le Mali. Kaolack est souvent présentée comme la capitale du sel. On voit au loin, sur la lagune, ces montagnes d’or blanc.

Kaolack, capitale aussi, surtout, de l’arachide, mais qui a perdu de sa superbe, car le port a été, peu à peu, abandonné. Cheikh Tidiane Gueye est gardien dans un hôtel : « Le port a été la fierté de la ville. Il y avait même un train qui rentrer à l’intérieur avec des wagons d’arachides que l’on exportait en Europe. Et l’arachide, il n’y a rien à jeter dedans. Les coquilles, ça sert pour faire de l’électricité. Les tourteaux, ça sert pour l’alimentation du bétail et on peut faire de l’huile et du savon. C’est magique. C’est pour cela que je remercie bien le président Sall ».

Pays d’un des pères de l’indépendance

Pourquoi ce soutien au chef de l’Etat ? Parce que Macky Sall est passé à Kaolack, la semaine passée, pour inaugurer des barges. D’immenses bateaux qui vont permettre de draguer le fleuve pour, à terme, essayer de relancer l’économie. Le colon français l’avait bien compris jusqu’au point de construire un fort pour protéger la ville.

L’un des pères de l’indépendance est d’ailleurs né ici. Ali Mbaye, ouvrier, nous emmène sur sa tombe : « Le grand Valdiodio Ndiaye, c’est quelqu’un qui a donné l’indépendance au Sénégal. Il a tout fait, mais on l’a oublié. Tout ça, c’était lui. Valdiodio Ndiaye est un grand monsieur ».

Soif de justice

Valdiodio Ndiaye a prononcé en 1958 un discours très engagé devant le général de Gaulle pour exiger l’indépendance. Devenu ministre des Finances, il a été accusé avec d’autres, notamment Mamadou Dia, de chercher à déstabiliser le pays. Il est resté en prison jusqu’en 1974. C’était donc un homme épris de justice.

La justice, le travail, voilà les principes attentes de jeunes, comme Thierno Moussa, pour la présidentielle : « Si on vous parle de la justice, si vous n’avez pas le bras long, quelqu’un qui est dans l’Etat, quelqu’un qui est procureur, vous êtes foutu. La question que l’on se pose aujourd’hui c’est qui va nous aider aujourd’hui ? Qui va apporter du changement dans notre pays ».

Un message adressé aux cinq candidats à la présidence qui n’ont pas le choix et devront passer par Kaolack pour essayer de convaincre les 200 000 électeurs inscrits.

Idrissa Seck disqualifie Macky Sall : « On ne dirige pas un pays par le niangal »

Idrissa Seck a fait une leçon de leadership  à Macky Sall hier :  » on ne dirige pas un pays par le niangal » lui dit-il. « On le dirige par la culture, la générosité et la miséricorde »

 

ELECTION PRÉSIDENTIELLE 2019 : JOUR 2 IDRISSA SECK – COALITION " IDY 2019 "

ELECTION PRÉSIDENTIELLE 2019 : JOUR 2 IDRISSA SECK – COALITION " IDY 2019 "

Publiée par RTS1 Sénégal sur Lundi 4 février 2019

Pays-Bas : un ex-député du parti islamophobe PVV se convertit à l’islam

Joram Van Klaveren, un homme politique néerlandais, ancien membre du Parti pour la liberté (PVV) de Geert Wilders, a annoncé, lundi 4 février, s’être converti à l’islam en octobre 2018. Après Arnoud van Doorn, il est le second haut membre de ce parti islamophobe à se tourner vers cette religion.

Entre 2010 et 2014, Joram Van Klaveren comptait dans les rangs du PVV sous la bannière de laquelle il a été élu. En 2011, il a même présidé le parti au sein de l’assemblée néerlandaise. Toutefois, Joram Van Klaveren quitte les rangs du PVV après les propos anti-Marocains de Geert Wilders, lors d’un rassemblement en 2014.

Joram Van Klaveren fonde alors son propre parti, For Netherlands, mais n’a réussi ni à percer ni à remporter un siège aux élections de 2017, marquant sa sortie définitive de la vie politique.

Lors de l’émission radio où il a annoncé sa conversion, Joram Van Klaveren a dit avoir, en plein écriture d’un livre sur la religion musulmane, « découvert de plus en plus de choses » qui ont « faibli » sa vision négative de l’islam qu’il qualifiait de « mensonge ».

Questionné par les journalistes s’il se sentait coupable des propos qu’il a tenus, Joram Van Klaveren a répondu qu’il s’est I[« simplement trompé »]i en attribuant ces paroles à la politique du PVV : « Tout ce qui n’allait pas devait être lié à l’islam d’une manière ou d’une autre ».

Après l’annonce de cette conversion, Arnoud van Doorn, un ancien du PVV converti à l’islam, a félicité Joram Van Klaveren en tweetant n’avoir « jamais pensé que le PVV deviendrait un terrain fertile pour les convertis ».

Aïssata Tall Sall : « Si je vaux des millions ou des milliards, c’est grâce à … »

La présidente du mouvement Osez l’avenir (Doser l’avenir ?), Me Aïssata Tall Sall, critiquée pour avoir rejoint la mouvance présidentielle, s’est de nouveau justifié.

« Il y a des gens qui pensent que j’ai pris seule la décision de soutenir le Président Macky Sall pour la Présidentielle 2019. Podor a démenti cela ; Podor confirme que cette décision est une décision partagée, concertée avec la base », a-t-elle tenu à indiquer.

Aïssata Tall Sall d’ajouter : « In sha Allah, le 24 février 2019, Podor va dire oui à notre candidat Macky Sall en votant massivement… Si je vaux des millions ou des milliards francs Cfa, c’est grâce à Podor. Si aujourd’hui tout le monde s’intéresse à moi, veut échanger avec moi, c’est parce que Podor a fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Tout part de Podor et revient à Podor. »

« Un seul mandat ! » : Idrissa promet à Macky le sort de Sarkozy et Hollande

Le président du parti Rewmi Idrissa Seck, candidat de la coalition « Idy 2019 » a prédit, samedi à Thiès, que Macky Sall, va « être le premier président sortant de l’histoire politique du Sénégal à n’exercer qu’un seul mandat et à être battu dès le premier tour ».

« Le président de l’APR (Alliance pour la République) est le premier président de l’histoire politique du Sénégal à ne faire qu’un seul mandat », a dit Idrissa Seck arrivé après 21 heures à la Promenade des Thiessois où s’est tenu son meeting d’ouverture de la campagne pour l’élection présidentielle du 24 février.

Idrissa Seck visiblement revigoré par la haie d’honneur qui l’a accueilli sur l’avenue Caen sur plus de deux kilomètres ralentissant sa progression vers le lieu du rassemblement où l’attendaient aussi une foule nombreuse et ses alliés politiques, a salué la « mobilisation exceptionnelle ».

« J’ai vu des enseignants, des étudiants, des femmes, des personnes du troisième âge marcher et ils ont tous marché au cri de ‘nous en avons assez du régime actuel », a-t-il lancé du haut de son véhicule, empêché par la foule compacte d’accéder à la tribune érigée pour l’occasion.

« Ce sera aussi le premier président de l’histoire politique du Sénégal à être battu dès le premier tour », a ajouté l’ancien Premier ministre et ex. maire de la ville de Thiès.

« C’est ce que les jeunes, les femmes et les anciens m’ont dit tout au long de la caravane qui nous a conduits à cette Promenade des Thiessois », a lancé l’homme politique.

Pour Idrissa Seck, les « plans » des tenants du pouvoir qui ont consisté à éliminer leurs adversaires politiques comme Khalifa Sall, Karim Wade, ainsi que les autres à travers le filtre du parrainage n’ont servi à rien.

« Ils auraient pu nous emprisonner tous, nous éliminer tous par des manigances de parrainage, mais s’il en restait un seul, il le battrait parce que, le peuple veut s’opposer à la poursuite de sept ans de souffrance » estime t-il.

« Ce qui fait qu’ils n’échapperont pas, c’est qu’ils n’ont pas affaire aux hommes politiques, mais au peuple sénégalais auquel ils ont fait du tort » a fait noter le candidat de « Idy 2019 ».

« Il (Macky Sall) n’a pas compris (…) qu’être président du Sénégal exige de la hauteur, de la sagesse, de la mansuétude, de la bonté envers les populations. On ne dirige pas un peuple comme le Sénégal par la force et le ‘gnangal’ (renfrognement) », a-t-il dit.

Pour Idrissa Seck, « la culture, la générosité et la capacité de pardonner sont autant de valeurs nécessaires pour prétendre à diriger le Sénégal ».

Le leader de « Idy 2019 » estime que le président sortant, « en attaquant l’ancien président Abdoulaye Wade qui lui a tout donné n’a pas compris que le Sénégalais ne tolère pas qu’on touche à ses symboles ».

« En agressant judiciairement ses adversaires, il n’a pas compris que le peuple sénégalais ne tolère pas l’injustice » analyse t-il.

« En mettant à genoux notre système éducatif, notre système de santé. En accaparant l’économie du pays au service de sa dynastie Faye-Sall, il n’a pas compris que le peuple sénégalais ne tolère pas que le dirigeant s’occupe de lui-même plus que des préoccupations des populations », a-t-il poursuivi.

« L’attribution de l’économie du pays aux étrangers et le degré d’endettement du pays sont aussi des injustices » qui motivent le rejet par les populations du pouvoir actuel, a soutenu l’ancien Premier ministre.

Qui fait remarquer : « pour toutes ces raisons, j’ai cru (à vos assurances) en cours de route, d’une victoire au premier tour ».

« La première économie budgétaire que nous devons faire au Sénégal c’est d’éviter de gaspiller son argent pour l’organisation d’un deuxième tour, parce que le peuple peut résoudre le problème dès le 24 février », a ajouté le candidat Idrissa Seck.

Il a assuré aux Thiessois que son « premier gros projet » après son élection sera la « reconstitution de la ligne Dakar-Bamako ».

Les mourides convoités : Macky débute à Touba, Madické idem

La campagne électorale a démarré, ce dimanche 3 février. Première étape du marathon présidentiel jusqu’au 24 février: les meetings d’ouverture. Les cinq candidats sont attendus dans l’axe stratégique Dakar-Thiès-Touba. A Touba, la ville sainte, il y a eu deux meetings, celui du président sortant Macky Sall et celui de Madické Niang. Le président sortant est arrivé à Touba dans la matinée. Madické Niang a visiblement pris du retard dans son planning. Il était toujours attendu en fin de journée.

Démarrer sa campagne électorale à Touba est un symbole fort. C’est même un passage obligé.

Tout commence avec la rencontre du grand Khalife des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Les deux candidats vont se succéder devant lui. Le candidat Idrissa Seck l’a déjà vu, vendredi 1er février, et Macky Sall a devancé, ce dimanche, Madické Niang. Ce dernier a effectivement pris plusieurs heures de retard sur son planning.

Le  président sortant a donc parlé longuement au Khalife général des Mourides. C’est une scène assez caractéristique de la vie politique sénégalaise. Il faut absolument le voir avant chaque élection.

Le tout s’est passé dans une certaine frénésie, dans un pays musulman à 95 %. C’est un moment important, en tout cas pour le président candidat. Macky Sall l’avait déjà fait en 2012 et cela « lui a porté chance », a-t-il confié, à la fin de cette rencontre.

Macky Sall s’est ensuite dirigé vers Mbacké, ville limitrophe pour faire son meeting car les meetings sont interdits dans la ville sainte de Touba.

Touba est une ville sainte, mais c’est surtout un bastion historique du Parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye Wade. Madické Niang est issu des rangs du PDS mais il n’a pas l’appui de son camp qui lui préfère toujours Karim Wade. Son objectif, cependant, c’est de rallier, à sa candidature, les électeurs fidèles d’Abdoulaye Wade. En commençant sa campagne avec un meeting à Mbacké, la ville voisine, Madické Niang se met vraiment dans les pas du patriarche.

Le président sortant sait aussi que Touba est une ville stratégique. Les électeurs sont privés de Karim Wade, et Macky Sall compte bien capitaliser sur la construction de l’autoroute Ila-Touba qui a changé la vie des habitants, comme celle des pèlerins. On peut néanmoins se demander s’il pourra bouleverser les habitudes électorales qui sont quand même très ancrées dans la région. Son meeting est également à Mbacké, dans l’après-midi.

Sillonner le Sénégal d’ici le 24 février

Les cinq candidats du scrutin de cette présidentielle devront parcourir les quatorze régions du Sénégal. Aujourd’hui, pour ce qui est des trois autres candidats, Idrissa Seck est dans son fief de Thiès. Issa Sall est, lui, à Dakar, tout comme Ousmane Sonko.

On voit donc se dessiner cet axe le plus stratégique du Sénégal, Dakar, Thiès et Touba. Tout le pays sera visité pendant les vingt-et-un jours de campagne et ce sera un meeting quotidien, au moins, pour chaque candidat.

TRIBUNE- 2019 : Équations d’une élection à issue incertaine entre « immortels » et jeunes loups (Par Thierno Niang)

A la veille d’une élection présidentielle à l’issue incertaine, l’espace public est en ébullition. Les schémas se dessinent, à la mesure des desseins et aspirations clair -obscurs. Ces calculs sans états d’âme se déclinent en palinodies politiques. Ce scrutin va accoucher de l’inédit. Ceci n’est pas une prophétie qui sous nos tropiques est souvent virée par l’autorité des urnes, (pour rappel les deux surprenantes alternances). Est-ce la fin d’un cycle? Assistons-nous au renouveau? Le verdict définitif nous édifiera. Toutefois à la lumière des alliances / désalliances on préfigure l’affrontement de deux blocs. L’un est constitué par des “immortels” expérimentés ayant pratiqué l’Etat pour assimiler ses arcanes les plus subtils, en somme des adeptes de la “realpolitik”. A l’heure de l’extinction des idéologies, le Président Sall est plus que jamais le seul capitaine à bord en charge de mener à bon port le navire “Benno”.

En chemin, il pêche dans les eaux troubles d’une opposition 25 fois divisée au-delà des concertations de façade. Pour s’assurer la victoire finale, l’addition du moindre support est accueillie à bras ouverts. En face, un camp ambitieux. De “jeunes” loups aux dents acérées et/ou des novices dans le landerneau couvés par des personnalités qui avancent relativement leurs dernières cartes. Mais prudence, il ne faut pas trop se risquer en météo politique le temps y est versatile. Ce camp de la rupture décline une myriade de promesses innocentes, passionnées. Un regain d’espoir pour bâtir un Pays divorcé de ses profondes contradictions. Un État libéré des béquilles du tâtonnement qui s’élancera à la conquête de Soi, les paris sont ouverts. En réalité, l’autre paradigme sous-jacent cette montée des enchères est que cette prochaine présidentielle va particulièrement consacrer le premier Gouverneur des ressources naturelles notamment le Pétrole qui va gicler des entrailles terrestres à mi-mandat du magistère à venir. Enjeu majeur à juste titre, potentiel capable d’assouvir les utopies d’une jeunesse qui appelle de tous ses vœux l’âge d’or. Afin de toiser le reste du monde, de regagner une dignité noyée dans les flots de l’océan pour se soustraire d’une misère désarçonnante. Le prochain commandant en chef est tenu de remplir sa part du Contrat social. Le chef de l’Etat sortant veut rempiler. Il pose un bilan sur le billot, pour s’offrir une postérité dans les mémoires. il faudrait interroger froidement son quinquennat/septennat, le confronter aux engagements tenus naguère. On fera l’économie de toute la profession de foi présentée en 2012, seulement une proposition pivot a séduit à l’époque tant sa réalisation fut une demande sociale. C’est à dire l’édification d’un Etat de Droit. Cette posture immatérielle était l’ADN du “yonou yokouté” programme supplanté par la suite par le PSE. Oubli, maturation inaboutie? Les citoyens sanctionneront à l’aune de leurs appréciations. La campagne n’a pas encore livré tous ses secrets et tout un Peuple anxieux, scrute le ciel pour identifier l’appareil volant imitant l’oiseau naturel qui va convoyer le dernier mohican paré à croiser le fer avec le “fils” coupable du parricide. Le Président Wade est sans aucun doute le principal arbitre, celui qui fera pencher la balance. Ce fin politicien sera-t-il neutre? Il ne pourrait être à équidistance des candidats. L’avenir du choix recalé du PDS en dépend. Le destin de Karim Wade est chevillé aux humeurs du Président de la République qui sera choisi par les citoyens. La grace a annihilé sa condamnation mais une épée de Damoclès reste suspendue sur sa tête. Son père/mentor va devoir manœuvrer avec le talent qu’on lui reconnaît pour l’affranchir de l’étau juridico-politique qui l’enserre. L’ancien leader de la génération du concret ne pourra retrouver une virginité politique qu’avec l’avènement d’une amnistie. Qui saura donner toutes les garanties au chantre de la Renaissance pour replacer son fils dans le paysage, en vue de futures joutes électorales ? Jamais campagne n’a été aussi ouvert et tous les prétendants au trône rêvent d’une idylle décisive avec le pape du sopi, qui ne va s’encombrer d’aucun cas de conscience pour triompher et prendre sa revanche sur l’histoire , dernier baroud d’honneur .

Cette élection se tiendra à date échue. L’opposition, la contestation et même le boycott sont admis par le jeu. Toutefois, aucune entité ne peut priver au Peuple souverain le droit d’exprimer son choix légitime et légalement déterminé par la Constitution, charte autour de laquelle nous organisons notre République. Alors courtisans, oiseaux de mauvais augure passez votre chemin. Les hommes et les régimes défilent l’Etat gardera son Aura transcendant. Vive le Sénégal cette Nation grande et résiliente qui plus que jamais, réaffirme son commun désir de vie commune.

Thierno SD Niang

Juriste – auteur

niangthierno@gmail.com

Top départ : Idrissa Seck, la force des expériences

Publié le 1er février, modifié le 3 février 2019 – Portrait d’un routier de la politique sénégalaise qui a débuté sa carrière il y a plus de 30 ans : Idrissa Seck. Il a choisi une stratégie particulière pour cette campagne : le silence.

Dans un pays ou la diatribe est un sport national, le silence d’Idrissa Seck, 59 ans, dont quarante de politique, étonne. Cela fait presque un an qu’Idrissa Seck n’a pas accordé d’interview. Pour « Ndamal Kadior », (le « petit de Thiès ») la priorité c’est le terrain, ses rares déclarations sont donc pour ses partisans.

Parcourir le Sénégal pour essayer de convaincre les électeurs que son heure est venue, la méthode est connue, parfois payante. Pour ses partisans comme l’enseignant Makhfou Faye, la stratégie du terrain, celle de donner la priorité aux électeurs, va payer : « Le silence est d’or. Il a rencontré des milliers et des milliers de Sénégalais. Il est devenu le principal challenger du candidat Macky Sall. »

Depuis des mois, Idrissa Seck réserve donc sa parole à ses soutiens et seules quelques vidéos fuitent sur les réseaux sociaux. Le candidat espère obtenir le soutien des exclus de cette présidentielle, notamment Khalifa Sall, qu’il ira « chercher à la prison s’il est élu », et de Karim Wade, avec qui les échanges se multiplient. Il a obtenu mercredi le ralliement de Malick Gakou, Président du Grand Parti, et jeudi celui de Moustapha Guirassy, président de S.U.D. Les ralliements de l’ex maire de Dakar Pape Diop, président de Bokk Gis Gis et celui de l’ex Premier ministre Hadjibou Soumaré sont également attendus dans les prochaines heures, pour ce qui s’annonce comme une grande coalition autour d’Idrissa Seck.

De la prison à la primature

Il veut rétablir la vérité avec la population. « Moi je n’ai aucune envie d’être le président d’un peuple que je trompe ou qui me trompe. Je ne cours derrière rien du tout. Il faut que ce soit très clair [rires étouffés]. »

En plusieurs décennies de carrière, Idrissa Seck, économiste respecté, a tout connu : Premier ministre d’Abdoulaye Wade à 43 ans, en prison trois ans plus tard durant 199 jours, soupçonné de détournements de fonds publics puis blanchi. Second à la présidentielle de 2007, cinquième en 2012 avec 8% des voix, Idrissa Seck est « fini pour la politique » estiment ses détracteurs car il a laissé passer sa chance car il n’a plus aucun poids. « Idrissa Seck est là depuis très longtemps. Il a raté son coup en 2012. Je ne vois aucune chance pour lui d’être président de la République », dit un Dakarois interrogé.

La campagne électorale débute officiellement ce dimanche. Silencieux, Idrissa Seck va sans aucun doute donner de la voix pour expliquer comment il compte faire chuter Macky Sall, et répéter à nouveau qu’il veut « restaurer la confiance avec le peuple ». Difficile de dire aujourd’hui si le peuple l’a entendu.

Qui hébergera Gbagbo en Belgique, sa nouvelle « assignation à résidence » ?

Deux semaines après que le ministre ivoirien de la Promotion de la jeunesse, Mamadou Touré l’ait annoncé à RFI, la Belgique confirme sa volonté d’héberger Laurent Gbagbo. « Répondant à une demande de coopération de la Cour pénale internationale, la Belgique a accepté d’accueillir Laurent Gbagbo », a expliqué un porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Karl Lagatie, précisant ne pas savoir si l’ex-président se trouvait en Belgique.

Les deux acquittés ont été pris en charge par les autorités néerlandaises à leur sortie de prison, aux alentours de 18h30, vendredi soir, et ont passé leur première nuit à l’hôtel, à La Haye.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de Belgique a confirmé, ce samedi matin, son accord pour accueillir Laurent Gbagbo sur le sol belge où résident sa seconde épouse Nady Bamba et l’un de ses fils, mais pour l’instant la Belgique précise que des discussions sont toujours en cours avec la CPI sur les modalités de contrôle judiciaire, notamment la question de son lieu de résidence.

Le porte-parole du ministère, Karl Lagatie, précise qu’il s’agit d’une négociation qui doit trouver son issue « dans les jours qui viennent » sans plus de précisions, ce qui retarde évidemment, d’autant, l’arrivée en Belgique de Laurent Gbagbo.

Le ministère précise s’il était besoin que l’ancien chef d’État devra évidemment se tenir à tout moment à la disposition de la CPI s’il est convoqué pour une éventuelle audience.

Selon la procédure, déjà utilisée dans d’autres affaires entre la Cour et la Belgique, notamment dans l’affaire Bemba, une fois conclues ces discussions, les autorités néerlandaises devraient conduire Laurent Gbagbo à la frontière où il serait alors pris en charge par la police belge.

Laurent Gbagbo est libre, mais il a une longue liste de conditions très contraignantes à respecter, sous peine d’être interpellé de nouveau par la CPI. Il ne peut pas voyager en dehors de la circonscription dans laquelle il sera établi et doit remettre son passeport au greffe. Autre contrainte, Laurent Gbagbo ne peut pas faire de déclaration publique. Des conditions qui s’appliquent jusqu’à ce que la procédure soit totalement terminée.

On attend en effet la restitution de la décision d’acquittement. Un document détaillé de plusieurs centaines de pages dans lequel les trois juges de la chambre de première instance justifient leur jugement oral, prononcé mi-janvier. Ce document ne sera pas disponible avant au moins cinq à six mois, estiment plusieurs sources à la CPI. Après avoir étudié ce document, la procureur aura ensuite un mois pour interjeter appel. Si cette éventuelle requête sur le fond du dossier est acceptée, le procès devra reprendre là où il s’est arrêté, c’est-à-dire, à l’audition des témoins de la défense. L’ensemble de cette procédure pourrait alors encore durer plusieurs mois.

Dans son entourage, certaines voix interprètent cela comme une forme « d’assignation à résidence ». Une situation que déplore également Guy Labertit, élu municipal et proche de Laurent Gbagbo.

Blé Goudé en attente

Concernant Charles Blé Goudé, aucun pays n’a, pour l’instant, donné son accord pour l’accueillir, mais plusieurs Etats européens ont été approchés. On sait que Charles Blé Goudé a de la famille en Europe, notamment en Suède où réside sa sœur. Cela pourrait donc être l’une des pistes de sa future destination.

Avant que leur libération soit effective, il faut savoir que les avocats, les proches et la Cour elle-même restent très prudents. On peut se rappeler que vendredi, la Chambre d’appel a bien notifié que tout écart aux conditions qu’elle a ordonnées pourrait être sanctionné d’un retour en prison.

Présidentielle 2019 : comment le champ politique s’est totalement reconfiguré

Clap de début, dimanche 3 février, pour la campagne électorale qui fera vivre le Sénégal au rythme des meetings, caravanes et débats politiques jusqu’au 22 février. Derrière l’organisation conventionnelle, se profile une élection singulière avec seulement cinq prétendants à la présidentielle – Macky Sall, Ousmane Sonko, Madické Niang, Idrissa Seck et El-Hadj Issa Sall – contre quatorze en 2012 et quinze en 2007. Une nouvelle configuration politique marquée aussi par l’absence des grands partis traditionnels.

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Exit le Parti socialiste (PS), présent à tous les scrutins depuis l’indépendance du Sénégal en 1960. D’abord connu sous le nom d’UPS, celui-ci s’est maintenu au pouvoir pendant quarante ans (1960-2000) avant d’intégrer la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) de Macky Sall, portée au pouvoir en 2012. Une alliance de circonstance qui s’est maintenue ces sept dernières années, créant de fait des conflits internes. Le plus connu est celui avec l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, condamné pour « détournement de deniers publics » et dont la candidature a été déboutée par le Conseil constitutionnel.

« Une sanction des dirigeants »

Exit également le Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade qui concourt au suffrage universel depuis l’ouverture au multipartisme en 1978, tout comme l’Alliance des forces du progrès (AFP) de Moustapha Niasse et le FSD-BJ de la famille Dièye qui ont brigué tous les scrutins depuis 2000. « Quel dommage pour les partis traditionnels !, déplore l’analyste politique Assane Samb. D’autant qu’ils avaient un rôle d’encadrement et de formation des électeurs. »

Si, pour le PS et l’AFP, l’absence à cette élection a été un choix, celui de rallier la mouvance présidentielle et d’investir le candidat Macky Sall, la situation est tout autre pour le PDS. L’ancien président Abdoulaye Wade, âgé de 92 ans et surnommé « Gorgui » (le vieux, en wolof) par les Sénégalais, aurait aimé faire de son fils, Karim, le prochain chef de l’Etat. Une volonté rejetée par le Conseil constitutionnel qui a mis en avant les condamnations judiciaires de celui-ci.

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Résultat, le parti qui avait fait du fils prodigue son plan A et B, se retrouve pour la première fois de son histoire sans candidat. Cette situation inédite écarte les caciques du paysage politique. Mais elle agit aussi, selon le journaliste Mame Less Camara, comme « une sanction à l’encontre des dirigeants qui gèrent le parti comme leur propriété, refusent de se renouveler et de laisser s’exprimer des voix dissonantes ».

Bien que « Gorgui » soit le grand absent de la présidentielle de 2019, son ombre continue de planer sur la scène politique. Réputé être un animal politique, son retour et sa consigne de vote sont scrutés par tous. En outre, des cinq candidats qui se présentent devant le suffrage universel, trois sont héritiers du PDS. Dernier en date, Madické Niang, exclu du parti en octobre 2018 pour s’être lancé en solo après l’invalidation de la candidature de Karim Wade. Pour autant, l’ancien avocat de M. Wade revendique l’héritage de son mentor et défend un libéralisme social proche de celui de son mentor.

Tout comme M. Niang, le président sortant, Macky Sall, mais aussi Idrissa Seck étaient membres du Parti démocratique avant de créer leur organisation, respectivement l’APR et Rewmi. Une élection dominée donc par les libéraux.

Deux nouveaux visages

Face à eux, deux visages nouveaux. Celui d’Ousmane Sonko et d’Issa Sall, tous deux pour la première fois devant le suffrage des Sénégalais. Le discours aux relents nationalistes de M. Sonko – encore inconnu du public il y a peu –, prône une rupture avec le système et semble séduire de plus en plus.

Enfin dans cette nouvelle configuration, on trouve un parti d’obédience religieuse avec Issa Sall pour leader. Si au Sénégal, la religion n’a jamais été absente de la politique, c’est pourtant la première fois qu’un parti déclare son appartenance à une confrérie. En effet, le parti de l’unité et du rassemblement (PUR), rattaché aux moustarchidines, une branche rigoriste de la confrérie des tidjanes, participe au scrutin. La bonne santé du parti, créé en 1998 et arrivé quatrième aux législatives de 2017, est une surprise. Réputée pour sa discipline, la formation a ainsi pu collecter avec une certaine aisance les 53 000 parrainages nécessaires pour présenter un candidat.

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Nouveau jeu politique donc, mais aussi nouvelle génération, à en croire Assane Samb. « Cela a déjà été entamé avec l’élection de Macky Sall – 50 ans à l’époque – puis les départs de MM. Dansokho et Bathily, soutient l’analyste. Cela s’accentue désormais et tous les vieux vont devoir débarrasser le plancher car surgissent des hommes politiques plus jeunes avec une toute autre vision pour le Sénégal ». En effet, la moyenne d’âge de cette présidentielle est inférieure à 60 ans, avec une majorité de candidats née après l’indépendance, en 1960.

Pour autant, l’ancienne génération fait de la résistance, et tente tant bien que mal de se maintenir. Notamment dans la mouvance présidentielle. « A eux seuls, ces vieux ne peuvent plus capter un électorat qui pourrait les hisser au sommet de l’appareil d’Etat. C’est pourquoi, ils n’ont pas voulu s’isoler au risque de s’exposer à une mort politique totale », observe Ousmane Sène, journaliste et analyste politique.

Le ralliement de ces leaders au camp libéral sous le régime de Macky Sall confirme la mort de l’idéologie dans un espace politique qui s’effrite doucement depuis les années 1980. Une mort accélérée par les dernières migrations vers le camp du pouvoir, plus connues sous la « transhumance ».

Salma Niasse Ba

Mimi Touré, directrice de campagne d’un candidat à la présidentielle pour la deuxième fois

Comme en 2012, Macky Sall a préféré un management collégial pour sa campagne électorale. Le président sortant a mis en place un cabinet de campagne dont il a confié la direction à l’ancienne Premier ministre Mimi Touré.

Cette dernière n’est pas en terrain inconnu. Elle était membre du directoire de campagne de Macky Sall, lors de la présidentielle de 2012 et directrice de campagne de Landing Savané lors de la présidentielle de 1993.

Surprise en train de voler dans un magasin à Milan, une Sénégalaise se déshabille et fait ses besoins devant les clients consternés

Surprise de train de voler dans les Upim de Corso Buenos Aires, à Milan, une Sénégalaise sans abri a perdu tous ses esprits, se déshabillant et urinant devant des clients consternés.

La femme est entrée dans le magasin vers midi le mercredi 30 janvier et a commencé à essayer des vêtements dans le vestiaire. Et avec ces mêmes vêtements, ayant toujours leurs antivols qu’elle a tenté de sortir du magasin. La Sénégalaise de 34 ans a toutefois été bloqué par le responsable du magasin qui a contacté la police.

Et c’est précisément l’arrivée sur place de la police, qui a fait paniquer complètement la  Sénégalaise : du coup, devant les clients (y compris des enfants), elle a commencé à se déshabiller puis à faire ses besoins . Un « spectacle » indécent qui a obligé les policiers à la conduite au commissariat  puis à l’hôpital Fatebenefratelli pour une visite.

Au final, la Sénégalaise a été arrêtéepour vol aggravé et actes obscènes dans un lieu public en présence de mineurs.

Présidentielle : Samuel Sarr officialise le nom de son candidat

Samuel Sarr a décidé de soutenir Macky Sall pour la présidentielle du 24 février. « Après une large concertation avec nos 14 délégués régionaux, nos mouvements de soutien et partis alliés, nous invitons les Sénégalaises et les Sénégalais ; nos militants et sympathisants ; nos amis et parents à renouveler le pacte de confiance avec le Président Macky Sall pour les 5 prochaines années, afin de lui permettre d’achever les chantiers structurels qu’il a engagé partout à travers le pays », annonce  l’ancien ministre de l’Énergie d’Abdoulaye Wade. Voici sa déclaration in extenso :

DECLARATION DE SAMUEL AMETE SARR
POUR UN NOUVEAU DEPART…

Mes chers (es) compatriotes !
Mes chers (es) militantes et militants ! Chers (es) amis (es) !

Au moment où le Sénégal s’apprête à élire son prochain Président de la République, notre noble ambition était de faire partie des Hommes qui œuvrent pour réveiller et entretenir la flamme de l’espoir qui était en veilleuse en chacun d’entre nous.

Cette volonté de participer à la compétition électorale de Février 2019, matérialisée par le dépôt de notre candidature a été différée par le Conseil constitutionnel. Alors, conscients de notre rôle dans la préservation de la stabilité de notre Nation, nous nous sommes pliés à cette décision prise par les Sages du Conseil, bien que surprenante et difficilement acceptable.

C’est donc le lieu pour nous, de remercier du fond du cœur, l’ensemble des militants et sympathisants du Mouvement 2019 et du Parti Libéralisme Social Sénégalais (L.S.S) qui nous ont, dans un élan empreint de ferveur citoyenne, accordé leur confiance en parrainant notre candidature, avec l’intention ferme et engagée de nous accompagner dans la mise en œuvre de notre projet de société qui se traduit par l’édification d’un Sénégal Nouveau.

Certes, la tâche n’a pas été facile, et elle a exigé de chacun de nous, des efforts individuels permanents, des concessions conscientes dans le but de dégager des perspectives optimistes futuristes. Car, nous partageons les mêmes ambitions pour notre pays qui se traduisent par une passion commune de consolidation des acquis depuis une décennie.

Par ailleurs, se considérant comme des citoyens modèles et avertis des enjeux politiques et socioéconomiques du moment, et après avoir servi la République du Sénégal pendant 12 ans, nous avons décidé de nous engager résolument à nouveau en répondant, sans conditions à l’appel de la République.

Notre profonde introspection, nous a amenés à reconnaitre et accepter que les citoyens ne peuvent s’épanouir si nous ne nous investissons pas ensemble pour sauvegarder la stabilité, la solidarité et la paix sans les quelles, aucune Nation ne pourra se développer. Ne perdons jamais de vue, la situation géopolitique dans laquelle évolue notre pays dans l’espace du Sahel marquée par une ceinture d’insécurité dynamique et en perpétuel mouvement souvent mal gérée.

Aujourd’hui, le Sénégal est à la croisée des chemins. Et chaque sénégalaise, chaque sénégalais est comptable du destin de notre pays de par ses choix. Alors, ne devons-nous pas noyer nos ambitions individuelles dans l’océan de l’intérêt général ? Seulement, cela nécessite une énorme capacité de dépassement, du courage assumé et de la générosité dans l’action politique.

Ensuite, le Sénégal dispose de potentialités et d’opportunités économiques ainsi qu’un environnement des affaires attractif qui favorisent la viabilité du cadre macroéconomique. Et, nous estimons que les réalisations faites depuis 2012 dans plusieurs domaines, laissent croire qu’un renouvellement du contrat de confiance lui permettrait de consolider les acquis sur le plan économique et surtout avec la confiance affichée des partenaires techniques au développement qui se sont engagés pour accompagner notre pays.

Nous assumons notre choix d’accompagner cette dynamique de changement sans complexe et en toute lucidité, sans craindre de créer des frustrations chez ceux qui veulent imposer leur volonté strictement personnelle à la majorité.

Nous avons décidé d’accompagner une Politique, une Vision. Les hommes importent peu pour nous. C’est le devenir du Sénégal qui prime sur tout. Alors, il s’agira pour nous, de nous mettre au service de notre pays dans une dynamique participative qui se traduira par le partage avec l’équipe sortante, des grands axes du Programme que nous avions l’ambition de soumettre à nos compatriotes.

En effet, notre conviction c’est que l’émergence de notre pays passera forcément par le renforcement des politiques publiques dans les domaines de l’Education, la Santé, l’Energie, l’Optimisation des finances publiques, la Réforme de l’Administration et la lutte contre la corruption. Des efforts ont été faits, il faut le reconnaitre.

Seulement, aucune œuvre humaine n’est parfaite et prétendre bâtir un pays en 07 n’est qu’illusion et chimère. Disons-nous la vérité en face et ne soyons pas l’esclave de nos ambitions personnelles ni le prisonnier de notre esprit de vengeance. Il n’y pas de place à la haine ni à la méchanceté dans ce jeu politique sénégalais.

Apres une large concertation avec nos 14 délégués régionaux, nos mouvements de soutien et partis alliés, nous invitons les Sénégalaises et les Sénégalais ; nos militants et sympathisants ; nos amis et parents à renouveler le pacte de confiance avec le Président MACKY SALL pour les 05 prochaines années, afin de lui permettre d’achever les chantiers structurels qu’il a engagé partout à travers le pays.

Cependant, nous exhortons le Président MACKY SALL à poser des actes forts pour renforcer l’indépendance de la Justice, promouvoir l’Etat de droit, défendre les libertés, veiller strictement sur l’équilibre budgétaire.

N’est-il pas important de préciser que nous ne renonçons point à notre volonté de solliciter un jour à nouveau le suffrage de nos compatriotes.

Nous avons alors décidé de différer nos ambitions politiques au profit de l’intérêt général comme nous l’a demandé la majorité des Sénégalais.

Pour un Nouveau Départ, accompagnons le président Macky SALL.

Merci
Vive l’Afrique Vive le Sénégal

Samuel Amete SARR
Président du Libéralisme Social Sénégalais
Dakar, le 02 Février 2019

« Élimination » des enfants talibés : Human Rights Watch met la pression sur les candidats à la présidentielle

Les partis politiques et les candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019 au Sénégal devraient s’engager à mettre fin aux abus commis contre les enfants talibés et à leur exploitation, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et la Plateforme pour la promotion et la protection des droits humains (PPDH), une coalition d’organisations sénégalaises de défense des droits de l’enfant.

Des centaines de milliers d’enfants talibés au Sénégal vivent dans des pensionnats d’écoles coraniques (daaras) où leurs maîtres sont de facto leurs tuteurs. Si beaucoup de ces enseignants respectent les droits des enfants confiés à leur soin, d’autres gèrent leurs daaras comme des affaires lucratives sous couvert d’éducation religieuse. C’est ainsi que plus de 100 000 talibés sont obligés de mendier quotidiennement de la nourriture ou de l’argent, dans des villes à travers le Sénégal. Des milliers d’entre eux vivent dans des conditions s’apparentant à l’esclavage, où ils font l’objet d’abus, de maltraitance et d’exploitation.

« Comment se fait-il que le gouvernement soit capable de combattre le terrorisme, mais pas la mendicité et l’esclavage moderne des enfants qui se déroulent au vu de tous ? », a déclaré Mamadou Wane, président de la PPDH. « L’État peut et doit faire davantage pour protéger les enfants talibés contre l’exploitation et les abus. Les élections sont une occasion de promouvoir une feuille de route pour y parvenir dans les années qui viennent.»

Human Rights Watch et la PPDH ont documenté de nombreux cas d’abus commis contre des talibés depuis 2010, notamment des garçons qui ont été sévèrement battus pour n’avoir pas réussi à rapporter leurs quotas d’argent, qui ont été enchaînés ou attachés pour avoir tenté de s’enfuir, voire, dans certains cas, qui ont été battus à mort. Au cours des prochaines semaines, ces organisations publieront un rapport analysant les efforts du gouvernement vis-à-vis des talibés et documentant de nombreux cas d’abus physiques et sexuels, et de décès d’enfants, en 2017 et 2018.

Le gouvernement du Sénégal a mis l’accent sur le développement économique et sur l’éducation, entre autres domaines, mais il n’a alloué qu’un minimum de ressources à l’amélioration de la situation des enfants talibés. Alors même que la ville futuriste de Diamniadio, d’un coût de 2 milliards de dollars,est en voie d’achèvement, des dizaines de milliers d’enfants talibés vivent dans des daaras insalubres installés dans des bâtiments abandonnés ou inachevés à travers le pays.

Bien que le Sénégal soit doté de lois nationales strictes interdisant la maltraitance et la mise en danger d’enfants, la traite de personnes et «l’exploitation de la mendicité d’autrui », les poursuites contre les auteurs d’abus et les actions concrètes visant à protéger les talibés sont restées limitées.

En juin 2016, le président de la République, Macky Sall, a ordonné « le retrait d’urgence des enfants de la rue » et promis « des sanctions » à l’encontre des individus qui contraignent des enfants à mendier. Toutefois, ce processus   de « retrait des enfants de la rue » est resté limité à Dakar et n’a pas été assorti d’enquêtes et de poursuites judiciaires contre les auteurs d’infractions. Même si les arrestations et les poursuites engagées contre les maîtres coraniques auteurs d’abus ont augmenté à l’échelle du pays, dans de nombreux cas les enquêtes ont été abandonnées ou les chefs d’accusation ont été réduits.

Un projet de loi visant à instaurer des normes et des règles pour que les daaras puissent être officiellement agréés et habilités à recevoir des financements a été approuvé en Conseil des ministres en juin 2018, mais il est toujours en attente d’un vote à l’Assemblée nationale.

Malgré certains efforts de la part du gouvernement, il n’apparaît pas clairement que l’incidence de la mendicité forcée ou des abus commis contre les talibés soit en diminution. Pas plus tard qu’en janvier, Human Rights Watch a pu observer de nombreux talibés – souvent pieds nus, mal vêtus ou malades – qui mendiaient à Dakar, à Louga et à Saint-Louis, parfois directement sous les yeux d’agents de police ou devant des bâtiments gouvernementaux. Outre ces cas documentés par Human Rights Watch, des responsables judiciaires et des travailleurs sociaux de plusieurs régions du pays ont affirmé qu’ils recevaient chaque année des dizaines de talibés victimes d’abus et fugueurs.

Les services étatiques de protection de l’enfance – comme les centres d’accueil pour enfants et les Services de l’Action éducative et de la protection sociale en milieu ouvert (AEMO) – souffrent d’une insuffisance de ressources et de personnel, et sont souvent débordés. Certaines régions ne disposent pas de refuges pour enfants séparés de leur famille ou victimes d’abus. En conséquence, ces enfants vulnérables et maltraités dont les talibés ne reçoivent ni les soins, ni la protection ou l’assistance juridique dont ils ont besoin.

À l’approche des élections, des activistes et des journalistes sénégalais ont dénoncé de plus en plus souvent l’absence d’une réelle volonté politique de mettre fin aux abus commis contre les enfants talibés. Un analyste a ainsi écrit: « Pourquoi le Sénégal, pays démocratique et partie prenante dans de nombreux instruments juridiques internationaux de promotion et de défense des droits humains, [n’arrive pas à mettre fin durablement] à la traite de personnes, et surtout d’enfants ?… La classe politique aura-t-elle la maturité nécessaire pour parvenir à un consensus national afin de retirer tous les enfants du Sénégal de la rue…? »

Le 18 décembre, lors d’une table ronded’organisations gouvernementales et non gouvernementales actives dans la protection de l’enfance, la PPDH a mis au défi les candidats à l’élection présidentielle « d’imposer un agenda politique centré sur l’intérêt supérieur de l’enfant », qui exhorterait à « l’accélération du processus d’adoption du projet de loi portant statut du daara et celui du retrait des enfants. »

Dans une lettre ouverte aux candidats à la présidentielle datée du 22 janvier, l’Association des juristes sénégalais a souligné « la nécessité impérative qu’ils prennent en considération la situation en matière de droits des femmes et des enfants dans leurs programmes en vue de l’élection présidentielle. » En ce qui concerne « la situation des enfants dans la rue », l’association a affirmé que les candidats devraient expliquer « les dispositions [qu’ils] comptent mettre en œuvre pour l’application effective de la loi contre la traite [des personnes] et l’article 245 du Code Pénal et l’adoption du projet de loi sur le statut des daaras et du code de l’enfant ; afin de protéger les enfants contre la mendicité forcée et de leur permettre d’accéder gratuitement à une éducation de qualité. »

Les candidats à l’élection présidentielle du Sénégal devraient présenter clairement les mesures qu’ils comptent prendre pour lutter contre les abus et l’exploitation dont sont victimes les enfants talibés. En particulier, les candidats devraient s’engager à :

Faciliter l’adoption du projet de loi portant statut des daaras ;Soutenir les efforts en vue d’ouvrir des enquêtes contre certains maîtres coraniques ou parents qui exposent des enfants talibés à l’exploitation, aux abus ou à d’autres dangers ;Faire appliquer les décisions de fermeture des daaras où les enfants sont exposés à des dangers sécuritaires ;Faciliter l’accès à des aides financières pour les daaras qui n’ont pas recours à la pratique de la mendicité et qui respectent pleinement les droits des enfants à la santé, à des conditions de vie adéquates et à une éducation de qualité ;Créer des centres d’accueil d’urgence pour les enfants dans les régions qui ne disposent pas de telles structures ;Accroître les ressources et le personnel des services existants de protection de l’enfance, dont les centres d’accueil pour enfants et les antennes régionales des services de l’Action éducative et de la protection sociale en milieu ouvert (AEMO).

« Le gouvernement du Sénégal a fait certains efforts pour protéger les talibés, mais rien ne changera pour les milliers d’enfants talibés qui souffrent d’exploitation ou d’abus sans un engagement plus vigoureux de la part des dirigeants politiques », a affirmé Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique à Human Rights Watch. « Les candidats à la présidence et leurs partis politiques devraient faire savoir à la population comment exactement ils comptent apporter un changement véritable pour les talibés. »

L’islam encourage le prélèvement d’organes sur personnes décédées

L’islam “encourage”, à titre “exceptionnel”, le prélèvement d’organes et de tissus sur personnes décédées pour sauver une vie humaine, a affirmé, vendredi à Alger, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa.

“L’islam autorise et encourage de manière explicite et claire à intervenir exceptionnellement pour effecteur une transplantation d’organes ou de tissus sur personnes décédées afin de sauver une vie humaine”, a déclaré le ministre à l’ouverture du 3ème congrès France-Maghreb sur la transplantation d’oranges.

M. Aïssa a ajouté que cet ”état d’exception est statué” par les exégètes de l’islam et la jurisprudence musulmane en se référant aux textes sacrés qui vont dans ce sens, citant, entre autres, le verset coranique stipulant que “Celui qui sauverait la vie d’une seule personne aurait comme sauvé l’humanité toute entière”.

“La donation d’organes, de tissus et autres est un acte bénéfique ‘hassana’, une œuvre méritoire, altruiste et désintéressée”, a-t-il poursuivi, notant que “les états d’obligation fondent l’exception en islam”.

Le ministre a également rappelé les nombreux Hadiths du Prophète Mohamed (QSSSL) instruisant ses compagnons, tout en précisant que les savants de l’islam se sont référés, en autorisant la transplantation à partir des personnes décédées, à l’Académie de Jurisprudence musulmane.

Cette dernière a approuvé deux (02) résolutions dans ce sens, la première émise sous l’égide de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) et la seconde sous celle de la Ligue du Monde musulman, celle-ci exigeant que cet acte “soit signé et approuvé par trois (3) professeurs en médecine agréés et habilités à le faire”.

Le ministre a, dans ce sens, assuré que les mosquées, les exégètes et les religieux vont “accompagner” ce processus une fois relancé, et ce, à travers des prêches, des conférences et autres débats en présence du corps médical et en mettant à contribution les médias lourds publics et privés. L’objectif, a-t-il explicité, étant de “rehausser cette valeur morale qui consiste à sauver une vie humaine et à inciter la population à y adhérer”.

Le premier responsable des Affaires religieuses et des Wakfs a tenu à souligner que les prélèvements d’oranges et autres tissus sont toutefois conditionnés par plusieurs facteurs, en priorité par “l’impératif de statuer la mort encéphalique” du défunt par un médecin agréé et qualifié.

Puis, a-t-il poursuivi, par la “nécessité réelle” d’exception et par l’obligation du “respect de l’honneur” du défunt, et ce, en évitant le prélèvement de plusieurs organes et tissus à partir de son corps pour ne pas le “défigurer”.

“Au-delà de l’accord préalable du défunt, avant sa mort, où de celui de sa proche famille, après le décès, la jurisprudence musulmane considère que la personne qui ne refuse pas de faire don d’un de ses organes a émis un consentement implicite pour ce faire”, a poursuivi le ministre.

Et de faire savoir, dans ce sens, que des pays arabes comme la Tunisie et le Koweït  procèdent à des prélèvements sur cadavres y compris “sans l’autorisation préalable” de la personne décédée ou de ses proches.

Gbagbo : FREE !

La Cour pénale internationale a prononcé  la remise en liberté sous conditions de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, à l’issue de l’audience de ce vendredi 1er février.

Quinze jours après avoir été acquittés par la Cour pénale internationale, devant laquelle ils étaient inculpés de crimes contre l’humanité, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé vont recouvrer la liberté. Les juges de la chambre d’appel ont décidé que les deux hommes peuvent désormais sortir de la prison de Scheveningen, où l’ancien président ivoirien et son ex-ministre étaient détenus depuis respectivement sept et près de cinq ans.

Avant de rendre sa décision – « qui va susciter de l’émotion » – , le président de la Chambre d’appel de la CPI a enjoint à la salle et au public de « rester calme ».

Libération sous conditions

« La chambre d’appel a décidé à l’unanimité l’ajout d’un ensemble de conditions qui assortissent la mise en liberté », a déclaré le juge président de la CPI, Chile Eboe-Osujidont. Le 15 janvier dernier, la chambre de première instance avait décidé de la liberté sans condition des deux hommes.

Parmi ces conditions : l’obligation de résider dans un État membre de la CPI, en attendant un éventuel procès en appel. « Ces conditions sont imposées pour protéger l’intégrité du processus judiciaire », a insisté la Cour, précisant qu’un « jugement écrit énonçant ces conditions sera rendu disponible plus tard dans la journée ».

Laurent Gbagbo a accueilli la décision en souriant, levant les mains au ciel et remerciant chaleureusement des avocats, Mes Altit et Naouri.

« Ils vont être libérés dès aujourd’hui et être transférés dans une résidence transitoire, où nous les retrouveront, en attendant que les conditions de leur libération soient fixées », a confié à Jeune Afrique Me Seri Zokou, l’un des conseils de Charles Blé Goudé.

Des consultations vont être entamées au plus vite avec des États proches du siège de la Cour pénale internationale, situé à la Haye, afin de trouver des pays qui accepteront d’accueillir les deux ex-détenus.

« Il faut identifier un État qui sera prêt à respecter les conditions établies par les juges », explique Fadi el Abdallah, le porte-parole de la Cour pénale internationale. « Entre temps, il peut y avoir des accords intérimaires pour permettre à MM Gbagbo et Blé Goudé de bénéficier au plus vite de leur libération conditionnelle. »

Selon nos informations, la Belgique, où vivent la seconde épouse de l’ancien président, Nady Bamba, et l’un de ses fils, a accepté d’accueillir Laurent Gbagbo, mais pas Charles Blé Goudé.

« Une étape importante avant la libération totale »

« C’est une décision sage », estime Jean-Paul Benoit, avocat de l’État de Côte d’Ivoire et proche d’Alassane Ouattara. « Il y a eu un non-lieu mais le procès n’est pas complètement terminé car il peut y avoir une procédure d’appel. Il fallait donc faire en sorte que MM Gbagbo et Blé Goudé puissent être présents devant la Cour à tout moment », a-t-il déclaré à Jeune Afrique.

« C’est une étape avant une libération totale et son retour à Abidjan. Je n’ai jamais douté qu’il serait libéré, je n’ai jamais douté que ce procès se finirait ainsi, ni du rôle futur qu’il [Laurent Gbagbo] jouera en Côte d’Ivoire », a déclaré à Jeune Afrique Bernard Houdin, ancien conseiller de Gbagbo, qui était présent à La Haye pour cette audience.

Parmi les proches de Laurent Gbagbo présents aux Pays-Bas ce vendredi, il y avait également Malick Coulibaly, son ancien directeur de campagne, ou encore le Dr Christophe Blé, son médecin personnel.

LES VICTIMES VONT DEVOIR SE TOURNER VERS D’AUTRES JURIDICTIONS, NOTAMMENT AFRICAINES

« On se réjouit forcément de sa libération. Mais c’est une joie mitigée, car le droit n’a pas été dit. La libération sous conditions est un cadeau fait au bureau du Procureur. Je ne comprends pas qu’on puisse imposer des conditions à une libération, alors que la personne a été acquittée. Et puis personne ne nous a expliqué ce qu’étaient ces conditions exceptionnelles », a regretté pour sa part le Français Guy Labertit, ami de Laurent Gbagbo et ancien secrétaire national du Parti socialiste français.

Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien chef de l’État ivoirien, n’a pour le moment pas souhaité réagir.

« Après leur acquittement, les libérations de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ont une portée symbolique pour les victimes. Elles vont devoir se tourner vers d’autres juridictions, notamment africaines, pour obtenir une justice que ni la CPI ni l’amnistie ordonnée par le président Ouattara en août dernier ne leur a permis d’obtenir », a prévenu Antonin Rabecq, du bureau Afrique de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme.

« Nous prenons acte de la décision de la chambre d’appel, a quant à elle réagit la procureure générale de la CPI, Fatou Bensouda. L’accusation était disposée à accepter la mise en liberté sous certaines conditions. Il s’agit de veiller à ce que messieurs Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé se représentent devant la Cour si leur procès devait se poursuivre. L’accusation peut toujours faire appel de la décision du 15 janvier d’acquitter messieurs Gbagbo et Blé Goudé des graves accusations portées contre eux. À ce stade, l’équipe de l’accusation attend toujours que les juges de la Chambre de première instance communiquent leur décision écrite, accompagnée des motifs juridiques justifiant leur décision d’acquittement. Ce n’est qu’après un examen et une analyse approfondis de ces motifs que mon bureau va décider ou non d’interjeter appel. »

JA

 

Idy 2019 : Comme annoncé par Tract.sn il y a 48h, Hadjibou Soumaré rejoint Idrissa Seck

Après Malick Gakou du Grand Parti, Pape Diop de Bokk Gis-Gis, Amsatou Sow Sidibé de ‘ »Car Leneen » et Moustapha Guirassy de S.U.D, l’ex Premier ministre Hadjibou Soumaré de Démocratie et République a décidé de soutenir Idrissa Seck, le candidat de la coalition Idy 2019.

L’ancien Premier ministre et candidat recalé à la présidentielle du 24 février 2019 a rallié, après avoir consulté sa base qui lui a donné carte blanche, le camp de l’ancien maire de Thiès.

Tract.sn avait anticipé sur ce ralliement en l’annonçait dans le portrait que nous avons consacré le 1er février à « Idrissa Seck, la force des expériences ». Notre site d’info indiquait que ce compagnonnage entre les deux anciens Premiers ministres n’était qu’une question d’heures.

ENTRETIEN – Omar Cissé (Intouch) : « L’émergence de champions Fintech sénégalais dépend d’une volonté politique affirmée »

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À l’occasion de la Conférence internationale sur l’émergence de l’Afrique tenue à Dakar du 17 au 19 janvier, Omar Cissé, à la tête du groupe InTouch, s’est confié  sur les enjeux du secteur de la Fintech à l’heure où de nombreuses startups cherchent à attirer les investisseurs.

Son portable ne cesse de sonner, il sort tout juste d’un « conf’ call », Omar Cissé est un homme très occupé. À l’extrême opposé de la porte d’entrée des locaux d’InTouch Group, son bureau a tout de celui d’un chef d’entreprise, avec sa table démesurée pour les grands rendez-vous. C’est qu’à 41 ans, ce père de quatre enfants a déjà créé plusieurs structures. À peine diplômé de la prestigieuse École polytechnique de Dakar en 2010, la création de sa première entreprise en ingénierie du logiciel, 2SI, lui permet rapidement de se faire remarquer sur le marché du travail. En fait : il sera un entrepreneur. Tour à tour sont fondés le premier incubateur du Sénégal, le CTIC Dakar, très en vue, puis Teranga Capital, un fonds d’investissement adressé aux jeunes pousses du milieu. Insatiable, il enchaîne et fonde en 2014 InTouch Group qui fait définitivement de lui l’un des patrons qui comptent le plus à Dakar. En effet, avant sa solution, l’interopérabilité entre les opérateurs n’étant pas disponible, les commerçants et les boutiquiers étaient obligés de s’équiper de plusieurs téléphones portables pour pouvoir gérer les offres de services de transferts d’argent et de mobile money. InTouch a trouvé la solution en commercialisant un agrégateur universel permettant aux commerçants d’accepter différents types de moyens de paiement, des espèces à la monnaie électronique en passant par les cartes de crédit et de débit. En 2017, les français Total et Worldwide (paiements électroniques) ont même investi 3,7 millions d’euros dans la start-up d’Omar Cissé. Fin observateur du monde des start-up et de la Fintech, Omar Cissé jette un regard critique jugeant que son pays manque d’un écosystème favorable et d’une vision politique affirmée de la part de l’État.

Vous êtes un exemple pour de nombreux entrepreneurs sénégalais. Qu’avez-vous fait de plus que les autres ? Comment expliquer votre réussite ?

Omar Cissé : Pour créer un business, il faut d’abord observer la société, et vouloir en résoudre les problèmes. InTouch est lancé en novembre 2015 à la suite de plusieurs constats. Le premier est qu’il y a 700 millions de clients mobiles en Afrique, et que beaucoup de services digitalisés (paiement des factures d’eau et d’électricité, achat de crédit téléphonique) se développent pour satisfaire les 300 millions de comptes de monnaie électronique sur le continent. C’est donc un secteur porteur.

Ensuite, j’ai observé les conséquences de la multiplicité des acteurs qui se disputent le marché de la monnaie électronique au Sénégal. Il y en a une quinzaine : Orange Money, Wari, Tigo Cash, etc. Résultat, les boutiquiers qui les utilisent ont d’énormes difficultés à gérer tous ces partenaires : contrats multiples, terminaux de paiement propres à chacun, etc. InTouch intègre tous ces acteurs dans une plateforme unique, avec un seul contrat, un seul terminal et un seul compte où l’on peut utiliser toutes les monnaies électroniques.

En 2017, vous avez réussi à faire la plus grosse opération de levée de fonds pour une start-up technologique jamais réalisée en Afrique francophone. Vous êtes en passe d’en faire une seconde dans les prochains mois. Que veulent les bailleurs de fonds ? Combien espérez-vous cette fois ?

Nous allons effectivement bientôt lever de nouveaux fonds, mais nos deux partenaires, le groupe pétrolier français Total et le spécialiste des paiements électroniques Woldline (filiale d’Atos), ne veulent pas révéler les chiffres. En tout cas, cela sera beaucoup plus qu’en 2017.

Cela a été possible car nous n’avons pas cherché seulement des partenaires financiers, mais aussi des partenaires stratégiques.

Notre premier investisseur, Total, est aussi notre premier client. On lui a fait une offre pour l’utilisation de la monnaie électronique dans ses stations essence, et l’entreprise a compris que notre offre prenait beaucoup de place dans leur chiffre. Très clairement, Total veut se positionner sur le marché de l’utilisation des services digitaux. C’est même l’un de leurs axes stratégiques fort. Pour cela, Total voulait que nous étendions notre offre aux 38 pays dans lesquels ils sont présents en Afrique. C’est pour cela qu’ils ont investi dans notre structure. Aujourd’hui, nous sommes dans sept pays : Sénégal, Côte d’Ivoire, Mali, Burkina Faso, Guinée, Kenya et Cameroun. D’ici à deux mois, nous nous lançons au Maroc.

Il y a d’excellentes conditions à Dakar pour le développement des start-up (bonne connexion internet, incubateurs, fonds d’investissement). Pourquoi leur développement n’explose pas au Sénégal comme c’est le cas au Kenya par exemple ?

Le Sénégal est une terre où naissent beaucoup de start-up par rapport à nos voisins d’Afrique de l’Ouest, nous n’avons pas à rougir de ce côté-là. Ce qui nous fait défaut, c’est l’écosystème qui permettrait l’expansion de ces start-up. Elles naissent, mais ne grossissent pas, voire disparaissent si elles ne sont pas aidées à l’amorçage. Au Sénégal, il existe des incubateurs comme Jokkolabs, CTIC Dakar, mais ils ne sont pas assez forts.

Il faut réussir à créer un écosystème qui se nourrit lui-même : des entreprises fortes aident à coups de gros moyens les jeunes pousses, via les incubateurs par exemple ; et lorsque celles-ci deviennent fortes, elles financent l’incubateur qui les a fait grandir. Sauf que le Sénégal manque d’entreprises fortes pour aider les jeunes pousses à devenir des champions technologiques. Les seules sont les opérateurs Orange et Tigo, et tant qu’elles ne verront pas l’intérêt de mettre de gros moyens dans le développement des start-up, rien ne se passera.

Au Kenya, le M-Pesa (monnaie électronique kenyane) a explosé, car à un moment l’opérateur Safaricom a accepté de fournir aux développeurs une interface permettant de démocratiser le M-Pesa. Grâce à lui se sont développées la monnaie électronique et les start-up qui gravitent autour. En 2012, le M-Pesa au Kenya représentait 76 à 80 % des transactions électroniques d’Afrique. En 2018, il représente moins de 50 %, et en parallèle, l’Afrique de l’Ouest en représente 36 %. Cela arrive progressivement en Afrique de l’Ouest.

L’État n’a-t-il pas un rôle à jouer dans le développement des technologies ?

Il est clair que le secteur privé ne peut pas réussir tout seul. Si le Rwanda se développe rapidement, c’est parce que la politique de l’État dans le domaine est clairement affirmée. Kagamé va chercher Ali Baba, le géant chinois du e-commerce, et fait en sorte de lui mettre à disposition les conditions nécessaires à son développement. C’est encore lui qui va négocier une fibre optique et s’assurer qu’elle soit desservie partout, etc. Cette volonté politique est extrêmement importante.

Il y a eu quelques actes forts de la part de l’État au Sénégal : la promesse d’un Parc technologique numérique (PTN) avec des réductions fiscales dans la nouvelle ville de Diamniadio d’ici à 2020-2021 ; le financement de start-up technologiques à hauteur d’un milliard de francs CFA via la délégation de l’entrepreneuriat rapide (DER), ce qui ne s’était jamais fait.

Mais l’État manque d’une vision politique affirmée qui permettrait de faire naître des champions sénégalais des technologies à l’échelle de l’Afrique. On ne peut pas se satisfaire des deux multinationales Orange et Tigo. Le Sénégal doit avoir ses propres champions.

Beaucoup de chefs d’entreprise se plaignent de ne pas trouver les compétences qui correspondent aux besoins de leurs entreprises chez les jeunes diplômés sénégalais. Comment régler ce problème d’inadaptation entre les diplômes distribués et les besoins réels du marché ?

Chez InTouch, nous n’avons pas de problème pour embaucher, notamment car nous avons une diaspora forte. Ceux qui partent se former en Europe rentrent de plus en plus.

Mais plus largement, en ce qui concerne la formation, l’État n’est pas seul à faire défaut. Les entreprises doivent elles aussi fortement y contribuer. Au MIT, les entreprises sont les principaux financeurs, elles investissent dans la recherche et en profitent ensuite. Pour le Sénégal, on revient au problème déjà signalé plus haut : la faiblesse de nos entreprises. InTouch est encore trop faible, mais le jour où l’entreprise sera forte, elle investira dans la formation, c’est évident !

L’Afrique est-elle en train de doubler l’Europe en matière d’innovation ?

Cela serait très prétentieux de l’affirmer. Mais c’est certain que le « leapfrogging », c’est-à-dire le progrès par bonds, se fera de plus en plus. Le développement de la monnaie mobile en est une preuve concrète.

Mais le plus intéressant, c’est qu’on voit émerger des solutions à des problèmes purement africains. Pendant longtemps, les pays du Nord nous apportaient des innovations qui n’étaient pas toujours adaptées à nos besoins. Notre développement était limité, car nous n’innovions pas. La monnaie électronique a émergé parce que l’Africain n’a pas accès à la banque, au crédit. C’est dans ce sens que nous devons continuer à cheminer.

Quel sera le prochain « leapfrogging » ?

La banque digitale sans doute. Je pense qu’elle va se déployer de manière incroyable, certainement via des opérateurs téléphoniques et des pureplayers, des spécialistes en la matière qui proposent une offre disruptive complètement différente, digitalisée, où la Big Data est un enjeu majeur. Ils auront accès à ton WhatsApp, à ton Facebook, analyserons à partir de ces données quel genre de client tu es, et décideront si oui ou non ils t’offrent un crédit. C’est ce genre de chose qui arrive en Afrique. Le continent devient un terrain intéressant et les Gafa le comprennent. Ali Baba commence à y entrer, Amazon y travaille.

(Avec Le Point)

Levée record de 125 millions d’euros réussi par le Sénégalais Tidjane Dème (Partech Africa) pour ériger un marché panafricain de la Tech

Après un premier tour de table de 57 millions d’euros réalisé en 2018, le fonds Partech Africa double la mise en finalisant une seconde levée record qui vient surpasser tous les objectifs de départ.

D’une taille cible initiale de 100 millions d’euros, Tidjane Deme et Cyril Collon, les deux general partners du fonds Partech Africa, ont réalisé lors du second tour un closing final à 125 millions d’euros, devenant de facto le fonds de VC dédié aux start-up technologiques le plus important en Afrique sur les tours de financement en série A et B.

Un closing avec d’importants bailleurs de fonds

Au premier rang de la quarantaine de souscripteurs ayant participé au closing figurent plusieurs gros bailleurs de fonds traditionnels tels que la Banque européenne d’investissement (BEI), l’IFC (membre du groupe de la Banque mondiale), Averroès Finance III (fonds géré par Bpifrance et Proparco), ainsi que la Banque africaine de développement (BAD), la Banque allemande de développement KfW et enfin la Banque néerlandaise de développement (FMO). « Nous assistons aujourd’hui à la validation de l’opportunité tech africaine par tous ces bailleurs de fonds, qui n’avaient jamais investi dans cette classe d’actif-là auparavant. Je constate que ce sont des acteurs qui s’engagent généralement sur le long terme et qui aujourd’hui regardent l’écosystème et se disent : il y a quelque chose à faire et nous souhaitons y participer. L’implication de ces bailleurs de fonds permet aussi de mettre en lumière l’impact des entrepreneurs africains et nous sommes très fiers d’avoir contribué à positionner la tech africaine dans leur stratégie », explique ainsi Tidjane Deme.

Les investisseurs privés ne sont pas en reste

Côté corporate, Partech Africa est parvenu à intégrer dans son closing plusieurs grands comptes actifs en Afrique et dans les marchés émergents comme Orange, Edenred, JCDecaux, Bertelsmann, L’Oréal ainsi que les grandes entreprises africaines Axian. « Le marché accélère beaucoup plus rapidement que ce que l’on anticipait il y a trois ans au moment où nous lancions ce projet. L’ambition africaine est aujourd’hui réelle pour tout le monde. Pas seulement pour les entrepreneurs africains qui construisent des start-up incroyables, mais également pour les corporates qui voient en l’Afrique un terrain aux perspectives de développement important, où la tech est en train de chambouler beaucoup de pré-carré et des segments de marché », avancent Cyril Collon et Tidjane Deme pour analyser cet engouement.
Pour décrocher des contrats commerciaux et des partenariats stratégiques pour le compte des entreprises du portefeuille, Partech Africa se dotera également d’un pôle de business développement dont la mission sera d’exposer les start-up africaines aux marchés européens et américains à travers des mises en relation au quotidien. Le fonds s’appuiera également sur un pool d’expertise composé de plus de 25 entrepreneurs à succès qui se sont engagés à soutenir, via le fonds, une nouvelle génération d’innovateurs. « Il s’agit d’entrepreneurs qui viennent des écosystèmes africains, européens ou américains, qui ont réussi et qui veulent investir en retour pour contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs. Certains sont des entrepreneurs dont les sociétés ont été financées par Partech, d’autres non. »

Miser sur les jeunes pousses de la Tech

Pour Partech Africa, la thèse d’investissement est demeurée la même depuis le début de l’aventure commencée en 2016 : miser sur des start-up africaines qui utilisent la technologie pour transformer en profondeur des secteurs restés largement informels et peu efficients. De l’éducation à la mobilité, de la finance à la logistique en passant par l’énergie. C’est ainsi que le premier investissement réalisé par Partech Africa en 2018 (pour 3 millions de dollars ) le fut dans Trade Depot, une start-up nigériane spécialisée dans le retail B2B, qui aide les commerçants informels du Nigeria – de la petite échoppe de rue au centre commercial – à gérer leurs stocks et leurs livraisons logistiques de manière très fine. « La tech agit comme un enabler dans beaucoup de secteurs. Quand on investit dans Trade Depot, on sait que cela a un impact stratosphérique sur des dizaines de milliers de commerçants qui deviennent autonomes. »

Partech Africa signera la même année une seconde prise de participation beaucoup plus importante dans Yoco. Une fintech sud-africaine qui produit des terminaux de paiements et des logiciels de caisse pour les PME africaines informelles. Cette fois-ci, pour la bagatelle de 16 millions de dollars. « Nous croyons fortement que ce sont les entreprises informelles qui constituent toute l’économie africaine. Cette capacité des start-up à digitaliser les secteurs informels, à utiliser les données pour structurer les secteurs informels, impactera toute l’économie », prédit Tidjane Deme. Dans la foulée de son closing final, Partech Africa en a profité pour annoncer l’inauguration, après Dakar au Sénégal, d’un second bureau africain à Nairobi, avec l’arrivée de l’investisseur Ceasar Nyagah, le nouveau directeur d’investissement Partech Africa qui sera basé au Kenya. L’ouverture prochaine d’autres bureaux africains n’est pas exclue même si Partech Africa souhaite inscrire son expansion dans un temps long. « Nous avons comme projet de former plus de monde aux métiers de l’investissement en Afrique, cela fait partie de notre ambition », conclut Tidjane Deme. Une vision de très long terme que les deux investisseurs veulent exécuter méthodiquement en l’inscrivant sur plusieurs années.

Par Samir Abdelkrim*
Fondateur de la plateforme EMERGING Valley et de l’entreprise de conseil StartupBRICS, a parcouru une vingtaine d’écosystèmes numériques africains et en a tiré un livre, “Startup Lions, au coeur de l’African Tech”.

Gbagbo, vendredi décisif : toujours in ou enfin out ?

Peut-être pour la dernière fois, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, vont entrer ce vendredi 1er février dans la salle d’audience de la Cour pénale internationale (CPI), à La Haye, aux Pays-Bas. Comme ils l’ont déjà fait à plus de 230 reprises, ils vont prendre place sur le côté droit de cette grande et haute pièce aseptisée, derrière leurs avocats qui vont tenter d’obtenir leur remise en liberté.

Car si le 15 janvier dernier, près de trois ans jour pour après le début de leur procès pour crimes contre l’humanité, l’ancien chef de l’État et son ex-ministre de la Jeunesse, ont été acquittés, ils sont encore loin d’en avoir fini avec la juridiction internationale. Ce soir-là, malgré leur victoire, ils ont regagné l’aile de la prison de Scheveningen réservée aux hautes personnalités, qu’ils occupent respectivement depuis sept et près de cinq ans.

La défense refuse le « principe de précaution » de l’accusation

Ordonnée par les juges de la chambre de première instance de la CPI, la levée d’écrou a aussitôt été suspendue. Alors qu’il a annoncé qu’il avait l’intention de faire appel de l’acquittement de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, le Procureur souhaite en effet maintenir les deux hommes en détention d’ici là.

JA

« Les Anges » : documentaire sur le tabou de l’infertilité au Sénégal

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Dans son documentaire « Les Anges », la journaliste britannique Jane Labous s’attaque au tabou de l’infertilité au Sénégal et donne la parole à des femmes qui se battent pour, un jour, devenir mères.

« Si vous ne voyez pas de larmes, ça ne veut pas dire que je ne pleure pas ». Dans Les Anges, des Dakaroises et des Dakarois ayant des difficultés à avoir des enfants se confient, face caméra. Un sujet tabou au Sénégal, et sur lequel les données manquent. Une chose est sûre, la plupart du temps, lorsque le premier enfant tarde à venir, c’est la femme qui est pointée du doigt comme étant celle qui est incapable d’enfanter. « Au Sénégal, être infertile, c’est être sans but, maudite, mauvaise épouse », pose le documentaire de la réalisatrice britannique Jane Labous en préambule.

Le projet, financé par le Centre européen de journalisme, comprend deux parties. Les Anges, un court documentaire de 8 minutes, factuel, qui expose le phénomène, et Tu n’est pas seule, un second film dont la date de sortie n’a pas encore été fixée, plus long et plus intimistes, qui porte cette fois sur le témoignage de deux femmes.

« Je voulais un format court, qui permette notamment de faire parler du sujet dans les médias, et un autre, plus long et avec une vision artistique plus assumée, dans lequel on pourrait entrer dans le fond de la question », explique la réalisatrice.

Dans Les Anges, tourné en septembre 2018, Jane Labous voulait notamment « montrer aux femmes qui rencontrent des difficultés à enfanter qu’elles ne sont pas seules dans cette situation » et souligner le caractère « universel » de la question. « Je voulais aussi montrer le « vrai » Dakar. Une ville où il y a aussi des femmes « modernes », audacieuses, éduquées, issues d’une classe moyenne prospère. Des femmes qui remettent à plus tard le fait d’avoir des enfants, afin de se concentrer d’abord sur leur carrière. Elles remettent aussi à plus tard le mariage, car elles n’ont pas encore rencontré la bonne personne. je voulais montrer qu’à Dakar, des femmes dans la trentaine font face aux mêmes problèmes que celles qui vivent à Londres ou Paris. »

Le recours à la FIV gardé secret

Au Sénégal, le coût élevé d’une fécondation in vitro (FIV) la rend inaccessible pour de nombreuse femmes : il faut compter environ 3 millions de francs CFA par tentative. Un tarif très élevé, sans garantie de résultat, alors même que le taux de réussite d’une FIV est d’environ 30%. Et même lorsque la FIV est un succès, les femmes qui y ont eu recours préfèrent garder secret, par crainte d’être stigmatisées.

« J’ai commencé à faire des FIV en 2007, quand le laboratoire de biologie de la reproduction a été créé. Lorsqu’une femme finit par avoir ce bébé, elle préfère le cacher, parfois même à sa famille, pour montrer qu’elle aussi a réussi à le faire naturellement. Parce que, si on le fait de façon artificielle, cela continue à prouver qu’elle n’a pas été capable de le faire toute seule », explique le docteur Rokhaya Ba, gynécologue au cabinet Gynéplus, à Dakar.

Quant-à l’éventualité d’une prise en charge par l’État, Jane Labous reconnaît que le combat semble, pour l’instant, vain. « Il y a aujourd’hui encore de trop nombreuses femmes qui meurent en accouchant [Au Sénégal, cinq femmes meurent chaque jour en couche ou des suites de complications liées à la grossesse, selon des chiffres de l’Unicef, ndlr], alors l’infertilité est loin d’être une priorité. »

Pour la réalisatrice britannique, c’est donc une évidence, « les pouvoirs publics n’accordent pas beaucoup d’importance au sujet de l’infertilité », avec pour conséquence « un manque d’informations sur ce que peut faire un couple ou une femme pour faire face à l’infertilité ». Un déficit que son documentaire entend donc participer à combler.

Jeune Afrique

Moustapha Guirassy, S.U.D : « Nous appelons à voter Idrissa Seck, homme de dépassement » (déclaration intégrale)

Voici la déclaration liminaire intégrale prononcée par Moustapha Guirassy lors de la conférence de presse de S.U.D, ce jeudi 31 janvier 2019 :

Mesdames Messieurs, chers journalistes,

Nous vous avons convié à cette conférence de presse pour livrer au peuple sénégalais notre position sur l’élection présidentielle du 24 février 2019 et notre expression de volonté pour le pays.

Tout d’abord, permettez- moi de remercier mes chers frères et sœurs Unitaires, les militants du parti S.U.D., Sénégalais Unis pour le Développement, et tous les militants de nos partis et mouvements alliés au sein de la coalition Guirassy 2019.

Je les remercie, ainsi que l’’ensemble de nos équipes qui se sont mobilisées avec engagement, dévouement et sens de l’amitié durant les quinze mois écoulés, pour une pré-campagne responsable, éthique et imbue des valeurs sénégalaises.

Certes, à l’issue de ce parrainage controversé, notre candidature n’a finalement pas été retenue, il n’en reste pas moins que nous restons fiers de notre parcours, en toute humilité, tant les valeurs, l’esprit républicain, le sens patriote, et le sérieux des responsables, militants et sympathisants de S.U.D et au-delà, de la Coalition Guirassy 2019 sont et demeurent exemplaires, et salués de tous.

Nous mesurons pleinement la valeur de leur engagement personnel et la sympathie de beaucoup de Sénégalais de bonne volonté qui ne sont pas nos militants, dictés par la volonté de redresser notre pays. Ils nous ont adressé tant de témoignages d’amitié, d’estime pour notre combat et de soutien envers notre engagement. Nous en sommes profondément touchés et nous les en remercions.

Le combat démocratique continue plus que jamais pour les Unitaires que nous sommes. A cet égard, de par les échos qui me parviennent de partout dans le pays et de la diaspora, nous nous félicitons profondément de savoir que nos militants et sympathisants restent mobilisés, pour contribuer de manière décisive à faire advenir le changement, l’alternance démocratique et mettre au pouvoir les ruptures essentielles qu’exige la gouvernance de notre pays, à compter du 24 février 2019.

Aux Unitaires et aux militants de la coalition Guirassy 2019, je les rassure qu’ils auront à l’occasion des législatives et des locales, la possibilité de faire entendre la voix du centre politique que nous incarnons. Cette voix nous aurons l’occasion de la faire entendre d’ailleurs dès à présent, lors de l’élection présidentielle du 24 février. Nous ferons entendre la voix du centrisme dans cette élection, dans le droit fil de notre projet politique qui fait l’addition du meilleur de deux idéologies clivantes et obsolètes que sont le libéralisme sauvage qui abandonne les plus fragiles dans le piège des disparités sociales de l’économie de marché d’une part et d’autre part, le socialisme et la social-démocratie qui tendent à tout niveler par le bas et ne tiennent pas compte du mérite personnel et du droit de chacun à obtenir ce à quoi ses talents et son travail le prédisposent, confondant égalité et équité. Car il nous faut choisir ce qu’il y a de préférable et même de mieux pour notre pays. Notre rêve commun, c’est que nos enfants puissent vivre dans un pays libéré des pesanteurs de son extraversion économique vers l’Occident, débarrassé de la hantise de l’accaparement de nos maigres ressources par quelques-uns et dégagé de la démission des élites de leur responsabilité d’indiquer le droit chemin par l’exemplarité de leur comportement. C’est notre ambition, c’est notre rêve. Mais l’avenir du Sénégal est d’abord entre les mains des Sénégalais, de tous les Sénégalais. C’est eux qui feront le choix, de manière souveraine, le 24 février prochain. Toutefois, nous, en tant qu’Unitaires de SUD et coalition Guirassy 2019, nous pouvons faire l’expression de notre volonté pour le pays, afin de placer le Sénégal définitivement En Tête. Nous avons le devoir de le faire.

Nous avons emprunté la voie de la médiété et du juste milieu, qui est ce qui permet de se rapprocher le plus de la sagesse. Nous nous y tiendrons avec deux seules préoccupations à l’esprit : la place centrale du citoyen dans les politiques publiques et la consolidation constante de la cohésion nationale. La voie nouvelle que nous avons ouverte a des fondements spirituels et puise le meilleur du système libéral à savoir l’initiative individuelle, le respect des droits et des devoirs, l’effort et le travail, la compétitivité et la pluralité. Comme elle puise le meilleur du socialisme à travers ses aspects de cohésion sociale, d’équité́ et d’humanisme. Un système qui veille au maintien de l’équilibre entre libération des talents et des énergies individuelles, des initiatives économiques et des investissements, sans jamais négliger les problématiques liées à la pauvreté́ et à la vulnérabilité. Cette trajectoire, plus que toute autre idée politique, se bat pour une société́ sénégalaise apaisée, à la recherche d’un juste équilibre, d’une médiété, où chacun trouve sa place en tant que personne humaine, dans le respect de l’autre, loin des sentiments de « Jaay Dolé », d’injustice ou d’impuissance, engendrés par le non-respect des droits du citoyen.

Les enjeux de cette élection présidentielle sont donc fondamentaux et engagent l’avenir de nos enfants et le quotidien de tous les Sénégalais, pour plusieurs années.

Dans un pays qui vit une Crise, que beaucoup définissent comme celle des Valeurs, ces mois passionnés de pré-Campagne Electorale nous ont permis de comprendre, qu’en vérité, c’est la Crise du SENS que traverse le Sénégal depuis plusieurs années qui explique notre crise économique et sociale. C’est pour cela que le choix que nous porterons aujourd’hui sur un candidat n’est pas d’abord basé sur les programmes, mais en premier lieu sur l’essence qui les engendre. C’est-à-dire les valeurs que ce candidat s’efforce de vivre et d’incarner et qu’il partage avec nous et la majorité des Sénégalais. Dans notre choix pour cette présidentielle, nous mettons d’abord en avant la quête de sens et nous soutiendrons le candidat qui poursuit avec le plus de ténacité, d’abnégation et d’engagement cette quête de sens : Le SENS de la République, c’est à dire le sens du respect de la Chose Publique. Le SENS de la primauté de l’Intérêt Général sur les Intérêts Particuliers. Le SENS du respect de la Parole Publique et de la parole donnée. Parole Publique qui n’a plus de SENS ni de VALEUR. Le SENS de la Citoyenneté, enfin, qui est à restaurer, notamment pour redonner l’espérance à la jeunesse sénégalaise et la rendre fière de notre pays, lui donner foi dans leur capacité à contribuer à construire ce pays, où qu’ils soient à l’intérieur de nos frontières ou loin du pays.

Aussi, l’enjeu capital de cette élection, c’est de porter à la tête du Sénégal l’homme politique le plus aguerri et le plus expérimenté, en matière de dialogue démocratique avec le peuple pour obtenir ses suffrages d’abord, et en matière de gestion des affaires de l’Etat ensuite. Et qui pour cette raison saura mettre le pays au travail et garantir la juste rétribution du mérite de chacun ainsi que le soutien aux plus défavorisés, d’abord en restaurant l’équilibre entre les pouvoirs présidentiel, législatif et judicaire et ensuite en garantissant l’indépendance de la justice, qui se doit d’être juste et impartiale afin que la confiance existe entre les citoyens et qu’elle revienne entre les acteurs économiques et entre les acteurs politiques.

L’enjeu primordial de cette élection présidentielle, c’est de confier la conduite des destinées des Sénégalais à un homme capable de savoir que lorsque l’on vous met au-devant, c’est d’abord pour suivre la route indiquée par le peuple que vous devez servir, avec humilité, éthique et pondération. Celui qui, parce qu’il l’a dénoncé et combattu avec vigueur et détermination depuis plus de quinze ans, saura garder sa famille en dehors des affaires de l’Etat, ne pas céder au népotisme et mettre fin au clientélisme qui favorise les amis et fait signer des contrats à l’Etat uniquement pour contribuer à construire des fortunes illicitement amassées. Un Président de la République qui nommera aux emplois civils et militaires avec pour seul critère l’excellence du cursus et les compétences avérées des ressources humaines sénégalaises qui seront à la disposition du pays.

L’enjeu décisif de cette élection présidentielle, je vous le dis, c’est de mettre la plus haute charge de notre pays entre les mains d’un produit de la méritocratie républicaine qui passe par l’école sénégalaise dont il est issu. Et qui pour cette raison, saura ne pas tolérer qu’il y ait 5000 abris provisoires au-dessus de la tête de nos écoliers alors que des investissements somptuaires de prestige sont accumulés à 50 kilomètres de Dakar, avec pour seule résultat inéluctable de renforcer la macrocéphalie de la capitale et de creuser les inégalités territoriales et donc sociales, auxquelles il faut mettre fin.

L’enjeu de fond de cette élection présidentielle, c’est d’élire un fils du Sénégal en pleine capacité de fixer un cap clair et mobilisateur au secteur privé national, car ayant à la fois exercé une profession libérale et des responsabilités publiques, et à même de faire prévaloir la préférence nationale et le patriotisme économique, là où les intérêts nationaux ont trop souvent et trop longtemps été bradés au seul secteur étranger, pour instaurer une coopération économique internationale protégeant les intérêts du Sénégal, porteuse de valeur ajoutée pour son économie et également soucieuse de ses échanges avec notre voisinage communautaire de l’UEMOA et de la CEDEAO.

Enfin, l’enjeu crucial de cette élection présidentielle, c’est de restaurer des politiques publiques soucieuses de préserver les équilibres écologiques et de promouvoir un développement durable et inclusif, ayant à cœur de développer les potentialités de tous les enfants du Sénégal par l’éducation et la formation, et de mettre en valeur le potentiel de tous les terroirs, en utilisant de manière durable nos ressources pétrolières et gazières récemment découvertes, tout en mettant sur pied un environnement sécuritaire fort et protecteur pour les populations et nos ressources.

Aussi, voterons-nous en faveur du Président Idrissa Seck et nous appelons à voter pour lui. Nous avons pu, comme du reste beaucoup d’autres Sénégalais, évaluer ses actions en faveur du peuple sénégalais et son engagement politique et public, commencé il y a plus de trente ans, quand il a été le plus jeune et le premier directeur de campagne d’un candidat à la présidentielle en 1988.

Un bilan a toujours deux colonnes : l’actif et la passif. Dans le cas du Président Idrissa Seck, l’actif l’emporte largement. Son programme, ses discours, ses actes, sa vision, son ambition pour le Sénégal, son envie de faire, sa détermination, et son courage sont autant de paramètres qui nous renforcent dans notre conviction : il a sans nul doute la capacité et les moyens nécessaires pour réaliser les objectifs déclinés plus haut.

Les difficiles épreuves politiques qu’il a endurées pendant plus d’une décennie, sans perdre courage ni volonté de servir, nous convainquent qu’il a intériorisé une somme d’expériences qui lui ont par ailleurs permis de développer le sens du dépassement, la vertu du pardon, une grande capacité de résilience, et atteindre ainsi un haut degré de sagesse, de pondération et de sérénité intérieure sans lequel aucune gouvernance ne peut être éthique et durable.

Or, notre pays a besoin de se sortir de ce cycle de vengeance, de règlement de compte, de clanisme, d’amateurisme et d’improvisation. De notre point de vue, l’expérience du Président Idrissa Seck et les épreuves subies sont une garantie pour le pays et sa stabilité. Il sera, nous n’en doutons pas, ce grand homme d’Etat au service exclusif des intérêts supérieurs du peuple sénégalais.

Il faut rassembler tous les Sénégalais autour d’un même idéal de progrès social, économique et démocratique.

Choisir entre des candidats avec qui j’ai les meilleures relations, n’a pas été chose facile. Mais la nation exige de chacun de nous que le meilleur de nous-même lui soit donné surtout en termes d’intégrité.

Il me fallait donc choisir. Choisir pour les enfants, choisir pour les jeunes, choisir pour les femmes. Choisir pour ceux qui souffrent.

C’est la diversité des couleurs et des formes qui fait la beauté d’une tapisserie. Dans une démocratie, certains doivent absolument savoir résister, se battre et mourir pour d’autres ; sinon qui défendra le pauvre, qui défendra le citoyen dont les droits sont bafoués, qui défendra les faibles, qui pour dire trop c’est trop.

Que les femmes et hommes libres s’indignent alors quand l’injustice et la corruption sont érigées en mode de gouvernance ! Ne pas le faire et se taire, c’est trahir sa foi ; c’est trahir ses convictions, c’est vendre son âme.

« Il vaut mieux être pendu pour la loyauté que d’être récompensé pour trahison » disait Vladimir Poutine.

Enfin avant de terminer je demande à tous de garder à l’esprit parti, ambitions de notre parti demeurent intactes.

Le SUD est un parti jeune, en construction ; nous avons une vision et une ambition assez originale pour Notre pays pour prendre le risque de stopper notre cheminement.

Nous ferons ce Sénégal avec ce qu’il a de meilleurs en vertus et en compétences.

Pour que Vive le Sénégal.

Fait à Dakar, le 31 janvier 2019
Pour le Bureau Politique de Sénégalais Unis pour le Développement (S.U.D)
Le Président
Moustapha Mamba Guirassy

Ligne de départ : Madické Niang, le plan qui bée

Madické Niang, autoproclamé candidat plan B du Parti démocratique sénégalais auquel il appartient (?), parti qui persiste à désavouer sa candidature depuis son annonce, la jugeant dissidente face à celle de Karim Wade, qui est l’empêché de luxe de cette présidentielle avec Khalifa Sall.

Devant une des nombreuses mosquées de Dakar, Ibrahima Faye porte un gilet orange. C’est pour mieux être vu sur les routes : l’homme est mécanicien et répare bénévolement les voitures qui vont dans la ville sainte de Touba. « C’est quelqu’un de bien. Il a un caractère ferme, et il aide les gens. La chose la plus importante dans la vie, c’est aider. Il aide. C’est quelqu’un de superbe », affirme-t-il.

Touba, la destination préférée de Madické Niang pour faire campagne. Le candidat bénéficie d’une grande popularité dans ce bastion historique du PDS. Mais Madické Niang manque d’appui sur le territoire, estiment ses détracteurs. Le candidat assure qu’il est loin d’être seul : « La réalité est là pour apporter un démenti cinglant. J’ai des représentants partout. »

Pour le pays, il souhaite s’inspirer de son mentor : l’ancien président Abdoulaye Wade : « Ma vision est aujourd’hui celle que le président Wade avait déclinée en libéralisme social qui peut encourager la concurrence tout en soutenant les couches les plus défavorisées. »

Un exercice d’équilibriste

Mener son aventure revendiquant sa filiation avec Abdoulaye Wade mais sans le PDS, c’est l’équation que doit encore résoudre le candidat. En effet, début octobre 2018, Madické Niang se porte candidat à la présidentielle. Un coup d’éclat rapidement désavoué par la majorité du Parti démocratique sénégalais. Désavoué surtout par Abdoulaye Wade, l’ancien président signe un communiqué au vitriol dans lequel il accuse le dissident d’être téléguidé par le pouvoir, directement par Macky Sall.

Pourtant Madické Niang a toujours assuré s’être positionné comme le plan B, le recours en cas d’invalidation de la candidature de Karim Wade. L’homme a vu juste. Le candidat investi par le PDS a bien été exclu du scrutin par le Conseil constitutionnel. La ligne du parti, elle, n’a pas bougé : c’est Karim Wade ou rien.

Né à Saint-Louis, Madické Niang est un fidèle parmi les fidèles d’Abdoulaye Wade. Ministre des Affaires étrangères en 2009, il est encore l’avocat de l’ancien président lors de l’affaire Babacar Seye. A 65 ans, l’homme assure qu’il sera la surprise de l’élection.

Papis Lo, étudiant, est quant à lui mitigé sur les chances de Madické Niang. « C’est vrai qu’il a pris ses responsabilités. Il veut partir tout seul. Pour moi, il ne sait pas ce qu’il veut. Je pense que c’est ça son problème. »

Reste à savoir si le vote des électeurs du parti est conditionné par le soutien d’Abdoulaye Wade. Un geste que le candidat n’a toujours pas obtenu.

Ligne de départ : Macky Sall, le sortant décidé à inaugurer un nouveau bail

Macky Sall,  le président sortant, tombeur d’Abdoulaye Wade en 2012, dirige le pays depuis sept ans et a fini de tout mettre en place pour rempiler à la tête du Sénégal.

Ne rien laisser au hasard : quadriller le territoire, débaucher des opposants, comme Assaita Tall Sall ce lundi, pour affaiblir ceux qui veulent sa chute. La stratégie, Macky Sall connaît : il a organisé la réélection d’Abdoulaye Wade dès le premier tour en 2007. La seule de l’histoire. Pour ses soutiens comme Amadou Niang sa réélection est donc évidente.

« 100% pour Macky Sall. Le pays progresse. Beaucoup de choses ont été faites, mais qui restent encore à l’état de projets. Donc je suis sûr qu’il sera réélu. »

Accusé par l’opposition d’avoir instrumentalisé la justice pour éliminer Khalifa Sall et Karim Wade, Macky Sall a toujours nié et déclaré que tout ce qu’il faisait, c’était pour le Sénégal. « Si nous nous battons pour mettre un TER, ce n’est pas pour moi pour que j’aille prendre un TER [le train express régional qu’il vient d’inaugurer]. C’est pour le prestige et aussi l’aura du Sénégal », avait-il clamé récemment.

Face à Macky Sall, l’opposition tente depuis deux mois de s’allier et de mobiliser ses militants comme Fatoumata Diémé : « Nous sommes là pour réclamer l’Etat de droit, pour montrer à Macky Sall que trop c’est trop. »

Macky Sall multiplie les inaugurations

S’il estime que l’opposition n’a aucun poids, Macky Sall a néanmoins bien compris qu’un second tour pourrait être compliqué pour lui. D’où sa volonté d’être réélu dès le premier.

Or, tel un bulldozer, ou le TER – inauguré alors qu’il est loin d’être terminé – Macky Sall semble aujourd’hui difficile à arrêter. L’objectif du chef de l’Etat est simple : être réélu dès le premier tour.

Depuis le début d’année, le président ne laisse rien au hasard et enchaîne, quasiment chaque jour, les inaugurations de bâtiments, de routes, de centres de formation, de marchés. C’est ce bilan que Macky Sall met en avant au point de considérer qu’il n’a pas à en débattre avec ses adversaires.

Pour ses détracteurs, ses contrats attribués en majorité à des entreprises étrangères n’ont fait qu’endetter le pays. L’opposition accuse aussi Macky Sall de chercher à commettre un hold-up up électoral en excluant Khalifa Sall et Karim Wade de l’élection. Faux, archi-faux, « la justice sénégalaise est indépendante » réplique la présidence.

Macky Sall a en tout cas réussi à garder sa coalition. Pour la première fois le PS n’a pas de candidat. Ses quatre adversaires ne sont pas des poids lourds. Certains parlent donc d’un boulevard et rappellent encore que lorsqu’Abdoulaye Wade a été réélu au premier tour en 2007, c’est un certain Macky Sall qui était donc le stratège de sa campagne.

Ligne de départ : Issa Sall, l’équation inconnue

Issa Sall est le candidat très religieux du Parti de l’unité et du rassemblement, le PUR.

Des cinq candidats, Issa Sall est le plus singulier, mais aussi le moins connu. L’homme est à part dans l’opposition, ne fait partie d’aucune coalition ou alliance. Mais ce qui étonne le plus, c’est la facilité avec laquelle il a pu collecter et valider du premier coup tous ses parrainages. Condition obligatoire afin de pouvoir se présenter.

La collecte minutieuse effectuée par ses troupes, montre comme Issa Sall s’est constituée une base électorale solide dans les 14 régions du Sénégal. À 63 ans, le transfuge du parti socialiste a eu le temps d’avoir plusieurs vies. Informaticien de formation, passionné d’arts martiaux, l’homme a fondé une université privée à Dakar.

Fil rouge de son parcours : la religion. Lui-même Moustarchidine, une branche rigoriste de la confrérie des Tidianes, il avait rendu pendant son investiture un vibrant hommage au grand khalife de la confrérie, mort en 2017. Issa Sall a donc fait le pari de mettre en avant sa religion, un argument électoral qui peut se révéler puissant dans un pays musulman à 95%.

« C’est un leader qui a des principes, des convictions »

Un argument qu’Issa Sall met en avant d’ailleurs dans l’établissement scolaire privé dont il est le fondateur, l’université du Sahel. Jeans déchirés, boissons sucrées, dès l’entrée une affiche interdit de tels objets à l’université du Sahel. Un règlement strict à l’image d’Issa Sall. Awa Mbengue a été son élève : « Et c’est un homme un peu ferme quand même. C’est un bon candidat pour diriger ce pays. C’est un leader qui a des principes, qui a des convictions. C’est ça qu’on attend dans ce pays ».

Le candidat et président de son université reçoit dans son bureau du premier étage. Cette rigueur, elle s’applique aussi à l’organisation de son parti. Selon lui, son atout pour 2019 : « Ce n’est pas pour rien que nous sommes sortis premiers au niveau du parrainage. Ce n’est pas pour rien que nous avons mieux mobilisé que n’importe quel parti. Il y a aussi que nous avons beaucoup de cadres dans notre parti, contrairement à ce que les gens pensent. Je veux dire des quatre premiers candidats, je ne suis pas le moins diplômé, je ne suis pas le candidat qui a le moins de responsabilités ».

« On ne le connaît pas pour sa flexibilité »

Cette fermeté affichée peut être une faiblesse pour Issa Sall. C’est ce que pense cet autre étudiant : « Je pense que pour les Sénégalais, quand quelqu’un vraiment est très ferme, il peut à un certain moment les étouffer. Je crois que ce sera ça sa faiblesse. On ne le connaît pas pour sa flexibilité. Quand il faut des règles, c’est ça qu’on respecte ».

En 2017, aux législatives, Issa Sall avait obtenu trois députés, son parti était alors le quatrième du pays.

Ligne de départ : Ousmane Sonko, étoile montante ou étoile filante ?

Ousmane Sonko est l’étoile montante de cette campagne présidentielle qui souvre, homme politique au style vif et aux positions tranchées, il prône par exemple la sortie du franc CFA. Connaitra-t-il le sort d’une étoile filante.

« Tchouraï yu Deum », « l’encens qui fait partir les mauvais esprits ». Ousmane Sonko a utilisé récemment cette expression pour parler de lui. Prouver qu’il ne vient pas du sérail, que sa politique, s’il est élu, sera différente, basée sur la transparence et la solidarité. C’est l’argument numéro un du cadet de cette élection.

A 44 ans, Ousmane Sonko, qui est né à Thiès et a grandi en Casamance, met en avant son parcours. Major de sa promotion à l’ENA, il a fait sa carrière à l’Inspection générale des impôts où il a créé très tôt, en 2005, le premier syndicat de cette institution. Et c’est via cet organisme qu’il a développé son réseau et dénoncé les abus, la corruption au sein du pouvoir actuel. Au point d’être radié en 2016 pour manquement au devoir de réserve.

Ousmane Sonko a su très vite rebondir en lançant son parti et remporter sa première victoire politique en devenant député un an plus tard en août 2017.  Ses détracteurs le jugent trop jeune, sans expérience. « Je n’ai jamais rencontré un chef d’Etat en exercice », admet le candidat qui rêve d’un débat avec le président Macky Sall.

Le changement pour ses sympathisants

L’université de la capitale a toujours été un vivier politique. Toutes les tendances y sont représentées mais, ces derniers mois, les sympathisants d’Ousmane Sonko y sont de plus en plus nombreux.

Pour El Hadj Amadou Diop, étudiant, le candidat incarne le changement : « Nous pensons qu’Ousmane Sonko ne va pas diriger comme les autres. Une petite partie des Sénégalais exploite la quasi-majorité des Sénégalais. C’est ça qu’Osmane Sonko prône à changer ».

Changer le système, le mode de gouvernance, en donnant notamment moins de pouvoir au président, c’est l’un des axes de campagne d’Ousmane Sonko : « Il n’y a qu’une seule institution en réalité, c’est l’institution présidentielle. Vous ne pourrez jamais construire une démocratie sur cette base, parce que vous n’avez plus de justice, de pouvoir législatif, les politiques publiques ne sont pas soumises au contrôle. Et ça, c’est l’un des grands problèmes de notre système ».

La transparence, la solidarité sont au cœur du pacte qu’Ousmane Sonko propose aux électeurs. S’il s’est fait rapidement un nom, le verdict des urnes décidera de la suite de sa carrière politique.

Le BCG reste avec Macky : retour en zone de Jean-Paul Dias

Retourné dans le camp présidentiel, Jean Paul Dias s’explique. Le Bloc des centristes-gaïndé (Bcg) demeure dans la coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby), selon son secrétaire général Jean-Paul Dias. Le père de Barth a déclaré que son parti travaille pour obtenir un second mandat à Macky Sall.

« Nous sommes dans le camp présidentiel. J’étais quelqu’un qui était partie prenante pour la rencontre d’hier. C’est pourquoi d’ailleurs, à un moment donné dans la rencontre, lorsqu’on a présenté ceux qui étaient venus renforcer le camp présidentiel et que dans la foule certains ont voulu que je sois présenté comme tel, le président de la République a tenu à clarifier des choses en indiquant que Jean-Paul Dias était là depuis 2012, dans le cadre de Macky-2012 même. Et que, donc, peut-être, il y a eu des malentendus qui nous ont éloignés l’un de l’autre. Mais que toutes les choses étaient rentrées dans l’ordre ».

L’objectif de Dias père, dans cette élection présidentielle du 24 février 2019, est d’ »essayer d’apporter (sa) modeste contribution dans le calme, dans la paix et personnellement. Je souhaite que ça se passe bien ».

Ainsi, Jean-Paul Dias estime qu’il a des idées pour le futur. « Après la victoire, nous voulons que des initiatives soient prises pour que tous les fils du pays puissent se rencontrer, se retrouver au moins dans un consensus.  Je suis partisan de ça, de même que mon parti le Bcg », dit-il.

Inventaire des Idoles : « Frères Guissé & Touré, la recette de l’authenticité » (Par Elgas)

Les chants de circoncision restent les meilleurs souvenirs de mon enfance et de mon adolescence à Ziguinchor. Ils ne demandaient pas grand-chose, pas de matos, ni même d’occasions particulières. Suffisait juste qu’une bande de camarades les entonne en chœur – qu’il y eût des circoncis en initiation ou pas, peu importait – il fallait juste que la magie nous prenne pour nous nous missions à chanter. En mandingue, en peulh, ou en diola, nous les connaissions toutes. Ils gardaient la même complicité, malgré les langues différentes, la proximité des mélodies, la communauté du rythme, et – bénédiction sans doute – les mêmes sens. Dans les rues de Ziguinchor, le jour de la sortie de réclusion des circoncis, les fêtes battaient leur plein sous les chants d’initiation et les voix innocentes de l’enfance étaient le cœur de la chorale. En tête des processions, j’avais souvent le diable au corps en déclamant en mandingue ce rituel. Il me semblait, dans l’intonation, dans la gravité qui nous habitait, dans notre gourmandise à chanter, qu’il y avait là comme dans ces chants notre histoire et surtout notre unité. Je me plais souvent à faire ce rapprochement. Les chants de circoncision sont d’autant plus un trésor, qu’ils sont gratuits dans la communauté et presqu’introuvables dans le champ du monde. Il m’est arrivé souvent de les rechercher via les plateformes modernes, sans grands succès. Et cela ne m’a pas ébouillanté. Je consentais à les laisser au secret.

C’est souvent une question de lignée, de tribu, de communauté, de famille. Les chants portent ce flambeau qui traverse les générations avec un legs. Sans jamais souffrir de fermeture, ils s’ouvraient à toutes les autres communautés. La fondation était là, source commune, comme la métaphore d’une nation qui existait déjà, surplombant pour mieux les célébrer, les ethnies et les groupes. Je chantais avec mes amis peulh [Jibi leli], avec les mandingues, [Ledula], avec les Joolas, [Assekawo] … Et sans doute beaucoup d’autres, partout dans le pays, pouvaient témoigner de cette souplesse et de cette agilité qui est le premier pilier de la civilisation de l’universel. Tous ces chants me sont restés en mémoires, et pour les enrichir, je me trouve souvent admirer les choristes de Salif Keita, les chœurs Yiddish et bien d’autres chants en groupe qui vous remuent comme seules savent mieux le produire : les versets du Coran ou les chants religieux, vers quelques Dieux ils se tournent.

Quand je me replonge dans l’anthologie nationale de notre musique, c’est comme par évidence, que je trouve chez Touré Kunda, chez les Frères Guissé, comme les gardiens de cet esprit de mon enfance, qu’ils ont su faire voyager, et qu’ils ont façonné comme la recette de l’authenticité.

Chez les frères Guissé, cette impression s’est manifestée très vite à mon plus grand bonheur. Il y avait bien une patte, un savoir-faire, une esthétique, une tradition du chant que la complicité familiale sublimait. Sublimes paroliers, chez eux, le frisson de la mélodie chemine divinement avec la grandeur du texte. Chanson morale sans être moralisatrice, elle édictait de ces leçons sociales fortes, confessées par des voix harmonieuses et basses. Comme une signature, les titres de toutes les chansons tenaient en un seul mot [Ciré, Ndèye, Fama, Yakaar, Laram…] On y voit célébrer la femme, la mère, la sœur, l’amante… Tout le répertoire des émotions où perlent les voix de ce groupe masculin, qui comme dans une mission, entretient la flamme des traditions qui libèrent l’individu. En naviguant du peulh au wolof, en gardant les mêmes trames, le même génie mélodieux, les frères Guissé ont marqué la scène musicale de leurs empreintes singulières. Tout paraît si fluide, si naturel. Par-dessus tout, on sent la volonté de préserver un savoir artisanal et vocal, qui prend source dans la lignée et qui épouse la modernité pour mieux rester inaltéré en son cœur. A l’image de Wasis Diop, de Samba Diabaré Samb, il y a un écho singulier, l’impression d’une différence, d’une particularité, d’un souffle historique qui leur assurera certainement une glorieuse postérité. Le talent a cette longévité, toujours plus inaltérable, dès qu’il s’enracine dans l’authentique.

Le Sénégal a eu une chance d’avoir eu, en même temps, sur la même scène, des artistes, d’une même génération plus ou moins, Youssou Ndour, Omar Pene, Baba Maal, Ismaël Lô, Touré Kunda, Frères Guissé etc…Comme pour les écrivains français du 19 siècle, la génération des Zidane – Ronaldo au foot, il existe comme ça des cohabitations de génies, des générations qui relèvent du don. On peut gager que cette grâce a touché ces frères casamançais de Touré Kunda. Sous l’aile du frère aîné-éclaireur qui a initié et réveillé ce talent familial dont les chants me rapprochent plus directement des chants païens, des chants de circoncision qui vous maintiennent dans l’insouciance. Les frères Touré ont voyagé, établi des ponts entre continents, fait briller un art. J’ai toujours eu une relation admirative à la langue mandingue, dans les chants de circoncision, je trouvais que les angles et les chutes avaient un sens du rythme atypique. On sent les mêmes volontés de la transmission chez les frères Guissé & Touré. Les proximités, par-delà les langues, se font aussi à travers les rythmiques à contretemps, la mise en avant des voix et ce goût de rester fidèle à un patrimoine. Touré Kunda a probablement sa gloire derrière mais Ziguinchor se mire à travers une œuvre. Les concerts courus dans les années 80 ancrent la patte de frères à qui on peut passer, sans remords, le fait de décliner.

On serait bien tenté de penser que les frères en musique produisent toujours ce type de groupes inséparables et ce partout dans le monde et les exemples sont innombrables. Sans sur-analyser, il doit bien y avoir sans doute dans la gestation ensemble d’un projet, à partir d’un héritage commun, dans le pacte de sang, les éléments pour comprendre cette unicité. Mais nul besoin d’aller au-delà du secret des familles. Le mystère de ne rien savoir de leur cuisine intérieure est une noble discrétion. Même si ces deux groupes semblent sur l’arrêt, parfois le déclin, sans la superbe d’antan, traversés sans doute par des épreuves, il y a un legs. C’est lui, par sa dimension, par sa présence éternelle, qui nous rend envers cette famille de frères, redevables. A l’heure où l’authentique reste un enjeu aux contours mal formulés, les frères Guissé et Touré ont tracé un chemin, une sorte de recette naturelle du vrai. Nés au Sénégal, vivant en France en partie, voyageant, chantant en peulh, mandingue, français… L’universel et le local en convoi ensemble, pied de nez à ceux qui les opposent ! Chaque chorale est une famille, c’est à ce souvenir que me renvoient, au milieu de ces gardiens, mon enfance et mes chants avec mes cousins, sur l’air d’un [Ledula Bankoto Ledula, ayee /Ledula bankoto yee / Ngasundi Ledula felee Bankoto/ Ledula N’te bal fa]

Elgas

elgas.mc@gmail.com

[ÉDITO, ET DIT TÔT] ‘Mackyllée’ comme un camion volé, Aissata Tall Sall choisit de « doser l’avenir »

ET DIT TÔT – Maître Tall Sall a donc rejoint le camp de Macky hier, officialisant son ralliement sans conditions au candidat sortant et nous faisant tous …marrons.

Celle qui fut une lycéenne éprise de littérature avant de devenir avocate, raflant au passage le prestigieux titre de premier secrétaire de la conférence, ce concours oratoire des apprentis avocate, n’a rien perdu de son art de la rhétorique, malgré cette reddition à Macky qui laisse beaucoup sans voix. Ses prédispositions à disserter sur une relecture de la « transhumance » sont restées intactes hier, lors de sa conférence de presse de ralliement à Macky, tenue à l’hôtel Le Ndiambour. La Lionne de Podor a tenu toutes griffes dehors à détacher le mot et le concept de « transhumance » de l’animalité auquel il renvoie.
« C’est quoi la transhumance ? », s’interroge celle qui a pendant longtemps bâti son discours public sur l’éthique avant de se distinguer par cette pirouette spectaculaire dont seule la politique a le secret.

« Pour ce que j’en sais, ce mot a fait irruption sur la scène politique du Sénégal en 2000. Nous avons constaté que ceux qui étaient avec nous dans le pouvoir avaient subitement abandonné leur parti pour aller rejoindre le Pds », rappelle-t-elle.
Ainsi, elle croit savoir que le terme a changé d’acception entre 2000 et 2019. « Nous allons prendre le risque avec lui (Macky Sall) de faire face au peuple sénégalais. Nous sommes « Oser l’avenir ». Nous sommes une coalition composée de partis politiques et de mouvements. Nous avons notre identité et nous venons avec notre identité. Il faut que ce débat s’arrête mais je sais que ça ne va pas s’arrêter, car ceux qui le disent sont de mauvaise foi. Je prends le risque de travailler à une victoire… », s’auto-convainc-t-elle.

EN tout cas, chez Oser l’avenir, les éléments de langage n’ont pas été bien harmonisés: Aïssata Tall Sall soutient avoir décidé de se rallier à Macky Sall sans pression d’aucune sorte, ni maraboutique (de la part des notabilités religieuses de Podor), ni de la part de sa base politique. Sa fille Fatima Zahra Sall , cheville ouvrière de la communication d’Oser l’avenir, dit exactement le contraire sur Twitter (où son alias est Tiim Tim, où elle est obligée de défendre avec de fragiles arguments l’auteur de ses jours et son héroîne politique : elle dit que celle-ci a succombé à la pression des maraboits podrois et de sa base. La fille du leader d’Oser l’Avenir dit au final « avoir beaucoup de mal à cacher sa déception, colère et maintenant angoisse », et ponctue le tout avec le hashtag .

Aissata Tall Sall convaincra -t-elle dans les chaumières sénégalaises de la justesse de son choix politique qui fut sans doute cornélien à prendre, alors qu’elle a du mal à convaincre dans sa propre maisonnée ? Rien n’est moins sûr. On dira qu’Aissata Tall sall a choisi de « doser l’avenir ». Dans le sens de se ménager un avenir politique dans le deuxième quinquennat de Macky Sall, dans le cas d’une victoire de celui-ci qui reste une hypothèse très plausible en cet instant T. Tant la marge de manœuvre d’Aissata Tall Sall était devenue étroite, après avoir dans un premier temps échoué à prendre le secrétariat général du parti socialiste des mains d’Ousmane Tanor Dieng après un tacle appuyé de Khalifa Sall qui avait empêché l’élection interne de renouvellement dans le  parti de Senghor, la forçant à faire sécession. Suivi de l’invalidation de sa candidature présidentielle. Elle aura aussi fait preuve de realpolitik, dans un Sénégal qu’elle qualifiait récemment de machiste, et où elle sait qu’une femme n’est pas près d’être élu Présidente de la République. Maitre Tall Sall est bien maire de Podor (12 000 habitants) et député unique d’Oser l’avenir (repêchée au plus fort reste), mais il faut croire qu’elle rêve d’un retour au Conseil des ministres. Elle aura donc rendu les armes en rase campagne au Deus Ex Mackyna qui peut faire de ce rêve une réalité.

Poker menteur : Ouattara n’avouera qu’en 2020 qu’il ne brigue pas un troisième mandat

‘Le roi (sortant) est mort, vive le (nouveau) roi!’. Comme tous les monarques républicains élus que nous donnent nos Constitutions gaulliennes, le président ivoirien Ouatarra est bien conscient de cet adage implacable, alors que son RHDP organisait ce samedi son premier congrès ordinaire. Lors de cet événement consacrant la naissance du parti unifié, Alassane Ouattara a évoqué la possibilité de briguer un 3e mandat en 2020 et annoncé qu’il « donnerait sa décision l’année prochaine ». Naturellement, Ouatta ne sera pas candidat en 2020. Mais c’est bien le moins qu’il pouvait dire, pour encore espérer tenir ses dauphins qui piaffent dans les startings – blocks à l’idée de se lancer dans la course à la présidentielle de 2020.

Alassane Dramane Ouattara (ADO) sera-t-il candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020 ? La question agite la scène politique ivoirienne depuis plusieurs semaines. En juin 2018, le chef de l’État déclarait dans une interview à Jeune Afrique qu’il prendrait sa décision en 2020.  « Vous m’avez dit que vous vouliez que je fasse un troisième mandat. Je vous donnerai ma réponse l’année prochaine », a-t-il déclaré samedi 26 janvier, lors du congrès ordinaire du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) qu’il préside, sans dire s’il l’avait désormais prise. Parole de normand pour secret de Polichinelle bien éventé : Ouatta n’a ni la santé, ni l’envie de refaire un mandat aprs ce deuxième bail qui se termine en 2020. Mais il lui faut éviter de plonger le pays dans l’effervescence d’une campagne électorale avant l’heure. Dès que Ouattara aura officialisé, comme il devrait bien finir par le faire, qu’il n’est pas candidat à 2020, les ambitions se dévoileront au grand jour. Y compris au sein de majorité, avec un gouvernement ivoirien qui sera alors contraint de se limiter à expédier les affaires courantes pour ce qui sera une pérode de deux années blanches au plan des réformes.

Hamed Bakayoko, Guillaume Soro, Thierry Tanoh, et même, pourquoi pas, Tidiane Thiam? Dans la génération des quinquas, les dents sont aiguisées pour le fauteuil présidentiel. Et tous ces prétendants veulent éviter plus que tout un remake de la présidentielle de 2010 en 2020 entre les plus que septuagénaires habituels, avec les éternels éléphants toujours de retour que sont Ouattara, Bédié (auto-exclu du RHDP) et Gbagbo (que ce soit Simone libre ou Laurent bientôt élargi des geôles de la CPI qui l’a acquitté).

« Tout le monde pourra être candidat » en 2020

ADO a précisé que le RHDP désignera son candidat en 2020. « Tout le monde pourra être candidat. Même ceux qui sont absents » au congrès, a-t-il déclaré, chemise blanche et chapeau beige sur la tête. S’adressait-il à Guillaume Soro ? Comme prévu, le président de l’Assemblée nationale a brillé par son absence. En tout cas, Ouattara dit ici une chose et son contraire : si tout le monde peut être candidat, c’est bien parce que Ouattara ne sera pas, lui, candidat.

Soro, qui avait annoncé, début janvier, au chef de l’État son intention de bouder l’événement, a réaffirmé sa position jeudi 24 janvier en début de soirée lors d’un nouveau tête-à-tête à la résidence du président de la République. En déplacement jusqu’au 20 février, Soro a délégué son pouvoir de président de l’Assemblée nationale à l’un de ses vice-présidents. Sa démission de celle-ci devrait intervenir dans les prochaines semaines.

L’événement était organisé au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan devant plus de 50 000 personnes. En fin de matinée, il y avait fait une entrée remarquée effectuant un tour d’honneur dans une ambiance surchauffée.

Comment sera composé le RHDP ?

Il s’est ensuite exprimé pendant près d’une heure.Un discours mobilisateur et offensif à l’égard de ses adversaires politiques. « J’ai souffert, ma famille a souffert. J’ai tout pardonné, mais je veux qu’on se souvienne qu’il y a eu des moments de honte à cause de certaines personnes », a notamment déclaré le chef de l’État, entouré pour l’occasion de son épouse Dominique et de son frère Téné Birahima Ouattara, d’habitude si discret. Des propos qui visaient sans doute les anciens présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo.

Ce premier congrès ordinaire du RHDP marquait la création effective du parti unifié tant souhaité par ADO. Ses structures seront finalisées avant la fin du 1er semestre de cette année. Mais sa composition définitive est loin des espérances du chef de l’État, tant il ressemble à un RDR bis (Rassemblement des républicains). Depuis le refus du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ancien parti unique fondé par Houphouët) d’intégrer le RHDP, l’UDPCI du ministre Albert Toikeusse Mabri est la seule force politique d’envergure à accompagner le RDR.

Daniel Kablan Duncan, Patrick Achi, Jean-Claude Kouassi, Alain-Richard Donwahi, Kobenan Kouassi Adjoumani ou encore Lenissongui Coulibaly étaient présents

Plusieurs cadres du PDCI, en désaccord avec la décision de leur parti, étaient néanmoins présents ce samedi. Le vice-président Daniel Kablan Duncan, le secrétaire général de la présidence Patrick Achi, les ministres Jean-Claude Kouassi, Alain-Richard Donwahi et Kobenan Kouassi Adjoumani, ou encore Lenissongui Coulibaly. L’ancien directeur de cabinet de Henri Konan Bédié a même lu une motion d’hommage au président Ouattara. En revanche, le président du Sénat et celui du Conseil économique et social, Jeannot Ahoussou-Kouadio et Charles Diby Koffi, étaient absents.

Annonce de Bédié depuis Daoukro

ADO n’a pas mentionné une seule fois le nom de son ancien allié mais le Sphinx de Daoukro a sans doute eu les oreilles qui ont sifflé tant les allusions à sa personne ou ses actes ont été nombreuses. « Les fiançailles doivent aboutir à un mariage. Ce n’est pas bien de profiter des fiançailles et de partir avant le mariage », a déclaré Ouattara, en référence à son ancienne alliance avec le PDCI.

Recevant le même jour dans son village de Daoukro, Bédié n’a pas manqué de lui envoyer une pique. « Au moment où nos adversaires du RHDP unifié se réunissent avec pour bagages de l’huile, du riz, des chiffons et du pain, sans lesquels ils ne pourront faire du nombre. Ici à Daoukro, rien de tout ce folklore », a lancé le président du PDCI.

Tract (avec J.A)

Temps d’antenne sur la RTS : voici l’ordre de passage des 5 candidats à la présidentielle

Chaque candidat à la présidentielle aura 7 minutes de temps d’antenne sur la RTS 1 durant la campagne officielle qui démarre le 3 février, soit 2 minutes de plus que durant la présidentielle de 2012 – Madické Ndiang débute chaque soir à partir de 21h, suivi de Macky Sall, de Cheikh Issa Sall, d’Idrissa Seck, et d’Ousmane Sonko.

Le Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) et les mandataires des cinq candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019 se sont accordés sur le temps d’antenne et l’ordre de passage des candidats sur la chaine publique (RTS) lors de la campagne électorale qui démarre le 3 février.

L’élection présidentielle au Sénégal aura lieu le 24 février 2019. Le candidat sortant Macky Sall fera donc face aux quatre autres candidats suivants: Idrissa Seck de la coalition « Idy 2019 », Ousmane Sonko de la coalition « Sonko Président », Madické Niang de la coalition « Madické 2019 » et El Hadj Issa Sall du PUR.

6 683 043 électeurs répartis dans 14 651 bureaux de vote à travers le territoire national seront appelés aux urnes. Il y a aura 746 bureaux de vote pour les Sénégalais résidant à l’étranger, soit un total de 15 397 bureaux de vote, a indiqué le ministre de l’Intérieur.

20.000 Nigérianes contraintes de se prostituer sur les sites d’orpaillage du sud-Mali

Selon l’agence nigériane chargée de la lutte contre le trafic des êtres humains (Naptip), 20 000 Nigérianes se trouveraient dans le sud du Mali. Des trafiquants leur avaient fait miroiter des emplois bien rémunérés en Asie. Ils les ont en réalité amenées près des mines d’or artisanales où des proxénètes les obligent à se prostituer.

Elles rêvaient de gagner leur vie dans la restauration et l’hôtellerie en Malaisie, elles ont abouti dans de tout autres établissements au Mali. Exploitées par des proxénètes qu’on appelle des « Madames », leurs services sont proposés aux hommes qui espèrent faire fortune grâce à l’orpaillage.

« Elles ne sont pas libres de partir à leur guise, ce sont des captives, explique Julie Okah-Donli, la directrice de la Naptip, l’agence nigériane chargée de la lutte contre le trafic des êtres humains. Elles sont vulnérables. Des Madames, qui ont soudoyé les autorités locales, les surveillent. C’est pour cela que nous devons travailler avec la police pour les secourir. »

Une mission d’information s’est rendue dans le sud du Mali, notamment à Kangaba, en décembre. Ses membres nigérians font l’hypothèse qu’une centaine de prostituées se trouveraient sur chacun des quelque 200 sites d’orpaillage concernés. Ce qui reviendrait à parler de 20 000 femmes.

« Elles ont beaucoup de mal à parler »

L’Organisation internationale des migrations refuse de confirmer ce chiffre, même si Florence Kim, porte-parole de l’OIM, estime que le nombre de prostituées nigérianes au Mali est sûrement « très élevé ».

« Les données fiables sur le nombre exact de victimes de la traite sont très difficiles à obtenir, explique-t-elle. Il y a plusieurs raisons, notamment parce que les victimes ont très, très peur de témoigner. Et a fortiori, de dénoncer leur trafiquant. »

Environ 200 Nigérianes ont réussi à s’enfuir et à regagner leur pays d’origine grâce à l’OIM. Florence Kim a rencontré certaines d’entre elles. « Elles vivent entre elles, raconte-t-elle. Elles ont été trompées. On leur avait promis un travail (…) et puis une fois sur place on leur a dit qu’elles allaient travailler comme des prostituées. Certaines acceptaient, car elles savaient qu’elles étaient menacées et qu’elles savaient que leur famille à la maison était menacée de mort. Et puis d’autres refusaient et décidaient de s’enfuir. »

L’OIM propose des programmes pour aider à leur reconstruction et à leur réintégration. « On voit qu’elles portent en elles un sentiment de honte extrême, en plus de ça elles se sentent salies, elles ont beaucoup de mal à parler, à retrouver leur famille », rapporte la porte-parole de l’OIM.

Des centaines de milliers de Maliens travaillent dans les mines d’or artisanales. Les autorités tentent depuis quelques années de freiner cette ruée vers l’or, surtout pendant la saison des pluies. Mais les exportations restent importantes.

A Arcachon (France), dans le sillage des pêcheurs sénégalais

Arrivés il y a plus de cinquante ans, les pêcheurs du Sénégal forment un noyau vaillant et efficace de la flotte arcachonnaise.

Le chalutier « Zéphyr III », quitte le port. À son bord, Lionel, le patron, Franck, Diop et Housseno. Ces deux derniers sont des pêcheurs sénégalais. Ils travaillent à Arcachon depuis environ vingt ans. Voir un équipage composé par moitié de pêcheurs sénégalais est courant dans la flotte arcachonnaise. Depuis les années 1970, une petite communauté de pêcheurs sénégalais vit et travaille dans le bassin d’Arcachon, sur la côte atlantique française.

Pêcheurs pour la plupart dans leur pays, ces hommes de l’ethnie sérère, ont quitté leur terre natale, au confluent des fleuves Sine et Saloum pour exercer leur métier particulièrement éprouvant, loin de leurs familles.
A Arcachon, cité balnéaire française réputée, de la ville d’été et ses navettes pleine d’estivants en partance pour le Cap Ferret, à la ville d’hiver et ses somptueuses villas du XIXème siècle situées sur les hauteurs, on est très loin du quotidien harassant des pêcheurs de l’Atlantique.
Pourtant, inlassablement, toute l’année, une centaine de navires, des chalutiers mais surtout des fileyeurs, sortent jusqu’à 10 jours en mer, dans le Golfe de Gascogne. C’est sur ces longues « marées » que l’on retrouve à bord les Sénégalais.

Salif, 34 ans, pêcheur à bord du Souvenir, fileyeur de 15 mètres.

Ousmane Ndong, pêcheur à Arcachon

La pêche rapporte plus qu’au Sénégal mais les pêcheurs sont payés à la part, en fonction de la pêche.

Salif et Martin à la pause.

Ces hommes viennent pour la plupart du Sine Saloum, et sont loin de leurs familles.

Paternité des « Marrons du feu » : Le ministre Pape Gorgui Ndong revendique la malencontreuse expression qui désigne les nervis de l’APR

Pape Gorgui Ndong est fier de proclamer : « Les ‘Marrons du feu’, c’est moi ». Le ministre de la Jeunesse, Pape Gorgui Ndong, réclame la paternité des « Marrons du feu » du nom de cette bande de gros bras colorés Apr et dont la vidéo fait le tour de la toile, depuis quelques jours.

«Les ‘Marrons du feu’, c’est moi qui l’ai créé en 2011 avec comme devise : ‘Alerte, Protection et Riposte’, indique-t-il. L’esprit n’a jamais été de mettre sur pied une milice.»  On n’est pas obligé de le croire sur parole.

«C’est au lendemain de l’attaque dont le président de la République, Macky Sall, alors candidat à la présidentielle, avait été victime en venant à Pikine, rembobine le ministre de la Jeunesse. En tant que coordonnateur de la Cojer dans le département de Pikine, j’avais décidé de mettre en place les ‘Marrons du feu’ pour accompagner notre candidat.»

Tentant de corriger l’information selon laquelle les ‘Marrons du feu’ seraient des mercenaires recrutés pour semer la violence, Pape Gorgui Ndong indique que «c’était plutôt des militants de l’Apr qui, en un moment, avaient décidé d’assurer la protection du candidat Macky Sall».

L’expression Marrons du feu, si elle tente de jouer sur les couleurs beige et marron des apéristes, est en tout cas malheureuse si on sait ce à quoi elle renvoie en français. « Tirer les marrons du feu », c’est prendre à la dernière minute tout le bénéfice d’une action dans laquelle on n’a pas été pour grand-chose. Comme Macky Sall avec son élection de 2012 comme président, après s’être classé second du premier tour à la surprise générale ? Macky avait ainsi tiré les marrons du feu de l’animosité politique suicidaire entre Ousmane Tanor Dieng et Moustapha Niasse, tous deux candidats alors que le simple bon sens voulait que l’un se désisté en faveur de l’autre.

Damel Mor Macoumba Seck

Campagne : Le temps de passage des candidats à la RTS est connu et augmente

Le temps de passage pour chacun des cinq candidats à l’élection présidentielle sur la RTS, est connue. Le président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA), Babacar Diagne l’a annoncé ce samedi lors d’une réunion avec les mandataires des cinq candidats retenus pour l’élection présidentielle du 24 février 2019.

« Nous sommes arrivés à des consensus forts avec mandataires des candidats à l’élection et le directeur général de la RTS, Racine Talla, pour ainsi fixer le temps d’antenne quotidien à 7 minutes par candidat et par jour au lieu de 5 mn précédemment en vigueur »., a confié Babacar Diagne aux journalistes à l’issue de la rencontre.

« Tout est clair et l’Etat paie » selon Amadou Bâ sur l’affaire des 94 milliards soulevée par Sonko

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Le ministre des Finances s’invite dans le dossier des 94 milliards de Fcfa du Titre foncier 1451/R qui continue de défrayer la chronique. Face aux députés hier, Amadou Bâ s’est prononcé, pour la première fois, sur cette affaire soulevée par Ousmane Sonko.

Faisant la genèse, il dira : « Ce n’est pas quelque chose qu’on a inventé . Ce titre s’étend sur 258 hectares et a fait l’objet de beaucoup de procédures, notamment des contestations au sein de la famille qui ont atterri au tribunal. Sans parler de l’entrée en action de la Sofico ».

« Dans la politique, il nous arrive de chercher à nuire »

Amadou Bâ d’ajouter : « Quand le tribunal a désigné un expert pour l’évaluation, le montait tournait autour de 250 milliards. Le rapport est disponible. Donc, s’il y a une commission de conciliation qui peut donner un montant inférieur, ce sera au bénéfice de l’État.

C’est sur ces entrefaites que le paiement, qui est géré par un agent des Impôts et Domaines, a démarré. Ceci pour dire que la procédure est tout à fait claire. Maintenant, quand on est dans la politique, il nous arrive de fantasmer, de chercher à nuire, à détruire ».

« L’État doit 300 milliards à des expropriés »

À sa suite, le ministre du Budget a souligné, selon le quotidien Enquête dans sa livraison de ce samedi, que « pour les expropriations les montants sont souvent élevés, ce qui fait que l’État ne paie pas d’un seul coup ». D’ailleurs, révèle-t-il, pour les 94 milliards du TF 1451/R l’État n’a, jusqu’ici, payé que 3,4 milliards ».

Mieux, indique Birima Mangara, un rapport de l’Inspection générale des finances (Igf) suggère à l’État d’inscrire obligatoirement dans le budget, chaque année, 30 à 45 milliards de Fcfa pour apurer tous les cas d’expropriation dont le montant global est de 300 milliards.

Decroix à St-Louis : « Macky Sall sème le désordre pour confisquer le choix du peuple »

Décidément Mamadou Diop Decroix ne sera jamais tendre avec le président Macky Sall et son régime.

En tournée dans la capitale du Nord dans le cadre des journées de mobilisation initiées par le C25 et le Front de résistance nationale sur toute l’étendue du territoire, le député Mamadou Diop Decroix, membre clé du collectif des 25 n’a pas raté le président Sall et ses amis.

« C’est Macky Sall et ses camarades qui sont en train de semer le désordre dans le pays. Et ils ont bien créé les conditions du désordre même », accuse le leader de AJ/PADS. Au responsable de poursuivre : « depuis trois ans, nous ne cessons d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur les nuages qui s’amoncelaient sur le Sénégal,  mais nous n’avons pas été bien entendus. Et aujourd’hui on en est là malheureusement ».

Mamadou Diop Decroix signe et persiste à faire savoir que les tentatives du régime en place ne passeront pas et tout sera voué à l’échec.

« Ce qui est  clair est qu’on ne peut pas être d’accord avec ce que Macky Sall et ses amis veulent faire du Sénégal. C’est à dire confisquer la possibilité que ce peuple a de choisir celui qui va conduire les destinées de ce pays. En 2000, le peuple a eu cette possibilité avec Abdoulaye Wade et Abdou Diouf, en 2012 avec Abdoulaye Wade et Macky Sall. Mais aujourd’hui Macky Sall veut enlever cette possibilité au peuple sénégalais. Ce que personne n’acceptera, je vous l’assure! »

Toutefois, le député estime que « si Macky Sall se rend compte que ce qu’il veut faire ne passera pas et décide de s’asseoir et de discuter avec l’opposition, on le fera. Car tel était le cas en 1992 avec le président Abdou Diouf et tout récemment en 2012, Abdoulaye Wade l’a fait et nous avions eu la paix ».

Aly Ngouille Ndiaye, ministre de l’Intérieur, en déjeuner de presse : « 14 milliards pour organiser la présidentielle. Zéro bureau fictif »

A quelques jours du début de la campagne électorale, le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a échangé avec la presse sur le processus électoral.

Au cours d’un déjeuner, Aly Ngouille Ndiaye, accompagné du Directeur général des élections (Dge), du Directeur de l’automatisation des fichiers (Daf), de membres de la Cena (Commission électorale nationale autonome) et d’autres agents de son département, a abordé plusieurs questions.

L’objectif était de «discuter de l’ensemble des actes posés relativement à l’organisation des élections, passer en revue les discussions avec l’opposition, l’audit du fichier électoral, la modification de la Constitution, du Code électoral jusqu’à la mise à disposition de la carte électorale aux plénipotentiaires des candidats».

Le ministre de l’Intérieur assure que le processus se déroule on ne peut mieux, avec un taux de distribution des cartes d’électeurs jamais atteint de plus de 97%. «Mon département est à pied d’œuvre pour relever le défi de l’organisation matérielle et de la sécurisation de ce scrutin.» Par ailleurs, Aly Ngouille Ndiaye a annoncé l’implantation d’une compagnie de police au niveau de l’Arène nationale, pour renforcer la sécurité.

Près de 14 milliards pour organiser la Présidentielle

Budget. «Pour l’organisation de cette élection, nous sommes autour de 14 milliards FCfa, si on y introduit la part des cartes d’électeurs qui fait à peu près 5 milliards. Mais mis à part les cartes d’électeurs, nous sommes à environ 9 milliards.

L’impression des bulletins, qui a démarré, a été confiée à des sociétés nationales, aucune société étrangère. En principe, à partir de lundi, nous devrons envoyer les bulletins à l’extérieur, et d’ici à la fin de la semaine, les bulletins devraient être prêts pour être distribués à l’intérieur du pays. Nous voulons prendre suffisamment de recul pour que les bulletins soient acheminés dans les circonscriptions à temps.»

Retrait des cartes d’électeurs. «Nous n’avons jamais atteint ce niveau de distribution de cartes à la veille d’élections. Globalement, nous sommes à 95,26%, si nous prenons la refonte et la révision. A l’élection présidentielle de 2007, nous étions à moins de 26% de taux de distribution, au début de la campagne électorale.

J’avais constaté qu’il y avait un problème de dispatching, nous avons demandé à toutes les Sous-préfectures de faire un inventaire physique de l’ensemble des cartes, et d’envoyer à la Daf toutes les cartes qui ne sont pas de leur circonscription.

Cela a été fait et la Daf a reventilé ces cartes. Il n’y a pas de rétention de cartes, sur les 6 050 075 cartes issues de la refonte du fichier, plus de 5,9 millions ont été distribuées, ce qui représente un taux de 97,56%. Ce qui est différent des cartes issues de la révision, qui s’élèvent à plus de 416 889, et qui ont été distribuées à hauteur de 61,74%. Si on fait l’addition des cartes issues de la révision et celles de la refonte, on arrive à 6 466 964.

Et sur ces cartes, 6 160 000 ont été distribuées, soit 95,26%, et les cartes restantes représentent 4,64%, soit 306 839 cartes. Vu qu’au niveau de la refonte, nous avons atteint 97%, et pour la révision, dont nous venons de démarrer la distribution, nous sommes à 61%, avec les 3 semaines qui nous reste d’ici à l’élection, nous pensons pouvoir atteindre le taux de 97% ou plus. Cela veut dire que c’est un bon taux de distribution jamais atteint.»

«Ce qui explique les changements sur la carte électorale»

Modifications carte électorale. «Les modifications ne se font généralement pas sur décision du ministre ou de la Dge, c’est fait généralement de façon concertée avec les acteurs sur le terrain. Pour le cas de Touba, nous avons beaucoup de personnes qui sont très éloignées des lieux de vote, il y a une partie de la ville où il n’y a pas de bureaux de vote. Rien qu’à l’Université, il y avait 150 bureaux dans 3 lieux de vote, là on les délocalise physiquement, mais ça n’entraîne pas d’édition de cartes.

Il y a aussi beaucoup de gens qui habitaient pratiquement la périphérie et qui allaient voter au niveau de la sous-préfecture de Ndame, pour ces gens, nous avons créé des bureaux à Sicap-Touba. Sur les plus de 200 000 inscrits dans la commune de Touba-mosquée, il n’y a que 15 000 qui sont concernés par la modification de la carte électorale.

Toutes les dispositions seront prises pour que le vote se déroule normalement, il n’y aura pas de problème à Touba, on votera correctement. En France également, les Sénégalais de Nantes, Creil, Mantes-la-jolie, Mulhouse, Lille, Strasbourg… devaient aller jusqu’à Paris pour voter, on leur a créé de nouveaux bureaux, cela va forcément demander l’édition de nouvelles cartes, qui seront distribuées jusqu’au 23 février. C’est donc ce qui justifie les changements, et à chaque fois que l’on fait cela, les autorités communiquent.

Pour Touba par exemple, dans tous les centres de vote, nous avons mis une commission, différente de la celle communale, pour distribuer les cartes. Il est possible que des électeurs se retrouvent dans un bureau de vote différent. Quand il y a refonte, il y a de nouvelles inscriptions, et entre-temps, il y a la loi qui limite le nombre d’inscrits par bureau de vote à 600, alors que c’était 900. J’ai moi-même été changé de bureau à Linguère.

On est obligés de reventiler ou de créer de nouveaux bureaux de vote, quand il y a plus de 600 inscrits. Il est possible que l’on change de lieu de vote, mais la motivation n’est rien d’autre que de rapprocher l’électeur de son lieu de vote. Dans le monde rural, les gens font parfois plus de 15km pour aller voter, et s’ils sont au nombre de 200 généralement, on leur crée un nouveau lieu de vote, plus proche, qui polarise également les villages environnants. Et une fois que c’est fait, ils sont informés.»

Fichier électoral. «J’ai jusqu’au 8 février au plus tard, pour remettre le fichier aux candidats, je ne suis pas obligé de le faire avant.»

«Rien ne justifie le recrutement de nervis»

Sécurité. «Avez-vous déjà vu un candidat à une élection, même locale, qui n’organise pas sa sécurité ? Les gens organisent leur sécurité, mais l’objectif, ce n’est pas de recruter des gros bras. Pour ce qui est d’assigner des agents de sécurité à chacun des cinq candidats, nous n’avons pas encore pris la décision de le faire. Nous sommes un pays bien organisé, avec des lois et des textes.

Et ce n’est même pas évident que ce soit accepté, les candidats ne sont pas tenus d’accepter qu’on leur colle des policiers. Parce que la sécurité, c’est avant tout une question de confiance, et d’ailleurs, personne d’entre eux n’en a fait la demande. Dans certains pays, l’offre a existé et a été refusée.

Nous appelons les gens à la retenue, cette élection présidentielle sera la onzième au Sénégal, et tout devrait bien se passer. C’est vrai qu’il y a toujours beaucoup de bruit, mais jusque-là, nous avons des comportements meilleurs que ce que nous avons eu en 2012, où il y avait beaucoup de morts. Il faut que les gens sachent raison garder, rien ne justifie le recrutement de nervis et autres pour assurer la sécurité. Il y a suffisamment d’espace dans ce pays pour cinq candidats.»

«En 2018, nous avons un taux de manifestations interdites de 2,2% sur l’ensemble du territoire»

Manifestations interdites. «En 2018, nous avons un taux de manifestations interdites de 2,2% sur l’ensemble du territoire. C’est cela la vérité et pas ce que les gens disent. Pour Dakar, nous avons reçu 2 155 demandes de manifestations sur la voie publique, 36 ont été refusées, soit 1,67%. Pour les réunions publiques, 501 demandes ont été reçues et 23 refusées.

Au total, en 2018, à Dakar, 2 656 demandes ont été reçues et seulement, 59 interdites. Pour aujourd’hui (hier), les jeunes (de l’opposition) ont déposé pour faire une marche, le Préfet leur a demandé de changer d’itinéraire, mais ils ont refusé et ont renoncé. Donc, ce n’est pas le dialogue qui a manqué, s’ils voulaient marcher, ils pouvaient le faire, mais c’est peut-être parce qu’il y avait d’autres intentions derrière.

Quand il y a une demande de manifestation, c’est la police qui instruit et qui, tenant compte des informations dont elle dispose, donne un avis au Préfet. Et dès fois, ce dernier va même à l’encontre de ces avis pour autoriser la manifestation. Pour cette fois, le Préfet leur a demandé de changer d’itinéraire pour éviter qu’ils ne passent devant l’Hôpital Abass Ndao.»

Bureaux fictifs

«Nous avons publié la répartition de tous les bureaux, il n’y a pas de bureau fictif, cela n’existe nulle part. La carte électorale est publiée et tout le monde peut savoir ce qu’il en est. Et même si par extraordinaire, il y a un bureau fictif, au niveau de la Commission de recensement, on ne décompte pas un bureau, s’il n’est pas signé par le président de la Cena. Et même pour les bureaux qui existent réellement, si pour une raison ou une autre, la délocalisation est faite et que ce n’est pas sur la carte électorale signée par le ministre de l’Intérieur, ce bureau n’est pas comptabilisé. Donc il ne peut pas y avoir de bureaux fictifs.»

Le seul député ouvertement gay du Brésil démissionne et fuit le pays après des menaces de mort

De l’élection à l’exil. Jean Wyllys, un député gay qui représente les personnes LGBT au Parlement brésilien, a annoncé jeudi 24 janvier qu’il renonçait à son troisième mandat et quittait son pays en raison des nombreuses menaces qu’il a reçues depuis l’élection du président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

« Préserver une vie menacée est aussi une stratégie de lutte pour des jours meilleurs. Nous avons fait beaucoup pour le bien commun. Et nous ferons beaucoup plus quand viendront des temps nouveaux, peu importe que nous agissions par d’autres moyens », a écrit sur Twitter le député du Parti Socialisme et liberté (PSOL, gauche).

Selon le service de communication du Parlement, Jean Wyllys, 44 ans, n’a pas encore officialisé sa décision. Son assistante a toutefois confirmé à l’AFP que le député de Rio de Janeiro avait décidé de renoncer à son mandat, qui devait commencer le 1er février, et qu’il avait quitté le Brésil avec l’intention de vivre provisoirement « hors du pays », sans préciser sa destination.

« Le niveau de violence a augmenté depuis Bolsonaro »

Dans un entretien accordé au quotidien Folha de S. Paulo, Jean Wyllys a expliqué que ce n’était « pas l’élection de Bolsonaro en elle-même » qui l’avait poussé à renoncer à son troisième mandat consécutif, mais le « niveau de violence qui a augmenté depuis l’élection » de cet ex-capitaine d’armée, qui a bénéficié d’un large soutien de la part des églises évangéliques ultra-conservatrices. Il a notamment cité la multiplication des agressions et des meurtres de membres de la communauté LGBT.

En novembre, après la victoire de Jair Bolsonaro, la Commission interaméricaine des droits humaines (CIDH) a demandé au Brésil qu’il prenne les « mesures nécessaires pour protéger les droits, la vie et l’intégrité personnelle » de Jean Wyllys et de sa famille.

En avril 2016, pendant les débats au Parlement sur la destitution de l’ancienne présidente de gauche Dilma Rousseff, Jean Wyllys avait craché au visage de Jair Bolsonaro, à l’époque député, qui venait de faire l’éloge d’un tortionnaire notoire de l’époque de la dictature militaire (1964-1985).

Le Conseil de discipline du Parlement l’avait sanctionné par un « blâme », mais avait rejeté une motion demandant sa suspension pour un mois. Jean Wyllys, qui sera remplacé par son suppléant, est un des dix députés du PSOL, le parti auquel appartenait la conseillère municipale de Rio Marielle Franco, assassinée en 2018.

Goudiaby Atepa vote Sonko : il lui cède son siège de campagne

Le candidat de Pastef, Ousmane Sonko, dont le siège du parti a été mis à sac mercredi dernier, a trouvé l’appui d’Atepa, pour une.solition de remplacement au pied levé. L’architecte politicien, président du mouvement Sénégal rek, recalé pour la prochaine présidentielle du 24 février prochain, a décidé de mettre à la disposition de Sonko son siège de campagne.

« Il y trouvera toutes les commodités pour lui permettre de poursuivre ses objectifs politiques au service du peuple sénégalais », infique Atepa dans un communiqué. Le président du mouvement Sénégal rek, se dit « convaincu que tous les démocrates de notre pays devraient poursuivre leur combat républicain en faveur de la liberté d’expression, du pluralisme politique et de l’égalité des chances pour tous ceux qui ambitionnent de diriger notre cher Sénégal, en briguant la magistrature suprême ».

Goudiaby Atepa a dit « condamner avec la dernière énergie l’attaque de nervis perpétrée contre le siège du candidat du PASTEF, dans la nuit du 24 janvier 2018 ». Il signale que « cette manœuvre d’intimidation inqualifiable constitue un recul regrettable de nos pratiques politiques ».

L’Angola dépénalise l’homosexualité

L’Angola a décriminalisé l’homosexualité en retirant de son code pénal une clause sur les « vices contre nature », jusqu’à présent interprétée « comme une interdiction de tout comportement homosexuel », a annoncé l’organisation Human Rights Watch (HRW).

C’était un vestige de la colonisation portugaise. « L’Angola a finalement retiré de sa législation la clause « des vices contre nature » », s’est réjouie jeudi 24 janvier l’organisation Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué. « Le gouvernement a également interdit toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle. Et toute personne qui refuse d’employer une personne ou de lui fournir des services en raison de son orientation sexuelle encourra une peine de prison de deux ans maximum », a ajouté l’ONG.

Ces modifications ont été validées à la faveur du vote, mercredi par le Parlement de Luanda, d’une réforme de son code pénal. Depuis des années, la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) d’Angola déplore les discriminations dont elle fait l’objet pour accéder à la santé et l’éducation.

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« Vestige archaïque »

« En renonçant à ce vestige archaïque (…) de l’époque coloniale, l’Angola rejette les discriminations » basées sur les orientations sexuelles, s’est réjouie HRW. Avant d’appeler « les 69 autres pays dans le monde qui criminalisent encore les relations homosexuelles à suivre l’exemple » de Luanda.

Depuis son arrivée au pouvoir en 2017, le président João Lourenço fait souffler un vent nouveau sur son pays après trente-huit années de règne autoritaire de José Eduardo dos Santos. En juin dernier, son gouvernement avait adressé un signal fort en légalisant, pour la première fois, l’existence d’une association de défense des droits des LGBT.

JA

Mamadou Dia parle, histoire d’une archive inédite

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Dix ans après la mort de Mamadou Dia, président du Conseil du Sénégal de 1957 à 1962, son ancien directeur de cabinet, Roland Colin, choisit de confier l’intégralité de ses douze heures d’entretiens enregistrés à Dakar entre 1975 et 1978 à Valérie Nivelon, productrice de l’émission La marche du monde à RFI.

C’est une archive sonore inédite où le premier président du Conseil du Sénégal revient sans aucune concession ni amertume sur la crise de 1962 et ses années de prison, suite à son arrestation ordonnée par son mentor Léopold Sédar Senghor, premier président de la République sénégalaise. Mais le témoignage de Mamadou Dia ne se résume pas à l’événement de 1962, aussi tragique soit-il. Sa dimension autobiographique revisite toute l’histoire de la lutte anticoloniale depuis les années 1930. Celle d’un instituteur africain et musulman, dont l’idéal nationaliste ne souffrait aucun compromis avec la France. À la proposition de Senghor de le libérer contre son engagement à renoncer à la politique, Dia a répondu qu’il préférait « vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors ».

Avant de découvrir La voix Mamadou Dia, la série documentaire en trois épisodes diffusée en exclusivité dans La marche du monde sur RFI à partir du dimanche 17 mars à 11h10 TU, Roland Colin revient sur l’histoire de cette archive sonore et sur la dimension biographique du récit de Dia.

RFI : Dans quelles circonstances avez-vous réalisé ces entretiens ?

Roland Colin : J’ai retrouvé Mamadou Dia à Dakar en 1974, juste après sa sortie de prison et je lui ai dit que son témoignage était fondamental, que son histoire devait désormais être intégrée à la grande Histoire et qu’il devait reprendre la parole pour que tout le monde puisse entendre ce qu’il avait à dire.

Il a été très heureux de cette proposition, mais comme il était devenu presque aveugle et qu’il ne pouvait plus écrire, il a accepté de témoigner oralement et de revenir sur son parcours, de son enfance jusqu’à son emprisonnement en 1962.

C’est dans ce contexte que son récit autobiographique a été enregistré. Le travail de mémorisation a été fait par étape. Nous nous sommes vus une quinzaine de fois chez lui à Dakar entre 1975 et 1978. Ce travail lui a permis d’écrire son livre autobiographique : Afrique, le prix de la liberté (aux éditions L’Harmattan).

J’ai soigneusement gardé ces enregistrements et j’ai décidé aujourd’hui, à 90 ans, d’en faire don à RFI pour l’émission de Valérie Nivelon, La marche du monde. Il est important que ces archives puissent être connues de tous, car elles nous donnent à entendre la voix de Mamadou Dia, acteur de l’indépendance du Sénégal, mais aussi figure incontournable de la décolonisation en AOF (Afrique-Occidentale française) et en Algérie.

Quand entrez-vous au cabinet de et Mamadou Dia et quelle fonction occupez-vous ?

La loi-cadre Deffere du 23 janvier 1956 permet de créer pour la première fois un gouvernement sénégalais, et c’est le parti de Léopold Sédar Senghor qui occupe la position de responsabilité. Léopold Sédar Senghor nomme Mamadou Dia à la tête du gouvernement.

A la demande de Léopold Sédar Senghor, j’entre au cabinet de Mamadou Dia en juillet 1957, que je connaissais et pour qui j’avais de l’estime. Mamadou Dia me confie plusieurs missions importantes ; travailler à la fédération des Etats d’Afrique occidentale, suivre le transfert de la capitale de Saint-Louis à Dakar et l’accompagner dans la mise en place de sa politique de développement économique ; l’animation rurale.

Peut-on établir des comparaisons dans les parcours et les origines de Senghor et Dia ?

Mamadou Dia vient d’une classe pauvre. Il n’appartient pas au milieu de la bourgeoisie urbaine, à l’inverse de Léopold Sédar Senghor, dont le père était bien ancré dans le milieu des affaires.

Léopold Sédar Senghor a été extrait de son milieu dès l’âge de 7 ans. Il a été envoyé à l’école où on lui a appris le français et le wolof, alors que sa langue maternelle était le sérère. Il a découvert la religion et la culture française, tout en étant travaillé par l’aiguillon de la culture première perdue et qu’il appelait son royaume d’enfance. Dès lors, il va être obsédé par le retour à cette culture perdue ; la négritude, selon lui, qui sera vue comme une reconquête de soi. Il arrive à Paris en 1928 et il y restera jusqu’en 1945.

Quand il revient au Sénégal, il entend parler de Mamadou Dia, qui était un jeune instituteur et qui faisait un travail formidable avec les paysans sénégalais. Il rencontre un garçon en pleine possession de sa négritude première et sera dès lors fasciné par la négritude de Dia, qui venait de créer, avec un groupe d’amis, le cercle de l’authenticité, véritable creuset de la négritude accomplie.

De son côté, Dia considérait que la religion ne pouvait être un facteur discriminant pour s’intéresser aux autres, ce qui explique pourquoi il a accueilli Senghor (chrétien) avec beaucoup d’ouverture.

Dans quelle mesure la religion apparaît comme une clé de compréhension de la personnalité et de l’éthique politique de Mamadou Dia ?

Son témoignage nous permet de comprendre l’importance qu’a joué son père dans sa vie. Cet « homme digne et extraordinaire », comme il le qualifiait, était agent de police rurale et il incarnait à ses yeux la rectitude et la loi. Sa mort accidentelle va profondément le marquer et renforcer sa foi.

Par la voie d’un islam soufi que lui a transmis son père, la religion était de l’ordre du personnel et il était révulsé de voir l’utilisation de l’islam par les marabouts. Il voulait faire une grande assise nationale sur l’islam et le développement, mais cela n’a pas pu se faire à cause des événements de 1962.

D’où vient son intérêt pour les questions économiques ?

Il devient instituteur, puis comme directeur de l’école régionale de Fatick, il écrit pour des journaux dans lesquels il décrit la misère du monde paysan qu’il connaît bien. Ses articles portent essentiellement sur les questions économiques. Il préconise le regroupement des paysans en coopératives, voie idéale pour leur émancipation. Cette idée marquera par la suite sa pensée politique.

Comment Mamadou Dia est-il entré en politique et a-t-il créé le Bloc démocratique sénégalais (BDS) avec son mentor Léopold Sédar Senghor ?

D’abord réticent à l’action politique, il accepte de se présenter à la demande des habitants de Fatick qui souhaitent le voir candidat au conseil général. Parrainé par Senghor, il se présente sous l’étiquette SFIO.

Ses relations avec Lamine Gueye, leader de la SFIO, se détériorent et avec un groupe de camarades contestataires, dont Léopold Sédar Senghor, il décide de s’impliquer dans la création du BDS.

Pour quelles raisons Mamadou Dia entretient-il des relations privilégiées avec les religieux et avec les syndicalistes pour créer le BDS ?

Le contact avec les religieux et les syndicalistes a permis au BDS de se structurer et de s’étendre, là où la SFIO n’avait pas d’influence.

Mamadou Dia était proche du militant syndicaliste Ibrahima Sar, qui était l’animateur de la grande grève des chemins de fer de 1947. Ibrahima Sar a été ministre du Travail et de la Fonction publique dans le gouvernement de Dia. Il restera fidèle et solidaire à Dia lors des événements de 1962. Il sera emprisonné au même titre que Dia pendant douze ans. Il est mort peu de temps après, suite à une maladie mal soignée pendant son emprisonnement.

En quoi l’année 1958 est-elle un tournant dans la politique sénégalaise ?

L’année 1958 est celle de l’effondrement de la IVe République française. Le général de Gaulle arrive au pouvoir et accepte de faire un pas supplémentaire vers l’autonomie des territoires de l’AOF en proposant un grand référendum sur l’ensemble de l’espace d’influence française, où les pays doivent choisir entre deux options : prendre l’indépendance immédiatement ou se fédérer au sein de la communauté française…

Gros débat, car choisir l’indépendance, c’est émerger sur le plan international sous la forme d’un petit Etat et compromettre les chances réelles d’émancipation sur le plan économique et géopolitique. Le Sénégal, avec d’autres, choisit le statut d’Etat membre de la communauté, en annonçant qu’il transforme son système intérieur de telle sorte à être apte à assumer les responsabilités de l’indépendance. Le Sénégal se donne quatre ans pour transférer son économie.

Comment Mamadou Dia s’y prend-il pour transformer l’économie de son pays ?

Dia avait une formation économique, ce qui était précieux et rare pour un responsable africain de cette époque. Et comme le Sénégal vivait encore dans l’économie de traite colonialiste, il va choisir la voie de l’économie sociale pour transformer l’économie de l’arachide et créer les coopératives paysannes, qui seront de véritables lieux d’apprentissage de la démocratie. Il se fixe comme objectif de réaliser ce travail de formation et de transformation sur quatre ans.

Il lui faut un outil d’éducation paysanne pour permettre à la population de gérer ce qu’il lui est proposé ; ce sera l’animation rurale. Dia va parler d’une économie démocratiquement contractuelle et d’un socialisme humaniste – et non bureaucratique – selon les références culturelles du peuple. A partir de là, son gouvernement va proposer aux paysans de s’organiser en coopératives paysannes, puis il va choisir de réformer l’administration pour que celle-ci soit une administration de partenariat. Dia va appeler ce système de cogestion et d’autogestion le « socialisme africain humaniste ».

C’est à cette période que vous débutez votre collaboration avec Mamadou Dia ?

Oui. Accordé à cette idée, Mamadou Dia me demande de prendre la tête de son cabinet. Ce seront quatre années passionnantes de mise en place du développement de l’animation rurale. Une étape nécessaire pour passer de l’autonomie à l’indépendance.

Comment se met en place l’animation rurale ?

L’Etat met en place un plan de développement sur quatre ans pour chacune des régions : 750 coopératives sont créées la première année. L’Etat crée une banque de développement et un office de commercialisation, ce qui permet de sortir de l’économie de traite. Sur les 600 000 tonnes d’arachide produites chaque année, 150 000 tonnes le sont par le biais de l’économie sociale. Les protagonistes extérieurs n’y croient pas et pensent que les Noirs sont incapables de se gérer eux-mêmes… Au bout de la première année, tout marche au cordeau.

Lors de la deuxième année, 1 500 coopératives sont créées et 300 000 tonnes d’arachide sont produites. Tout marche normalement et les protagonistes extérieures hostiles au régime commencent à avoir peur et pensent que si l’on passe à 75%, ce sera irréversible… Dès lors, il faut « abattre » Dia avant la troisième année.

Comment les opposants de Mamadou Dia vont-ils s’y prendre pour faire tomber son gouvernement ?

Les opposants forment une coalition comprenant trois composantes : « les firmes de commerces internationaux », « les grands marabouts sénégalais » et « le personnel des administrations ». L’objectif est de faire renverser le gouvernement avant la troisième année en déposant une motion de censure par les députés qui s’opposent à la politique de Dia.

Entre-temps, Senghor avait pris les fonctions de président de la République. Dia était toujours chef de gouvernement et pouvait orienter le gouvernement avec la confiance de Senghor, qui pouvait arbitrer en cas de crise. La gestion de Dia est critiquée. Il reprend contact avec certains dirigeants venant des pays de l’Est, notamment la Yougoslavie dont le principe d’autogestion l’intéresse. Les ennemis de Dia intoxiquent Senghor, car le socialisme de Dia mènera au communisme qu’on lui présente comme une destruction pour l’Afrique. On fait croire à Senghor que Dia est en train de monter un complot contre lui pour transformer le Sénégal en République islamique. Progressivement, Senghor va se laisser envahir par cette idée.

Comment Mamadou Dia décrit les événements de 1962 dans vos entretiens ?

Senghor s’était installé dans un protocole « élyséen », si bien que Dia n’avait plus le même accès à Senghor qu’auparavant pour discuter simplement.

Les députés frondeurs déposent une motion de censure alors qu’ils sont issus du même parti que Dia et Senghor. Ils programment le vote de la motion de censure avant que le Conseil national ne se réunisse. Dia se trouve face à un dilemme politique et moral ; s’il laisse faire, c’est toute la politique menée depuis des années qui s’écroule. Il faut donc convaincre les parlementaires avant que le parti ne se réunisse, ce qu’il ne réussit pas à faire. La motion de censure est votée. En parallèle, la Constitution change et on passe au régime présidentiel. Dia est embarqué par l’armée. La nouvelle est répandue : Dia a tenté un coup d’Etat, la presse est sous contrôle, et on dit que Senghor a sauvé la démocratie d’un coup d’Etat.

Ou étiez-vous à ce moment précis ?

Un mois avant les événements de 1962, j’étais au cabinet de Dia et j’avais encore accès à Senghor avec qui je pouvais discuter, car il avait confiance en moi, mais une tuberculose m’oblige à être évacué en France. J’apprends la nouvelle de l’emprisonnement de Dia à la radio depuis la France.

A quel moment revenez-vous au Sénégal ?

Senghor m’envoie un message et me dit que ma place est au Sénégal, et qu’il me confiera des responsabilités importantes quand je sortirai du sanatorium. Je lui réponds que je ne peux pas remettre les pieds au Sénégal tant que Dia est en prison. Senghor se fâche et interrompt ses relations avec moi. Je retrouve Paris en juin 1963 après huit mois au sanatorium et j’entre à la direction de l’Iram, l’Institut de recherche et d’applications des méthodes de développement. Madagascar et le Niger s’intéressaient aux méthodes de Dia et je leur servais d’interlocuteur.

Entre-temps, Dia est condamné pour coup d’Etat par une cour de justice constituée de parlementaires qui avaient voté la motion de censure, et est envoyé dans un centre de détention proche de la frontière du Mali.

En 1967, je reviens à Dakar pour un congrès international et je rencontre Senghor le lendemain de mon arrivée. Je lui rappelle l’estime que j’ai pour lui et que le tandem qu’il formait avec Dia était fondamental, que c’était une chance pour l’Afrique d’avoir un homme de culture et un économiste à la tête du gouvernement du Sénégal, et qu’ensemble ils doivent faire front commun pour mener le destin du Sénégal. Senghor veut bien envisager des mesures permettant la libération de Dia, mais il veut des garanties et me propose de faire l’intermédiaire pour mettre en œuvre sa libération.

Le pardon de Dia à Senghor. Roland Colin a immédiatement retranscrit l’intégralité de ses enregistrements avec Mamadou Dia. © Collection personnelle Roland Colin

Quel est votre rôle pendant les douze années de prison de Dia ?

Je continue d’écrire régulièrement à Senghor sans réussir à faire avancer les choses et un jour Senghor me fait venir à Dakar. Il me demande de porter le message suivant : « J’ai décidé d’envisager la libération de Dia à condition qu’il fasse l’engagement par écrit de renoncer à faire de la politique ». Je me charge de faire l’intermédiaire et Senghor me permet de rencontrer secrètement Dia en prison.

Je revois Dia en 1972 et lui expose les exigences de Senghor et il me dit qu’il considère la politique non pas comme un droit mais aussi comme un devoir. Il me dicte un texte que je remets à Senghor dans lequel il lui dit préférer « vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors ». La lettre est transmise au cabinet de Senghor, qui estime que Dia fait sa mauvaise tête.

Entre-temps, Dia souhaite que son message soit connu et me demande que sa lettre soit envoyée à Houphouët-Boigny, alors président de Côte d’Ivoire. La réconciliation entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire bat son plein ; Senghor fait son voyage de réconciliation à Abidjan et invite Houphouët à Dakar. Houphouët-Boigny appelle l’ambassade du Sénégal et dit qu’il accepte à condition que Dia sorte de prison. Senghor reçoit le message et les négociations se rouvrent pour faire sortir Dia de prison. Un compromis est trouvé. Nous sommes en 1974.

Comment Dia a-t-il supporté ses douze années de détention ?

Ses conditions de vie étaient très dures. Il a tenu le choc moralement et spirituellement en le prenant comme une épreuve humaine et métaphysique. Une mission vis-à-vis de son peuple. Il a beaucoup médité, réfléchi, lu et écrit. Il en est sorti encore grandi.

J’ai beaucoup admiré sa force morale et sa sérénité. Dia a été séparé de ses cinq compagnons avec qui il n’a eu aucun contact pendant ces douze ans. Chacun dans son pavillon. Il a vécu dans une grande solitude et il ne pouvait recevoir de visite qu’une fois par trimestre. Il est sorti de ces longues années d’incarcération avec une volonté de liberté totale.

Dans quel état d’esprit retrouvez-vous Mamadou Dia à sa sortie de prison ? Une réconciliation était-elle envisageable avec Senghor ?

Dia était évidemment heureux de retrouver les siens et la liberté mais il n’était pas habité par un esprit de revanche. Il avait la conviction qu’il avait encore un devoir à accomplir dans la ligne de la démocratie participative.

Avec Senghor, on peut parler de reprise de contact et non d’une réconciliation. Dès que Dia est sorti de prison, il a demandé à être reçu par Senghor. Une fois dans son bureau, il s’est avancé vers lui, a ouvert les bras et lui a dit : « Alors, tu ne m’embrasses pas Léopold ? » S’en est suivi une conversation politique dans laquelle Dia lui a dit qu’il fallait impliquer davantage la société civile pour qu’elle puisse avancer vers la démocratie participative et qu’il souhaitait fonder une internationale africaine pour le développement. Senghor était interloqué par la demande de Dia.

Dia créée cette fondation en 1975 et commence à faire des voyages. Le gouvernement sénégalais lui a mis des bâtons dans les roues. Le projet a fonctionné deux ans. Dia a ensuite repris sa militance politique.

Bibliographie :

Afrique, le prix de la liberté, Mamadou Dia, édition L’Harmattan (épuisé)La Toison d’or de la liberté, Roland Colin, édition Présence africaine

Biographie de Roland Colin

Né en 1928, Roland Colin entre à l’Ecole nationale de la France d’outre-mer en 1948 où il a Léopold Sédar Senghor comme professeur et avec qui il se lie d’amitié. Diplômé de l’Ecole des langues orientales, il commence sa carrière comme administrateur au Soudan français (actuel Mali) en 1952, puis au Sénégal en 1955.

En juillet 1957, à la demande du président Senghor, il est nommé conseiller technique dans le cabinet de Mamadou Dia, président du Conseil de gouvernement du Sénégal, puis chef du gouvernement de la République du Sénégal en 1958.

Suite à l’arrestation de Mamadou Dia en décembre 1962, Roland Colin abandonne toute fonctionne officielle et rentre en France pour entamer une carrière d’anthropologue et d’universitaire, spécialiste du développement des pays africains.

[ÉDITO, ET DIT TÔT] L’Afrique n’étreint pas le nouveau président Tshisekedi : un seul chef d’État à son investiture

L’ET DIT TÔT D’ONG – Félix Tshisekedi a officiellement été investi ce jeudi 24 janvier président de la République démocratique du Congo. C’est la première passation de pouvoir légale de l’histoire du pays. Le nouveau président a assuré vouloir « défendre la Constitution » et travailler à la construction d’un « Congo réconcilié ». Vaste chantier, comme nous le montrons plus loin, dans cet éditorial.

« Je jure solennellement devant dieu et la nation d’observer et de défendre la Constitution et les lois de la République », a déclaré Félix Tshisekedi depuis le Palais de la nation à Kinshasa où il a été investi devant plusieurs milliers de personnes, promettant de « maintenir son indépendance et l’intégrité de son territoire ». Intégrité du territoire qui n’est pas effective à ce jour, du fait des incursions armées des puissances sous-régionales voisines qui contrôlent des régions limitrophes du vaste Congo.

Après la prestation de serment, prononcée en début d’après – midi, des coups de canons ont été tirés en hommage, et  Félix Tshisekedi s’est vu remettre les symboles de sa charge. Le président sortant Joseph Kabila a remis au président élu le drapeau de la République démocratique du Congo. Il s’est également vu remettre le texte de la Constitution, qu’il a brandi devant la foule enthousiaste.

Mais cette foule présente hier au Palais de la nation est l’arbre qui cache, à la fois, le désert et la forêt. Désert de soutiens de ses pairs de la sous -région et forêt d’inquiétudes quant à un avenir apaisé pour la RD Congo. Uhuru Kenyatta, président du Kenya, est le seul chef d’Etat africain à avoir fait le déplacement pour assister à la cérémonie d’investiture de Tshisekedi. Les autres pays africains présents à l’investiture y étaient représentés à un niveau moindre en termes de rang protocolaire et les pays occidentaux se sont contenté d’y envoyer leur ambassadeur. Même pas un ancien président occidental présent, comme cela a été le cas avec Sarkozy lors de l’investiture d’Andry Rajoelina, quelques jours plus tôt, à Madagascar. Car personne n’est vraiment assuré et rassuré que cette première transition démocratique dans l’ex-Zaïre marque la fin de l’instabilité chronique, d’un pays qui a mis du temps à tenir une élection présidentielle programmée pour avoir lieu depuis deux ans et dont des régions entières ne sont pas vraiment maîtrisées par le gouvernement central, mais plutôt par les puissances régionales voisines et leurs soldats. L’église catholique congolaise a également boycotté l’investiture présidentielle du fils du Raïs Etienne Tshisekedi. Cette défiance apostolique est un désaveu lourd de dangers futurs pour le tout nouveau président Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi, dans un pays où l’église et ses évêques ont souvent été le dernier recours pour maintenir une vie politique à peu près normale entre les acteurs. Enfin, Martin Fayulu, « l’autre opposant », non élu selon les résultats officiels, les conteste et continue de se proclamer « président légitime ». Tout ceci augure de saisons peu tranquilles au Congo.

Ousseynou Nar Gueye

Manifestations de l’opposition à Dakar et Rufisque aujourd’hui : les endroits à éviter, pour votre sécurité (société de sûreté française)

Vendredi sous haute tension à Dakar et Rufisque aujourd’hui après la prière collective dans les mosquées ? En tous les cas, à l’initiative de l’opposition réunie dans le cadre du Collectif C 25, des manifestations sont annoncées aujourd’hui vendredi 25 janvier à 15h00 à Dakar et Rufisque. A ce jour, l’autorité administrative n’a pas confirmé d’autorisation et l’itinéraire n’est pas précisé.

Normalement à Dakar, Dakar, il s’agira d’une grande marche qui partirait de l’avenue Cheikh Anta Diop, près de l’université de Dakar pour se terminer au Rond-point de la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS). Selon la société française de sûreté ISAO, dirigée par l’ex officier de marine et entraineur de troups Jean6Martin Jampy, « le risque de heurts avec les Forces de Sécurité et de Défense reste élevé ». Aussi , ISAO fait de recommandation écrites qu’elle a envoyé à ses clients : « pour rallier ou sortir de Dakar, privilégier de passer par l’autoroute à péage ; éviter la zone de l’université de Dakar (Avenue Cheikh Anta Diop, Corniche-Ouest), le Rondpoint RTS, le Boulevard Général de Gaulle. »

Il y aura aussi une manifestation à Rufisque. Si l’itinéraire qui y est emprunté n’y est pas non plus connu, il est probable que la marche se tienne sur le Boulevard Maurice Guèye, sur le tronçon compris entre Keury-Kao (face Terminus Dakar Dem Dikk) et l’agence de la SGBS. ISAO analyse que « le risque de heurts subsiste en cas de non autorisation. » Jean-Martin Jampy, le directeur d’ISAO connait bien Rufisque, puisqu’il a été directeur de la communication de la Sococim, qui y est installée. Pour ce qui est de Rufisque, ISAO recommande  » de contourner Rufisque systématiquement et privilégier de passer par l’autoroute à péage pour rallier Dakar.

Au final, ISAO conseille à ses clients de limiter les déplacements ce vendredi et de rouler en voirure avec les portes verrouillées et les vitres relevées.

Saccage de son siège : Sonko a-t-il simulé un auto-attentat comme l’opposant François Mitterrand en son temps ?

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Dans l’affaire du saccage, survenu dans la nuit de mercredi à jeudi cette semaine, de son siège à Yoff, le parti d’Ousmane Sonko, PASTEF, accuse la main présumée criminelle d’Abdoulaye Diouf Sarr, patron des cadres apéristes à Dakar. Ce dernier rétorque tout de go en disant que c’est PASTEF qui a auto-organisé ce saccage.

Birame Souleye Diop, l’administrateur de PASTEF, est convaincu de l’implication du maire apériste de Yoff car l’un des assaillants aurait, selon ce qu’il a pu glaner du vigile préposé à la sécurité des lieux, laissé entendre que Yoff « appartient à Abdoulaye Diouf Sarr ».

Joint au téléphone, celui qui est par ailleurs ministre de la Santé et de l’Action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, dit croire dur comme fer que c’est une action menée par Sonko et ses partisans pour créer le buzz. « Il a habitué les Sénégalais au buzz. Il attire l’attention sur lui à partir d’éléments invraisemblables (…) Il cherche à étouffer les clarifications apportées par Mamour Diallo (NDLR : directeur des impôts et domaines, cité par Sonko dans l’affaire dite des 94 milliards) dans la presse de ce matin », réagit Abdoulaye Diouf Sarr. Cette fois-ci, selon Diouf Sarr l’ancien inspecteur des Impôts « est allé très loin ». « Cela relève de l’enfantillage politique » est la sentence du maire de Yoff qui demande au président du parti Pastef d' »arrêter ». À la question de savoir s’il est disposé à porter plainte pour avoir été cité, à tort selon lui, dans cette affaire, Diouf Sarr évacue: « Il ne mérite pas que je perde mon temps. Il veut exister par le buzz ».

Tout cet imbroglio rappelle l’histoire d’un opposant français, qui finira par devenir l’un des plus grands présidents de la Vème République française : François Mitterrand. Alors député et opposé au président de Gaulle, le quadragénaire Mitterrand, en 1958, fait l’objet d’une tentative d’assassinat dans les jardins de l’Observatoire à Paris. Celui est alors le principal opposant au régime gaullien accuse ce dernier. L’enquête de police conclue que c’est un simulacre d’attentat dont Mitterrand pourrait avoir été le commanditaire. De Gaulle bloque toute poursuite judiciaire en disant en privé : » Ne le traduisons pas en justice. Il pourrait devenir président de la France un jour ». Et c’est ce qui arriva : en 1981, Mitterrand est élu président des Français.

Portraits croisés : Kabila – Tshisekedi, le duo qui va se passer le bâton du pouvoir en RDC

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Joseph Kabila doit céder sa place à Félix Tshisekedi à la présidence de la République démocratique du Congo ce jeudi 24 janvier. Portrait croisé du désormais ex-président et de son successeur.

Tous deux portent un héritage politique lourd : « ils sont les fils de leurs pères », commente ironiquement un confrère congolais. Deux pères – Etienne Tshisekedi et Laurent-désiré Kabila – qui sont dans l’Histoire, avec un grand « H », de la RDC.

L’un était le Sphynx de Limite, l’autre le Mzee, le sage. Joseph Kabila n’a jamais eu de surnom. Quant à Félix Tshisekedi, ses partisans l’ont appelé « Fatshi » lors de la campagne électorale, mais c’est une simple contraction de Félix Antoine Tshilombo Tshisekedi. « C’est comme si Félix et Joseph n’avaient pas encore gagné leurs lettres de noblesse », conclut le journaliste congolais interrogé. Deux pères charismatiques, peut-on dire, qui ont longtemps éclipsé leur progéniture.

Joseph Kabila, taiseux, a le goût du secret. « Insaisissable parfois » pour son entourage, « un homme dangereux » pour ses adversaires, qui apprécie le pouvoir solitaire.

Revanche

A 55 ans, Félix Tshisekedi réussit  là où son père Etienne l’opposant historique a échoué. On le dit d’ailleurs plus fin diplomate et conciliant, voire courtois, que son père, réputé fier et têtu. Et plus à l’écoute des autres. Une sorte d’anti-Sphynx. Sous ses aspects jovial, rond, le nouveau président est volontaire et déterminé, affirment ses proches.

Félix Tshisekedi a passé une grande partie de sa carrière politique à Bruxelles, il devient secrétaire national de l’UDPS en charge de l’extérieur. Mais quand la santé de son père décline, poussé par sa mère, Maman Marthe et des cadres du parti, Fatshi, comme on le surnomme, prend peu à peu les rênes de l’UDPS, véritable machine électorale, non sans contestation.

Surtout qu’à l’époque, en 2015, le parti d’opposition historique entame déjà de discrètes discussions avec Joseph Kabila qui fait tout pour prolonger son deuxième et dernier mandat. Mais Félix Tshisekedi s’affirme lors des deux dialogues politiques de la fin 2016. Par deux fois, Joseph Kabila parvient à débaucher un cadre de l’UDPS, mais jamais lui.

Qualifié d’influençable par ses détracteurs, encensé par ses partisans pour être à l’écoute de sa base, Félix Tshisekedi claque la porte en novembre dernier quand il n’est pas choisi comme candidat unique de l’opposition. Et quand ses rivaux posent des conditions à leur participation aux scrutins, Fatshi décide d’y aller, coûte que coûte. « C’est parce qu’Etienne préférait être opposant   que son fils est prêt à faire des concessions pour gouverner », confie un membre de famille.

Les deux hommes devront désormais cohabiter. D’aucuns parlent d’un tandem.

Ligue 2 française : le Lion Oumar Daf, 41 ans, au chevet des Lionceaux de Sochaux

Omar Daf, nommé à la tête de l’équipe première sochalienne le 25 novembre 2018, a officiellement prolongé son contrat avec le FC Sochaux-Montbéliard jusqu’en juin 2021. L’ancien international sénégalais, seul entraîneur africain dans l’élite en France, aura la lourde mission de maintenir le club en Ligue 2. Sochaux pointe actuellement à la 17e place du classement.

Omar Daf, qui est aujourd’hui âgé de 41 ans, connaît le club de Sochaux comme sa poche et les entrailles du stade Auguste-Bonal n’ont aucun secret pour lui. Il a disputé quatorze saisons avec l’équipe première avant de devenir entraîneur. Omar Daf avait aussi été l’adjoint d’Olivier Echouafni et d’Albert Cartier.

L’international sénégalais qui compte 87 capes avait été quart de finaliste de la Coupe du Monde 2002. Au Mondial 2018 en Russie, il figurait dans le staff technique des Lions de la Téranga.

« Bonne chance du fond du cœur à Omar Daf  »

Titulaire du Brevet d’Entraîneur professionnel de football (BEPF) depuis mai 2018, Omar Daf dirigeait la réserve sochalienne depuis l’été 2017, avant de prendre en main l’équipe première le 25 novembre dernier.

« Je suis très heureux de cette prolongation. Ça va permettre de travailler sur la durée. Pour moi, c’est très important. C’est aussi un gage de confiance, de responsabilité. Maintenant, ce qu’on veut tous c’est que le club retrouve des couleurs. Il y a encore beaucoup à faire pour ça. C’est un beau challenge aussi », a déclaré le coach après sa nomination.

« Bonne chance du fond du cœur à Omar Daf dans sa nouvelle mission à la tête du FCSM. Une personne exceptionnelle dans un club qui m’est très cher », avait écrit sur son compte Twitter Hervé Renard. Le sélectionneur des Lions de l’Atlas avait fait le déplacement lors du premier match officiel d’Omar Daf en tant qu’entraîneur, à Châteauroux, le 29 novembre dernier. « Félicitations à Omar Daf et au @FCSM_officiel pour cette prolongation de contrat », vient d’ajouter Renard.

A Sochaux, il a tout connu

En tant qu’adjoint, le Lion de la Téranga a souvent été considéré par les joueurs comme un grand frère. Mais son exigence a visiblement été un des moteurs de sa nomination. Celui qui reste pour le moment le seul entraîneur africain dans l’élite en France a toujours aimé le Doubs au point de s’y installer et de fonder une famille avec une « fille du coin », comme il le dit volontiers.

A Sochaux, Omar Daf a joué plus de 200 matches matches entre 1997 et 2009. Il ne compte qu’un seul autre club : Brest, entre 2009 et 2012. Omar Daf était revenu dans le Doubs pour terminer sa carrière de joueur. Depuis, il ne l’a plus quitté. Sous le maillot sochalien, le défenseur a connu : la deuxième division, la Coupe d’Europe et deux trophées (Coupe de la Ligue 2004 et Coupe de France 2007).

« Omar Daf et Sochaux c’est une histoire d’amour. Avec ce club il a tout connu. Il a passé ses diplômes d’entraîneur et pour moi il était programmé pour entraîner là-bas », raconte son compatriote Habib Beye, qui a vécu un quart de finale au Mondial 2002  avec lui. « Il sait que c’est un métier difficile, que l’on est jugé très vite et que l’on a très peu de temps. Mais il est passionné par son sport et par le jeu et je lui souhaite de la réussite », ajoute l’ancien joueur de Marseille.

Aujourd’hui, Omar Daf a une seule mission et un grand défi à relever : le maintien en Ligue 2 pour le club historique de l’élite française, qui affiche 67 années au plus haut niveau, et dont le centre de formation reste une référence.

Kekouta, 17 ans, migrant clandestin parti du Mali pour la Gironde, participe à un concours de bergers en France

D’un geste sûr, Kekouta Dembélé – comme le joueur de foot, précise-t-il – saisit la brebis, la retourne, la rassure de la main. Inspection des dents, des yeux, des mamelles : ce jeune réfugié malien, apprenti dans une ferme en Gironde, est prêt à participer jeudi au concours régional de berger.
« Je veux gagner le concours », sourit Kekouta, 17 ans, fourche à la main pour donner du foin aux brebis et à leurs petits. « Il y aura des gars des Pyrénées, peut-être que ça va être compliqué », modère-t-il.
Kekouta va en effet participer aux Ovinpiades des jeunes bergers à Bazas (Gironde), un concours réservé aux élèves d’établissements agricoles dont la finale aura lieu au salon de l’Agriculture à Paris, dans un mois.
« Il est bon en pratique », assure Serge Chiappa qui l’accueille avec son épouse à la ferme Beauséjour à Gironde-sur-Dropt depuis avril 2018.
Le jeune homme, qui n’a jamais été à l’école dans son pays, « sait manipuler, gérer les animaux. Si un animal a un problème, qu’il est malade, il a l’oeil. Quand il est arrivé, on a vu qu’il connaissait le métier », ajoute M. Chiappa.
Depuis octobre, le jeune homme partage son temps entre le centre de formation d’apprentis de la Réole et la ferme où il vit avec les Chiappa. Le mardi et jeudi matin, il apprend à lire et à écrire.
« Il a envie d’apprendre, il progresse à la vitesse grand V », souligne M. Chiappa, fier de ce jeune, tout comme la grand-mère Clémentine, qui lui passe affectueusement la main sur la tête. Des amis ont donné des vêtements et des chaussures de foot pour qu’il puisse s’entraîner au club local, avant de s’essayer à la course à pied.
En combinaison rouge et grise, bottes assorties et bonnet noir sur la tête, Kekouta trouve bien des différences avec le Mali : « Chez nous, les animaux sont dehors, en liberté. On ne coupe pas les ongles, on ne tond pas les bêtes et on ne les pèse pas. Ici, elles sont dedans, tu leur donnes du granulé, du foin. Ici, on ne tire pas l’eau du puits, c’est plus facile ! »
L’adolescent surprend même parfois Serge, comme ce jour où un agneau avait des petits bouts de foin dans l’oeil. Il met de l’eau dans sa bouche et fait gicler un peu de liquide dans l’oeil de l’animal. « Nous, on aurait été chercher un sérum chez le vétérinaire », se souvient l’agriculteur.

En Libye, « c’était dur »

Car Kekouta a une longue expérience. Tout petit avec son père puis seul à 11 ou 12 ans, il garde les animaux dans son village à la frontière du Sénégal.
Un jour de mai 2017, tout a basculé. Avec sa tante « qui a décidé mais ne m’a rien dit du tout, on a pris le car jusqu’à Bamako », raconte Kekouta.
Après la traversée du Niger, ils arrivent en Libye. « C’était dur, compliqué », dit-il, précisant juste que les Arabes l’ont frappé. La traversée de la Méditerranée se fait en Zodiac, la nuit. « On est nombreux, on a vu les gros bateaux européens », relate le jeune homme. Récupéré par un bateau, il passe plusieurs mois dans un centre à Bergame, en Italie.
Ce qu’il n’évoque qu’à demi-mots, c’est qu’en Libye sa tante a été tuée dans un camp, qu’en Italie, il a été hospitalisé, les fesses brûlées par le sel durant la traversée en mer… La nuit parfois, Kekouta fait des cauchemars de ce voyage.
Puis il passe en France en février 2018 avec l’aide d’un Malien : Marseille, Nice, Lyon, Toulouse, Rodez pour terminer dans un foyer Emmaüs en Gironde.
Un des éducateurs propose à M. Chiappa de prendre en stage un jeune Malien qui s’y connaît en agriculture. Il est tellement doué qu’il est qualifié pour le concours régional de berger, comme l’a relevé le journal Sud-Ouest.
La suite ? Kekouta sera majeur cette année. Il pourra demander une carte de séjour, justifiant d’un emploi à la ferme. Curieux et travailleur, il pense ensuite apprendre la cuisine ou la boucherie, rester en France et rentrer au pays de temps en temps voir sa famille.

EXCLUSIF – Inventaire des Idoles : « Pierre-Henri Thioune, oracle, ô désespoir » (cf. Guelwaar) – Par Elgas

L’œuvre d’Ousmane Sembène n’est pas seulement prophétique et immortelle. Quand on l’explore, c’est l’une des plus édifiantes, tant la plume et la caméra du natif de Casamance ont su confesser et accoucher une société, et bien au-delà. On retrouve tous les types de héros chez Sembène. Dans la Noire de (1966), celle à qui Mbissine Thérèse Diop donne une vie est une jeune immigrée humiliée, employée domestique, essorée par le racisme, le rêve défait, qui finit par se suicider dans la salle de bain. Sembène nous donne là, la figure du héros candide que percute la violence de l’histoire. Dans le Camp de Thiaroye (1988), le sergent-chef Diatta, démobilisé de l’armée française, tient tête aux futurs bourreaux de son unité et rivalise avec eux dans leurs codes. Il est le héros discret, dont l’aura émerge et croît à mesure que le film avance, dont on sent aussi le déchirement entre le désir de revenir aux traditions ancestrales et la réalité d’une acculturation occidentale. Même déchirement dans Xala (1974) pour El Hadji Abdou Karim Beye. Seulement, ce héros est celui de la honte et du reniement. Dans Emitaï (1971), les héros sont multiples : la révolte contre l’effort de guerre mobilise tout ce village où l’on peut percevoir l’héritage d’Aline Sitoé Diatta. C’est l’héroïne et les héroïnes que Sembène met en scène, dans un féminisme précurseur.

Dans le Mandat (1968), le héros est naïf, balloté dans les mouvements de la modernité, polygame qui entretient des traditions par la perfusion de cet argent extérieur qu’il attend. C’est un héros presqu’absurde qu’offre là, Sembène, que l’on plaint mais pour qui l’on ressent une vague affection. Dans Molaadé (2004), le dernier film du cinéaste, l’héroïne lutte contre ses traditions et l’excision. Comme une évolution, l’écrivain, a su tirer le portrait avec une lucidité toujours renouvelée. Dans les Bouts de bois de Dieu (1960), comme dans les autres œuvres majeures, la plume ou la caméra savent suggérer, militer, sublimer, avec la réserve et avec la pondération de l’homme à la pipe. Tous ces héros multiples semblent fusionner dans la personne de Pierre-Henri Thioune, le personnage central dans Guelwar (1992). Thierno Ndiaye Doss qui prête son jeu d’acteur à ce personnage est resté mythique dans les cœurs et dans les annales du cinéma national avec ce rôle. C’est le héros magnifique et grandiose. Solennel et grave. Impétueux quand il faut, humain quand il le faut. Il agrège presque tous les types de la galerie de personnages que Sembène a offert.

Si l’auteur a décliné ses héros à travers de multiples expressions, il faut noter qu’il avait aussi le culte de la scène symbole. Dans chaque film, il y a ce moment où la gravité atteint son comble. Scène souvent sans paroles, relevée par la bande originale tragique, où le message est visible, fort, et direct. Dans le camp de Thiaroye, c’est l’attaque nocturne qui causa les morts dans la nuit. Lâcheté historique pendant laquelle Pays, joué par Sidiki Bakaba, muet et traumatisé par la guerre en Europe verse des larmes. A la fête des soldats qui croyaient enfin recevoir leurs droits, succède la tuerie dans le silence. Dans Emitaï, c’est la destruction des réquisitions de riz qui atteint le sommet du drame. Dans Molaadé, c’est la destruction des radios que brûlent les hommes pour mieux ensevelir les femmes dans la nuit des traditions. Dans Xala (1974), c’est les crachats de la rédemption. Dans Ceddo (1977), c’est le baptême des païens quand ils reçoivent leurs prénoms musulmans.

L’on pourrait à loisir trouver un, voire deux moments, dans chaque film, où le temps se fige et où le spectateur est seul juge. Ces moments, il y en a eu deux très forts dans Guelwar : dans le premier, Pierre-Henri Thioune est mort et enseveli. Abou Camara procède à l’exhumation du corps. Saisissante scène, ponctuée des cris et saillies religieuses stupéfaites, que la chanson Njilou de Baaba Maal enrobe d’un voile de magie. Dans la deuxième scène, en flashback Pierre-Henri Thioune fustige dans ce discours mythique, l’aide internationale qui suscite et alimente les prédations de l’élite politique. On y voit alors, la procession, mimétique et décidée, éventrer les sacs de riz de l’aide alimentaire comme jadis dans Emitaï. Les lettres de noblesse du refus, portées par des enfants, rendent la séquence inoubliable. Cette tradition de la destruction salvatrice chez Sembène est un élément fondateur, comme la métaphore sur la nécessité d’un divorce violent, pour libérer le cri de la naissance. Mort ou vivant, Sembène a fait porter un discours à Pierre-Henri Thioune, un discours de vérité, un discours de refus.

On en fait bien des caisses sur le courage quelquefois. On le surévalue chez les uns et on le sous-évalue chez d’autres. Mais le courage de Pierre Henri Thioune, et au-delà, celui de Sembène, est celui de nous avoir régulièrement entretenus du devoir d’entretenir ce courage. La vérité est une idole dépréciée, elle doit rester une idole vivante tout de même. Depuis Guelwar, presque 30 ans, et pas un héros à grande audience, au niveau national, n’est venu bousculer nos certitudes, nos acquis, nos reposantes commodités. La scène politique depuis Guelwar s’est ensablée dans des querelles indignes en désertant le champ des idées. L’idéal de souveraineté, de véritable dialogue religieux sans la seule rescousse de l’apparence, toutes ces idées que défendait Pierre-Henri Thioune, avec son célèbre doigt accusateur, sont restées sans héritiers multiples. La politique s’est refermée dans une consanguinité avec le pouvoir moral, pour baliser le statut quo. On peut gager que s’il était vivant, Pierre Henri Thioune aurait sans doute pointé encore son doigt accusateur vers nous autres.

Il se rencontre beaucoup de diffuseurs de cette séquence, beaucoup d’amoureux de ce passage de Guelwar, pourtant comme toujours, nous aimons les héros morts, par impuissance et incapacité à les réincarner. On les embrasse pour mieux les faire taire pour de bon, et pour nourrir une bonne conscience épisodique. A la mort récente de Thierno Ndiaye Doss, comme à celle avant d’Ousmane Sembène, c’est toute la lignée des oracles qui s’est éteinte définitivement, nous laissant le temps des héros aux galons multiples et aux faits glorieux inexistants.

En allant vers le cinéma, Sembène l’a dit : il voulait toucher plus de gens, ceux que les livres n’atteignent jamais. La littérature reste élitiste et sectaire. Elle exclut. A dessein et à décharge à cause des déficits de promotion et d’investissements culturels. La caméra de Sembène est presque restée sans héritiers. Ça en dit long sur notre époque, prompte à célébrer la libération, à s’autosatisfaire d’une ébullition de la scène intellectuelle, alors qu’à y voir de très près, le vernis couvre un vide, voire un gouffre. Dans cet emblématique Guelwar des années 90, Pierre-Henri Thioune reste un prophète qui tend l’index vers la bonne direction, mais on a regardé ailleurs, obnubilés par le doigt. C’était un héros total, presque taquin et frivole, il est l’un des premiers à apparaître nu dans un film de grande audience nationale, dans une scène encore plus incroyable d’adultère à cette époque. De ces héros qui nous plaisent, nous grondent, nous dérangent, nous interpellent et nous divertissent. C’est pourquoi il reste impérissable même si le fumier ne semble pas faire un bon engrais pour la repousse. C’est qu’il est un oracle, au sens plein et sublime du mot. Il ne faut pas désespérer qu’il y ait des héritiers. Si les livres « précèdent les lecteurs » comme le dit joliment Boris Diop, le temps est alors un allié. Il nous reste juste à arroser le champ.

Elgas

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Auchan précède et Carrefour suit : son premier supermarché ouvre au Point E, trois autres prévus

Après la Côte d’Ivoire et le Cameroun, CFAO a ouvert son premier magasin Carrefour au Point E, quartier huppé de la capitale sénégalaise.

Avec 800 mètres carrés de surface commerciale – loin derrière les 20 000 m2 du centre commercial PlaYce Marcory en Côte d’Ivoire ou même les 8 250 m2 du Carrefour Market de Bonamoussadi, au Cameroun -, l’enseigne Carrefour « commence doucement » au Sénégal, où le marché de la grande distribution « est très concurrentiel », a précisé Jean-Christophe Brindeau, le directeur général de CFAO Retail, à l’occasion d’une conférence de presse le 22 janvier à Paris.

Installée à proximité de la piscine olympique, dans le quartier huppé du Point E, la nouvelle enseigne vise « les 3 % de CSP+ et les 12 % de classe moyenne » du Sénégal tout en promettant « le même niveau de prix qu’Auchan », son concurrent implanté dans le pays depuis 2015.

Avec 48 employés sur place, CFAO se fixe notamment pour objectif de nouer des contacts avec des fournisseurs locaux, à même de lui fournir une partie de ses produits, notamment alimentaires. « Nous adapterons nos références au fur et à mesure, en fonction de nos fournisseurs et de la demande », explique Virginie Patry, la directrice commerciale de CFAO Retail, qui met en avant une « volonté de s’ancrer dans le paysage local sur du long terme ».

Une chaîne low-cost pour aller vers la consommation de masse

Outre ce supermarché qui cible les plus aisés, CFAO a prévu d’ouvrir au Sénégal, d’ici 2020, trois magasins de son nouvelle enseigne low-cost destinée aux couches populaires, Supeco. Déjà présente en Europe de l’Est et du Sud et au Brésil, cette enseigne fera son entrée en concomitamment au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, avec « 8 à 10 magasins »  d’ici la fin de l’année 2019 dans les trois pays.

La plus grande partie des consommateurs sont favorables à la grande distribution

Le premier est prévu dès le premier trimestre 2019 sur le site de l’ancien cinéma El Mansour, à Grand Dakar. Y seront proposées quelques 2 500 références, dont du vrac, à destination des consommateurs mais aussi éventuellement des revendeurs. « Nous n’avons pas la prétention d’aller lutter contre l’informel, mais nous allons essayer de nous en approcher », précise Jean-Christophe Brindeau.

Jean-Christophe Brindeau se dit conscient d’un risque de « scénario à la Auchan » – en misant sur les volumes et en cassant les prix, le groupe français s’est heurté au Sénégal à une brusque réaction des petits commerçants, qui manifestent régulièrement à l’appel du collectif « Auchan dégage ». Cela ne l’inquiète pourtant pas outre outre mesure. « Cette réaction peut arriver, mais elle ne reflète qu’une petite partie de l’iceberg. La plus grande partie des consommateurs sont favorables à la grande distribution », assure-t-il.

J.A

Portrait : le Général Omar el-Béchir a dribblé la CPI mais pourrait succomber aux assauts de son peuple

Depuis bientôt trente ans, le septuagénaire Omar el-Béchir dirige le Soudan d’une main de fer, en s’appuyant sur le puissant NISS, le Service national du renseignement et de la sécurité. Son régime est allié aux grandes puissances, mais il a du sang sur les mains. Depuis 2009, l’homme fort du régime est lui-même sous le coup d’un mandat d’arrêt lancé par le procureur de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide au Darfour. Asphyxiés par une économie dysfonctionnelle, les Soudanais manifestent dans les rues depuis un mois et réclament le départ de leur président. Cette contestation est devenue, selon les analystes, le plus grand défi posé au chef de l’Etat soudanais depuis son arrivée au pouvoir en 1989 par un coup d’Etat. Retour sur le parcours d’un des leaders politiques les plus controversés du continent africain.

Alors que le mécontentement populaire gronde dans les rues du Soudan, le site d’information américain The Daily Beast a fait sensation en revenant sur un épisode peu connu des négociations informelles qui s’étaient déroulées au début des années 2010 entre des militaires soudanais et un diplomate de haut rang de Washington, visant à renverser le régime déjà décrié d’Omar el-Béchir, à Khartoum.

Le site électronique raconte qu’en 2012, l’ambassadeur Princeton Lyman, qui était à l’époque l’envoyé spécial du département d’Etat chargé du Soudan et du Soudan du Sud, avait été discrètement contacté par un groupe d’officiers et de sous-officiers de l’armée soudanaise. Ces derniers se plaignaient d’être « professionnellement lassés » du leadership de Béchir. Soucieux de changer l’image négative du Soudan dirigé depuis trop longtemps par un « autocrate » accusé de génocide et soupçonné de financer le terrorisme dans le monde, ces militaires se demandaient comment réagiraient les Etats-Unis en cas de renversement du régime soudanais par un coup d’Etat.

L’Amérique, la première puissance du monde, ne pouvait pas officiellement apporter son soutien à un coup de force qui va à l’encontre de la légalité internationale, avait répondu en substance le diplomate à ses interlocuteurs. Tout en laissant entendre, entre les lignes, que si toutefois les putschistes s’engageaient à restaurer la démocratie à Khartoum et garantir le respect des droits humains, Washington ne s’opposerait pas au changement.

La suite de l’histoire est connue. Le complot fut découvert par le pouvoir soudanais, les officiers arrêtés et le sécurocrate n° 1 du régime, Salah Gosh, qui avait été mobilisé par les officiers comploteurs pour donner un visage politique à leur putsch, tomba en disgrâce. Ceci explique sans doute pourquoi ce dernier n’est jamais allé au rendez-vous avec l’ambassadeur Lyman, dans son hôtel au Caire, comme il avait été convenu entre les militaires de l’armée soudanaise et le diplomate américain.

Un régime autoritaire et sécuritaire

Princeton Lyman est décédé en août 2018, non sans avoir confié à la presse sa déception de voir le renouveau du Soudan repoussé aux calendes soudanaises. Or le timing de la révélation de cette affaire « ancienne » ne relève sans doute pas du hasard. Elle sonne comme un avertissement pour le régime soudanais, alors que le pays est plongé depuis des semaines dans une crise quasi-insurrectionnelle et que les analystes s’interrogent sur les scénarios de sortie de crise. Avec ou sans le retrait de l’homme fort du régime ?

Maandamano ya kumuunga mkono Rais wa Sudan Omar al-Bashir mjini Khartoum, tarehe 9 Januari 2019. © © AFP

Ce n’est pas toutefois le premier soulèvement populaire auquel le président Béchir est confronté depuis sa prise de pouvoir en 1989 par un coup d’Etat, renversant un gouvernement démocratiquement élu. En 2013 déjà, des émeutes contre une hausse de plus de 60% des carburants avaient ébranlé le régime. C’était la conséquence directe de la sécession en 2011 du Soudan du Sud où se trouvaient les trois quarts des puits de pétrole du Soudan uni.

La révolte avait été matée à coup d’une répression policière qui a fait 200 morts et plus d’un millier de blessés. « Le régime en a profité pour recentrer le pouvoir autour des services de renseignement et de sécurité et les faucons de l’armée », expliquait à l’époque sur les ondes de RFI le chercheur sur le Soudan Jérôme Tubiana. Ce recentrage permettra au gouvernement de contenir rapidement des manifestations qui secouent le pays de nouveau en janvier 2018, en réaction à l’inflation du prix des denrées alimentaires. Si le pouvoir semble avoir plus de mal pour maîtriser la contestation en cours aujourd’hui, « c’est en partie, explique Christian Elmet, chercheur émérite et spécialiste du Soudan, parce que les gens sont désespérés. Ils sont persuadés que l’amélioration de leur sort passe désormais par le renversement de ce régime, qui consacre 80% de son budget à la défense et à la sécurité dans le seul souci d’assurer sa propre pérennité ».

« Le régime est extrêmement autoritaire et sécuritaire », ajoute pour sa part l’historienne britannique Willow Berridge, spécialiste du Soudan. Cela n’a rien de surprenant compte tenu du militarisme qui définit la carrière et la vision politique de son fondateur, Omar el-Béchir. Né en 1944 dans une famille paysanne modeste de Hosha Bannaga, village situé à une centaine kilomètres au nord de Khartoum, l’homme était fasciné dès son plus jeune âge par la carrière militaire. Cette ambition l’a poussé, les études secondaires terminées, à partir poursuivre sa formation dans une école militaire au Caire et à combattre au sein de l’armée égyptienne lors de la guerre israélo-arabe de 1973.

De retour à Khartoum au milieu des années 1970, le jeune colonel gravit rapidement les échelons de l’armée soudanaise, tout en portant un regard critique sur les turbulences de la vie politique de son pays. Très impliqué avec d’autres officiers et sous-officiers de sa promotion de parachutistes dans le mouvement qui a débouché en 1985 à la chute du président Gafaar Nimeiry lâché par l’armée, il s’attachera à ne pas commettre les erreurs du président déchu lorsqu’il prend le pouvoir en 1989, à la tête d’une junte militaire. Ses premiers actes en tant que nouvel homme fort consisteront à placer sous sa férule les National Intelligence and Security Services (NISS), les services de sécurité et de renseignement et à fidéliser l’armée en lui cédant des pans entiers de l’économie.

Un paria diplomatique

Le succès du coup d’Etat du 30 juin 1989 s’explique aussi par le soutien qu’ont apporté à la junte militaire les islamistes, menés à l’époque par le sulfureux Hassan al-Tourabi. Sous l’influence de ce prédicateur populaire, Omar el-Béchir engage le pays sur le chemin de l’islamisme radical, introduisant la charia dans une société nationale divisée à l’époque entre le nord majoritairement musulman et le sud peuplé de chrétiens et d’animistes. Avec cette islamisation forcée, la guerre civile qui faisait rage depuis 1983 entre Khartoum et les rebelles sudistes non-musulmans va s’aggraver, entraînant à terme la sécession du sud et des maux économiques dont le Soudan a du mal à se relever. Le conflit a par ailleurs coûté deux millions de vies et n’a pris fin qu’en 2005.

Hassan al-Tourabi à Khartoum le 9 mars 2009 après sa sortie de prison. © (Photo : Khaled Desouki/AFP)

Le Soudan des années 1990 où Omar el-Béchir installe son pouvoir est un véritable cocktail islamo-militariste, avec la présence sur son sol de jihadistes ayant combattu en Afghanistan, dont le chef d’al-Qaïda , Oussama ben Laden. Celui-ci a vécu à Khartoum entre 1991 et 1996, avant d’en être expulsé sous la pression des Etats-Unis. Chemin faisant, le régime prendra ses distances par rapport à Tourabi l’islamiste, pointé du doigt comme la principale cause de la détérioration de l’image du Soudan dans le monde. C’est en effet de cette époque, plus précisément de 1993, que date le placement du Soudan, soupçonné d’abriter des terroristes impliqués dans des attentats sur le territoire des Etats-Unis, sur la liste noire américaine des « Etats soutenant le terrorisme ».

Les conflits armés qui ont jalonné le règne d’Omar el-Béchir, notamment ceux menés contre les rebelles au Sud, mais aussi au Darfour avec des centaines de millions de morts et des millions de déplacés ainsi que dans plusieurs autres régions du pays, ont également contribué à l’isolement diplomatique du Soudan. Les massacres et les crimes commis au Darfour par les troupes lancées par l’homme fort de Khartoum valent à ce dernier d’être accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et génocide par la Cour pénale internationale (CPI). Le mandat d’arrêt lancé par la Cour de La Haye en 2009 fait d’Omar el-Béchir le premier chef d’Etat en exercice à être inculpé par cette juridiction, limitant sa liberté de voyager à l’étranger de peur d’être arrêté.

Or l’homme est coriace et n’hésite pas à défier la CPI, comme en témoignent les 150 visites dans des pays étrangers qu’il a effectués depuis le lancement du mandat d’arrêt contre lui le 4 mars 2009. 19 jours après cette date fatidique, le président Béchir se trouvait en Erythrée en voyage officiel. Il a, depuis, été reçu à Pékin par Xi Jinping, à Moscou, il y a deux ans par Vladimir Poutine, mais aussi au Caire, à Pretoria, à Ndjamena et plus récemment par Bachar el-Assad à Damas.

L’arrière-cour de l’Egypte

C’est sans doute cet esprit de défiance qui a poussé le général-président à sortir récemment dans les rues de Khartoum en pleine ébullition pour narguer les manifestants qu’il a qualifiés de « comploteurs ». Brandissant sa canne au-dessus des têtes, il a harangué la foule des militants de son parti amenés par bus entiers des lointaines provinces qui lui restent encore acquises, sans oublier de dénoncer « les agents étrangers, les traîtres et les mercenaires ». Une phraséologie qui renvoie aux intérêts étrangers, notamment à ceux des Etats-Unis responsables, aux yeux de Khartoum, de ses difficultés économiques. L’embargo imposé par Washington pendant 20 ans ne lui a-t-il pas interdit de mener des activités commerciales et des transactions financières à l’international ?

Pour nombre d’observateurs de la vie politique soudanaise, cette défiance publique visant les Occidentaux relève du Grand Guignol, destiné à épater la galerie. En réalité, depuis les attentats du 11-Septembre 2001 au moins, le régime soudanais travaille main dans la main avec l’Occident, notamment avec les Américains. La CIA, qui a installé son plus grand bureau en Afrique à Khartoum, s’appuie sur les influents services de sécurité et de renseignement, le NISS, pour infiltrer les « shebabs » somaliens et combattre les cellules jihadistes qui prospèrent dans la Libye voisine et dysfonctionnelle. C’est d’ailleurs sous les pressions des dirigeants de la CIA et du Pentagone que Barack Obama avait pris la décision de desserrer les sanctions américaines contre le régime soudanais.

L’administration Trump a, pour sa part, poursuivi la même politique en l’approfondissant, en levant dès octobre 2017 l’embargo commercial vieux de plusieurs décennies et en engageant des négociations pour sortir le Soudan de la liste des « Etats soutenant le terrorisme ». Une décision dans ce sens serait imminente. « Quels que soient les errements de Béchir, les Américains ne le laisseront pas tomber car ils ne veulent pas que le bordel arrive au Soudan, qui est après tout l’arrière-cour de l’Egypte », ajoute Christian Elmet.

Pour les Européens également, Khartoum est un pilier stratégique dans leur lutte contre les migrations. « Toute instabilité dans ce pays pourrait entraîner une nouvelle vague de migrations vers l’Europe », explique un diplomate sous couvert de l’anonymat. Cette position stratégique qu’occupe aujourd’hui le Soudan dans la Corne de l’Afrique est une aubaine pour Omar el-Béchir. Conscient de sa force, celui-ci a même diversifié sa diplomatie, en invitant la Russie à venir installer une base militaire sur la mer Rouge. Fin stratège, l’homme a aussi renoué avec les Saoudiens et les Emiratis, tout en faisant les yeux doux à leurs rivaux turcs et qataris.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan (G) avec son homologue soudanais Omar el-Béchir (D) à l’aéroport de Khartoum, le 24 décembre. © REUTERS/Mohamed Nureldin Abdallah

Les trois scénarii

Or, il n’est pas sûr du tout que ce savant dosage d’alliances géopolitiques puisse suffire à Omar el-Béchir pour sortir son pays du marasme économique qu’il traverse depuis la perte de l’essentiel de ses ressources pétrolières, ni pour contenir les vagues de contestation auxquelles son régime militaro-sécuratiste est confronté depuis plus d’un mois. Les caisses sont vides et les investisseurs ne veulent pas venir dans un pays gouverné par un régime réputé corrompu et prédateur.

Asphyxiés économiquement à cause de l’inflation qui a atteint 70% en fin d’année 2018 et les dévaluations à répétition de leur monnaie, les manifestants soudanais réclament du pain, mais aussi le développement et la démocratie. Ils réclament le départ d’Omar el-Béchir, qui s’était fait désigner juste avant les événements candidat à la présidentielle de 2020 pour un troisième mandat, alors que la Constitution en autorise deux. Cette perspective est peut-être compromise par la contestation dont ne voit pas la fin et qui semble gagner même les camps du pouvoir. Les réseaux sociaux parlent des scènes de fraternisation entre les manifestants et les forces de sécurité.

« On est entré dans un schéma révolutionnaire », affirme pour sa part Christian Elmet, chercheur émérite et spécialiste du Soudan, rappelant que les deux premiers régimes que ce pays a connus après l’indépendance ont été renversés en 1964 et 1985 par des soulèvements populaires similaires au mouvement de contestation actuel. Même l’opposition, longtemps malmenée par le régime, semble y croire. Vingt-deux partis de l’opposition instituée ont signé un communiqué commun appelant à la mise en place d’un « gouvernement de transition (…) qui convoquerait des élections pour rétablir la démocratie et les libertés publiques » dans le pays.

« Le processus à l’œuvre dans le pays est susceptible d’entraîner la fin brutale du régime en place, même si je ne crois pas qu’on ait encore atteint au Soudan un point de non-retour où l’armée régulière ainsi que l’appareil sécuritaire puissent se retourner contre le président Béchir », juge Ahmed Soliman du think-tank Chatham House, basé à Londres.

Le pouvoir d’Omar el-Béchir, pourrait-il survivre à la crise actuelle, s’interroge aussi le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), dans un rapport publié début janvier. Ce rapport propose trois scénarii de sortie de crise : coup d’Etat militaire, démission d’Omar el-Béchir ou survie du régime et de son fondateur. Ce dernier scénario semble le plus plausible dans l’état actuel des rapports de force, si l’on en croit les chercheurs et les analystes. Mais « ce sera au prix de la poursuite du déclin économique, d’une plus grande colère populaire, de davantage de manifestations et d’une répression plus dure », écrit le rapporteur de l’ICG.

Les députés d’opposition guinéens accepteront-ils de siéger à l’Assemblée nationale ?

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Les discussions se poursuivent au sein de l’opposition en Guinée. Faute d’élections législatives dans les délais prévus, le président a prolongé le mandat des députés, et ce, jusqu’à la tenue d’un nouveau scrutin. Depuis, les partis d’opposition sont confrontés à la question : faut-il siéger ou non à l’Assemblée ? Cette question suscite beaucoup de débats.

Les députés de l’opposition sont partagés entre ceux qui souhaitent conserver une capacité d’action parlementaire et ceux qui considèrent qu’en siégeant à l’Assemblée, ils cautionnent ce report électoral, voire même qu’ils pourraient avoir du mal à s’opposer à d’éventuels autres reports de scrutins dans les mois ou années à venir.

Discussions toujours en cours

Pour l’instant, les discussions sont toujours en cours au sein du principal parti d’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), comme l’explique son président, Cellou Dalein Diallo. « La prolongation du mandat du président n’est pas liée à cela, mais ceci dit c’est un élément qu’il faut prendre en considération ».

Les députés de l’opposition se trouvent face à un choix difficile. Selon l’un des responsables de l’Union des forces républicaines (UFR), le parti au pouvoir (le RPG, le Rassemblement du peuple de Guinée) dispose d’une majorité suffisante pour fonctionner sans l’opposition. Boycotter reviendrait donc à laisser les mains libres au parti présidentiel.

« Je préfère qu’il y ait un vide institutionnel »

Ce n’est pas l’avis du député Ousmane Kaba du Parti des démocrates pour l’espoir (Pades), qui a déjà pris sa décision : « Si on continue comme ça, je suis certain que les élections législatives vont être tenues au-delà de 2020, sans même parler des présidentielles qui sont programmées pour 2020. Je préfère qu’il y ait un vide institutionnel. C’est une pression sur le gouvernement et la Céni [Commission électorale nationale indépendante] d’organiser au plus tôt les élections ».

Enfin, du côté de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG), allié de la majorité lors des dernières législatives, on préfère attendre encore un peu. Le premier conseiller du parti explique qu’une décision sera prise lors du congrès de mars prochain.

Tous contre Macky ? L’opposition peine à trouver une stratégie

L’opposition peine à trouver une stratégie après l’exclusion de Karim Wade et de Khalifa Sall de la présidentielle. Les deux hommes ne figurent pas sur la liste définitive des candidats retenus. Le Conseil constitutionnel a rejeté leurs recours ce dimanche. Ils ont désormais épuisé toutes les voies de droit pour participer au scrutin. L’opposition s’est réunie, lundi 21 janvier, appelant à la mobilisation. Mais sans aucun plan d’action.

Des militants sont venus assister à la conférence de presse de l’opposition, ce 21 janvier. Bouba Deme milite pour Karim Wade. L’homme est en colère contre les chefs de son parti : « Je suis très en colère même parce que ce n’est pas ce qu’on attendait vraiment. Ils sont en train de faire du cinéma, mais ils ne sont pas sincères. Ils discutent ici, ils s’éparpillent. Il n’y a rien de concret ensuite. »

Tous contre Macky Sall

Dans la salle, les participants se sont accordés sur un point : tous contre Macky Sall. Mais avec quelles solutions ? Faut-il rallier un des candidats retenus par le Conseil constitutionnel ? Faut-il encore occuper la rue ? Rien n’a été arrêté. Oumar Sarr, coordonnateur national du Parti démocratique sénégalais : « Nous allons vraiment accélérer tous nos plans. Nous avons déjà des plans en vue. Des plans de lutte. Aujourd’hui, il n’y a que la lutte. C’est juste les formes de lutte, il faut la mener de telle ou telle manière, cette lutte-là. C’est tout. »

Pape Diop, un des candidats recalés par le Conseil constitutionnel, est également présent à ce rendez-vous : « La prochaine étape, nous allons réfléchir pour voir comment on va mobiliser les populations sénégalaises parce que Macky Sall nous a invités à la confrontation, et nous y répondrons. »

Le temps de la réflexion

L’opposition se laisse donc le temps de la réflexion, à un mois seulement du premier tour de l’élection présidentielle. Khalifa Sall a, quant à lui, déposé le vendredi 18 janvier une plainte en urgence auprès de la Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) pour figurer sur la liste des candidats.

Présidentielle et 5 « rageur » : Khalifa et Karim définitivement out

Toute la journée d’hier dimanche, Dakar et sa banlieue étaient jalonnés de groupes gendarmes et policiers en faction, avec armes et véhicules. Pour prévenir ou mater des troubles éventuels, à l’occasion de la proclamation de la liste définitive des candidats à la présidentielle. La diffusion de la liste a finalement eu lieu à 23h.  Le Conseil constitutionnel a donc publié, ce dimanche comme prévu par la loi, la liste définitive des candidats pour la présidentielle du 24 février prochain. Pas de changement, les 7 « sages » ont confirmé la liste provisoire, divulguée lundi dernier.

Macky Sall, Issa Sall, Ousmane Sonko, Idrissa Seck et Madické Niang sont donc retenus pour la course au Palais. Et ainsi Khalifa Sall, Karim Wade, Malick Gakou et Cie, qui avaient introduit des recours pour contester l’invalidation de leurs candidatures, sont définitivement recalés.

« C’est la validation d’un coup de force imposé par Macky Sall, qui comme on l’a toujours indiqué a peur d’affronter ses adversaires, témoigne le mandataire de Khalifa Sall, Babacar Thioye Bâ. Nous avons utilisé et épuisé toutes les voies de droit, sans trop y croire, la seule riposte, la seule réponse, reste l’action politique.  Face au coup de force du régime de Macky Sall, la seule chose qui pourrait l’arrêter c’est de lui faire face. »

Ces candidats malheureux à la candidature n’entendent pas baisser les bras. Réunis dans le cadre du C25, ces opposants se donnent rendez-vous ce lundi au siège de Bokk Gis Gis pour déterminer la conduite à tenir.

Pour le directeur exécutif d’Amnesty, Alioune Tine, et le constitutionnaliste Babacar Guèye, le Conseil constitutionnel n’a pas dit le droit. Ils pensent que la candidature de Khalifa Sall aurait due être validée.

«C’est un naufrage des sciences juridiques, un naufrage de la démocratie aujourd’hui», a clamé le premier sur la Tfm. Le second, sur la même chaîne, a embrayé : «Sur le plan du droit, le Conseil s’est trompé. De mon avis, Khalifa Sall devait être candidat.  Car le rabat d’arrêt dans ce cas de figure est suspensif.»

Au micro de la Rfm, Me Amadou Sall du Pds annonce que son parti s’opposera à la tenue du scrutin, pour protester contre l’invalidation de la candidature de Karim Wade, aui devait porter leurs couleurs le 24 février prochain. Une posture que Seydou Guèye, le porte-parole du gouvernement, sur la même station, assimile à de l’enfantillage.

Les 7 universités françaises qui s’opposent à la multiplication par 15 des frais de scolarité pour les étudiants africains

Des établissements font bloc contre la multiplication par quinze des tarifs afin d’obtenir un recul des délais d’application du plan «Bienvenue en France» prévu pour la rentrée 2019.

Sept universités ont annoncé, cette semaine, leur refus d’augmenter les frais d’inscription pour les étrangers prévue dans le plan «Bienvenue en France». Elles rejoignent ainsi l’Université Paris-Nanterre qui a clarifié sa position dans un communiqué datant du 12 décembre. La forte hausse annoncée à l’automne par le gouvernement a fait réagir officiellement pour l’instant les universités Clermont-Auvergne, Aix-Marseille, Toulouse Jean-Jaurès, Lyon-II, Nanterre, Rennes-II et Angers. Elles font bloc contre le coût d’une inscription en licence qui passera de 170 € par an à 2 770 € et en master (ou doctorat) de 243 € (ou 380 €) à 3 770 € pour les étudiants non communautaires (hors Union européenne). «Nous demandons un retrait de la hausse des frais d’inscription et la mise en place d’une réflexion collective sur l’accueil des étudiants étrangers», détaille à Libération Nadia Dupont, la chargée de mission formation à l’université Rennes-II. «Au-delà des questions de fond (attractivité de nos universités, accueil des étudiants), ce qui pose problème avec le plan « Bienvenue en France », c’est la méthode et le calendrier», expose Mathias Bernard, le président de l’université Clermont-Auvergne.

Clermont-Auvergne est la première à officialiser son refus d’appliquer la hausse, en discussion depuis novembre dans les universités. «Mon université, comme d’autres, est assaillie de demandes venant d’étudiants internationaux déjà inscrits qui aimeraient poursuivre leurs études et de futurs étudiants qui veulent savoir notre position. Nous nous devions d’être transparents sur le sujet», confie Mathias Bernard. Ces sollicitations sont dues au fait que Campus France indique déjà sur son site les tarifs annoncés par le Premier ministre, bien qu’ils ne soient toujours pas officialisés par un décret.

Etudiants étrangers, raquer plus pour étudier autant

«Clermont-Ferrand a ouvert le bal, explique à Libération Jim Walker, le vice-président en charge des relations internationales de l’université Lumière-Lyon-II. Nous avons suivi en nous disant qu’il faut créer une sorte de lame de fond.» Les vice-présidents en charge des relations internationales des universités se réunissent 17 et 18 janvier. La mise en place d’une stratégie commune contre la hausse des frais d’inscription sera à l’agenda. «A aucun moment nous n’avons été consultés sur le montant des frais d’inscription alors que nous sommes les premiers concernés», se désole Jim Walker avant d’ajouter : «Si plusieurs universités montent au créneau peut-être arriverons-nous à obtenir une consultation.» A la réunion des vice-présidents s’ajoute celle de la CPU (conférence des présidents d’université) qui a demandé en décembre la suspension de la hausse des frais d’inscriptions.

A l’instar de Rennes-II, les universités utilisent la formule suivante pour marquer leur détermination : «L’établissement utilisera toutes les possibilités réglementaires à sa disposition» pour ne pas appliquer à ses étudiants étrangers la hausse des frais d’inscription.

Université Rennes 2

✔@UnivRennes_2

· 16 janv. 2019

En réponse à @UnivRennes_2

En l’absence d’une véritable concertation ministérielle avec l’ensemble de la communauté universitaire et faute d’une information stabilisée, la direction considère que la mise en œuvre des frais différenciés dans le cadre de «Bienvenue en France» n’est pas souhaitable.

Université Rennes 2

✔@UnivRennes_2

L’établissement utilisera toutes les possibilités règlementaires à sa disposition pour permettre aux étudiant·e·s étranger·e·s extra-communautaires inscrit·e·s ou néo-entrant·e·s de bénéficier, pour la rentrée 2019/2020, du maintien du régime tarifaire actuellement appliqué.

Le décret de 2013 ne règle pas tout

Contactées pour en savoir plus sur ces «dispositions réglementaire», Rennes-II et Toulouse-Jean-Jaurès précisent qu’elles ne sont pas en mesure d’en dire davantage.«Nous attendons de voir ce que propose le décret gouvernemental avant de nous prononcer. Nous avons une position politique. Si besoin, nous trouverons une solution technique pour l’appliquer», explique Nadia Dupont. Mathias Bernard, lui, estime que beaucoup d’universités n’ont pas encore officialisé leur position parce qu’elles ne savent pas encore si la demande de report portée par l’ensemble des présidents d’université sera acceptée, ou s’il va falloir bricoler pour ne pas mettre en œuvre la hausse des tarifs universitaires l’an prochain.

Pour contourner légalement la forte hausse tarifaire, les universités peuvent s’appuyer sur le décret du 19 août 2013 qui dispose que chaque établissement peut exonérer de frais d’inscriptions certains de ses étudiants, dans la limite de 10 % du total des élèves inscrits (cela comprend également certains étudiants communautaires qui en bénéficient déjà). Pour les étudiants non communautaires, il s’agirait d’une exonération partielle qui permettrait le maintien du régime tarifaire actuellement en vigueur.

Le ministère exige «obéissance» et «loyauté»

En l’état, ce décret ne permet pas aux universités de garantir une exonération à tous les étudiants étrangers concernés. L’université Clermont-Auvergne compte au total 35 000 étudiants dont 4 000 élèves non communautaires. Or, seuls 3 500 peuvent en bénéficier de la dérogation. A Rennes-II, les étudiants étrangers représentent 9,8 % des effectifs. Ces universités et bien d’autres auraient besoin d’une réévaluation du quota de 10 %, qui n’est pas encore actée par le ministère l’Enseignement supérieur.

La ministre de l’Enseignement Supérieur, Frédérique Vidal, ne semble pas disposée à revoir ce fameux quota. «Les universités sont des établissements publics, opérateurs de l’État et qu’effectivement, en tant qu’opérateurs de l’État et fonctionnaires d’État, il est évidemment très important qu’ils portent les politiques publiques décidées par l’État», rappelle-t-elle lors d’une audience au Sénat, le mercredi 16 janvier. Elle insiste sur «le devoir d’obéissance et le devoir de loyauté» de «tout fonctionnaire» vis-à-vis de son ministère de tutelle. Vidal a déjà prévenu il y a quelques jours que la hausse des frais d’inscription n’avait pas «pas vocation à être remise en cause dans son principe comme dans son calendrier».

Balla Fofana (Libé)

Interview « scientifique » de Pierre Thiam, le chef cuisinier sénégalais de New-York

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chef cuisinier Pierre Thiam revient sur les recommandations d’une étude parue dans «The Lancet», qui incite à repenser notre alimentation pour nourrir la planète.

Pierre Thiam est chef cuisinier et auteur de livres de cuisine. Né au Sénégal, il a ouvert plusieurs restaurants aux Etats-Unis qui ont popularisé la cuisine de l’Afrique de l’Ouest. C’est un chef militant, conscient du rôle que l’alimentation peut jouer dans la lutte contre le changement climatique. Il revient sur les conclusions du rapport «Notre nourriture dans l’Anthropocène, une alimentation saine issue d’une agriculture durable» publié ce 17 janvier par la revue The Lancet, qui préconisent de réduire drastiquement notre consommation de viande et de doubler celle de légumes, fruits, céréales complètes et légumineuses. Un régime flexitarien de ce type, associé à une intensification durable des pratiques agricoles, pourrait nourrir 10 milliards de personnes à horizon 2050.

Comme chef cuisinier, appliquer les recommandations de l’étude vous paraît simple ?

Cela me semble assez naturel. J’ai grandi au Sénégal où la cuisine traditionnelle est essentiellement constituée de céréales complètes, de fruits et de légumes. Le bol de base, c’est d’abord une céréale, puis une préparation de légumes, et au milieu, pour les riches, de la viande, ou plus fréquemment du poisson. Ce régime typique de l’Afrique de l’Ouest est assez différent de celui occidental où la viande est devenue bien plus tôt l’élément principal du plat.

Il reste beaucoup d’éducation culinaire à faire pour généraliser ce type de cuisine ?

On en manque, c’est évident. Mais ça ne demande pas forcément beaucoup de travail. Les clients qui sortent de mon restaurant sont ravis. Ils ont bien mangé et ils ont aussi l’impression d’avoir découvert quelque chose, une autre manière de cuisiner. Et tout simplement ils se sentent bien parce que des plats à base de légumes et de céréales se digèrent mieux que des pièces de viande. Contrairement à ce que certains croient, une cuisine à base de légumes et de céréales est une nourriture réconfortante et familière.

Quels conseils donneriez-vous à une personne lambda pour cuisiner ce type d’ingrédients ?

La clé, c’est de bien choisir les ingrédients. Acheter des produits frais, non transformés, de saison, c’est une garantie de goût. Dès qu’on a un peu de temps, le week-end par exemple, on peut commencer à les préparer, blanchir les légumes par exemple ou congeler un plat. On peut aussi choisir des variétés de céréales ou de légumineuses qui cuisent vite.

Pour vous, à quoi ressemblera la cuisine de 2050 ?

Ce sera quelque chose de simple, plus proche des produits, qui nous fera travailler encore plus en lien avec les producteurs. En fait, je la vois comme un retour aux plats de grands-mères, à une cuisine d’avant l’agriculture industrielle. Je mise sur une disparition des produits transformés.

Finalement, ce régime flexitarien est l’occasion de redécouvrir certains produits ?

Tout à fait. C’est une très bonne chose pour la biodiversité aussi. Cuisiner plus de légumes et de céréales permet de remettre sur les tables des produits oubliés, plein de nutriments. L’agribusiness a imposé quatre grands produits, le riz, le blé, le maïs et le soja, alors qu’il en existe des milliers d’autres, avec des qualités nutritionnelles et un intérêt gustatif au moins aussi importants. Certaines céréales notamment ont été complètement oubliées. Les utiliser permettrait de sortir d’une cuisine un peu stéréotypée et de nourrir des millions de personnes. Personnellement je suis un grand adepte du fonio. C’est une céréale d’Afrique de l’Ouest, qui pousse vite, avec peu d’eau. Elle se prépare facilement, s’adapte à beaucoup de styles de cuisine et est riche en acides aminés. Il faut prêter une nouvelle attention aux fruits et aux légumes également. Il est temps de se rappeler que les feuilles de nombreux végétaux ne valent pas que pour l’alimentation animale mais qu’elles sont nutritives et, pour certaines, pleines de goût. Tout cela on le savait, on l’a oublié avec la monoculture, et on est en train de le redécouvrir.

Nelly Didelot (Libé)

TRIBUNE- Ali Bongo, Bouteflika : à partir de quand doit-on constater la vacance du pouvoir en cas de maladie du président ?

À partir de quand un président absent pour raisons médicales est-il vraiment empêché ? Quid de la vacance qui déclenche une procédure prévue dans les constitutions ? Les cas de l’Algérie et du Gabon en illustrent l’approche sur le terrain.

PAR KARINE RAMONDY *

« Je ne prétends point être là, ni survenir à l’improviste, ni paraître en habits et chair, ni gouverner par le poids visible de ma personne. Ni répondre aux censeurs, de ma voix ; aux rebelles, d’un œil implacable ; aux ministres fautifs, d’un geste qui suspendrait les têtes à mes ongles. Je règne par l’étonnant pouvoir de l’absence. Mes deux cent soixante-dix palais tramés entre eux de galeries opaques s’emplissent seulement de mes traces alternées. Et des musiques jouent en l’honneur de mon ombre ; des officiers saluent mon siège vide… » (Victor Segalen, Stèles)

Certains pays africains sont aujourd’hui dirigés par des leaders qui brillent par leur absence, et nombreux sont les citoyens africains qui doivent se contenter d’un pouvoir présidentiel incarné par des hommes quasi-fantomatiques, dont les incursions médiatiques s’apparentent à une collection de « rares apparitions ».

Le Gabon sous l’emprise de la rumeur

Au Gabon, depuis le 24 octobre dernier, le président a quasi disparu de la vie politique depuis son accident vasculaire cérébral qui peine à être reconnu officiellement. Une vidéo diffusée le 4 décembre a levé partiellement le doute présent dans la tête de nombreux Gabonais que leur président était mort. Dans ce petit film, tourné face caméra, nous pouvons observer le roi du Maroc, Mohammed VI, et de profil Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, assis à la gauche de son ami durant « trente secondes d’images coupées et montées », selon TV5 monde. Cette « preuve de vie » sans gros plan sur le président, non sonorisé, montre un homme capable de décoller son dos du fauteuil dans lequel il est assis, de porter un verre de lait à sa bouche avec sa main gauche.

Très dernièrement une nouvelle vidéo, cette fois sonorisée, « preuve de voix », met en scène le président Ali Bongo prononçant ses vœux pour l’année 2019 dans un discours dont les réseaux sociaux ont dénoncé la brièveté et de nombreuses anomalies, comme une élocution peu claire, une main droite inerte, des yeux fixes et divergents…

De nombreux Gabonais continuent néanmoins de penser que leur président est mort, qu’il s’agit de sosies, de montages et/ou que, s’il s’agit de lui, son état de santé ne lui permet plus de diriger le pays. Pourtant, la Cour constitutionnelle gabonaise a prononcé l’indisponibilité temporaire de son président et non la vacance du pouvoir, décision qui déclencherait un processus irréversible de transition.

Bouteflika invisible depuis mars 2018

De leur côté, les Algériens sont dans l’attente d’une déclaration qui annoncerait la candidature de leur président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat consécutif aux élections d’avril prochain. Dans les cérémonies officielles, comme dans les discours des membres du gouvernement, les représentations du chef de l’État Bouteflika se sont imposées peu à peu dans le paysage médiatique, comme pour faire oublier son absence physique.

Il faut dire que depuis 2013, date à laquelle il a été affaibli par un AVC, la résidence présidentielle de Zéralda est devenue une véritable forteresse. Selon le sociologue Mohammed Hachemaoui, plus que le « clan Bouteflika », c’est la police politique qui contrôle désormais la situation et commande le pays. En effet, le président n’assure plus aucune activité protocolaire et aucune image officielle n’a été diffusée depuis le 9 avril 2018, date à laquelle il a été vu à Alger à l’inauguration de la mosquée Ketchaoua et de l’extension du métro.

Échanges économiques, humains et sécurité : la relation franco-algérienne est forte, historique et stratégique.

Il y apparaît dans un fauteuil roulant très affaibli et apathique. La photographie tweetée par Manuel Valls en avril 2016, à la suite de sa rencontre avec le président Bouteflika, avait choqué de nombreux Algériens, et ce, à raison, car elle présentait un vieil homme affaibli, le regard vitreux, la bouche ouverte face à un Premier ministre fringant et dynamique.

À Alger, les services au pouvoir

L’article 88 de la Constitution prévoit la destitution éventuelle du président s’il n’est pas en mesure d’exercer ses fonctions « pour cause de maladie grave et durable ». Le Conseil constitutionnel doit proposer à l’unanimité au Parlement de « déclarer l’état d’empêchement ». Mais, concrètement, la mise en place de cette disposition est peu probable car une partie des membres du Conseil constitutionnel sont des proches du pouvoir et ils empêchent toute décision à l’unanimité.

Dans la réalité, le pouvoir politique est occupé par le DRS, et notamment le général de corps d’armée Mohamed Liamine Mediene alias « Toufik ». Sous son impulsion, Ahmed Ouyahia a été nommé directeur de cabinet de la présidence en 2014, puis Premier ministre, alors que ses relations avec Abdelaziz Bouteflika étaient tendues de longue date. De même, Abdelmoumen Ould Kadour, le PDG (depuis avril 2018) de la Sonatrach (la société nationale des hydrocarbures), et le ministre des Mines Youcef Yousfi sont très liés au DRS.

Au Gabon, le secteur pétrolier a été pendant des décennies un enjeu soigneusement partagé avec les firmes françaises comme Total. Ali Bongo a quelque peu diversifié ses partenaires étrangers en travaillant avec Olam, firme singapourienne dans l’agroalimentaire, Honest Timber partenaire chinois dans l’exploitation forestière, et avec l’Inde par le biais de Manganese Ore India Limited (MOIL) dans l’extraction minière, tout en maintenant une place de choix aux firmes françaises dans de nombreux secteurs.

La continuité de systèmes de prévarication

Ainsi, au Gabon comme en Algérie, le pouvoir présidentiel est incarné par des corps dont les facultés intellectuelles ne sont plus évaluables par les citoyens, comme si leur présence physique suffisait à assurer le fonctionnement politique du pays.

En réalité, cette présence/absence, ces « immobilités problématiques », assure seulement la continuité d’un système solidement ancré de prévarication et de corruption, la pérennité de réseaux qui gèrent les affaires politiques et économiques des pays en question qui ont en commun de détenir des gisements d’hydrocarbures très prisés à l’international.

Les enjeux sont de taille pour que ces hommes, avec ou sans leur accord formel, soient montrés dans un état physique que tout individu souhaiterait voir réservé au domaine du privé et de l’intime. Ainsi pour pallier la défaillance annoncée comme temporaire de leurs présidents, certaines personnalités assurent l’intérim et la continuité en attendant un successeur conforme aux intérêts des cercles concernés comme évoqué dans le cas algérien.

Au Gabon, un dispositif analogue est à l’œuvre : le colonel Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali Bongo, directeur général des services spéciaux de la Garde républicaine, unité de l’armée nationale, est en charge de la sécurité du pays et des intérêts du « clan familial » au pouvoir depuis 1968 – si tant est que les deux soient compatibles.

Ce dernier entretient des rapports très tendus avec le directeur de cabinet présidentiel, Brice Laccruche Alihanga, chargé avec le Premier ministre Emmanuel Issoze Ngondet des affaires politiques et financières courantes. Alihanga peut compter sur le soutien de Sylvia Bongo, la femme du président. Une troisième personnalité, Marie Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle, tient dans sa manche la possibilité d’invoquer l’article 13 qui confierait à certains responsables des prérogatives exceptionnelles.

Ali n’est pas Abdelaziz

Cependant, le coup d’État avorté du 7 janvier dernier, analysé par certains Gabonais sur les réseaux sociaux comme une mise en scène destinée à renforcer la mainmise sur le pays des dirigeants actuels, laisse présager que cet état de fait sera compliqué à pérenniser au Gabon, a contrario de l’Algérie.

Abdelaziz Bouteflika n’est pas Ali Bongo : il est un leader historique, membre du FLN, arrivé au pouvoir en 1999 à la fin de la décennie marquée par la guerre civile qui a opposé l’armée aux islamistes. Il incarne le retour à la stabilité, l’artisan de la réconciliation, là où Ali Bongo reste le « mal-aimé » sur lequel reposent de nombreuses rumeurs. Il reste dans une large partie de l’opinion publique gabonaise celui qui a volé par deux fois la victoire électorale à l’opposition en 2009 et en 2016. Son retour à Libreville de Rabat a été annoncé dans la nuit de lundi à mardi dernier, à bord d’un avion marocain, pour assister à la cérémonie de prestation de serment des nouveaux ministres. Pour l’instant, aucune image n’a filtré de sa descente d’avion ni de la cérémonie au palais présidentiel, où seule la presse officielle était tolérée.

Pourtant, les journalistes relaient cette information sans véritablement questionner cet état de fait, alors que nombreux Gabonais y voit une « mascarade » de plus. Ce nouvel épisode marque la nécessité impérieuse pour les autorités gabonaises de faire revenir médiatiquement le président absent, même si sa présence reste totalement comme virtuelle. Quitte à alimenter le sentiment de nombreux Gabonais d’être otages d’une situation. Gouverner par l’absence dans la durée n’est pas donné à tous les leaders.

 

* Karine Ramondy est docteure en Histoire, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

TRIBUNE – Numérique : l’Afrique est-elle encore mal partie ?

TRIBUNE. Dans le sillage de la réflexion de l’agronome René Dumont, auteur du célèbre ouvrage « L’Afrique noire est mal partie », il y a lieu de s’interroger sur la manière dont l’Afrique aborde la révolution numérique.

PAR GEORGES VIVIEN HOUNGBONON*

Avec l’ouverture des grandes routes maritimes à partir du XVe siècle, plusieurs grands empires et royaumes africains, jadis prospères, périclitèrent, faute d’accès à la mer. Ce fut le cas des empires du Mali, du Songhaï, du Monomotapa, et également du Kanem-Bornou et du Kongo. Six siècles plus tard, leurs résidus que sont respectivement le Mali, le Niger, le Zimbabwe, le Tchad et la République démocratique du Congo (RDC) demeurent des pays enclavés et parmi les plus pauvres du continent africain malgré des richesses notables en matières premières. Aujourd’hui, les orientations politiques de certains États africains dans le domaine du numérique augurent de la même destinée. Coupure d’Internet, renchérissement du coût des communications, inaction sur les données massives… Alors que les technologies numériques sont à la portée de tous, nombreux sont les États africains qui, prisonniers d’une vision purement statique, érigent eux-mêmes des barrières à l’entrée du monde numérique, dont pourtant tout un chacun salue l’impact sur l’avenir de tous. Sans un changement radical de paradigme, ils risquent d’être à la traîne pour les décennies et ainsi rater les formidables opportunités de progrès socio-économiques qu’offre le numérique.

Retour sur une exclusion programmée

Loin des statistiques exhibées pour vanter la diffusion rapide du numérique en Afrique, la réalité est que, en dehors de l’Afrique du Sud et des pays d’Afrique du Nord, quatre Africains sur cinq n’ont pas accès à Internet. Si la faible littératie numérique, le déficit d’accès à l’énergie et aux contenus locaux sont des facteurs explicatifs, c’est sans doute le coût d’Internet, ou plus exactement le rapport qualité-prix, qui est le plus déterminant. En dépit des ambitions déclarées dans les plans stratégiques de développement du numérique, très peu de gouvernements attaquent sérieusement la question de l’accessibilité et de la qualité de service, le prix moyen du gigaoctet étant de 8 % du revenu mensuel contre moins de 2 % en Asie du Sud-Est avec des réseaux de meilleure qualité. Au contraire, on assiste partout à une surtaxation du numérique, à rebours de toute logique économique qui voudrait que ce secteur qui irrigue l’ensemble de l’économie soit plutôt moins taxé. Au Sénégal, par exemple, l’impôt sur les sociétés est de 35 % dans le secteur des télécoms, contre 30 % dans les autres secteurs. Au Tchad, il y a plus d’une dizaine de taxes qui frappent le secteur des télécoms.

Pour les quelques privilégiés qui ont accès à Internet, la coupure des réseaux de télécommunications est devenue la norme, comme en témoignent les cas les plus récents en RDC et en Éthiopie, à l’encontre de la liberté d’expression et de la participation citoyenne à la vie démocratique. Quant aux données massives générées par l’usage du numérique, peu d’États ont encore pleinement saisi leur rôle stratégique dans le nouveau monde qui vient. La première génération de données massives issues des métadonnées enregistrées par les opérateurs télécoms à des fins de facturation n’a pas été valorisée par les États. Dans les cas où des tests grandeur nature ont été réalisés, comme ce fût le cas de l’initiative Data for Development promue par l’opérateur Orange en Côte d’Ivoire et au Sénégal, ou plus récemment le projet Open Algorithm (Opal) au Sénégal, leur rôle se limite à des autorisations administratives sous le simple couvert de la protection des données personnelles. La diffusion d’Internet et des objets connectés, avec les données de capteurs qui en découlent, devraient être à l’origine de la deuxième génération de données massives. Là encore, l’action publique est atone, alors que ces données seront essentielles pour entraîner les algorithmes d’intelligence artificielle incontournables pour le développement des villes intelligentes.

Une vision statique de l’écosystème numérique

Cette situation est le reflet d’une vision purement statique dans laquelle les secteurs de l’écosystème numérique (télécoms, équipements, plateforme, fournisseurs de contenus…) sont perçus comme technologiquement matures, pourvoyeurs de recettes fiscales et potentiellement dangereux. Pourtant, l’observation du rythme des innovations dans cet écosystème tend à confirmer que le meilleur reste à venir. Par exemple, alors que la cinquième génération de réseau mobile est en phase de test, la sixième génération est déjà en cours de préparation avec l’introduction des communications quantiques, réputées plus sûres et extrêmement plus rapides que les technologies actuelles. Par conséquent, appliquer à l’écosystème numérique des politiques conçues pour des secteurs technologiquement matures comme la construction ou l’énergie est tout à fait contre-productive. C’est ainsi que la logique de surtaxation du numérique instaure une tendance au renchérissement des prix au détriment d’une maximisation des investissements dans les nouvelles technologies.

Par ailleurs, les coupures intempestives des réseaux de communication n’engendrent pas que des coûts financiers à l’économie, mais sape surtout la confiance des utilisateurs finaux dans une technologie en évolution. Dans ces conditions, comment peut-on imaginer la future construction de villes intelligentes qui doivent se nourrir en permanence de données issues des capteurs d’activité de communication. S’il s’agissait de prévenir en urgence les troubles à l’ordre public liés aux fausses informations, pourquoi ne développe-t-on pas en parallèle la littératie de l’information ?

Vers une vision dynamique de l’écosystème numérique ?

Les bonnes intentions déclarées dans les plans stratégiques ne se concrétiseront pas tant qu’il n’y aura pas un changement radical de paradigme en passant d’une vision purement statique de l’écosystème du numérique à une vision plus dynamique. Concrètement, cela consiste d’une part à libérer l’écosystème numérique des surtaxes, coûts de licence et interférences étatiques, et d’autre part à identifier, préempter et accompagner les innovations numériques de demain. Cette vision dynamique peut être matérialisée en faisant intervenir directement l’État dans la structuration de l’ensemble de l’écosystème, comme ce fût le cas en Chine, plus récemment au Rwanda et prochainement en Éthiopie. Cependant, une telle approche est rarement durable car moins efficace à innover dans un environnement où le progrès technologique est exponentiel. À l’opposé, l’approche européenne qui consiste à faire de la concurrence pure et parfaite l’horizon de l’écosystème numérique a produit les résultats que l’on connaît : perte de la bataille des équipements et surtout des plateformes. Par conséquent, il existe un savant dosage à trouver entre intervention publique et libéralisme intégral pour que les États africains sortent gagnants de la bataille qui s’annonce autour des futurs usages du numérique. Alors que plusieurs plans stratégiques arrivent à terme en 2020, espérons que l’année 2019 voie s’amorcer un changement de paradigme vers une vision plus dynamique de l’écosystème numérique. C’est ainsi que l’on évitera aux nations africaines que l’histoire ne se répète à l’ère du numérique.

* Chercheur en économie numérique, docteur de l’École d’économie de Paris et ancien président du think tank L’Afrique des idées, l’auteur est actuellement Africa Digital Economist à Orange Labs. Les opinions exprimées dans cette tribune sont exclusivement les siennes et n’engagent ni ne reflètent celles de ses employeurs.

Université « UAM » : l’entrepreneur ivoirien Bictogo éjecté du chantier de 65 milliards

Le parrain du complexe universitaire de Diamniadio, Ahmadou Makhtar Mbow, qui aura 100 ans en 2021, verra-t-il la fin de la construction de l’université qui porte son nom ? Pour cela, il faut hâter le pas.

En janvier 2018, le ministre Mary Teuw Niane avait pris des assurances fermes : l’UAM serait prête en septembre de la même année. Et accueillerait ses premiers 6000 étudiants à la rentrée d’octobre dernier. Il aura eu tout faux.

l’UAM, l’Université Amadou Makhtar Mbow, fait face au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio. Ouvriers et techniciens se sont affairé autour des grues pour sortir les bâtiments de terre, comme celui de l’amphithéâtre de 1500 places où les estrades sont déjà faites. Mais le chantier n’aura pas respecté les délais est n’est pas terminé. Alors qu »un recteur de l’université est nommé et en fonction depuis bientôt trois ans, en la personne de Gueye. Un recteur sans université donc !

Las de ce chantier qui n’en finit pas de finir, le gouvernement de Macky Sall vient de résilier le contrat avec la société de construction Marylis Btp, de l’homme d’affaires ivoirien Adama Bictogo. Pour retard de livraison de chantier.

La Bank of Africa (Boa), qui devait financer le projet à hauteur de 65 milliards Fcfa, a aussi refusé de décaisser l’argent pour cause d’inexpérience dans le secteur de la société Marylis Btp . Marylis Btp s’est liée, pour l’exécution de ce chantier, avec la société Touba Matériaux contrôlée par Abdou Lahat Kâ, l’actuel maire de Touba.

Pour rappel, en 2016, Adama Bicogo avait été indemnisé à hauteur de 12 milliards par l’État du Sénégal, pour ses pertes dans l’affaire des visas biométrique, marché qui lui avait été attribué avant que le gouvernement sénégalais ne supprime ces visas pour les marchés émetteurs de visiteurs européens.

Radié : Khalifa Sall, désormais ni maire, ni député !

Il faudra boire le calice jusqu’à la lie pour  Khalifa Sall. Révoqué de fauteuil de maire de la capitale dakaroise, l’ex-premier magistrat de Dakar continue d’être « écharpé » par les coups de boutoir du pouvoir Sall: Il a perdu hier son mandat de député, suite à sa radiation par de l’Assemblée nationale.

Le bureau de l’Hémicycle s’est réuni, hier, pour prendre cette décision. C’est le ministre de la Justice Ismaîla Madior Fall qui avait adressé, le 11 janvier dernier, une lettre au président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, pour lui demander de « faire appliquer la loi » en lui retirant son mandat de député. La confirmation de la condamnation de Khalifa Sall à 5 ans de prison ferme par la Cour d’appel de Dakar ouvrait, en effet, droit à son éviction parlementaire. Son siège de député désormais vacant sera occupé par le responsable des jeunes du Grand Parti, Malick Guèye, qui sera installé dans les prochains jours.

Privé de présidentielle (c’est quasi certain), la prochaine élection à laquelle Khalifa Sall pourra compétir, ce sont les locales de décembre 2019. Si on ne lui oppose pas la perte de ses droits civiques.

TRIBUNE – « Gbagbo acquitté : un nouveau chapitre doit s’ouvrir entre la France et l’Afrique » (Par Dié Maty Fall, journaliste)

L’acquittement de Gbagbo est une occasion à saisir par les Français qui devraient plutôt changer leur grille de lecture sur la Côte d’Ivoire et l’Afrique en général.

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé étaient poursuivis pour crimes contre l’humanité après les violences postélectorales de 2010 et 2011. Mais ce mardi 15 janvier 2019, la Cour pénale internationale a décidé de leur acquittement et ordonné leur libération immédiate. Cependant les deux accusés devront passer une nuit de plus dans la prison de Scheveningen, le temps de savoir si le procureur décidera de faire appel ou pas lors d’une nouvelle audience.

Paradoxalement cette victoire personnelle de l’ancien président de Côte d’Ivoire peut aussi être interprétée comme un succès de la CPI qui est une cour pénale internationale très controversée, surtout en Afrique où elle est accusée, à tort ou à raison, d’être un tribunal partisan. En délivrant ce verdict dicté par la raison et les faits, principalement l’absence de preuves déterminantes et suffisantes pour condamner, la CPI redore un tant soit peu son blason terni par les soupçons et fait montre de son indépendance, de sa sérénité et de son professionnalisme.

Entre novembre 2011, où Laurent Gbagbo est incarcéré au centre de détention de la Cour pénale internationale (CPI) et ce 14 janvier 2019 où le juge-président Cuno Tarfusser décide son acquittement et ordonne sa mise en liberté immédiate, que s’est-il passé durant ces sept dernières années pour justifier un tel retournement de situation ? Plusieurs raisons l’expliquent. Les dirigeants et acteurs politiques français ont changé de doctrine en ce qui concerne les affaires africaines de la France.  Et puis la CPI est fondée sur le droit et le statut de Rome : aucun ressortissant d’un pays non-signataire du statut de Rome ne peut être déféré devant la CPI. Or en novembre 2011, quand Gbagbo est transféré, la Côte d’Ivoire n’avait pas signé le statut de Rome. Cela a été fait deux ans plus tard en 2013, après l’arrestation de Laurent Gbagbo. Mais en 2013 le statut de Rome n’était pas conforme à la Constitution ivoirienne, la modification n’a été faite qu’en 2015. Autrement dit, en 2013, la signature du statut de Rome n’était pas valable. Sur la forme, le transfert de Laurent Gbagbo à La Haye était déjà anormal. Sept ans plus tard, force est de constater que sur le fond également, le dossier s’est manifestement dégonflé… L’histoire a donné raison à Laurent Gbagbo.

Si l’objectif, en déferant Laurent Gbagbo devant la CPI, était de l’exclure totalement et de tourner la page après la crise électorale de 2011, c’est tout l’inverse qui se produira finalement. En effet, Laurent Gbagbo est devenu un symbole, pas seulement en Côte d’Ivoire, mais ailleurs aussi en Afrique. Sa libération sera donc perçue comme une victoire sur l’ingérence et on peut s’attendre à voir la foule l’accueillir en Mandela, Laurent Gbagbo étant perçu en symbole de la lutte pour la souveraineté de l’Afrique. Sa libération va permettre d’écrire un nouveau chapitre. Laurent Gbagbo n’est pas dans un esprit revanchard. Quand il avait été libéré, Nelson Mandela avait dit qu’il ne pensait pas à la vengeance, il n’avait pas le temps pour ça. Gbagbo est dans le même état d’esprit. Il veut que la Côte d’Ivoire se reprenne et se développe. Il défend la réconciliation, tant en Côte d’Ivoire que dans ses relations avec la France. C’est une occasion à saisir pour le gouvernement français qui pourrait avoir un impact pas seulement en Côte d’Ivoire, mais dans toute la région. Les Français devraient plutôt changer leur grille de lecture sur la Côte d’Ivoire et sur l’Afrique en général.  Simone Gbagbo, qui avait été dépeinte en sorcière intégriste de secte évangéliste a surpris par son attitude qui prône la réconciliation.  Mais la façon dont la France gère les choses aujourd’hui n’est pas correcte. Nous sommes en 2019, les pays doivent être souverains et les relations se transformer équitablement. C’est dans l’ordre des choses et dans l’intérêt général. Un vent nouveau souffle sur l’Afrique, et selon le célèbre slogan de Gbagbo : “Asseyons-nous et discutons.

Die Maty Fall

Air Sénégal moins chère qu’Air France sur la liaison Dakar-Paris ? Tarifs

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A partir du 31 janvier 2019, Corsair laisse la place à Air Sénégal sur la ligne Dakar / Paris. Comparatif entre les tarifs de la nouvelle compagnie nationale sénégalaise et ceux d’Air France.

Les réservations d’Air Sénégal sur la liaison Dakar/Paris sont ouvertes depuis le 3 décembre dernier. Il est donc possible d’accéder aux tarifs de la nouvelle compagnie sénégalaise. Même s’il est fort probable que les tarifs actuellement en ligne soient les premiers prix et qu’au fur et à mesure du remplissage des avions, ils évoluent à la hausse (selon les principes du yield management). La mention « à partir de » est d’ailleurs bien indiquée.

Voici plusieurs dates choisies afin de comparer les tarifs proposés par Air Sénégal et par Air France. Air Sénégal prenant le relais de Corsair à partir du 31 janvier 2019, date à laquelle cette compagnie française cessera d’opérer sur la liaison Dakar-Paris.

Tableau comparatifs Air Sénégal / Air France :  (tarifs relevés le 4 décembre 2018 sur les sites de Fly Air Sénégal et Air France, et donc susceptibles d’évoluer).

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Remarques :

Les horaires d’Air Sénégal au départ de Dakar sont 9h50 – arrivée à CDG à 16h15

Les horaires d’Air France au départ de Dakar sont 23h05 – arrivée à CDG à 5h45 (vol de nuit)

Les horaires d’Air Sénégal au départ de Paris CDG sont 18h45 – arrivée à AIDB à 23h30

Les horaires d’Air France au départ de Paris CGD sont 15h40 – arrivée à AIBD à 20h25

Pour rappel, il est possible de faire Dakar/Paris avec d’autres compagnies aériennes mais en faisant une escale. C’est le cas de la TAP Portugal (escale à Lisbonne), de Royal Air Maroc (escale à Casablanca), Brussels Airlines (escale à Bruxelles), Air Algérie (escale à Alger) ou d’Iberia (escale à Madrid). Enfin, Aigle Azur assure des vols directs Dakar/Marseille les mardis, jeudis et samedis et dans le sens Marseille/Dakar les lundis, mercredis et vendredis (avec des premiers prix à moins de 400 euros l’aller/retour).

Avec le Petit Journal Dakar

Inventaire des Idoles : « Fatou Diome, le sacre inachevé » (Par Elgas)

Fatou Diome était devenue – pour un bref temps – une icône pour les zélateurs du panafricanisme. Ce qui lui avait valu cet amour subit et suspect, c’est une vidéo, en 2014, de son passage dans l’émission de Frédéric Taddeï, « Ce soir ou jamais ». Elle y disait en substance que la situation des migrants et le traitement par l’occident de cette crise recelaient une part sinon de racisme à minima de xénophobie. Le propos fort, accusateur, parfois facile, relayé des milliers de fois, simplifiait une donnée complexe et donnait dans un manichéisme commode comme les séquences télévisées savent en produire. Si le propos de l’écrivaine avait été prisé, tellement que ses pourfendeurs de jadis, se sont déclarés à cette occasion ses nouvelles émules, c’est qu’il accusait l’occident du drame des migrants. J’avais visionné le document sans adhérer à la vision de Fatou Diome, que je trouvais factuellement fausse en détail ; et pour elle, qui d’habitude, instillait dans le débat un souffle de fraicheur et de vérité, son propos, convenu, nourrissait de la vulgate habituelle : l’ethnocentrisme occidental qui tend à se croire au centre au monde même dans son autoflagellation rédemptrice.

Elle participait ainsi à la cagnotte de larmes des blancs pour reprendre la formulation triviale, rassurait les afro-centristes, et rien ne ressortait d’urgent sur la responsabilité des dirigeants africains, relégués au rang d’acteurs secondaires. J’avais alors vivement et vertement critiqué Fatou Diome. Quand j’ai eu l’occasion de la voir, bien plus tard, on a échangé très cordialement sur cet épisode. Si elle ne m’a pas convaincu totalement, je garde le souvenir d’une femme exceptionnelle, pour qui j’ai fini par éprouver de l’admiration. Mouvement inverse chez ses admirateurs d’un soir, tous l’ont reniée quelques mois après, après qu’elle a affirmé, toujours chez Taddeï, dans l’émission « Hier, Aujourd’hui, Demain » que la colonisation était de la vieille histoire qui « ne devait pas surdéterminer notre présent ». Ça lui a valu une salve d’insultes.

C’est dire la nature des coups de foudre à l’ère des réseaux sociaux et des pensées en meute. Les mêmes qui l’ont sacrée, l’incendient. Le temps était venu pour moi de revisiter une œuvre que j’avais survolée, certain qu’il y avait du génie, mais à l’époque, il y avait comme un scepticisme, un manque de feeling. Depuis j’ai relu toute son œuvre, sa vraie production, qui en fait la plus grande femme de lettre sénégalaise actuelle. Gloire d’autant plus méritoire que le sacre reste inachevé, comme entaché par une plénitude impossible ou empêchée. Prophète adulée ailleurs, elle reste inexplicablement peu sanctifiée au bercail. Gloire d’autant plus épique que la vie et l’œuvre de cette femme, ont dû slalomer entre les portes d’un destin hostile. De tous les arts, la littérature reste, de Balzac à Baudelaire, en passant par Thomas Mann (on pourrait citer tous les écrivains qui ont laissé une grande trace) la capacité à déranger le lecteur pour mieux lui plaire. Ce qui fait le sceau du génie littéraire, c’est la capacité à influer sur la vie des lecteurs, à s’inviter dans leur intimité, par conséquent à être assez présent, dévoilé diversement dans sa propre œuvre pour accueillir le lecteur comme un hôte. Ce don de soi dans le texte, jeter la sonde dans la honte, c’est le nécessaire tragique de l’œuvre et dans quelques livres de Fatou Diome, on n’est pas déçu du voyage. Sa plume agrège tous les éléments d’une grande littérature.

En 2005, j’arrivais en France pour mes études. Chez mes tuteurs, dans la pièce en chantier, trônait le Ventre de l’Atlantique. Plus de 200 000 exemplaires vendus en France en avaient fait un des phénomènes littéraires depuis sa parution en 2003. Je le lisais sur les bords de la Vègre, dans la Sarthe. L’histoire de Madické, frère de la narratrice qui rêve d’Europe, de football, de Maldini, donc de rejoindre sa sœur, ne m’avait alors ni ému, ni emballé. Madické était trop proche de moi. On avait sensiblement le même âge. Je rêvais de devenir pro. Je ne venais d’arriver en France. Madické était le miroir de mon échec à venir et je ne pouvais pas me regarder dans ce livre et renoncer. J’ai fini par renoncer au livre, et plus tard, à mon rêve de footballeur. Ma première rencontre avec Fatou Diome était ainsi la fin de mon innocence. On en veut toujours au livre de notre dépucelage. Je n’avais pas aimé le livre, non pour des raisons littéraires objectives, mais par fuite en avant. C’était sans doute, sans le savoir, une des vraies vocations de la littérature : la gifle pour nous tenir éveiller pour rêver. Un passage d’ailleurs dans sa nouvelle Mariage volé, le dit encore mieux « Je me méfie des mots de poètes car ils ponctuent sournoisement notre destin » J’étais resté longtemps sans la relire, comme un divorce sans raison, surtout sans mariage.

En 2015, en allant régulièrement voir mon éditeur, avant la sortie de mon livre, j’ai vu dans les rayons de Présence Africaine, la Préférence nationale, le premier livre de Fatou Diome. Par solidarité éditoriale autant que par envie de lire l’ouvrage fondateur, je me suis emparé du livre. Petit recueil de nouvelles, d’histoires courtes mais vraies, ce livre m’a littéralement bouleversé. Au-delà des passages sublimes, à la langue pleine de chair, j’ai revu différemment cette auteure. Dans le paysage littéraire sénégalais, l’écriture féminine reste assez peu offensive, même quand elle porte l’empreinte de grandes dames comme Mariama Bâ ou Aminata Sow Fall, il manque comme un dandysme, le caractère tranchant, plein d’assurance, le vagabondage qui dompte les mots et les conventions. Même la littérature est un domaine qui n’est épargné par la pudeur : l’écrit reste ainsi dans les périmètres du disable, du bienveillant, du moral. Il reste comme le compromis entre un génie évident et un féminisme nécessaire. La nécessité en somme pour les auteures d’être les prêtresses de valeurs sociales confiées par les assignations du patriarcat. Sans rien enlever à l’aura des Aminata Sow Fall, le talent reste voilé par la retenue : elle ne gagne pas en élégance ce qu’elle perd en renoncement. C’est justement ce cri pénétrant, qui reste sensible et poétique, que l’on retrouve dans le premier livre de Fatou Diome et dans les livres de Ken Bugul. Ces femmes ont déchiré le bâillon du féminisme classique pour s’autoriser une liberté absolue, la seule qui surclasse les livres. Cela explique d’ailleurs que leur liberté en décontenance beaucoup, parce qu’elles déjouent les attentes et les chemins tracés de la bienséance.

J’avais sans doute beaucoup plus aimé le premier livre de Fatou Diome parce que c’était le premier. Les ouvrages de naissance sont toujours les seuls qui gardent l’innocence, la spontanéité, la vérité du brouillon de base. Le perfectionnisme, pour reprendre la formule de l’auteure italienne Elena Ferrante, pille la vérité du livre. Tous les autres livres qui suivent sont des tentatives, calculées, de corriger les déficits du premier. Dans ces nouvelles où Fatou Diome explore sa vie au Sénégal, son professeur de français, son arrivée en France, le racisme, l’amour ; la langue enlevée, les blessures d’une condition et le discours qu’elle tient, en ont fait un livre prodigieux. Si le premier livre est le plus naturel, il explique surtout les prochains, et nous donne à mieux les comprendre. Dans Celles qui attendent, le thème de la migration revient en force, avec le portrait de femmes valeureuses. La même patte, la même rage habille ces textes mordants d’ironie et qui ne perdent jamais en vue un idéal humaniste au service des autres.

 Si on ne juge pas les livres à leur générosité, ni à leurs bons sentiments, on peut sans doute les juger à leur sensibilité et à leurs obsessions. On retrouve ce mélange de poésie, de musique des mots, de métaphores, associées à la force d’un propos et à la fidélité à des principes dans Kétala. Tonalité plus différente dans Impossible de Grandir qui sourd une blessure plus grave, impénétrable de l’extérieur. Malgré le souffle vif des mots, la carapace, on sent l’auteure avec une garde ouverte et on entre’aperçoit les coups qu’elle n’a cessé de prendre et qui ont forgé son génie. Inassouvies nos vies marquera dans une ambition plus grande, cette quête inaccessible de la vie. De cette œuvre, inépuisée, à ces travaux universitaires sur Ousmane Sembène, Fatou Diome dit notre temps, dit notre Sénégal avec une franche liberté, un style souvent virtuose, une pensée par moment insolente et une imagination toujours fertile. De tout l’assemblage, seul paraît comme étranger à la cohérence son œuvre, son dernier livre  Marianne porte plainte, et sa lecture politique de la vie politique française. Si on comprend l’idée, l’exécution est moins aboutie. Mais il y là, mutatis mutandis, une œuvre, une empreinte, que nul autre ne peut prétendre disposer dans la scène littéraire sénégalaise actuelle.

Tous ces livres ont valu à Fatou Diome une audience internationale de choix. Dans beaucoup d’universités, elle est reçue dans des cercles prestigieux qui l’honorent et la sacrent. Elle donne des conférences partout dans le monde. Dans les pays germaniques, c’est une icône qu’on s’arrache. Pourtant le pays auquel elle consacre son travail, son berceau, reste étrangement sourd, silencieux, ne lui adressant que des distinctions minimes, voire peu d’intérêt. La plus irradiante des étoiles sénégalaises à l’extérieur est plongée dans une nuit au Sénégal. Oubliée des honneurs chez elle, la forte-en-gueule poursuit dans le monde sa moisson. Il se dit souvent, qu’elle ne serait pas « commode », pas « simple », « méfiante », « compliquée ». Il suffit dans tendre l’oreille dans les mondanités littéraires en France pour entendre très souvent des ragots sinon faux assurément dépréciatifs. La bulle dans laquelle elle a fini par trouver son équilibre est comme un bunker, un refuge. Les voiries du monde littéraire sont ainsi faites, qu’il faut pour les aimer en aimer les apparences, les coteries, les accointances. Sans que cela ne soit le fait de la littérature, partout, il faut savoir s’adapter ou partir. Fatou Diome a fait son choix. Blessée par le dire et les agissements d’un monde littéraire afro-diasporique, elle vit dans d’autres voiries. On n’ira pas sonder les causes de ses blessures, mais on y est sensible. Par décence, on n’ira pas fouiller dans une psychologie de bazar, les messes basses. Du reste, ce monde Fatou Diome le connaît, l’a fréquenté, et si nom est rare dans les étapes de ce parcours littéraire di africains, c’est qu’elle le souhaite. J’ai moi-même des amis chers dans ce monde, et pourtant, je ne le fréquente pas trop. Ce qu’on appelle littérature africaine est un bien curieux objet. Tout ce qui est succès grandiose en ventes en France devient français. A la diaspora africaine, à ce ghetto, il reste un réseau annexe où la valeur littéraire doit faire une halte et montrer patte africaine pour prétendre poursuivre son épanouissement. Fatou Diome garde une langue française qu’elle ne surcharge pas d’effets africains pour donner des gages de son authenticité. Sa langue reste empreinte de ce désir d’évasion et de richesse, comme chez une de ses lectures : Yourcenar.

La littérature n’a jamais changé le monde pas plus que la critique n’a ébranlé un réseau. C’est banal et risible au final. Cette solitude peut-elle engendrer de la paranoïa chez Fatou Diome ? C’est possible mais je ne sais. Ses réactions peuvent-elles être brutales, spéciales ? Sans doute. Le caractère entier, une vie forgée eu combat, où elle a dû arracher son destin à mains nues, autorise sans doute un être au monde parfois abrupt, quoiqu’en privé la personne reste charmante, attentionnée et bellement généreuse. Et puis un tempérament ne se justifie pas. Qui pourrait le lui reprocher ? La bienveillance reste un idéal pas une injonction, les péripéties d’une vie impriment au caractère sa substance. Il faut composer. Une femme libre, de plume, de Condé à Nin en passant plus récemment à Despentes, c’est toujours l’accusation sexiste d’une dureté. Les écrivaines véritablement libres font peur et le temps semble confirmer cette vérité.

J’aimerais – et ceci est un appel – que la presse sénégalaise parle de Fatou Diome un peu plus. Ecrive sur elle. Qu’il s’établisse un cordon régulier de partage. Un lien de critique libre, point de blanc-seing ni d’acharnement. Que l’idole mondiale devienne pleinement et simplement nationale. Sa solitude est une forme d’injustice impardonnable. C’est une solitude au sens total du mot. Cette solitude donne toute la saveur de son œuvre mais aussi révèle toute sa fragilité. Le Sénégal a peu d’ambassadeurs réels de cette envergure dans le monde, il serait temps qu’il l’institue comme telle. Objectera-t-on que les officiels sénégalais ont déjà beaucoup fait, on répondra que ce n’est pas suffisant. Si les sénégalais restent souvent rayonnants à l’extérieur seulement et qu’on les courtise, cela dit notre incapacité à promouvoir le talent, à le chérir. L’exil des talents n’est pas un pillage. C’est souvent une exportation avec investissement, hélas. Lire et faire lire Fatou Diome, c’est donner à l’œuvre la plus féministe au Sénégal depuis presque 20 ans, sa vraie place de phare. Pour la petite de Niodior, et son enfance rude, c’est donner un modèle à une société lacérée de blessures qu’elle-même a connues. C’est l’histoire d’un sacre inachevé. Ce serait lui rendre justice. Mais la justice en littérature a bien peu de valeur, c’est un dilemme fantastique.

Elgas

elgas.mc@gmail.com

Intervention chirurgicale ratée : Ahmed Bachir Kounta, 82 ans, nous a quitté ce jeudi

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L’ex journaliste, guide religieux et sénateur Ahmed Bachir Kounta, retraité de la chaine de télévision d’État RTS, est décédé ce jeudi matin à près de 82 ans  (il est né le 1 mars 1937 à Saint-Louis), des suites des complications d’une intervention chirurgicale.

Ahmed Bachir Kounta était membre de la famille maraboutique de Ndiassane, dont il fut pendant plusieurs années le porte-parole.

A la RTS, il a excellé comme présentateur du journal en langue nationale wolof et commentateur attitré des discours officiels et des grands évènements nationaux comme les fêtes nationales. Bachir Kounta a travaillé pendant près de 50 ans à la RTS. Il aimait tirer profit de ses émissions pour disserter sur les tares de la société et prodiguer des conseils. Il animait en même temps des émissions religieuses, faisant valoir sa grande érudition et sa parfaite maîtrise de l’arabe, du français et du wolof.

Bachir Kounta est présenté comme « un modèle » qui a inspiré des générations de journalistes. Il a été sénateur.

LIBRE ! Gbagbo acquitté et remis en liberté demain mercredi

La Cour pénale internationale a décidé ce mardi 15 janvier 2019 de l’acquittement de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé. Les deux hommes étaient poursuivis pour crimes contre l’humanité après les violences postélectorales de 2010 et 2011. Les juges ont ordonné la remise en liberté immédiate des deux accusés, mais elle a été suspendue à la demande du procureur dans l’attente d’un nouvel appel. Une nouvelle audience aura lieu sur ce sujet mercredi matin.

La CPI s’est prononcée en faveur de l’acquittement de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. La CPI a également ordonné la mise en liberté immédiate de l’ancien chef de l’Etat ivoirien. Mais, finalement, quelques minutes plus tard, cet ordre de mise en liberté a été suspendu jusqu’à demain en attendant de savoir si le procureur faisait appel.

Une nouvelle audience doit donc avoir lieu demain à 10 heures, heure locale. Audience qui déterminera donc si Laurent Gbagbo sera remis ou non en liberté.

Cela fait sept ans que Laurent Gbagbo est en détention. Il était accusé de quatre chefs d’inculpation de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Des faits qui couvrent la période de crise postélectorale en Côte d’Ivoire entre novembre 2010 et avril 2011. Des violences qui ont causé la mort de plus de 3 000 personnes en cinq mois. Des faits pour lesquels Laurent Gbagbo avait plaidé non coupable.

Mais qui veut donc porter plainte contre Gaston ?

Les désagréments sur Pay-Per-View (Payer par vue) pour le combat Modou Lô/Balla Gaye 2 ont soulevé une vague de contestations. Plusieurs amateurs de lutte ont fait état de dysfonctionnements dans la diffusion du combat sur la plateforme «Senaffiche». Non satisfaits, certains amateurs ont décidé de porter plainte contre Gaston Mbengue. Une action judiciaire est en vue contre le «promoteur».

Ce, après la distribution ratée des images du combat pour lequel les amateurs ont déboursé 2000 Fcfa. Un amateur laisse éclater sa colère : «J’avais réuni tout ma famille pour regarder le combat chez moi, mais je n’ai reçu aucune image. J’habite les Parcelles Assainies et je suis prêt à porter plainte contre Gaston Mbengue». Aminata Barro, présidente d’une association de consommateurs, a saisi l’Autorité de régulation des télécommunications et de la poste (Artp) pour régler cette affaire et faire dédommager les victimes.

Actu-texticules du 15 janvier : Sonko traite Madiambal et Cheikh Yerim de « bodio-bodio »

Par Adama Sow – Editing : Mamadou Ly

A la Une : Les partisans de Khalifa « brûlent » la rue après l’élimination de leur candidat, Présidentielle : L’Onu et la Cedeao auditent le Sénégal, Sonko répond à Madiambal et Yérim Seck

1-Leur candidat éliminé par le Conseil constitutionnel, les partisans de Khalifa Sall installent l’intifada dans les rues de Dakar : Les khalifistes ont chauffé la zone de Sacré cœur et de Liberté 6 hier pour s’offusquer de l’élimination de leur candidat Khalifa Sall
2-Macky Sall a inauguré le TER : Une belle cérémonie, les chiffres déclinés par Macky . 656 milliards, 14000 impactés, 2500 parcelles de recasement, 50 milliards de dédommagements. Seul bémol, les échauffourées entre des jeunes de Rufisque et des nervis
3-Remous à l’UGB encore pour un retard de payement des bourses : les étudiants de Saint louis ont décrété 48h de grève, 4 jours sans payer la restauration. Ils se sont frottés aux forces de l’ordre quand ils ont barré la route nationale n2
4-Madiambal l’attaque encore, Sonko le traite de « bodio bodio » : Ousmane Sonko considère que Madiambal Diagne et Yerim Seck ne sont que des « bodio-bodio » et qu’ils ne sont pas ses interlocuteurs
5-L’ONU et la CEDEAO à Dakar pour tâter le pouls du pays avant l’élection : La mission est composée de Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la CEDEAO et Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel. Selon le communiqué, la mission s’entretiendra avec un certain nombre de personnalités politiques et administratives et des institutions impliquées dans le processus électoral, dont la commission électorale nationale autonome (CENA).
6-Paix en Casamance : les combattants s’engagent pour une paix définitive et se disent prêts à participer au développement de leur région meurtrie par un conflit qui dure depuis 1982
7-Promoteur par procuration : Aziz Ndiaye choque les amateurs de lutte. En révélant que Gaston Mbengue n’est que son prête-nom dans le combat Balla-Modou Lo, Aziz Ndiaye a soulevé l’ire du monde de la lutte

Découvrez le métier du « coaching », avec Caroline Mathieu, Belge installée à Dakar

Rencontre avec Caroline Mathieu, belge, coach, installée à Dakar depuis 2014 avec sa famille.

Quand et pour quelle raison t’es-tu installée à Dakar ?

Caroline Mathieu : Nous sommes arrivés en famille à Dakar en 2014 pour mon mari qui travaille pour LuxDevelopment (agence luxembourgeoise pour la Coopération au développement). Nous arrivions du Burkina Faso. Mais nous connaissions déjà le Sénégal car nous avions vécu à Saint-Louis entre 2008 et 2012. Nous sommes dans notre 11ème année d’expatriation en continu. Par ailleurs, entre 2003 et 20005, nous étions au Kenya.

Quel est ton parcours professionnel ?

J’ai fait des études de communication à Liège et j’ai commencé à travailler dans les ressources humaines et le recrutement dans l’intérim, chez Randstad. Au Kenya, j’ai réussi à décrocher des petites missions. A Saint-Louis, je me suis beaucoup investie dans l’école française (qui était gérée par les parents) et j’ai été bénévole dans le centre pour les enfants des rues « La Liane ». Puis j’ai créé avec un français une agence de tourisme spécialisée sur le Sénégal et le Cap Vert. Cela commençait à bien marcher mais un an après, nous sommes partis au Burkina. Ce fut une bonne expérience. A Ouagadougou, j’ai fait quelques missions de communication jusqu’à ce que je décide de me poser, pour prendre le temps de réfléchir à ce que je voulais vraiment faire. Jusqu’à présent, je regardais les opportunités, sans vraiment me demander si c’était vraiment ce que je voulais faire. Après réflexion, j’ai réalisé que le travail que j’avais le plus aimé jusqu’à présent était chez Randstad lorsque je faisais du recrutement, de l’accompagnement. J’ai donc décidé de devenir coach car c’était la voie qui se rapprochait le plus de ce que j’aimais faire. En fait, avant que cela ne devienne à la mode, je me suis créé mon métier nomade !

Comment y es-tu parvenue ?

J’ai d’abord suivi une première formation à distance de life coaching avec une école belge et ensuite, une formation certifiante avec l’ICF France, à la fois à distance et en présentiel à Paris. Une fois certifiée, fin 2013, j’ai commencé à coacher quelques amies, puis j’ai eu l’opportunité de faire une première session de coach d’équipe en entreprise. Cela m’a beaucoup plu car j’aime travailler en équipe. J’ai alors décidé de suivre une spécialisation en coaching d’équipe. Puis nous sommes arrivés à Dakar !

Et à Dakar, comment exerces-tu ton activité ?

Je me suis rapprochée d’Oo2, une entreprise de formation. J’ai été recrutée en tant que responsable de la communication et également en tant que formatrice et coach. J’ai mené de nombreuses missions de coaching individuels et collectifs, notamment pour le middle management d’Auchan Sénégal. Les thématiques abordées sont la communication, l’importance du travail d’équipe, la cohésion, la gestion du temps et des priorités, la délégation efficace… Depuis quelques mois, j’ai décidé de reprendre ma liberté pour pouvoir m’organiser comme je le souhaite. Je fais à la fois du coaching individuel, du coaching d’équipe, de la formation en entreprise et quelques missions de recrutement. Je fais partie de l’association des coachs du Sénégal.

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Caroline Mathieu, chez Lulu à Dakar © GP

Qu’aimes-tu le plus au Sénégal ?

Le climat, le joyeux « bordel » organisé (qui manque quand on ne l’a plus), les gens, parfois énervants mais qui nous donnent une bonne leçon de vie. Avec eux, rien n’est grave, rien n’est urgent ! Cela permet de relativiser.

J’apprécie également la diversité des activités aussi bien pour nous que pour nos enfants. Nous faisons de la plongée, mon mari a découvert le vol en autogire… La vie en famille est facile. On peut aller à la plage, partir en week-end. Et nous sommes également ravis d’avoir mis nos enfants à l’International School of Dakar. Ils y sont très épanouis. Ils passent leur vie entre l’école et les vagues car ils sont tous les 2 passionnés de surf.

Et puis, nous avons la chance d’avoir une petite communauté belge soudée et active. Régulièrement, nous organisons des apéros, des soirées…

Au Sénégal, si tu regardes à gauche, tu es en Afrique, si tu regardes à droite, tu es en Europe.

Ce qui te dérange le plus ?

La saleté, les déchets.

Quels sont tes coins préférés à Dakar ?

Nous avons la chance de vivre dans la rue la plus agréable de Dakar aux Almadies 😉.

Sinon, parmi mes petits plaisirs : manger une langouste chez Seck sur l’île de Ngor, notre club de plongée Le Barracuda, Lulu très bien situé et bonne table, longer la petite corniche.

Et au Sénégal ?

La plage de Popenguine, ma préférée, Saint Louis car j’y ai une petite partie de mon cœur suite à nos 4 ans là-bas et le Siné Saloum vu du ciel, c’est magique.

Quels conseils aurais-tu envie de donner aux personnes qui viennent d’arriver au Sénégal ?

Ne pas s’arrêter au premier regard, à ce qui peut être pénible ou repousser comme la saleté. Mais creuser pour voir toutes les possibilités. Or ici, tout est possible ou presque !

(Avec Le Petit Journal – Gaëlle Picut)

Artisanat : le Parisien Cyril dit Fallou, Sénégalais depuis 20 ans, met la calebasse dans tous états !

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Boucles d’oreille, colliers, photophores, boîtes à tchouraï, lampes, boucles de ceinture… : sous les doigts de Fallou, la calebasse se décline sous toutes sortes d’objets. Rencontre avec cet artisan installé à Dakar depuis plus de 20 ans.

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Arrivé au Sénégal il y a plus de 20 ans, un peu cabossé par la vie, Cyril dit Fallou a trouvé sa voie le jour où il a eu une calebasse entre ses doigts. Depuis, sous la marque Esprit d’Afrik, il découpe, creuse, grave, teint et vernit des calebasses pour fabriquer une grande variété d’objets artisanaux et colorés. Il travaille toutes sortes de calebasses : des petites, des grandes, des épaisses, des fines, des maliennes, des sénégalaises, etc.

Naissance en banlieue parisienne, enfance précaire et solitaire, puis l’armée, des petits boulots et en 1995, un oncle, peintre artisan décorateur qui l’emmène au Sénégal. Celui-ci a réalisé en 1980 la dorure de la mosquée de Touba et continue dans les années 90 à avoir des chantiers dans cette ville. Au départ, Fallou travaille avec lui. C’est à ce moment là que le toubab est surnommé Fallou en référence à Touba et à Fallou Mbacké, deuxième calife des mourides.

Quelques mois plus tard, il décide de prendre son indépendance : il lance avec un copain un petit restaurant L’Espadon à Yoff, traverse ensuite quelques galères, puis gère un bar à Ngor le Spot et épouse une sénégalaise avec qui il aura trois enfants. Puis à nouveau, il traverse une période de chômage. Il sympathise alors avec un couple franco-sénégalais dont la femme travaille les calebasses. Il commence à apprendre avec elle quelques techniques. Lorsque ses amis partent vivre aux Etats-Unis, Fallou décide de reprendre l’affaire. Depuis, il n’a jamais cessé de travailler ce fruit. Avec des hauts et des périodes plus creuses. Mais toujours la passion chevillée au corps.

Il a eu l’occasion de vivre quelques mois à la Somone, le temps de meubler en applications et en lampes de chevet l’hôtel Le Lamantin et des villas de la résidence du Port à Saly, pour le groupe Touly. Entre 2004 et 2007, il rentre en France pour se rapprocher de sa mère malade et monte son entreprise Esprit d’Afrik. « Je vendais très bien mais le côte administratif et comptable, ce n’était pas mon fort » reconnaît Fallou. Alors que sa femme décide de rester en France, Fallou choisit, lui, de repartir au Sénégal. Ils divorceront quelques années plus tard. Une jolie rencontre lui redonne le sourire. Avec sa nouvelle compagne, ils auront un petit garçon, Fallou Kemane. « Nous étions très complémentaires dans le travail et elle m’a aidé à prendre mon envol » témoigne Fallou. Malheureusement, il y a un an et demi, sa compagne décède brutalement. « Mais j’ai continué la calebasse car j’aime cela, c’est la seule chose que je sais bien faire », explique-t-il avec pudeur.

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Opération teinte sur de futures boucles d’oreilles

Il passe des heures chez lui ou sur une terrasse nichée dans Ouakam et prêtée par une amie à travailler ses calebasses, qui proviennent en majorité du Mali, dans la région de Kayes. Il s’approvisionne au marché de Thiaroye. Il travaille aussi quelques calebasses sénégalaises mais elles sont plus petites et n’ont pas toutes les formes voulues.

Il réalise toutes sortes d’objets : boucles d’oreille, colliers, photophores, lampes… Cela nécessite minutie, patience et créativité. Et de ne pas avoir peur de se faire des ampoules ou de s’arracher un bout de peau à force de poncer ou de percer ! Il faut d’abord découper la calebasse, la vider, la nettoyer, la sécher, puis la découper, la poncer, la graver, la teindre, la vernir, et enfin mettre les accroches, les accessoires… »Les gens ne réalisent pas toujours tout le travail que cela représente » estime Fallou. Lorsqu’il découpe les calebasses, cela sent le pin, le chocolat ou…une odeur de fromage selon la maturité de la calebasse.

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La collection boucles d’oreille Bogolan

Fallou vend sur les principaux marchés dakarois, participe régulièrement à des expositions et bénéficie également d’un bon bouche-à-oreille. Un ami en France l’aide à animer sa page Facebook et à vendre quelques-uns de ses objets près de Nîmes.

Avec deux autres artisans qu’il apprécie, ils envisagent de créer un collectif et de proposer des expositions dans des lieux de la capitale. Enfin, on peut trouver les produits Esprit d’Afrik dans plusieurs magasins de Dakar : Cocktail du Sénégal, les magasins Baobabs et à la galerie Syseck’Art. Il a parfois aussi des commandes en direct qui partent ensuite vers la Suède, l’Italie, les Etats-Unis ou la Guadeloupe. Au printemps prochain, Fallou aimerait bien revenir en France voir sa famille et organiser quelques ventes. Avis aux amateurs !

 

(Avec Le Petit Journal – Gaëlle Picut)

TRIBUNE – Parti S.U.D : « Le Sénégal que nous aurions voulu…. » (Par Ibrahima Sall, porte-parole)

Les sept « sages », à la fin de leur « dialogue de Talanoa », viennent de se prononcer sur les participants à l’élection Présidentielle de Février 2019, en s’appuyant sur une loi anticonstitutionnelle que l’écrasante majorité des partis de l’opposition n’ont cessé de combattre durant tout le processus de son adoption. Le concept pacifique de Talanoa, c’est un dialogue interactif qui conduit à la formation de consensus et à la prise de décision par partage d’expériences. Nous sommes ironiques en y faisant référence, devant l’ironie de l’histoire qui veut que des présumés « sages » installent le Sénégal dans une situation potentiellement instable et lourde de dangers pour l’avenir.

Ce faisant, troquant nos rétroviseurs par des lunettes de vues, nous unitaires tout en continuant à combattre pour le rétablissement de la vraie démocratie et conscient que les Sénégalais devront choisir leur nouveau Président au moment où le pays se trouve sur le « starting-block » pour un décollage vers le rattrapage du développement socio-économique, proposons notre offre pour le Sénégal que nous aurions voulu bâtir.

En effet, à l’heure du choix, les Sénégalais devront se prononcer entre :

  • l’immobilisme, caractérisé, entre autres, par des promesses non tenues, des choix hasardeux, un front social en perpétuelle ébullition et la réalisation d’infrastructures de luxe ne profitant qu’à une infime minorité au sommet de la pyramide sociale et
  • la marche pour un Sénégal en Tête, en vue de bâtir un pays riche et prospère où l’extrême pauvreté sera définitivement conjuguée au passé, les inégalités drastiquement réduites et la richesse équitablement répartie.

Il va sans dire, que le choix est clair mais la question qui coule de source est de savoir comment y arriver ? La réponse à cette question réside dans l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme suggéré par les réalités de l’heure que sont : (i) la restauration d’un Etat de droit et d’une gouvernance sobre et vertueuse, (ii) la réduction des inégalités, (iii) la prise en charge des nouvelles ambitions (l’emploi des jeunes, l’industrialisation, l’accès à l’énergie, la paix et la sécurité) et (iv) la prise en charge des défis émergents notamment les défis écologiques.

Pour donner corps à cette vision, les Unitaires dans un programme décliné en sept (07) axes stratégiques voulaient insuffler un esprit nouveau pour produire les changements nécessaires afin de substituer la prospérité à la pauvreté et bâtir un Sénégal nouveau enraciné dans ses valeurs.

Se faisant, dans un monde où le savoir est le socle du développement, il avait été proposé de mettre en œuvre un « New Deal Educatif » adossé au Capital humain et au capital spirituel afin de permettre aux personnes ordinaires d’accomplir des choses extraordinaires en vue de l’édification d’une société plus éthique, plus responsable et aptes à relever les défis et les enjeux de l’heure.

De plus, à travers une réforme institutionnelle adossée aux propositions des assises nationales et également à travers la quête de la réduction du train de vie de l’Etat, il avait été retenu de procéder : (i) à la restauration de l’Etat de droit et la dignité des institutions, (ii) à la co-construction des politiques publiques par le Gouvernement et les Citoyens (iii) à l’approfondissement des acquis démocratiques avec une véritable égalité des droits devant l’Administration et (iv) à la réduction du train de vie de l’Etat .

Par ailleurs, vu que le Sénégal arrive au banquet de l’émergence à l’heure de l’aggravation des effets négatifs des Changements Climatiques, il ne lui est offert d’autre choix que de conjuguer la quête d’une croissance forte et pro pauvre avec la transition énergétique et une double révolution verte reposant sur deux piliers l’une productiviste et l’autre écologique. Concrètement, il s’était agi de travailler à la déconstruction du système d’économie de rente, d’autonomiser chaque région en valorisant ses atouts, de maitriser et de faciliter l’accès à l’énergie dans tous les secteurs, de mettre en place une véritable politique de patriotisme économique et de maturation des startups en vue d’une Transformation radicale de l’économie nationale.

Conscient que le Sénégal vit un nouveau cycle marqué par le retour de la croissance significative mais également par l’augmentation des vulnérabilités sociales, il était proposé de placer l’Etre Humain au cœur des politiques publiques par une action volontariste garantissant par la loi la satisfaction des besoins sociaux de base, les droits économiques et culturels des Sénégalais : Bien- Être, Accès à l’eau, alimentation, habitat, vivre-ensemble, santé, mobilités, solidarités, égalité des chances, paix et sécurité de tous

Afin de ne pas rater la révolution numérique en cours, il était envisagé d’engager le pays dans une transformation digitale réelle dans les secteurs économiques prioritaires tels que l’agriculture, l’éducation, la santé et la sécurité et travaillerons à la mise en valeur de l’ingéniosité des acteurs du numérique du pays. Cela passera par la création d’un écosystème de startups ainsi que de E-gouvernance au service de l’intelligence collective, de la prise de décision collective, des usagers, des activités économiques et la transparence.

Pour terminer, il était retenu de travailler à permettre au pays de reprendre son leadership régional au plan politique et économique, de rebâtir la Coopération Panafricaine en s’appuyant sur les solidarités et de défendre les intérêts des sénégalais de la diaspora.

Cette offre conduisant vers le « Sénégal que nous aurions voulu », un Sénégal avec un présent et un futur riche d’avenir et de promesse répondant aux besoins du Sénégalais lambda dont, à dire d’expert, le mieux être repose sur deux piliers que sont : (i) la possibilité de trouver un emploi permettant d’avoir un revenu apte à entretenir une famille et à dégager des économies pour parer aux cas d’urgence et (ii) disposer d’un filet de sécurité social garanti par l’Etat, était l’engagement des Unitaires si on avait donné la possibilité à leur Candidat de dérouler son programme.

Ainsi, l’objectif était de faire de sorte à ce que la vaste entreprise de remise en marche du pays puisse produire les fruits escomptés à savoir bâtir un Sénégal sans faim où nul ne sera laissé en rade avec une nette amélioration de l’accès aux services sociaux de base des populations et où il sera redistribué équitablement les retombées de la croissance.

De ce qui précède, les critiques auraient pu se demander où se trouve l’originalité de l’offre qui n’est pas très différente de ce qui est proposé par d’autres Challengers. La réponse tient du fait que pour asseoir les bases d’un développement durable il n’y a point de recettes magiques mais plutôt de « bons cuisiniers » et nous Unitaires nous vous proposions un « Chef étoilé » capable de faire des merveilles à partir de peu d’ingrédients.

 Unitairement Votre

Ibrahima Sall

Porte-parole, Parti « Sénégalais Unis pour le Développement » (S.U.D)

Bamba Lamotte, 32 ans, cordonnier à la Médina : il décroche un contrat de chaussures avec l’hôtel Pullman Teranga

Rencontre avec Bamba Lamotte, 32 ans, cordonnier dans la Médina et créateur de la marque Lamotte Shoes. Grâce aux réseaux sociaux, il vend déjà ses chaussures à l’international et il rêve d’ouvrir une école pour former les jeunes.

Au départ, rien ne prédestinait Bamba à devenir cordonnier. Après avoir quitté l’école à 15 ans, il devient artiste peintre. « Je faisais des dessins et des peintures pour des écoles et des maisons. Mais c’était difficile car il y a beaucoup de concurrence et il faut parfois attendre longtemps entre deux commandes ». Un jour, Babs, cordonnier et ami de son grand frère, lui propose de travailler avec lui. Il apprend quelques techniques et se rend compte qu’il aime cela et qu’il pourra mieux gagner sa vie.

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Bamba dans son atelier, en plein coeur de la Médina

En 2012, il ouvre son propre atelier dans sa maison au plein coeur du quartier de la Médina où il est né et il s’équipe petit à petit, tout en continuant à faire quelques travaux de peinture. « J’avais envie d’avoir mon espace et ma propre entreprise » explique Bamba. « Et je rêve un jour d’ouvrir un grand espace où je pourrais former les jeunes et transmettre mon savoir-faire ». Il y a quelques semaines, il s’est rendu au Samu Social Sénégal pour faire un atelier avec les enfants du centre et leur expliquer comment on fabriquait une chaussure. Un premier cours qui a été très apprécié !

Bamba a commencé par faire des sandales pour femmes et des bracelets en cuir. Aujourd’hui, il fait surtout des modèles pour hommes. « Les femmes sont terriblement exigeantes » glisse-t-il en souriant. Bamba travaille le cuir, le daim et le wax. Il fait aussi bien des baskets que des bottines en cuir ou des derbies en daim, essentiellement sur commande. « Je recherche le confort et l’élégance » indique le jeune cordonnier. Son atelier, dans la cour de la maison familiale, est simple. Une machine à coudre, des formes en plastique, des clous, des patrons en carton, un cutter, des semelles… tout cela mélangé dans un joyeux désordre. Bamba se fournit en cuir dans la Médina rue 22.

Quand on lui demande où il trouve ses idées de modèles, Bamba répond en souriant qu’ils sont dans sa tête, dans son imagination. Il choisit essentiellement des modèles fermés et modernes, en y ajoutant sa petite touche personnelle. Côté technique, il n’hésite pas à fouiner sur google pour apprendre et à regarder des tutos sur You Tube.

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Aidé par sa femme, Betty, « sa responsable de communication » auto-proclamée, à l’enthousiasme communicatif, Bamba s’est lancé avec succès sur les réseaux sociaux. Il a un compte Instagram aux photos léchées suivi par 1800 followers et une page Facebook. Grâce à cela, sa clientèle dépasse largement les frontières du Sénégal. Il livre dans la sous-région mais aussi en Europe ou aux Etats-Unis. « Cet après-midi, je dois poster une paire de chaussures pour le Cameroun » explique Bamba, qui utilise les GP pour l’envoi de ses colis.

Il y a quelques semaines, il a été contacté par l’hôtel Pullman Teranga pour réfléchir à un modèle de chaussure pour l’ensemble du personnel masculin. Peut-être le début d’une belle collaboration et d’un sacré coup de pouce pour le jeune homme…

A l’image de Dakar qui oscille entre tradition et modernité, où règne la débrouillardise et la créativité pour contrebalancer le manque de moyens, Bamba rêve de conquérir le monde depuis la Médina.

(Avec Le petit Journal)

Informations pratiques :

Lamotte shoes

Téléphone : (221) 77 277 35 81

à partir de 25 000 Fcfa la paire de chaussures.

En attendant que quelqu’un prouve qu’Ousmane Sonko est salafiste, le voici en fidèle talibé mouride

C’est dans la discrétion qu’Ousmane Sonko, le leader du parti PASTEF, s’est rendu ce week-end dans la cité religieuse de Fatou Moukhamer. Il en a profité pour aller présenter ses condoléances à Serigne Lara Bassirou, suite au rappel à Dieu de Serigne Bassirou Astou Lo, fils de Serigne Modou Awa Balla, qui a été le premier khalife de Mame Thierno Birahim. Auparavant, dans cette tournée très sociale et loin des tensions de l’adversité politique, Ousmane Sonko est allé présenter également ses condoléances à Serigne Khadim, fils ainé de Serigne Amsatou Mbacke. Ce dernier, le défunt, était l’imam de Darou Moukhty et vient de tirer sa révérence, après une une au service de la foi musulmane. Enfin, Sonko a fait un détour chez Baye Cheikh Khady pour présenter ses condoléances à son fils Mame Thierno, qui a perdu sa mère il y a quelques jours. Le tout a été ponctué de ziars, avant le déjeuner que le candidat le plus sulfureux à la présidentielle a pris avec son marabout, l’affable Serigne Abdou Mbacké. Le Mbacké-Mbacké auprès de qui Ousmane Sonko a fait depuis longtemps son djébelou d’allégeance est le fils du défunt khalife de Serigne Cheikh Khady. Il y a passé toute la journée du samedi dernier.

Ces visites d’Ousmane Sonko rappellent avant tout qu’il et veut rester un fidèle talibé mouride.; là où plusieurs rumeurs et caractérisations (dont celles du truclen Ahmed Khalifa Niasse) l’accusent d’être un salafiste qui ferait peu de cas de l’islam confrérique sénégalais et qui serait susceptible de remettre en question la laïcité de notre république.

[ÉDITO, ET DIT TÔT] Don de Saltigué ou délit d’initié ? Comment le Premier ministre Boun a fait pour prophétiser le nombre exact de 5 candidats à la présidentielle ?

ET DIT TÔT – Le Premier Ministre Mahammed Boun Abdallah est-il un Saltigué, capable de prédire à la fois les pluies d’hivernage et la façon dont les candidatures présidentielles retombent sur leurs pattes comme des chats lancés en l’air ? Ou le PM Boun est-il mouillé dans un délit d’initié qui l’aurait fait bénéficier d’une information sur une réalité concoctée au plus haut sommet des trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, réalité longtemps reste dans la quatrième dimension et qui n’attendait qu’à être rendue publique depuis des mois ?  C’est l’un ou l’autre. S’il y a une autre explication possible, qu’on nous la propose ! Seuls 5 candidats sont retenus pour l’élection présidentielle du 24 février prochain. Et « Boun-bouche-d’or » l’avait prédit depuis plus d’un mois et demi.

Analysons d’abord la première piste. Boun Dionne a beau être Sérère, nous ne savons pas qu’il soit Saltigué. Fonction demandant une formation ésotérique très peu compatible avec le parcours d’étudiant des grandes écoles qui a été le sien. Reste donc la piste du délit d’initié, pour laquelle Tract.sn penche et se veut une lanceur d’alerte en direction de tous les corps constitués susceptibles de mener l’enquête.

Rappel des faits : c’est le 22 novembre dernier, lors du congrès d’investiture du candidat Macky par la minorité législative Benno Bokk Yaakar (49% aux élections), que son bras armé et couteau suisse Boun Dionne s’est fait prophète : « Il n’y aura même pas cinq candidats à cause du parrainage. ». Bon, l’honnêteté voudrait que l’on reconnaisse que Boun n’a pas dit 5, il a dit : « même pas 5 ». Il a également invoqué le filtre tueur de candidats qu’est le parrainages, comme raison. Or, 7 candidats sont parvenus à le franchir.

Mais ne pinaillons pas : le PM Boun a tout de même cité le chiffre 5. Qui comme par hasard se trouve être celui du nombre de candidats annoncés comme éligibles au poste suprême du pays par le Conseil constitutionnel, ce lundi 14 janvier. Nous en appelons instamment à la constitution d’une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur ce PrimatureLeaks.

Sont ainsi qualifié par le « CC-le-feu », ce Conseil constitutionnel de feu, le quintette suivant : Macky Sall, candidat sortant; Issa Sall du PUR; Madické Niang, le plan B par force du PDS; Idrissa Seck, cheval de retour et président de Rewmi qui se veut le pur-sang de la course, et enfin Ousmane Sonko, l’homme que l’odeur de soufre entoure désormais, patron de PASTEF.

Les exclus pour cause de perte de virginité judiciaire sont, on s’en doutait un peu par avance, vu la propension des corps de la justice à les tripoter dans tous les sens   : Khalifa Sall et Karim Wade. Voici ci-dessous un extrait des conclusions du Conseil constitutionnel sur les deux cas K, qui toutes considèrent qu’ils sont déchus de leurs droits civiques suite à leur condamnation. Pour ce qui est de Karim Meïssa Wade, il n’est de plus pas inscrit sur les listes électorales et ne peut donc être candidat, estime le CC. La condamnation de Khalifa Sall est-elle définitive ? A la place de la Cour suprême, qui doit être saisie d’une demande en rabat d’arrêt, le CC-le-feu vient de trancher : Khalifa Sall est, selon le Conseil constitutionnel sénégalais, définitivement et sans appel, un vulgaire repris de justice, indigne de prétendre aux suffrages des Sénégalais.

[ÉDITO, ET DIT TÔT] Coup tôt tiré : le trop prévisible « 5 à 7 » du Conseil constitutionnel sénégalais

ET DIT TÔT – Macky Sall, Khalifa Sall, Karim Wade, Ousmane Sonko, El Hadj Issa Sall, Madicke Niang et Idrissa Seck : 7 pour un fauteuil présidentiel? C’est en tout cas ce nombre de candidats qui a passé l’étape de validation des parrainages. Mais, ce chiffre est trompeur. Parce qu’après le prochain passage de la voiture-balai qu’est devenu le Conseil Constitutionnel sénégalais, ils ne seront plus que 5.

En effet, les « sages » doivent désormais valider les dossiers administratifs.On peut sans grand danger parier sa chemise que Karim Wade et Khalifa Sall, les deux cas K, seront rayés de la future liste définitive d’où devrait sortir celui qui sera élu le prochain président du Sénégal. Ceci nous donne l’occasion de railler le « 5 à 7 » des « sages », peu sages pour le coup. Comme l’on sait, un « 5 à 7 » est un rendez-vous entre 17h et 19h, entre la sortie du travail et le retour à la maison donc, où l’on retrouve dans un hôtel ou une alcôve, un partenaire de l’autre sexe qui n’est pas son conjoint légal. Le Conseil Constitutionnel, instauré pour sceller l’hymen entre le peuple et l’élu au poste suprême qu’il se choisit pour le diriger, est le premier à mettre un coup de canif dans le contrat de mariage qu’est l’élection présidentielle. Élection présidentielle qualifiée depuis fort longtemps par un vif esprit de : « rencontre (amoureuse) entre un homme et le peuple ». Oui, le « CC », qui est le témoin de mariage, peut être accusé d’adultère électoral au détriment de la belle mariée qu’est le peuple souverain.

A l’étape des parrainages, trois candidats étaient admis au repêchage. Mardi 8 janvier 2019, le Conseil constitutionnel a accepté les parrainages de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, de l’ex-cadre du Parti démocratique sénégalais Madicke Niang, mais il a rejeté – il en fallait plus de 53 000, il lui en manque 543 – ceux du leader du Grand Parti, Malick Gakou. Les candidats à la présidentielle se sont donc retrouvé au nombre de 7, pour ce premier set de cet âpre match.

Etre uniquement sénégalais, être électeur, vérification du quitus fiscal, du casier judiciaire : les membres du Conseil constitutionnel attaquent la seconde étape de leur sélection, et vont devoir trancher sous les cris d’orfraie prévisibles de l’opposition, qui estime que les les  deux figures importantes de leur camp que sont Karim Wade et Khalifa Sall ne doivent pas être empêchés de candidature pour raisons juridico-judiciaires. Mais rien n’y fera: le « CC » a montré qu’il tombe toujours du côté où il penche. Et ce côté-là, c’est bel et bien celui de la minorité présidentielle de 49% aux législatives de Benno Bokk Yaakar et de son lutteur fatickois Macky Sall, ci-devant président sortant.

Le Conseil constitutionnel doit diffuser une première liste d’ici la fin de cette semaine. Les futurs recalés, dont feront immanquablement partie Khalifa Sall et Karim Wade, pourront alors déposer leurs recours. La liste définitive des candidats à la présidentielle sera publiée au plus tard le 20 janvier, 35 jours avant le premier tour prévu le 24 février. 10 jours avant cette élection présidentielle, les « sages », dont nous présumons qu’ils ont un coeur, pourront fêter la Saint-Valentin. Espérons que cela soit avec leur(s) conjointe(s) légale(s) et non dans le cadre d’un « 5 à 7 ».

Damel Mor Macoumba Seck – Tract 2019

Accusant Thione et Waly Seck d’escroquerie, le présentateur de télévision Guin Thieuss sauvagement agressé

Après des auditions électriques à la Division des investigations criminelles (Dic) avec Thione Seck et son fils Waly, l’animateur de télévision Guin Thieuss, qui accuse ces deux derniers d’escroquerie, a été sauvagement agressé.

A-t-on voulu lui donner une leçon pour qu’il sache qu’il y a des intouchables dans ce pays ? Sont-ce des fans surexcités de la Seck family qui ont commis l’acte ? En tout cas, il a vraisemblablement échappé à une véritable tentative de meurtre.La DIC est doublement interpellée : pour l’escroquerie dont il accuse Seck père et fils; et pour cette agression barbare sur sa personne.

Crise cardiaque : Souleymane Diallo, fan de Balla Gaye, décède hier d’émotion à la Médina

L’émotion a été très forte pour beaucoup. Et au moins trop forte pour un supporter, le fan de lutte Souleymane Diallo, 66 ans, habitant de la Médina dakaroise. Pourtant, il a évité de regarder ce combat de titans entre son idole Balla Gaye, l’enfant de Guédiawaye, et Modou Lô, le roc des Parcelles. Il ne s’était pas rendu au tade et n’avait pas non plus accroché son oreille à son transistor. Bien lui a pris car le rythme cardiaque de Diallo aurait sûrement augmenté avec cette ambiance paroxystique qui s’est terminée en violent pugilat entre les lutteurs, avant que Balla ne soulève en double portage du ngemb un Modou lô essoufflé.

Mais ce n’était qu’un sursis pour Souleymane Diallo. Le Médinois, résidant à la rue 5 X 8 et originaire de Guinée, a été édifié sur le résultat du combat, en faveur de son idole, par les cris de joie des habitants du quartier, sortis envahir les rues. Vendeur de montres de son état, Diallo s’est mêlé aux vivats et à la célébration assourdissante de la victoire de Balla Gaye II. C’en était trop pour lui : saisi de trop d’émotions, Souleymane Diallo pique une crise cardiaque et décède. Il laisse plusieurs enfants. La levée de corps aura lieu aujourd’hui lundi à 14 h.

Vie et mort : parfaite illustration du sport le plus populaire du Sénégal, lambb ji, sport qui libère les pulsions de mort des lutteurs pour donner des raisons de mieux savourer la vie aux spectateurs. Que l’âme de Souleymane Diallo repose en paix.

Arène : Balla bat Lô, ballot ! (20 photos)

Balla Gaye remporte le drapeau Macky Sall ce dimanche, en expédiant séchement Modou Lô au sol par une une double empoignabe du ngémb, après une rude bagarre ponctuée de coups de poings.

Balla Gaye 2 signé sa deuxième victoire sur Modou Lô, ce dimanche au stade Léopold Senghor. Il a réédité son coup de 2010 en prenant le meilleur sur le chef de file de Rock énergie. Il remporte ainsi le trophée mis en jeu, le drapeau Macky Sall.

Le fils de Double Less enregistre ainsi la 21e victoire de sa carrière, pour 4 défaites. Ce succès lui permet de se replacer dans la course pour le titre de Roi des arènes. Une couronne qu’il avait perdue face à Bombardier et que détient désormais Eumeu Sène.

Modou Lô, pour sa part, essuie la troisième défaite de sa carrière (19 victoires). La deuxième contre le même adversaire. Ce revers n’est pas une catastrophe pour son futur, mais il retarde son ascension vers le trône de Roi des arènes.

[ÉDITO, ET DIT TÔT] Affaire de la jeune Saoudienne apostate : l’islam, nouveau motif « tendance » d’asile politique en Occident ?

L’ET DIT TÔT D’O.N.G – Le Canada a décidé d’accorder l’asile à la jeune Saoudienne de 18 ans qui a fui sa famille, a annoncé vendredi le Premier ministre canadien Justin Trudeau, dont le pays est à couteaux tirés avec Ryad au sujet des droits humains deuis plusieurs mois. La jeune fille, Rahaf Mohammed al-Qunun, a affirmé vouloir fuir les abus psychologiques et physiques de sa famille. Elle faisait déjà route vers Toronto – où elle est arrivée ce samedi matin 12 janvier – quand le Premier ministre canadien en a fait l’annonce la veille, vendredi.

« Nous lui avons accordé l’asile. Nous sommes ravis de le faire, car le Canada est un pays qui mesure à quel point il est important de défendre les droits de la personne et des femmes à travers le monde. Et je peux confirmer que nous avons accepté la demande de l’ONU », a déclaré à la presse le Premier ministre, peu de temps après que les autorités thaïlandaises eurent annoncé le départ de Rahaf Mohammed al-Qunun pour le Canada.

Cas médiatisé

Cette annonce vient clore une affaire qui durait depuis une semaine et que la jeune femme de 18 ans avait elle-même rendue publique en créant à la hâte un compte Twitter. En voyage au Koweït avec sa famille, Rahaf Mohammed al-Qunun avait décidé de fuir ses parents le week-end dernier en prenant un avion pour Bangkok, où elle avait été arrêtée.

Après avoir médiatisé son cas, Rahaf Mohammed al-Qunun avait été placée sous la protection du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de l’ONU en Thaïlande et une demande d’asile avait été adressée à plusieurs pays, dont l’Australie dans un premier temps.

La décision du Canada risque d’aviver les tensions entre Ryad et Ottawa. L’Arabie saoudite avait annoncé en août l’expulsion de l’ambassadeur du Canada, rappelé le sien et gelé tout nouveau commerce ou investissement avec le Canada, après la dénonciation par Ottawa de l’arrestation de militants saoudiens des droits humains, dont Samar Badaoui, sœur du blogueur emprisonné Raef Badaoui, dont la femme et les trois enfants vivent réfugiés au Québec.

« La demande formelle (d’asile) a été transmise par l’ONU au Canada, nous respectons nos engagements envers l’ONU. Le pays d’origine (Arabie Saoudite) n’intervient pas dans le processus », a simplement indiqué à l’AFP un responsable gouvernemental canadien ayant requis l’anonymat.

Bangkok plie face à la mobilisation sur les réseaux sociaux

La Thaïlande avait dans un premier temps l’intention de la renvoyer dans son pays à la demande des autorités saoudiennes. Mais la jeune femme s’était barricadée dans une chambre d’hôtel de l’aéroport, postant sur Twitter une multitude de messages et de vidéos désespérés, et accédant immédiatement à une notoriété internationale.

La jeune Rafah avait aussi affirmé à l’ONG Human Rights Watch qu’elle souhaitait renoncer à l’islam, ce qui la met « sérieusement en danger », souligne l’ONG.

A la suite d’une mobilisation en sa faveur sur les réseaux sociaux, les autorités thaïlandaises, qui effectuent fréquemment des refoulements à la frontière, avaient renoncé à la renvoyer contre son gré et l’avaient laissée lundi quitter l’aéroport avec des représentants du HCR.

Rupture du pacte de non-agression religieuse avec l’Arabie Saoudite

De mon point de vue, cette « affaire Rahaf » pose plusieurs questions dans la relation déjà compliquée de l’Occident à l’Islam. Un signe d’apaisement est venue de la Cour Européenne des Droits de l’Homme l’année dernière, en 2018. Celle-ci a a reconnu le délit de blasphème dans son arsenal juridique. Dans la société post-religieuse occidentale, notamment européenne, c’est une grande avancée dans le travail nécessaire de compréhension entre les communautés religieuses. La tolérance religieuse ne doit pas être à sens unique, celui d’un droit à prendre à la légère la foi religieuse. Elle doit aussi aller dans le sens de reconnaitre que la foi religieuse est une dimension essentielle dans la vie de milliards d’humains, qu’il faut respecter. A mon avis, ce délit de blasphème sera très difficile à « enforcer »  dans beaucoup de pays occidentaux, où on a érigé en totem la liberté d’expression, y compris le droit à l’expression sur et contre la religion. Et au final, n’eut-été la nécessité sécuritaire pour eux de prendre en compte et de « gérer » la question du terrorisme dit islamiste qui frappe ponctuellement leurs pays, mon opinion est que les pays occidentaux auraient été dans leur bon droit de décider que le blasphème n’est pas un délit sur leur sol.  Toutefois, l’Occident ne reconnait pas l’apostasie (suprême blasphème en islam)  comme délit ou crime.

Pour ce qui est de la sphère continentale américaine, le Canada est connu et reconnu jusqu’ici comme une société ouverte, mais aussi un pays qui respecte les communautarismes, de quelque nature qu’ils soient, y compris et surtout religieux : les Sikhs peuvent y arborer leur turban, les Juifs avoir un quartier à eux dans les villes et déambuler avec paillotes et kippa, et les musulmans prier librement dans leurs mosquées. Ce « droit d’asile religieux » accordée à la jeune Rafah peut-il être généralisé par le Canada? Y compris à eux qui feindraient de quitter l’Islam « avec des risques et périls », juste pour pouvoir obtenir l’asile ?

 On sait déjà que certains Africains subsahariens se prévalent d’être des homosexuels pour être acceptés dans les pays occidentaux en tant que réfugiés présumés opprimés dans les pays africains aux lois homophobes, dans leur majorité. La nouvelle filière d’émigration sera-t-elle de se dire opprimé par l’Islam pour bénéficier de l’asile (politique) dans les pays développés d’Occident ? C’est ouvrir une boite de Pandore dangereuse que de dire qu’on va accorder l’asile à tous ceux qui fuient ou prétendent fuir une religion. Observons que dans le même temps, le Canada ne vient pas au secours des millions de chrétiens d’Orient opprimés pour le culte auquel ils croient. L’Arabie saoudite fait partie de la communauté des nations et tous les pays du monde qui entretiennent des relations avec elle savent que la Charia qui y est loi d’État et l’accepte. Il est de coutume que les épouses des dirigeants qui y vont en visite, y compris Occidentaux et non-musulmans, se couvrent d’un voile en signe de respect de la religion d’État du pays. Est-ce du respect ou de l’hypocrisie, pour ces pays d’Occident (USA et France en tête) qui achètent du pétrole à l’Arabie Saoudite et lui vendent armes et avions de combat pour des contrats dont les montants se chiffrent en milliards de dollars ou d’euros ? Le Canada a en tout cas décidé de rompre le modus vivendi qui consistait jusqu’ici en un « pacte de non-agression  religieuse » entre l’Occident et le berceau de l’Islam qu’est l’Arabie Saoudite (et plus généralement envers toutes les pétro-monarchies du Golfe).

Ousseynou Nar Gueye

Présidentielle : Jeune Afrique estime que la pénurie de candidats pourrait favoriser un second tour de l’élection

Par Mehdi Bâ – Rédacteur en chef Jeune Afrique.com et ancien correspondant au Sénégal

 

Face au président sortant, Macky Sall, rares seront les challengers encore en lice lors du premier tour de la présidentielle, le 24 février. Une retombée de la loi sur les parrainages citoyens qui provoque la colère de l’opposition.

La récente loi a en effet provoqué une hécatombe parmi les 27 hommes et femmes qui avaient déposé leur dossier de candidature à l’élection présidentielle du 24 février. Seuls sept d’entre eux (dont Macky Sall) ont pour l’instant gagné le droit de revenir en deuxième semaine – verdict final et ultimes recours autour du 20 janvier.

Pour les autres, comme l’avocate Aïssata Tall Sall, la campagne s’achève prématurément et dans l’incompréhension. « Certains parrainages refusés émanaient de membres de sa famille, d’élus de son conseil municipal, bref, de gens qui avaient voté en 2017 lors des législatives », glisse, incrédule, un proche de la maire de Podor, recalée par le Conseil constitutionnel, résumant le malaise qui s’est emparé de la classe politique au lendemain du Nouvel An.

Objet de polémiques depuis son adoption en avril 2018, la nouvelle disposition de la loi électorale généralisant à l’ensemble des candidats à la présidentielle le dispositif de parrainages – qui ne s’appliquait jusque-là qu’aux indépendants – a montré, tout à la fois, sa pertinence et ses faiblesses.

Aberration

Pertinence quant à son objet. Le Sénégal est en effet passé maître dans la création compulsive de partis politiques, ce qui se traduit à chaque élection par une compétition entre une multitude de listes ou de candidats – pour certains microscopiques. Une situation aberrante, et fort coûteuse, pour un pays qui compte seulement 6,6 millions d’électeurs. Lors des législatives de juin 2017, 47 listes s’affrontaient. Quelques mois plus tard, à l’ouverture de la course à la magistrature suprême, pas moins de 81 dossiers de candidature étaient retirés – selon certains, le chiffre aurait même atteint 139 par la suite. N’eût été la loi sur les parrainages, qui sait combien de présidentiables auraient tenté d’accéder au palais de la République ?

En les contraignant à recueillir, chacun, quelque 53 000 signaturesréparties dans au moins sept des quatorze régions du pays, à raison d’au moins 2 000 signatures par région, la loi a permis d’opérer un ménage opportun. De nombreux candidats virtuels se sont en effet volatilisés à l’heure du dépôt de dossier.

Doublons en série

Quant à sa mise en œuvre, le bilan de la nouvelle loi semble moins convaincant. Avec 27 postulants en lice, le Conseil constitutionnel a dû examiner la conformité avec le fichier électoral de 1,4 million de parrainages sur la base de fichiers informatiques fournis par chacun. Et de sérieux problèmes n’ont pas tardé à surgir.

AU TOTAL, PRÈS DE 175 000 PARRAINS ONT FAIT PREUVE DE DUPLICITÉ, SANS SE PRÉOCCUPER DES RISQUES ENCOURUS

Passons sur les invalidations pour motifs techniques, le fichier fourni étant défectueux. Au hit-parade de la cacophonie logistique, les « doublons » se sont distingués. Le législateur avait en effet imaginé que, par un subtil mélange de pédagogie et de répression (d’un mois à un an de prison et une amende pour les contrevenants), les électeurs seraient dissuadés d’apporter leur parrainage à plusieurs candidats. Or ils s’en sont au contraire donné à cœur joie ! Au total, près de 175 000 parrains ont fait preuve de duplicité, sans se préoccuper des risques encourus.

Dernier couac, et non des moindres : de nombreux électeurs considérés comme des parrains fiables par les candidats ne figuraient pas sur le fichier du Conseil constitutionnel, ainsi qu’Aïssata Tall Sall en a fait l’amère expérience.

Bilan de l’opération : sur 1,4 million de parrainages déposés, 721 750 ont été acceptés et 832 742 rejetés (dont 174 637 doublons). Un maximum de sept candidats pourront donc concourir le 24 février, mais chacun au Sénégal s’attend à ce qu’ils soient cinq, peut-être même moins – les candidatures de Karim Wade et Khalifa Sall risquant d’être invalidées du fait de leur condamnation judiciaire. Aucune femme ne pourra se présenter (alors qu’elles étaient deux en 2012), et la société civile sera elle aussi absente du scrutin.

PARMI LES RECALÉS FIGURENT NOTAMMENT DES CHEFS DE PARTI RECONNUS (COMME MALICK GAKOU OU PAPE DIOP), AINSI QUE D’ANCIENS MINISTRES ET PREMIERS MINISTRES

Bilan en demi-teinte

Recalés et miraculés confondus, l’opposition fulmine. Tandis que certains candidats malheureux ont introduit un recours de la dernière chance devant la Cour suprême, d’autres défilent place de l’Obélisque, à Dakar. Il est vrai que la loi sur les parrainages, théoriquement destinée à éconduire les candidatures fantaisistes, est allée bien au-delà de son objectif affiché. Parmi les recalés figurent notamment des chefs de parti reconnus (comme Malick Gakou ou Pape Diop), ainsi que d’anciens ministres et Premiers ministres.

Mais pour les challengers de Macky Sall, incapables de resserrer les rangs à la veille de l’échéance et de promouvoir des candidatures d’union, le bilan est-il, au fond, si dramatique ? En réduisant à la portion congrue la représentation de l’opposition, le Conseil constitutionnel ne permet-il pas aux rares « rescapés » d’espérer voir l’un d’entre eux se détacher au premier tour et mettre le président sortant en ballottage ? Un scénario largement improbable dans un scrutin à 26 concurrents.

Actu-texticules de ce jeudi 10 janvier

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Par Adama Sow, avec la facilitation de Mamadou Ly « Ma Revue de Presse »

A la Une : Pour lutter contre le racket sur les routes, la gendarmerie lance le payement digital des contraventions, Le front politique s’emballe avec de nouvelles accusations contre Sonko, Wally Seck, Pape Diouf et Niang Kharagne dans la tourmente

1-Persistance de l’esclavage dans leurs villages : Les Soninkés alertent et menacent. Il se passe un drame dont les médias ne parlent pas beaucoup dans les villages Soninkés dans les régions périphériques de Tamba et de Kédougou. Une association locale a alerté sur l’esclavage dont sont victimes les soninkés
2-Les contraventions payées par voie digitale, les gendarmes n’encaisseront plus d’argent sur la route : le haut commandant de la gendarmerie nationale le général Cheikh Sène a informé que les contrevenants auront la possibilité de payer leurs amendes par voie digitale, par carte bancaire ou mobile –money, directement auprès de l’agent verbalisateur.
3-Front politique : Les partisans de Gackou ne digèrent pas son élimination de la présidentielle déposent un recours ce jeudi, Ousmane Sonko envoie ses porte-paroles répondre à Madiambal Diagne qui annonce, à son tour, rèvele un mail de Sonko proposant le boycott de l’élection et de nouvelles révélations contre lundi prochain, l’opération Faxaas « gilets oranges » de l’opposition n’a pas mobilisé hier à l’Obelisque
4-Wally Seck à la DIC, Pape Diouf pris dans un tourbillon d’une fake tape, Niang Kharagne victime de Sénéporno : La journée d’hier a été mouvementée pour les 2 stars. Wally Seck accusé d’escroquerie par Guin Teuss promoteur de spectacles faisait face aux enquêteurs de la DIC, pendant ce temps, Pape Diouf essayait d’éteindre le feu d’un « faux » vocal contre son rival qu’on lui a attribué. Le tonitruant Niang Kharagne qui faisait le buzz est la dernière victime de Sénéporno qui a publié ses images de nudité
5-Pêcheurs de Saint louis disparus depuis 3 semaines : les familles désemparées après la découverte de 4 corps dans une pirogue au large du Cap Vert. Ils étaient 15 pecheurs dont les familles n’avient aucune nouvelle depuis quelques semaines
6-Tyco Tatoo reste en prison : Accusé de viol par Warda Atal une dame mariée, le tonitruant tatoueur est maintenu en prison, son procès renvoyé au 16 janvier
7-Wagué intègre le groupe A du Barça ce soir en coupe du roi d’Espagne contre Levante : Une première pour le jeune international sénégalais qui est sur la feuille de match du Barça ce soir
#SenCaféActu

Vers l’extradition ? L’État du Sénégal saisit Interpol pour localiser (!) Karim Wade

Tous le monde au Sénégal, y compris les enfants en bas âge, savent que Karim Wade est au Qatar. Sauf l’Etat et son ministre de l’intérieur, qui manifestement l’ignorent.

En effet, les autorités sénégalaises ont, par le biais  du ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, et du directeur de la police judiciaire, saisi Interpol pour obtenir de cette organisation la diffusion d’une « notice bleue » à l’encontre de Karim Wade.

La notice bleue a pour objectif de « localiser ou d’identifier une personne présentant un intérêt au regard d’une enquête criminelle ou obtenir des renseignements » sur le concerné.

L’information est donnée par les conseils français de Wade fils, Mes Michel Boyon et Jean-Marc Fédida, avocats au barreau de Paris. Ces derniers ont saisi Interpol par correspondance datée du 31 décembre 2018 pour expliquer, disent-ils, les vraies motivations de l’État à travers cette initiative (voir le document).

Les avocats de l’ancien ministre soutiennent qu’il s’agit d’une tentative de manipuler Interpol, puisque, arguent-ils, Karim Wade ne fait l’objet d’aucune enquête criminelle, ni d’une poursuite par l’Etat du Sénégal ou un tout autre pays pour fraude ou blanchiment d’argent.

Pour eux, cette initiative vise uniquement à se donner les moyens d’arrêter Karim Wade à son retour au Sénégal, afin de l’empêcher de participer, comme candidat, à la présidentielle du 24 février 2019.

L’autre piste privilégiée par Tract.sn our expliquer cette  » notice bleue » est que L’État du Sénégal, las de se couvrir du ridicule de réclamer 138 milliards de FCFA à Karim Wade sans pour autant réclamer son extradition du Qatar vers le Sénégal, travaille à donner l’impression qu’il travaille sur ce dossier Karim. « Quand les choses nous dépassent, feignons de les organiser! ».

Nouveau président élu de la RD Congo, Félix Tshisekedi a un faux diplôme belge

Félix Tshisekedi a été élu président de la République démocratique du Congo (RDC), selon la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Matin Fayulu arrive second, devant Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat présenté par le pouvoir sortant de Joseph Kabila.

Félix Tshisekedi succède à Joseph Kabila. Après plusieurs jours d’un intense suspense, marqué par de multiples rumeurs, la Ceni a proclamé les résultats provisoires de l’élection présidentielle du 30 décembre, à 3h du matin dans la nuit de.mercredi à ce jeudi 10 janvier.

taux de participation a été de 47,56%, a précisé Corneille Naanga, président de la Ceni. Sur les près de 40 millions d’électeurs attendus, 18 329 318 ont pu voter, le 30 décembre dernier.

Ces résultats provisoires, qui pourront faire l’objet de recours devant la Cour constitutionnelle, ont été rendus publics jeudi 10 janvier à 3h du matin, au terme d’une longue journée et d’une nuit d’attente.

La Ceni avait en effet convoqué la presse à 15h, mercredi, avant d’annoncer, en fin d’après-midi, une proclamation à 23h. C’est finalement un peu avant 1h du matin que Corneille Naanga, le président de la Ceni, a fait son entrée dans la salle, accompagné des rapporteurs de la Commission.

Mais, avant d’annoncer les résultats de la présidentielle, les rapporteurs de la Ceni se sont succédé au micro pour lire les résultats des élections provinciales, dans 23 des 26 provinces du pays.

Un choix de procédure qui a provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes exprimant leur surprise, leur impatience, voire leur colère. « D’où vient que la Ceni proclame les résultats de l’élection alors que ce n’est pas prévu sur son propre calendrier réaménagé ? », s’est notamment interrogé La Lucha sur son compte Twitter.

Auparavant, la journée de mercredi avait été notamment marquée par le coup d’éclat de la secrétaire générale du Mouvement de libération du Congo (MLC), Eve Bazaiba, déléguée et porte-parole de Lamuka (Réveille toi en lingala), soutenant Martin Fayulu. Celle-ci a claqué la porte de la Céni. « La population congolaise s’est déjà choisie son président de la République que tout le monde connaît », a-t-elle déclaré. « Kabila n’a pas à dire: je veux telle personne, je ne veux pas de telle. Ce n’est sa résidence privée, ni une affaire de famille, c’est une affaire d’État. »

Avant la proclamation des résultats par la Ceni, la Conférence épiscopale (Cenco) avait pour sa part réitéré son appel contre la fraude, dans un communiqué commun avec les  protestants de l’Église du Christ du Congo (ECC) et les ONG de la Symocel. « La Nation attend la fête à la publication du nom du président élu et non la désolation, encore moins les violences »,  ont notamment déclaré les représentants des deux principales confessions religieuses du pays et l’ONG.

Les résultats provisoires pourront faire l’objet de recours devant la Cour constitutionnelle. La prestation de serment du nouveau président élu était prévue le 18 janvier, dans le calendrier initial.

La proclamation de ces résultats revêt un caractère historique pour le pays, après le retrait du président Joseph Kabila qui, après avoir longtemps laissé planer le doute, a annoncé qu’il respecterait la Constitution et ne briguerait pas un troisième mandat. Ses prédécesseurs, dont son père Laurent-Désiré Kabila, assassiné par un garde du corps le 16 janvier 2001, ont tous été renversés par la force.

Le mandat de Félix Tshisékédi est parti pour mal commencer : son diplôme belge produit pour dossier de candidature présidentielle est un faux, à établi le été crédible journal La Libre Belgique.

La rumeur avait déjà agité la campagne présidentielle au Congo. Le titre académique dont s’est prévalu Félix Tshisekedi pour se présenter était-il vrai ? Celui-ci, comme la loi le lui imposait, a en effet déposé devant la Commission électorale nationale indépendante un document attestant l’obtention avec mention « satisfaction » d’un « graduat en marketing et communication ».

Ce diplôme, il l’aurait obtenu durant l’année académique 1990-1991 à l’Institut des carrières commerciales (ICC), une école supérieure de promotion sociale relevant de la Ville de Bruxelles.

Un graduat qui n’existe pas

La Libre peut confirmer que, selon l’Institut ainsi que selon l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ce document n’est pas issu des services de l’ICC qui, comme il le précise lui-même, n’organise pas un tel graduat.

De plus, et c’est aussi ce que confirme l’administration de la Fédération Wallonie-Bruxelles, il n’y a pas de traces de cette attestation à l’ICC. L’administration confirme donc bien le fait que cette attestation n’est pas valide en tant que telle.

Des poursuites ?

Des poursuites pourraient être engagées en Belgique et, surtout, la Cour constitutionnelle congolaise pourrait invalider à tout instant le candidat. Une épée de Damoclès au-dessus de la tête du président élu Félix Tshisekedi qui pourrait  commencer son mandat pieds et poings par le ridicule, mème s’il devrait désormais jouir de son immunité de président.

Autre dossier triste qui pourrait connaitre rapisement un dénouement heureux : le rapatriement en RD Congo de la dépouille de son père opposant historique, gardé dans une chambre froide depuis deux ans en Belgique faute d’accord avec le pouvoir sortant sur son lieu de sépulture.

Le travesti arrêté à Marrakech raconte son calvaire

Chafiq a porté plainte contre les officiers et les médias qui ont diffusé la vidéo de son arrestation. .

D’un petit accident de la route à Marrakech à l’exposition de sa vie privée sur les réseaux sociaux, Chafiq Lafid revient pour sur cette nuit du 31 décembre 2018 où il est devenu « le travesti ».

Un cri du coeur, de détresse, de douleur, aussi. Quand il nous raconte son histoire, Chafiq Lafid s’époumone au téléphone, les mots débordent, le souffle se fait court. « Ma vie est terminée au Maroc », lâche-t-il, la voix tremblante.31 décembre 2018. Chafiq célèbre le nouvel an dans un hôtel de Marrakech situé avenue Hassan II. Il connait bien les lieux, sa terrasse bruyante, ses tapis rouges, ses lumières tamisées. Il n’a jamais eu aucun problème ici, même avec sa robe en dentelle et ses talons perchés. Chafiq est travesti. Ce gamin de Khouribga aime s’habiller en femme depuis tout petit ; et c’est comme ça.

Let me be a queen

La soirée se termine, Chafiq prend la voiture. Sur la route, il a un accrochage sans gravité avec un motard. « J’ai rebroussé chemin pour m’assurer qu’il n’était pas blessé. » Un policier l’arrête et lui demande de sortir du véhicule. « Je savais que si je sortais avec ma robe de soirée, j’étais mort. » Face au refus timide de Chafiq, le policier brise la vitre à coup de matraque et l’évacue « très agressivement ». Alors, la foule afflue, comme une horde de moustiques attirés par la lumière. Des badauds d’abord, puis des journalistes, smartphone à la main. « On va te tuer ! »,vocifèrent certains. Là, Chafiq perd le contrôle. On le voit sur les vidéos, le regard hagard, les jambes flageolantes, les poignets menottés.

Au poste de police, un gaillard en uniforme demande à Chafiq de poser pour lui, face à son téléphone portable personnel. Il mitraille aussi sa carte d’identité et sa carte professionnelle – Chafiq a servi les forces de l’armée royale pendant 11 ans -, qu’il a trouvé dans la boîte à gant de la voiture. « Je me suis senti humilié. » Chafiq rentre chez lui après plus d’une heure au poste, en jogging cette fois-ci.

Le lendemain matin, son téléphone affiche des dizaines et dizaines de notifications, messages, appels manqués. Par ses collègues, il apprend que toutes ses informations personnelles ont fuité sur Facebook et Youtube. Son nom, celui de ses parents, son adresse, sa photo d’identité, son âge. Tout. « En voyant la vidéo, ma mère a perdu connaissance. Personne ne savait que j’aime me travestir dans ma famille. » Après l’humiliation et la colère, c’est la peur qui consume Chafiq. « Tout le monde connait mon adresse. Tout le monde me reconnait dans la rue. J’ai très peur. »

Hammouchi sanctionne

Les quatre responsables de la divulgation des informations ont été sanctionnés par Abdellatif Hammouchi pour « manquements aux obligations professionnelles et pour ne pas avoir pris les mesures préventives nécessaires à la préservation des données personnelles d’un individu qui faisait l’objet d’une enquête préliminaire sur un accident de la circulation », le 6 janvier.

Tous font partie des forces de l’ordre : un commissaire de police divisionnaire, un commissaire principal, un officier de paix principal et un officier de paix. Les sanctions, elles, vont de la suspension provisoire de travail au blâme. « L’enquête a déterminé de manière précise les fautes imputées auxdits responsables sécuritaires, à savoir le manque de rigueur dans la protection des données personnelles d’individus qui font l’objet de procédures et investigations judiciaires », ajoute la DGSN, soulignant qu’elle « veille à l’application stricte de la loi et demeure déterminée à poursuivre la consolidation des principes de moralisation de la fonction, de manière à garantir la mise en œuvre de la disposition constitutionnelle relative à la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes ».

« Au lieu de me protéger, la police m’a attaqué. Je n’ai fait de mal à personne. Je suis moi, tout simplement », raconte Chafiq, qui a commencé une thérapie avec un psychiatre. Avec le soutien du Mouvement alternatif pour défendre les libertés individuelles au Maroc (MALI), il souhaite demander l’asile en Europe. Contacté,. Betty Lachgar, cofondatrice de l’association affirme : « Au vu de la situation, il a des chances. Même si cela va être compliqué parce qu’il n’est pas sur le territoire européen, on va faire pression. »

Ayoub Mabrouk, le triple champion marocain de kick-boxing mort en tentant de migrer clandestinement, a été inhumé à Salé. Son corps est le dernier à avoir été rapatrié de Cadix.

DRAME DU QUOTIDIEN AFRICAIN- Salé est en deuil. En pleurs, la famille, les proches, les amis, mais aussi les fans du champion national de kick-boxing, Ayoub Mabrouk, l’ont inhumé, cet après-midi après la prière Addohr, au cimetière Sidi Daoui à Laâyayda. Il fait partie des 23 migrants marocains morts noyés au début du mois de novembre dernier près de la plage de Barbate, dans la province de Cadix (sud de l’Espagne). Son corps est le dernier à avoir été rapatrié au Maroc, d’après le vice-président du conseil de la ville de Salé, Abdellatif Soudou, qui l’a précisé sur sa page Facebook. Dans son post, ce conseiller communal précise qu’Ayoub et les autres ont été “victimes d’un réseau d’immigration clandestine”.

A 21 ans, Ayoub, qui venait d’obtenir son baccalauréat et d’entamer ses études universitaires, s’impatientait de devenir célèbre comme son idole, Badr Hari. “Une grande foule a assisté à ses funérailles. Il était très apprécié… Je ne sais pas quoi vous dire… Ce n’était pas un élève, pour moi, il était plus qu’un fils”, confie au HuffPost Maroc, la gorge nouée, son moniteur sportif Noureddine Belmalha, président de l’Association Al Khouloud pour le sport et la culture. Il n’arrive pas à retenir ses larmes et regrette que ce jeune si talentueux soit arraché à la vie de cette façon.

Belmalha, qui a partagé sur sa page Facebookl’image du cercueil portant le nom de son élève préféré, ne peut apaiser sa peine. “Sa famille est anéantie par le chagrin!”, ajoute-t-il, lui qui était devenu presque un membre de la famille Mabrouk.

Aux funérailles, prises en charge par les autorités de la ville, nous indique Belmalha, les souvenirs de ce jeune sportif fier de ses titres et ses trophées resurgissent. “Il avait 7 ans quand il est venu au club. Nous nous sommes côtoyés pendant 14 ans. Ce n’est pas facile d’assister à son inhumation”, soupire son coach.

Un regret, Belmalha en a un, celui de n’avoir pas deviné le projet de son poulain de partir clandestinement vers l’Europe. Dans un témoignage qu’il nous avait fait au lendemain de la découverte du cadavre d’Ayoub, reconnu par ses proches sur des images choc publiées par le site espagnol Diario de Cádiz, Belmaha nous avait confié que le jeune champion avait déjà tenté de partir, deux mois avant le drame.

“Il m’avait confié qu’il voulait partir pour améliorer ses conditions de vie, réaliser son rêve d’être un grand sportif”, nous avait-il raconté, précisant qu’Ayoub collectionnait toutes les photos qu’il pouvait trouver de Badr Hari. “Il me disait: ‘un jour, je serai comme lui, mais je dois nécessairement partir pour y arriver’”.

Dans une première tentative via le port de Tanger, Ayoub comptait, d’après ce témoignage, se cacher dans un bateau. “Mais un des élèves m’avait prévenu. Je l’avais alors tout de suite appelé pour lui demander de rentrer à la maison, de s’armer de patience et de ne pas perdre confiance parce qu’il pouvait atteindre son but sans quitter son pays”.

La voix de la raison n’a pas réussi à empêcher Ayoub de recommencer. “Le 3 novembre, il n’est pas venu. Ce samedi-là, à 22h, il avait pris une patera vers l’Espagne”, nous disait son entraîneur navré. “Il venait de décrocher deux championnats avant son départ et avait brillé dans un match à Nador… Il était content”.

Un jeune homme souriant, c’est l’image qui restera gravée dans l’esprit de Belmalha, mais aussi dans celui des jeunes sportifs qui le côtoyaient, comme Chaïmae Idrissi, qui avait posté un message sur sa page Facebook dès que la nouvelle de son décès était tombée. “Tu as quitté nos yeux mais pas nos coeurs”, écrivait-elle. Et d’ajouter: “Peu importe le temps et le lieu, on se souviendra de toi comme le champion qui voulait seulement améliorer sa vie et celle de sa famille. Nous sommes à Dieu et à Dieu nous retournons”.

Selon l’agence de presse espagnole Europa Press, 18 corps sur les 23 migrants marocains morts noyés dans ce drame survenu en novembre dernier ont été rapatriés au Maroc. 5 d’entre eux l’ont été à la deuxième semaine du mois de décembre et ont été enterrés dans la ville de Kénitra. Les 13 autres ont été inhumés plus tard à Meknès (4) et à Salé (9).

D’après la même source, le 4 janvier, 2 autres corps devaient être rapatriés et inhumés à Salé, tandis que les 3 corps restants devaient l’être cette semaine.  Et de préciser que l’identification des cadavres a été effectuée par la Guardia civil, tandis que le rapatriement a été, lui, pris en charge par le consulat du Maroc en Espagne.

Nick Conrad, le rappeur franco-camerounais qui appelle à «pendre les Blancs», ce mercredi devant la justice

Le parquet de Paris a requis mercredi une amende de 5000 euros avec sursis à l’encontre du rappeur noir Nick Conrad, jugé pour «provocation directe à commettre des atteintes à la vie».

«Tuer des bébés blancs dans des crèches? Mais c’est trop gros pour être vrai!» Propulsé hors de l’anonymat cet automne par le tollé suscité par son clip «Pendez les Blancs», le rappeur Nick Conrad a tenté de s’expliquer, ce mercredi après-midi au tribunal, sur ses «figures de style». Jugé pour «provocation directe à commettre des atteintes à la vie», l’artiste noir de 35 ans, tiré à quatre épingles dans sa chemise blanche sous un costume sombre, boucles d’oreilles assorties aux boutons de manchette, a défendu «une œuvre revendicative», certes réaliste, mais de fiction, truffé de références culturelles américaines. Nick Conrad, qui a perdu son emploi de réceptionniste dans un Cinq-étoiles, «a déjà dans une certaine mesure payé les conséquences», a toutefois estimé le procureur, qui n’a requis qu’une amende de 5000 euros avec sursis.

Présenté à l’audience sur écran géant, le clip PLB, pour «Pendez les Blancs» débute par une scène de pendaison d’un homme blanc, la nuit, à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Flash-back: l’homme est enlevé, suffoque, la tête recouverte d’un sac-poubelle. Deux hommes noirs lui enfoncent un pistolet dans la bouche. Différents actes de torture s’enchaînent. «Prouve que t’as de la génétique! Que t’as un ADN magique! Est-ce qu’il court vite le Blanc?», rigolent les deux agresseurs. Ponctués du refrain «Pendez les tous! Pendez les Blancs!», des flots de haine raciste se déversent: «Écartelez-les pour passer le temps, divertir les enfants noirs de tout âge petits et grands. Fouettez-les fort faites-le franchement, que ça pue la mort que ça pisse le sang!».

L’évocation «à l’envers» de l’esclavage

À la barre, le prévenu se justifie: «Je ne pensais pas qu’on prendrait mon clip au premier degré!». Selon lui, il s’agit d’une dénonciation du racisme à travers l’évocation «à l’envers» de l’esclavage, des lynchages subis par les Noirs, une Histoire dont il «souffre par répercussion». «J’ai voulu renverser la vapeur pour faire comprendre ce qu’a vécu l’homme noir, indique-t-il. Quand ça arrive aux Noirs, comme dans le film American History X , ça ne choque personne, mais quand je le fais à un Blanc, ça choque!».

Les avocats des parties civiles ont toutefois une tout autre grille de lecture. «Il n’y a pas l’ombre d’une distanciation dans ce long fleuve de haine qu’il inflige à la France, et même au monde entier, puisqu’il a fait sous-titrer son clip en anglais, martèle Me Jérôme Triomphe, avocat de l’Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne (Agrif). Le message n’est qu’un message de revanche». D’autant plus que dans d’autres titres supprimés du compte YouTube de Nick Conrad, Me Triomphe a déniché des paroles du même acabit: «J’attrape une petite Blanche et je lui déchire l’anus, énonce-t-il. Ou encore «Je suis prêt à tirer sur ces gens qui minimisent mon intellect»». Pour sa consœur Me Yaël Scemama, qui représente la Licra, «ces textes enveloppent ce clip de prémices d’un discours de haine et montrent qu’il s’inscrit dans une vague de racisme anti-Blanc». «Il y a une volonté de faire de cette chanson un slogan, affirme-t-elle encore. C’est même devenu un slogan: PLB». Comment était-il sûr que certains internautes n’y verraient pas «un appel à la violence»? l’interroge également le président.

«Une charge violente à l’encontre d’une population»

Aux yeux du procureur en tout cas, le chanteur «a outrepassé les limites autorisées de la liberté d’expression dans ce genre singulier qu’est le rap». «Il y a bien une charge violente à l’encontre d’une population, identifiable et stigmatisée, en l’occurrence les blancs, a-t-il insisté. Et il n’y a aucune formule imagée ou métaphore: c’est pas les Pendus de (du poète François, NDLR) Villon, là! C’est un appel à manipuler de la nitroglycérine sans précaution!»

Pour l’un de ses avocats, Me David Apelbaum, il s’agit seulement d’une «œuvre d’art certes choquante, certes désagréable, mais qui reste une œuvre d’art, pour diffuser un message qui a peut-être été mal compris». «Souffrez qu’on puisse rappeler que les choses ne se sont pas toujours bien passées [pour les Noirs] et qu’on ne le fasse pas que dans des films en costume!, exhorte-t-il en conclusion. Ce qui est aujourd’hui poursuivi est un appel à des crimes imaginaires». L’affaire a été mise en délibéré au 19 mars.

Parcours : Andry Rajoelina, de putschiste à président élu

La cour constitutionnelle malgache a confirmé ce mardi la victoire à l’élection présidentielle de l’ancien président de la Haute autorité de transition, porté à la tête du pays par l’armée entre 2009 et 2013.

Andry Rajoelina, le nouveau président malgache, dont l’élection a été confirmée mardi par la Haute cour constitutionnelle (HCC), ne manque pas de surnoms. Pour les uns, c’est «TGV», l’acronyme de son premier parti (Tanora malaGasy Vonona, les «jeunes Malgaches prêts») et clin d’œil à son ascension politique fulgurante. Pour les autres, il est «le DJ», en référence à l’époque où il était plus connu pour son talent d’animateur de soirées que pour ses idées politiques. Mais le mot qui revient le plus souvent dans la bouche de ses adversaires est moins lyrique : putschiste.

En 2009, il accède pour la première fois au pouvoir à 33 ans, par des manifestations d’ampleur dans la capitale, Antananarivo, suivies d’un coup d’Etat militaire. L’armée le porte à la tête de la Haute autorité de transition, qui a remplacé le gouvernement de Marc Ravalomanana, contraint à l’exil. L’épisode marque le sommet de la rivalité politico-commerciale entre les deux hommes, qui continue à animer le pays.

Corruption généralisée

Entre 2009 et 2013, quand Rajoelina est à la tête du pays, l’économie s’effondre. La croissance chute alors que le taux de la population disposant de moins de 1,90 dollar par jour atteint 77% en 2012. L’insécurité augmente dans les rues de la capitale comme dans les zones rurales isolées, où sévissent les dahalos (voleurs de zébus). Pour le président de la transition, ce n’est que le résultat de la conjoncture économique compliquée par la suppression des aides internationales après le coup d’Etat.

«Quand Rajoelina était au pouvoir, la corruption et le pillage des ressources naturelles ont explosé, explique Ketakandriana Rafitoson, directrice de Transparency International Initiative Madagascar. Une grande partie des parlementaires non élus de la transition se sont enrichis avec le trafic de bois de rose. De la 85e place mondiale du classement de la perception de la corruption en 2008, le pays est passé à la 133e en 2014. Et la chute continue.» Sous la pression de la communauté internationale, Rajoelina finit par quitter le pouvoir en 2014, après des élections où, interdit de se présenter, il soutient le futur vainqueur Hery Rajaonarimampianina, son ancien ministre des Finances.

La HCC, chargée de valider les résultats du scrutin, a confirmé ce mardi que Rajoelina serait de retour au pouvoir, officiellement cette fois, dès le mois de janvier. Toutes les requêtes déposées par son rival Marc Ravalomanana, qui dénonçait des fraudes massives et demandait une annulation de l’élection, ont été rejetées par les juges. Sans faire disparaître les doutes et les tensions pour autant.

Depuis la semaine dernière, quelques centaines de partisans de Marc Ravalomanana manifestent quasi quotidiennement devant l’hôtel de ville d’Antananarivo, bravant les interdictions.«Une grande partie de l’opinion devrait tout de même accepter le verdict, par défaut, pour repousser l’éventualité d’une autre crise qui coûterait cher à la nation, estime Ketakandriana Rafitoson. Même dans les rangs des pro-Ravalomanana, la résignation se fait entendre. Les manifestants sont une faction minoritaire. Les gens sont fatigués des crises.» Olivier Vallée, auteur de la Société militaire à Madagascar (éd. Karthala, 2017), va dans le même sens : «Des pressions ont déjà commencé à s’exercer sur le camp Ravalomanana. Les bureaux d’un groupe de médias qui le soutient ont été incendiés il y a quelques jours. Cela devrait limiter les réactions au verdict de la HCC»

Programme flou

Dans un pays où la désillusion politique augmente au même rythme que l’abstention (52% au second tour), Andry Rajoelina a mené une campagne dispendieuse, à coups de distributions de tee-shirts et de feux d’artifice, plus portée sur la forme que sur le fond. Malgré le lancement en grande pompe début 2018 de son Initiative pour l’émergence de Madagascar, qui se présente comme une «plateforme de concertation rassemblant des experts nationaux et internationaux» et qui affirme vouloir rattraper en cinq ans le retard économique de l’île, son programme est flou.

Certaines de ses propositions, comme l’implantation de puces dans les zébus, pour en pister les voleurs avec des drones, ont suscité des railleries dans toute l’île. Le projet de suppression du Sénat est plus préoccupant. Officiellement, la suppression de cette «institution budgétivore» permettrait de dégager des fonds pour l’enseignement supérieur. Dans les faits, cela supprimerait un potentiel contre-pouvoir. «Pendant la transition, il n’avait pas les mains libres. Il était jeune, dépendant des militaires et de ses parrains dans les milieux économiques, explique Olivier Vallée. Aujourd’hui, il a bien plus de marge de manœuvre. Avec les risques d’autoritarisme que cela comporte.»

Titrologie du mercredi 9 janvier

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Meilleur titre de Une du jour avec le Quotidien, habitué des performances linguistiques, avec :

« GA…KOU K.O »

 

Un chroniqueur canadien vent debout contre la création annoncée d’un parti islamiste dans l’Etat de l’Ontario

Ainsi, l’Ontario s’apprête à avoir un parti islamique en bonne et due forme.

Le Parti islamique de l’Ontario n’est pas encore officiellement enregistré, mais le nom a été réservé sur le site d’Élections Ontario et le parti a publié son programme sur son site internet.

On peut y lire entre autres que « l’islam est la religion de l’Ontario et du Canada » et que l’économie et l’éducation devraient être conformes aux valeurs préconisées par le Coran.

BELGIQUE, ÉTAT ISLAMIQUE

Vous voulez savoir à quoi ça pourrait ressembler, un parti islamique ?

Vous n’avez qu’à regarder du côté de la Belgique.

Le parti belge Islam existe depuis 1999 (il s’appelait Noor à sa fondation, mais a changé de nom en 2012).

Au début, les dirigeants de ce parti disaient : « Ce n’est que pour légiférer dans des histoires de droit familial, pas plus. Avoir des tribunaux coraniques comme il y a des tribunaux rabbiniques… »

Mais avec les années, leur programme s’est étoffé.

Maintenant, les dirigeants du parti Islam parlent d’autoriser le port du voile dans les écoles, de rétablir la peine de mort, de favoriser le mariage dès l’adolescence, de rendre le divorce plus compliqué (pour les femmes, bien sûr) et de réviser la mixité dans les lieux publics.

Séparer les femmes et les hommes dans les transports en commun, par exemple, et dans les piscines publiques.

De dire Redouane Ahrouch, qui a été élu (oui, oui, vous avez bien lu — élu ) lors des élections communales de 2012 : « Il faut sensibiliser les gens en douceur et leur faire comprendre l’avantage d’avoir des dirigeants et des lois islamiques, pour aboutir tout naturellement à un État islamique en Belgique.

« Je suis pour la charia. C’est un combat de longue haleine qui prendra des décennies, voire un siècle, mais le mouvement est lancé… »

SOUMISSION

Et on nous dira ensuite que les islamistes ne s’intéressent qu’à la religion et n’ont aucune visée politique.

Il n’y a que les porteurs de tuque de Québec solidaire pour penser ça…

Quand un député conservateur dit qu’il ressent un malaise en pensant qu’une femme peut avorter à son septième mois de grossesse, la gauche déchire sa chemise et dénonce la montée de l’extrême droite, mais quand des islamistes annoncent qu’ils songent à fonder un parti politique pour instaurer la charia en Ontario, les adeptes du Che haussent les épaules et regardent le bout de leurs souliers.

On se croirait dans un roman de Michel Houellebecq.

« Un parti islamiste ? Ce n’est pas génial, mais c’est quand même mieux que la droite dure… »

Mais que voulez-vous : nos chartes protègent la liberté de religion, Justin est un multiculturaliste zélé et la constitution canadienne reconnaît la suprématie de Dieu, alors…

Dans la lutte au radicalisme religieux, le Canada se bat une main attachée dans le dos.

UN MUR

Tiens, au lieu de construire un mur entre les États-Unis et le Mexique, pourquoi ne pas ériger un mur idéologique entre la politique et la religion ?

Dire haut et fort que le Canada ne veut rien savoir d’un parti religieux, qu’il soit islamique ou catholique.

Mais non, on se fera traiter de méchants laïcards…

Richard Martineau

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