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Franklin Ndifor, un pasteur évangéliste « azimuté » candidat à la présidentielle camerounaise

LES AFRIQUES – Ancien ingénieur informatique devenu pasteur charismatique, ce protestant évangéliste veut désormais conquérir la présidence de la République le 7 octobre, avec pour objectif de « délivrer le Cameroun ». Portrait.

Totalement inconnu du grand public lors de l’annonce des candidatures retenues pour la présidentielle camerounaise, Franklin Afanwi Ndifor, leader du Mouvement citoyen national du Cameroun (MCNC), attise la curiosité. Ce pasteur de 39 ans, qualifié par les médias d’« invité surprise de la présidentielle », assume son statut. Considérant sa faible notoriété comme « un atout », il promet de faire une campagne « originale », dans un format « que les Camerounais n’ont jamais vu et dont ils se souviendront ».

C’est au siège de son église, située au quartier Bonabéri, dans la banlieue de Douala, que nous avons rencontré ce politicien atypique. Sur plusieurs hectares de terrain jouxtant les eaux marécageuses de la sortie Ouest de la capitale économique du Cameroun, les bâtiments du Kingship International Ministries ont fière allure. Un empire religieux « bâti par [s]es soins » il y a huit ans. « Ici, nous avons une salle de culte de 5 000 places, un réfectoire, une vingtaine de chambres pour les visiteurs. […] Nous envisageons cependant de démolir tout cela pour reconstruire un temple bien plus grand dans un futur proche », indiqu l’un des « fils spirituels » du pasteur, qui s’improvise guide.

Vocation religieuse

C’est au milieu des années 2000 que Franklin Afanwi Ndifor se découvre une vocation de religieux. Peu de temps après avoir achevé des études en informatique et en télécommunication, il se lance dans des prêches auprès des pasteurs de Douala. Il prétend avoir reçu « un appel de Dieu », ce qui le pousse à créer, en août 2010, le Kingship International Ministries : une église prospère qui compterait à ce jour plusieurs milliers de fidèles et des représentations dans différentes villes du pays, notamment à Yaoundé et Bamenda.

À l’image de son célèbre homologue nigérian Temitope Balogun Joshua (T. B. Joshua), le pasteur camerounais possède sa propre chaîne de télévision et envisage d’internationaliser son action. Des ambitions qui passent aussi par la présidence du Cameroun, une fonction qui lui permettra de « transmettre la bonne nouvelle à l’ensemble du pays ».

Je viens de la communauté de la vérité

Engagement politique

Franklin Afanwi Ndifor se défend cependant de tout engagement politique au sens traditionnel. « Je ne suis pas un politicien, je viens de la communauté de la vérité », explique-t-il à JA. Son parti, créé en mai 2018, doit sa naissance à un autre « appel divin ». « Le Seigneur m’a confié une mission : délivrer le Cameroun. Et pour le faire à l’échelle nationale, quoi de plus approprié que de passer par le sommet du pays ? », justifie-t-il aujourd’hui.

Bien qu’il estime que « tout pouvoir vient de Dieu », Franklin Afanwi Ndifor pense que Paul Biya, candidat à sa propre succession, n’est plus habilité à diriger le Cameroun. « Il a certes reçu son pouvoir de Dieu, mais sa mission a été interrompue lorsqu’il a ouvert la porte au démon. Vous vous imaginez, dans notre pays, que le président reçoive les dirigeants des sectes ouvertement ! Il est temps de faire partir les ténèbres et de faire régner la vérité », affirme le candidat, qui confie avoir demandé plusieurs audiences au président Paul Biya, en vain.

Équipe de campagne

Pour conquérir la magistrature suprême, Franklin Afanwi Ndifor s’est entouré de ses fidèles les plus engagés. Une équipe d’anonymes, pour la plupart, mais avec à sa tête Jean Monthe Nkouobite, un ancien député du Social Democratic Front (SDF, opposition). Il y a également greffé un habitué des plateaux de télévision du pays, le journaliste Sam Séverin Ango, désormais en charge de sa communication.

Son programme comprend des projets jadis développées par l’ancien député Jean Monthe Nkouobite, notamment en ce qui concerne l’éducation. « Nous avons un accord de gouvernement qui se résume en trois points : une école efficace pour former les ressources humaines nécessaires au développement du pays ; un système de santé performant, accessible à tous, et enfin la sécurité dans le secteur du travail », explique-t-il. Des sujets pourtant relégués au second plan dans son discours, puisque la priorité de Franklin Ndifor est surtout « le retour de la vérité dans la gestion du pays ».

Un concept à propos duquel il se montre très peu disert, contrairement à ses adeptes : « C’est le mensonge qui est à l’origine de tous les problèmes du Cameroun, et il faut qu’on en sorte. […] Ce n’est pas normal que des gens défilent avec des armes le 20 mai [jour de la fête nationale, ndlr]. Nous voulons la paix. Une fois au pouvoir, ce jour sera dédié à la délivrance nationale. Nous allons prier pour les ministres et aussi pour le pays. Et rassurez-vous, notre armée sera plus forte qu’elle ne l’a jamais été », révèle l’une des membres de son équipe de campagne.

Franklin Afanwi Ndifor a très peu de chance face au candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) et à côté des sept autres candidats de l’opposition. Il n’a cependant aucun doute quant à sa victoire. Ses supporters y croient d’avantage, promettant « une surprise » au soir du 7 octobre.

Avec JA

RFM : El Hadj Assane Gueye, maître de la langue de Kocc Barma, nommé directeur

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MÉDIAS – Youssou Ndour, le tycoon des médias, a jeté son dévolu sur Assane Guèye, pour prendre les commandes de la radio du Groupe Futurs Médias, à la rue 15 angle corniche de la Médina. Le natif de Thiès, connu pour ses journaux et émissions en langue wolof, dans laquelle il excelle, est aux commandes de la radio l’immeuble Elimane Ndour. Après la défection d’Antoine Diouf, il restait dans la compétition Assane Guèye, animateur de Yon-wi et Babacar Fall, monsieur de RFM-matin de la radio. El Hadj Assane Gueye leur a soufflé la mise.

Parcelles (de dignité? ): le Maire Moussa Sy officiellement « Mackysard » pour la présidentielle

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Il y a trois jours, suite au divorce d’avec Khalifa du maire des Parcelles, Tract.sn analysait que Moussa Sy allait jeter les Parcelles Assainies qu’il administre, dans les bras de Macky Sall. Titre qui avait fait pousser des cris d’orfraies à la section chine de l’APR, parti au pouvoir, qui dénonçait : « Un titre provocateur et est de très mauvaise foi. Je me demande si l’auteur est réellement journaliste ou simplement partisan ??? ». Hé bien, nous sommes à Tract des journalistes, même si nous assumons nos engagements ideologiques : Moussa Sy est bien désormais dans le Macky.

C’est officiel donc ! Moussa Sy, candidat malheureux au poste de Maire de Dakar, soutient le président de la République Macky Sall à l’élection présidentielle de février 2019. Il a fait la révélation  qui ne surprend personne, dans un communiqué de presse.

Le maire des Parcelles Assainies avait déjà annoncé la couleur. D’autant qu’il a révélé que cela faisait un an qu’il ne participait plus aux activités de « Initiative 2017 » et que sa candidature à la maire de Dakar n’était que pour confirmer son divorce avec Khalifa Sall.

Ce 2 octobre, Moussa Sy a définitivement tourné le dos à Khalifa Sall en rejoignant la mouvance présidentielle. « L’appel national pour la citoyenneté (ANC) a décidé souverainement, après mûre réflexion, de soutenir la candidature à un deuxième mandat présidentiel du candidat Macky Sall », a déclaré Moussa Sy. Mieux, il appelle tous ses membres et sympathisants à participer activement et massivement à la campagne de collecte de signatures pour le parrainage du candidat Macky Sall.

A l’en croire, ce choix sera confirmé à l’occasion du congrès de mise en place des instances qui aura lieu au mois de novembre prochain.

Le baron socialiste de Diourbel et maire de Ndoulo, Kany Bèye, n’y est pas allé dans le dos de la cuillère sur cette transhumance de Moussa Sy. Le maire des Parcelles Assainies, au lendemain de son divorce avec Khalifa Sall a déclaré son intention de soutenir Macky Sall pour un second mandat présidentiel. Une décision qui n’étonne pas, selon Kany Bèye. « En vérité, Moussa Sy n’a fait que confirmer ce que tout le monde pensait de sa petite personne.

Nous n’avons jamais eu entière confiance en certains avec qui nous cheminons, et Moussa Sy fait partie de ce lot. La trahison est encrée dans l’ADN de Moussa Sy et des énergumènes de son espèce », décrète-t-il. Kany Bèye poursuit : « Ce qui fait qu’on n’est nullement surpris par son attitude, c’est que Moussa Sy a quasiment parcouru toutes les formations politiques de ce pays.

Il a trahi Abdoulaye Wade, il vient de trahir Khalifa Sall, et demain il en fera de même pour Macky Sall. Heureusement, les sénégalais sauront ce genre de politiciens qui ne roulent que pour des intérêts ». Il ajoute : « Quand Moussa Sy dit avoir présenté sa candidature à la mairie de Dakar pour montrer qu’il se séparait de Khalifa Sall, c’est juste des histoires parce qu’il avait des moyens et voies plus simples pour le faire. Le malheur dans ce pays, c’est qu’on a des politicards indignes, sans aucune dose de vergogne. Moussa Sy devrait avoir honte devant les sénégalais ».

Pas une parcelle de dignité, Moussa Sy ? Fermez le ban.

Groupe Futur Médias : DJ Boubs buubna ay bagaassam !

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MÉDIAS – Le voile est levé. Du moins si l’on s’en réfère à El Hadji Assane Guèye, nouvellement nommé directeur de la Radio futurs médias (Rfm). Dans un entretien, le successeur d’Alassane Samba Diop a confirmé le départ de Dj Boubs du Groupe futurs médias (Gfm). Implicitement. Peut-être sans le vouloir.

Questionné sur la stratégie qu’il compte mettre en place pour combler les départs en cascade enregistrés dans le groupe de Youssou Ndour, Assane Guèye lâche : « Ce ne sera pas facile. Je ne vais  pas faire dans la langue de bois et dire : ‘ku dem baxna’. Non ! Quand on perd des journalistes comme Mamoudou, Alassane Samba Diop, Migui Maram Ndiaye, Adama Anouchka Bâ, le technicien Saliou Dème, Boubacar Diallo, qui est une icône dans ce qu’il fait, on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de problème. »

Boubacar Diallo alias Dj Boubs est donc dans le lot des partants. Récemment, face à la persistance de la rumeur de l’imminence de son départ de Gfm, l’animateur a donné rendez-vous « dans les prochains jours » pour éclairer l’opinion. De toute évidence,  Assane Guèye vient de lever le voile avant l’heure.

Présidentielle : à 3 jours de l’élection, les Lions indomptables Eto’o et Rigobert Song appellent à voter Biya, « leader rassembleur »

LES AFRIQUES – A quelques jours de la présidentielle du 7 octobre, le président sortant, Paul Biya, a bénéficié du soutien de la star camerounaise du football, Samuel Eto’o. Une marque de faveur qui passe mal, autant chez certains autres candidats que dans une bonne partie de l’opinion.

C’est au perron du palais présidentiel, au terme d’une audience, que Samuel Éto’o annonce qu’il votera pour le « candidat président », un « leader rassembleur ». Devant les micros et caméras de journalistes, il a invité ses fans à faire comme lui.

Akere Muna, candidat à la présidence et l’un des premiers à réagir à cette annonce, s’est dit « triste et choqué ». Il a aussi rappelé que Samuel Eto’o, aujourd’hui âgé de 37 ans avait tout juste un an lorsque Paul Biya est devenu président de la République.

Mais c’est sur les réseaux sociaux que les critiques ont été les plus vives à l’encontre de l’ancien goleador des Lions indomptables. Certains l’ont qualifié de « traître ». D’autres, par dépit, sont allés jusqu’à lui contester sa nationalité camerounaise.

Samuel Eto’o n’est cependant pas le seul ancien lion indomptable à avoir indiqué qu’il votera pour Paul Biya. Rigobert Song, ancien capitaine et recordman de sélections avec le Cameroun, y est allé aussi de son soutien au même candidat.

Du côté de l’opposition, l’artiste Richard Bona ne s’est pas gêné pour redire tout le mal qu’il pense du candidat du pouvoir, sans avoir appelé à voter pour un candidat précis.

Startups : Le Sénégal, purgatoire pour les « business angels » ?

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L’ÉCO DES SAVANES – Public majoritairement masculin, costume sans cravate, tablette ou téléphone greffé à une main, l’air sérieux et toujours pressé. Les rencontres « tech » se succèdent à Dakar, avec invariablement le même code esthétique… et les mêmes problèmes de financement.

Pour la dizaine de jeunes créateurs d’entreprise réunis ce jour-là au siège d’un grand groupe de télécommunication, les enjeux sont énormes car les fonds sont encore trop rares, même s’ils augmentent.

« L’innovation en Afrique, c’est souvent +comment avoir le plus gros impact avec des ressources limitées+ », explique lors de l’étape dakaroise d’un concours international Fanny Dauchez, ambassadrice du fonds d’investissement suisse Seedstars.

Les capitaux drainés par 124 startups africaines sont passés de 367 millions de dollars (312 millions d’euros) en 2016 à 560 millions de dollars (476 millions d’euros) en 2017, soit un bond de 53%, relève une étude de l’investisseur Partech Ventures, qui a lancé en janvier un fonds dédié aux « champions du numérique » en Afrique subsaharienne.

Depuis 2012, ces investissements ont même été multipliés par 14, mais on est encore très loin des 20 milliards d’euros de capital-risque levés en 2017 par les startups européennes.

En outre, trois pays anglophones, l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria, continuent à se tailler la part du lion (76%), tandis que cinq pays francophones, dont le Sénégal, ont bénéficié de 10% des fonds levés sur le continent, selon Partech, qui a ouvert un bureau à Dakar.S’il connaît une « floraison » de startups, le Sénégal « reste en retard par rapport à ses concurrents africains anglophones », aux marchés plus importants et plus favorables à l’investissement, confirme Régina Mbodj, directrice du CTIC, un incubateur lancé à Dakar en 2011.

– Quelques minutes pour convaincre –

Lors des réunions avec des investisseurs, les entrepreneurs ouest-africains vendent fiévreusement leur startup, l’un après l’autre, en trois, cinq ou dix minutes chacun, avec un texte et une gestuelle travaillés.

Sédar Senghor utilise les quelques minutes qui lui restent pour relire son Power-Point. « Ma startup, Cartalink, est spécialisée dans les plateformes monétiques », des logiciels qui permettent des transactions numériques, utilisées par exemple pour les bornes de commandes dans les restaurants, explique-t-il avec assurance.

Pour l’instant cet « entrepreneur dans l’âme », comme il aime à se définir, a déjà séduit 16 établissements de bowling français mais son équipe de 12 personnes ambitionne de convaincre des entreprises sénégalaises (restaurants, lieux de loisir…) d’adopter sa technologie.

Candidate malheureuse au concours dakarois de Seedstars, dont la grande finale internationale le 5 avril 2019 à Lausanne (Suisse) sera dotée de 500.000 dollars, Olivia Ndiaye se souvient d’avoir bénéficié des conseils des « bonnes personnes » au sein d’un incubateur lorsqu’elle a cofondé il y a deux ans « Lives », un site de promotion du tourisme en Afrique.

En revanche, « côté investisseurs », surtout dans les premières étapes, « il y a un peu plus de difficultés », reconnaît la jeune femme, à la recherche de fonds pour s’étendre à l’étranger.

« Ce qui manque, ce sont des investissements pour des petits projets, qui ont besoin peut-être de 10.000, 50.000 dollars. Toute la partie +business angel+ n’existe pas, ou en tout cas elle a besoin de se développer beaucoup », résume Fanny Dauchez, veste de baseball aux couleurs de son entreprise.

– Mythe de la Silicon Valley –

« On a fait un +storytelling+ (raconté une belle histoire, NDLR) avec la Silicon Valley, en parlant de +geeks+ dans un garage qui sont partis de rien », explique Samir Abdelkrim, entrepreneur et fondateur de « Startup BRICS », blog français d’actualité de startups des pays émergents.

Mais « on oublie de dire qu’en parallèle, les puissances publiques ont aidé la recherche et que les Etats-unis sont depuis toujours un pôle d’attraction des talents », rappelle-t-il, en soulignant qu’à Lagos, au Nigeria, « lorsque le premier incubateur de startups a vu le jour en 2010, aucun investisseur n’était présent ».

Au Sénégal, l’Etat a posé quelques jalons en divisant par 10 le capital social nécessaire à la création d’une entreprise, fixé à 100.000 francs CFA (150 euros), ou en prévoyant l’ouverture d’un parc de technologies numériques d’ici 2021 dans la ville nouvelle de Diamnadio, où université, ministères et centres logistiques se côtoieront à deux pas du nouvel aéroport international.

En attendant, une quinzaine de startups se sont déjà regroupées à Dakar au sein de la communauté franco-sénégalaise « Teranga Tech », dont les premiers projets seront soutenus par l’Institut français et l’Institut Goethe (allemand).

On y retrouve les créateurs d’une plateforme destinée aux victimes d’agressions sexuelles ou encore « Save Dakar », un site participatif luttant contre les décharges sauvages.

Portrait : la Maire de Dakar Soham El Wardini a été ‘Miss Sénégal’ 1970

Pour la première fois, une femme dirige Dakar. Soham El Wardini, 65 ans, n’est pas une inconnue dans la capitale sénégalaise. Depuis l’incarcération en mars 2017 du maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, celle qui était sa première adjointe depuis 2014 a d’abord assuré l’intérim, avant d’être confirmée dans ses fonctions, samedi 29 septembre. Elle a été élue par 64 voix contre 13 pour Moussa Sy et 11 pour Banda Diop, ses deux adversaires, membres eux aussi de la coalition Taxawu Dakar, fondée par Khalifa Sall et dissidente du Parti socialiste.

« Je suis fière d’être la première femme maire de la capitale du Sénégal », a-t-elle lancé à l’annonce des résultats, juste avant de réitérer son soutien à Khalifa Sall et d’affirmer qu’elle le considérait toujours comme le maire. « Les équipes vont rester inchangées. Nous allons terminer les projets commencés. L’essentiel, c’est de nous remettre au travail et de rester unis. Je vous assure que le combat continue », a-t-elle ajouté devant les « khalifistes » présents en nombre et ne cachant pas leur joie.

Visites à la prison de Rebeuss

Il ne reste que quatorze mois à Soham El Wardini avant les élections municipales de décembre 2019 pour valoriser le bilan du « maire martyr », comme l’appellent volontiers ses proches. Après avoir vu sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour « escroquerie portant sur des fonds publics » confirmée en appel dans l’affaire de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, Khalifa Sall avait été déchu de son mandat de maire par décret présidentiel le 31 août. Cette confirmation « le prive de la capacité juridique et de l’autorité morale nécessaires à l’exercice de ses fonctions », avait alors affirmé le ministre de la gouvernance territoriale, signataire du décret.

Depuis dix-neuf mois, Soham El Wardini gère donc les affaires de la mairie avec ses collaborateurs en se rendant chaque semaine à la prison de Rebeuss pour recevoir les consignes de Khalifa Sall. Elle n’aura désormais plus à le faire même si, comme elle le dit, cette fin de mandat s’inscrit dans une « continuité ». Et si elle conserve les mêmes équipes, cela ne l’empêchera pas de marquer de son empreinte cette dernière année.

L’élue souhaite consacrer ses quelques mois de mandat à un défi majeur : faire de la capitale une métropole propre et écologique. « Je ne veux plus que Dakar soit citée parmi les villes les plus sales au monde. Elle mérite tous les sacrifices », annonce-t-elle sans préciser encore de mesures concrètes.

« Elle gère les affaires avec beaucoup de loyauté, assure Mamadou Diouf, conseiller municipal de sa coalition. Elle est d’un commerce facile et a su entretenir de bonnes relations avec l’ensemble du conseil municipal, toutes obédiences confondues. C’est un personnage rassembleur, à l’écoute, qui n’hésite pas à consulter même les plus jeunes du conseil. »

Bouillie de mil

Née en 1953 à Latmingué, commune rurale de la région de Kaolack, d’un père d’origine libanaise et d’une mère sénégalaise, Soham El Wardini a grandi entre dix frères et sœurs. Après le décès de son père, commerçant dans l’arachide, la famille a déménagé dans la ville de Kaolack où la jeune fille est allée au lycée et a poursuivi des études supérieures d’anglais pour devenir enseignante.

C’est en 1999 qu’elle franchit le pas et entre en politique, rejoignant l’Alliance des forces de progrès (AFP) de Moustapha Niasse, ancien premier ministre socialiste, aujourd’hui président de l’Assemblée nationale. Après avoir appartenu à son bureau politique, elle se détachera petit à petit du mouvement. Son éloignement fait suite à la scission, en 2012, du Parti socialiste entre les partisans d’une participation à la coalition de l’actuel président libéral Macky Sall et les dissidents, dont l’un des leaders n’est autre que Khalifa Sall. Elle rejoindra ce dernier dans sa mairie en tant qu’adjointe à la culture.

« C’est d’abord pour sa communauté qu’elle a choisi de faire de la politique », avance Antoine El Wardini, son frère, ex-colonel de l’armée sénégalaise. Une décision dans la droite ligne de son implication dans la société, explique-t-il : « Elle a toujours montré un engagement citoyen fort. On la sollicite partout, dans toutes les organisations, même religieuses. Depuis qu’elle est toute petite, c’est elle qui représente la famille. Et encore aujourd’hui nous la voyons comme une maman, patiente et éduquée. »

Miss Sénégal 1970, Soham El Wardini est la seule de sa famille à avoir nourri des ambitions politiques, tout en éduquant ses quatre enfants et en poursuivant des engagements sociaux. « Tous les vendredis matins chez elle, dans le quartier dakarois de Sicap Karack, elle sert encore la bouillie de mil au lait caillé à tout le quartier. Si elle est dans la politique aujourd’hui, c’est grâce au social », appuie encore son frère.

Cette fibre se teinte évidemment d’une pointe de féminisme, même si elle ne pousse pas ce combat aussi loin que sa jeune sœur Rose El Wardini. Gynécologue et présidente de l’ONG Medisol International, cette dernière a résumé l’élection de son aînée d’un définitif : « Aujourd’hui, les femmes doivent être sur le devant de la scène puisque les hommes ont échoué. » L’avenir dira si cet échec est provisoire ou de plus long terme. La candidature de Khalifa Sall à l’élection présidentielle de février 2019 se jouera en tout cas sur son recours en cassation. S’il est acquitté, sa campagne s’appuiera nécessairement sur son bilan de maire depuis 2009. Bilan aujourd’hui entre les mains de Soham El Wardini.

Avec Le Monde

Inventaire des Idoles : ‘Moustapha Niasse & Alpha Condé : Gloire, gâtisme et droit d’ânesse’

Le type même du conférencier, un peu âgé, solennel et prestigieux, qui délivre un prêche ou un discours à une audience diverse, réunit l’homme politique et l’homme religieux au Sénégal. C’est une des occasions de voir, tel un couple fusionnel, le temporel et le spirituel dans des noces de pouvoir. Dans une échelle moins prestigieuse, c’est l’imam du quartier, le marabout, le vieux sage du canton, le chef du village, l’élu local, voire l’aîné ou le « grand » qui, jouissant d’une forme de charisme ou d’une délégation d’attributs, prennent un ascendant naturel ainsi sur : disciples, amis, gouvernés, administrés, membres du clan. L’origine d’un tel culte de la sagesse ne tient pas uniquement du mythe du droit d’aînesse. Ni de la prime à l’âge. C’est aussi un mélange de valeurs culturelles et religieuses qui ont enraciné la pratique de la dévotion et de l’allégeance avec la théorisation des bienfaits de la soumission. Valeur cardinale en islam, mais encore plus en confrérie. Mais plus encore, cela tient-il, d’une relecture des formes élémentaires – et universelles – de pudeur, de respect, de la règle républicaine qui institue la hiérarchie. Un tissu de sacralités anciennes et nouvelles s’entremêle ainsi, sans que l’on soit capable, bien souvent, de dénouer dans ce cheminement historique, l’importé du local, l’exogène de l’endogène. Le conférencier, de quelque parti(e) qu’il soit, le sait : il a ainsi une forme de carte blanche. Son pouvoir l’absout d’avance, son ascendant le rend intouchable.

Voici quelques cas :

  • Dans le champ religieux, ce conférencier, au Sénégal, la voix éteinte, presque dédaigneuse, prêche d’un ton bas. Un sbire hurle le propos par bribes pour le relayer. Il dit la morale. Vante Dieu. Prévient les déviants. Il fait dans le mystique, emprunte à son histoire personnelle des anecdotes mystérieuses, et distille un savoir religieux teinté de mots arabes. L’audience frémit. Elle laisse échapper quelques soupirs d’approbation. Une fusion à la fois irréelle et irrationnelle embaume la pièce. Le temps d’un songe, ces hommes se rapprochent de Dieu, duquel ils convoitent l’élection. La gravité qui colore l’atmosphère rend le moment à la fois grandiose et terrible. Presque toujours, par une loi féroce, le conférencier est assis sur un moelleux siège, évoquant un trône. Autour de lui et devant lui, un ramassis divers de soutiens dévoués. Le lieu, les âmes lui sont Le conférencier peut donc discourir. Que dit-il ? La sociologie sénégalaise s’est-elle une fois emparée du sujet pour sonder la pertinence du propos ? Non. A quoi bon du reste ? Le conférencier ne peut être que brillant. Son texte est déclamé et ciselé. C’est la parole de Dieu transitant par un intermédiaire humain. Elle est sainte, forcément. On se garde d’en questionner le sens, la portée, l’opportunité. C’est l’imam du vendredi. C’est le vieux sage respecté parce que c’est un vieux sage… respecté. Jusque-là, l’indignation, rare, ou alors silencieuse, compose avec – et admet – la compromission. Les médias s’en font les relais, laudateurs. Les groupes religieux et leurs attroupements réguliers enracinent la tradition. Où est le mal ? Nulle part. C’est la coulée douce et paisible d’une vie religieuse et sociale.
  • Dans le champ politique, la mécanique est presque la même. La même majesté. L’or du pouvoir s’habille juste ici de République. Sa « sainteté », ou son « immanence » religieuse, devient son « excellence » politique, dont on aime tant user et abuser au Sénégal par exemple. Le titre est comme l’immunité du prestige. Si la même logique opère, les fortunes diffèrent en revanche. Si l’audience directe de la salle est acquise, le commentaire politique des analystes et des opposants alimente le débat intellectuel. Mais au fond, le pouvoir le sait. Il jouit d’un temps d’avance. Ce débat ne parlera que très peu à des couches sociales défavorisées et majoritaires dont le référentiel premier est cette verticalité du pouvoir. De l’impunité à l’immunité, il n’y a qu’un pas. Le conférencier politique, qu’il s’appelle Wade rappelant en 2015 l’ascendance esclave de Macky Sall devant une salle presque hilare, ou qu’il s’appelle Macky Sall lui-même chantant, en 2018, le privilège du dessert offert aux tirailleurs sénégalais, lui aussi devant une salle étonnamment passive, rappelle cette loi. La conscience de la responsabilité d’homme d’Etat profite de la démission journalistique et intellectuelle à faire un travail de critique. Mais elle jouit aussi de l’a priori favorable de ce prestige de l’homme de pouvoir, qui peut débiter des bêtises sans coût. Il n’est pas rare d’ailleurs, dans le geste de ces hommes politique et religieux, dont le pouvoir est perçu comme d’essence divine, de s’associer, de se fréquenter, de s’adouber mutuellement.

Pas une question d’âge

Il serait assez malvenu de pointer la gérontocratie comme source du problème. Ce serait du reste vain d’empoigner une gérontocratie politique sans en faire autant avec les autres, bien plus ancrées. De plus, l’âge n’est en rien responsable. Il ne peut se substituer à la notion de responsabilité qui manque cruellement aux pays africains. Pour être juste, ces vieux, qui ont été jeunes, ont tenu les mêmes discours enflammés, avec la même fibre révolutionnaire. Enfin, doit-on noter que la jeunesse actuelle n’offre pas plus de gages, elle dont l’énergie est pompée par des gadgets modernistes. Une lecture générationnelle serait totalement inconséquente. Il me plaît très souvent d’imaginer les réunions bouillantes des jeunes intellectuels africains des années 60, débattant à tue-tête, pour presser les indépendances. Je les revois, à Paris, Moscou, ou Dakar, défendre ces valeurs essentielles de souveraineté. Je revois ces hommes d’Etats en formation, qu’ils s’appellent Moustapha Niasse ou Alpha Condé. J’essaie de revoir ces images d’une jeunesse qui fut belle de promesses, mais je ne vois en vérité que ce qu’ils vont devenir. Le temps n’est pas toujours un allié.

Longévité et essoufflement d’une carrière politique

Moustapha Niasse, habile négociant sous-régional en parallèle d’une vie politique aguerrie au parti socialiste de Senghor, est devenu un bien triste sire. L’ancien pensionnaire de l’ENA, fonctionnaire, Premier ministre, promu dans les instituts sous-régionaux, est passé du symbole de la réussite au statut de boulet. Alpha Condé, dans un destin de tragédien comme Wade, opposant historique qui touche à la gloire après le martyre, est lui aussi devenu un aspirant satrape, candidat à la « belle petite boutique des calamités » comme le dit si joliment le journaliste béninois Francis Laloupo. De ces deux hommes, il est difficile de faire une histoire commune, tant de choses les séparent. Pourtant, ce qui les relie, c’est une pratique du pouvoir et une longévité, différentes étapes d’une vie politique jusqu’à leur propre décomposition chimique dont ils sont acteurs et spectateurs. Moustapha Niasse est presque devenu l’emblème d’une carrière qui a mangé à tous les râteliers politiques, et dont le prestige et le crédit politiques, vidés depuis longtemps, ne tiennent que par cette forme de gloire ancienne qui émeut. Il a été de tous les mandats, tour à tour dissident, opposant, avec une capacité de camouflage et de transhumance bluffante. Sa fortune, acquise dans des réseaux pétroliers, qui doivent du reste éveiller les soupçons de collusions et de conflits d’intérêts, est restée inaltérée. Elle fait de lui un leader politique intouchable dont les fonds propres sont largement les fonds politiques, avec lesquels il soumet des partisans au rang de disciples politiques. Alpha Condé rescapé de plusieurs épisodes de l’autoritarisme et du chaos de son pays, prisonnier politique et rédacteur de livres, comme Wade – lui l’ancien étudiant et exilé parisien – applique à la gestion du pouvoir ce mélange d’impuissance virile de Lansana Conté, et de ces sorties militaires à la Dadis Camara pour sermonner journalistes et diplomates étrangers. Les lie encore plus, un constant marxisme, féru cependant d’accommodements et de compromissions avec Paris. En termes d’idées qui traversent le temps comme eux, il faut repasser. C’est précisément parce qu’ils n’en ont pas eues, qu’ils ont voyagé léger, sans pour autant arriver à bon port.

Le révélateur du conférencier

Dans le dernier épisode qui les met au-devant de la scène, ces deux conférenciers – on y revient – ont deux audiences. L’un, Moustapha Niasse, se fait le relais au téléphone, dans une séquence politique dans sa ville, Kaolack. Il ventriloque des propos du Président à un parterre de militants et de cadres. Scène incroyable, où l’éloge « griotique » et le « larbinisme » politique, viennent éclairer cette pratique du pouvoir où la République s’affaisse dans le clientélisme le plus indécent. La politique rejoint cette indiscrétion de l’éloge, un trait culturel, de ce « tassu » politique qui parle aux codes locaux. Ce gâtisme politique, devant une audience encore hilare, fait du conférencier un héros pour ses partisans et une cible pour l’élite. Chez Condé, ce sont des journalistes de RFI, du Monde, et de TV5, qui mènent un entretien surréaliste avec un Président dans l’inconfort, et qui, incapable de pédagogie sur ses échecs, devient agressif et rejoue le sketch éculé du défenseur de la Guinée contre les malveillances françaises. Sans doute retiendra-t-on, dans le biais de couverture de l’actualité africaine persistant dans la presse, cette figure de Condé pourfendant le traitement infligé à la Guinée par la France. Somme d’articles en parlera, et n’évoquera pas grand-chose de cette perdition d’un homme, de la minoration d’un fait guinéen, qui devient l’anecdotique scène annexe, oubliée au profit des règlements de compte coloniaux toujours bien commodes.

 Les Guinéens, tenus à l’écart, ne pourront opposer à leur président le devoir de reddition de comptes, et finalement, cela entretient le morne climat dans le pays. Dans cette mise en scène préparée, où il avance une série de contre-vérités, des attaques inélégantes face à des journalistes, il semble oublier que les médias qu’il attaque ont changé de paradigme sur l’Afrique et épousent un récit laudateur sur le continent, évitant d’évoquer les sujets qui fâchent, précisément de peur d’être traités d’agents néocoloniaux. En se focalisant sur ces journalistes qui seraient le prolongement colonial, Alpha Condé continue une défense bien connue. Et quand il dit « qu’il rendra compte à son peuple », rien n’est plus faux, il se défile. Il n’a jamais consenti à parler à des journalistes guinéens à bâtons rompus. Le ton qu’il adopte dans cet entretien rappelle le conférencier dont on parlait, ce grand baroud d’honneur qui masque mal la profonde incurie et surtout le malaise une fois qu’on lui tend un miroir. Il y a dans ces deux scènes, comme une allégorie de 60 années d’indépendance, faites d’impuissance, d’échappatoire et de primats de valeurs locales, objet de fiertés mais aussi de honte. Ce que les peuples semblent tant chérir comme leurs valeurs inaliénables, semble être, aussi, l’épicentre même de leurs tares, potentiellement incurables.

Le fait africain n’intéresse personne, sous-traitance des informations nationales

De ceci, il faut saisir un mal plus profond. C’est que le « fait africain » n’intéresse personne. Comme objet oui, mais pas comme fait avec son calendrier propre. Le correspondant étranger file, comme il peut, pour rendre compte à sa maison. Le journaliste local, sans ressources et mains liées, est un acteur passif qui restitue. Sans lien avec l’ailleurs, souvent occidental, le « fait africain », son récit propre, son huis-clos, indiffère jusqu’au mépris. Ça participe d’ailleurs à cette frappante résignation presque collective qui délégitime les journalistes locaux, vus par les populations comme des frères de galères, et déconsidérés par rapport à des homologues étrangers qui jouissent d’un privilège, et auxquels on s’ouvre plus facilement. C’est ici, le grand problème : pas plus les Présidents, que les intellectuels, les écrivains, les autorités religieuses, bref, la crème des « conférenciers », ne sont soumis à une rigueur critique intérieure. Il se forme ainsi une terrible homogénéité, presque de caste, qui échappe à la nécessaire confrontation, qui seule peut implanter la responsabilité collective et individuelle, mais surtout la liberté de conscience. C’est en conséquence la déportation du débat vers cet ailleurs, avec le refuge afro-diasporique, et donc les biais et les malaises. L’Afrique ne se raconte pas encore de l’intérieur ou du moins, ce qu’elle dit à l’intérieur n’intéresse personne car elle ne correspond pas au récit idéologique dominant. A l’heure où se développe un journalisme de vérification, il serait temps qu’une presse de flair et d’initiative, fasse son vrai travail de contre-pouvoir, pour éviter que les seules redditions de comptes soient faites à d’autres médias, dans lesquels, du reste, on célèbre à longueur de journée, l’indépendance pour mieux illustrer qu’elle n’est encore lointaine, voire illusoire.

Bien souvent, l’anecdotique, comme ces épisodes, ne mène à rien. Il est fort probable que Moustapha Niasse et Alpha Condé auront leurs partisans, nombreux. L’un, exemple d’une transmission de gratitude toujours célébrée, élément de la pratique sociale. Et l’autre comme héros d’une colère ressentimentale encore présente dans le reste des anciens pays de la colonisation et dont les populations raffolent. Il y a bien un territoire où tout se mêle, dans un tas d’immondices qui caractérise ces faits politiques. C’est un fait continental que ce vaste foutoir, où rien ne semble clair, où les acteurs sont tour à tour, victimes, bourreaux, héros, imposteurs. Mais ici, il semble qu’il existe des leçons à tirer. Le gâtisme politique est révélateur d’un système bien plus vaste. Tellement implacable qu’il ne révèle pas seulement de ces deux hommes chancelants et se vautrant dans un délire. Il révèle aussi, et surtout, le rapport à la vieillesse, au pouvoir religieux, au pouvoir politique : la parole prise pour onction et bue goulument par assentiment et par peur. Le type du conférencier, religieux comme politique, en relation avec des soumis, nous montre que l’indépendance, qui n’est pas une pratique quotidienne des populations, fabrique des obligés intérieurs, courant pourtant derrière une autonomie extérieure.

Elgas  © 2018

 

 

Gawlo is back ! La séance d’écoute de l’album de Coumba qui sort bientôt (VIDEO)

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Voici la vidéo de la séance d’écoute de son prochain album à laquelle la diva Gawlo à invité le ndanaane Baaba Maal dans le studio de son label, Sabar:

 

Le Cameroun mal parti pour accueillir la CAN de janvier 2019. Quel est le plan B?

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LES AFRIQUES – La « décision finale » sur la tenue de la Coupe d’Afrique des nations 2019 au Cameroun sera rendue fin novembre, a finalement annoncé samedi la Confédération africaine de football (CAF), réunie à Charm el-Cheikh en Égypte. Vainqueur de la CAN 2017, le Cameroun est également le pays hôte de l’édition qui doit en principe se tenir du 15 juin au 13 juillet l’année prochaine.

La CAF épluche le rapport d’audit sur l’avancement des travaux

Mais des doutes planent sur la capacité du pays, dont le football est en proie à de graves difficultés financières, à organiser la compétition. Dans un communiqué, la CAF pointe surtout « un retard important dans la réalisation des infrastructures ». C’est le cas particulièrement dans la ville de Garoua, dans le nord du pays. Grèves, retards de travaux et polémiques autour des politiques locales ont fini par mettre un frein sérieux à la construction des stades d’entraînement et des hôtels.

Au-delà de ce motif, il faut savoir que la CAF ne souhaite pas par principe communiquer avant l’élection présidentielle du 7 octobre prochain. C’est ce qu’a indiqué Ahmad Ahmad, président de la Confédération africaine de football (CAF) dans Le Monde vendredi, cité par l’AFP. « Nous ne voulons pas perturber la campagne », ajoute Ahmad Ahmad. En 2017, la CAF avait attendu la fin de la présidentielle au Kenya pour annoncer sa décision de lui retirer l’organisation du Championnat d’Afrique des nations (CHAN, qui repose sur les joueurs locaux, contrairement à la CAN, Coupe d’Afrique des nations, où les internationaux évoluant en Europe peuvent s’engager).

Autre mauvais point pour le Cameroun : son championnat connaît une mauvaise passe. La ligue professionnelle a décidé en juillet de suspendre les championnats de Ligue 1 et de Ligue 2 pour « défaut de moyens financiers ». La fédération camerounaise (Fécafoot) est actuellement sous tutelle de la Fifa jusqu’à décembre au moins.

Quel plan B ?

Le Maroc, candidat malheureux à l’organisation du Mondial 2026 (attribué au trio USA/Mexique/Canada), revient souvent dans les médias comme le plan B pour accueillir la CAN l’été prochain, qui passera de 16 à 24 équipes engagées, sur le modèle de l’Euro 2016 en France. « Oui, mais pourquoi ne parle-t-on pas de l’Afrique du Sud ou de l’Égypte ? Ces pays disposent de toutes les infrastructures nécessaires », rétorque Ahmad Ahmad. Dans cet entretien, le patron du football africain rappelle qu’il avait « regretté, en août 2017, l’inertie du Cameroun à propos des travaux en vue de la CAN 2019 ».

Dans tous les cas, « la décision finale sera rendue fin novembre après la dernière visite d’inspection du cabinet d’audit Roland-Berger et de la CAF », a précisé l’organisation panafricaine. Une commission mixte de la CAF et de la Fédération internationale du football (Fifa) se rendra au Cameroun « pour étudier les questions de sécurité », a-t-elle ajouté.

Entreprendre : les clés pour réussir en Afrique

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Le maire Moussa Sy lâche Khalifa. Pour offrir les Parcelles à Macky ?

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Moussa Sy : « Ma candidature était pour confirmer mon divorce avec Khalifa Sall »

Chose annoncée, chose faite. Le maire des Parcelles Assainies, Moussa Sy a franchi le Rubicon. Il a démissionné ce lundi à midi de son poste de deuxieme adjoint au maire de Dakar, refusant d’être celui de Soham El Wardini. Un acte qui intervient à la suite de son revers enregistré devant Soham Wardini, élue maire de Dakar suite à la révocation de Khalifa Sall. Cependant, l’édile des Parcelles Assainies ne prend pas cela comme une défaite. Loin s’en faut. A l’en croire, il n’avait pas déposé sa candidature pour remplacer Khalifa Sall. Mais, dit-il, c’était plutôt pour un but déterminé.Joint, il révèle : « Je n’étais pas parti pour être maire. J’étais parti pour poser un acte politique, pour dire à Khalifa Sall que j’ai arrêté, je pars. Ma candidature était pour confirmer mon divorce avec Khalifa Sall. Cela fait un an que je ne participe pas à ses activités. Depuis un an je ne participe plus aux activités politiques de l’Initiative 2017. J’en ai informé à Khalifa Sall. »Moussa Sy assure que s’il était vraiment intéressé par le poste de maire de Dakar, il battrait campagne comme l’édile de la commune de Patte d’Oie. « C’est Banda Diop qui a battu campagne. Je n’ai appelé aucun conseiller au téléphone pour demander de voter pour moi, et 13 personnes ont voté pour moi », bombe-t-il le torse.Quid de son rapprochement avec le pouvoir ? Le maire des Parcelles Assainies va-t-il poser ses valises à l’Apr ? « Je n’ai pas de réponse à donner à cela, botte-t-il en touche. Le moment venu l’opinion saura ce qu’on va faire. On est libre de faire nos choix. Personne ne peut nous imposer ce qu’on doit faire. Je refuse le diktat. Je ne suis pas un suiviste et je ne le serai jamais. »Moussa Sy martèle : « Nous sommes des politiques. On n’a jamais signé un pacte qui nous dit que vous allez être à vie opposant ou au pouvoir. Cela n’existe nulle part. Depuis un an, on est plus dans ce que fait ‘Initiative 2017’. » Moussa Sy est donc de toute évidence parti pour soutenir Macky Sall à la présidentielle de 2019.

Réaction de la nouvelle maire de Dakar , Wardini, à ce départ fracassant de Moussa S’y, qui reste un.excellent maire des Parcelles ?Soham Wardini confie qu’elle n’a pas encore reçu la lettre de démission de Moussa Sy, le maire des Parcelles assainies. D’ailleurs, prie-t-elle, elle ne souhaite pas la recevoir. « Je lui ai tendu la main. Aussi bien à lui qu’à Banda Diop (NDLR: Maire de la Patte d’oie également déçu de ne pas avoir été élu Maire de Dakar ). Nous avons été toujours ensemble pendant deux mandatures. Je ne vois pas pourquoi à un an qu’il puisse quitter la barque. »

Soham Wardini de poursuivre : « On peut continuer parce qu’ici on ne fait pas de politique. La politique, c’est à l’extérieur. Mais pour le Conseil municipal, nous avons été élus par les Dakarois. Il faut que nous puissions terminer ce programme. Et cela, c’est pour le bien-être des populations. »

Après ‘Bruno’, le protocole de la Présidence de la République désormais entre des mains Sal

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Le protocole de la Présidence de la République du Sénégal est désormais entre des mains Sal. Cheikh Tidiane Sal (patronyme avec un seul « l ») a été nommé, ce vendredi, chef du protocole de la présidence de la République. Il remplace Bruno Diatta, qui occupa le poste de 1979 à son décès, le 21 septembre. Sal aura fort à faire pour faire oublier  » Bruno » et ses 40 ans de service aux côtés de quatre Présidents : Senghor, Diouf, Wade et Sall.

Témoin et en contrepartie, Gadio balance Ho ce jeudi

L’rx-ministre et député Cheikh Tidiane Gadio  “fournirait des preuves substantielles de la culpabilité de l’accusé” lors de son témoignage contre l’ancien ministre de Hong Kong, Patrick Ho Chi-ping, ont déclaré des procureurs américains.

C’était la première reconnaissance officielle que Cheikh Gadio serait témoin et non plus co-accusé à la suite d’une décision de justice rendue il y a deux semaines à New York, selon laquelle toutes les accusations contre l’ancien ministre sénégalais et résident américain seraient abandonnées.

Elle a également confirmé le précédent rapport selon lequel l’une des conditions pour abandonner les accusations était que Gadio fournisse des informations relatives à l’affaire contre Ho, comme le faisait Gadio et qu’il continuerait de le faire.

“Gadio a eu des rencontres avec le  gouvernement pendant un certain temps et il devrait témoigner au procès en vertu d’un accord  de non poursuite “, a déclaré l’avocat du ministère  américain de la justice, Geoffrey Berman dans une lettre adressée vendredi  au juge Loretta de  New York .

“Le témoignage de Gadio fournira une preuve substantielle de la culpabilité de l’accusé”, a ajouté Berman.

La lettre visait à s’opposer à la cinquième demande de mise en liberté sous caution présentée lundi par l’équipe de la défense de Ho.

Citant une autre lettre de Berman en mai – qui incluait le démenti par Gadio de certaines allégations formulées contre lui et Ho dans la plainte initiale – les avocats de Ho ont fait valoir que la décision du gouvernement d’abandonner les accusations contre Gadio « fragilise sérieusement la poursuite contre Ho »

L’audience sur le cautionnement doit avoir lieu jeudi à New York.

Ho, ministre des affaires intérieures de Hong Kong de 2002 à 2007, est en prison aux États-Unis depuis novembre dernier. Il est accusé de huit chefs d’accusation: trois pour blanchiment d’argent et cinq pour violation de la loi sur les pratiques de corruption à l’étranger. Il est accusé d’offrir des pots-de-vin de 2,9 millions de dollars  à des fonctionnaires pour faire avancer les droits pétroliers et de développement en Ouganda et au Tchad pour la société CEFC China Energy.

Au moment de son arrestation, Ho travaillait pour le China Energy Fund Committee, un groupe de recherche de Hong Kong qui reçoit un financement du CEFC.

 

Barth, délesté de 30 kilos, est libre

Le maire de Mermoz-Sacré Cœur, Barthélémy Dias, a humé l’air de la liberté.Il a rejoint les siens ce dimanche à 5 heures du matin après avoir passé six mois derrière les barreaux à Rebeuss. C’est dans un taxi qu’il a quitté le centre de détention.

Dias devait être libéré à 7 heures. Selon nos informations, c’est la directrice de la prison, Agnès Diogoye, qui a pris cette décision, après avoir appris à travers les réseaux, que les proches et soutiens de l’édile de Mermoz-Sacré Cœur étaient en train de se mobiliser pour envahir les alentours de la Maison d’arrêt pour réserver un accueil chaleureux à  ce dernier.

« Quand elle a été mise au parfum, elle a décidé de  libérer Barthélémy Dias à 5 heures du matin, révèle notre source. Elle lui a demandé de prendre un taxi et de rentrer chez lui. Barthélémy Diaz ne voulait pas faire cela mais, il a fini par accepter. Il a quitté Rebeuss à bord d’un taxi pour rejoindre son domicile. »

Barthélémy Dias avait prévu, à sa sortie, d’aller à l’église avant de rendre visite à la mère de l’ex-maire de Dakar Khalifa Sall. Mais, il a changé ses plans. Il est présentement chez son père pour se reposer. Et, il a prévu de s’adresser à la presse ce lundi. Mais cela devrait normalement se faire demain mardi.

L’ET DIT TÔT D’O.N.G : « Kagame, despote mais il dépote! » (Par Ousseynou Nar Gueye)

« Il faut imaginer Sisyphe heureux » (Camus)

La conception – et l’accouchement-  de ce texte nait d’une dépêche urgente lue mi septembre sur un site d’info: « Rwanda : l’opposante rwandaise Victoire Ingabire et le chanteur Kizito Mihigo libérés ». Mais il s’agit d’un papier qui me démangeait déjà depuis quelques jours avant, pour réagir à la livraison hebdomadaire de « l’Inventaire des Idoles » de l’écrivain Elgas, parue sur Tract.sn et sur Seneplus.com, ce mercredi 12 février. Cette chronique est intitulée « Kagamé & Macky : fortunes et infortunes de l’autoritarisme ». Je laisserai le lecteur prendre connaissance par lui-même de cet article documenté et quasi universitaire d’Elgas, solidement étayé de notes de bas de page. Mais son titre en dit déjà beaucoup. Oui, je voudrais interpeller ici amicalement mon camarade de partie sur Tract, et non moins ami, Elgas, pour lui dire mes désaccords sur le cas K.

L’autoritarisme, voici le danger ? Eh bien, j’en disconviens. « I beg to differ », pour écrire dans la langue qui a été officiellement adoptée par le Rwanda de Kagame. Je ne prétends pas ici à l’objectivité, mais j’ai le sentiment d’être honnête (au moins avec moi-même), en écrivant ceci : Kagame est le héraut d’une Afrique enfin actrice de sa propre histoire, à l’ère contemporaine. Et de ce point de vue, l’habit de despote éclairé qu’il arbore avec tant de naturel me semble légitime. Le génocide rwandais est la blessure originelle et le moment fondateur dans lequel Kagame enracine cette « légitimité de souche », à diriger le Rwanda d’une poigne de fer et d’en faire par ailleurs, Rwanda Inc. , un pays géré comme une startup de la Silicon Valley. Quand l’autoritarisme produit des résultats tangibles et fixe un cap, j’en suis un fervent partisan à l’insu de mon plein gré. La ritournelle de l’exigence de démocratie qui devrait être le système prévalent dans les pays africains a fait de cette dernière, la démocratie, plus un rituel à consommation internationale et un raout périodique qui rebat les cartes de l’accès aux ressources publiques pour quelques-uns, plutôt qu’une conviction ancrée dans les masses populaires et vécue par elles dans un quotidien qu’il améliorerait. Alors que l’émergence économique reste dans ces mêmes pays une incantation électoraliste.

Il y a bien un panorama multipartisan au Rwanda et le parti  écologiste a fait pour la première fois son entrée au Parlement, cette année. Mais il est vrai que Kagame ne s’embarrasse pas de pudibonderies, quand il s’agit de mettre au pas le pays – et surtout les opposants et les voix discordantes. Le génocide justifie-t-il tout ? Comme pour Israël, et l’Holocauste qui en a fait un pays et une nation « against all odds », dans les plans sur la comète des sionistes d’abord puis dans la réalité, je pense que oui : le génocide rwandais est légitimateur. Le FPR de Kagame, s’il a pu précipiter ce génocide à des fins de stratégie politique, n’en est pas moins, au départ, la victime agressée de ce qui était alors une politique de pogroms des Hutus majoritaires envers les Tutsis, chassés et pourchassés depuis la fin des années cinquante. Et obligés de s’établir dans les pays environnants, notamment anglophones, où ils se sont constitués en base arrière maquisarde, qui a fini par prendre le pouvoir politique à Kigali, en marchant sur des monceaux de cadavres. Le génocide rwandais a donné naissance à une tabula rasa sur laquelle il était possible de reconstruire tout et n’importe quoi, le meilleur comme le pire : l’ensauvagement définitif et la régression d’un pays qui serait devenu un simple endroit, ou la propulsion d’une nouvelle nation allant à l’assaut de son destin. Avec le génocide, le Rwanda a fait entrer l’histoire, la grande histoire, dans la vie des Rwandais. Et elle ne l’a plus quitté. En deux décennies, Kagame a fait de ce pays une nation avec une ambition, sur la base de ce récit tragique du génocide, qui a paradoxalement réussi à réenchanter les perspectives d’avenir de ses concitoyens. Le Rwanda, c’est l’Israël de l’Afrique : un pays né à nouveau dans la douleur d’un bain de sang. Le génocide fait de Kagamé le légitime dépositaire du destin du Rwanda, j’ose le parallèle, comme l’appel à la Résistance et la victoire des Alliés qui s’en sont suivis ont fait de Charles de Gaulle l’homme providentiel de la France d’après – guerre. Et Kagame pourrait paraphraser le Général de Gaulle sur le balcon de l’hôtel de ville de Paris à la Libération (avec un grand L) : « Le Rwanda outragé, le Rwanda martyrisé, mais le Rwanda libéré ! ». Kagame est, sur l’étagère du personnel politique du continent noir, l’Africain fondamental de cette époque milléniale. Comme avant lui, Lumumba, Mandela, Sankara l’ont été. Des observateurs sérieux pronostiquent que si Blaise Compaoré n’avait pas « rectifié » de manière assassine le régime Sankara, c’est le peuple burkinabé qui se serait révolté contre le capitaine Tom Sank. Pour autant, les Burkinabé eussent-ils beau être opprimés et brimés par le régime Sankara, le beau capitaine Thomas n’avait cure que de (re) donner sa dignité bafouée et sa souveraineté à une Haute-Volta qui avait pris un nouveau départ, en changeant de nom, pour en prendre un dont personne ne songe à railler la pomposité : « le pays des hommes intègres ». Un nom qui sonne comme un mot d’ordre dictatorial. Surtout, Sankara incarnait quelque chose de plus grand que lui-même et son pays sur la scène continentale, au-delà des frontières étriquées du pays des Mossis : il avait restauré l’honneur des (jeunes) Africains et inspiré l’espérance en un avenir sur le continent-même à cette jeunesse africaine. Kagame inspire la même foi en un développement endogène et réussi en Afrique par des Africains et pour des Africains. Mandela ? Rappelons que les Etats- Unis et la Grande- Bretagne considéraient officiellement Madiba comme un terroriste jusque dans les années 80. Lumumba a pu être accusé de dérives dictatoriales (communistes). Comme Mandela, sa Commission « Vérité et Réconciliation » et son inclusion des (présumés) bourreaux blancs dans la nouvelle Afrique du Sud, Kagame a poursuivi la réconciliation de l’impossible avec ses « gacaca », tribunaux populaires. Conciliation des inconciliables : c’est cette marque de fabrique qui fait les grands Africains.

A l’aune de la marche de l’histoire, Mandela, Lumumba et Sankara sont des vainqueurs symboliques. Kagame peut également être dans le camp de ces vainqueurs symboliques, car il va dans le sens de l’histoire africaine en donnant un contenu produit par les Rwandais eux-mêmes à la trajectoire de l’histoire de son pays et de ses habitants. Pour que le grain ne meurt, le génocide a été le fumier providentiel. De la même manière qu’Israël, bien que traitée avec quelques motifs de dictature pour son oppression des Palestiniens, est pourtant la seule démocratie du monde arabe, il n’est pas exagéré de considérer le Rwanda comme l’un des rares pays africains à être devenu une véritable nation. Aux forceps. Là où beaucoup de pays africains ne sont que des juxtapositions de communautés qui cohabitent sur un territoire, sans cap historique, en se bricolant péniblement une histoire mythique dans laquelle les résistants-malgré-eux, les libérateurs qui ont ramassé une indépendance souvent octroyée et l’ancien oppresseur colonial se bousculent sans cohérence. Avec l’Algérie héritière de sa lutte de libération, le Rwanda de Kagame est le seul pays africain à tenir la dragée haute à la puissance occidentale qui se targue de considérer l’Afrique (ex) francophone comme son pré carré : la France. Tuer ce tuteur symbolique qu’est la France est un pré-requis pour l’émancipation, y compris et d’abord des mentalités. Le tropisme de millions d’Africains en faveur de l’homme à poigne Kagame peut agacer. Mais ce tropisme pro-Kagame dit quelque chose de l’Afrique. Le Rwanda et l’histoire non encore éclairciée de son génocide suscite des passions. Kagame en suscite autant. J’ai tendance à penser que la tare la plus grave d’un homme politique est de laisser indifférent. Permettez à l’auteur de ces lignes un jeu de mots, si on peut encore évoquer avec légèreté des choses sérieuses : l’aversion pour Kagame, comme l’antisionisme contre Israël, est de mon point de vue un « anti-sillonisme » contre le Rwanda, le sillon en question ayant été le génocide, qui a marqué de sa trace indélébile l’histoire contemporaine de l’Afrique et déterminé à jamais l’avenir du pays des mille collines. Pour le pire. Et espérons-le, pour le meilleur, qui reste à venir.  Il faut imaginer Sisyphe heureux.

Ousseynou Nar Gueye      

Éditorialiste; fondateur de Tract.sn

L’ET DIT TÔT D’O.N.G : APS et Panapress, l’avenir hypothéqué et hypothétique du modèle « agence de presse » en Afrique

L’ET DIT TÔT D’O.N.G – La PANAPRESS et l’APS agonisent donc, en recherche permanente d’une hypothétique perfusion par acharnement thérapeutique à même de leur permettre de survivre. Les employés de la PANAPRESS cumulent…40 mois d’arriérés de salaire, sur plusieurs années. La subvention de l’État sénégalais à l’APS, sa seule source de revenus à part quelques maigres rentrées publicitaires, permet à peine de couvrir ses charges salariales. L’APS ne peut donc rien investir dans le renouvellement de son outil de travail, peine à réparer ses véhicules de reportage lorsqu’ils tombent en panne, et ne peut même pas acheter le carburant pour permettre auxdits véhicules de rouler. La grève renouvelable de 96h de l’APS, énième du genre, a quelque chance de rencontrer un écho favorable auprès de l’Etat, en cette période où le gouvernement s’apprête à allouer aux organes de la presse d’Etat des subventions conjoncturelles pour couvrir l’élection présidentielle. La Panapress, quant à elle, a longtemps vécu des largesses du Guide la Jamahiriya lybienne, Mouammar Kadhafi, qui lui octroyait de généreux subsides.

Que nous dit la lente agonie de ces deux agences de presse, qui se survivent toujours à elles-mêmes quand on pense que tout est perdu ? Que le modèle d’agence de presse, tel qu’il continue de prévaloir Afrique, doit être repensé de manière structurelle. Il faut faire un choix définitif entre statut public, avec prise en charge entière par la puissance étatique. Ou permettre à ces agences de presse d’aller vers un statut privé qui leur donnera les moyens de leurs ambitions. On sera surpris de le savoir : ni l’AFP française, ni l’Associated Press américaine ne sont publiques. L’AFP a un statut d’entreprise privée agissant selon des règles commerciales, et ce sont les éditeurs de presse qui siègent à son conseil d’administration. Il est vrai que l’AFP vit principalement des abonnements de l’Etat, qui lui assurent 40% de son chiffre d’affaires. Ce chiffre d’affaires de l’AFP a été de 300 millions d’euros en 2017. Et pas seulement en produisant des dépêches écrites.

Et c’est là l’autre challenge que la PANAPRESS et l’APS se doivent de relever. En commercialisant aussi des photos, des vidéos et des infographies ou des articles de fact checking. Il faut aussi faire payer les reprises de contenus dans la presse en ligne et sur les réseaux sociaux, à l’heure où chaque individu de la planète muni d’un smartphone est devenu un média à lui tout seul. C’est ainsi que l’AFP a gagné un procès contre Google qui reprenait ses dépêches. Les diffusions gratuites (pour le consommateur) de dépêches sur Internet doivent aussi être facturées plus cher par les agences de presse, car elles constituent un manque à gagner pour la presse écrite. La MAP, agence de presse marocaine, vient de lancer en juillet 2018 un magazine mensuel papier, qui lui rapporte également de la publicité. Les pistes de solutions sont donc multiples, mais nécessitent une révolution des process de travail et un changement mental de paradigme.

Devant le dilemme du choix étatique clairement assumé dans sa partie financière ou la migration vers un statut privé et commercial, nos États africains doivent trancher. L’Agence de presse ivoirienne est bien couverte par son Etat, mais elle ne laisse pas son fil d’informations ouvert à la consultation par tous les internautes , ce qui en ferait un site d’informations comme les autres. Sur ce terrain-là, l’APS ne peut pas battre Seneweb et les trois cent autres sites d’information sénégalais qui pullulent sur la Toile. Surtout dans un pays, le Sénégal, où les utilisateurs média des dépêches de l’APS ne paye pas celle-ci, au motif que la subvention de l’Etat rémunère déjà l’APS pour eux. Il existe des agences de presse privées qui prospèrent pourtant au Sénégal, comme APANEWS qui y a son siège. La disparition programmée n’est donc pas une fatalité pour l’APS ou la PANAPRESS. Mais elles doivent résolument repenser leur business model et leur offre de produits et services. Ayant été directeur de la stratégie et du développement de l’Agence de presse sénégalaise, l’auteur de ces lignes est naturellement sensible au sort de ces médias des médias. Il faut que la grève actuelle de l’APS soit l’occasion d’un vaste aggiornamento sur ses missions et sur son core business. Sinon, la présidentielle apportera son lot de subventions qui seront une bouffée d’oxygène temporaire. Et après l’élection présidentielle, la manne épuisée et le filet du robinet coulant à nouveau doucement, l’APS replongera dans le marasme qui est le sien depuis plus d’une décennie.

Ousseynou Nar Gueye

Directeur de publication de Tract.sn

Soham El Wardini, 65 ans, première femme à être élue Maire de Dakar

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Soham El Wardini, première adjointe au maire a succédé à Khalifa Sall à la tête de la Mairie de Dakar ce samedi. Wardini est de père libanais et de mère sénégalaise. Elle a obtenu un nombre de 64 voix sur les 90 votants. Banda Diop est arrivé deuxième avec 13 voix et en troisième position on retrouve Moussa Sy qui obtient 11 voix. Soham a eu une majorité au premier tour, écrasant ses concurrents. A retenir qu’elle était jusqu’ici 1ère adjoint au Maire de Ville.

 

Elle remplace ainsi Khalifa Sall, révoqué de ses fonctions, il y a quelques semaines. Proche de l’édile de la capitale, elle dirigeait déjà la Mairie depuis l’incarcération de ce dernier. Elle est acclamée par les militants qui scandaient le nom de Khalifa.

C’est la première fois dans l’histoire politique du Sénégal qu’une femme devienne maire de la capitale.

Dès le 30 août, au lendemain de la révocation de Khalifa Sall de ses fonctions de maire, Ousseynou Nar Gueye, directeur de publication de Tract.sn, avait analysé et pronostiqué que c’est Soham El Wardini qui lui succéderait.

Tribune : ‘Guirassy 2019 ou l’incarnation d’un leadership nouveau qui assure et rassure!’ (Sokhna Aïcha Thiam)

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Moustapha Mamba Guirassy est loin des polémiques politiciennes et l’homme se positionne de plus en plus comme une force de propositions qui sait faire bouger les lignes. Entendre Guirassy parler est un vrai régal. Le leader de la coalition SET (Senegal en Tête) sait dérouler son argumentaire, asséner ses vérités avec beaucoup de courtoisie et d’élégance dans le verbe, il sait utiliser les mots justes.

Guirassy n’est pas un adepte de la politique spectacle, il est plutôt du genre posé et réfléchi. Il sait faire les bons diagnostics pour ensuite proposer les meilleures solutions. Ses sorties médiatiques sont toujours très attendues et bien suivies.

Et ce n’est pas un hasard si une bonne partie de la jeunesse s’identifie à lui, n’est ce pas Mouhamadou Habibou Fall qui disait et à juste titre : « Guirassy candidat naturel de la jeunesse pour un leadership nouveau ».

Guirassy est simplement une force tranquille dont le pays a besoin. Mais l’homme est aussi et surtout un scientifique qui sait bosser. Sans tambour ni trompette, Guirassy est entrain de réussir un important travail de massification. Guirassy reçoit des centaines de sénégalais par jour et fait installer des centaines de cellules et cela dans les coins les plus reculés du Sénégal. Aujourd’hui ce sont des milliers de cadres anonymes, des personnes qui n’ont jamais fait la politique qui entourent le président Guirassy et parmi lesquels l’auteure de cette tribune.

Très présent sur les réseaux sociaux, en particulier sur facebook, Guirassy a – sans aucun doute ,parmi les hommes politiques – la page Facebook la plus professionnelle, avec des publications régulières qui accrochent.

Mais Guirassy c’est aussi un programme crédible avec des propositions fortes. Il a par exemple pris prétexte de la journée mondiale du tourisme pour proposer « la mobilisation et l’engagement de l’écosystème des startups « tech Sen » dans une transformation digitale profonde du secteur du tourisme pour un choc de compétitivité ». « Tech Sen », il faudra retenir l’expression. Le président Guirassy compte mettre toutes les chances du coté du jeune sénégalais pour qu’il devienne un mark zuckerberg. Avec Guirassy au pouvoir, TECH SEN sera une réalité et le Sénégal comptera en matière technologique. Et le « new deal éducatif » est une proposition forte de Moustapha Guirassy pour la transformation de l’école sénégalaise.

Enfin, le président Guirassy attend avec impatience les débats entre candidats pour une meilleure information des sénégalais. Espérons que la presse va relever le défi et que les candidats accepteront de se soumettre à cet exercice démocratique et républicain.

Sokhna Aïcha THIAM

Citoyenne Sénégalaise, membre de la Coalition Sénégal en Tête avec Guirassy

Bagarre au Patio : le militaire français Mike Teiho aux arrêts pour le coma d’Oumar Watt

Il y a du nouveau dans l’affaire Oumar Watt, du nom de ce jeune compatriote plongé dans le coma à la suite d’une bagarre avec des militaires français au restaurant «le Patio», sis aux Almadies. L’un des cinq militaires français cités dans cette affaire, a été arrêté par les gendarmes sénégalais accompagnés de leurs collègues français. Il sagit du dénommé Mike Teiho. Le mis en cause a été déféré au Parquet. Oumar watt est interné à l’hôpital Fann de Dakar où il est dans le coma depuis la semaine dernière. Une enquête menée par la brigade prévôtale accable les militaires français.
Arrivés alors qu’ils étaient ivres comme des Polonais, les soldats ont été invités à rejoindre leur table par un des amis de Watt. C’est ainsi qu’ils ont commencé à provoquer ce dernier en voulant parler de force avec sa soeur qui l’accompagnait. Lorsque que le jeune homme a protesté, l’un des militaires lui a asséné un coup qui l’a mis K.O. Après avoir fini de le rouer de coups, les mis en cause ont tenté de prendre la poudre d’escampette, mais ils ont été arrêtés par la foule avant l’intervention de la gendarmerie de Ngor.

Tribune : ‘Optimiser l’usage des TIC pour une révolution pédagogique dans l’éducation ?’ (Alassane Kitane, mouvement Fippu)

  1. On se contente de décrier la « baisse » du niveau de nos apprenants sans se demander quelle est la part du système dans cette baisse jugée vertigineuse. Parmi les facteurs généralement évoqués, il y a le peu d’intérêt que les apprenants ont pour les études. Nos élèves passent, en effet, plus de temps sur les réseaux sociaux et sur la toile, de façon plus générale, qu’à lire leurs livres et cahiers. C’est là une explication trop simpliste et qui a l’intérêt de dédouaner la communauté sur sa responsabilité pourtant indiscutable : ce sont donc les apprenants qui sont fautifs, pas le système ! Mais la vérité n’est jamais simple : le système éducatif sénégalais (les contenus, la pédagogie, etc.) stagne et est incapable d’innover profondément.

L’éducation est trop précieuse, pour être délaissée à l’amateurisme : elle doit suivre les innovations scientifiques et technologiques pour les incorporer au lieu de se laisser parasiter par les éventuelles dérives de celles-ci. L’école doit avoir les moyens de traquer ses propres dérivés et d’en faire profiter au système. Les réseaux sociaux ne sont pas fatalement un obstacle à l’acquisition de connaissances et à la formation. La révolution sociétale qui s’opère sous nos yeux ne peut pas laisser indemne l’école. On ne peut donc pas faire fi de cette révolution et continuer à enseigner comme on enseignait il y a quarante ans. L’enseignement doit toujours s’adapter aux nouveaux besoins de la société, il doit parfois emprunter à celle-ci ses problèmes, ses joies, ses peines, ses passions et ses crises pour être en mesure de les comprendre, de les solutionner ou de les rendre possibles sans risque majeur pour la société.

Un professeur de lettres qui veut régler les problèmes de langue de ses apprenants peut parfaitement passer par les forums sur internet pour élaguer ces difficultés. Demander à ses apprenants de relever les fautes de grammaire, les problèmes de syntaxe contenus dans une discussion d’un forum, les inciter à initier des sujets de discussion sur les forums et de les rapporter en classe pour étudier des cas concrets de problèmes de langues, etc. Cette façon d’apprendre pourrait être facilitée par la mise à disposition de tablettes aux élèves. Que l’on ne me parle surtout pas de coûts élevés ! Bref, les astuces ne manquent pour adapter les objectifs pédagogiques à la curiosité « communicationnelle » des élèves.

L’usage du téléphone portable sans puce en classe dans un lycée connecté au wifi pourrait remplacer l’usage universel de l’ordinateur par les élèves (puisque nous sommes dans un État où les priorités sont orientées dans le folklore). L’intranet du ministère de l’enseignement connectant les Lycées et collèges devrait être un rempart contre les éventuels risques de détournement et de divertissement des élèves en plein cours. Les cours de français, d’anglais, d’histoire et de géographie et même de philosophie devront dans l’avenir se faire dans des salles informatiques ou, en tout cas, avec des tablettes pour élèves. La relation affective que l’apprenant entretient avec son téléphone ou sa tablette doit être utilisée, squattée et instrumentalisée par l’école. Psychologiquement un élève qui n’est pas motivé est une aporie voire un mur pédagogique : on ne peut rien lui inculquer.

La relation passionnelle, voire fusionnelle que les jeunes ont avec les technologies de l’information et de la communication n’est pas forcément un obstacle, c’est même une chance, un gisement à exploiter par l’école. Il suffit simplement de déménager les contenus pédagogiques de certains supports pour les loger dans les nouveaux supports que le jeu, le folklore et les dérives disputent à l’école. Si nous voulons léguer à nos descendants l’école qu’ils méritent et qu’ils aimeront, il nous faut la mouler dans notre vécu tel qu’il est aujourd’hui par et dans les TIC et les autres innovations ou secteurs de la vie de la communauté.

Dans nos enseignements nous voulons toujours tout faire et ce, de manière trop souvent très théorique. Pourtant même la philosophie peut avoir un recours fécond aux TIC : les ressources pédagogiques fleurissent de partout et sont de toute sorte. Nous n’avons donc pas le droit de nous marginaliser et de nous enfermer ad vitam aeternam dans le monde trop austère des livres. L’intelligence tactile, la cyberculture, l’intelligence relationnelle virtuelle ne peuvent aucunement constituer une menace contre la culture : la cyberculture fait partie de la culture comme la « culture » hip-hop en fait partie. Le virtuel offre des possibilités infinies dans la recherche des révolutions pédagogiques qu’attend notre communauté de façon impatiente. Les problèmes que pose le virtuel, les dérives des réseaux sociaux doivent devenir des problèmes philosophiques, mais aussi des prétextes pédagogiques pour beaucoup de cours dans les séries littéraires et même dans celles scientifiques.

Les thèmes de la vie sociale (nature et culture, les normes, la liberté, l’individu et la société, l’État, etc.) de l’épistémologie, de l’art peuvent parfaitement être pris charge avec les supports des TIC. La société n’est plus ce qu’elle était naguère, les TIC font désormais partie des mécanismes de socialisation et/ou de désocialisation. La culture (langage, communication, travail, normes, créations matérielles et immatérielles) ne peut plus être conceptualisée comme elle l’était à l’époque d’Aristote. Lui au moins a pensé son époque, c’est nous qui ne sommes pas en mesure de comprendre la nôtre et de la théoriser. Le lien étroit entre cultures, mondialisation et internet doit nous inciter à méditer davantage la question de l’unité du genre humain par-delà la diversité des opinions, des cultures et des langues. Que sont aujourd’hui les normes sociales face au virtuel où la liberté est presque absolue ? La déviance et la marginalité ont changé de forme et de contenu : nous sommes très en retard sur la marche de notre société.

La frilosité envers les TIC cache mal un malaise de notre système éducatif et de notre société : ils peinent à s’adapter aux nouveaux enjeux. Il ne faut jamais oublier que l’école est la rencontre entre les adultes et les jeunes ; donc entre le présent et le futur. Les peurs et les complexes des adultes, leur incapacité à prendre en charge la vitesse de la modernité ne doivent pas être un obstacle à l’épanouissement intellectuel des jeunes. La réussite de toute société passe par la dialectique entre le conformisme et l’anticonformisme ; entre le conservatisme et l’innovation. Les grands progrès du monde sont tributaires du génie qu’a chaque peuple ou chaque époque de faire cette symbiose entre deux exigences apparemment antinomiques.

Alassane K. KITANE
Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck de Thiès
Président du Mouvement citoyen LABEL-Sénégal
Membre de l’Initiative politique et citoyenne FIPPU

Ousmane Sonko explique son absence à l’hommage à Bruno Diatta par des problèmes de « mise en place et de préséance »

POLITIQUES – Le député opposant et candidat à la candidature présidentielle Ousmane Sonko a expliqué les raisons de son absence à la cérémonie de l’Hommage national dédié à Bruno Diatta sur sa page Facebook. Voici l’intégralité de son post :

Chers Compatriotes,

Nous avons reçu ce matin une invitation de Monsieur ALY NGOUILLE NDIAYE , Ministre de l’intérieur, à la cérémonie d’hommage au regretté #Bruno_Diatta prévue ce jour à #11h.

Pour des raisons liées au temps très court et au respect des règles du protocole, notamment la mise en place et la préséance, nous n’avons pas pu nous y rendre comme souhaité.

Je tiens à remercier le Ministre de l’Intérieur et tout le gouvernement du Président Macky SALL d’avoir pensé à nous associer à cet événement de haute portée républicaine.

Pastef Les Patriotes, en mon nom, s’incline une fois de plus devant la mémoire de l’illustre disparu.

Vive la République!

A Diourbel, Malick D., prof d’Eps, menace de mort Samour F., époux de son ex femme

Né le 28 décembre 1971 à Thiès, le professeur d’éducation physique et pratiquant d’arts martiaux, Malick D., comparaissait ce jeudi devant le tribunal des flagrants délits de Diourbel. Il répondait des chefs de menaces de mort et injures publiques sur la personne de Samour F..

Ce que reproche l’accusé à Samour F., c’est d’avoir épousé son ex-femme, Mame Bousso, avec qui il a divorcé il y a quelques mois. Et depuis, Malick D. avec sa masse athlétique assez imposante, prend pour cible Samour F. qu’il menaçait de mort et injuriait publiquement.

Finalement, F. s’est résolu à porter plainte et Malick D. est arrêté. Devant la barre ce matin, l’accusé qui a tout nié, malgré le témoignage de Modou F., a expliqué au juge que sa seule motivation était de faire comprendre à Samour F. qu’il ne devait toucher à ses trois enfants dont leur mère avait obtenu la garde.

Parrainages : Aïda Mbodj porte plainte à Tambacounda

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POLITIQUES – Aïda Mbodj, la présidente de l’Alliance nationale pour la démocratie (And)/ « Saxal Liguey », a saisi la justice. Me Amadou Hady Bâ déjà commis, elle pointe d’un doigt accusateur sur le Préfet de Tambacounda, dans ‘’Yoon wi’’ de la Rfm. Ce dernier aurait, accuse-t-elle, envoyé des Agents de sécurité de proximité (Asp) pour « molester » un de ces collecteurs pour le parrainage de sa candidature.

‘De quoi Sonko est-il le nom ?’ (Tribune de ‘L’Afrique des Idées’, think tank)

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Par Nicolas Simel Ndiaye, fondateur du think-tank ‘L’Afrique des Idées’ – L’opposant Ousmane Sonko, candidat à la présidentielle de 2019, fait figure de nouveau venu dans le paysage politique sénégalais. Nicolas Simel Ndiaye, fondateur du think tank L’Afrique des Idées, estime qu’au-delà du tournant qu’il représente dans l’histoire politique récente du pays, il est aussi le produit de l’échec de la majorité présidentielle à mener les réformes attendues.

Après avoir habitué les sénégalais à une opposition acharnée au sein de l’Assemblée nationale depuis l’été 2017 ; après avoir sans coup férir réuni le nombre de parrainages nécessaire pour être candidat à l’élection présidentielle de février 2019 ; après avoir publié ses « Solutions » et réussi un lancement de campagne inédit, Ousmane Sonko incarne désormais une nouvelle façon de faire de la politique au Sénégal fondée sur un triptyque : la confrontation des idées, la compétence et l’incarnation d’une jeunesse décomplexée, ambitieuse, combative.

En cela, Ousmane Sonko constitue une triple chance pour le Sénégal. D’abord pour notre vitalité démocratique, car une majorité présidentielle aussi large a besoin d’une opposition d’autant plus forte pour éviter de sombrer dans un confort et une léthargie certes confortables à court terme mais de toute évidence insoutenables dans la durée.

Ensuite pour notre jeunesse, dont une partie cède progressivement aux sirènes de l’indifférence vis-à-vis de la politique.

Enfin pour nos institutions, dans la mesure où il défend un principe certes consensuel mais jamais acquis, celui de l’équilibre du pouvoir, pour que, comme l’écrivait Montesquieu, « par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ».

Produit du désenchantement

Cependant, qu’il n’en déplaise à ses partisans tout autant qu’aux inconditionnels de la majorité présidentielle, Ousmane Sonko est aussi le produit d’un désenchantement qui affecte une partie des Sénégalais, notamment au sein de la jeunesse. En dépit de quelques succès tangibles, la majorité présidentielle a en effet laissé germer un désenchantement qui s’est nourri de deux erreurs stratégiques.

La première de ces erreurs a consisté à donner la priorité à des projets emblématiques en délaissant des réformes pourtant nécessaires. Le Plan Sénégal émergent (PSE), qui constitue le référentiel des politiques publiques à l’horizon 2035, offre une illustration parfaite de ce décalage stratégique. Si environ 60% des 27 projets phares ont été initiés, à peine 30% des 17 réformes phares l’ont été.

Les initiatives pour aligner l’enseignement supérieur sur les besoins de l’économie, structurer et promouvoir la formation continue, permettre aux acteurs de l’économie informelle d’accéder à la protection sociale, moderniser l’administration sont restées timides pour l’essentiel.

Quant aux réformes institutionnelles, les recommandations substantielles issues des Assises nationales sont restées pour la plupart lettre morte alors même que les sénégalais souhaitent une plus grande indépendance de la justice et un contrôle parlementaire sérieux sur l’action du pouvoir exécutif.

Quand bien même les réformes ne se « mangent » pas, elles constituent, par leur caractère structurel, un terreau qui favorise à long terme l’amélioration des conditions de vie, portent en elles des symboles qui renforcent la fierté de notre peuple, produisent le ciment qui consolide notre démocratie.

Incapacité à faire émerger de jeunes leaders

La seconde erreur stratégique qui nourrit le désenchantement dont profite Ousmane Sonko, est que la majorité présidentielle, alors même qu’elle en possède le vivier, n’a pas réussi à faire émerger des figures de réussite issus de la jeunesse, capables de donner du sens et de parler de façon crédible à la jeunesse de notre pays.

En discutant un jour avec un proche conseiller du président de la République, j’ai insisté sur la nécessité de mieux comprendre la jeunesse de notre pays, de s’adresser davantage à elle, de lui inspirer confiance. Mon interlocuteur, un brin agacé, me répond que ceux qui entourent le président connaissent la jeunesse, qu’eux aussi ont un jour été jeunes et que la jeunesse n’est pas un corps spécifique qu’ils découvraient à neuf mois de la prochaine élection présidentielle. Chacun appréciera.

S’est-on demandé ce que valait aujourd’hui pour la jeunesse sénégalaise la parole d’Ousmane Tanor Dieng ou celle de Moustapha Niasse?

Il reste que les faits sont têtus. Dans un pays où l’âge moyen est de 19 ans et où 81% de la population a moins de 40 ans, aucun membre de l’actuel gouvernement n’a moins de 40 ans. Très peu de jeunes ont figuré sur la liste des 330 candidats titulaires et suppléants investis par la majorité présidentielle.

Dans une note aux lendemains des législatives du 30 juillet 2017, j’attirai déjà l’attention sur le fait que cette forme d’injustice à l’égard des jeunes contrastait avec la tendance grandissante de leur conscience politique et, partant, leur volonté de participer de manière plus active à la gestion des politiques publiques. Que si la tendance actuelle devait se poursuivre, la majorité présidentielle laisserait aux oppositions un champ libre pour prétendre représenter la jeunesse du pays.

Lorsqu’Ousmane Sonko s’engage sur le terrain du débat d’idées armé du talent et de la fougue juvénile qu’on lui connait, qui donc est susceptible de lui résister ? S’est-on seulement demandé ce que valait aujourd’hui pour la jeunesse sénégalaise la parole d’Ousmane Tanor Dieng ou celle de Moustapha Niasse? Celle de Moustapha Cissé Lô ou de Souleymane Jules Diop ? Celle de Souleymane Ndéné Ndiaye ? Arrive-t-il encore qu’on entende cette phrase « Ce que vous êtes crie si fort que l’on n’entend pas ce que vous dites » ?

Un tournant pour la vitalité démocratique sénégalaise

Au-delà de tout clivage politique, il ringardise certains et donne de l’espoir à d’autres

Comme pour tout candidat, il est peu probable qu’Ousmane Sonko devienne un jour président de la République car la sentence biblique est péremptoire : beaucoup sont appelés, peu sont élus. Il est encore moins probable qu’il devienne président de la République dans quelques mois car à la raison statistique évoquée s’ajoutent des arguments de sciences politiques électorales classiques, un contexte sénégalais peu favorable et, il faut le reconnaître, un bilan du président Macky Sall qui n’exige en rien qu’on veuille se débarrasser de lui à tout prix.

Ousmane Sonko marquera tout de même un tournant dans l’histoire politique récente du Sénégal, celui d’une autre façon de faire de la politique, d’incarner la jeunesse, d’être exigeant avec nos dirigeants, d’être exigeants avec nous-mêmes. En cela, et au-delà de tout clivage politique, il ringardise certains et donne de l’espoir à d’autres.

 

Nicolas Simel Ndiaye (consultant international en stratégie. Diplômé de Sciences Po Paris et de HEC, fondateur du think-tank L’Afrique des Idées)

La veuve Thérèse en pleurs; Macky remercie Bruno Diatta au nom de Senghor, Diouf, Wade et lui-même

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Debout aux côtés du Président Macky Sall et de la Première Dame, Thérèse D’Erneville Diatta, la veuve de Bruno Diatta, a versé des larmes en voyant arriver le cercueil de son défunt mari porté par des militaires de l’armée Sénégalaise.

Hommage était rendu ce jeudi matin à Bruno Diatta au nom de toute la nation sénégalaise devant le palais de la République. Son cercueil recouvert du drapeau tricolore vert, jaune et or a été a été déposé devant les grilles du palais.

Dans son oraison funèbre, Macky Sall a tenu à faire un témoignage élogieux des états de service du défunt chef de protocole Bruno Louis Diatta : « Bruno était méticuleux. Il ne laissait rien au hasard. Bruno Diatta était exceptionnel et savait comment se comporter. Il a travaillé toute sa vie, jusqu’à son dernier souffle. Monsieur Bruno Bernard Louis Diatta, au nom de mes prédécesseurs, Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, je te dis merci pour tout ce que que tu as fait pour ton pays, mais aussi pour tes états de service. Toute la Nation Sénégalaise te remercie et prie pour toi! »

6 mois ferme pour Ibrahima N., le jeune homosexuel de Liberté 4

Des peines ferme pour le jeune homosexuel de 25 ans et pour l’auteur de la vidéo des ébats.

L’affaire des jeunes homosexuels de Liberté 4 a connu son épilogue. Les mis en cause ont été finalement condamnés à des peines ferme. Il s’agit d’Ibrahima N., filmé en train de commettre des actes contre nature qui écope de 6 mois d’emprisonnement ferme et de Mariama Monique D. qui a été condamnée à 2 ans dont 3 mois ferme pour diffusion d’images obscènes.

Appréhendés par les agents de la police de Dieuppeul, les mis en cause ont été jugés ce mercredi au tribunal de grande instance de Dakar. Devant le juge, Ibrahima N., âgé de 25 ans, a reconnu les faits qui lui sont reprochés. ‘’Claude André A. et moi avons entretenu des relations sexuelles. Il me faisait souvent des propositions. Mais, je refusais. Je ne le referai plus jamais. C’est parce que j’avais des soucis d’argent que j’ai cédé’’, a-t-il dit.

Mariama Monique D., âgé de 20 ans, est pour sa part, celle qui a immortalisé la partie de plaisir interdite. Entendue, elle est passée aux aveux. ‘’Je reconnais les faits. (…). Il avait pris un appartement, je suis passée le voir. J’ai entendu du bruit suspect. C’est là que j’ai sorti mon portable pour filmer la scène à leur insu, et l’ai ensuite transférée à une copine. Je suis désolée. C’était la première fois que je voyais des garçons s’adonner à une telle pratique. J’avais, par la suite supprimée la vidéo. J’ignorais cependant que cela pouvait nous causer tous ces ennuis’’.

Le procureur, dans ses réquisitions, a estimé que la culpabilité des mis en cause ne souffre d’aucun doute. ’’Les faits de collecte illicite et de distribution de vidéo contraire aux bonnes mœurs, sont établis ». Il a requis un an contre I. Ndiaye. Et 2 ans dont 1 mois ferme contre la jeune fille.

L’avocat de Mariama M. Diatta, venu au secours de sa cliente a plaidé une application bienveillante de la loi pénale. ‘’Elle a plaidé coupable. Il n’y avait pas cette intention de nuire à I. Ndiaye », dit-il. Le conseil d’Ibrahima Ndiaye a, quant à lui, indiqué que ce qui est arrivé à son client ‘’résulte d’un concours de circonstances. (…) Il est devenu une proie facile à tous les prédateurs. Notamment, ces prédateurs sexuels, il a été chassé de la maison par son père. S’il a commis cet acte contre nature, c’est qu’il était dans une condition très précaire. (…). Mais, nous devons nous dire que nous sommes devant des êtres humains, je ne pense que cette peine soit justifiée. Il n’a jamais eu ce penchant pervers, il a compris’’.

Des plaidoiries qui n’ont pas convaincu le président du tribunal. Celui-ci, rendant sa décision, a condamné les mis en cause à des peines ferme.

Hommage à Bruno Diatta ce jeudi : les Présidents ‘français’ Abdou Diouf et Abdoulaye Wade absents

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Abdoulaye Wade et Abdou Diouf n’assisteront pas à l’hommage national prévu ce jeudi pour Bruno Diatta. Ils seront représentés. Le journal précise que Diouf le sera par sa famille tandis que le pape du Sopi enverra, entre autres, Me El Hadji Amadou Sall et Babacar Gaye.

Lancement de la radio des démissionnaires de TFM : ce sera le jour de l’anniversaire de Youssou Ndour

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Démissionnaires du Groupe futurs médias (Gfm), Mamoudou Ibra Kane et Alassane Samba Diop vont lancer leur groupe de presse un jour spécial.

Ils ont retenu le 1 octobre prochain, date de naissance de leur ex-patron, Youssou Ndour. Clin d’œil coquin ou pur hasard ?

Ils vont lancer d’abord une radio. Suivra une télévision qui émettra, d’après L’AS, sous la licence de Racines TV d’El Hadji Ndiaye, patron de la 2sTv.

Le groupe de presse des ex directeur général de Gfm et de la Rfm se nomme Baobab.

Barthélémy Dias sort de prison dans 4 jours. Sauf si….

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«A quatre jours de sa sortie, on s’empresse pour tenir coûte que coûte un procès», a critiqué le maire de la Médina Bamba Fall au sujet de la détention de Barthelémy Dias.

«Ce pays n’a plus de quiétude, n’a plus de stabilité. On n’a pas besoin de ce harcèlement. Laissons les gens tranquilles, les leaders de l’opposition tranquilles. Sils nous obligent ce parrainage, qu’ils nous fichent la paix, parce que… le deuxième tour est imminent, il est inévitable. Macky Sall ira bel et bien au deuxième tour. Tout ce qu’ils sont en train de faire c’est de museler les opposants afin qu’ils se taisent», martèle l’ému de la Médina, face à la presse.

Quid de la succession de Khalfa Sall à la tête de la mairie de Dakar ? «La Ville de Dakar n’a pas été gagnée par Benno Bokk Yakaar, n’a pas été gagnée par le Parti socialiste», s’empresse-t-il de clarifier.

Et «Taxawu Dakar, insiste-t-il, aura bel et bien un candidat et que le maire serait bel et bien issu des rangs de Taxawu Dakar».

La Sénégalaise Maguette M., 25 ans, égorgée par son mari à Bilbao (Espagne)

FAITS D’HIVER ET D’HIVERNAGE -Horreur et émoi en Espagne. Maguette Mbengue, 25 ans, a été tuée par son mari. Il l’a égorgée sous les yeux de leurs deux enfants. Le drame a eu lieu hier, mardi 25 septembre, à 13h 30, à Bilbao, en Espagne, dans leur appartement sis à 25th Street Olerias Atlas.

Selon Les Échos, qui donne l’information, son mari d’origine sénégalaise, qui était en cavale à Mutriku, une ville basque, a été finalement arrêté par la police. lI a été mis en examen pour homicide et meurtre par conjoint.

Le journal indique que la victime avait porté plainte contre son mari pour violences conjugales.

Le fils de l’ancien Président angolais Dos Santos arrêté pour détournement de cinq cent millions de dollars US d’un fond étatique

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LES AFRIQUES – Accusé d’avoir détourné 500 millions de dollars, mais aussi de blanchiment d’argent et d’escroquerie alors qu’il était en charge de la gestion d’un fonds étatique, Jose Filomeno dos Santos a été placé en détention provisoire lundi 24 septembre. C’est le premier membre de la famille de l’ancien président à être arrêté dans une affaire de corruption. Jamais encore dans l’histoire du pays un membre de la famille d’un président n’avait été placé en détention.

A Luanda, tout le monde s’accorde à le dire : mettre le fils d’un ancien président derrière les verrous, même de façon préventive, est un signal extrêmement fort. Et avant tout celui que la justice a reçu le feu vert pour s’attaquer aux plus puissants du pays.

A la veille du premier anniversaire de son élection, pour João Lourenço, c’est aussi l’occasion de gagner quelques points de popularité et montrer qu’il tient promesse. A savoir lutter contre la corruption. Mais moraliser la vie publique angolaise est un chantier immense qui va prendre des années.

Le cas de Jose Filomeno dos Santos en est le parfait exemple. Inculpé en mars dernier pour avoir effectué un virement de 500 millions de dollars du fonds souverain vers un compte en Angleterre dans un premier temps, le fils dos Santos était resté libre, placé sous contrôle judiciaire uniquement.

Mais au fil de l’instruction, de nouvelles preuves d’actes de corruption se sont accumulées : blanchiment d’argent, escroquerie, perception d’avantages et autres délits. Autant d’éléments qui ont permis au procureur général de passer à l’étape supérieure : la détention préventive.

Y aura-t-il d’autres arrestations de cadres angolais dans les prochains mois ? Les défenseurs des droits de l’homme veulent croire que oui. Dans l’immédiat, le fils dos Santos reste en tout cas détenu jusqu’à la fin de son procès.

« Est-ce que c’est une décision populiste? Est-ce que c’est une revanche? Peu importe, ce qui importe c’est que le feu vert à été donné au système judiciaire pour qu’il fasse appliquer la loi. Ce que le procureur a fait, c’est ce que la population angolaise demande depuis des années: la justice. Et c’est légal, cela fait partie de la procédure normale que Jose Filomeno dos Santos et son acolyte soient placés en détention provisoire. Car Jose Filomeno dos Santos n’a pas été arrêté pour avoir fait ce virement de 500 millions de dollars, il a été placé en détention préventive car il a continué à piller le fond souverain qu’il dirigeait. Il ne s’est pas arrêté, il a refusé de rendre l’argent volé, lui et son acolyte ont continué à commettre les mêmes crimes et donc ils doivent être placés en détention. »
Rafael Marques, journaliste et analyste angolais
 

‘Le Président Patrice Talon est guidé par la loi du Talion, l’esprit de revanche’ (ancien Président Soglo)

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LES AFRIQUES – Lors d’une conférence de presse mardi 25 septembre 2018 à Cotonou, l’ex-président béninois Nicéphore Soglo a estimé que les dernières mesures du gouvernement de Patrice Talon constituaient une « déclaration de guerre ».

Face à la presse ce mardi à Cotonou, Nicéphore Soglo n’a pas mâché ses mots. L’ancien président béninois est monté au créneau pour « tirer la sonnette d’alarme » concernant les dernières mesures adoptées par le gouvernement de Patrice Talon.

Nicéphore Soglo s’est d’abord inquiété de la tournure prise par la lutte contre la corruption. Selon lui, cette politique est impartiale et guidée par « la loi du Talion, l’esprit de revanche ».

« Cycle infernal » pour le Bénin

L’ancien président a par ailleurs pointé du doigt le nouveau code électoral, adopté par le Parlement béninois il y a quelques semaines, qui impose une caution de 250 millions de francs CFA (300 000 euros) aux candidats aux élections présidentielle et législatives. Ce texte suscite l’inquiétude de l’opposition béninoise.

« Cela ressemble à une véritable déclaration de guerre, a-t-il insisté. En excluant brutalement et maladroitement des élections les jeunes, les pauvres, les déshérités, le gouvernement et ses alliés au Parlement ont, cette fois, poussé le bouchon trop loin. »

Sur cette lancée, Nicéphore Soglo s’est inquiété des conséquences de ces mesures. « Notre pays entre dans un cycle infernal aux développements imprévisibles », a averti l’ancien président.

Le prix Nobel alternatif attribué à un paysan burkinabé de 80 ans, «l’homme qui a arrêté le désert»

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AFROSPHÈRE – A 80 ans, Yacouba Sawadogo voit son travail récompensé. Ce cultivateur burkinabè a reçu ce 24 septembre à Stockholm, le Right Livelihood Award 2018, plus connu sous le nom de prix Nobel alternatif, pour son combat contre l’avancée du désert. Depuis plusieurs années, Yacouba Sawadogo met en œuvre, avec peu de moyens, des techniques pour lutter contre ce fléau qui affecte les zones arides du Sahel.

Surnommé affectueusement « l’homme qui a arrêté le désert »,  le Burkinabè Yacouba Sawadogo pratique l’agriculture depuis l’enfance. En observant la terre et en se mettant à son écoute, ce cultivateur de 80 ans a développé une méthode innovante, appelée le « zaï ».

Le principe est simple : il s’agit de préparer le sol en saison sèche, en creusant des trous, remplis de débris organiques. Ces débris attirent ensuite les termites, naturellement présentes dans cette zone. Ces dernières creusent des galeries, qui permettent la rétention de l’eau dans les sols. Reste alors à planter les graines.

Forêt en zone aride

Grâce à cette technique traditionnelle, Yacouba Sawadogo est parvenu à planter une forêt d’une trentaine d’hectares dans la région très aride de Ouahigouya. Cette prouesse écologique a été réalisée dans une zone devenue aride après une longue période de sécheresse dans les années 1970.

Yacouba Sawadogo travaille par ailleurs sur la médecine douce et traditionnelle. Sa méthode, quant à elle, est désormais utilisée dans certains programmes agricoles au Sénégal, au Mali et au Niger.

‘Hapsatou & Éric, conflit de nostalgies d’enfants d’immigrés’ (Par Elgas)

Dans la petite commune des Mureaux, dans les Yvelines, l’actuel plan de rénovation urbaine est comme une énième promesse du vivrensemble dans une France qui se déchire. Promesse de voir les immeubles et vieilles tours des années 60 s’effondrer, d’y voir s’ériger de nouveaux bâtiments. Mais plus encore, de voir renaître ces quartiers, où l’immigration africaine et maghrébine a fini par dupliquer les mœurs du pays d’origine, pour contrer l’exclusion et l’abandon des pouvoirs publics, mais aussi maintenir le lien jamais renié avec le pays. Quand les grands immeubles anciens sont dynamités au gré des nouveaux « plans banlieue », c’est le spectacle, presque le film, d’une histoire commune que les habitants regardent religieusement, avec fol espoir et pincement au cœur mêlés. Dans les boucles de la Seine qui serpentent jusqu’en Normandie, les premiers immigrés de travail sénégalais, issus pour une large part de la vallée du fleuve Sénégal, se sont installés pour travailler dans l’industrie. Après les foyers, beaucoup d’entre eux avaient été ventilés dans ces nouvelles cités, symboles, entre autres, des trente glorieuses. Poissy, Argenteuil, Mantes-la-Jolie, ou encore les Mureaux, deviendront ainsi les lieux de vie de cette immigration des pionniers.

Malgré le temps qui passe, ce demi-siècle d’accommodements, de renoncements et de rêves, il y a une forme de mélancolie qui reste, un scepticisme devant les annonces politiques qui les blasent, la réalité d’un éloignement du centre parisien qui les rend étrangers. Mais plus encore, demeurent vifs, les sentiments contraires, d’une intégration impossible, et d’un retour au pays différé, hypothétique voire impossible. Le soir, au sortir de la mosquée, dans les petits jardins, les cafés, ces immigrés qui ont pris de l’âge dissertent librement. Ils avaient quitté le Sénégal pour le travail, souhaitaient tous rentrer au pays, mais des concours de circonstances, climatiques ou économiques, conjoncturelles ou politiques, frappant les jeunes Etats africains dans les années 70 ou 80, mais aussi la loi sur le regroupement familial en 74 sous Giscard, obligeront une large majorité à rester. D’un pays dont ils ne convoitaient que quelques respirations économiques ponctuelles, ils devaient ainsi embrasser les emblèmes, se projeter, avec les blessures fraiches de la colonisation et les assignations qui prenaient tour à tour la forme du racisme ou de l’exclusion, n’aménageant en fin de compte qu’un tout petit canal nommé assimilation, pour la promotion républicaine. Arrachés à leur terre par la violence symbolique d’un départ contraint, l’immigration sénégalaise en France porte en elle ce goût acide que la nostalgie essaie tant bien que mal de soigner.

Le berceau français

Quand naît Hapsatou Sy en 1981, la France est multi-ethnique mais pas encore multiculturelle. Il reste encore les rigides acceptions de l’intégration, à travers l’assimilation, injonction aux relents colonialistes qui perd ainsi ce qu’elle peut avoir de recevable. A Sèvres, commune agréable des Hauts-de-Seine, où elle vit le jour, le mélange des populations est déjà une réalité même timide. L’école remplit encore son rôle de promesse. La première déchirure est d’abord intrafamiliale, entre ces parents au français hésitant, ces épouses sans ressources intellectuelles, et leurs enfants, produits de la république. Toute la violence, toujours minorée de l’immigration, rejaillira sur ces enfants, aspirants français à l’école et dans l’espace des rencontres, mais si attachés à leurs cultures d’origines dont ils reçoivent tous les codes, et dont les parents souhaitent perpétuer l’héritage comme une thérapie de leur propre déception. La transmission des valeurs, différentes du corpus français, linguistique, culturelle, religieuse, formeront la digue intime, par laquelle on préserve encore les acquis dans la furie de déculturation de la migration. Les parents pousseront leurs enfants à se surpasser, dans cette logique d’excellence qui doit racheter leur déficit en codes français. L’initiation y portera le double goût de la détermination, mais aussi l’envie de garder un patrimoine inviolé, qui commande à embrasser les valeurs citoyennes de la France mais pas ses symboles historiques et culturels. Cette incompatibilité, voire ce divorce originel, annonce la première fissure de la fracture identitaire que tout procès colonial, comme celui en cours, a vocation à embraser.

Éric Zemmour lui, est né en pleine guerre d’Algérie en 58 à Montreuil. Le destin des pieds noirs d’Algérie, des juifs, des catholiques, des harkis, sera façonné par cet épisode tragique, structurant, au-delà, de la seule question de l’immigration. Quand Roger Zemmour, son père, s’installe avec sa famille à La Goutte D’or dans le 18e arrondissement, la France est la terre du refuge, et la terre du salut pour eux. Ils lui vouent un culte, une gratitude éternelle. La colonisation avait déjà aménagé un cordon passionnel avec la France, déjà en Algérie, laboratoire pour le meilleur et le pire, de la colonialité française. L’Algérie signe curieusement la fin d’un type d’empire français, aux inflexions Bonapartiennes, en même temps, que cette chute de la grandeur, trouvera des contempteurs qui se proposeront d’être les chevaliers correcteurs de cette injustice. Ce garçon, dont les parents ont fait le choix de l’assimilation, de se dépouiller de toute identité qui pourrait voiler l’éclat de leur nouvel habit ; cet élève qui rêvait de grande Histoire Française, qui a lu Jacques Bainville et rêvait de Lucien de Rubempré, poussé par ce désir d’excellence – commun aux mères, mais trait distinctif de la mère juive -, embrassera la France dans une passion que l’âge, mais plus encore, le zèle, rendra plus suspect.

La renaissance par les médias

Quand Hapsatou lance son entreprise de cosmétique, incubée par la promesse républicaine de l’entreprenariat sous Sarkozy en 2011, Éric, après 5 années de tribune dans « On n’est pas couché », raccroche les gants de la polémique du samedi. L’ancien étudiant de Sciences Po, journaliste politique, à la plume acérée et aux idées souverainistes, le sait : pendant 5 ans, il s’est donné en France le rôle du débatteur invincible, avide en duel, où chaque indignation alimentait son statut de martyr des idées, ce totem de la vie politique et intellectuelle française. Confidentiel avant 2006, l’émission lui donne une place et un élan, dont se nourriront des livres bien vendus et sa propre légende. Hapsatou, entrepreneure fragile, naîtra réellement à la télé, qui devient le moteur de son commerce économique. L’accélération de l’histoire, sous le mouvement général, et l’effet numérique de l’immigration, a invité le multiculturalisme subitement en France. Ce que le pays s’évertuait à cacher, ou à oublier, s’est fait jour. La modestie et l’effacement des pères des Mureaux deviendra la revendication et le combat politique de leurs enfants. Eux qui ont les codes, une citoyenneté pleine, seront les porte-voix des parents qui se sont tus. Les marqueurs identitaires, qui n’étaient que des transmissions familiales, deviendront chez les enfants des instruments de lutte et d’affirmation, se nourrissant, du reste, des pays anglosaxons et du laboratoire mondial du différentialisme et de l’émancipation que sont les USA.

Curieusement, Hapsatou Sy sera un des emblèmes de cette France métissée, qui entreprend, fière de ses origines, ce dont elle fait d’ailleurs un argument marketing. Egérie d’un libéralisme nouveau, où la diversité et l’identité sont solubles dans le capitalisme. Ses entreprises cosmétiques s’essouffleront pour partie mais sa nouvelle notoriété d’icône, chique et télégénique, en fera une nouvelle mascotte du vivrensemble, totalement dépolitisée et purement décorative. Le vedettariat ne s’enracine jamais dans une histoire, il scintille en façade, et on y paraît plus qu’on y est. Hapsatou sera la combattante sans bagage, sans légitimité autre qu’esthétique ; invoquant les arguments d’un multiculturalisme heureux, pour oublier la violence réelle d’une histoire. Et d’histoire, Zemmour y emprisonne la France. Amateur d’identités fossiles, figées, il est l’un des seuls à rêver de cette grandeur française surestimée, au risque de tordre les faits, de les convertir à son dessein politique.

Si l’homme est bardé de références, il faut noter qu’il est partiel dans sa lecture des données, car l’immigration a produit une diversité d’études dans lesquelles on trouve facilement une complexité qui n’est pas réductible à des trajectoires simples. Le souverainisme en France a toujours trouvé en littérature une grande et belle expression. La droite littéraire a donné à la France un de ses plus beaux trésors. Qu’il s’agisse de Bernanos, ce travail vigilant sur les ravages de la modernité, cette foi bienveillante, portaient toujours ce que Senghor appelait le « banquet fraternel », cette humanité élémentaire pour l’autre. Cette intégrité du propos, avec la chair de l’honnêteté, manquent cruellement à Zemmour, aspirant à la grande Histoire mais en réalité, vulgaire chroniqueur qui doit toute sa notoriété à ce fait télévisuel et à ces petits pets qui empestent le buzz. Dans la droite intellectuelle, il n’a pas non plus la finesse d’un Revel, ni l’épaisseur et l’élégance d’un Aron.

Comment aimer la France ?

Depuis Mélancolie Française, premier opus de cette trilogie sur la supposée décadence française, en passant par le Suicide français, et Destin français, Zemmour aime la France. La grandeur de Napoléon, les batailles, les trésors, la littérature. Cela peut être noble, le patriotisme a toujours des accents zélateurs, mais il n’est pas en soi une tare. Mais Zemmour aime la France d’une étreinte étouffante et sectaire. Un amour vrai mais gauche, un amour qui exclut. Dans ses livres où se mélangent poésie, sanglots et emphase, que traversent une enfance et un rêve lointains, il donne l’image d’un homme esseulé qui tente de retenir par ses mains et ses cris le train de l’Histoire dans une déchirante et vaine complainte. A l’image d’un Finkielkraut, il est le symbole encore une fois de ce que la peur inflige à la pensée ses pires carences, et ruine jusqu’au talent. Et pourtant Zemmour en a. Pour un homme si porté sur l’Histoire, qui a la citation facile, il est incroyable de noter que sa lecture de la tragédie historique est hémiplégique. Il y fait preuve d’une amnésie volontaire de la colonisation et de sa violence, qui produit une contre-violence en défense. Zemmour fait table rase de cette donnée, requalifiant les stratégies de lutte en paranoïa. Cette incapacité, sans doute cette volonté, d’oublier la totalité de fait tragique de l’histoire, est le trou béant, la principale faiblesse et l’insincérité de l’homme.

Hapsatou Sy donne à cet amour de la France une vision nouvelle et naïvement idyllique, d’une juxtaposition sans racines de communautés. Les deux sont frappés pourtant par la même violence de l’Histoire, l’antisémitisme, créant d’autre part des réflexes de défense, même si dans ce côté, au risque de créer une polémique, Zemmour pense contre lui-même. Il n’en est pas moins une victime. Ses propos sont contestables, d’ailleurs sont-ils contestés, mais tout ostracisme serait malvenu, il faut opposer à sa pensée un réel contrepoids. S’il a une telle longévité, et du crédit, c’est que ce n’est pas un tonneau vide, il compte. La télévision comme les réseaux sociaux n’ont ni codes de bienséance ni charte d’élégance. Il faut dès lors en subir, pour ceux qui en sont les usagers, les grossières foucades, les inélégances et les attaques. Le racisme comme accusation et indignation immédiate, n’est pas opérant.

Multiethnicité & multiculturalisme

Au-delà des spasmes télévisuels, il est intéressant de noter qu’Hapsatou et Éric sont des idoles modernes, pratiquement fabriqués par le même mécanisme médiatique. Ils éclairent un peu plus ce tabou français à discuter l’immigration avec la sincérité et l’honnêteté qu’il faut, sans les biais idéologiques. L’immigration n’est pas une fable heureuse de grands cœurs, ni une menace barbare, c’est un mouvement historique qui doit revivifier toutes les responsabilités. Il faut ainsi, pour dépasser la question risible des prénoms, pointer que l’assignation est double. Les immigrés sont certes renvoyés à leurs origines, mais ils la revendiquent, la mettent en avant et font, pour certains, de leur identité un instrument potentiellement conflictuel avec leurs pays d’adoption ou de naissance qu’ils jugent institutionnellement raciste. Que l’on puisse avoir un pays du « cœur », et un pays de la « raison », doit pouvoir être dit sans scandale. Et que cela interfère dans le malaise à se définir, est sans doute la vraie question actuelle.

La transition de la multiethnicité à la multiculturalité en France, avec la confrontation des nostalgies, est le seul sujet sérieux. Un pays est-il une somme de repères et de symboles historiques, en constante évolution, que l’on doit embrasser quand on aspire à y vivre, ou le droit et la citoyenneté, seuls, suffisent-ils pour faire une identité ? Les cultures doivent-elles partout avoir droit de cité, à égalité, sans primat de la culture historique du pays ? « A Rome faut-il faire comme les romains », comme le dit du reste un proverbe sénégalais ? Ou faut-il venir comme vous êtes et le rester comme au Mc Do ? Ces questions, universelles, montrent que la question qui naît aux Mureaux a une résonnance au Sénégal. Le multiculturalisme ne peut être une injonction unilatérale, sa seule chance de succès c’est d’être réversible, applicable aussi au pays d’origine. Sinon, il se crée une asymétrie, comme si des pays étaient plus aptes à être inclus que d’autres, d’autant plus qu’ils sont tous traversés par les flux migratoires, soit en station de départ, soit en station d’arrivée. C’est le risque du déséquilibre, l’autre pente dangereuse.

Il y a chez Éric Zemmour et Hapsatou Sy, une même mécanique de la nostalgie, chacun à travers ses parents. Un conflit de trajectoires. Les immigrés juifs et africains n’ont pas fait les mêmes choix. Et l’injonction à l’assimilation n’a pas pris chez les seconds parce que le passé colonial n’a jamais été soldé, et la République ne leur a pas donné une place. L’effort d’un dépassement n’a pas non plus été consenti par les immigrés africains. Zemmour du reste, dans Destin français, explique que ce débat a agité les juifs de France, sommés de choisir entre la France et Israël. Dans ses formes indolentes, cette nostalgie revêt son côté de mélancolie chez Hapsatou, et chez Zemmour cette tendresse pour une enfance révolue, mue en forme agressive, offensive envers certains musulmans. Il est paradoxal de noter, que les alliés objectifs de Zemmour sont ces frontistes ou panafricanistes autoproclamés, qui renferment l’Histoire dans une périmètre clos, rêvant d’une pureté. Éric Zemmour est le porte-voix de cette idée fragile qui expurge la nostalgie de son élan positif, pour en faire un bouclier dans un combat qu’ils fantasment. Patrick Weil, intellectuel de gauche, parle d’insécurité historique que ressentent les immigrés, qui ne se reconnaissent dans le récit français et il a raison. Laurent Bouvet, professeur de science politique, pointe, avec le géographe Christophe Guilly, les problèmes de l’insécurité culturelle, que ressentent les populations soumises aux dépossessions de la mondialisation, c’est un fait. Au lieu d’opposer ces deux constats, il faudrait davantage les lier, les creuser, pour fonder une base de commun. La règle législative seule ne peut faire tenir un pays, il faut du liant, des affects, des miroirs, et de la transcendance. A la crise de la foi, s’ajoute la crise économique et identitaire, et l’urgence est de créer cette plage commune ou consentir bonnement et radicalement, dans une partition négociée, à une vie en cohabitation, à la merci des joies comme des conflits.

L’erreur de lecture

Le vent des polémiques est une tentative de contourner la vraie question épineuse que des séquences télévisées exaltées ne peuvent solder. Même dans le champ des sciences sociales, le tabou à utiliser le registre de la culture dans l’analyse, contribue à créer un champ infécond, où le militantisme politique prend le pas sur l’analyse scientifique. La culture, c’est ce qu’on essaie de préserver de différentes manières, actives ou passives, dans la migration, et c’est là, une loi universelle. La générosité de l’accusation en racisme, qui sert à disqualifier toute parole différente, est l’autre étouffoir du débat. Il y a une dévaluation du racisme qui est devenu, non la « douleur indépassable », mais le commerce qui criminalise tout désaccord. L’immigration reste le territoire du rêve, du ressentiment, de la rancune, et le passif colonial reste sous-évalué : il est le seul baromètre sérieux du malaise en France. Il suffit bien souvent, pour éclairer les migrations, d’aller interroger la cause du départ, et les vies de ceux restés au Bled, pour comprendre que l’opposition n’est pas entre « racistes » et « racisés ». Il faut aller à cette racine de l’inconfort. Sinon c’est la mise en scène de deux mauvaises fois, où Éric et Hapsatou, tour à tour bourreau et victime de la vérité, sont en représentation. Oter leurs masques, c’est prendre le risque de voir la hideur de la fracture. Le seul courage c’est de risquer de la voir, au sens de Charles Péguy.

Elgas

Tribune-hommage d’Abdoulaye Wade : ‘L’inimitable Bruno Diatta’

Objet : Décès du Ministre Ambassadeur Bruno Diatta

 

L’inimitable Bruno Diatta! (Par Abdoulaye Wade)

Étant hors du pays, je me suis fait représenter aux obsèques de Bruno Diatta et j’ai voulu attendre quelques jours, le temps que la clameur s’apaise, pour être mieux entendu car mon témoignage de 12 ans de collaboration avec l’un des plus grands serviteurs de l’Etat est, je crois, important et doit être entendu.

Lors de la cérémonie de remise des clefs de la Présidence, en me quittant, le Président Abdou Diouf m’a dit : ‘’Ablaye, comme il m’a toujours appelé affectueusement, je te conseille de garder Bruno.’’

j’ai gardé Bruno Diatta à mon service pendant mes douze ans de mandat présidentiel et je ne le regrette pas.
A mon tour, en quittant le Palais j’ai rappelé à mon successeur ce que m’avait dit le Président Diouf et je lui ai répété la même chose.

Bruno Diatta, diplômé de l’ENAM, Section diplomatique, est ambassadeur dans l’âme et appartient au corps des ambassadeurs de la République dépendant du Ministère des Affaires étrangères. Détaché tôt à la Présidence de la République par le Président Senghor qui l’avait remarqué, pour exercer les fonctions de Chef du Protocole, il y a passé toute sa carrière et vient, comme on dit, de mourir à la tâche car, jusqu’au dernier moment, demeurant en activité au-delà de l’âge normal de la retraite, Bruno était un homme dont on ne pouvait pas se détacher, non point parce qu’il était irremplaçable – personne n’est irremplaçable- mais parce qu’il était inimitable

L’homme est un être délicat, parlant peu, efficace, gros travailleur de jour et de nuit. Son égale humeur rendait sa compagnie toujours agréable.
Les Chefs d’Etat qu’il nous a aidé à recevoir se souviennent de lui et demandent de ses nouvelles en utilisant familièrement son prénom : Et M. Buno ?

Il n y a pas de race Bruno Diatta car il est exceptionnel. Aucun chef du protocole de la présidence ne fera encore 4 présidents et, peu ou prou, 50 années de service.

Un jour, regardant cet homme qui travaillait plus que tout le monde j’ai pensé améliorer sa condition en le nommant Ministre Chef du protocole d’Etat de la Présidence de la République, il a souri et a décliné poliment : M. le Président, vous savez, ‘’je ne suis pas comme ça, je ne tiens pas aux titres’’.
Pour moi, ce n’était pas seulement une question de titre mais un moyen de rémunérer plus équitablement l’immense travail qu’il accomplissait.
Je l’ai quand même hissé au-dessus de ‘’simple ambassadeur’’ en lui adjoignant le titre de Ministre.
En renouvellent mes condoléances à sa famille qui trouvera toujours en moi un père et un grand-père, je prie Dieu de recevoir son serviteur Bruno Diatta en son Paradis.

​​​​​​​​Dakar, 24 septembre 2018

Abdoulaye Wade
Ancien Président de la République du Sénégal

Mairie de Dakar : Le successeur de Khalifa Sall connu ce…

La succession de Khalifa Sall à la mairie de dakar se jouera ce samedi 29 septembre 2018. C’est ce qu’a appris Tract de sources proches du maire de Dakar.

 

 

‘Dégénérescence démocratique : le Sénégal mérite autre chose’ (Tribune d’Alassane Kitane, mouvement citoyen Label)

Les forces réactionnaires ont toujours, eu, à des moments donnés de l’histoire, un petit contrôle sur le cours de celle-ci. Le caractère injuste et parfois tragique de l’histoire de l’humanité s’explique en partie par le fait que ces forces occultes y jouent un rôle actif : elles font partie de l’histoire. Mais les forces du progrès ont toujours réussi à faire face à l’ampleur du mal engendré par les renégats, car elles ont toujours pu puiser dans la conviction et la volonté les ressources nécessaires pour infléchir le cours de l’histoire. Les forces réactionnaires ne sont en réalité ingénieuses que dans le complot et la trahison, c’est pourquoi elles perdent tout ce qu’elles obtiennent par ce biais, car l’héroïsme, le patriotisme ne se décrètent ni ne s’improvisent.

Elles ont éliminé Lumumba, mais elles sont restées impuissantes face à la puissance de son esprit. Elles n’ont, en réalité, vaincu que le côté lyrique de la figure de Lumumba. Elles ont écroué Mandela, mais jamais son esprit et sa vision n’ont été enchainés : au contraire les brimades qu’il a subies durant plus deux décennies n’ont fait que décupler sa force. Elles ont tout tenté contre Cheikh Anta Diop, allant même jusqu’à vouloir ternir sa carrière scientifique, mais ça n’a pas empêché la sagacité de son esprit de transcender les frontières habituelles du temps et de l’espace.

Nous ne devons donc pas baisser les bras : le combat est possible, le combat est nécessaire, le combat est urgent. Notre démocratie est sévèrement malmenée par une oligarchie composite, mais très soudée par les enjeux du pouvoir. Nous sommes divisés sans nous en rendre compte, nous sommes déviés de notre itinéraire démocratique par des intrigues que personne ne pouvait prévoir dans un pays comme le nôtre. Macky Sall est l’incarnation absolue de cette déviation démocratique, mais nous serions ses complices si nous le laissions agir à sa guise ! Qui pouvait imaginer que ce régime descendrait aussi profondément dans les poubelles de la perfidie en systématisant l’achat industrielle des consciences ?

Jamais dans l’histoire du Sénégal on vu un régime manquer de grandeur et de générosité au point d’organiser une pénurie d’expression du pluralisme. Pénurie démocratique : voilà le niveau où Macky Sall nous a rabaissés. Jamais dans l’histoire, pourtant très riche, de ce pays on a vu un régime ostraciser ses adversaires jusque dans ce que la république leur garantit comme droits élémentaires. Jamais dans l’histoire du pays un parti et  un chef d’État n’ont autant joué avec l’unité nationale et les institutions. Voler des cartes d’identité dans un commissariat de police pour parrainer un candidat sortant ! C’est la barbarie à l’état pur, c’est l’incivisme érigé en culture, c’est la roublardise institutionnalisée, c’est le banditisme entretenu et financé par une oligarchie.

Ah les « anthropophages » ! Maintenant ils opèrent en plein jour !

Ils tenteront tout : bientôt les contributions et les chroniques des voix libres de ce pays ne seront publiées que dans la très rare presse libre et avant-gardiste et ça a commencé. Quand un homme ou un clan souffre d’un déficit de grandeur, il n’a pas de limite dans l’indécence et les intrigues. Mais que faire ? Quand on cherche à parrainer un leader qui a osé forcer un bureau de vote et voter sans sa carte, on ne peut pas être un exemple de citoyenneté. Notre république est souillée et il faudra beaucoup d’énergie et de temps pour la purifier. Les antivaleurs ont pris tous les pouvoirs, les anti-modèles dictent leur loi au reste de la société, parce qu’ils sont promus par un État corrompu et corrupteur à grande échelle.

Qui pouvait imaginer qu’un régime sortant pouvait manquer de génie au point de squatter le travail de parrainage de ses adversaires pourtant persécutés ? On a vraiment touché le fond ! Être obligé de se présenter aux citoyens sous le nom d’un rival naguère voué aux gémonies pour pouvoir réussir son parrainage, c’est le comble de la tragédie humaine, c’est simplement le summum de l’absence d’initiative et de courage politique. Quel manque d’assurance ! Quel manque de sérénité ! L’emprisonnement systématique et la corruption dévergondée ne suffisent donc plus, il faut aller le plus loin possible dans la débauche.

Tout ça pour le pouvoir ?

Quand on prêt à descendre si bas pour le pouvoir, cela prouve qu’on n’a pas dans ses tripes l’énergie et la vertu requises pour l’exercer au nom et à l’avantage du peuple. Nul ne peut prétendre servir le peuple en l’achetant, nul ne peut prétendre travailler pour le bien d’un peuple quand il s’emploie à l’abrutir à ce point. Il est urgent que les forces du progrès reprennent le chemin du front contre la vilénie républicaine. La république est arraisonnée par une oligarchie qui exerce le pouvoir exclusivement pour des rentes directes là où les oligarchies civilisées sont au moins capables de faire semblant de servir la communauté.

On est vraiment allé très loin dans la dégénérescence !

Alassane K. KITANE

Professeur au Lycée Serigne Ahmadou Ndack Seck

Président du mouvement citoyen LABEL-Sénégal

‘L’immunité médiatique du Roi-Singe de Ndoumbélane’ (Politique-fiction de Nikita)

« Quand la liberté de parole est confisquée dans un régime de la terreur, la satire devient une arme. »

L’éloquence et la science de la langue wolof ne se discutent plus. Et quand le wolof dit « diaggala yakkhone beutti golo ga », il nous incite à la modestie et à l’équilibre en toute chose. La recherche de la perfection totale incline l’homme à deux extrêmes : la timidité (ou même l’inhibition) et la vantardise. Le timide est celui qui, parce qu’il a peur d’échouer ou de commettre une faute, une erreur ou une simple maladresse, s’abstient de parler et d’agir. La charge d’auto-répression et de rétention qu’il se met finit par inhiber tout génie chez lui : il oublie que la profonde nature humaine réside dans l’imperfection. Celui qui, peur de perdre, renonce à l’action est orgueilleux. C’est l’inverse pour le vaniteux : bien qu’étant imbu de qualités moyennes ou même moins, il exagère tout et fournit anormalement d’énergie pour parfaire son image. Le destin de tout vaniteux est de mener une vie d’extraverti, superficielle et mensongère.

A Ndoumbélane le régime du roi-singe bat tous les records de démagogie et de propagande : ils deviennent vraiment ridicules avec leur stratégie de polissage de l’image du roi-singe. Ndoumbélane se fait ridiculiser en sport mais la presse-à-polissage trouve un moyen d’en faire un succès. Des supporters de l’équipe de Ndoumbélane héritent de la suite présidentielle d’un hôtel de luxe payé par le contribuable sénégalais, mais on trouve une façon d’absoudre un tel crime. Ndoumbélane est dénoncé par les organisations des droit de l’homme, mais la presse-à-polissage trouve un moyen de discréditer ces organisations dont les rapports servaient, il n’y a guère longtemps, à clouer au pilori un régime sortant. Un éminent diplomate, qui a fait l’unanimité à Ndoumbélane, meurt et au lieu de lui rendre hommage dans la dignité et suivant les principes du protocole républicain, on trouve des subtilités d’y glisser l’image horrible du roi-singe pour encore la parfaire. C’est quoi ce cannibalisme intellectuel ?

Ils ne se rendent pas compte de la vanité de leur entreprise. Et pour endiguer tout débat sur la valeur intrinsèque de son excellence, leur héros, le roi-singe, ils décrètent une sentence et la transforment en horrible chanson : le roi-singe a fait plus que tous ces prédécesseurs ! C’est ce qu’on appelle une pétition de principe. Ce type de sentence invérifiable révèle un état d’esprit : les gens de la cour de Ndoumbélane ne s’inscrivent pas dans une logique de construction d’une nation et de consolidation d’acquis démocratiques ; ils sont plutôt dans une logique de destruction d’un héritage commun, parce qu’ils savant que c’est la seule chance qu’ils ont d’exister. Ils ne rendent même pas compte  qu’en débitant de telles énormités, ils indisposent leurs alliés les plus significatifs du moment. Ndoumbélane est vraiment mal barré : les vaincus de la première alternance démocratique ont trouvé un moyen de se refaire une virginité politique. Comme dit le poète satirique romain, Juvénal : « Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem » (Le Vice s’est abattu et venge l’univers vaincu). Personne n’est dupe, vos mensonges ne font que raviver la haine contre ce que symbolise votre règne : le mal expulsé de la porte et qui a trouvé une astuce pour se faufiler dans les fenêtres entrouvertes. De vieux singes socialistes ont réussi à couronner un jeune roi-singe parce qu’ils savent qu’ils ne pouvaient plus revenir directement aux affaires. Ndoumbélane est alors à l’ère d’une régence démocratique.

On appelle régence une période, dans une monarchie, où une personne exerce le pouvoir au nom du monarque (qui n’a pas atteint la majorité ou qui est incapable de gouverner par lui-même). Au nom de qui le roi-singe exerce le pouvoir ? Au nom d’une oligarchie dont la trame va de Ndoumbélane au pays de Marianne. C’est un véritable labyrinthe d’intérêts politico-affairistes qui a aujourd’hui fait main-basse sur les ressources de Ndoumbélane. Le roi-singe n’est en dernière instance qu’un bourgmestre d’un Ndoumbélane qui a bousillé toute chance de recouvrer sa liberté en acceptant d’être manipulé au point d’élire un singe. Les mêmes forces qui avaient accepté d’inféoder Ndoumbélane à Marianne sont aujourd’hui derrière le suppôt des intérêts de Marianne.

Le régime du roi-singe a ceci de particulièrement frappant : c’est le seul régime à Ndoumbélane qui a réussi à se construire une immunité médiatique. Malgré sa médiocrité et ses innombrables crimes économiques et politiques, il est le chouchou de la presse jadis puissant contre-pouvoir. Une presse thuriféraire, c’est du jamais vu en démocratie ! Voilà ce qui inhibe toute résistance durable à Ndoumbélane. L’hostilité manifeste de certains grands noms de la presse à l’endroit des forces de l’opposition à Ndoumbélane est aujourd’hui une grave entorse à la démocratie et à l’équilibre dans le traitement de l’actualité politique.

Jamais dans l’histoire de Ndoumbélane on n’a eu affaire à un roi aussi faible et si vous voulez en comprendre la raison, il vous suffit de méditer ce mythe : pour identifier le visage de l’anthropophage déguisé en singe la nuit, il faut lui tenir la queue. Celle-ci se transformera immédiatement en foulard de tête qui révélera, de fait, le visage de la vraie sorcière déguisée en singe pour sévir mystiquement. Et n’oubliez surtout pas que nous avons affaire à un singe particulier : une queue exponentielle et des cornes qui poussent et repoussent après chaque élagage.

(A suivre).

NIKITA

(Tribune) Oumar Sarr, PDS : ‘Voici pourquoi la couleur de nos fiches de parrainages est légale’

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Suite à l’engouement extraordinaire pour les fiches de parrainage du candidat Karim Meissa Wade, une polémique a été installée sur la validité de nos fiches au vu de leur couleur jaune. Nous allons montrer que cette polémique n’a aucun fondement légal ou réglementaire et que depuis toujours c’est le même procédé que nous utilisons après que le Ministre en charge des élections a dévoilé à travers un arrêté les modèles de déclaration de candidature.
Au-delà de cette question, nous voulons revenir, dans cet article sur les textes législatifs et règlementaires qui fondent les choix des uns et des autres  sur le modèle des fiches de parrainages. Nous analyserons certaines incongruités de l’arrêté ministériel portant sur ces parrainages et sur les raisons de certaines erreurs trop manifestes pour ne pas être volontaires. Nous terminerons sur le non-problème de la couleur.
De la loi portant code électoral
La loi portant code électoral dispose, en son article L57 :
« Les listes de parrainage sont dressées par ces collecteurs, elles portent sur chacune d’elles les prénoms, nom, numéro de carte d’électeur et signature du collecteur responsable (…)
Fixé par arrêté du Ministre chargé des élections, le modèle de la fiche de collecte des parrainages, en format papier et électronique, est mis à la disposition des candidats à la candidature à compter de la date de signature de l’arrêté fixant le montant de la caution pour chaque élection.
Pour les besoins du contrôle, il est indiqué, pour chacun de ces électeurs, les éléments d’identification suivants : prénom, nom, la circonscription électorale d’inscription, le numéro de la carte d’électeur et la signature. Ils peuvent être complétés par d’autres éléments d’identification fixés par arrêté du Ministre chargé des Elections ».
A 180 jours de l’élection présidentielle, conformément à la loi, l’arrêté ministériel 20025 en date du 23 août 2018 fixant le modèle (format papier et électronique) de la fiche de collecte de parrainages en vue de l’élection présidentielle du 24 février 2019 fut signé et publié dans le journal officiel. En plus de la présentation de la fiche dédiée aux parrainages citoyens, nous nous attendions à des clarifications et précisions.
Ainsi nous nous attendions à connaitre :
l’identification des électeurs qui avaient le droit de signer les fiches de collecte présentées c’est-à-dire savoir si tout électeur qui le désirerait pourrait signer sur n’importe quelle fiche de parrainages qu’on lui présente.
le rôle et la responsabilité des délégués régionaux et de leurs suppléants, en particulier si ledit délégué devait au préalable être inscrit dans la région de collecte ;
une meilleure précision sur le rôle que la loi assigne aux collecteurs, la relation de voisinage entre ceux-ci et les parrains, en particulier les liens entre leurs circonscriptions électorales.
Malheureusement, nous n’avons reçu aucune réponse à nos interrogations. Nous avons été obligés d’analyser la forme de la fiche de parrainages et essayer d’établir certains liens. Nous avons pensé que les parrains signant une même fiche devaient être inscrits dans la même région, que les circonscriptions électorales du parrain et du collecteur devaient se situer dans la même région, celle qui est affectée au délégué régional. Nous avons supposé. Rien dans le texte de l’arrêté ne  précise des liens. La loi dispose seulement que le coordinateur national nomme des délégués régionaux et des collecteurs, ainsi que leurs suppléants. Il n’est établi aucune relation de hiérarchie ou de proximité entre les acteurs.
Nous avons pensé que peut-être l’arrêté allait interdire l’utilisation d’emblèmes ou de signes ou une combinaison de couleurs de l’Etat.
Encore une fois, l’arrêté ministériel n’a pas répondu à nos attentes, vu l’absence d’un décret d’application portant sur les parrainages.
Pire, l’exploitation de l’arrêté ministériel nous permet de désigner :
n’importe quel électeur comme délégué régional, indépendamment de sa circonscription électorale. Un électeur de New York peut être désigné délégué régional de Tambacounda
n’importe quel électeur comme collecteur, même si son lieu d’inscription est éloigné de la région dans laquelle il est collecteur
un même électeur comme délégué régional de toutes les régions et comme collecteur de tous les parrains.
Du format papier du modèle de collecte des parrainages
Les articles premier et 2 de l’arrêté ministériel ci-dessus mentionné définissent le format papier du modèle de collecte des parrainages. Ainsi :
le format papier A4 est requiert suivant un modèle joint à l’arrêté
 aux rubriques imposées par la loi, sont ajoutées les suivantes :
prénoms, nom, numéro carte d’électeur du délégué régional
le numéro de dix-sept caractères de la carte d’identité CEDEAO
On se rend compte en exploitant ledit modèle qu’il s’agit plutôt d’un formulaire que l’équipe du candidat à la candidature à l’élection présidentielle soumet aux électeurs par l’intermédiaire de collecteurs.
Il est évident que les notes de bas de page sont des informations légales utiles mais non nécessaires pour le remplissage  du formulaire et qu’il n’est certainement pas indispensable de les reprendre dans l’impression des fiches mais il vaut mieux prendre ses précautions.
Par contre, il va de soi que pour le grammage et la couleur du papier d’impression des formulaires, le choix est  forcément libre. puisque tout ce qui n’est pas interdit est permis. S’il y avait des prescriptions, elles auraient été clairement écrites. Rien n’a été écrit à ce propos et tout le monde sait que dans ces formulaires, ce qui est fondamental c’est le remplissage des rubriques obligatoires et non la couleur ou le grammage du papier d’impression.
Du format électronique du modèle de parrainages.
 L’opposition a saisi la Cour Suprême parce qu’il y a une contradiction entre la loi et l’arrêté ministériel. Pour la loi, il y a un modèle unique alors que l’arrêté ministériel distingue 2 modèles :
un modèle papier
un modèle électronique distinct du modèle papier parce qu’en autres, une colonne signature est inexistante dans le modèle électronique, les noms et prénoms n’ont pas de longueur limitée dans le modèle papier tandis que les noms et prénoms ont un maximum de 32 caractères dans le modèle électronique etc.
Ce qui est d’abord étonnant, c’est qu’il n’y a aucune correspondance entre le format papier et le format électronique. On ne peut pas savoir de manière certaine si les données d’une fiche papier ont été partiellement ou entièrement saisies puisque les fiches ne sont ni numérotées ni identifiées, ce qui veut dire que la fiche n’apparaît pas dans le modèle électronique.
Dans l’arrêté ministériel (Article 3), il est noté que la version électronique comporte autant de fichiers que de régions ou représentations diplomatiques.
Nous supposons que lesdits « fichiers » sont des feuilles de calcul Excel et non des classeurs. Le langage scientifique exige la précision.
Ce qui est étonnant d’emblée, c’est qu’il n’ait été établi aucune relation entre la fiche papier et la feuille Excel alors que nous nous attendions à une correspondance biunivoque. Si un seul parrain a signé dans une fiche format papier, doit-on ajouter une ligne dans la feuille Excel  ou créer 10 lignes dans cette feuille, même si les 9 lignes sont vides du fait que le tableau de la fiche papier a 10 lignes ? Personne ne sait. Chacun fait comme il veut, l’arrêté est muet.
La dernière partie que je décris ci-dessous est plutôt ubuesque.
L’arrêté ministériel précise que chaque « fichier » comprend 3 parties :
une entête qui contient le nom du candidat et la région ;
un corps constitué d’un tableau qui contient, pour chaque parrain de la région, un numéro d’ordre, les prénoms, le nom, le numéro de la carte CEDEAO, la circonscription électorale ;
une identification du délégué régional et du collecteur de parrainages (le modèle Excel montre que c’est un pied de page).
Or il n’y a pas un seul collecteur pour toute une région. L’article L.57 de la loi électorale dispose « Le candidat ou la liste de candidats désigne un coordinateur national, qui nomme des délègues régionaux et des collecteurs, ainsi que leurs suppléants ». Plusieurs collecteurs peuvent être désignés dans une région et même dans une commune.
Un tableau de 10.000 lignes de la feuille Excel représente dans leur modèle électronique l’ensemble des parrainages de la région et à ce tableau est associé un collecteur et un seul, contrairement aux prescriptions de la loi. C’est à la ligne 10.011 de la feuille Excel que le nom du collecteur et son numéro de carte d’électeur doivent être renseignés. Assurément, la version électronique telle que décrite dans l’arrêté ministériel et livrée par clé USB n’est pas conforme à la loi électorale ! Le modèle format électronique est visiblement faux. Il ne peut pas permettre la saisie des fiches papier de toute une région.
Sur le plan technique, il y avait pourtant beaucoup de solutions pour réaliser ce que prescrit la loi. On pourrait par exemple décomposer le « fichier » régional en autant de sous-fichiers que de collecteurs, chaque sous-fichier ayant son entête, son corps et son pied de page. Une autre solution technique possible serait d’inclure le collecteur dans ce qui est défini comme le corps du « fichier ». Les solutions techniques existent.
Ce que j’écris là, j’en porte la responsabilité scientifique, est particulièrement grave. L’arrêté ministériel contient une erreur monumentale. Le modèle électronique qu’on nous a présenté ne sera valable que si nous désignons tous un seul collecteur par région, ce qui est contraire à la loi. L’arrêté ministériel doit par conséquent être réécrit pour être conforme à la loi et une autre clé USB contenant un bon modèle électronique confectionnée. Décidément, l’histoire du parrainage n’est pas totalement écrite.
Un sac de nœuds
L’analyse de l’arrêté ministériel montre des erreurs colossales. La loi a annoncé l’arrêté ministériel sans qu’aucun décret d’application n’ait été proposé. L’arrêté s’est limité à présenter des fiches sous format papier et électronique, sans préciser le rôle et la place des acteurs (Coordinateur national, délégués régionaux, collecteurs et leurs suppléants etc.) et sans montrer la cohérence d’ensemble du système de parrainage.
 Nous avons certes démontré que la couleur jaune de nos papiers d’impression ne peut en aucune manière nous être opposé mais nous avons aussi démontré que l’arrêté ministériel a produit un ensemble indigeste et incohérent, un faux modèle électronique, impossible à réaliser avec les données recueillies sur le terrain et consignées dans les fiches de parrainage. Nous nous posons la question : pourquoi ont-ils agi ainsi ? Le Sénégal regorge de cadres de haut niveau, y compris au Ministère en charge des élections, capables de concevoir un arrêté ministériel cohérent qui prend en compte les positions du gouvernement sur n’importe quelle question tout en restant conforme à la loi.
La question que tout le monde a le droit de se poser maintenant est de savoir si le gouvernement veut vraiment une élection présidentielle le 24 février 2018. La question est légitime au vu de la confection de l’arrêté ministériel n° 20025 en date du 23 août 2018 et de ses incongruités
 Le non problème de la couleur
Certains ont affirmé que nous avons imprimé les fiches de parrainages avec la couleur de notre parti. En réalité, la couleur de notre parti est le bleu. Ce sont les bulletins de vote choisis par notre parti qui sont de couleur jaune et qui portent le symbole  du parti (épi de mil couleur or). Nos fiches de parrainage auraient pu même être imprimées à l’image de nos bulletins. Rien ne l’interdit ni dans l’arrêté ci-dessus mentionné ni dans les textes législatifs et réglementaires actuels.  D’ailleurs, les déclarations de candidature aux différentes élections ont toujours été établies selon les modèles fixés par arrêté du Ministre en charge des élections (Cf. Décret portant partie réglementaire du Code électoral :  Articles R.76 pour les élections présidentielle et législatives, R.84 pour les élections des hauts conseillers, R.86 pour les élections des conseillers départementaux et communaux). Ces modèles ont toujours été présentés en noir et blanc dans les arrêtés ministériels, et le PDS a toujours déposé les modèles avec ses propres couleurs, et personne n’avait jusqu’ici protesté.
 Le volet 1 de la fiche parrainages que nous allons déposer est en tout point de vue conforme au modèle de fiche papier présenté dans l’arrêté ministériel, et c’est l’essentiel.
La collecte des parrainages est un problème entre le candidat et ses parrains. Les fiches suivant un modèle déterminé sont destinées à faciliter le traitement électronique. Ce qui importe c’est le format et le contenu. Nous les avons rigoureusement respectés et la couleur ne peut avoir aucune incidence sur le contenu et le traitement puisque le contenu est saisi dans l’ordinateur de traitement. La saisie des données ne porte pas sur la couleur du bulletin mais son contenu.
Au demeurant, des couleurs de bulletins de couleurs différentes auraient eu plusieurs avantages :
les Sénégalais étant analphabètes à 70% reconnaîtraient les bulletins du candidat de leur choix
on éviterait la confusion et la tricherie qui s’opère au détriment de certains candidats. En effet des individus malhonnêtes au service de je ne sais qui se sont présentés chez nos militants pour leur demander de signer des bulletins qui n’étaient pas les nôtres.
nous avons été informés d’une tricherie en aval concoctée par des fonctionnaires partisans et des magistrats.
Leur entreprise consiste à attendre que les secrétaires chargés de la saisie du contenu des fiches  soient placés en batterie, chacun avec les piles de fiches des candidats, pour aller de l’un à l’autre, prendre des fiches ici et les déposer ailleurs.  Les fiches étant toutes blanches, les secrétaires n’y verraient que du feu, et les noms des candidats à la candidature seront modifiés plus tard.
La seule parade est que les candidats aient des représentants dans la salle de saisie pour surveiller leurs fiches et assister à la saisie.
Ainsi, au niveau des ordinateurs primaires du ‘’rez-de-chaussée’’, on éviterait le vol de fiches.
Resterait à nos experts à surveiller les ordinateurs de récapitulation du    ‘’1erétage’’ puisqu’on sait qu’il existe des programmes qui changent les chiffres à l’entrée ou à la sortie de l’ordinateur. Vous pouvez regarder quelqu’un qui tape, par exemple total des suffrages exprimés = 1246. Vous tournez le dos alors que l’ordinateur a partagé ce chiffre en donnant 2/3 au candidat A et 1/3 au candidat B.
Moralité : l’opposition doit être présente à la saisie des contenus des fiches et disposer d’un ordinateur de récapitulation des résultats, et ne pas faire confiance au seul Conseil Constitutionnel qui ne connait rien de l’informatique. Du reste la saisie dans le système des parrainages est analogue au niveau de la Cour d’Appel, à la saisie des PV qui viennent des départements et des régions. L’opposition doit être présente du premier au dernier dépôt de candidature à l’élection présidentielle.
Oumar SARR
Secrétaire Général National Adjoint
Coordonnateur Général du PDS

(Tribune) Amadou Tidiane Wone, soutien de Hadjibou : ‘Le parrainage, euthanasie de la démocratie’

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Si, dans l’énoncé des arguments qui ont présidé à l’adoption de la loi sur le parrainage tout le monde s’est accordé sur la nécessité de mettre de l’ordre dans le nombre de candidatures à la magistrature suprême, dans la mise en œuvre de cette loi, adoptée au forceps, des dessous inavoués commencent à se faire jour.

J’avais déjà fait état, dans une précédente publication, de la première conséquence prévisible de la loi dans sa forme actuelle. Il s’agissait de l’autorisation, arithmétiquement légale, de plus d’une centaine de candidatures.
Or, nous n’avons jamais eu au Sénégal une vingtaine de candidats à la présidentielle. O paradoxe, nous avons, après l’adoption de la loi sur le parrainage, 97 candidats à la candidature! Bien entendu des filtres, non apparents, se chargeront de tailler, à la mesure des desiderata du commanditaire de la loi, une short-list de candidats…« acceptables…

À cet égard, quelques questions:

Le Parti au pouvoir à décidé de collecter 3.000.000 (trois millions) de signatures là où on en demande au maximum 65000 (soixante-cinq mille) aux termes de la loi. Des grosses pointures de l’APR en font, d’ailleurs, le slogan de mobilisation de leur campagne de collecte.
Autrement dit, et si l’APR réussit son pari, 2.935.000 signatures seront rendues inutilisables par les autres candidats à la candidature. Dans la mesure où nul ne peut parrainer deux candidats à la fois!
Est-ce légal? Est-il légal de capturer des signatures et de les rendre nulles et non avenues?
Si cela était légal, qui va vérifier l’existence physique des 2.935.000 signatures ? Car Il ne suffira pas d’une annonce du parti au pouvoir pour nous en convaincre!
Qui va s’assurer qu’aucune des signatures ne fait l’objet d’un doublon chez l’un ou l’autre des 96 autres candidats ?
Quelle structure de l’Etat a les moyens humains et logistiques pour vérifier toutes les listes de parrainage les confronter une par une?
La presse pourrait-elle effectuer des reportages sur les sites qui abritent cette organisation afin que la confiance soit établie ? Nous ne sommes pas dans un domaine de secret-défense que je sache!
Par ailleurs, quelle garantie de conformité offre une signature, dans un pays à majorité analphabète?

A ne pas répondre à certaines questions on va, de manière quasi certaine, vers des contentieux pré électoraux inextricables. Est-ce le but de la manœuvre ? À qui profiterait la confusion ?
En fait, tout cela dénote d’un manque de culture démocratique des tenants du pouvoir et pis, d’un manque de générosité. Purement et simplement. Car, il faut de la générosité et de la bienveillance pour animer les institutions dans le sens de l’intérêt général . En vérité, les Institutions sont toujours à l’image des hommes et des femmes qui leur donnent corps et vie. Or, force est de constater que, depuis le début du septennat en cours , les lois de la République ont été outrageusement utilisées pour réprimer et embastiller. Les lois et les hommes de lois ont, trop souvent, contribué à renforcer « l’autorité » du moment au détriment de l’équité républicaine. Les images d’anciens premiers ministres, d’anciens ministres, de parlementaires en fonction, malmenés et embarqués sans ménagement ont envahi nos médias. Ces images, a contrario, contribuent à la désacralisation de l’Etat par l’humiliation de ceux qui ont incarné son autorité. Les atours de la puissance publique perdent ainsi de leur aura, et de l’indispensable mystère qui en assure la crainte. C’est un danger pour tous à terme.

Bref, si l’atmosphère est si pesante à la veille d’élections qui auraient dû être une banalité dans une vraie démocratie, demandons-nous vite pourquoi. Avant qu’il ne soit trop tard!
Sinon, nous aurons assisté, impassibles, à la mise à mort du modèle démocratique sénégalais. Caveant consules!

Amadou Tidiane WONE

Alioune Badara Cissé, Médiateur de la République : ‘Je suis en colère’

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En tournée dans le Ferlo, le médiateur de la République, Alioune Badara Cissé, 60 ans, ne cache pas sa colère. Il reproche aux autorités d’avoir laissé les populations de la zone dans un « état de dénuement total ».

« Comment des citoyens et compatriotes à part entière sont maintenus dans un état de dénuement total, s’indigne-t-il sur la Tfm. Aucun centre sanitaire, aucune voie d’accès, aucune route. Dans la plupart des villages, aucune école. Dans ceux-là où il y a des écoles, deux salles de classe, aucun sanitaire, aucun mur de clôture. »

ABC poursuit : « Des hordes énormes d’enfants, garçons et filles, entre six et dix ans, non scolarisés, qui seront demain laissés pour compte et totalement laissés en rade par rapport au Sénégal de demain. Cela fait quatre jours que je suis énervé. Dès mon retour, j’informerai immédiatement de chef de l’État de mes observations après l’en avoir informé le jour du dépôt de mon rapport. »

 

 

 

Tribune : « Sénégal 2019 : Un si grand besoin de Idrissa Seck » (Par Saliou Dione, Consultant)

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Alors que les échéances de 2019 approchent, faisant croître chez les citoyens le désir de mettre fin à ce septennat perdu, le Sénégal a besoin de prendre avec force mais avec intelligence le virage du changement d’un changement systémique, pour le bien de sa si jeune population.

Le besoin de Idrissa Seck n’est en rien assimilable à celui d’un messie. Il est plutôt le produit d’un contexte social qui requiert aussi bien le courage de se libérer du système, ce qu’il a maintes fois prouvé sous Wade et sous Macky, mais aussi une large expérience. Cette expérience ne se limite pas juste à celle de l’État et de la diplomatie, mais surtout une expérience de vie, si importante pour diriger ce pays.

Inspirer le peuple pour en libérer l’énergie créatrice et transformationnelle

Le plus grand échec du président Macky aura été son incapacité de produire une adhésion populaire autour d’une vision qui rassemble tous les Sénégalais et mobilise leur énergie pour transformer ce pays. La faillite morale de son régime, produite par des multitudes de promesses jamais tenues, par un traitement inéquitable des opposants, par une incapacité de produire la gouvernance sobre et vertueuse tant attendue, l’empêche de générer un leadership inspirationnel, tellement important dans les processus de changement en Afrique. Le président Macky Sall n’a pas pu inspirer les Sénégalais en étant lui même porteur du changement qu’il veut créer.

Malgré les critiques que l’on peut lui faire, Idrissa Seck est doté de cette capacité formidable d’inspirer, de mobiliser les énergies. Il ne s’agit point de le présenter comme un messie, puisque le contexte actuel n’en requiert point, mais plutôt de mettre en avant sa faculté à regrouper les énergies et les consciences autour d’un projet commun, et de coordonner avec efficacité le déploiement efficient des moyens nécessaires à sa réalisation. Les multiples témoignages recueillis auprès de personnes ayant collaboré avec lui dans le cadre des politiques publiques, ainsi que son passage à la Primature le prouvent à suffisance.

Défendre avec force et intelligence l’intérêt vital du Sénégal

L’autre échec de Macky Sall c’est son incapacité à défendre les intérêts du Sénégal dans un contexte international ou notre pays, pour de multiples raisons, devient l’épicentre de plusieurs offensives étrangères. Cette opportunité qui devrait permettre au pays de mieux se vendre, d’imposer ses conditions et de choisir ses partenaires a été manquée, à la fois par manque de vision et aussi pourrait-on dire par un déficit de leadership. De ce point de vue, on peut affirmer, avec force, qu’Idrissa Seck a raflé la plus grande part de l’héritage politique wadien de refus et de guem sa boopp. Son attitude d’un politique qui défend avec force, mais aussi avec intelligence, les intérêts vitaux de sa nation en font le plus grand héritier du Pape du Sopi.

Fédérer les forces du changement au delà de toute logique de système et d’appareil

Dans le contexte d’effritement de l’opposition, Idrissa Seck offre les garanties d’être le leader pouvant regrouper les différentes dynamiques qui œuvrent pour le changement. Son opposition au système qui lui vaut d’en être éjecté presque toujours dès le début, et d’entamer courageusement une marche dans l’opposition auprès du peuple, combinée a son expérience de l’Etat et sa maturation personnelle font de lui le candidat pouvant fédérer la multitude d’acteurs du changement, aussi bien les nouveaux que ceux qui le sont moins. Il offre aussi bien la garantie de l’expérience, tellement importante dans la gestion d’un pays comme le Sénégal, qui ne demande pas que des aptitudes techniques, que celle de la capacité à s’opposer au système comme le montrent son attitude face aux régimes de Wade et de Macky.

L’exemple de Talla Sylla à la mairie de Thiès, le ralliement derrière Khalifa Sall lors des législatives prouvent à suffisance ses capacités de s’élever au delà des appartenances partisanes et d’appareil et de la dictature de l’égo, pour une gouvernance partagée, très différente d’une gouvernance de partage.

Sa compréhension des enjeux géopolitiques et technologiques actuels en font un dirigeant en lien avec son temps, capable de saisir les opportunités qu’offre le système international pour permettre au bateau sénégalais de voguer dans les eaux troubles d’une mondialisation qui requiert du dirigeant la faculté de garder toujours le cap des intérêts vitaux de sa nation.

Saliou Dione
Consultant international

Aliou Sow, allié de Macky : « Sonko est prétentieux de penser passer de député au plus fort reste à Président en six mois »

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POLITIQUES – Aliou Sow, président du Mouvement patriotique (Mpd) a vertement critiqué Ousmane Sonko. Lors de la réunion du Conseil national patriotique de son parti, il a dit tout ce qu’il pense du leader de Pastef lors de son discours dont nous vous proposons quelques extraits.

«Qu’a-t-il fait dans l’histoire syndicale, politique de la jeunesse du Sénégal qui lui permet  de se hisser en donneur de leçon par rapport aux autres. Ce n’est pas acceptable. Qu’a-t-il fait sur le plan de la légitimité électorale? A-t-il une fois gagné une commune, un département, une région ? A-t-il obtenu un quotient électoral pour être député? N’est-il  pas devenu député par la règle du plus fort reste ? Il faut savoir raison garder.»

«Il n’y a nulle gloire à tirer de pratiques basées sur des révélations fracassantes, mensongères ou fondées sur la base de la petite expérience qu’on a tirée à partir de sa présence au niveau des institutions et instances de l’Etat.»

«Ecrire des livres pamphlétaires et des livres programmatiques c’est un jeu d’enfant pour moi. Nous avons décidé de prendre le temps qu’il faut, de nous préparer davantage et ne pas surfer de façon démagogique sur quelques difficultés traversées par tous les pays d’Afrique en s’offrant une alternative dans un pays aussi  solide que le Sénégal, incarné par des hommes de valeur qui ont marqué l’histoire du monde.»

«Ce pays on ne doit pas le laisser sombrer entre les mains d’aventuriers inexpérimentés qui n’ont jamais eu à gérer même leur petit budget pour pouvoir démontrer qu’ils sont transparents, honnêtes et sincères dans la gestion. C’est facile de s’enorgueillir de droiture alors qu’on ne vous a jamais mis à l’épreuve.»

«Malgré la victimisation à outrance, les élections qui ont suivi immédiatement sont les législatives. Ces gens n’ont  pas été capables d’être député avec le quotient requis  50 000 voix élus au plus fort reste. Quand même, qu’on parte du plus fort reste à président de la République en un semestre, c’est penser que les Sénégalais sont des dormeurs ou qu’on peut les endormir.»

«Quoi de plus légitime qu’un président élu se batte pour être réélu. Quoi de plus normal qu’un président qui veut se faire réélire se batte face à ses adversaires qui veulent à tout prix, y compris le recours à la manipulation diabolique pour le faire tomber à l’injure, à l’invective. Voilà un pays où on peut se lever, insulter le président et si on vous met à l’arrêt en application des lois  et règlements on dira qu’il y a la dictature. Mais quelle dictature!»

«Soit la loi est bonne ou mauvaise, mais l’appliquer ne conduit pas à la dictature. Si elle n’est pas bonne, on la révise. Je suis contre la révision de toute loi qui donne une licence à insulter, à diaboliser et à promouvoir la violence verbale. La violence verbale engendre la violence physique. (…) On ne laisser personne nous insulter impunément, on va se mobiliser, on va affronter ces attaques».

Hommage de Moustapha Guirassy : « Bruno Diatta incarnait l’éternité de la République »

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Tract a recu la présente déclaration de Moustapha Guirassy, suite au décès du chef du protocole de la Présidence de la République, Bruno Diatta :

J’apprend avec tristesse la disparition de l’Ambassadeur Bruno Diatta, à l’âge de 70 ans. C’est une perte cruelle pour la République. Je présente mes condoléances émues à sa veuve Thérèse, à ses trois enfants, aux familles Diatta et D’Erneville, à sa famille de la Casamance et de Joal et à l’ensemble de la communauté nationale. Il sera regretté longtemps et restera dans nos coeurs et nos esprits.

Lorsqu’il m’a été donné de servir le pays en qualité de Ministre, après le Chef de l’Etat qui incarnait la République, la silhouette de Bruno Diatta à ses côtés était pour moi le plus fort rappel de la permanence des institutions républicaines et de l’Etat, entité intemporelle sinon éternelle, qu’il a servi avec élégance, un professionalisme jamais pris en défaut et une discrétion légendaire. Il a servi les quatre Présidents de la République qu’a connu le Sénégal. Il a surtout servi le Sénégal. L’adage dit : « il n’y a pas de grand homme pour son valet ». Bruno Diatta n’aura jamais été le valet de personne, mais toujours le serviteur du cérémonial républicain, dont il avait fait un sacerdoce laïque et oecuménique, et sans lequel il ne serait point d’Etat.

Je salue la mémoire de l’ancien major de sa promotion à l’ENA qu’il est et prie pour le repos de son âme, à l’unisson de tous les Sénégalais aujourd’hui émus et attristés.

Moustapha Guirassy

Président de Sénégalais Unis pour le Développement

Procès renvoyé au 26 septembre: Ibrahima N. reconnait avoir entretenu des relations homosexuelles avec Claude A.

Tract plaide pour leur libération. Vivez et laissez vivre. L’affaire des homosexuels de Liberté 4 a été renvoyée au  26 septembre par le tribunal de flagrants délits. Le juge et le procureur, qui souhaitent voir les vidéos qui mettent en cause les suspects ainsi que la comparution des accusés en fuite, ont renvoyé l’audience à cette date.

Mercredi dernier, deux des quatre accusés de cette affaire se sont présentés à la barre. Il s’agit d’Ibrahima Nd.et de Mariama C. D. Le premier a reconnu les faits sans détour.

Au juge qui lui dit « il vous est reproché d’avoir entretenu des rapports sexuels avec une personne du même sexe que vous, à savoir Claude André A., reconnaissez-vous les faits ? », Ibrahima, 25 ans, restaurateur de son état, répond : « Oui je reconnais les faits ».

Mariama C., 20 ans, pour sa part, a nié les accusations portées contre elle : « Je n’ai pas filmé Ibrahima N.  lorsqu’il entretenait des rapports sexuels avec Claude. Je n’ai pas, non plus, envoyé ces images à Astou F. « 

C’est ainsi que le juge a renvoyé l’affaire. Demandant la production des images en question et la comparution d’Astou F. et Claude André A., les deux suspects en fuite.

L’affaire porte sur des vidéos qui circulent et dans lesquelles on voit les mis en cause en train d’entretenir des rapports sexuels. L’enquête a permis d’interpeller Ibrahima N. et Mariama C.. Claude André A. et Astou F., eux, ont pris la fuite.

Tout ce beau monde est poursuivi pour actes contre-nature, collecte illicite de données et distribution d’images contraires aux bonnes mœurs

Le retraité Abdou Diouf prend un rôle de consultant pour Reporters Sans Frontières

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AFROSPHÈRE & GOUVERNANCE DES MÉDIAS – L’Ong Reporters sans frontières a enrôlé le Président Abdou Diouf dans une commission chargée de rédiger une Déclaration internationale sur l’information et la démocratie. Il figure parmi 24 personnalités de 17 pays parmi lesquelles des prix Nobel.

Ce groupe de rédacteurs a deux mois pour proposer le texte. Le Soleil, qui donne l’information, signale que Diouf and co ont débuté les consultations pour nourrir leurs travaux.

La déclaration en question, souligne le journal, qui reprend un communiqué de Rsf, devra « énoncer des principes, définir des objectifs et proposer des modalités de gouvernance ».

Le candidat à la présidentielle camerounaise Cabral Libii en pèlerinage sur la tombe d’Ahidjo à Dakar

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LES AFRIQUES – Cabral Libii, surnommé le Macron de la présidentielle camerounaise, pour son jeune âge (39 ans) et son irruption irrésistible dans la course à l’élection présidentielle camerounaise du 7 octobre prochain notamment grâce à  une mobilisation de la jeunesse de son pays à travers les réseaux sociaux, est actuellement à Dakar.

Il s’est rendu au cimetière de Yoff, où repose le premier Président du Cameroun Ahmadou Ahidjo, décédé à Dakar en 1989, devant la tombe duquel il s’est recueilli. Il a également été reçu par Rabiatou Ahidjo, fille du premier Président, qui vit à Dakar, au domicile de cette dernière.

La question du rapatriement, présumé inéluctable mais non résolu, des restes d’Ahidjo est un sujet sensible au Cameroun, sur lequel règne une omerta au niveau du pouvoir actuel détenu par Paul Biya depuis 1982.

Libii est le premier candidat à une présidentielle camerounaise à s’être jamais rendu devant la dernière demeure d’Ahidjo, occasion lors de laquelle il a procédé à un dépôt de gerbe de fleurs et prononcé un discours d’hommage, debout devant un pupitre recouvert du drapeau tricolore vert-rouge-jaune.

Enfin, Cabral Libii a organisé une conférence à destination de la communauté camerounaise au Sénégal, au Radisson Blu.

Présidentielle congolaise : 21 candidats et de grands absents pour perpétuer le système Kabila (DOSSIER)

LES AFRIQUES – C’est la dernière ligne droite pour la présidentielle du 23 décembre en RD Congo. La Commission électorale nationale, la Ceni, a publié ce mercredi 19 septembre la liste définitive des candidats admis pour succéder au président Kabila. Et sans surprise, les deux poids lourds de l’opposition Jean-Pierre Bemba et Moïse Katumbi ont été exclus de la course. Si cette liste ouvre la voie à la campagne électorale qui doit en principe débuter à partir du 22 novembre, les polémiques persistent autour de l’usage de la machine à voter – et du fichier électoral.

Des absents qui cristallisent le débat

Allié du président Kabila passé à l’opposition fin 2015 et qui vit en exil à l’étranger depuis 2016, Moïse Katumbi affirme avoir été empêché de rentrer en RDC, où il est poursuivi par la justice, début août, quand il s’est présenté à un poste-frontière avec la Zambie.

La candidature de Jean-Pierre Bemba, ex-chef rebelle et vice-président, a été invalidée en raison de sa condamnation pour subornation de témoins par la Cour pénale internationale (CPI) qui l’avait acquitté de sa peine pour crimes de guerre et contre l’humanité. « Kabila a eu peur de moi », a lancé Jean-Pierre Bemba dans la presse.

Privée de deux de ses leaders, l’opposition cherche un candidat commun pour défier le « dauphin » du président Kabila, sans exclure un boycott des élections en raison de l’utilisation prévue des « machines à voter » controversées. Jean-Pierre Bemba a résumé la situation en affirmant que « si l’opposition s’unit derrière un candidat, alors, oui, je pourrai faire abstraction de ma personne. Je soutiendrai quelqu’un et je le ferai gagner. »

Quels sont désormais les enjeux de l’élection ?

L’enjeu est une première transition pacifique dans le plus grand pays d’Afrique subsaharienne, où les défis politiques et logistiques pour des élections « crédibles, transparentes et apaisées » inquiètent nombre d’observateurs. « La phase préparatoire des élections, qui perdure depuis trois ans pratiquement, n’est pas sereine. On a l’impression qu’elle est en train de planter les germes des crises postélectorales », s’inquiète le professeur de sociologie politique Célestin Kabuya-Lumuna, ancien porte-parole du maréchal Mobutu.

Les élections ont déjà été reportées deux fois, fin 2016 et fin 2017. À Kinshasa, 500 personnes ont assisté à une messe à la mémoire des « martyrs des élections » deux ans après la répression d’une manifestation d’opposants les 19 et 20 septembre 2016 demandant le départ du président Kabila à la fin de son mandat en décembre 2016. « Alors que des élections faussées se profilent, soyons dignes du sacrifice de nos compatriotes martyrs du 19 septembre 2016 », a écrit Moïse Katumbi sur Twitter.

Face à ces critiques et ces craintes, la commission électorale insiste sur les progrès quotidiens du processus électoral, avec, par exemple, mardi l’arrivée d’« un premier lot de 17 944 isoloirs » et « la fin de la production en Corée du Sud des 105 257 machines à voter ».

Acheminées en RDC via Matadi ou Dar es Salaam, les machines « seront déployées sans attendre la configuration définitive des bulletins de vote », selon la Ceni. Pour cette tâche titanesque, la commission électorale refuse toute aide extérieure, même celle de la mission des Nations unies (Monusco) présente depuis 20 ans en RDC, au nom de la souveraineté nationale.

L’opposition et la société civile demandent l’abandon de ces machines qu’elles surnomment « machines à tricher, à voler ou à frauder ». Des experts britanniques ont énuméré « quinze risques à atténuer » dans leur utilisation. L’opposition critique également les millions d’électeurs sans empreintes digitales sur le fichier électoral qui comprend 40 millions de noms et qui a déjà été nettoyé de ses doublons.

À l’instar de l’ANC mardi, les « partenaires » de la RDC redoutent « le chaos, l’instabilité et la violence » en cas d’échec du processus électoral dans cet immense pays au cœur du continent.

L’opposition en quête de son candidat unique

Désormais, le calendrier électoral prévoit de se dérouler toujours au jour près. Du côté de l’opposition, pour affronter le candidat du président Kabila trois noms émergent pour les élections prévues le 23 décembre, le « dauphin » choisi par le président Kabila, son ex-ministre de l’Intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, et ses deux principaux adversaires, le président de l’UDPS Félix Tshisekedi et l’ex-président de l’Assemblée Vital Kamerhe.

Un boycott des élections « ne serait pas ma décision personnelle, mais celle de l’opposition. Nous n’en sommes pas là », a ajouté le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC), l’un des principaux partis d’opposition.

L’opposition en dira plus sur sa stratégie d’ici une réunion publique qu’elle annonce pour le 29 septembre à Kinshasa, après de récents conciliabules à Bruxelles, et une rencontre à Johannesburg avec le parti au pouvoir en Afrique du Sud, l’ANC. Ce rassemblement sera un test du climat politique en RDC où la plupart des manifestations sont interdites sous prétexte que la campagne n’a pas encore commencé.

Présidentielle à Madagascar : 36 candidats pour un duel de businessmen milliardaires (DOSSIER)

LES AFRIQUES – Ils seront 36 à briguer la magistrature suprême lors du premier tour de l’élection présidentielle qui aura lieu le 7 novembre. Quatre d’entre eux polarisent d’ores et déjà l’attention : le président sortant, Hery Rajaonarimampianina, candidat à sa propre succession, et ses trois prédecesseurs : Andry Rajoelina (2009-2013), Marc Ravalomanana (2002-2009) et Didier Ratsiraka (1975-1993 puis 1997-2002). Alors que la population malgache ne constate aucune amélioration de son quotidien au fur et à mesure des régimes, quels seront les arguments qui convaincront les électeurs ?

Duel de businessmen : un remake de 2009

Une étude de la fondation allemande Friedrich Ebert, financée par l’Union européenne et datée de 2016, chiffre le coût de la campagne de Hery Rajaonarimampianina en 2013 à 43 millions de dollars. C’est surtout le candidat qui a dépensé le plus d’argent par vote obtenu, soit 21,5 dollars par voix, en comparaison avec les grandes puissances occidentales et africaines (par exemple, Donald Trump a dépensé 12,6 dollars par voix obtenue, et François Hollande 1,21 dollar). Vraisemblablement, le futur vainqueur de la présidentielle malgache devrait être celui dont les poches sont les plus remplies. Les quatre candidats se sont tous constitués de véritables trésors de guerre à l’époque où ils tenaient les rênes du pays. Mais ils ne sont pas pour autant à armes égales.

La situation politique malgache, hypertendue depuis plusieurs mois, met en scène trois protagonistes principaux, l’actuel président et ses deux prédécesseurs, dans un truel digne du film de Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Truand, si ce n’est que le trésor pour lequel s’affrontent les politiciens malgaches ne prend pas la forme d’un simple coffre rempli de pièces d’or, mais du contrôle de l’État (et donc de ses ressources).

Dans son classement des dix plus grandes fortunes malgaches (Forbes, août 2018), le magazine américain Forbes place Marc Ravalomanana en quatrième position et évalue les revenus de son groupe Tiko à 150 millions de dollars par an. En 2009, l’arrivée au pouvoir d’Andry Rajoelina qui a chassé du pouvoir Marc Ravalomanana était en fait le point d’orgue d’une rivalité commerciale entamée depuis plusieurs années entre les deux hommes d’affaires reconvertis en politique. Depuis son accession au pouvoir en 2002, Marc Ravalomanana, enfant d’une famille modeste devenu l’un des plus importants hommes d’affaires de la Grande Île, n’avait eu de cesse de renforcer le poids de son groupe industriel et commercial, Tiko (agroalimentaire), en n’hésitant pas à user de son pouvoir politique pour faire pression sur ses concurrents, se mettant ainsi à dos une grande partie de l’élite économique malgache.

De son côté, Andry Rajoelina, DJ à ses heures perdues, avait fondé une société d’impression numérique, Injet, mais dirigeait surtout l’entreprise créée par sa belle famille, Doma Pub, laquelle s’était imposée comme le leader de l’affichage publicitaire à Madagascar.

Or, dès 2003, ses ambitions économiques se sont heurtées à l’inflexibilité de Marc Ravalomanana : ce dernier l’a empêché d’installer des panneaux publicitaires dans la capitale, puis s’est opposé à son projet de construction d’un centre commercial. Aussi, Rajoelina rachète la chaîne de télévision Viva, lance sa propre association politique, baptisée Tanora Gasy Vonona, et réussit à se faire élire maire d’Antananarivo en décembre 2007. Désormais surnommé TGV en référence aux initiales de son association politique, mais aussi à la vitesse à laquelle il a été propulsé à la tête de la capitale à seulement 33 ans, Rajoelina appelle à la grève générale en janvier 2009. S’ensuivent des manifestations qui dégénèrent en émeutes et en pillages, contraignant Marc Ravalomanana à confier le pouvoir à un directoire militaire qui le transfère directement à Andry Rajoelina lequel devient le président de la Haute Autorité de transition (HAT) en mars 2009.

Marc Ravalomanana part immédiatement en exil en Afrique du Sud. Il est condamné par contumace en août 2010 aux travaux forcés à perpétuité. Il fait son retour dans son pays natal en octobre 2014, quelques mois après l’élection de Hery Rajaonariampianina. Mis en résidence surveillée, il retrouve sa liberté de mouvement au bout de quelques mois et surtout, il relance son groupe industriel, Tiko, spécialisé dans les produits laitiers. L’actuel régime de Hery Rajaonarimampianina, inquiet de voir l’ancien chef de l’État se reconstituer un trésor de guerre, ordonne la fermeture de l’une de ses usines fin 2017. Ce qui n’empêche pas Marc Ravalomanana de continer à vendre ses produits dans tout le pays : les supermarchés, inquiets de représailles de la part du gouvernement, n’osent pas distribuer la marque Tiko, laquelle est en revanche présente dans les épiceries.

Exercice du pouvoir et ivresse de l’argent

De son côté, à son arrivée au pouvoir, Hery Rajaonarimampianina ne possède pas d’empire économique comme ses deux prédécesseurs. Cet expert-comptable formé au Canada avait été nommé ministre des Finances et du Budget d’Andry Rajoelina dès 2009 grâce à l’entregent de l’homme d’affaires local Maminiaina Ravatomanga, client du cabinet de Hery Rajaonarimampianina et ami proche de Rajoelina. Il avait réussi à se maintenir à son portefeuille ministériel malgré les nombreux remaniements gouvernementaux qui ont émaillé la période de la Transition et s’était ainsi imposé comme l’un des hommes de confiance d’Andry Rajoelina notamment en fermant les yeux et en apposant sa signature à certains contrats douteux conclus à cette époque.

À l’occasion du scrutin présidentiel de fin 2013, il crée sa propre plateforme politique, Hery Vaovao Hoan’i Madagasikara (HVM – Force nouvelle pour Madagascar), et recueille entre les deux tours le soutien d’Andry Rajoelina qui met à sa disposition d’importants moyens financiers pour faire campagne. En décembre 2013, Hery Rajaonarimampianina est élu président de Madagascar. Mais très vite, le nouveau chef de l’État transforme le HVM en véritable parti et cherche à tout prix à s’affranchir de l’image de « putschiste » et de chef d’État corrompu qui colle à la peau de Rajoelina. Il place nombre de ses proches à des postes hauts placés dans l’administration et relègue les affidés de Rajoelina à des postes subalternes. Surtout, Hery Rajaonarimampianina a symboliquement tué la figure de son mentor politique en s’en prenant dès son arrivée au pouvoir à l’homme d’affaires Mamy Ravatomanga, classé comme la seconde fortune malgache par Forbes. Interdiction de sortie du territoire, perquisitions, poursuites judiciaires : le nouveau président a eu à cœur de se démarquer très tôt de l’homme d’affaires qui avait en grande partie financé sa campagne. Or, ce dernier est resté proche d’Andry Rajoelina et il est vraisemblable qu’il lui apportera son soutien financier pour l’élection prévue en novembre.

Sous Hery Rajaonarimampianina, pas d’amélioration de gouvernance

Mais cinq années à la tête du pays n’ont pas dû laisser le chef de l’État sortant dépourvu. Malgré la reprise de l’aide internationale coupée pendant les cinq années de transition (le FMI a décaissé environ 200 millions de dollars depuis 2015), la situation économique et sécuritaire du pays s’est dégradée, et le président s’est illustré par une gouvernance pire que son prédécesseur, selon l’intelligentsia d’Antananarivo. Aussitôt après son arrivée au palais présidentiel d’Iavoloha, Hery Rajaonarimampianina s’est entouré d’une garde rapprochée de conseillers, au premier rang desquels son épouse, Vohangy Rajaonarimampianina, décrite comme toute puissante auprès de son époux, qui se sont peu à peu illustrés dans des affaires de corruption, ternissant toujours plus l’image d’un régime qui parallèlement a échoué à améliorer les conditions de vie de sa population. Ainsi, l’opératrice économique Claudine Razaimamonjy, propriétaire notamment de plusieurs hôtels, très proche du chef de l’État, soupçonnée de corruption, séjourne en prison depuis près d’un an en attendant le verdict du Bianco et de la justice.

Les mauvaises pratiques déjà en cours lors des précédents régimes se sont renforcées : le commerce illicite de bois de rose, un bois précieux dont le trafic principalement à destination de la Chine pour la confection de mobilier de luxe, a loin d’avoir été endigué. Au contraire, ce commerce illégal bénéficie d’une constante protection politique selon un rapport de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP) publié le 17 août : les trois derniers régimes, selon cette enquête, ont constamment fermé les yeux, voire ont participé, à ce trafic. L’association SeFaFi (Observatoire de la vie publique à Madagascar) dénonçait dans son rapport du 7 octobre 2017 le »culte du secret et la loi du silence » de l’actuel gouvernement tandis que le chercheur malgache Juvence Ramasy, maître de conférences à l’université de Toamasina, parle de « gouvernance criminelle ». Sans aucun doute enrichi par ces cinq années au pouvoir, Hery Rajaonarimampianina possède un avantage non négligeable sur ses concurrents : il détient l’ensemble des rouages de l’appareil d’État et donc de l’organisation des élections.

Ratsiraka, le trouble-fête désargenté

Le quatrième candidat au scrutin de novembre qui a déjà occupé le palais présidentiel, Didier Ratsiraka, est de loin le moins fortuné : ses biens et ceux de sa famille ont été démantelés par son successeur Marc Ravalomanana et « l’Amiral rouge » avait même été contraint d’hypothéquer sa résidence de Neuilly-sur-Seine où il a vécu en exil pendant près de dix ans afin de financer son retour au pays en 2011. Le patriarche de la course à la présidence aura 82 ans au moment du premier tour, le 7 novembre. Il a pour principal avantage d’être un côtier, ce qui pourrait lui valoir les votes des populations des côtes malgaches qui se sentent marginalisées par les présidents qui ont succédé à Didier Ratsiraka, tous issus de l’ethnie merina des hauts plateaux. Mais sans ressources financières conséquentes, la victoire semble loin dans un pays où chaque voix coûte cher.

« Il faut que tout change pour que rien ne change »

Ainsi que l’affirme le personnage de Tancrède (Alain Delon) dans Le Guépard de Luciano Visconti, « il faut que tout change pour que rien ne change » : pour le jeune homme, l’aristocratie sicilienne doit participer aux bouleversements politiques en cours afin de rester au pouvoir. À Madagascar, les régimes se succèdent et, finalement, font face aux mêmes difficultés structurelles et surtout aux mêmes acteurs politiques. Dans leur ouvrage L’Énigme et le Paradoxe – Économie politique de Madagascar, les chercheurs Mireille Razafindrakoto, François Roubaud et Jean-Michel Wachsberger dressent un constat amer : « La direction du pays est personnalisée par le président entouré de sa famille et des quelques affidés ayant noué avec lui des alliances éphémères. En dehors de son clan familial restreint, le président choisit (ou est contraint de choisir) les personnalités constituant son entourage suivant des calculs politiques de circonstances.

Les alliés peuvent ainsi se retourner à tout moment sachant qu’aucun lien solide et durable comme l’appartenance à une même famille politique ou à tout autre groupe ne les contraint (…). Le soutien populaire dont il (le président, NDLR) cherche à se prévaloir, en particulier suite à un plébiscite électoral, est en réalité toujours assez ténu. » En d’autres termes : le futur président malgache sera celui qui, en plus de sa fortune personnelle, aura réussi à ratisser le plus de contributions possible afin de financer une campagne d’envergure nationale. Les hommes d’affaires malgaches ont pour habitude de financer la campagne de leur candidat favori. Mais ils se font de plus en plus discrets et ne veulent pas être publiquement associés aux politiciens de crainte de représailles économiques si leur poulain ne gagne pas. Redevable envers ses donateurs, le chef de l’État n’aura d’autre choix que de mettre en place un régime de faveurs. Ou de rompre avec eux, quitte à s’isoler totalement.

Inventaire des Idoles : ‘‘Diouf et Wade, hauteurs et largesses du pouvoir’’ (par Elgas)

C’est le propre des hommes politiques de devenir désirables et populaires dès qu’ils quittent le pouvoir. On leur pardonne presque tout. Ces moments d’adieu sont souvent des moments d’absolution par l’opinion, y compris de tous les forfaits passés. L’état de disgrâce s’achève ainsi dans un vent d’émotion, où la nature sacrée et mystique du pouvoir renaît comme par miracle, enveloppant d’un nouvel éclat ces hommes jadis vilipendés. Rejugés ainsi par le tribunal populaire une fois leur départ acté, ils s’en tirent blanchis ; capital avec lequel ils se rachètent virginité et misent sur l’avenir, bien souvent dans des projets d’humanisme fédérateurs. « Tout le monde vous aime quand vous n’êtes plus un danger pour personne », résume, avec malice, Arsène Wenger. La retraite a ceci d’inoffensif et de terrible en politique : elle flanque à la mort un je ne-sais-quoi de joie, de prestige nul. Avec la propension très sénégalaise à la flagornerie, et à la fabrique du consensus, au nom de la concorde nationale, ce trait commun aux politiques partout dans le monde, a une saveur spéciale au Sénégal. Pour peu que les mêmes hommes soient dans le « grand âge », qu’il s’y mêle une forme de pitié allégeante, cet amour pour des fossiles majestueux, ils deviennent impérissables.

Question âge, Abdou Diouf a quitté le pouvoir assez jeune pour les standards africains. Le siècle était nouveau. Il était encore dans la soixantaine fringante. Pour cet homme minimaliste, qui semblait avoir à cœur d’être à la hauteur de sa taille et de sa mission, le pouvoir avait été une école de transmission, de discipline et d’application. Après un séjour scolaire méritant au Sénégal, le longiligne met le cap en France. A l’ENFOM (école nationale de la France d’outre-mer) où il est admis, la colonie avait à cœur d’y former sa crème, corps d’élite, destiné à reprendre le flambeau : éteindre celui de la colonie et à allumer celui de l’indépendance. Vœu pieux. Il aime la philosophie et y affine sa tentation du blasphème. Il soutient même un mémoire sur l’islam et la société wolof.  Entre le père de la nation, Senghor, et le fils prodige, Diouf, on est presque comme dans une transmission filiale, faite de confiance. L’aîné méritant, habile fonctionnaire, souple pour le compromis, dur dans le jeu politique, avait très tôt les attributs du pouvoir. A la veille des années 80, la grogne sociale était assez modeste, quelques aléas climatiques, seuls ou presque, venaient perturber la tranquillité d’un pouvoir où les déchirures internes et les oppositions étouffaient sous la férule de Senghor. Le poète a trompé son monde, il s‘est très vite aguerri en politique, et a compris une valeur essentielle et pratique au pouvoir : pour bien être dur, on n’a pas besoin de bander les muscles. C’est ainsi, avec sa nature douce, presque passive, que Senghor avait réduit l’opposition à la périphérie, usant par moment de la force, même crapuleuse voire criminelle, pour bâillonner ses adversaires. On peut estimer, sans trop de risque, que cette manière de gérer le pouvoir, c’est-à-dire, ce vernis emphatique, et cette rudesse intérieure, est l’un des legs de Senghor à Diouf. L’administration savait former ces tueurs froids, impeccables dans leur costume, aux mots qui ne dépassaient jamais leurs pensées, et qui incarnaient, finalement, une forme de piété politique, qui fraternisaient avec le religieux.

Pendant ce temps, la vie intellectuelle battait son plein. Mai 68 avait débordé de Paris et inondé les capitales africaines. Le marxisme était en plein triomphe. Les idées de ré-enracinement étaient la vogue du moment. D’autant plus que les indépendances, négociées plus qu’acquises, commençaient à trahir les espoirs. Dakar tout particulièrement sera un des pôles de cette effervescence, où tous ces intellectuels de la même génération, formés en France, ou à la française, quel que soit leur orientation, se confronteront. D’un côté, les corps de la république, tenant l’administration et de l’autre, la parole intellectuelle dissidente est énergique, rêvant de révolution et secrètement de pouvoir. Abdoulaye Wade en sera l’incarnation et le prototype. Ce glouton des études, séducteur impénitent au goût vestimentaire affiné, ce rhéteur infatigable, le sait : il lui faut un récit fondateur de son propre mythe pour se différencier de tous ces autres habitués du quartier latin à Paris, qui débattaient à Présence africaine. Le goût pour le libéralisme de Wade naîtra en partie, de cette volonté de se créer un destin, de faire un pas de côté, de la marche générale. Son profil de matheux, ses grands rêves pour l’Afrique, ce goût du projet et de la démesure, celui de la bataille politique, feront le reste. Il avait bien préparé sa monture pour sa traversée du désert. Entre participation à l’élan national à travers le gouvernement, et traçage d’un parcours secret. C’est bien du reste une ligne de fracture qui est restée dans le champ politique : d’un côté les exécutants administratifs et de l’autre les révolutionnaires. Ce duel éternel devrait sans doute un jour ou l’autre sourire à Wade, il était dans le système et en dehors. En 1974, avec le parti démocratique sénégalais, naîtra officiellement l’ambition, année marquée par une sécheresse terrible : le Sopi est une prophétie de longue perspective historique. Si Diouf est un enfant gâté du pouvoir, fils préféré du pouvoir, Wade en fera le fils maudit. L’un est servi à table, l’autre chasse pour survivre.

Les historiens de la politique sénégalaise auront du mal à faire le bilan de gestion de Wade et Diouf. Consigner les temps forts et faibles de ses régimes. Tant ils sont à la fois semblables et dissemblables. Les 20 ans de Diouf au pouvoir, 40 si on est généreux, ont été marqués par des accalmies la première vingtaine, et des accélérations à partir des années 80 marquées par des épisodes durs géopolitiques. Diouf n’a pas eu beaucoup de flair. L’homme d’Etat est resté un homme de gestion, sans jamais se sortir de cette rigide direction pour offrir autre chose à un pays où l’exaspération avait commencé à embraser l’électorat. C’est le contre-coup des visions trop administratives, trop diplomatiques, trop secrètes, que d’être vantés en temps de paix mais si terriblement inefficaces en temps d’agitation. Diouf n’avait pas senti se détacher le pays irréversiblement, et l’administration qui lui était acquise, le nombre impressionnant de ses cadres socialistes, l’ont aveuglé, dans une tenue du pouvoir qui n’a jamais pris les volontés du peuple en considération. La hauteur de Diouf n’avait jamais été accessible à la plèbe. Il semblait les toiser. Avec la diplomatie inter-confrérique qu’il arrivait bien à tenir, il a péché en pensant que la concorde pleine de gratitude pour le pouvoir, surtout quand il s’associe au religieux, allait anesthésier les colères. La volonté de renouveau, toujours, vive dans les peuples, commencera à gronder. Dans le labyrinthe du secret de l’administration, les malversations et les détournements installeront cette pratique opaque du pouvoir, de laquelle était exclue l’opinion publique. Jouissant toujours d’un apriori favorable, pour sa tenue, l’attitude de Diouf sera progressivement qualifiée de mollesse, et quand elle devient rude, de germes d’autorité.  Le système était à bout de souffle, d’autant plus que le vent du libéralisme était fier. Diouf était resté le même dans un pays qui changeait. Il n’a jamais véritablement eu de talent politique, ni dans la projection, ni dans l’inspiration populaire. Il était resté un fonctionnaire, un homme charmant, capable de colère grondante, avec cependant un charisme qui rétrécit à mesure du temps, jusqu’à ne devenir que cendres figées d’un prestige révolu.

L’état de grâce était ainsi tout promis à son successeur, Wade en 2000. Il était devenu une marque, un crâne, des bretelles, un épi de mil couleur or, une vieille Renault tuberculeuse. Wade avait le mythe. Il connaissait un peu le peuple, il l’avait fréquenté pendant sa solitude. C’est bien souvent le seul avantage à ne pas être dans la lumière, on se nourrit des leçons de vie des ombres. L’ambition gourmande qu’il jette dans le pays, la démesure des chantiers, la folie des idées nouvelles, à l’échelle africaine, posent un homme productif, mais sans tenue. Etancher une grande soif en avalant précocement des litres, voilà l’erreur pour le jeuneur. Wade s’était privé, il voulait une revanche. L’arrivisme, miné par les frustrations d’avant, a la jouissance immodeste. Ce pouvoir express tiendra un mandat jusqu’en 2007, où l’euphorie du pouvoir bascule dans les largesses du pouvoir. A la verticalité et au secret des magouilles sous Diouf, Wade avait substitué, l’horizontalité et la grossièreté de la magouille. Le système, perverti par les transhumances, restera le même que sous Diouf, tout juste deviendra-t-il obscène, en manquant la discrétion d’administration qui caractérisait les équipes de Diouf. La générosité en idées de Wade sera condamnée par l’absence de formalisation de ces dernières. Elles devenaient comme des acquis de conscience, des produits pour se rassurer de son propre génie et de sa propre envergure. La transformation du personnel politique qui interviendra avec Wade, marquera aussi l’entrée dans un nouveau monde, où la promotion ne se fera pas sur les bases du mérite, mais sur des bases plus clientélistes. Tout ce que le pouvoir cachait dans la nuit du secret, Wade lui donnera le goût du jour. Les équilibres entre le temporel et le spirituel, qui se négocient depuis Senghor, entre Touba, le palais et Tivaouane, seront avec Wade dans un déséquilibre, avec un parti pris de Wade et des visées politiciennes. En 2000 le pouvoir quittait une hauteur caduque pour embrasser des largesses désolantes. Trames communes du manque de la dimension totale du pouvoir, chez Diouf comme chez Wade.

Les deux premiers fils ont échoué à faire la nation sénégalaise. Des parcelles émiettées cohabitent dans une timide harmonie, surévaluée, épargnée par les secousses.  Ils ont été frileux sur le chantier. Cette dérobade devant la difficulté de la tâche condamne leur legs à porter ce goût d’échec. Le cours relativement sage de la vie politique sénégalaise, n’a pas permis à ces deux hommes d’avoir des moments de densité historique à gérer : la dimension tragique. Même la Casamance n’a pas servi de tremplin pour rehausser la symbolique du pouvoir. Sur le champ politique aucun héritage d’une tradition vertueuse ne pourra être retenu comme fait majeur. Sur le champ économique, la dépossession progressive de la souveraineté des Etats les a conduits à rester à la remorque des marchés et institutions financières. Sur les ressources de la transformation locale, à travers une ingénierie nationale, rien non plus. Aucune avancée économique majeure, pérenne, touchant de grandes masses populaires, ne peut leur être attribuée.  Sur le champ religieux, depuis les craintes de Moriba Magassouba dans les années 80 à travers son livre L’islam au Sénégal. Demain les mollahs ? le fait religieux a disparu de l’agenda du politique, qui a tout bonnement démissionné, hormis quelques spasmes épisodiques et vains. Avec Diouf il y avait encore les restes du Bûr, avec Wade, on a eu le Ngûr. Ces présidents, enfants de la colonie quoiqu’ils en disent, n’en sont pas moins des enfants, produits historiques de la société sénégalaise. Sur le plan culturel, la profusion des initiatives pour l’école masque la fabrique de la médiocrité chez Wade, et le manque de vision chez Diouf qui s’est reposé sur des acquis mis à mal par le temps. Jusqu’à ses mémoires, Diouf est resté le même, on ne peut lui arracher une confidence. A plus de 90 ans, Wade est toujours un roi nu. Il manque l’envergure du legs au deux. Le bilan politique est à la portée de chaque président, le dessin des contours d’un futur désirable est la vraie marque des grands hommes politiques.

Aux grands hommes, la patrie ne doit pas être toujours reconnaissante. Elle peut l’être, mais aussi, être lucide et exigeante avec eux. Il en est de Diouf comme de Wade, et de beaucoup d’idoles nationales, que la mémoire a tendance à être partielle, donc clémente. Au-delà de la résignation des populations, qui les conduit à accepter les systèmes du moment qu’ils peuvent espérer que des miettes leur parviennent, il y a une culture de la suffisance dans la gestion de l’Etat, qui jamais profondément auditée, se sait inattaquable. Le vaste cloaque qui semble tenir de débat politique naît de ce fait là. Que Wade et Diouf ne l’aient pas désinstallé, qu’ils l’aient même creusé, rend l’affaire bien périlleuse. Ils ont produit plus ou moins directement la génération actuelle, celle des aspirants politiques jeunes, qui se complait dans des clans préétablis, redoutant le débat et se rassurant dans la complaisance de l’entre-soi. Mais de tout ceci n’est rien. L’Histoire est déjà passée. Wade et Diouf sont encensés. Ils sortent de la scène bénis, salués et chantés. La mémoire nationale attendri par les adieux, a vu chez ces hommes, des zestes de hauteurs, et pas assez de largesses. N’est-il pas finalement plus sage de tourner la page et de laisser l’histoire trancher ? En cela une valeur religieuse peut être d’une belle aide : la miséricorde. Qui la donne alors ? Dieu ou le peuple ?

Inédit : une femme aux commandes du plus puissant syndicat sud-africain, Cosatu

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LES AFRIQUES – Pour la première fois depuis sa création en 1985, la Cosatu élit une femme à sa tête. Son nom : Zingiswa Losi. Objectif : reconquérir des voix, notamment féminines, pour mieux accompagner la candidature de Cyril Ramaphosa à la présidentielle de 2019.

C’est un chamboulement dans la classe politique sud-africaine. La plus grande centrale syndicale du pays a élu ce mardi à sa tête une femme, Zingiswa Losi. Une grande première depuis la naissance il y a trente-trois ans du mouvement qui a contribué à la chute de l’apartheid il y a un quart de siècle. La Cosatu, symbole et fer de lance de la mobilisation noire dans le monde du travail, a connu ces dernières années de nombreuses dissensions qui ont pesé sur l’Alliance tripartite fondée en 1990 avec l’ANC et le Parti communiste sud-africain (SACP). L’élection de Losi signe-t-elle enfin l’entrée dans une nouvelle ère pour la fédération en difficulté ?

Qui est Zingiswa Losi ?

Seule candidate, elle a été nommée lors du congrès annuel de la Confédération des syndicats sud-africains (Cosatu) qui se tient jusqu’à jeudi à Midrand, près de Johannesburg. Zingiswa Losi a été militaire de carrière pendant trois ans dans l’armée sud-africaine, avant de travailler dans une usine du constructeur automobile américain Ford dans la ville de Port Elizabeth (Sud-Est).

Sa nomination sans opposition fait suite à des mois de spéculations selon lesquelles les syndicats affiliés ne soutiendraient pas le président sortant Sdumo Dlamini. En effet, Sdumo Dlamini a fait défiance lorsque l’organisation a pris la décision de prendre ses distances avec l’ancien président Jacob Zuma et a appelé à sa démission.

Zingiswa Losi a fait ses premières armes de syndicaliste dans le puissant Syndicat national des travailleurs de la métallurgie (Numsa). Selon sa notice biographique publiée sur le site de la Cosatu, Zingiswa Losi s’est impliquée très jeune dans le combat politique contre le régime de l’apartheid en rejoignant les rangs du Congrès national africain (ANC) de feu Nelson Mandela. « Je suis devenue politiquement consciente à l’âge de 10 ans lorsque mes deux frères ont été contraints à l’exil. Je ne savais pas alors que j’allais les suivre une fois plus grande », explique-t-elle dans cette présentation. En décembre dernier, elle avait échoué de peu à devenir secrétaire générale adjointe de l’ANC.

Une élection pour tourner la page de l’ère Zuma

Son élection mardi à la tête de la Cosatu, où elle occupait jusqu’à présent le poste de vice-présidente, « confirme le rôle des femmes, et celui des femmes noires en particulier, en tant que militantes politiques et réformatrices sociales », a salué le président du pays et de l’ANC Cyril Ramaphosa, invité à s’exprimer.

Lors de son allocution devant la foule, Ramaphosa s’est concentré sur les élections générales de l’année prochaine. Le président a déclaré que la course aux élections représentait un champ de bataille politique, qui ne pouvait être gagné que par l’unité, en disant : « Notre peuple est en marche révolutionnaire. Nous allons faire la guerre pour les élections générales nationales. Une armée unie est une armée qui ira à la guerre unie. »

Le discours du président a été accueilli par des acclamations assourdissantes de la part de la Cosatu. Ces dernières années, les relations entre l’alliance tripartite ont été instables. La capture d’État associée à des licenciements de services publics qui ont fait l’objet de rumeurs a conduit à de vifs débats entre la Cosatu et l’ANC.

La Cosatu, qui revendique aujourd’hui 1,6 million de membres, fut avec l’ANC et le Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP) l’un des piliers historiques du mouvement anti-apartheid.

Rencontre avec A’Salfo, leader de Magic System : Businessman à ADN social

AFROSPHÈRE – A’Salfo n’est plus à présenter. Surtout après les succès planétaires de « 1er Gaou » et plus récemment du  single « Magic in the Air », à l’occasion du Mondial 2018. Le leader de Magic System est devenu en vingt ans l’ambassadeur de la musique du continentnoir , bien au-delà de sa Côte d’Ivoire natale, dont il ne s’éloigne jamais trop longtemps. Interview.

Il se tient là, dans le hall de ce grand hôtel de l’Ouest parisien, souriant, reposé et jovial, toujours prêt à dégainer une remarque humoristique. Nous sommes mi-août et A’Salfo – Salif Traoré pour l’état civil – vient de prendre quinze jours de vacances à New York, en famille. Des vacances « à la Salif », au rythme du zouglou et des rendez-vous d’affaires. A partir de 2019, il devrait assurer la programmation africaine du célébrissime festival SummerStage, qui se tient tous les étés à Central Park, histoire de dessiller les oreilles des mélomanes américains. « Say it Loud, I’m African and I’m Proud ! » aurait pu entonner A’Salfo, en parodiant James Brown. Car il ne cesse jamais de bâtir, celui qui s’est imposé comme le leader du groupe Magic System, ce que d’ailleurs Goudé, Manadja et Tino, les trois autres membres de la formation, ne contestent nullement.

Le mot « proud » (fier) revient souvent dans la bouche de Salif quand il laisse parler en lui l’ancien joueur de foot et l’aficionado. « La Fédération française ne nous avait pas prévenus de son choix pour le Mondial russe, précise-t-il. J’ai été agréablement surpris quand j’ai su qu’elle avait sélectionné “Magic in the Air”, notre dernier tube, comme chanson officielle. Que les Bleus, tous ces jeunes avant tout français, aient pu tirer l’ancien pays “colonisateur” jusqu’au sommet nous a remplis de fierté. »

Les vacances sont finies. A’Salfo et ses trois complices repartent demain pour Abidjan. Direction l’école du micro : le quatuor prépare l’enregistrement de son prochain album, entre Paris – pour le groove international – et la Côte d’Ivoire – pour baigner dans le feeling local. En vingt ans de carrière, ils ont vendu cinq millions d’albums à travers le monde et reçu trois disques de platine, seize d’or… Leur hit international « 1er Gaou » est devenu un classique, incontournable dans toute fête de mariage ou soirée, à Casablanca comme à Bruxelles, à Paris et à Douala. Magic System est le groupe populaire par excellence, devenu bon gré malgré franco-africain. Tellement populaire que le président Macron fit appel à lui, le 7 mai 2017, pour assurer le haut de l’affiche de sa soirée d’investiture. « Un clin d’oeil à cette Afrique trop souvent décriée », explique le chanteur.

Le succès du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua), que le Magic organise chaque année, est révélateur de la popularité du groupe sur le continent. La dernière édition, en avril 2018, a été le rendez-vous incontournable du show-business africain. Deux scènes à Abidjan, auxquelles il fallait ajouter un concert à Korhogo, la métropole du Nord. Un public de près de 100 000 personnes s’est régalé d’une affiche brillante : de Soprano à Yemi Alade, que du beau linge !

Sorti pour la première fois en 2014, le single devient l’hymne de l’équipe de France de football pour la Coupe du monde 2018. Aujourd’hui, le clip comptabilise plus de 209 millions de vues sur YouTube.

Une fois encore, Salif aura été increvable durant le festival, se démultipliant ici et là à l’infini… Et son entourage et les journalistes, épuisés après quatre jours et quatre nuits quasi blanches, ont encore en mémoire cette halte soudaine dans une école de la ville de Korhogo, sous un soleil de plomb. Mais pourquoi, mon Dieu ? Pour simplement entonner avec les enfants « Magic in the Air » ! Pour montrer à la presse internationale la récente contribution financière du groupe, à savoir l’achat de bancs pour l’établissement ? Peut-être… A’Salfo, lui, explique : « Quand un enfant est content, c’est tout un pays qui est content ! » Un chanteur qui sait aussi être un espiègle de l’affectif. Comment expliquer autrement son attention à l’égard de Lokua Kanza ? La star congolaise fêtait son 60e anniversaire durant le festival et le porte-parole du Magic avait tout simplement offert le voyage Paris-Abidjan à ses enfants pour lui faire la surprise !

A’Salfo ou le businessman « à l’ADN social », comme le prouve le Femua, son coeur de chauffe affectif, dont les recettes permettent de bâtir des infrastructures (écoles, maternités…) en Côte d’Ivoire

« On voulait importer ce qui n’existait pas en Afrique », explique l’interprète de « 1er Gaou » à propos du Femua. Celui qui aurait dû être condamné à végéter dans les tréfonds de la société ivoirienne a très vite compris qu’ambition, rigueur, professionnalisme et travail constituaient les règles du jeu du showbiz international et qu’il devrait bien, un jour ou l’autre, régir également la scène musicale africaine. Ça tombe bien : il possédait toutes ces qualités. « C’est un homme qui a une exceptionnelle faculté d’adaptation, il comprend très vite les enjeux fondamentaux », explique un de ses proches. Il fallut donc renoncer parfois à cette « décontraction » si africaine. Et ses coups de gueule ont souvent émaillé l’existence du groupe…

Une des clés de son destin se trouve dans son long parcours social

Pas besoin de le côtoyer des décennies pour comprendre que A’Salfo s’impose désormais comme l’une des figures de cette nouvelle génération d’Africains qui veulent faire bouger les choses dans leur pays et sur leur continent. Chez lui, pas de vision manichéenne et agressive à l’encontre du « monde des Blancs », mais une ouverture d’esprit, une volonté de savoir propre aux autodidactes. Le tout au service d’une certaine obstination, son principal défaut, avoue-t-il. A’Salfo ou le businessman « à l’ADN social », comme le prouve le Femua, son coeur de chauffe affectif, dont les recettes permettent de bâtir des infrastructures (écoles, maternités…) en Côte d’Ivoire.

Une des clés de son destin se trouve dans son long parcours social. Celui-ci, qu’il ne cherche pas à dissimuler, commence à Anoumabo, qui le vit naître il y a trente-neuf ans. Ce quartier plus que populaire, fourmilière de près de 30 000 habitants, étalé au bord de la lagune Ebrié qui scinde quasiment Abidjan en deux, cet incroyable dédale de ruelles sablonneuses, de masures, de mosquées, d’églises, de boutiques et de maquis – ces petits restos populaires – qui surgissent à la va-comme-je-te-pousse, fut sa première école de la vie. Salif y a traîné un quart de siècle, sixième d’une fratrie de neuf enfants (six frères, dont son jumeau, et deux soeurs) affrontant la misère. Son père, manoeuvre dans le BTP, d’origine burkinabé, était venu, à l’instar de nombreux compatriotes, s’installer en Côte d’Ivoire dans les années 1940, attiré par le boom économique.

Aucun exhibitionnisme chez lui, quand il montre la misérable concession familiale ; l’école primaire Aliodan et la classe où ils étaient plus de 100 élèves ; le collège moderne de Port-Bouët où il dut renoncer à poursuivre ses études secondaires au début de la terminale ; les maquis qu’il fréquentait sans le sou ; la place poussiéreuse où il se retrouvait tous les jours avec Manadja, Goudé et Tino, lorsqu’il commença à jouer avec eux du zouglou, la musique qui raconte la rue, ses joies, ses misères. Et où les quatre « gaous » refaisaient le monde, se rêvant en Beatles ivoiriens… Vingt ans plus tard, ils le sont presque devenus et A’Salfo aurait pu se contenter, comme de nombreux artistes, de vivre tranquillement de sa musique et de ses rentes, entre sa résidence parisienne et sa belle villa abidjanaise, avec sa femme Hélène et ses trois enfants. Oui, mais voilà…

Quand on atteint un certain niveau de notoriété, on n’appartient à personne

Non, décidément, aucun exhibitionnisme, pas non plus de revanche sur la vie, mais plutôt l’application d’un vieil adage africain : « Savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va. » Il suffit de constater la démarche unique qui a présidé au lancement du Femua : A’Salfo et ses trois complices décident, en 2008, d’initier cet événement… en installant la scène sur cette même place poussiéreuse de leurs débuts ! Représentation emblématique d’une histoire des origines. Et tant pis si les dizaines de milliers de spectateurs s’entassaient tant bien que mal le long de l’artère donnant sur la scène !

Et d’aucuns de commenter l’évolution de celui qui est devenu en 2012 ambassadeur de bonne volonté de l’Unesco. En Côte d’Ivoire, nul n’a oublié que, avec le Magic, il a été chargé, entre 1997 et 1999, de l’animation culturelle à la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), le sulfureux syndicat révolutionnaire. La politique ne l’a jamais quitté depuis. D’ailleurs, on ne se gêne pas parfois pour critiquer son « opportunisme ». Ne fréquenta-t-il pas le palais sous la présidence de Laurent Gbagbo, avant de se lier d’amitié avec Dominique Ouattara, l’actuelle première dame ? « Quand on atteint un certain niveau de notoriété, objecte-t-il, on n’appartient à personne. Je représente la Côte d’Ivoire à l’extérieur, donc je suis obligé de faire avec les autorités qui la représentent. » « A’Salfo bénéficie d’une image très positive dans le pays, commente de son côté Philippe Kouhon, rédacteur en chef de l’agence Afrikipresse. Grâce au Femua, devenu une institution, il pourrait bien se lancer à la faveur d’un changement générationnel dans le personnel politique. » « La politique divise, la musique unit, préfère répondre l’intéressé. Il y a incompatibilité. Mais si la situation nationale l’exigeait, pourquoi pas… »

Affaire Hô-Déby : Gadio peut circuler

MPCL – Luy Jot Jotna (Il est temps) est le nom de son parti. Il était plus que temps qu’il soit fixé sur les suites de son sort judiciaire. Après presque une année en résidence surveillé dans l’appartement de son épouse à New-York, depuis le mois de novembre 2017. Le député et chef de parti Cheikh Tidiane Gadio est libre. Son avocat américain, Sean Hecker, a annoncé la fin de toutes les poursuites contre lui, ce vendredi. Gadio A tout de suite annoncé son intention de se tourner vers l’élection présidentielle sénégalaise.

Hecker précise que dans le cadre d’un « Non-Prosecution Agreement » (“Accord de cessation de toutes les poursuites”), le gouvernement américain a reconnu que Gadio n’a pas commis les faits qui lui étaient reprochés et, ainsi, a décidé de retirer sa plainte.

Selon un communiqué de son service de communication, qui donne la nouvelle, la plainte de la justice américaine étant retirée, la caution de l’ancien chef de la diplomatie sénégalaise sera annulée, de même que son assignation à résidence.

Gadio a été arrêté le 17 novembre 2017 à New York. Il était accusé de corruption, de blanchiment d’argent, d’évasion et de fraude fiscale. Il lui était reproché d’avoir perçu une commission d’un homme d’affaires chinois qu’il aurait mis en rapport avec le Président tchadien, Idriss Deby, pour obtenir des droits pétroliers au Tchad, en échange de pots-de-vin.

‘Ndoumbélane Snap…shoots’ – Si Loin, Mais Si Près (Par Gilles Eric Foadey, 14 septembre 2018)

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Les chroniques de Gilles Eric Foadey*, le Sénégal loin des yeux, mais près du cœur : Ndoumbélane Snap…shoots. Instantanés-tirs (au but) d’une actu-cactus, dans une époque où les protagonistes qui nous dirigent ne manquent pas d’air et où leurs administrés aimeraient bien changer d’ère.

LEADERSHIP MORAL ET NON …SALES ENGEANCES

« La Présidence n’est pas uniquement un service administratif. C’est le moins qu’on puisse en faire. C’est plus qu’un travail d’ingénierie, efficace ou inefficace. Il est, par excellence, et avant tout une place de leadership moral » (Franklin Roosevelt).

Ce leadership moral proclamé en son temps par Macky Sall sous le label de « gouvernance vertueuse » a fini en eau de boudin, sinon en ectoplasme, au regard de la réalité des faits, Et, Macky Sall n’a pas fait montre de ce leadership moral dont le Sénégal a urgemment besoin. In fine, tout semble converger vers la fin d’une émergence dont les acteurs se sont comportés comme de…sales engeances.

 

 

 

ARRÊTER LES ESCLANDRES DE SALAMANDRE: NOUS SOMMES… TOUS… COULEURS

Harrison Street, Johannesburg, RSA. Services de l’immigration. Assis sur le banc d’attente, avec d’autres émigrés, avec mon smart phone comme interlocuteur…Il fait froid. C’est l’hiver. J’entends parler Walaf. Je suis revigoré et fier. Trois compatriotes, Modou-Modou, à première vue…

Moi:  «Nan ngen def  » ?

Eux, en cœur, « Santeu ».

Le Ndiatigué, manifeste, du groupe: « Grand yow Senegalais nga» ?

Moi: « Jaroul laaj,  mangui lay lak Wolof».

Lui: « Mais grand Lakk Kat nga, Niro wou Loo Senegalais»?

Moi: « Bayil len sen affaire sourois yi » (appellation Mandingue du Wolof) NDT »

Que retenir sinon que  » Santa dekoul fene« . Le fait c’est que le Wolof,  la langue du groupe communautaire-plutôt qu’ethnie, définit ‘’l’Homo senegalensis’’ où qu’il puisse être sur la mappe monde.

Que l’on soit Balante Bassari, Coniagui, Creole de Ziguinchor, Joola, Lebou, Manjak, Mankagne, Niominka, Peul, Pepel, Toukouleur, Serere, Soce, Soninke ou Wolof.

Le Wolof qu’on le veuille ou pas, est la langue DOMINANTE ET UNIFICATRICE. C’EST TANT MIEUX!

C’est notre trésor, notre Commun Vouloir de Vivre. IN FINE, NOTRE SENEGAL ATTITUDE .

C’est pourquoi, moi, né à Ziguinchor, ak sant bou dekoul fene, exècre les procédés ignobles… qui, ailleurs sur le Continent ont engendré mort et désolation.

Et ce procédé ignoble Macky Sall a commencer à l‘actionner . Il a,  insidieusement, et,  plusieurs fois, posé des actes dans ce sens.
On ne veut pas du primat d’une ethnie sur une autre. Ni aujourd’hui ni demain. Il faut que ce régime arrête de bander les muscles.  Ce regime qui a pris la foi des citoyens pour un foie qu’il peut  griller à satieté.  Il nous faut  ôter le voile de la matière qui retient nos âmes prisonnières de l’obscurantisme grégaire.

 

 

LA CACOPHONIE DU PARRAINAGE, DES PARRAINS ET DES PARRAINÉ(ES)

Le 27 août, à l’entame du crépuscule dans Addis la pluvieuse…J’écoutais Sud Fm. Aziz Coulibaly mettait des rétro Youssou Ndour…’’ Less wakhoul’’

Puis, ce fut le journal parlé. Des citoyens lambda, dans le radio trottoir servi, ne comprenait que dalle à ce parrainage. Parrainage que personne dans les media, ni au niveau des partis politiques et encore moins au niveau de la société civile n’a expliqué aux citoyens. Du moins pas suffisamment et de manière pédagogique. C‘est le lieu de nous interpeller nous-mêmes. Aussi bien en tant que citoyens que partis politiques. Aux législatives, nous fûmes entubés. Tout porte à croire que, si nous n’y prenons garde, nous le serons encore pour ces présidentielles de tous les dangers car, n’ayant pas su ou pu, en toutes conséquence, tirer les leçons des législatives calamiteuses.

Les élections et le processus électoral qui va avec est l’affaire de tous. Il faut le maitriser et l’expliciter aux citoyens. Avec l’introduction du parrainage, la diversion pourrait être de mise si on n’y prend garde.  Et ce, peu de citoyens et d’acteurs politiques le comprennent.

Le parrainage est pertinent en ce sens qu’il nous évite d’avoir des huluberlus aux égos, on ne peut plus, surdimensionnés qui, dans la solitude de leur tête, rêvent d’être Président.

Seulement, à Ndoumbelane, tout le monde dit tout, et n’importe quoi sur le parrainage. Entre le parrainage en soi, les parrains et les parrainé(e)s c’est pire qu’une foire d’empoigne.

Il faut selon la loi et les textes encadrant le parrainage 66820 parrains pour se présenter à l’élection présidentielle. Soit 1% du corps électoral. NI PLUS Ni MOINS.

Toutefois le camp présidentiel, sciemment (?) tout comme les prétendants à la présidentielle veulent récolter les paraphes de plus de millions de parrains. Simplement effarant. Le faire c’est violer la loi.

Et pourtant sur le site de la CDP téléchargeable sur : www.cdp.sn l’essentiel est explicité. On y apprend, entre autres, qu’il faut « faire signer des engagements de confidentialité́ aux collecteurs désignés » par le candidat à la présidentielle, et que, « si une personne est informée que ses données figurent dans une liste d’un candidat sans son consentement, elle peut demander au collecteur concerné la suppression de ses données ».

Ne pas lire et ne pas s’approprier les textes qui fondent les processus électoraux risquent de nous conduire droit dans le mur. Demain, peut-être que les marraines s’en offusqueraient pour entrer dans la danse. Une danse endiablée où elles sont payées pour s’exhiber. Pendant que les inénarrables politiciens bandent les muscles, tous les muscles, en jouant à se faire peur. Quant à l’argent de leur caution, il va… à la Caisse de consignation et de dépôt. Inénarrable avions-nous dit.

 S’UNIR ENFIN !  POUR L’ESSENTIEL

Dans la solitude de sa tête, Macky n’envisage pas la défaite même s’il se sait cuit.

Pour le battre il faut, dès maintenant, faire le tri parmi les moins mauvais des candidats. Nous les connaissons tous. Il faut d’emblée éliminer tous les partis qui ont dirigé le Sénégal à ce jour. Et retenir les hommes et les femmes probes qui ont le Sénégal à cœur avec une vision pragmatique de son développement. Ces derniers ayant en commun les dénominateurs communs que sont, surtout, probité, respect des institutions et développement durable doivent s’entendre sur l’essentiel…pour contraindre Macky Sall à un deuxième tour salvateur pour le Sénégal. Car, c’est ENSEMBLE qu’il faudra faire face à l’hydre Macky Sall et aux mafieux de tous poils. Il faut aller au charbon ! Ce que l’immense majorité d’entre nous laxistes et composés de “ Sob men and women” ne veulent faire. Mais nous le pouvons si nous le voulons. ‘’Gantcheu keen dou ko nakh niaari yoon’’ *, dit-on.

*une péripatéticienne ne se fait pas plumer deux fois’’

CENA, SORS DE TON MUTISME ASSOURDISSANT !

Il est grand temps que la CENA sorte de son mutisme pour remettre les choses à plat et tirer sur la sonnette d’alarme pour des élections crédibles. C’est impératif. Ces élections sont celles de tous les dangers. Il y a péril en la demeure Sénégal.

À ceux et celles qui estiment que le changement est nécessaire, le plus urgent consiste à identifier les vrais porteurs du changement véritable et faire le tri parmi les présidentiables. Mutualiser les forces progressistes. S’approprier le processus électoral. Interpeller la CENA et tourner les pages sombres de la prédation. Il faut s’y atteler par des actes citoyens en ayant des réponses précises aux question suivantes :  Comment fonctionne le parrainage ? Où en est-on avec le retrait des cartes ? Quel sort est réservé à celles et ceux inscrits mais qui ont été victimes de la rétention des cartes lors des législatives calamiteuses ? Comment exiger leur délivrance ? Combien de bureaux de votes existent au total sur le territoire ? Comment faire pour y avoir des vigies citoyennes pour communiquer les résultats dans les bureaux de vote à la clôture du scrutin et les communiquer à travers un site centralisateur, via WhatsApp par exemple ? Comment s’assurer de la probité et de la sincérité du vote des militaires ? Comment encadrer les mouvements de toute cette horde de fonctionnaires, non républicains, qui vont d’une région à une autre sans entrave, aucune, le jour du scrutin ?  Des questions pour lesquelles les citoyens, les media et la société dite civile devraient exiger de la CENA des réponses.

Pour l’heure, le Président Macky Sall pauvre qu’il n’était pas comme Job, est devenu riche comme Crésus à l’exercice du pouvoir. Lui et les siens ont la ferme ambition et les moyens, pensent-ils, de continuer à paître l’herbe rabougrie du pâturage Sénégal. Si Demain, forcing ou pas, il demeure président, alors là nous méritons l’incompétence. Nous continuerons avec résilience à subir les dénis de justice pour in fine, avoir les dirigeants que nous méritons. Ces élections sont loin d’être une partie de promenade dans un parc.

*Gilles Eric Foadey est Journaliste, Consultant media, Traducteur et Interprète de Conférence. Il vit entre Addis-Ababa en Ethiopie et Johannesburg en Afrique du Sud.  Il fut, de 2009 à 2015, le responsable de la communication de l’Agence du NEPAD.

Kofi Annan inhumé hier avec les hommages de la Nation

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AFROSPHERE – Le Ghana a célébré hier jeudi 13 septembre les funérailles de Kofi Annan à Accra avec tous les honneurs dus à son illustre rang: dans la capitale Accra, diplomates et hommes politiques sont venus la veille lui rendre un dernier hommage.

Députés, ministres, ambassadeurs se sont succédé au Centre de conférence d’Accra mercredi pour un dernier au revoir à l’ancien secrétaire général des Nations Unies.

Graça Machel, veuve de Nelson Mandela, était présente pour célébrer la mémoire d’un grand homme : « On se souviendra de lui comme « le » secrétaire général des Nations Unies. Et je n’essaie pas d’être diplomate ! Kofi était autant Ghanéen que Sud-Africain, Mozambicain ou Zambien. Il nous manquera. Il nous manquera profondément. »

Mais Kofi Annan restera dans les mémoires des Ghanéens une fierté nationale, comme le confie Kwadwo Mpiani, directeur de cabinet de l’ancien président John Kufuor : « Il était secrétaire général de l’ONU. Mais a-t-il fait beaucoup pour le Ghana ? La réponse est oui ! Outre notre premier président Kwame Nkrumah, c’est le Ghanéen qui a porté le nom du Ghana sur la scène internationale. Et cela nous suffit en tant que nation. »

Hier jeudi matin, officiels des Nations Unies et chefs d’État ont présenté leurs hommages avant les funérailles privées au cimetière militaire de la capitale.

Incertitudes sur la capacité d’Air Sénégal à lancer la ligne Dakar-Paris

L’ECO DES SAVANES – La liaison aérienne Dakar-Paris est considérée comme l’une des plus rentables au monde. Chaque jour, deux aller-retour sont assurés par la compagnie Air France et en début d’année prochaine par Air Sénégal. La toute jeune compagnie vient en effet de confirmer qu’elle prendrait la place du transporteur français Corsair en février prochain.

Affaire juteuse, Corsair a tout fait pour garder la ligne Dakar-Paris. Mais après quatre ans d’exploitation, l’accord signé avec l’Etat sénégalais est clair : la compagnie nationale, Air Sénégal, récupère la licence dès qu’elle le souhaite.

Les dirigeants de la compagnie privée française ont visiblement essayé de convaincre les autorités sénégalaises de prolonger le contrat jusqu’en octobre 2019 pour assurer une transition dans les meilleures conditions. Les dirigeants d’Air Sénégal ont alors proposé de rompre le contrat dès octobre 2018.

Au final, toutes les parties se sont donc accordées pour fin janvier. Hasard où pas, la date fixée tombe trois semaines avant le premier tour de l’élection présidentielle.

Lancer une ligne intercontinentale en 5 mois ? Au sein de la compagnie sénégalaise, on indique que tout est mis en oeuvre pour réussir ce défi.

Les plus sceptiques spécialistes du secteur aérien doutent. Notamment car la compagnie n’a pas encore reçu ses avions et cherche des pilotes. Corsair transportait entre les deux capitales près de 135 000 passagers chaque année, 45% du marché. Pour Air Sénégal, la course contre la montre est désormais lancée.

Inventaire des Idoles : ‘‘Kagame & Macky, fortunes et infortunes de l’autoritarisme’’

« Il n’est point de secret que le temps ne révèle. »  (Racine)

Ange Kagame apparaît toujours à côté de son père avec la même grâce, presque cinématographique, que les filles Obama. Elle respire la joie, le visage barré d’un sourire innocent, charmant et charmeur. C’est à peine si l’on voit, derrière l’éclat de cette fille devenue égérie du père, la force du triomphe des Kagame, tant tout paraît si indolent. L’atout-charme, ici, est surtout un atout-fille, d’une aide bien précieuse. Depuis 1988, l’ex-major militaire, exilé en Ouganda, file une parfaite romance avec Jeannette. Elle lui a fait quatre beaux enfants, aux prénoms angéliques et un poil américains (Ivan, Ian, Brian, et Ange). Dans ses rares apparitions, la famille emporte avec elle cette part de rêve, de bonheur complice, de resserrement indéfectible, et symbolise cette réussite si en phase avec les standards people et politiques actuels. L’habile usage des réseaux sociaux, et le gazouillis à dose homéopathique de ce roman familial, est une licence politique. Au pouvoir, le charme n’est pas tellement nécessaire, en revanche il n’est jamais un surplus inutile. Il polit. Adoucit. Romance. Et taille aux extrémités, les pointes d’aspérités. Avec son costume strict, ce visage sculpté par le labeur, quoiqu’apaisé par l’arrogance du triomphe, toujours traversé cependant par cette irrépressible dureté, Paul Kagame le sait : il est un héros moderne. Mieux, continental. Toute cette allure dessine la part du rêve qui excite les foules. Il est devenu, en 20 ans, le motif d’espoir et la fierté de tout un continent. Il tente, bien esseulé mais donc bien visible, de racheter le prestige poursuivi en nostalgie, et qu’il dépoussière et rajeunit. Coup double, il ne recrute pas ses admirateurs que dans les masses, il réussit le prodige d’y adjoindre les élites, voire quelques ennemis, qu’il contraint par le rapport de force, ou la ruse, à faire la révérence.

Macky Sall en est bien loin. Lors d’une rencontre récente avec Kagame, répondant à une question qui portait sur les applications technologiques qu’ils souhaiteraient voir émerger, Kagame avait été bref et parfait dans sa réplique. D’un minimalisme et d’un flegme de métronome. Macky, quant à lui, avait paru heurté, besogneux, et sortait de l’exercice à son désavantage. Si les réseaux sociaux et quelques commentaires moqueurs sont venus consigner ces faits anecdotiques, il est évident que Macky en gardera une trace amère, comme l’allégorie de la perception qu’a de lui son pays. Celui qui aura incarné, pendant un temps, le type même souhaité de président africain : formé à l’école publique, fonctionnaire méritant – passons les oubliables séjours de formation en Occident – ministre, président du parlement. Les louanges précoces pour Macky n’ont pas fait long feu. Bourru et adipeux, le verbe terne sinon poussif, Macky n’a jamais négocié son aura sur son aptitude à séduire. D’ailleurs, le comprit-il fort vite, lui dont la sobriété, une certaine forme de dureté et d’intransigeance, ont très vite été le capital politique. Si Wade avait l’intuition du génie avec son fils putatif Idrissa Seck, la vue dynastique avec son fils biologique Karim, les avantages sont pourtant allés à la promotion de ce troisième fils-disciple, sage, habile, exécutant des tâches sans rechigner jusqu’au jour du reniement. Macky est un homme d’intérieur, presque de l’ombre. Un homme de la confidence. D’ailleurs son cercle intime, vante – et on pourrait y croire – l’immensité des vertus de l’homme à l’échelle privée. Mais à la lumière, la scène s’assombrit. Avec ses enfants frappés par le surpoids, sa femme érigée en icône de l’enracinement, toutefois chahutée à chaque sortie, le couple n’est pas télégénique. Il est victime de l’a priori d’apparence et du délit de normalité qu’inaugura François Hollande. Il n’est même pas sauvé lorsqu’il esquisse quelques pas de danse, qui ne soulignent que sa raideur. Il est resté de tout ça un charisme maigre, et une perception assez indifférente de ce président que les élites snobent et que les foules défient, à l’exception de quelques bastions.

Au Sénégal et au Rwanda, l’Afrique donne pourtant au monde deux modèles pour prendre son pouls. Du charnier à ciel ouvert dont il hérite, Kagame a fait un pays à la pointe des technologies, exemplaire dans la discipline, la promotion des femmes, la salubrité urbaine et l’école. Inspiré et à l’affut des vœux des populations à l’échelle du continent, Kigali a un flair impressionnant, et une vitesse à digérer le vent des opinions prodigieuse. Le changement de tutelle, du bloc francophone belgo-français aux USA, consécutif aux règlements de comptes post-génocide, aura été une défiance vertueuse. En termes de chiffres, le pays affole les compteurs. Croissance soutenue, indicateurs au vert. Et, part encore plus insondable du succès, le récit et la narration, laudateurs et cléments sur les points noirs, dans la majorité de la presse diasporique. Presqu’une omerta sur les ombres pourtant si nombreuses. Le Rwanda n’est plus vu que comme cet îlot que l’on penserait presque prospère, dont les mérites vont tout droit à l’homme fort de Kigali. Si d’innombrables textes, livres, rapports, enquêtes, ont infiltré et décrit l’autoritarisme et les velléités dictatoriales de Kagame, il est extraordinaire de voir que cette masse, pour partie documentée, irréfutable, dort dans la confidence, peu relayée par la presse, quand elle n’est pas tout bonnement disqualifiée, accusée de révisionnisme, ou plus simplement d’être rabat-joie. L’ancien chef militaire du FPR, stagiaire aux USA dans les années 90, a forgé sa réputation dans le rapport de force, d’abord sanglant, qui l’a mené au pouvoir. Il n’est pas vierge de crimes. Et il a bien de la chance que ses accusateurs s’appellent Pierre Péan ou Stephen Smith – entre autres -, si faciles à ranger dans le halo du sulfureux. Le dernier opus de Judi Rever[i], cette année même, revient abondamment sur les crimes des hommes de Kagame. Mais le récit officiel ne bronche pas. Disposant de forts relais dans le paysage occidental, à travers notamment l’association Survie en France, et la gauche décoloniale de manière globale, aidé par l’attitude floue, voire complice de la France dans le génocide, la hiérarchie des crimes qui s’impose alors, le blanchit presque.

Avant même la tentation autoritaire, les prémices d’un pacte de pouvoir militaire étaient présentes chez Kagame. La réduction de l’opposition en miettes, les intimidations, les humiliations, les crimes secrets, les problèmes de malnutrition sévère à l’intérieur du pays, et finalement le despotisme éclairé qui arrive à bâillonner toutes ces impuretés qui font tâche dans le récit glorieux, sont l’autre prouesse de Kagame. Il a presque gagné, avec ces actifs de gouvernant, le droit d’administrer son pays comme il le veut, renvoyant les tentations d’ingérences à leurs provenances, et requalifiant ses gestes de quête de souveraineté absolue, contre les allures néocoloniales. C’est proprement sur ce volet, dans des échelles de natures et de degrés différents, que Chavez, jadis Sankara, avaient obtenu la force de leur réputation : la capacité à tenir tête à l’Occident. Appelée diversement panafricanisme, afrocentrisme, elle est l’argument suprême entre tous, par lequel les pouvoirs aux abois augmentent leur sursis. Miracle pour Kagame, le sien n’est pas aux abois, il en tire un double mérite. C’est principalement l’homme fort, avec les résultats hypertrophiés mais aussi un fond de vrai, un homme aliénant les institutions, adaptant la constitution à sa pérennité propre, que les masses adulent et que les intellectuels, démissionnaires car pris dans leurs contradictions, consentent à idolâtrer, certain in petto, d’autres plus bruyamment.

Si Kagame a des actifs et des passifs, avec une balance favorable, Macky n’a rien de tout ça. Le septennat entamé par une dédite, a accouché de mesurettes. Sans doute, une certaine forme d’objectivité lui reconnaitrait des avancées majeures et techniques. En politique, il en est de la statistique comme du bilan, c’est le récit qu’on en fait qui compte. Mais le bilan est bien trop léger même chanté en chiffres, sans d’ailleurs qu’on puisse du reste lui en tenir rigueur. Un autre aurait sans doute fait de même. Une part du problème est structurelle.  Mais sur les autres chantiers sociétaux et politiques, par l’optique et le cap, c’est-à-dire le symbolique, il n’aura pas imprimé une marque suffisante pour aspirer à un legs. Sans doute part-il avec l’avantage de tous les impétrants déjà au pouvoir pour les prochaines élections, son génie ayant réussi, par la ruse, à assujettir tout une opposition émiettée, ou par le maintien à bonne distance de ses adversaires qui se sont tiré des balles dans le pied, et que la justice n’avait plus qu’à amputer. La démocratie sénégalaise, dont les acquis ont été surévalués, consistant principalement en une démocratie électorale, voit s’effriter ses fragiles piliers. Dévitalisés, mis à mal par Wade, peu renforcés par Macky, les acquis ont été pris pour des terminus alors qu’il ne devait être que des départs. Dans le jeu de bluff et de grande brutalité symbolique dû à une anarchie qui ne dit pas son nom, la scène politique sénégalaise est illisible. Dans ce chaos, Macky Sall est tenté par le vieux mythe de l’ordre. L’ancien ministre de l’intérieur, connu pour cette forme de sévérité, renoue avec des germes d’autorité, voire d’autoritarisme, qui comblent le déficit de prestance. Il assoit une légitimité à travers ce levier d’un pouvoir absolu, qui du reste cadre bien avec la conception traditionnelle du pouvoir dans l’antériorité des régimes politiques sénégalais. Les délits d’offense à chef de l’Etat et de blasphème sont comme une rencontre entre l’ancien régime et le roi confrérique. Macky puise dans la symbolique de l’Etat importé pour son arsenal de répression, et de l’Etat permanent pour ses ressorts moraux. Le tout pour ajuster ses tentations de tyranneau sans venin. Sur le terrain judiciaire, il aura beau jeu de se reposer sur le ressort du don et de la grâce qui parlent à l’opinion non élitaire. Les deux échelles de lecture de l’affaire Khalifa Sall, technique et populaire, l’un pour les élites et l’autre pour les masses, en se confrontant, finiront bien par tasser les reproches légitimes d’irruption de l’exécutif dans le judiciaire.  Du reste, Macky Sall n’a pas inauguré cette justice aux ordres, il ne fait que la perpétuer en rompant la promesse de renouveau. Il n’est pas un autocrate, il est à des années lumières de Kagame. Mais il n’est pas à l’abri de basculer dans un hermétisme que pourrait embraser une cascade de rebondissements toujours à redouter en temps électoral. A l’un on passe tout, malgré tout ; à l’autre rien, malgré tout aussi.

Les deux hommes, de différentes manières, symbolisent la persistance de ce mythe tenace de l’homme de poigne, du dictateur éclairé qu’il faudrait aux Etats africains. Si Sankara a donné à ce mythe de nobles accents, ses héritiers, déclarés ou usurpés, qu’ils s’appellent Sanogo, Dadis, Jammeh, ont abîmé l’héritage. A quelque chose malheur est bon : ils ont rendu la vue sur cette cécité complaisante et illusoire. Les Etats africains, dans leur infinie ressemblance aux autres, n’ont besoin que de systèmes forts et d’Hommes à la hauteur. Aucun traitement particulier, à la marge, ne pourrait jeter les bases d’un précédent heureux. L’autoritarisme reste un mythe tropical, malhabilement théorisé, qu’il appartient aux jeunesses, et pas qu’à elles, de déraciner totalement. L’ingénierie de vrais systèmes politiques, inclusifs, souples, et efficaces, est le seul chantier. Ni le Rwanda de Kagame, ni le Sénégal de Macky, ne sont des modèles.

Le Rwanda depuis le génocide, était devenu une école intellectuelle. Une forme de sanctuaire sacré, et à juste titre. On y faisait pèlerinage pour écrire des livres, transmettre pour ne pas oublier. Ce nécessaire exercice de lucidité et de renaissance, n’a pas eu une longévité inaltérable. Le traumatisme ne devait pas être un blanc-seing.  Les intellectuels africains sont devenus aphones sur le Rwanda et l’autoritarisme de Kagame, se rendant même complices des forfaits considérés comme bénins. Rejoints par d’autres organismes, notamment non-gouvernementaux de défense des droits de l’Homme, qui restent d’un étrange silence, alors même qu’elles aspirent à répandre un renouveau démocratique dans le continent. L’école marxiste, naissant de l’idéologie du décolonialisme, et qui a été au pouvoir de beaucoup d’Etats africains après les indépendances, doit être bien décontenancée, car le Rwanda n’est pas un laboratoire de l’économie alternative. Le modèle est on ne peut plus libéral, poursuivant les recettes classiques d’une économie mondialisée, sans aucune forme d’originalité endogène. Presqu’un croisement entre l’ogre capitalisme et la rigueur antidémocratique chinoise. Le Rwanda pourchasse la croissance comme un idéal, d’ailleurs c’est ce qui fait son attrait et son crédit sur les marchés. Elle attire à elle un tout-monde, dont des jeunes loups aux dents longues. Le pays devient une destination, qui vend, jusqu’aux manchettes des maillots d’Arsenal[ii], ses trésors. Il est abandonné à l’idéologie du chiffre. 20 ans ou plus de querelles chez les intellectuels décoloniaux contre le libéralisme, pour constater que le Rwanda, devenu la mascotte d’un continent rebelle et enfin souverain, est pleinement inscrit dans le temps du capitalisme. Voilà qui est bien cocasse, tant de circonvolutions différentialistes, pour tant d’allégeance. Pour un pays qui a du reste la particularité d’être un des pays les plus aidés par les institutions financières[iii], et qui est devenu très bon élève du « startupisme ». Toute une série de contradictions majeures, qui vont jusqu’à s’annihiler, jaillissent de ce tropisme Kagame, qui a des variantes dans l’Erdoganisme. Kagame est un autre symbole d’un déni du huis-clos et de ses vilénies, auquel on préfère les postures contre un ennemi fantasmé, qui est en réalité l’allié inavouable. L’autoritarisme ne fait ainsi que trahir des objets plus profonds. Ce sont, ici listées, les fortunes et les infortunes de l’autoritarisme. Mais surtout, in fine, l’aliénation du contre-discours : le grand impensé postcolonial.

Elgas

[i] Judi Rever, In the praise of blood – The crimes of the Rwandan Patriotic Front  – « Eloge du sang – Les crimes du Front patriotique rwandais », éditions Random House, 2018

[ii] Partenariat du Rwanda avec le Club de Football Arsenal : https://www.jeuneafrique.com/561827/societe/foot-le-rwanda-signe-un-accord-de-sponsoring-avec-arsenal-afin-de-promouvoir-le-tourisme/

[iii] Evolution de l’aide publique au développement : http://www.banquemondiale.org/fr/country/rwanda/overview

Petit-neveu d’Houphouët, Tidjane Thiam dément des ambitions présidentielles après avoir bel et bien voulu se présenter

LES AFRIQUES – Tidjane Thiam soutient n’avoir toujours pas la tête en Côte d’Ivoire. Le banquier est régulièrement cité comme un potentiel candidat à la présidence ivoirienne. C’est très officiellement qu’il donc a déclaré et redit au quotidien suisse « Le Temps » son absence d’ambition politique. Pourtant, Tract tient de source autorisée que Thiam a bel et bien tâté le terrain pour se présenter à la présidentielle 2020. Il a vite été découragé par ses interlocuteurs, qui lui ont fait comprendre que son patronyme sénégalais réveillerait immanquablement les démons de l’ivoirité et de la guerre civile, en cas de candidature. Tout petit-neveu d’Houphouët – Boigny qu’il a beau être.

En 1990, devant les caméras de télévision, Houphouët lui-même avait désigné les Thiam comme ses héritiers, rappelant la coutume de son village. Chez les Baoulés, le pouvoir se transmet par les femmes. « Dans notre famille, nous sommes quatre, mes deux sœurs n’ont pas d’enfants, tout comme l’une de mes cousines. Seule la plus jeune, Amoin, la fille de ma tante Yamousso, a pu en avoir. Grâce à Thiam, de par la coutume, ce sont eux mes héritiers directs. »

« Thiam », c’est Amadou Thiam. Journaliste ivoiro-sénégalais devenu ministre de l’Information puis ambassadeur au Maroc, il a eu sept enfants avec Marietou Sow, la fille d’Amoin, tous chéris par le patriarche. « Ils ont fait de grandes études, Houphouët les trouvait très intelligents, il les adorait », se rappelle un ancien compagnon du dirigeant. Quatre d’entre eux, Daouda, Augustin, Aziz et donc Tidjane, ont été ministres.

Deux ans avant la prochaine élection présidentielle, prévue en octobre 2020, le marigot politique ivoirien est déjà en ébullition, avec grandes manœuvres au sein des partis et renversements d’alliances. Et des noms qui circulent, presque toujours les mêmes depuis des décennies. Tous, sauf un, qui fait le buzz, et crée un certain émoi sur les bords de la lagune Ebrié : celui de Tidjane Thiam, qui est l’actuel directeur général du Crédit suisse.

Les « Thiamistes », comme ils se nomment eux-mêmes, donnent de la voix sur les réseaux sociaux pour appeler de leurs vœux un renouveau, qui passe par la « mise à la retraite de cette vieille classe politique ». Et l’arrivée au sommet de l’Etat d’une personnalité brillante, jeune, hors sérail, incarnée à leurs yeux par Tidjane Thiam, 56 ans, soit vingt ans de moins que l’actuel président Alassane Ouattara.

« Fierté de la Côte d’Ivoire »

L’ex-président Henri Konan Bédié, 84 ans, est, lui, toujours dans la course et ne fait guère mystère de ses ambitions, « pour laver l’affront du coup d’Etat de 1999 qui l’avait privé d’un second mandat », selon ses proches. Quant à Laurent Gbagbo, 73 ans, actuellement jugé à la Cour pénale internationale (CPI), il est attendu comme le messie par ses partisans, persuadés qu’il sera libéré de prison le 1er octobre et pourra ainsi quitter La Haye pour Mama, son village natal, avant de repartir à la conquête du pouvoir. On en est là.

« Un million de signatures pour Tidjane Thiam 2020 », « Les amis de Tidjane Thiam », « Génération Tidjane Thiam » « Tidjane Thiam horizon 2020 », « TT2020 » « Le meilleur reste à venir »… Les pages Facebook fleurissent sur Internet, assorties d’autant de hashtags. Les qualités et compétences du directeur général du Crédit suisse, « fierté de la Côte d’Ivoire », sont décortiquées à longueur de posts, appuyées par des extraits de ses interviews. Et il est régulièrement comparé à un Emmanuel Macron.

Contacté par Le Temps, Tidjane Thiam fait diplomatiquement savoir qu’il est « à la fois touché et honoré par toutes les marques de soutien exprimées à son égard récemment par nombre de ses compatriotes ivoiriens ainsi que plus généralement par de nombreux Africains ». Tout en s’empressant d’ajouter : « J’ai dit à plusieurs reprises et depuis de nombreuses années ma détermination à ne pas avoir d’activité politique. » Dans sa réponse, il insiste sur son « engagement à long terme » à la tête du Crédit suisse et sur sa volonté de poursuivre la stratégie mise en place qui « produit de bons résultats ». Fermer le ban ? Non, Tract sait de source sûre que Tidjane Thiam a caressé l’idée de devenir Président de la Côte d’Ivoire. Avant de se rendre à l’évidence que ce projet est saugrenu quand on s’appelle Thiam.

« Fatigués des querelles politiciennes »

Cela suffira-t-il à décourager ses supporteurs, qui lancent un appel à une réunion de tous les « Thiamistes » le 15 septembre à Abidjan, afin d’unir leurs forces ? Rien n’est moins sûr, tant est fort l’espoir de voir émerger de nouvelles personnalités, plus en phase avec la jeunesse d’un pays où 70 % de la population a moins de 30 ans.

« Il s’agit là d’un message de la société civile pour dire aux politiciens que les Ivoiriens en ont marre et sont fatigués de leurs querelles perpétuelles », estime un responsable politique, lequel, dans un contexte tendu, souhaite conserver l’anonymat. Il rappelle également que, depuis 1999 et le coup d’Etat du général Gueï contre le président Bédié, dont il était le ministre du plan et du développement, Tidjane Thiam n’est jamais revenu en Côte d’Ivoire.

D’autres responsables font remarquer que des attaques liées à l’origine sénégalaise de son patronyme sont déjà apparues, ravivant la crainte de voir le pays renouer avec ses vieux démons. « On a rarement vu en Afrique de président parachuté de l’extérieur se faire élire », rappelle enfin un journaliste ivoirien, citant l’exemple de Lionel Zinsou au Bénin, présenté comme un banquier et un manager hors pair, mais rejeté dans les urnes par ses compatriotes en 2016.

Le chanteur Rachid Taha, légende du métissage musical, décédé hier à 59 ans

L’ex-leadeur du mythique Carte de séjour mêlait les influences de son Algérie natale avec le rock, le punk et l’électro. Le chanteur Rachid Taha est mort dans la nuit du mardi 11 au mercredi 12 septembre d’une crise cardiaque dans son sommeil, à son domicile de la région parisienne, a fait savoir sa famille dans un communiqué. Il avait 59 ans.

« Son fils Lyes, sa famille, ses proches, tous ses amis et son label Naïve, ont le regret et l’immense tristesse d’annoncer le décès de l’artiste Rachid Taha, survenu cette nuit suite à un arrêt cardiaque à son domicile des Lilas », précise le communiqué.

L’ancien chanteur du groupe Carte de séjour mêlait dans sa musique les influences de son Algérie natale avec des sons plus rocks.

Lui qui était né à Oran, avant d’arriver en Alsace à l’âge de 10 ans, aimait construire des ponts entre les cultures. En 1986, il reprenait avec son groupe la chanson Douce France, de Charles Trenet, pour se payer la tête de l’intégration, peu après la marche des Beurs et la création de SOS Racisme.

« Ya Rayah », tube intergénérationnel

Se produisant en solo à partir du début des années 1990, il sort en 1998 un tube transgénérationnel, avec une reprise de Ya Rayah, hymne des immigrés algériens composé par l’idole du chaâbi, Dahmane El-Harrachi (1925-1980). Un genre musical qu’il affectionnait : « J’ai découvert le chaâbi à la radio, puis par les scopitones dans un bar à côté d’où l’on habitait, en Alsace, avec mes parents, racontait Rachid Taha en 2017. C’est un peu notre Jack Kerouac à nous, de manière plus orientale ou désorientée. »

Cette année de fierté black-blanc-beur est aussi celle du succès de 1, 2, 3, Soleils, réunissant Rachid Taha, Khaled et Faudel.

Depuis, Rachid Taha n’a jamais cessé la musique. Pour la sortie de son dernier album, « Zoom », en 2013, le chanteur électrise le Trianon à coups de sons traditionnels et électroniques, de métissages punk, jamaïcains et électro. Quatre ans plus tard, il rend hommage au chaâbi le temps d’un concert à l’Institut du monde arabe. Il s’apprêtait à sortir un nouvel album chez Believe, dont le premier single devait s’intituler « Je suis africain ».

L’Europe peuplée de 25% de Subsahariens en 2050 ? Un mirage ! (sociologue)

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L’Europe de 2050 sera-t-elle peuplée à 25 % d’immigrés subsahariens ? Depuis que Stephen Smith a prophétisé, en début d’année, dans La Ruée vers l’Europe (Grasset), que le Vieux Continent comptera 150 à 200 millions d’Afro-Européens dans trente ans, la question, hier cantonnée à l’extrême droite, a trouvé d’autres porte-voix. Dans le contexte de fermeture de l’Europe, la démonstration de l’universitaire, ex-journaliste (au Monde, notamment) a séduit jusqu’au sommet de l’Etat, où Emmanuel Macron estimait, le 16 avril, que l’auteur avait « formidablement décrit » la menace d’une jeunesse africaine massée sur l’autre rive de la Méditerranée, à qui il ne manque qu’un « go » pour s’élancer vers les capitales européennes.

Depuis sa chaire Migrations et sociétés, au Collège de France, François Héran a un moment observé ce débat, avant de s’en saisir, au nom de la « véracité scientifique ». Ce sociologue, anthropologue et démographe, meilleur spécialiste français du sujet, répond aujourd’hui que cette invasion est un mirage.

« L’ordre de grandeur le plus réaliste est cinq fois moindre », a-t-il même mesuré, réfutant le spectre d’une Europe à 25 % afro-européenne. « Les Subsahariens, qui représentent 1 % de la population européenne, représenteront tout au plus 3 % ou 4 % de la population des pays du nord en 2050 », ajoute-t-il dans le dernier numéro de Population et sociétés, la revue de l’Institut national d’études démographiques (INED), qui sort mercredi 12 septembre, où il signe un article intitulé « L’Europe et le spectre des migrations subsahariennes ».

Une hausse, mais pas « une invasion »

Cette analyse scientifique étayée sonne comme le premier round d’un match l’opposant aux tenanciers de la « théorie du grand remplacement » de la civilisation européenne par les immigrés – développée par Renaud Camus et reprise par de nombreux médias d’extrême droite et identitaires. Les élections européennes de mai 2019 devraient d’ailleurs faire caisse de résonance à ce débat qui traverse l’Europe, se nourrissant simultanément de la croissance démographique prévue en Afrique dans les décennies à venir et de la crise de l’accueil des migrants en Europe.

Et pourtant… Aujourd’hui, « 70 % des migrants subsahariens s’installent dans un autre pays africain, 25 % se répartissent entre le Golfe et l’Amérique du Nord, et 15 % viennent en Europe », relativise le chercheur.

« Si l’on intègre la croissance démographique projetée par l’ONU. C’est-à-dire le passage de 970 millions d’Africains en zone subsaharienne à 2,2 milliards en 2050 (…), les immigrés subsahariens installés dans les pays de l’OCDE pourraient représenter en 2050 non plus 0,4 % de la population, mais 2,4 %. »

70 % des migrants subsahariens restent dans leur région, contre seulement 1 % des Nord-Africains. Une hausse importante, admet M. Héran, « mais 2,4 % ne permettent en aucun cas de parler d’invasion, même en ajoutant la seconde génération ». A l’heure actuelle, « sur les 420 millions d’habitants d’Europe de l’Ouest, 5,3 millions sont nés en Afrique du Nord, et 4,4 millions dans le reste du continent africain », insiste-t-il pour établir un état des lieux. Dit autrement, l’Europe compte 1,5 % de populations d’origine maghrébine et 1 % de Subsahariens, quand, en France, ces taux sont de 4,3 % pour les natifs d’Afrique du Nord et de 1,5 % pour les Subsahariens.

Ces analyses, qui s’appuient « sur des statistiques de plus en plus fiables qui autorisent à se passer des états civils parfois lacunaires », permettent de démontrer « que l’Afrique émigre moins que l’Amérique centrale, l’Asie centrale ou les Balkans », rappelle M. Héran. Pour arriver à cette conclusion, à ce chiffrage précis, le chercheur – qui a aussi une casquette de statisticien à l’Insee – a travaillé sur un outil construit par la Banque mondiale, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et le Fonds monétaire international, qui recense depuis quinze ans le nombre de natifs d’un pays résidant dans un autre.

Les mouvements des populations aujourd’hui « confirment un résultat connu, de longue date, des économistes : plus un pays est pauvre, moins ses habitants ont de chance de migrer au loin. S’ils émigrent, c’est d’abord dans les pays limitrophes ».

Forte volonté d’émigrer

Pour François Héran, il faudrait un saut en matière de développement pour que l’Afrique émigre vraiment massivement. Or, « les données qu’explore Stephen Smith s’appuient sur une Afrique qui aurait atteint le même niveau de richesse que le Mexique. Niveau de développement dont on est globalement loin », ajoute-t-il.

De même, il réfute l’idée que les populations se « déversent » mécaniquement des pays à forte fécondité vers les pays à faible fécondité, puisque, à ce jour, « ceux qui comptent au moins quatre enfants par femme ont envoyé 5 % seulement de leurs migrants vers les pays ayant moins de 1,7 enfant. Les pays les plus mobiles sont les plus engagés dans la transition démographique, que ce soit au sud ou au nord », ajoute le chercheur.

Bref, si tous les arguments invoqués par les démographes plaident pour une soutenabilité de la migration africaine vers l’Europe, dans les années à venir, ils dévoilent quand même qu’un « temps 2 », moment où l’Afrique aura atteint un seuil de développement suffisant, se conjuguera avec une volonté d’émigrer plus forte.

« Candidature de recours » : Wade prend acte des dénégations de Madické (lettre)

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Voici la lettre qu’Abdoulaye Wade a adressé hier, mardi 11 septembre, depuis Dubaï, à Madické Niang, pour prendre acte des dénégations de celui – ci quant à une volonté de substituer sa candidature (ou une autre) à celle du candidat officiel du PDS pour la présidentielle 2019, Karim Wade.

Maître Abdoulaye Wade
Ancien Président de la République
Secrétaire général du Parti
démocratique Sénégalais
Dubaï 11 septembre 2018

Maître Madické Niang
Avocat à la Cour
Président du Groupe parlementaire
Liberté et Démocratie

Mon cher Madické,

J’ai pris connaissance de votre réaction à ma déclaration. Vous me connaissez pour ne pas savoir que je réagis spontanément sans détours. Je l’ai fait au stade de mes informations provenant de plusieurs sources.
La vigueur de ma réaction n’a eu d’égale que la profondeur de ma déception tant les liens qui nous unissaient étaient forts.
Devant l’accent de sincérité de votre déclaration, votre évocation du Saint-Coran et de notre Guide à tous les deux, le Vénéré Cheikh Ahmadou Bamba Khadimou Rassoul, je vous donne acte de votre déclaration qui me rassure.
Enterrons ce qui ne doit plus être dans nos relations qu’un regrettable incident qui se situe maintenant derrière nous.

Abdoulaye Wade

Crise USA- Mali ? La toute nouvelle ministre des Affaires Étrangères malienne Kamissa Camara prophétisait en 2016 « la fin du monde si Trump était élu »

En octobre 2016, le directeur de publication de Tract s’est entretenu avec Kamissa Camara, pour un portrait commandé par le magazine bruxellois Notre Afrik. Celle qui a été nommée hier lundi 10 septembre 2018 comme  nouvelle ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération internationale du Mali s’arrachait alors les cheveux à la perspective, selon elle terrifiante, de l’élection de Donald Trump comme Président des USA, pays où elle résidait et travaillait alors. Depuis lors, beaucoup de tempêtes auront soufflé sous le plafond du bureau Ovale de la Maison-Blanche, mais le monde s’est survécu. Entretemps, IBK avait déja nommée Camara comme ambassadeur, conseiller diplomatique du Président. En prenant désormais à un poste clé de son gouvernement Kamissa Camara, 35 ans, (belle) spécialiste de la crise au Sahel, le Président malien IBK réussit là un very smart move, et renvoie son malheureux challenger Soumaïla Cissé dans le camp des has-been.

Voici le portrait que nous consacrions à la nouvelle cheffe de la diplomatie malienne en novembre 2016.

« Kamissa Camara : cerveau politique finance sociétés civiles »

[Malienne d’origine, elle est directrice adjointe de programmes pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest au NED, ONG créée par le Congrès américain en 1983 pour soutenir les sociétés civiles en matière de démocratisation et de bonne gouvernance].

En ce début novembre, mois de l’élection présidentielle aux USA, Kamissa Camara, 33 ans, aura peut-être vécu sa plus belle semaine – ou sa pire- : « Si Trump est élu à la tête des USA, ce sera la fin du monde » déclare celle qui est la coordinatrice du groupe de travail sur le Sahel pour la campagne d’Hillary Clinton. Cette implication politique signe bien l’intégration achevée de cette Franco-Américaine née de parents maliens, eux –même immigrants à Grenoble en France, pays qu’elle a quitté il y a neuf ans maintenant, à la faveur d’une « green card » obtenue à la loterie aux visas.

Intégration ? Ce n’est pas le mot quelle préfèrera. Si elle remercie la France de lui avoir offert de très bonnes études gratuites, elle n’en pense pas moins que ce que le pays de Marianne « fait de ses enfants en fonction de leurs origines est une autre question ». Cette aînée d’une fratrie de deux autres sœurs et d’un frère se contente de faire ce qu’on apprend aux premiers nés en Afrique : montrer la voie.

Au-delà de ses responsabilités formelles au NED (National Endowment for Democracy), elle travaille beaucoup à sensibiliser l’opinion publique américaine sur ce qui se passe au Sahel. Son bébé, le Sahel Strategy Forum mis en place en 2014 et initiative qu’elle a « vendue » au NED, co-animé par elle et par l’ex administratrice pour les affaires africaines de l’USAID, l’Africaine-Américaine Vivian Lowery Derryck, organise des débats ad hoc selon la disponibilité des dirigeants africains qui viennent à Washington. En présence d’ambassadeurs africains de la région Sahel, les ministres Mohamed Bazoum (Niger) et Abdoulaye Diop (Mali) y ont été reçus. Yacouba Isaac Zida du Burkina Faso y est venu, « pendant qu’il était Premier ministre » précise –elle. Le président Ibrahim Boubacar Keita du Mali n’est pas encore venu, pour des « problèmes d’agenda ». « Le Sahel est la région la plus incomprise du monde : on parle de problèmes sécuritaires et de rien d’autre » déplore Kamissa. Selon elle, il faut prendre en compte l’ethnicité, la religion et la culture : «par exemple, il faut comprendre que les Sonraïs du Mali et du Niger sont des cousins, qui se marient entre eux et traversent les frontières sans s’en soucier. Il ne sert à rien d’y envoyer les soldats américains. ».

En août 2012, Kamissa entre au NED en provenance de l’IFES (International Foundation for Electoral Systems) où elle s’est occupé de supervision des élections pendant quatre années. Elle est spécialement recrutée pour le programme Mali, pays qui vient de vivre un coup d’Etat, et commence en tant que chargée de programme Afrique de l’Ouest. Elle recherche des partenaires, rencontre le gouvernement et les acteurs des élections qui suivent le coup d’Etat. Bilan sur le Mali quatre ans plus tard ? Réticente, elle consent toutefois à dire que « ça ne va pas très bien. Il y a un problème de gouvernance et de leadership. La situation n’est pas que de la faute de terroristes ». Parce qu’elle reste « une fille du pays », il y a une tolérance tacite de ce qu’elle écrit régulièrement sur le Mali dans son site personnel (kamissacamara.com), où elle promeut le Sahel Strategy Forum.
Rapidement, au NED, elle est promue en tant que vice-directrice du programme Afrique de l’Ouest et Afrique centrale au bureau de Washington, unique antenne de l’organisation. Ce qui la contraint – elle est son équipe de 6 personnes- à beaucoup voyager sur le continent. Son travail consiste à élaborer les stratégies pays, entretenir de bonnes relations avec les bailleurs et les ministres des différents gouvernements, et enfin trouver des partenaires de la société civile pour la mise en œuvre d’activités.

Avec 8 millions de dollars annuels de budget pour l’ensemble de la région Afrique centrale et Afrique de l’Ouest, son plus grand portefeuille est la RDC, où le NED appuie plus de 50 partenaires de la société civile et espère « une sortie acceptable » de la crise politique liée à la tenue hypothétique de l’élection présidentielle en cette fin d’année. Dans les pays d’intervention, le NED rencontre des ministres, organise des rencontres closes entre majorité et opposition à l’étranger, où il plus aisé de les réunir. « On travaille dans des pays compliqués. Quand tout va bien, on n’a pas de raison d’y être ».

Ousseynou Nar GUEYE

L’ET DIT TÔT D’ONG : Bureau d’Information Gouvernemental ? BIG Mistake !

Le char de l’Etat du Sénégal tel qu’il est conduit par Macky Sall vient encore de faire dans son énième resucée : il lance en grandes pompes, mackyllé comme un camion volé sous l’acronyme BIG (sic), le Bureau d’information gouvernemental. Officine directement et onomastiquement décalquée sur le Service d’Information du Gouvernement (SIG) qui existe en France depuis…1963, avec des changements notables de missions en 1996, 2002 et 2005, notamment à la faveur d’Internet et des télés d’info continue qui ont augmenté les situations de communication de crise pour le gouvernement français et donné lieu à l’émergence des fameux « éléments de langage ».

Seydou Gueye, le ministre porte-parole du gouvernement, reprend mot pour mot les missions du SIG français (visibles sur Wikipedia) pour désigner ceux du BIG sénégalais, en disant qu’il s’agit  » d’analyser l’évolution de l’opinion publique et le contenu des médias ». Analyser l’évolution de l’opinion publique ? Le SIG français avait traduit cette directive de manière concrète en multipliant les sondages d’opinion au bénéfice exclusif des présidents français , en période électorale. Surtout sous la direction générale du communicant Thierry Saussez, entre 2008 et 2010, qui finira par démissionner de la tête du SIG; du fait de l’entêtant parfum de scandale qui se dégageait de ses opérations de propagande gouvernementale et enquêtes d’opinion  commanditées, pour lequel il aura quadruplé le budget du SIG. Pour situer Saussez, à la tête de son cabinet Image et Stratégies, il aura conseillé l’alors président ivoirien Henri Konan Bédié dont il  empocha 730 000 Euros annuels entre 1995 et 1999. Transition toute trouvée pour revenir à nos moutons, ici en Afrique, au Sénégal : Macky Sall ne croit pas lui-même au sondage qu’on est venu lui vendre et qui lui donne 54% au premier tour de la prochaine présidentielle, selon ce qu’il a publiquement proclamé. Big Macky veut commanditer ses propres sondages. Il a désormais le BIG pour superviser cette besogne.

Autre temps, autres mœurs : le Président Abdoulaye Wade créa un « ministère de l’information » en 2001 ( et non un ministère de la communication), ce contre quoi l’auteur de ces lignes s’est insurgé dans un éditorial en Une de Tract à l’époque, rappelant que seuls des pays goebbelsiens comme le Zimbabwe de Mugabé avait un ministère de l’Information, qui filtrait l’entrée de journalistes étrangers dans le pays. Puis, Wade aura été tenté de mettre sur pied un Service d’Information gouvernemental en février 2011 au Sénégal. Il a abandonné le projet en raison des soupçons légitimes de manipulation de l’opinion que cela aurait créé, dans un climat alors éruptif, à douze mois des élections.

A 6 mois du premier tour de la présidentielle, Macky Sall, qui a choisi de faire feu de tout bois, n’a pas cette sagesse.

Ousseynou Nar Gueye

Directeur de publication de Tract

54%: Mame Adama Gueye s’insurge contre la mention de sondages par Macky Sall

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L’avocat et candidat à la présidentielle Mame Adama Gueye s’est insurgé contre la mention par Macky Sall, de sondages qui lui donnent un score de 54% au premier tour. Gueye rappelle que c’est là une violation de la loi et que la publication de sondages est strictement encadré. Ils prend à témoin les Sénégalais pour ce dérapage du président sortant.  « La loi est au-dessus du président de la République » tonne l’avocat-candidat.

Trudy Stevenson, l’ambassadeur du Zimbabwé à Dakar sera incinérée demain à Hararé

​Ambassadeur du Zimbabwé au Sénégal, Trudy Stevenson, 74 ans, est décédée brutalement à Dakar dans son domicile des Almadies, le 24 août. Le corps a été rapatrié dans son pays et la famille a annoncé les arrangements qu’elle a pris pour ses obsèques. La messe d’enterrement aura lieu à la chapelle catholique Notre Dame du Bord de Mer, dans le quartier de Mont Pleasant à Hararé, dans la capitale zimbabwéenne, demain vendredi 7 septembre à 10h heure locale. La dépouille mortelle de l’ex ambassadrice sera ensuite incinérée, dans une cérémonie privée.

Inventaire des Idoles : « Soda, le don et la grâce »

Bien en peine seraient ceux qui essayeraient de savoir à quoi Soda Mama Fall doit sa grâce et les propos louangeurs unanimes sur sa personne. Ils seraient comme des chercheurs d’or, les mains occupées à creuser, exténués à draguer le sol, alors qu’il suffit de contempler le lingot tout affiné, là, là-devant. Du couple entre le don et la grâce, les gouvernants politiques ont fait de mauvais usages autoritaires et religieux. Autrement, le duo est toujours assorti. C’est le privilège dont jouissent ceux qu’on aime sans jamais savoir pourquoi, dans l’évidence d’une idylle. Il est des mystères comme ça, qu’on se plaît à ne pas déranger, comme des trésors qui ne livrent leur sel que bien cachés dans leur écrin. Tel est ce recueillement quasi-national, qu’inspirent l’esthétique et l’aura de Soda Mama Fall.

Peut-être qu’il se trouve – je ne sais – dans son regard, un point de douceur qui invite à la sérénité, mieux, à la joie, presque à la gratitude ? Les traits épurés, gracieux, ce visage sur lequel le temps n’a qu’une infime emprise, et encore, resplendit-il sa beauté pour tout sévices. Cela expliquerait-t-il tout ? Pas si sûr. Peut-être ce visage, qui se borne à demeurer si naturel, si insolemment inaltéré, si prodigieusement serein, résistant aux artifices, est-il une rébellion contre le dogme des apprêts du Dieu-maquillage tellement en vogue ? Nul ne saurait le dire. A quelque méconnaissance, chipoter est bon. Et si c’étaient ces longues tuniques, aux couleurs unies de grande royale, ces foulards, assortis si biens noués, cette forme d’élégance, offerte, ce port de tête, espiègle, ces lèvres, graciles, ce cou, serpenté de plis. Je m’égare mais je ne sais toujours pas. Allez, je me résigne. J’opte pour la contemplation gratuite, j’ai appris de Sartre ce mot devenu, à bien des égards une devise : « Glissez mortels, n’appuyez pas. ». J’ai encore appris de Desproges que la « beauté était le privilège le plus exorbitant ».

Je l’ai déjà dit, écrit et chanté – Internet m’en sera témoin – mon amour pour Soda Mama Fall. J’aime songer à elle. Son allure de mère aimante a toujours calmé mes pulsions rebelles, bassement viriles ou juvénilement contestatrices. Si, à l’école prétentieuse des Livres, j’ai appris, l’insoumission, la méfiance et la défiance, instruit qu’il fallait les appliquer à tout pour convoiter la liberté, je dois dire que je ne peux rien reprocher à SMF, sinon l’aimer, défaillir, accepter de perdre pied ; elle que je vois comme une promesse vague d’un idéal de femme qui, les nuits de solitude, les jours sombres, s’invite dans la chambre de Baudelaire ou de Cheikh Moussa Ka, en muse éternelle et providentielle. J’ai cru déceler, avec beaucoup de peine, vivant en France, le malaise et la détresse de beaucoup de femmes noires, s’estimant délaissées et dépréciées. Allant jusqu’à renoncer, dans une défaite âcre et silencieuse, à leurs charmes, car toujours réduites aux stéréotypes d’invendues du marché de l’amour à tendance hystériques. Quoiqu’elles en disent, quoique l’époque change, et que le discours s’inverse, on peut percevoir cette douleur de la haine de soi encore palpable. Entouré de femmes noires, amies, amantes, sœurs, j’ai été tour à tour lâche, fuyant, imperméable à cette souffrance indicible. Jusqu’à y être plus sensible grâce à Soda mama Fall.

Elle me rappelait qu’à l’image de Sali, la bonne de mon adolescence, et de bien d’autres femmes aimées, il y avait un détail chez beaucoup de femmes noires, mais pas seulement, entre la simplicité presque nue et l’indéchiffrable charme, qui restait la parcelle inviolée par les réputations et les assignations. Sans les discours sur les canons de la beauté, les militantismes « capillaires » qui enjambent la question économique ; toutes ces nouvelles idéologies si maladroitement émancipatrices, mais si assurément aliénées par les mondialisations dystopiques de Joseph Tonda, il y a peut-être une thérapie peu couteuse. Ni dans le fantasme des origines, ni dans la dilution dans la mode, mais dans la culture d’un naturel, pleinement, dans un temps du monde. Soda Mama Fall sera oubliée des égéries afro de la scène de Paris et de New-York. Elle est comme les tailleurs africains qui travaillent les wax depuis des lustres pour des pécules ridicules, elle sera victime de l’appropriation culturelle admise, celle de la connivence de race, broyée par l’intersection. Le wax enrichit les créateurs parisiens, possiblement, sinon toujours afro, autant qu’il appauvrit le tailleur de Koumpentoum. La belle ironie : il y a dans la communauté des meurtres admis, requalifiés en union salvatrice.  Mais SMF vaut toutes les beautés du monde, et inversement. Hors des foires d’empoigne, elle résiste, dans ce huis-clos national ou africain, si déconsidéré par ceux qui s’en revendiquent pour l’ascendance, à partir des diasporas déchirées. C’est dans notre temps agité de spasmes identitaires, une belle carte de visite du Sénégal, l’authentique sans la fermeture, « l’universel sans le mur » ! S’aimer, c’est moins « savoir » le faire, que le « pouvoir ». Il suffit souvent de se déshabiller des artifices, politiques plus que vestimentaires, pour être soi : c’est l’évidence de ce don et de cette grâce que Soda Mama Fall s’emploie, depuis des années, à nous offrir.

Elgas

Pierre Goudiaby ATEPA, artisan du dialogue islamo-chrétien, Prix d’Excellence ‘’ Al Amine 2018’’ pour la promotion du Dialogue Islamo chrétien

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La Fondation d’Appui aux Initiatives pour la Promotion de l’Islam a décerné son Prix d’Excellence ‘’ Al Amine 2018’’ pour la promotion du Dialogue Islamo chrétien à Pierre Goudiaby Atepa. A cette occasion, Mohamed NDA, Directeur de publication du Magazine Islam Inter Infos, lui rend hommage dan cette tribune:

Personnage d’envergure continentale africaine par ses réalisations,  le plus grand mérite de Pierre Goudiaby ATEPA, c’est d’avoir décelé très tôt, plus que la plupart des intellectuels engagés dans les activités économiques, la puissance de la foi en Dieu et de l’avoir inscrit au cœur de ses principes de vie.

En effet, parler de Pierre Goudiaby ATEPA sans parler de sa dimension spirituelle, c’est réduire  le personnage; c’est vouloir décrire l’arbre sans parler des racines.

Les œuvres et réalisations multidimensionnelles de Pierre Goudiaby ATEPA, retracent certes son admirable itinéraire et commentent à suffisance ses multiples facettes.

Mais ses qualités, ses vertus et son génie intellectuel, seuls, n’auraient pas pu lui permettre de  réaliser ce qu’il a accompli s’il n’avait pas eu un soubassement puissant, un levier sur lequel il a pu s’appuyer à tout moment. Ce soubassement spirituel puissant, ce levier, c’est sa grande foi en Dieu.

Mais en dépit de sa foi chrétienne ardente,  Pierre Goudiaby ATEPA n’a jamais manqué de respect et de considération aux religions d’autrui.

Nourri aux mamelles du catholicisme, originaire d’une région sénégalaise à majorité chrétienne dans un Etat à dominance musulmane, Pierre Goudiaby ATEPA n’éprouve aucune difficulté à contribuer à la réalisation de ce que certains observateurs extérieurs n’hésitent pas  à qualifier de « miracle sénégalais du dialogue islamo chrétien ».

Soutien à la construction de mosquées, offre de billets pour le pèlerinage à la Mecque, dons de moutons de Tabaski, etc. Pierre Goudiaby ATEPA est un chrétien pratiquant qui traduit constamment, en actes concrets, sa contribution au renforcement du dialogue islamo-chrétien au Sénégal.

Incontestablement, le modèle de laïcité du Sénégal doit beaucoup à ce digne fils du pays qu’est Pierre Goudiaby ATEPA.

En effet, à l’heure où la religion est honteusement instrumentalisée par certains fondamentalistes, il est important de mettre en exergue ce que Pierre Goudiaby ATEPA, ce sénégalais qui fait la fierté de toute l’Afrique sous de nombreux rapports, fait pour contribuer en l’enracinement du dialogue islamo chrétien dans son pays.

Homme d’affaires émérite ayant parcouru le monde entier, Pierre Goudiaby ATEPA  sait que la coexistence pacifique entre les peuples appartenant à différentes religions et civilisations facilite les échanges des bénéfices matériels et intellectuels.

Cette coexistence pacifique contribue également à ce que ces peuples s’entraident pour résoudre les problèmes auxquels ils doivent faire face ensemble en tant qu’habitants du même village planétaire : maladies, pollution de l’environnement, etc.

Pour ceux qui, comme Pierre Goudiaby ATEPA, ont la vraie foi en Dieu seul,   quelle que soit la religion à laquelle nous appartenons, quelles que soient les prières que nous récitons, il n’y a véritablement qu’un enseignement. A savoir qu’il n’ya qu’un seul et même Dieu.

Et toute société qui reconnaît le Dieu unique et qui ne Le compare à rien d’autre ; toute société qui maintient cette seule Vérité, qui n’adore qu’un seul Maître, qui Le prie, et qui s’en remet à Lui ; toute société qui a atteint ce niveau de compréhension n’a besoin que de Dieu.

Alors, les gens d’une société comme celle à laquelle nous appartenons n’ont besoin que des qualités de Dieu, que de Ses actions, que de Son comportement, que de Sa grâce, que de Sa patience, et que de Sa compassion. Y a-t-il quelque chose d’autre de plus important ?

Tous ceux qui ont la foi en Dieu doivent s’évertuer à rechercher la même chose en ce Dieu. En conséquence, il ne doit pas y avoir de division entre les races, les religions, ou les castes, parce qu’on ne peut voir Dieu quand il y a séparations.

Ces séparations nous séparent de Dieu. Ces séparations nous éloignent des qualités de Dieu, de Sa grâce, de Son trésor, de Sa justice, de Son savoir, de Sa vérité et surtout de Sa paix.

Pour avoir eu dans le cadre de ses activités à côtoyer les hommes sur tous les continents,  Pierre Goudiaby ATEPA est arrivé  à comprendre que la société humaine est véritablement Une ; que nous sommes tous les enfants d’Adam, et que par conséquent il n’y a qu’un seul Dieu.

Les séparations et les différences sont les fautes qui nous détruisent notre unité et notre paix.

Quand nous comprendrons ceci, nous trouverons la paix, dans la vie, dans la famille humaine et dans le royaume de Dieu.

Cela est une conviction profonde chez  Pierre Goudiaby ATEPA  qu’il s’efforce de traduire dans ses rapports permanents avec ses compatriotes  en vue de la réalisation d’une  nation  dont la valeur intrinsèque soit caractérisée par : la tolérance et le sens de la mesure.

Ce sont là deux qualités qu’on retrouve chez Pierre Goudiaby ATEPA  et qu’il veut voir davantage mise en pratique  dans la société sénégalaise où la coexistence pacifique entre plusieurs communautés et différentes confréries religieuses en constitue la caractéristique principale ; alors qu’ailleurs en Afrique et dans le monde, elles génèrent conflits et guerres.

C’est pourquoi, loin de se laisser plonger dans le découragement dû à certaines incompréhensions qui surviennent parfois entre lui et certains de ses compatriotes, Pierre Goudiaby ATEPA  a toujours su faire preuve de dépassement pour parvenir à un apaisement des divergences.

Cet homme sait que face aux vicissitudes de la vie, aux épreuves de tout genre, il ne doit pas se lasser d’imiter les Prophètes et les vertus telles que l’ouverture, le don de soi, le respect de l’autre, l’abnégation, l’altruisme, le sacrifice.

Engagement de servir son pays au plus haut niveau

C’est animé par cet état d’esprit que Pierre Goudiaby ATEPA considère comme relevant de son devoir de contribuer de façon plus active à apporter une  réponse aux défis actuels auxquels son pays le Sénégal est confronté.

En hommes de foi ; Pierre Goudiaby ATEPA sait que son union à Dieu doit l’ouvrir à son pays  et le pousser à unir ses talents à l’effort de toutes les personnes de bonne volonté qui cherchent par tous les moyens à améliorer les conditions de vie de ses concitoyens.

C’est ce témoignage plus concret et plus incarné que l’Afrique attend désormais de ses hommes de foi.

Les leaders africains animés par la foi en Dieu ne doivent plus croiser les bras à l’heure de la reconstruction de nos pays. Ils ne doivent pas perdre de vue la mission qui est la leur dans leur pays.

Les leaders africains de la dimension de Pierre Goudiaby ATEPA, qui ont la foi en Dieu, ont l’obligation de comprendre leur volonté de service comme exigence de la justice sociale et de la libération à l’instar de ce qui fut l’engagement des Prophètes au milieu de leurs peuples aux multiples barrières humaines.

Ils ne doivent pas avoir peur de soulager la misère de leur peuple. Ces leaders doivent rétablir les personnes blessées dans leur dignité.

Tous ces leaders doivent comprendre que l’homme de foi, qui s’engage par vocation, témoigne de son Prophète, et agit comme lui.

C’est en cela que s’exprime leur mission d’être des signes d’espérance pour leur peuple.

Pour les croyants, la foi et la liberté spirituelle, conjuguées à l’usage de la raison, stimulent le discernement éthique et donc le courage et l’engagement en politique.

Nous pensons qu’un digne citoyen doit prendre ce genre d‘engagement tel un devoir national pour le bien de son pays. 

C’est ce à quoi Pierre Goudiaby entend s’atteler  en y consacrant tous ses efforts. 

 

Mohamed NDA

Directeur de publication

Magazine Islam Inter Infos

  

  

 

Inventaire des Idoles : « Tapha & Tyson, le legs et le légataire »

 Les deux directs de Tapha n’avaient pas fendu l’armure de Tyson. Le crochet du gauche suivant n’avait pas eu plus de succès. Mais en obligeant son adversaire, par cette saccade de coups, brusque et déterminée, à concentrer sa défense sur le haut du corps, Tapha s’était ouvert une possibilité pour le bas. C’est le moment où tout basculait. En trois secondes, ce protocole du début des combats de la lutte sénégalaise qui relève presque de la caresse virile, ouvrait droit au drame.  On le revoit tous, ce corps à corps bref mais si interminable, initié par l’impétuosité de Tapha. On le revoit essayer, ayant saisi la cuisse de Tyson, de l’entraîner vers la chute à l’extérieur. Le colosse résiste. On le voit retenter la même clé sur l’intérieur, s’adaptant chaque seconde à la puissance physique et agile de son adversaire. Toujours vain. Le virtuose désarmé face au mur. Jusqu’au moment fatal où le corps-à-corps profite au vacillant Tyson, qui cale sa jambe entre les cuisses du tigre, le propulse jusqu’à la taille, le fait décoller du sol, et c’est fini. Tyson enrichit son palmarès d’un succès prestigieux.

Je me souviens, mauvais perdant, fanatique de Tapha, avoir nié la victoire de Tyson jusqu’au bout de la nuit, les yeux embués, frappé, comme dans un deuil. La mauvaise fois est au perdant ce que la béate joie est au vainqueur, un marqueur, presqu’une thérapie. Mon héros, celui qui devait arrêter l’ouragan, après un combat héroïque, avait quand même perdu.  Une nuit, plusieurs autres, passaient avec un goût d’abîme. Je sentais, dans une indéchiffrable prémonition, une nouveauté. Témoin horrifié d’un temps qui change. La défaite de Tapha, comme ce bruit annonciateur de nouvelles dans le village d’Okonkwo chez Chinua Achebe, était l’effondrement de quelque chose, mais plus mystérieux encore, en même temps, la gestation de l’inconnu.

En 97, l’année de ce combat, le Sénégal avait soif de 2000. L’on terrifiait par quelques anecdotes, les jeunes et les crédules – et ils furent nombreux – de l’apocalypse de 2000. Le vœu du neuf secouait jusqu’à l’arène nationale, bastion que l’on pensait imprenable par les artifices de la modernité. C’était sans compter Mohamed Ndao « Tyson », taillé dans le marbre, à l’époque encore svelte, impérial de prestance, avec ce port altier, où se lisaient à la fois l’insolence de la jeunesse, et le sang glacial de l’arrogance. Tyson se dressait avec l’envergure d’une idole nouvelle, beau et grandiose, ayant laissé dans son sillage, les plumes dispersées de ce que la lutte nationale a enfanté de plus anthologique. Qu’ils s’appellent Mor Fadam, Manga 2, Mohamed Ali, ils avaient tous mordu la poussière, balayé par ce jeune blanc-bec, au nom d’écurie improbable [Bul Faale], cascadant à l’abord des arènes avec son 4-4, inventant ses nouvelles danses, engoncé dans ce drapeau américain, où il donnait à la démesure un goût local, et des teintes bien nègres. Comment ne pas tomber sous le charme d’une telle sculpture ? Comme un personnage de Balzac, Tyson a quitté sa province natale, Kaolack, ville accablée de saletés mais bénie par la dynastie des Niasse, ville aride spoliée par son maire historique mais toujours résiliente. L’ambition le mène à la capitale, et voilà qu’en 5 ans il transfigure l’arène, empilant victoires sur victoires, s’établissant dans la hiérarchie avec un aplomb de surdoué. L’étoile filante naît avec le triomphe, et tout ce qui a précédé paraissait une nuit bien lointaine.

La lutte, des villages du Kalounayes casamançais aux « Mpappath » qui produisirent Ndongo Lô, était le véhicule d’une tradition supposée impérissable. Elle façonnait des héros locaux, de la porte d’à côté ; héritiers de filiations et de lignées familiales en « Kunda », où la science se transmettait, comme pour la pêche et la forge, dans la fratrie. La lutte était une sacralité qui survivait au temps et qui produisait des lutteurs dont les valeurs étaient une part centrale de l’équation. Moustapha Gueye en était l’archétype. Ce bonhomme avait acquis ses galons, à force d’apprentissage. Le génie est venu s’épanouir ensuite sur la base de ce legs. Tapha incarnait cette période où la lutte s’excusait presque d’avoir introduit la frappe, tant elle était une affaire d’art. Quand le tigre de Fass cassait jarres, s’aspergeait de lait, ses jambes arquées et son regard espiègle promettaient toujours à l’adversaire un coup de ruse par la suite. On se souvient tous sans doute d’un lutteur, dans un quartier, professionnel ou amateur, qui savait séduire avec des techniques qui compensaient le déficit de force. Tapha, c’était encore la lutte à taille raisonnable, l’arène escortée par les chants crépusculaires, car comme tout fait social total, la lutte touchait à la mystique, au chant, à la religion, et l’argent ne venait qu’en queue de peloton, comme une récompense de petite portée qui rappelait aux acteurs que la lutte seule ne faisait une vie. A Fass, banlieue calme et grouillante, Tapha était le grand, symbole de ce trésor fragile que menaçait le temps.

L’on peut sans doute verser dans la nostalgie et la mélancolie, pleurer sur l’âge d’or perdu. Mais c’est une bien triste consolation que la défaite heureuse. Le goût du neuf chez les peuples, aux quatre coins du monde, se fout de ce qui veut rester inaltéré. Les Hommes aiment la nouveauté. Le prophète du changement, Tyson, était la trompette qui annonçait l’arrivée du nouveau monde, de la lumière, dans la lutte. Phénomène national et presque secret auparavant, depuis Tyson, la lutte a irrigué le tissu économique et celui des corps, respectivement avec l’argent sale et les produits dopants. L’arène qui étouffait s’est étendue comme un empire commercial. La révolution des années 2000 a façonné une lutte nouvelle qui a tué un charme artisanal, pour l’économie industrielle. Faut-il le pleurer ? Je ne sais…

Pendant très longtemps, un mythe entretenu à renforts d’idéologie, a opposé la tradition à la modernité. Ce mythe était même devenu le leitmotiv du décolonialisme. On sommait en ce sens les individus, surtout les sociétés, de préserver leurs traditions contre lesdites dépravations du monde. Ce qu’ils avaient oublié, c’est que la modernité, avec le capitalisme et la mondialisation, n’est jamais en conflit avec la tradition. Le capitalisme ne jurant que par le marché, est cupide, il investit tout. La lutte est votre trésor et tradition, demande le capitalisme ? Répondez-lui oui qu’il sourira, investira, chantera, dansera avec vous, et raflera la mise. Et les lutteurs deviendront des vedettes couvertes d’or comme les stars occidentales, des produits marketings, des flambeurs. Du Tyson américain à la version tropicale, la singerie est une part du rêve, puisé dans la télévision. Et pourtant, le soir venu, à chaque interview, les lutteurs-stars réciteront le protocole de bienséance nationale, fait de prières et d’hommages, pour tenter vainement d’oublier qu’ils sont les agents de l’aliénation. Pourtant devant son poste, le téléspectateur s’amuse autant, croyant « aux réalités locales » qui ne sont en vérité que les acculturations les plus douces. La lutte voyage, du Guardian au New-York Times, elle séduit, s’exporte comme intérêt, mais reste dans la pratique un fait national. Cette contradiction est un résumé des hybridations, et l’écartèlement entre la réalité de son appartenance au temps du monde et le rêve militant, de retrouver d’une pureté identitaire et tout bonnement illusoire.

En 97 Tapha s’est effondré. Tyson s’est envolé. Allégorie d’une transition. La mort du legs et le triomphe du légataire. Si Tyson a ouvert la voie aux stars actuelles de la lutte, et si le nouveau a si bien prospéré, c’est que la société couvait en elle tous les germes qui conditionnent la prospérité du nouveau. Le train de l’Histoire est une violence. Il arrache aux bras des plus méritants ce qu’ils veulent préserver. Mais souvent, quand le génie s’adapte, il se réinvente et refaçonne la perte et la transforme en trésor. Voilà le chainon manquant. La réinvention a été délaissée au profit du voyage dans le passé, d’où l’abatardissement actuel, qui est la variante nocive du nécessaire mélange, immanquable, des peuples et des influences. Tyson est devenu depuis un notable, un « cheikh », terrassé de défaites successives et humiliantes. Tapha goûte à une vie de silence et de frangin modèle. A quoi ça tient, vraiment, ces choses-là ? L’incapacité à affronter sereinement l’avenir pousse toujours à jalouser le passé. Le rêve à rebours est une impuissance. La nostalgie reste sublime comme sentiment, horrible comme idéologie.

Indépendances africaines : Le discours du général de Gaulle à Brazzaville le 24 août 1958

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Voici le texte du discours prononcé par de Gaulle, président du Conseil, à Brazzaville lors de sa tournée en Afrique en août 1958, à la veille du référendum du 28 septembre.

«Pour moi, dans ces lieux historiques, que de souvenirs remontent dans mon esprit et dans mon cœur, souvenirs que nous avons symbolisés tout à l’heure, quand nous sommes allés nous incliner devant la stèle élevée à la mémoire du gouverneur Félix Eboué; que d’émotions, l’accueil magnifique que m’a fait la population de Brazzaville depuis hier soir…

En vérité, jamais la France ne fut plus fière de l’œuvre africaine qu’elle a accomplie, qu’elle a accomplie par l’effort de ses administrateurs, de ses soldats, de ses bâtisseurs, de ses professeurs, de ses missionnaires, avec le concours des hommes de ce pays, dans une atmosphère de sympathie, d’amitié, d’unité qui s’est révélée si souvent, et d’abord dans le sang, sur les champs de bataille.

Le discours du général de Gaulle à Brazzaville le 24 août 1958

Pourquoi la France renierait-elle son œuvre africaine en dépit de certaines démagogies qui ne font que couvrir divers impérialismes? Cette œuvre, elle ne la renie pas, elle est prête aujourd’hui à la poursuivre dans des conditions tout à fait nouvelles, qui sont imposées par l’évolution des peuples et par le mouvement général du monde. Quelles conditions?

En voici deux:

La première de ces conditions, c’est qu’il est naturel et légitime que les peuples africains accèdent à ce degré politique où ils auront la responsabilité entière de leurs affaires intérieures, ou il leur appartiendra d’en décider eux-mêmes. Bref, de se gouverner eux-mêmes.

Le deuxième principe est cette règle qui s’impose à tous les esprits de bon sens, que dans un monde comme il est, il est nécessaire que s’établissent de grands ensembles économiques, politiques, culturels et du besoin de grands ensembles de défense.

C’est le deuxième principe que le gouvernement de la République, sous ma direction, met à la base des propositions qu’il va soumettre dans peu de temps au suffrage de tous les citoyens des territoires d’Afrique et des citoyens de la métropole.

La métropole et les Territoires d’Outre-Mer forment ensemble une communauté.

Quelles propositions, quel projet va être soumis au choix libre et conscient de tous? C’est celui de la communauté. Ce qui est proposé, c’est que la métropole et les Territoires d’Outre-Mer forment ensemble une communauté dans laquelle, je le répète, chacun aura le gouvernement libre et entier de lui-même, et dans laquelle on mettra en commun un domaine qui, dans l’intérêt de tous, comprendra la défense, l’action extérieure, politique, économique, la direction de la justice et de l’enseignement et des communications lointaines.

Cette communauté aura des institutions: un président de la communauté, un conseil exécutif de la communauté qui réunira les chefs de gouvernement avec les ministres chargés des affaires communes, et un Sénat de la communauté, formé par les représentants de tous les territoires de la métropole, qui délibérera des affaires communes; enfin, une cour d’arbitrage pour régler sans heurts les litiges qui pourraient se produire.

Cette communauté-là, je vais la proposer à tous et à toutes ensemble, où qu’ils soient. On dit: «Nous avons droit à l’indépendance.» Mais certainement oui. D’ailleurs, l’indépendance, quiconque la voudra pourra la prendre aussitôt. La métropole ne s’y opposera pas.

Un territoire déterminé pourra la prendre aussitôt s’il vote «non» au référendum du 28 septembre. Et cela signifiera qu’il ne veut pas faire partie de la communauté proposée et qu’il fait en somme sécession. Cela signifiera qu’il veut poursuivre son chemin lui-même, isolément, à ses risques et périls. La métropole en tirera la conséquence et je garantis qu’elle ne s’y opposera pas.

Mais si le corps électoral, dans les territoires africains, vote «oui» au référendum, cela signifiera que par libre détermination, les citoyens ont choisi de constituer la communauté dont j’ai parlé. Alors cette communauté sera instituée. On la fera fonctionner. Je suis sûr que ce sera pour le bien de tous.

Mieux même; à l’intérieur de cette Communauté, si quelque territoire au fur et à mesure des jours, se sent, au bout d’un certain temps que je ne précise pas, en mesure d’exercer toutes les charges, tous les devoirs de l’indépendance, eh bien! il lui appartiendra d’en décider par son Assemblée élue et, si c’est nécessaire ensuite, par le référendum de ses habitants. Après quoi, la Communauté prendra acte, et un accord réglera les conditions de transfert entre ce territoire, qui prendra son indépendance et suivra sa route, et la Communauté elle-même.

Je garantis d’avance que dans ce cas non plus la métropole ne s’y opposera pas. Mais, bien entendu, la métropole elle aussi gardera à l’intérieur de la Communauté la libre disposition d’elle-même. Elle pourra, si elle juge nécessaire, rompre les liens de la Communauté avec tel ou tel territoire, car il ne peut échapper à personne que la Communauté imposera à la métropole de lourdes charges, et elle en a beaucoup à porter.

Je souhaite de tout mon cœur qu’elle persévère dans cette communauté, qu’elle continue à porter ses charges, qu’elle le puisse et qu’elle le veuille, mais bien entendu, elle se réservera elle aussi la liberté de ses décisions.

Voilà quelles sont les conditions dans lesquelles, je le crois, je l’espère, nous allons former cette communauté franco-africaine qui me paraît indispensable à notre puissance politique commune, à notre développement économique commun, à notre développement culturel et, si c’est nécessaire, à notre défense, parce que nul n’ignore qu’il y a de grands dangers qui sont latents dans le monde, de grandes menaces qui pèsent au-dessus de nos têtes, et en particulier de grandes menaces qui pèsent sur l’Afrique.

Il y a d’ailleurs dans le monde, particulièrement en Asie, de grandes masses humaines qui cherchent à s’étendre, faute d’avoir chez elles les moyens suffisants de vivre.

Bien entendu, ce processus se couvre, comme toujours depuis que les hommes sont hommes, d’un paravent idéologique. Mais, derrière cette idéologie, il y a comme toujours l’impérialisme des intérêts et, en outre, une tentative de trouver à l’intérieur de ces territoires une tête de pont politique qui facilitera l’accès et au besoin l’invasion.

Cela est clair.

Quand on est un homme, et un homme libre, on n’a pas le droit de se le dissimuler, et c’est la raison pour laquelle également la France offre aux Africains, vous offre, un ensemble commun, cet ensemble commun avec elle en particulier pour pouvoir détourner cette menace.

J’ai parlé. Vous m’avez entendu. Les Africains choisiront. De toute mon âme, je souhaite qu’ils choisissent ce que je vais proposer.

Je le souhaite pour eux.

Qu’ils me permettent de le dire, car il y a assez de liens entre eux et moi pour que je puisse leur parler franchement, loyalement, d’homme à homme.

Je puis, je le souhaite pour la France, car son oeuvre doit se poursuivre, et pour qu’elle veuille le faire, malgré toutes les charges, il faut qu’elle s’y sente appelée par la sympathie, l’amitié de ceux qui vivent en Afrique.

Enfin, je le souhaite pour le monde qui a grand besoin de voir s’établir sur les bases fermes la coopération de ceux qui veulent être et rester libres.

Vive l’Afrique! Vive la République! Vive la France!»

Charles de Gaulle

« Les migrants subsahariens présents au Maroc considèrent que c’est le moment ou jamais pour atteindre l’Espagne »

Plus d’une centaine de migrants d’Afrique subsaharienne ont franchi de façon illégale la frontière entre le Maroc et l’Espagne le 22 août. Faisant preuve d’une grande agressivité envers la garde civile, ils ont réussi à pénétrer dans l’enclave espagnole de Ceuta. L’historien Pierre Vermeren, spécialiste reconnu du Maghreb contemporain et fin connaisseur du Maroc, analyse la situation sur place.


Ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé et docteur en histoire, Pierre Vermeren est professeur d’histoire du Maghreb contemporain à Paris-I Panthéon-Sorbonne. Il a longtemps vécu et enseigné au Maroc. Pierre Vermeren a publié de nombreux ouvrages, en particulier «Le Choc des décolonisations. De la guerre d’Algérie aux printemps arabes» (Odile Jacob, 2015), «La France en terre d’islam. Empire colonial et religions» (Belin, 2016) et «Histoire du Maroc depuis l’indépendance» (La Découverte, coll. «Repères», 5e édition, 2016).


Le 22 août, plus de 110 migrants d’Afrique subsaharienne ont forcé illégalement la frontière entre le Maroc et l’Espagne à Ceuta. Afin d’empêcher la police d’intervenir, les migrants ont jeté sur les forces de l’ordre «des récipients en plastique remplis d’excréments, de sang, de chaux vive et d’acide», a indiqué la garde civile. Des faits analogues s’étaient déjà produits le 26 juillet. Il semble y avoir une montée de la violence de la part de ces migrants pour passer à tout prix? 

Pierre VERMEREN.- Effectivement, ces migrants potentiels sont dans une situation désespérée de leur point de vue. Ils savent très bien que l’Italie a verrouillé depuis quelques mois la Méditerranée orientale, et ils ont tenté leur chance sur le détroit de Gibraltar.

Au moment où les nouvelles autorités espagnoles se montrent plus conciliantes envers les migrants, le Maroc montre son impatience.

Or au moment où les nouvelles autorités espagnoles se montrent plus conciliantes (elles ont accueilli quelques bateaux, un nombre croissant de réfugiés, diminué la hauteur des barrières de Ceuta, le tout accompagné d’un discours plus favorable à l’immigration), le Maroc montre son impatience, et organise des interpellations pour désengorger la situation du pré-Rif et de Tanger qui est très tendue, afin de les rapatrier dans leurs pays.

C’est donc maintenant où jamais qu’il faut passer, avec les moyens du bord, puisque le but absolu est de poser le pied en Europe -ici l’enclave de Ceuta – afin de devenir inexpulsable en bénéficiant de la situation de candidat au statut de réfugié. Pour y parvenir, il faut franchir des barrières de six mètres couvertes de barbelés, ce que de jeunes gaillards agiles parviennent à faire avec quelques coupures, puis écarter la garde civile afin de poser un pied de l’autre côté du no man’s land qui fait une quinzaine de mètres.

Quelle est l’attitude de l’État marocain à l’égard des clandestins d’Afrique subsaharienne qui affluent sur son territoire dans l’espoir d’atteindre les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla?

L’histoire est ancienne, depuis l’instauration des visas Schengen en mars 1995. On peut décrire une palette d’attitudes en fonction des conjonctures et des évènements. D’une manière générale, la pression est très forte en provenance du sud du Sahara. Mais elle s’ajoute à celle qui est endogène en provenance du Maroc, et d’une manière plus générale du Maghreb. Dans les années 1990, la principale voie d’accès à l’Europe était Gibraltar, avec plus de 200 000 passages par an, en majorité Marocains.

La politique africaine de Mohammed VI impose de mieux respecter ces migrants. Cela a immédiatement créé un appel d’air, et le Maroc est à nouveau débordé

Mais peu à peu, en provenance de l’Algérie (via la route nationale 1 Tamanrasset-Alger, puis l’autoroute de l’ouest), et en provenance de la Mauritanie via les Canaries puis le sud du pays, le Maroc a été confronté à une pression croissante venant d’Afrique. Au départ, le Maroc avait tendance à renvoyer les migrants vers le sud, ce qui a causé des scandales car certains sont morts dans le désert. Puis sous les gouvernements Aznar, de 1996 à 2004, quand le Maroc a eu des problèmes avec la droite espagnole, surtout après la crise de l’îlot Persil [NDLR: îlot inhabité et revendiqué par les deux pays] en juillet 2002, il a laissé des groupes de migrants se diriger sur Ceuta, à la fois pour diminuer la pression dans le nord, et pour faire pression sur l’Espagne.

Après les attentats de 2003 (Casablanca) et Madrid (2004), les deux pays ont trouvé un modus vivendi grâce aux subsides européens pour que le Maroc garde sa frontière. Des Subsahariens ont commencé à résider au Maroc. De temps à autre, comme des milliers d’Africains campent dans les forêts près de Tétouan, Ceuta ou Melilla dans le nord, la police procède à des arrestations pour les refouler vers l’Algérie, ou les aide à passer la frontière des présides [autre nom des deux enclaves espagnoles, NDLR], grâce à de petits pneumatiques ou à des bouées (ces initiatives locales donnant lieu à des transactions monétaires).

La politique africaine de Mohammed VI impose de mieux respecter ces migrants, et le Maroc a annoncé en 2017 qu’il octroyait un permis de séjour à des milliers d’Africains, une première. Cela a immédiatement créé un appel d’air, de sorte que le Maroc est à nouveau débordé, et que cet été, il a à nouveau procédé à des expulsions vers le sud.

C’est aussi pour empêcher des batailles rangées entre Marocains et migrants que Rabat procède à certaines expulsions ou relocalisations.

Quel regard l’opinion publique marocaine porte-t-elle sur cet afflux d’étrangers en situation irrégulière dans son pays?

Le regard est incontestablement très négatif. D’une part parce que les Subsahariens sont rarement respectés par une population qui a toujours tendance à regarder les Africains comme des descendants d’esclave, et ce quelles que soient les bonnes intentions des autorités. La langue populaire est à ce sujet révélatrice, même si certains tentent d’y remédier.

L’autre raison est que la misère de masse d’une grande partie de la population marocaine, en particulier dans le Rif et dans les grandes villes du nord (Tétouan, Fès, Meknès, Tanger) rend cette situation explosive. C’est aussi pour empêcher des batailles rangées que les autorités procèdent à certaines expulsions ou relocalisations.

À Ceuta et à Melilla, les autorités espagnoles sont-elles dépassées par cette pression migratoire accrue?

C’est la routine dans les deux enclaves depuis maintenant plus de vingt ans. Ces petites villes espagnoles jadis catholiques à presque 100% sont devenues depuis la mort de Franco des villes en majorité composées de musulmans originaires du Maroc. C’est cela la nouveauté radicale, même si nombre de Marocains, notamment des berbéristes du Rif, ont adopté la nationalité espagnole. Par ailleurs, chaque jour, des dizaines de milliers de Marocains pénètrent librement dans les enclaves espagnoles pour faire du commerce et exporter les marchandises achetées détaxées vers le Maroc, où elles sont distribuées jusqu’en Algérie et au sud du Maroc.

Quand la situation devient intenable à Ceuta (par la délinquance ou par le surnombre), la police espagnole procède à des expulsions vers le Maroc ou à des transferts vers le continent européen

À cela s’ajoutent les touristes et les immigrés marocains qui rentrent par centaines de milliers au pays pour l’été. Dans ces paysages, les Subsahariens sont un épiphénomène, d’autant que leur but est de partir pour le continent européen. Il existe néanmoins un vaste camp de réfugiés à Ceuta peuplé de milliers de subsahariens en attente d’un statut. Quand la situation devient intenable (par la délinquance ou par le surnombre), la police procède à des expulsions vers le Maroc ou à des transferts vers le continent européen.

Si l’on considère que, compte tenu de l’essor démographique de l’Afrique, ce type de scène est appelé à devenir fréquent dans les années à venir, comment va réagir l’opinion publique espagnole et, plus largement, les opinions publiques des pays européens?

La population africaine est passée de 250 à 1200 millions d’habitants depuis 1945, et elle va maintenant peut-être doubler d’ici 2050. Il est clair qu’il va falloir prendre des décisions. Cela concerne d’ailleurs moins les territoires minuscules de Ceuta, Melilla, Gibraltar etc. que tout le Maghreb. Est-ce que cette région de l’Afrique qui compte actuellement une centaine de millions d’habitants peut et veut absorber cinquante millions de subsahariens? Le différentiel économique entre le nord et le sud du Sahara légitime cette hypothèse.

La migration des Subsahariens en Europe passera immanquablement par le Maghreb. Ses dirigeants décideront ainsi de l’avenir DU continent EUROPEEN

Mais les populations des pays du Maghreb ne veulent a priori absolument pas de cette perspective. Ou bien les pays du nord et du sud du Sahara trouvent un accord à l’amiable en tentant de contrôler réellement les flux. Ou bien le chaos qui prédomine au Sahel s’étend et obligera les États du Maghreb à monter la garde pour protéger la Méditerranée, et en premier le Maghreb ; ou bien ces États, impuissants, se défausseront sur l’Europe et feront transiter des millions de migrants. La migration des Subsahariens en Europe passera immanquablement par le Maghreb. Ses dirigeants décideront ainsi de l’avenir du continent européen.

Cinéma : la chaine Ebony Life (Nigéria) et Sony Pictures (Hollywood) signent un partenariat pour produire des histoires africaines

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Depuis le succès phénoménal du film Black Panther dans les salles du monde, Hollywood a désormais la preuve que les histoires qui se déroulent sur le continent avec un casting noir sont tout aussi bankables. De quoi inspirer de nouvelles idées de partenariats aux studios américains. Et quoi de plus logique que de se tourner vers le cinéma nigérian, Nollywood. En tout cas, jusqu’ici, il avait la réputation d’être un cinéma low cost aux intrigues un peu simplistes. Mais les choses changent et se professionnalisent. Chaque année, plus de 2 000 films y sont produits, loin devant Hollywood, avec un public de plus de 150 millions de spectateurs. En plus, les films à gros budgets venus d’Hollywood ont peu de succès en Afrique faute de salles pour les diffuser, mais les productions bon marché tournées au Nigeria et distribuées directement en DVD ou sur des chaînes privées font un tabac.

Ebony Life, une chaîne qui a fait ses preuves

Hollywood ne pouvait plus s’en détourner. Sony Pictures Television a donc choisi de s’associer à Ebony Life TV. Cette chaîne nigériane est la première dans le divertissement et le lifestyle. « Depuis notre création en juin 2013, notre vision a toujours été de changer le discours sur l’Afrique et de raconter nos histoires de notre point de vue. Nous avons investi dans la création de programmes de qualité et le développement de nos personnes et de leurs idées. C’est cette philosophie qui nous a donné l’opportunité de travailler en partenariat avec une organisation mondialement réputée comme Sony Pictures Television. Nous avons maintenant l’occasion de présenter l’histoire fascinante des guerrières du Dahomey, et bien d’autres au public du monde entier », a déclaré Mo Abudu, directrice générale d’Ebony Life, surnommée « Oprah of Africa. »

Ebony Life TV n’a pas attendu Hollywood pour faire des productions qui marchent. La chaîne a déjà produit plusieurs films à succès, dont The Wedding Party sorti en 2016. Le film est le plus rentable de l’histoire de Nollywood avec plus d’un million d’euros de recettes faisant plus d’entrées au Nigeria qu’une production américaine. Le film est diffusé sur Netflix. Quant à leur dernière production, Royal Hibiscus Hotel, elle tourne sur Amazon Prime et Netflix.

Produire des contenus africains, un sacré défi

De son côté, Wayne Garvie, président de la production internationale de Sony Pictures Television, a déclaré : « Mo Abudu est l’une des personnalités les plus formidables et les plus créatives de la télévision nigériane. Avec Ebony Life, elle et son équipe créent quelque chose de vraiment révolutionnaire et extraordinaire. Notre objectif est d’aider Ebony Life à créer un portefeuille de contenus africains qui satisfera leur objectif d’être l’un des principaux créateurs africains de contenus premium. »

L’accord porte sur trois projets. Le premier comprend une série, The Dahomey Warriors, inspirée d’événements réels qui se sont déroulés dans le royaume de Dahomey en Afrique de l’Ouest, elle racontera l’histoire de ces guerrières exclusivement féminines. Le second projet porte sur l’adaptation d’un show télé à succès outre-Atlantique, The Dating Game, pour le public nigérian. Le troisième projet n’a pas encore été dévoilé. Derrière l’histoire des Amazones du Bénin, Sony a bien sûr en tête l’idée de surfer sur la représentation des femmes du groupe des Dora Milaje du film Marvel. Ce sont les guerrières aux costumes incroyables qui protègent le roi du Wakanda.

Selon la société Filmone Distributions, le top 50 des films nigérians a assuré à lui seul l’an dernier près d’un tiers des recettes des 28 cinémas du pays, soit un milliard de nairas (2,9 millions d’euros) sur un total de 3,5 milliards (10,4 millions euros).

Aretha Franklin : ses fils vont se partager un héritage estimé à 80 millions de dollars

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La reine de la soul, disparue le 16 août, laisse derrière elle des millions de fans esseulés mais également une belle fortune. Mère de quatre garçons, elle n’avait cependant rien envisagé pour sa succession.

80 millions de dollars. Voilà la modique somme que la chanteuse américaine Aretha Franklin a amassée au cours de sa carrière. Hier, le site américain TMZ révélait s’être procuré des documents juridiques prouvant que la Lady Soul s’était pourtant envolée sans produire de testament.

Partage à parts égales?

Aretha Franklin est la mère de quatre enfants, tous des garçons. Elle met au monde son premier fils alors qu’elle a à peine 13 ans. Fruit de sa relation avec Donald Burk qu’elle connaît de l’école, elle le nomme Clarence, comme son propre père. À peine deux ans plus tard naît Edward, qui porte le nom de son géniteur, Edward Jordan. À Ted, né en 1964, elle donne aussi le nom de son époux de l’époque (White)/ Celui-ci fut un temps le manager de la star. Elle donne naissance à son dernier fils en 1970. Nommé Kecalf, il est le issu de son union avec Ken Cunningham. Selon la loi en vigueur dans le Michigan, sans succession établie par Aretha Franklin, ses quatre descendants vont se partager l’héritage à parts égales.

En 1968, déjà, dans l’album Lady Soul , Aretha Franklin reprenait la chanson de James Brown Money Won’t Change You (traduisez par «L’argent ne te changera pas»), où elle chante la beauté de rester fidèle à soi-même malgré l’enrichissement. Le message est plus que jamais actuel pour les héritiers de la reine de la soul.

Funérailles à Détroit

Ses funérailles sont prévues la semaine prochaine. Elles devraient prendre la forme d’une célébration de plusieurs jours, principalement à Détoit, ville si chère à son cœur, en commençant par l’exposition de sa dépouille au musée Charles-Wright, dédié à l’histoire des Afro-Américains. La cérémonie aura lieu le 31 août au Greater Grace Temple, lieu où se sont tenues les obsèques de Rosa Parks en 2005. 4.000 personnes y sont attendues, dont beaucoup d’invités prestigieux, à commencer par l’ancien président des États Unis, Barack Obama.

Retour sur les raisons de l’échec de Soumaïla Cissé

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Tract.sn souhaitait sa victoire, nous avons été déçus. Tract.sn le voyait gagnant, nous nous sommes trompés.  Les aptitudes de Soumaïla Cissé ne sont pourtant pas remises en cause par son échec à devenir chef de l’Etat du Mali. Plusieurs personnalités de l’opposition le décrivent comme un homme intelligent, calme et réfléchi qui aurait tous les atouts pour être un bon président.

Il a cependant commis plusieurs erreurs. Il s’est d’abord éloigné de sa base. Après la défaite de 2002 contre Amadou Toumani Touré, il a passé près de dix ans loin de Bamako, à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont le siège est à Ouagadougou. Même erreur en 2013, puisqu’il part siéger au parlement panafricain, en Afrique du Sud, et ne fréquente pas de ce fait les élites maliennes.

Campagne clivante

Certains estiment aussi qu’il ne s’est pas entouré des bonnes personnes. Par exemple, le choix de Tiébilé Dramé comme directeur de campagne est pour certains une erreur. Certes énergique, battant, convaincu, Tiébilé Dramé est aussi un personnage clivant sur la scène politique malienne.

On reproche enfin à Soumaïla Cissé une campagne assez hargneuse qui s’est d’abord attaqué à la personnalité du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), avant de proposer un projet de société, fédérateur. « Quand on veut être président du Mali, il faut d’abord rassurer les Maliens », confie Moussa Mara, l’un des principaux soutiens de Cheikh Modibo Diarra, arrivé quatrième au premier tour.

Le conseiller en TIC du Président Macky Sall cueilli ivre et en pleins ébats devant la cité Claudel

A la veille de la Tabaski, dans la soirée, Abdoul Aziz Mbaye, conseiller en TIC du président de la République Macky Sall, a passé plusieurs heures  dans les locaux de la gendarmerie de Thiong.

Ivre comme un Polonais, Abdoul Aziz avait garé sa voiture devant la cité Claudel, la résidence des filles de l’université Cheikh Anta Diop. Il était en bonne compagnie avec une nymphe dans la bagnole, en train de se la couler douce. La partie de plaisir proche du nirvana a tiré en longueur. Ainsi, l’emplacement du véhicule étant devenu suspect, un Colonel de la gendarmerie, qui s’est retrouvé au mauvais endroit au bon moment, s’est rapproché pour voir de quoi retourne ce désordre. Il a eu la surprise de sa vie quand il s’est aperçu que l’homme dans la voiture n’était personne d’autre que Abdoul Aziz Mbaye, un proche collaborateur du chef de l’Etat Macky Sall. Tenu par le devoir de faire régner l’ordre et la loi, le Colonel a appelé ses éléments de la Gendarmerie de Thiong qui ont vite rappliqué avant d’embarquer le disciple de Bacchus.

Le sieur Mbaye n’en est pas à son coup d’essai, car étant un multirécidiviste.

Tabaski : Karim Wade attaque, Macky Sall réplique

Dans un « ultime message » adressé à l’occasion de la Tabaski, l’opposant Karim Wade a qualifié le président sénégalais de « beau parleur ignorant et incompétent » et mis en garde contre « des lendemains électoraux difficiles, susceptibles de mettre en danger la stabilité » du Sénégal.

La Tabaski, fête du pardon et de la réconciliation, a été l’occasion au Sénégal d’une passe d’armes d’une virulence inédite entre le candidat à la présidentielle du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) et le chef de l’État.

En exil au Qatar depuis qu’il a été gracié par Macky Sall, en juin 2016, Karim Wade a été le premier à lancer l’offensive. Dans un message publié le 22 août sur Facebook, le fils de l’ancien président sénégalais dépeint le président Macky Sall comme un « beau parleur ignorant et incompétent qui a renié tous ses engagements et qui n’a nullement l’intention d’honorer les nouvelles promesses qu’il s’apprête à faire avec son cynisme habituel ».

Si l’introduction du message est empreinte de références pieuses, le candidat déclaré du PDS à la présidentielle de 2019 sort rapidement l’artillerie lourde. Il évoque notamment une « crise sans précédent » qui frapperait le pays, avant de dresser la liste des maux dont, selon lui, la gouvernance de Macky Sall serait à l’origine, des pénuries d’eau au « retour des délestages », en passant par « la fuite vers l’étranger de nos valeureux frères et sœurs dont beaucoup disparaissent en mer Méditerranée », ou encore « les scandales économiques et financiers ».

Karim Wade, qui réaffirme sa « détermination » à « conduire [le PDS] à la victoire au soir du 24 février 2019 », se fait également menaçant. Évoquant un « ultime message », il met en garde contre « une crise politique qui augure des lendemains électoraux difficiles, susceptibles de mettre en danger la stabilité de notre pays ».

Réponse de Macky Sall

La réponse du président sénégalais a fusé quelques heures plus tard, en marge de la prière rituelle de la Tabaski, à laquelle il a participé à la mosquée de l’Institut islamique de Dakar. « Personne ne peut ternir la réputation de la démocratie sénégalaise. Partir à l’étranger en dénonçant le président de la République, en ternissant l’image du pays, en pensant que cela va nous mettre hors de la voie empruntée, c’est une erreur. On doit discuter », a déclaré, en wolof, le chef de l’État.

« La démocratie a des règles. Si tout le monde est d’accord sur les règles, nous pouvons aller aux élections, ce qui renforce la démocratie sénégalaise, a-t-il poursuivi. Quand on dirige un pays, on ne perd pas de temps à cause des discussions. Mon devoir, c’est d’appeler au dialogue ».

Affirmant être prêt à ce dialogue entre la majorité et l’opposition, Macky Sall a par ailleurs insisté sur le fait que « les affaires concernant le pays ne se résument pas à la politique ».

Tanzanie, Zambie, Ouganda : taxes du gouvernement sur Skype, Whatsapp, Twitter et les sites d’info

Après l’annonce d’une nouvelle taxe sur les communications passées depuis des plateformes internet – WhatsApp, Skype ou Viber -, le gouvernement zambien met en avant sa volonté de préserver les opérateurs et les emplois locaux. Des organisations de la société civile dénoncent quant à elles une entrave à la liberté d’expression.

Un mois après les premières déclarations du ministre zambien de la Communication, Brian Mushimba, sur la nécessité de réguler internet et les réseaux sociaux, accusés de favoriser la « déliquescence des normes culturelles de la société », les autorités zambiennes viennent de rendre publique leur intention d’introduire une taxe quotidienne de 30 ngwee (3 centimes d’euro) sur les appels téléphoniques passés via des plateformes internet, dont les plus connues sont Skype, WhatsApp et Viber.

Une décision qui suit de près celle du président ougandais  Yoweri Museveni : depuis le 1er juillet, les Ougandais doivent en effet payer une taxe quotidienne de 200 schillings (4 cts d’euro) pour utiliser les réseaux sociaux. Mais si Kampala évoque clairement une nécessité d’ »éviter les bavardages et les commérages », le gouvernement zambien, lui, met en avant des arguments économiques

Les services de téléphonie en ligne « menacent l’industrie des télécommunications et l’emploi dans des compagnies telles que Zamtel, Airtel et MTN », a ainsi expliqué lundi 20 août la porte-parole du gouvernement, Dora Siliya. Cette contribution sera collectée par les opérateurs téléphoniques et les fournisseurs d’accès à internet, ont précisé les autorités zambiennes.

Dérive autoritaire

« Nous ne croyons pas à la répression des médias, nous croyons à la liberté d »expression. Cette décision n’est qu’économique car nous perdons de l’argent. Si Skype et WhatsApp gagnent de l’argent, pourquoi pas nous ? », a déclaré Brian Mushimba, interrogé par l’AFP.

« C’est une attaque délibérée contre la liberté d’expression et d’association », déplore le responsable de l’ONG Bloggers de Zambie, Richard Mulonga. « Ces gens continuent à restreindre nos libertés »,  abonde le militant des droits de l’homme Brebner Changala.

Depuis sa réélection en 2016, le président Edgar Lungu est régulièrement accusé par ses adversaires politiques de dérive autoritaire. Il a essuyé de vives critiques l’an dernier en faisant emprisonner son principal rival, Hakainde Hichilema.

En Tanzanie aussi, le gouvernement a durci sa politique à l’égard du net en imposant mi-mars un enregistrement obligatoire à tous les blogs sites d’information et sites de streaming, moyennant une somme de 2 100 000 shillings, soit 750 euros.

En attendant son procès aux USA, le député Gadio tue le temps en se faisant nécrologiste

Cheikh Tidiane Gadio, cloué dans l’attente de son procès pour corruption aux USA, où il est en résidence surveillée depuis novembre dernier, ne rate plus une occasion pour se rappeler au bon souvenir du reste du monde. Il y a une semaine, il a d’abord rendu un hommage posthume à la reine de la Soul Aretha Franklin, dont il rappellera que ce fut une combattante des droits civiques. Hier, c’était au tour de feu Kofi Annan d’être exalté par la plume de Gadio. Gadio ne manque pas d’y saluer le leadership du Président ghanéen actuel, Nana-Akufo Addo, dont il rappelle que c’est son camarade de lutte pour le panafricanisme. Gadio qui aura besoin de soutiens pour son procès parle des morts pour mieux ménager son propre avenir. Voici ce quil écrit :

« Dans un monde où certains ont déclaré “la guerre à la paix” selon l’écrivain Ronan Farrow, la mort de Kofi Annan, prix Nobel et infatigable faiseur de paix, même à 80 ans, nous a tous bouleversés et peut-être fragilisés un peu plus.

L’humanité plongée dans le doute à cause des incertitudes qui s’accumulent en particulier sur “l’accord de Paris” et “l’accord sur le nucléaire iranien”, mais aussi à cause des reconfigurations géopolitiques violentes (Syrie, Yémen, Sahel) avait encore besoin de Kofi Annan, de son expertise incontestable, de sa sérénité imperturbable, de sa patience légendaire et de son demi-sourire rassurant mais interrogateur!

Kofi Annan, SG des Nations Unies assis sur le toit du monde, m’a personnellement gratifié d’une affection sincère pendant la phase active de notre relation à partir de 2000. Je n’oublierai jamais ses félicitations appuyées après l’accord de cessez-le-feu de Bouaké du 17 octobre 2002 obtenu par le Sénégal, sauvant la Côte d’Ivoire de la partition et probablement d’une guerre fratricide de longue durée.

Cet accord, pour un homme de paix comme lui, africain dans le tréfonds de son âme, a été l’acte fondateur de notre relation.

Ensuite nous l’avons tous admiré pour la réforme du système des Nations, qu’il a initiée avec courage et détermination. Cette bataille dont pour l’Afrique le “commandant en chef” était notre collègue et ami Nana Akufo-Addo (actuel président du Ghana), a connu des moments épiques tant nous croyions tenir le bon bout pour enfin “réparer l’injustice historique” faite à l’Afrique de n’avoir aucun représentant parmi les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, et ce malgré son milliard d’habitants à l’époque et ses 50 et quelques pays membres des Nations Unies, soit plus du quart des Etats membres.

L’Humanité se souviendra un jour, qu’un homme épris de paix, a essayé de consolider et de sauver la paix mondiale en réformant une institution fondée sur un statu-quo surrané des vainqueurs de la 2ème guerre mondiale. Refuser un siège de membre permanent avec droit de véto à l’Afrique et maintenir le statu quo de 1945 est une double injustice à corriger dans l’esprit et le style Annan, c’est à dire par un consensus fort mais qui ne peut plus attendre.

Kofi Annan, pour moi, c’est aussi la guerre contre le Sida et les grandes pandémies qui ont ravagé l’Afrique et le monde pendant ces dernières décennies.

Kofi Annan, c’est le soutien aux initiatives endogènes des leaders africains comme le NEPAD, mais surtout le soutien à son volet “bonne gouvernance”, c’est-à-dire le respect des institutions et des constitutions, la limitation des mandats, l’acceptation de l’alternance démocratique et le respect des droits humains.

Kofi Annan, c’est la noble et farouche bataille pour la réalisation de son initiative phare : le programme OMD (Objectifs du Millénaire pour le développement) lancé en 2000 par l’adoption de la “déclaration du millénaire”. Ces OMDs sont devenus depuis 2015, comme on le sait, les ODDs (Objectifs de développement durable).

Koffi Annan, outre le fiasco moral et tragique de la communauté internationale au Rwanda dont il a fait courageusement le bilan autocritique, c’était la tragédie du Darfour qui l’avait aussi beaucoup affecté, tant les polémiques sur l’appellation “génocide”, “nettoyage ethnique”, “crimes contre l’humanité” de cette apocalypse africaine avaient abouti à une faible action de protection et de défense de populations très vulnérables. Les tristement célèbres Jenjawids ont pu alors nettoyer et massacrer à leur guise des groupes qu’ils ont “osé” appeler les “populations africaines” et ceci en terre africaine du Soudan !

Kofi Annan, c’était aussi la bataille multiforme pour la réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies pour les rendre plus efficaces, faciliter les déploiements rapides sur le terrain pour protéger les populations et autoriser des “règlements d’engagement plus fermes”, on dirait aujourd’hui “plus robustes”. En clair Kofi Annan s’est battu de toutes ses forces pour la mise en œuvre diligente du rapport du “groupe de travail” présidé par un autre grand fonctionnaire international africain Lakhdar Brahimi.

Ce combat de Kofi Annan doit être poursuivi et gagné pour que l’Afrique, en particulier, arrête d’être le paradis des “peace-keepers” qui coûtent excessivement chers et qui parfois s’installent durablement comme c’est le cas de la MONUC et certaines opérations qui ont un début et qui semblent n’avoir pas de fin.

Pour nous, il est urgent d’organiser le transfert de certaines compétences “de la responsabilité de protéger” du Conseil de Sécurité vers les organisations régionales comme l’Union africaine qui bénéficie des avantages de la proximité et d’une meilleure connaissance du terrain et des réalités socio-culturelles. Ce transfert devrait cependant s’accompagner du transfert partiel des moyens dont seule dispose l’ONU, ce qui serait évidemment une autre paire de manche car pouvant être perçu comme une menace sur la toute-puissance des cinq membres permanents et des grands contributeurs.

Kofi Annan, c’est le diplomate hors pair qui peut arbitrer sans faire voler en éclats le palais de verre, la mémorable bataille diplomatique “États-Unis versus France” sur l’invasion de l’Irak. Cette période sombre de l’histoire de l’humanité, précédée par la catastrophe du 11 septembre qui marque l’avènement durable d’un néo-terrorisme mondial, a raffermi le leadership planétaire de Kofi Annan et son courage devant la vérité historique et devant les puissants de ce monde.

Kofi Annan, c’est enfin une fierté africaine et un “modèle” de serviteur de l’humanité, humble, courtois, fin, raffiné et citoyen du monde qui a piloté les affaires internationales du monde pendant deux mandats tenant fermement le gouvernail du bateau de 193 pays qui ont reconnu son leadership et son charisme hors norme.

Sans le chercher peut-être, Kofi Annan a symbolisé pour des millions de jeunes cadres africains ce volet important du combat de Cheikh Anta Diop pour la “renaissance africaine”. Cheikh Anta disait en effet qu’il était urgent d’arrêter l’entreprise de démoralisation des peuples africains et surtout de nos jeunesses à qui on vend toujours un portrait négatif de leur continent, de sa prestigieuse histoire et de son identité pourtant résiliente. Quand nos jeunes cadres regardaient Kofi Annan assis sur le toit du monde et enfoncé dans le siège du pilote avec dignité et leadership, ils ne pouvaient qu’être inspirés et motivés.

Après 44 ans de bons et loyaux services aux Nations Unies, au lieu d’opter pour un repos bien mérité, Kofi Annan, au contraire, a continué à dédier sa vie au “bonheur de servir” en acceptant en 2007 d’être le Chair de AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa) mais aussi un membre des Elders (groupe de sages africains créé en 2007 par Mandela). La même année 2007, il lança la “fondation Kofi Annan” pour promouvoir la paix et la sécurité, l’Etat de droit, le développement durable et les droits humains. Il y a encore quelques semaines, il était sur le terrain, au Zimbabwé pour encourager la résolution pacifique des différends politiques.

Le Ghana contemporain nous a déjà donnés deux prestigieux leaders de stature mondiale : l’inoubliable leader panafricaniste Kwamé Nkrumah et l’inoubliable diplomate et homme de paix Kofi Annan. Il nous prépare un troisième avec le remarquable envol et le leadership panafricain du président Nana Akufo-Addo devenu en si peu de temps une des boussoles majeures de l’Afrique contemporaine.

Que Dieu bénisse l’âme de Kofi Annan et lui accorde les faveurs de son paradis céleste pour services rendus à l’humanité ! Qu’il bénisse le Ghana et l’Afrique renaissante et unie ! « 

Cheikh Tidiane Gadio est député et ancien ministre des Affaires étrangères (2000 – 2009), président de l’Institut panafricain de stratégies

Zoss arrête la lutte sur ‘ndigël’

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Le lutteur Zoss a décidé de quitter l’arène. Il a annoncé sa retraite. « C’est fini, je mets fin à ma carrière de lutteur ».

Sur les raisons de sa décision,  le chef de file de l’écurie Door Doorat confie : « Depuis quelques années, mon guide religieux n’arrête pas de me demander d’arrêter, mais j’ai toujours fait la sourde oreille. Cette fois, je me suis plié au ‘ndiguël’ de mon marabout, Serigne Moussa Nawel. »

Il assure : « C’est une décision mûrement réfléchie, je l’ai prise depuis juillet. »

Vidéo – Tapha Dieng : « Pourquoi j’ai épousé Viviane »

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Tapha Dieng parle pour la première fois de son mariage avec Viviane. Dans cette vidéo, l’époux de Viviane raconte les raisons pour lesquelles il a épousé la chanteuse. Il revient aussi sur ses relations avec les enfants de son épouse. Regardez ! 

https://youtu.be/ORMD1smPF18

ça va se savoir : Abdou Fall est -il un transhumant ou pas ?

L’ancien ministre de la Santé Abdou Fall n’aime pas être traité de transhumant. « Si être ce qu’on appelle aujourd’hui transhumant, c’est quitter le camp des vaincus pour rejoindre celui des vainqueurs, je ne le suis pas », ajuste-t-il dans un entretien aujourd’hui, en précisant qu’il a présenté au président Wade sa démission du gouvernement et du Pds bien avant les élections de 2012.

Le nouveau Pca de la société Tenergie Sénégal parle d’un « divorce à l’amiable » convenu d’un commun accord avec Me Wade. Abdou Fall prévient : « Pour ma part, j’ai toujours réclamé et assumé mon droit à la différence, droit que je concède volontiers aux autres. Et ce n’est pas à mon âge que je vais changer. »

Il ajoute : « Ce n’est pas que je me suis séparé de Wade et du Pds que je dois me laisser au spectacle désolant et déshonorant des invectives qui ne présentent aucun intérêt pour les Sénégalais et n’apportent aucune valeur ajoutée au débat politique dans ce pays. »

Kabirou Mbodje, PDG de Wari, arrêté en Espagne pour filouterie d’hôtel

Le Président-directeur général de Wari, Kabirou Mbodje, 54 ans, a été arrêté, ce samedi en Espagne précisément à Ibiza, dans les îles Baléares. L’homme d’affaires a été épinglé pour escroquerie présumée portant sur 34 millions de francs Cfa au préjudice d’un certain Felipe Daniel Paolo, un homme d’affaires d’origine angolaise.

Les faits remontent en août 2017 et portent sur une facture d’hôtel non soldée. Du 11 au 21, Kabirou Mbodje a séjourné dans une résidence  à Ushuaia, une île espagnole où il a eu droit à tous les honneurs. Comme à chacune de ses séjours sur place. Si les années passées, le patron de Wari s’est toujours acquitté de ses dettes, il aurait failli pour ses vacances de 2017.

Mbodje aurait promis de payer par chèque sans respecter ses engagements. Las de réclamer son argent, Felipe porte plainte contre le Pdg de Wari qu’il a perdu de vue entretemps. Samedi dernier, coup de chance pour lui, il se retrouve nez à nez avec Kabirou Mbodje dans une discothèque. Ce dernier aurait tenté de s’enfuir, mais il sera arrêté et remis à la police.

Le patron de Wari est en garde en vue dans les locaux du commissariat de police de San Antonio. Son passeport est confisqué. En plus des 34 millions, l’homme d’affaires d’origine angolaise lui réclame 15 000 euros (environ 10 millions de francs Cfa) à titre de dommages et intérêts.

Sanctions aux médias : Babacar Diagne changera-t-il le CNRA, ce machin qui veut arrêter la mer avec ses bras ?

L’ET DIT TÔT D’O.N.G – Tout nouveau président du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), à la tête duquel il prendra fonction le 7 septembre, Babacar Diagne vient de déclarer : « Jusqu’à présent, le Cnra émet des avis, fait des constatations, mais on n’a jamais vu de sanctions. Je pense qu’il est temps que des sanctions arrivent. Il est temps que ce qu’on voit par rapport au contenu de nos programmes et qui ont des effets dramatiques sur notre jeunesse, sur nos valeurs en général, que ces dérapages-là soient sanctionnés. Je pense qu’on va aller vers là. » Il ne dit pas autre chose que Tract, qui écrivait ce qui suit le 2 août, il y a un peu plus de deux semaines, juste avant le départ de Babacar Touré de la tête du CNRA :

« Le CNRA, Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, vient donc de ses fendre d’un communiqué pour se dire ulcéré par les images de l’émission Grands Cœurs de SEN TV, qui exploite la misère humaine afin de faire mettre la main au portefeuille. Sauf que le CNRA ne régule rien, il éructe sur papier plutôt.

 Avant la SENT TV, c’est à la TFM et à son émission Jakaarlo bi que le machin présidé par Babacar Touré s’en était pris, comme un roquet piaillant sans mordre, suite à la sortie misogyne appelant du viol du professeur de philosophie en classe terminale Songué Diouf. Cela n’empêche pas ledit Songué Diouf de continuer à déblatérer des lieux communs dans cette émission d’ébats.

Le véritable problème du CNRA tient en plusieurs choses. D’abord, ce Conseil qui déconseille n’a pas les moyens de coercition par des sanctions financières ou de suspension de signal de diffusion. Ensuite et surtout, le CNRA n’est point aidé par le gouvernement du Sénégal, à travers son ministère en charge de la Communication, qui n’a rien mis dans les conventions de concession des fréquences radios et télé, en termes de contenus obligatoires à respecter. D’ailleurs, la signature de ces chartes de contenus auraient dû être la prérogative du CNRA, qui devrait les signer avec les organes de radiodiffusion et de télévision, pour leur indiquer les règles déontologiques à respecter, mais aussi les quotas de diffusion à respecter en termes de dramatiques nationales, de films sénégalais et africains, de contenus pour les enfants, de magazines d’information, ou encore de quota d’émissions en langue officielle française, etc.

Cela n’étant pas fait, les radios de ce pays font dans la promotion des émissions de voyance en direct (sic) au même titre que les télés sénégalaises, qui en sus, quand il n’aligne pas des télénovelas, ont fini d’ériger le débat, avec – fauteuils occupés par des invités pléthoriques,  en genre-phare qui ne coûte rien en termes de production audiovisuelle originale. Puisqu’il s’agit juste d’inviter sur un plateau de télévision des oisifs à venir raconter des sornettes qui se veulent des points de vue argumentés. Et à poser deux ou trois cameramen en face d’eux.

Au total donc, ce CNRA doit être dissous et remplacé par un Conseil Supérieur des Médias doté de véritables prérogatives et de missions concrètes. Si on veut que cesse l’abêtissement de nos enfants et de nos femmes au foyer par les médias audiovisuels sénégalais. Le CNRA râle mais n’agit pas ».

 

Ousseynou Nar Gueye

Vidéo : le mbalakh s’invite dans le dernier clip de Janet Jackson

Notre « Mbalakh » national s’invite dans ce clip de  Janet Jackson, avec en featuring a Daddy Yankee, de la chanson « Made For Now ». Regardez!

Qui sont les « Elders », que Kofi Annan a présidé jusqu’à sa mort?

Les « Elders », les « Sages ou encore les « Anciens ». Ce groupe très privé et composé de membres émérites a été présidé par l’ex-secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, jusqu’à sa mort ce samedi 18 août. Méconnue, cette organisation composée d’une pléiade de personnalités illustres (prix Nobel de la paix, acteurs du climat et de la santé, ex-membres de l’ONU…) n’a qu’un but: œuvrer pour la paix, la lutte contre le réchauffement climatique et apporter dans les crises actuelles, comme celle de l’immigration, leur autorité morale et leur sagesse. Fondé en 2007 par Richard Branson, le milliardaire de Virgin, sous l’égide de Nelson Mandela, le groupe a fêté ses dix ans l’année dernière. Sorte d’ONG, ils n’ont, selon les mots de Nelson Mandela, « pas de carrière à construire, d’élections à gagner, ni d’électorat à satisfaire ».

 

Kofi Annan : ses échecs et succès en Afrique

Le Ghanéen Kofi Annan aura connu à la fois l’horreur du génocide du Rwanda et plusieurs très belles réussites sur le continent africain.

Kofi Annan a été un précurseur. Le premier secrétaire général des Nations unies à venir d’Afrique subsaharienne. Mais, une empreinte terrible demeure dans la carrière de celui qui est mort samedi à 80 ans : le génocide au Rwanda. Comme de nombreux autres responsables, diplomates et ministres des Affaires étrangères, il aura été marqué par l’incapacité de la communauté internationale à prévenir et empêcher le génocide au Rwanda en 1994, qui fit 800 000 morts selon l’ONU, essentiellement parmi la population tutsi.

Kofi Annan a 56 ans et occupe depuis un an le poste de secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix lorsque les machettes des génocidaires s’abattent sur les Tutsi et Hutu modérés au Rwanda. Une mission de maintien de la paix de l’ONU (Minuar) est déployée au Rwanda au moment du génocide, sous le commandement militaire du général canadien Roméo Dallaire, mais elle n’a pas arrêté les massacres, faute de renforts dont l’envoi nécessitait un vote du Conseil de sécurité.

Pendant que les tueries faisaient rage, les effectifs de la Minuar ont même été réduits. À plusieurs reprises après le génocide, Kofi Annan reconnaîtra que son action a été insuffisante pour prévenir les massacres.

« Regrets amers »

« La communauté internationale n’a pas été à la hauteur au Rwanda et cela devra toujours être pour nous une source de regrets amers et de chagrin », a-t-il notamment déclaré, à l’occasion du 10e anniversaire du génocide. Fin 2006, un mois avant de quitter son poste de secrétaire général de l’ONU après dix ans de mandat, Kofi Annan promet de ne pas oublier l’Afrique. « Je ne suis pas fatigué et je voudrais travailler sur l’Afrique, offrir mes conseils », glisse-t-il à la presse.

Un peu plus d’an après, son désir est exaucé, l’Union africaine faisant appel à ses talents de diplomate pour faire office de médiateur dans la crise politique kényane et y éteindre l’incendie des violences électorales. Kofi Annan arrive à Nairobi en terrain miné fin janvier 2008 : le pays est déchiré par des violences politico-ethniques qui feront au total plus de 1 100 morts et 600 000 déplacés, à la suite de la contestation par le candidat de l’opposition Raila Odinga de la réélection du président Mwai Kibaki.

Kofi Annan s’installe dans un grand hôtel de Nairobi où il mène à huis clos les premières séances de médiation entre les deux camps. Les déclarations empreintes de défiance des représentants du pouvoir et de l’opposition, lors de conférences de presse improvisées devant l’hôtel, ne laissent rien augurer de bon. Pourtant, fin février, avec l’appui massif de la communauté internationale – États-Unis en tête – Kofi Annan arrache aux protagonistes un accord de partage du pouvoir qui ramène progressivement le calme dans le pays.

« Élégance » et « éloquence »

Kofi Annan quitte le Kenya auréolé d’une image de faiseur de miracles : des employés de la réserve animalière du Masaï Mara baptisent un nouveau-né rhinocéros « Kofi Annan » et le portrait de l’ancien secrétaire général de l’ONU fleurit sur les mini-bus de transports collectifs de Nairobi. Samedi, l’annonce de son décès a suscité de nombreuses réactions au Kenya. « On se souviendra de Kofi Annan pour sa médiation en faveur du retour de la paix au Kenya, quand notre pays était confronté à des turbulences politiques en 2007 », écrit ainsi M. Kibaki dans un communiqué où il salue également « son inimitable élégance » et son « éloquence ». Raila Odinga a tenu à saluer « la doctrine Annan » selon laquelle, d’après le responsable kényan, « la communauté internationale a le droit d’intervenir quand les gouvernements échouent à protéger la vie de leurs citoyens ».

Outre la crise kényane, M. Annan avait supervisé en 2006, alors qu’il était encore secrétaire général de l’ONU, un accord entre le Nigeria et le Cameroun au sujet de la péninsule pétrolière de Bakassi, au centre d’un long différend entre les deux pays. En 2000, il avait annoncé depuis Addis-Abeba avec un plaisir non dissimulé la fin de la très meurtrière guerre entre l’Éthiopie et l’Érythrée, obtenue grâce à la médiation de l’Algérie. De fait, les armées des deux pays ont continué de se regarder en chiens de faïence de part et d’autre de leur frontière commune pendant encore près de deux décennies, avec parfois de violents accrochages à la clé.

Kofi Annan aura vécu assez longtemps pour voir le Premier ministre éthiopien et le président érythréen publiquement enterrer la hache de guerre, le 9 juillet dernier.

La Mecque : la maison de Khadija, première épouse du Prophète, remplacée par des toilettes publiques !

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La Mecque, le lieu sacré de tous les musulmans, accueille chaque année plus de 2 millions de croyants désireux d’accomplir le 5e pilier de l’Islam. Le pèlerinage draine à l’Arabie Saoudite près de 6 milliards d’euros par an, ce qui a incité le Gouvernement à étendre davantage les structures touristiques … Sur l’autel du patrimoine historique de la ville.

La Mecque est la destination favorite de la plupart des croyants, s’y rendre est même un rêve pour les fidèles désireux d’accomplir le 5e pilier de l’Islam. Chaque année, la ville sainte accueille plus de 1,5 millions de croyants étrangers qui font le déplacement des quatre coins du monde, s’ajoutant à plus d’un demi-million de saoudiens.

Afin de porter la capacité d’accueil de la ville à 2,2 millions de croyants, le gouvernement saoudien a procédé, depuis 2013, à des travaux d’extension de ses infrastructures touristiques, moyennent un budget de 100 milliards de dollars. Toutefois, selon Le Monde, ces chantiers ont entraîné, parfois, la destruction du patrimoine historique de la Mecque, dont la maison présumée de Khadija, Oum Al Mouaminine, première femme du Prophète, remplacée par des toilettes publiques, ou celle d’Abou Bakr Assidik, compagnon du prophète Mohammad (que la prière et la paix d’Allah soient sur lui) et premier Calife de l’islam, par un hôtel Hilton.

La négligence de ce patrimoine historique est désolant, et la destruction des symboles historiques de l’islam est fâcheuse, d’autant plus que cet héritage revêt, pour tous les musulmans de la planète, une charge à la fois identitaire et spirituelle.

Béthio jugé en octobre ?

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L’affaire Médinatoul Salam sera jugée au mois d’octobre prochain. Plus d’une quinzaine de Thiantacounes et leur guide, Cheikh Béthio Thioune, sont impliqués dans ce dossier. Les premiers sont toujours en détention tandis que le second bénéficie d’une liberté provisoire.

La programmation de leur procès est une bonne nouvelle pour les prévenus en détention depuis 2012. Ils ont multiplié les grèves de la faim pour obtenir un jugement.

Lors de leur dernier mouvement d’humeur, ils avaient reçu la visite du procureur de la République. Ce dernier leur avait promis la tenue d’une audience dans les plus brefs délais. Il semble avoir tenu sa promesse.

Présidentielle : déjà 40 Sénégalais candidats déclarés !

À ce jour, et précisément à 6 mois de la prochaine élection présidentielle, ils sont une quarantaine de Sénégalais à avoir déclaré aux citoyens de ce pays qu’ils iront briguer leurs suffrages pour être le cinquième Président de la République du Sénégal. Une ambition bien trop grande pour certains d’entre eux qui ne cherchent, vraisemblablement, qu’à faire le buzz juste pour exister politiquement. D’autres n’ont qu’un objectif : rester au devant de la scène, se constituer menace potentielle à l’égard du pouvoir pour augmenter les enchères. Dans cette catégorie, il y a parmi eux qui iront jusqu’à l’élection. Ils savent qu’ils ne gagneront rien, mais pourront jouer les bons rôles en cas de second tour pour, éventuellement, faire partie de la future équipe dirigeante.
La dernière catégorie et c’est la moins peuplée, c’est celle qui a de réelles chances de gagner les joutes dès le premier tour ou, à défaut, d’aller au second tour. N’oublions pas ces candidatures considérées compromises par certains observateurs et analystes politiques annonçant le niet  » inéluctable  » qui leur sera opposé par le Conseil Constitutionnel pour cause de démêlés avec la justice. Nous en sommes encore relativement loin.

Parmi les candidatures déjà déclarées à travers les médias, mises à part celles évidentes du Président Macky Sall, de ses challengers naturels que sont Idrissa Seck, Khalifa Sall et Karim Wade, l’on peut retenir celles de plus d’une trentaine d’autres Sénégalais qui sont, dans le désordre : Serigne Moustapha Mbacké Ibn Serigne Cheikh Gaïndé Fatma Mbacké de Nasru, Samuel Sarr du  » Mouvement 2019, Sopi Sénégal » , Cheikh Hadjibou Soumaré de  » Hadjibou 2019, Démocratie et République », Pape Diop (Bokk Guiss Guiss) , Malick Gakou du Grand Parti, Pierre Goudiaby Atépa l’architecte, Thierno Alassane Sall de la (République des Valeurs) , Mamour Cissé du Psd/Jant Bi, Serigne Modou Bousso Dieng de  » Touba  », Ngouda Fall Kâne de  »Jaam Ak Khéwal  », Boubacar Kamara du mouvement  »Jèngu  ». Il y a aussi Bougane Guèye Dani de  » Gëum Sa Bopp », Abdoul Mbaye d’Act, Mamadou Lamine Diallo de Tekki, le Capitaine Mamadou Dièye, militaire radié, Moustapha Mamba Guirassy de  « Sénégalais Unis Pour le Développement  », Aïda Mbodj de l’Alliance nationale pour la démocratie – And/Saxal Liguey, Sidy Bouya Mbaye de  »L’Alliance Pour la Confiance Citoyenne, Badou Kâne de  »Démal Sunu Bopp », Assoumana Dione de  »Jaamu Askanwi  », Ousmane Sonko de Pastef, Me Mame Adama Guèye de. Sénégal Bou Béss  », Issa Sall du Parti de l’Unité et du Rassemblement, Nafissatou Wade (Convergence Déggu jëf), Thierno Bocoum de  » AGIR  », Ndella Madior Diouf de la  » Réconciliation Nationale pour l’Unité Africaine  », Cheikh Alassane Sène de  » Dadj Deup  », Ibrahima Hamidou Dème du mouvement  » Ensemble  », Françoise Hélène Gaye la Facebooker, d’Ibrahima Sylla l’universitaire etc…

Trois autres candidats à la candidature sont déjà dans les tuyaux et seront prochainement portées à la connaissance du public.

À ce rythme, d’ici à la présidentielle, l’on devrait se retrouver avec une cinquantaine de candidatures que la loi portant parrainage des candidats se chargera de rationnaliser.

Futurs Médias : Est-ce Macky qui vient de débaucher Mamoudou Ibra Kane et Alassane Samba Diop?

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Alassane Samba Diop et Mamadou Ibra Kane quittent le Groupe Futurs Médias. Les deux journalistes, qui ont fait les beaux jours du groupe de presse de Youssou Ndour, viennent de démissionner. « Le Président du Groupe Futurs Médias Youssou Ndour, le Directeur général Mamoudou Ibra Kane et le Directeur de Rfm Alassane Samba Diop, informent le public de la fin de leur collaboration au niveau du Gfm », a annoncé un communiqué.

Sur le motif de leur démission, le document renseigne que les deux intéressés comptent lancer leur propre produit : « Mm. Kane et Diop ont informé M. Ndour, lors d’une rencontre, de leur décision de démissionner du Groupe Futurs Médias pour lancer un nouveau projet médiatique. Ils tiennent à rendre un vibrant hommage et à adresser leurs vifs remerciements au Président Youssou Ndour pour sa vision, les valeurs partagées et sa grande ambition pour le groupe, devenu en 15 ans d’existence, un leader incontestable dans l’espace médiatique sénégalais et dans la sous-région. »

De son côté, l’artiste chanteur s’est félicité de la collaboration et des performances des démissionnaires qui ont permis à son groupe d’atteindre des résultats hautement appréciables. « Conformément à sa vision, il a formulé à leur endroit des prières de succès dans leur nouveau projet », lit-on dans le communiqué.

En cette veille de campagne électorale pour la présidentielle, il est tentant de voir une main politique derrière ce futur nouveau produit médiatique. Les pouvoirs en place ont l’habitude de lancer des groupes de presse partisans à la veille de la presidentielle. Alors, de là à voir la main de Macky Sall derrière le duo de journalistes démissionnaires, il n’y a qu’un pas. Que nous ne franchirons pas. Pour le moment.

Portrait : Kofi Annan avait une soeur jumelle, avait été marié à une Nigériane avant d’épouser une Suédoise, et laisse trois enfants

Kofi Annan, septième secrétaire général des Nations unies (1997-2006), est mort, a-t-on appris ce samedi 18 août 2018. Il avait 80 ans. Très respecté, Kofi Annan a été le premier homme noir à diriger l’Organisation des Nations unies (ONU), dont il connaissait tous les rouages après y avoir travaillé pendant plus de 40 ans. Unanimement reconnu comme un homme de paix, il a obtenu conjointement avec l’ONU le prestigieux prix Nobel de la paix en 2001, « pour leur travail en faveur d’un monde mieux organisé et plus pacifique ».

 

Kofi Annan, septième secrétaire général des Nations unies de 1997 à 2006, a été « l’un des dirigeants les plus visionnaires et plus démocratiques du monde », pour reprendre les mots de l’ancien directeur de l’office des Nations unies à Genève, Vladimir Petrovsky.

Pour Thobjorn Jagland, ministre norvégien des Affaires étrangères (2000-2001), ancien Premier ministre et secrétaire général du Conseil de l’Europe, il est un dirigeant « intelligent et courageux ». « Quand il entre dans une pièce, une onde de sérénité se propage. On dirait le pape », déclare un ancien ministre européen.

Kofi Annan a ainsi su s’attirer les éloges des diplomates du monde entier. L’ancien ambassadeur américain à l’ONU, Richard Holbrooke, le considère comme « le meilleur secrétaire général de l’histoire des Nations unies, sans exception ».

Par son habileté, son opiniâtreté et son intégrité, le Ghanéen disparu le 18 août a su être un interlocuteur accepté aussi bien par les Chinois que par les Américains, les musulmans, les Occidentaux, les Arabes, les Israéliens, le Nord et le Sud. Il a dirigé l’ONU dans un monde où la guerre froide était terminée, mais où d’autres conflits faisaient rage, comme en Yougoslavie, en Tchétchénie ou au Congo. Dans un monde aussi où le XXIe siècle s’ouvrait, traumatisé par les attentats du 11 septembre 2001.

Agir avec courage et avec cœur pour résoudre les conflits

Visionnaire, Kofi Annan a contribué à remettre les Nations unies au cœur du règlement des conflits. Il est parvenu à résoudre plusieurs oppositions épineuses, avec un mélange inédit de douceur, de charme et de franc-parler. Ses interventions ont été capitales à la frontière israélo-libanaise en 2000, ou lors de l’escalade américano-irakienne en 1998, année où il a obtenu la signature d’un accord sur le contrôle des sites militaires irakiens.

Son action au sein de l’ONU s’est concentrée sur la réorganisation interne des Nations unies, le développement de la lutte contre le sida, la poursuite des efforts de paix au Proche-Orient et le développement économique et social.

En manager hors pair, Kofi Annan a toujours su impressionner ses interlocuteurs par son élégance et sa courtoisie jamais prises à défaut. Calme et toujours à l’écoute, Kofi Annan était également capable d’humour vache. La France s’opposait à sa candidature pour succéder à l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali comme secrétaire général, car elle voulait un vrai francophone à la tête de l’ONU. Il avait ridiculisé l’argument en parlant anglais avec un accent français.

Docteur honoris causa de plusieurs universités (Dresde, Princeton, Gand, Neuchâtel, etc.), Kofi Annan a remporté de nombreux prix et récompenses pour son action au sein de l’ONU, dont le prestigieux prix Nobel de la paix, en 2001, avec l’ONU, « pour leur travail en faveur d’un monde mieux organisé et plus pacifique ». Il avait jugé « presque indécent » de se voir attribuer un tel prix en pleine guerre d’Afghanistan et en plein conflit au Proche-Orient. Le dernier et le seul autre secrétaire général des Nations unies à avoir reçu le Nobel de la paix était le Suédois Dag Hammarskjoeld, en 1961, à titre posthume.

« On l’a beaucoup critiqué comme étant l’homme des Etats-Unis, mais il est l’homme de la communauté mondiale », a déclaré Geir Lundestad, directeur de l’Institut Nobel, ajoutant : « Cela s’est confirmé lors de sa réélection le 27 juin 2001. […] Annan a reçu le soutien de l’Afrique, bien sûr, mais aussi de l’Asie et de toutes les grandes puissances même si la Chine a un peu traîné les pieds. » Sa réélection pour un mandat de cinq ans a été votée de façon unanime par les 189 Etats membres de l’ONU.

« Homme des Etats-Unis », avant la brouille de la guerre « illégale » en Irak

Lui qui est le premier secrétaire général à sortir des rangs du personnel de l’organisation a toujours eu une grande volonté de la réformer. Son image assez docile, d’« homme des Etats-Unis », qu’il avait au début de son mandat, s’explique par le fait qu’il a été élu secrétaire général de l’ONU en 1996 avec le soutien de Washington. En 2001, il a déclaré « approuver les raids américano-britanniques en Afghanistan appelant toutefois à tout faire pour épargner la population civile ».

Mais les relations entre Kofi Annan et la Maison Blanche se sont gâtées en 2003, avec l’invasion américaine de l’Irak. En 2004, il qualifie cette guerre d’« illégale », une opinion qu’il confirme tout au long de sa vie. Le secrétaire général a perdu un de ses proches à cause de la guerre, Sergio Vieira de Mello. Tué par un attentat-suicide à Bagdad le 19 août 2003, Sergio Vieira de Mello était, depuis mai 2003, le représentant de Kofi Annan en Irak, une mission qui était censée durer quatre mois. Il était perçu comme un successeur potentiel de Kofi Annan à la tête des Nations unies.

Jean-Marc de la Sablière a représenté la France au Conseil de sécurité de l’ONU entre 2002 et 200718/08/2018 – par Nicolas FalezÉcouter

Lors du dernier discours qu’il a tenu devant un public américain en tant que secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan s’est montré sévère envers le président des Etats-Unis George W. Bush et sa politique. Dans la bibliothèque Harry Truman à Independence, dans le Missouri, Kofi Annan a rappelé l’héritage de ce même Harry Truman, un des fondateurs des Nations unies, qui disait : « La responsabilité des grands Etats est de servir les peuples du monde, pas de les dominer. »

Sans jamais prononcer le nom de George W. Bush, il a, en filigrane, critiqué sa politique : « Par le passé, l’Amérique a été à l’avant-garde du mouvement mondial pour les droits de l’homme. Mais, pour ce pays, la seule manière de rester en tête sera de se montrer fidèle à ses principes, jusque dans la lutte contre le terrorisme. » A l’époque, ces déclarations ont choqué les conservateurs américains.

Plus de 40 ans dans le système onusien

Né le 8 avril 1938 à Kumasi au Ghana, Kofi Annan, qui a une sœur jumelle, est issu d’une famille aristocratique de négociants. Il a étudié à l’Université scientifique et technologique à Kumasi. En 1961, il obtient sa licence d’économie au Macalester College, à Saint Paul, dans le Minnesota (Etats-Unis). En 1961-1962, il effectue des études de troisième cycle en économie à l’Institut universitaire des hautes études internationales à Genève (Suisse). En 1971-1972, il obtient son diplôme de maîtrise en sciences de gestion au Massachusetts Institute of Technology.

Kofi Annan entre à l’ONU en 1962 comme fonctionnaire d’administration et du budget auprès de l’Organisation mondiale de la santé à Genève. Il a travaillé plus de 40 ans dans le système onusien. Il a été en poste à la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, à Addis-Abeba (Ethiopie), à la Force d’urgence des Nations unies, à Ismaïlia (Egypte), au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés à Genève.

Puis, au siège des Nations unies, à New York, il a été sous-secrétaire général à la gestion des ressources humaines et coordonnateur des Nations unies pour les questions de sécurité, puis sous-secrétaire général à la planification des programmes, au budget et à la comptabilité, puis contrôleur et enfin secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix.

Après l’ONU, il a créé la Fondation Kofi-Annan, dont l’objectif est de « mobilise[r] la volonté politique pour vaincre les menaces pesant sur la paix, le développement et les droits de l’homme ». Il est également nommé président de l’ONG Global Elders, un groupe de « sages universels » qui œuvre pour la paix et les droits de l’homme dans le monde. Parmi eux, figurent notamment Desmond Tutu, Jimmy Carter et Nelson Mandela, jusqu’à sa mort.

Bijan Farnoudi, porte-parole de Kofi Annan et de sa fondation18/08/2018 – par Stefanie SchülerÉcouter

En 2006, il a créé, avec le dessinateur français Plantu, Cartooning for Peace, une association de caricaturistes de presse engagés contre l’intolérance et pour le « respect des cultures et des libertés ». Le 23 février 2012, il est nommé envoyé spécial conjoint de l’ONU et de la Ligue arabe pour la crise syrienne. Mais il démissionne de ce poste moins de six mois plus tard, le 2 août.

Père de trois enfants, Kofi Annan a d’abord été marié à une Nigériane dont il a eu un fils et une fille. Il a ensuite été marié à Nane Lagergren, juriste et artiste suédoise, nièce du diplomate Raoul Wallenberg, qui a sauvé des milliers de juifs en Hongrie pendant la Seconde Guerre mondiale.

Un homme sujet à la critique et aux erreurs

Un de ses regrets à l’ONU a été de ne pas avoir pu réformer le Conseil de sécurité, pour qu’il reflète mieux le monde du XXIe siècle, et non plus celui « de 1945 ». Les opérations onusiennes ont été « désastre[uses] » au Darfour et en Somalie pendant ses deux mandats, selon cet homme qui n’a jamais hésité à reconnaître ses échecs.

Kofi Annan a dit « accepter la critique » lorsqu’un rapport indépendant l’a jugé responsable « d’erreurs de gestion substantielles » dans l’affaire Pétrole contre nourriture. Ce programme onusien devait permettre au régime irakien de Saddam Hussein de vendre du brut en échange de biens de consommation, pour atténuer les effets de l’embargo sur les civils. Mais Saddam Hussein s’est livré à de la contrebande en surchargeant les pétroliers et aurait, selon une enquête indépendante, détourné près de 1,8 milliard de dollars.

Dans ce dossier, Kofi Annan a été lavé des accusations les plus graves. Il n’a pas été jugé coupable d’entorses à l’éthique ni de corruption, notamment car rien n’indique qu’il ait su que la Cotecna, une entreprise suisse qui employait son fils Kojo Annan, tentait d’obtenir un contrat onusien, qu’elle a remporté. Kofi Annan a simplement été « négligent », selon les enquêteurs et partage les torts avec un Conseil de sécurité divisé, une organisation trop bureaucratique, certains responsables corrompus et un régime irakien manipulateur.

Enfin, à l’époque du génocide anti-tutsi du printemps 1994 au Rwanda, Kofi Annan était secrétaire général de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix. Certains reprochent à l’organisation internationale de ne pas avoir réagi à temps aux massacres. Kofi Annan s’est excusé au nom des Nations unies, exigeant plusieurs rapports internes sur les dysfonctionnements dans l’organisation sur le Rwanda, mais aussi sur la Bosnie.

Islam : quand les fashionistas réinventent le voile et le foulard

Comment le voile, une simple pièce de tissu aux déclinaisons diverses, a-t-il pu devenir un vêtement mondialisé, suscitant d’importantes controverses ?

En juin 2017, c’était le maire de la commune de Lorette qui avait rédigé un arrêté anti-burkini, interdisant le port du burkini et du voile sur un plan d’eau municipal. La polémique suscitée par son acte l’a poussé à le retirer au bout d’une semaine.

Le même mois, de l’autre côté de l’Atlantique, le magazine de mode américain Allure illustrait sa une avec une photo de la modèle somalienne Hamali Aden, portant un hijab.

Suède : victoire pour une musulmane qui a refusé de serrer la main lors d’un entretien d’embauche

L’entreprise avait annulé l’entretien de Farah Allajeh. Condamnée pour discrimination, elle devra verser 3 822 euros à la jeune femme.

Son entretien d’embauche a rapidement tourné court. Farah Allajeh, une femme musulmane de 24 ans, postulait à un emploi d’interprète à Uppsala, dans l’est de la Suède. Mais, à son arrivée, elle avait refusé de serrer la main du responsable de l’entreprise. Un choix fait par conviction religieuse. À la place, elle avait posé la main sur le cœur, précise la BBC. L’employeur avait alors décidé d’annuler l’entretien.

Mercredi, un tribunal suédois a condamné l’entreprise pour discrimination. Elle devra verser 3 822 euros à Farah Allajeh. «  L’argent n’a jamais été important. Cela n’a aucune importance. Mais j’avais raison, c’est ça l’important pour moi. J’espère ainsi donner de l’espoir aux autres musulmans qui connaissent la même situation et estiment qu’il est inutile de continuer  », a-t-elle expliqué à la télévision publique suédoise SVT.

Une décision inverse en France

Le tribunal a reconnu le caractère exceptionnel de ce dossier, le premier concernant une poignée de main que des juges ont été amenés à traiter. L’entreprise s’est défendue en mettant en avant sa volonté de traiter de façon égale femmes et hommes. Les salutations seulement basées sur la religion et qui établissent une distinction entre les sexes seraient offensantes. Elles pourraient même mener à des conflits sur le lieu de travail. Un argument que les juges ont dit comprendre dans leurs conclusions, mais jugé trop restrictif s’il se limite à une poignée de main. Par ailleurs, les prudhommes ont estimé que son refus de serrer la main pour des raisons religieuses était protégé par la Convention européenne des droits humains et que la politique de l’entreprise concernant les salutations d’usage était préjudiciable aux musulmans.

En France, en avril dernier, le Conseil d’État a validé le rejet de la naturalisation d’une Algérienne qui avait refusé de serrer la main à un représentant de la préfecture.

 

R-E-S-P-E-C-T ! : Et Aretha s’arrêta

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La reine de la soul est morte ce jeudi à 76 ans. De l’église de son père au sommet des charts, sa voix a inscrit dans la légende des dizaines de tubes et porté haut les causes du féminisme et des droits civiques.

«J’ai perdu ma chanson, cette fille me l’a prise.» Quand il découvre Respect, une ballade qu’il a écrite pour son tour manager Speedo Sims, Otis Redding ne peut que constater les faits face à Jerry Wexler, le pape de la soul music au label Atlantic. Ce jour-là, le chanteur sait que le titre paru deux ans plus tôt, en 1965 sur l’imparable Otis Blue, lui échappe. Pas sûr en revanche qu’il puisse se douter alors que ce hit fera danser des générations entières, porté par la voix de la papesse soul. Combien de soirées où cet hymne au féminisme débridé aura fait se lever toutes les femmes et filles, prises d’un doux délire ! «La chanson en elle-même est passée d’une revendication de droits conjugaux à un vibrant appel à la liberté. Alors qu’Otis parle spécifiquement de questions domestiques, Aretha en appelle ni plus ni moins à la transcendance extatique de l’imagination», analysera Peter Guralnick, l’auteur de la bible Sweet Soul Music.

Enregistrée le jour de la Saint-Valentin, la version d’Aretha Franklin, morte jeudi à 76 ans, est effectivement bien différente de celle du «Soul Father», qui vantait les mérites de l’homme allant au turbin et méritant de fait un peu de respect en retour. La jeune femme se permet d’y glisser quelques saillies bien senties : «Je ne te ferai pas d’enfant dans le dos, mais ce que j’attends de toi, c’est du respect.»Le tout boosté par un chœur composé de ses sœurs Erma et Carolyn qui ponctue de «Ooh !» et «Just a little bit», donnant à l’histoire les faux airs d’une conversation complice entre femmes. Et de conclure par un tranchant : «Je n’ai besoin de personne et je me débrouille comme une grande.» La suite, tout du moins d’un point de vue artistique, donnera raison à celle qui devint ainsi pour la postérité tout à la fois l’une des égéries des droits civiques et la visionnaire pythie d’une libération des mœurs.

Dix-huit Grammy Awards

«Cette chanson répondait au besoin du pays, au besoin de l’homme et la femme de la rue, l’homme d’affaires, la mère de famille, le pompier, le professeur – tout le monde aspire au respect. La chanson a pris une signification monumentale. Elle est devenue l’incarnation du « respect » que les femmes attendent des hommes et les hommes des femmes, le droit inhérent de tous les êtres humains», analysera-t-elle a posteriori dans son autobiographie, Aretha: From These Roots.

Sa reprise de Respect n’était pas le premier succès de la native de Memphis. D’ailleurs, à l’époque, ce ne sera que le deuxième 45-tours de son premier album sous pavillon Atlantic, précédé par I Never Loved a Man (the Way I Love You) qui donne son titre à ce disque. Mais avec ce tube, bientôt suivi d’une quantité d’autres, elle se hisse vers des sommets à hauteur des mâles blancs qui dominaient l’époque. Coup double aux Grammy 1968 – les premiers d’une très longue série, dix-huit au total –, la chanson truste les charts pop, quatorze semaines au top des ventes afro-américaines où la concurrence est alors plutôt sévère, et intronise la «Soul Sister» (surnom emprunté à son précédent disque) en reine du genre : «Queen of Soul», pas moins. Elle ne sera jamais détrônée.

Pourtant l’album enregistré entre Muscle Shoals, l’usine à tubes d’Alabama, et New York, où elle dut se replier avec quelques musiciens sudistes, fut accouché dans la douleur, tel que relaté par un autre biographe émérite d’Aretha Franklin, le Français Sebastian Danchin (Portrait d’une natural woman, aux éditions Buchet Chastel). Toujours est-il que le 28 juin 1968, elle fait la une de l’hebdomadaire Time : un simple portrait dessiné d’elle, discrètement barré d’un explicite The Sound of Soul.Cette année-là, elle est juste derrière Martin Luther King en termes de popularité.

 

Dix-huit Grammy Awards

«Cette chanson répondait au besoin du pays, au besoin de l’homme et la femme de la rue, l’homme d’affaires, la mère de famille, le pompier, le professeur – tout le monde aspire au respect. La chanson a pris une signification monumentale. Elle est devenue l’incarnation du « respect » que les femmes attendent des hommes et les hommes des femmes, le droit inhérent de tous les êtres humains», analysera-t-elle a posteriori dans son autobiographie, Aretha: From These Roots.

Sa reprise de Respect n’était pas le premier succès de la native de Memphis. D’ailleurs, à l’époque, ce ne sera que le deuxième 45-tours de son premier album sous pavillon Atlantic, précédé par I Never Loved a Man (the Way I Love You) qui donne son titre à ce disque. Mais avec ce tube, bientôt suivi d’une quantité d’autres, elle se hisse vers des sommets à hauteur des mâles blancs qui dominaient l’époque. Coup double aux Grammy 1968 – les premiers d’une très longue série, dix-huit au total –, la chanson truste les charts pop, quatorze semaines au top des ventes afro-américaines où la concurrence est alors plutôt sévère, et intronise la «Soul Sister» (surnom emprunté à son précédent disque) en reine du genre : «Queen of Soul», pas moins. Elle ne sera jamais détrônée.

Pourtant l’album enregistré entre Muscle Shoals, l’usine à tubes d’Alabama, et New York, où elle dut se replier avec quelques musiciens sudistes, fut accouché dans la douleur, tel que relaté par un autre biographe émérite d’Aretha Franklin, le Français Sebastian Danchin (Portrait d’une natural woman, aux éditions Buchet Chastel). Toujours est-il que le 28 juin 1968, elle fait la une de l’hebdomadaire Time : un simple portrait dessiné d’elle, discrètement barré d’un explicite The Sound of Soul.Cette année-là, elle est juste derrière Martin Luther King en termes de ­notoriété.

Atteinte d’un cancer et officiellement rangée des hits depuis début 2017, la grande prêcheuse du respect est morte cinquante ans plus tard à Détroit, à 76 ans, devenue pour l’éternité celle dont un président des Etats-Unis (pas le moins mélomane, Barack Obama) a pu dire : «L’histoire américaine monte en flèche quand Aretha chante. Personne n’incarne plus pleinement la connexion entre le spirituel afro-américain, le blues, le r’n’b, le rock’n’roll – la façon dont les difficultés et le chagrin se sont transformés en quelque chose de beau, de vitalité et d’espoir.»

Premier disque

Avant d’en arriver là, tout n’était pas écrit d’avance pour cette fille de pasteur, née le 25 mars 1942 dans le Sud profond, où la ségrégation fait force de loi. Grandie dans le giron de ce père homme de foi, Aretha Louise Franklin trouve sa voix à l’église, comme souvent. Elle a pour premier modèle son paternel, personnalité aussi sombre à la maison qu’auréolée de lumière sur l’estrade : le pasteur Clarence LaVaughn Franklin enregistre et publie ses gospels sur la firme Chess, fréquente les stars (Sam Cooke, Jackie Wilson, Art Tatum…), enchaîne les tournées, au risque de délaisser le foyer où les enfants se débrouillent comme ils peuvent. D’autant que leur mère, Barbara Siggers, «immense chanteuse gospel»selon la diva Mahalia Jackson, a quitté le foyer au lendemain des 6 ans d’Aretha.

Sept années plus tard, l’adolescente grave son premier disque, avec le chœur de la New Bethel Baptist Church, le sanctuaire au cœur du ghetto de Detroit où son père célèbre sa mission sur Terre. L’année qui suit, elle accouche d’un premier enfant, suivant là encore les traces du prédicateur, par ailleurs fornicateur à ses heures : une des demi-sœurs de la jeune Aretha est le fruit de relations illicites avec une paroissienne de 13 ans !

Ferveur inégalée

Avant 18 ans, Aretha a déjà deux enfants. Autant dire un sérieux handicap pour qui entend faire carrière en musique. C’est pourtant la même, certes délestée des bambins qui se retrouvent chez mère-grand Rachel, qui est castée par le talent-scout John Hammond. Elle a 19 ans quand elle débarque à New York pour intégrer l’écurie Columbia, où la future Lady Soul – autre surnom absolument pas usurpé – est censée suivre le sillon creusé par Lady Day, la femme au chihuahua Billie Holiday. Las, l’histoire ne se répète jamais, et malgré d’indéniables talents et de petits succès dont un bel hommage à Dinah Washington, une de ses références avouées, et un recommandable Yeah où elle tente déjà de faire siennes quelques rengaines empruntées à d’autres, celle qui sera plus tard la première femme à rejoindre le Rock’n’roll Hall of Fame ne parvient pas à se distinguer dans le jazz. Jusqu’à ce qu’elle franchisse le Rubicon, en passant chez Atlantic où, outre Jerry Wexler, elle trouve en Arif Mardin un directeur musical à son écoute.

«Quand je suis allée chez Atlantic Records, ils m’ont juste assise près du piano et les tubes ont commencé à naître.» Il ne faudra jamais oublier qu’à l’instar d’une Nina Simone, Aretha Franklin était aussi une formidable pianiste. La liste des classiques enregistrés en moins de dix ans donne le tournis : Baby I Love You, (You Make Me Feel Like) A Natural Woman, Think, (Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone, Chain of Fools, Until You Come Back to Me… Entre 1967 et 1974, la porte-voix d’une communauté chante ou déchante l’amour, en mode énervé ou sur le ton de la confidence sur oreiller, portée par des arrangements luxuriants ou dans ce dénuement propre à magnifier les plus belles voix sudistes (de Wilson Pickett à Sam & Dave). Dans cette série qui ressemble à une irrésistible ascension, chacun a ses favoris : Call Me, par exemple, pas forcément le plus gros succès, demeure une ballade pour l’éternité où elle fait valoir toute la classe de son toucher sur les noires et ivoire. A moins que ce ne soit I Say a Little Prayer, le cantique écrit par Burt Bacharach et Hal David pour Dionne Warwick (qui se le fera chiper), tout en légèreté laidback. Qu’elle flirte volontiers avec la pop, reste fidèle à l’esprit de la soul ou mette le feu au temple frisco rock Fillmore West dans un live mémorable avec le terrible saxophoniste r’n’b King Curtis, son directeur musical assassiné quelques mois plus tard, la voix d’Aretha Franklin transcende toujours les sacro-saintes chapelles avec une ferveur inégalée. Celle héritée du gospel, la genèse de tout, auquel elle rend un vibrant hommage en 1972 avec Amazing Grace, un office avec le révérend James Cleveland qui devient le premier disque du genre à réussir la jonction avec le public profane.

La série va pourtant s’arrêter au mitan des années 70, alors que Jerry Wexler s’apprête à quitter la maison mère pour rejoindre Warner Bros. A Change Is Gonna Come, pour paraphraser la superbe complainte qu’elle a empruntée à Sam Cooke dès 1967. Le disco triomphe, et bientôt le rap qui saura lui rendre hommage, à l’image de Mos Def revisitant One Step Ahead ou de Lauryn Hill s’investissant dans The Rose Is Still a Rose. Orpheline de son mentor, Franklin elle-même quitte en 1980 Atlantic pour Arista. La chanteuse ne s’en remettra pas, alors même qu’elle parvient à toucher un public rajeuni en étant au générique des Blues Brothers. Elle y chante en femme de ménage (mais chaussée de mules en éponge roses !) Think, hymne à la liberté et à la féminité affirmée haut et fort .

La reine de la soul est morte ce jeudi à 76 ans. De l’église de son père au sommet des charts, sa voix a inscrit dans la légende des dizaines de tubes et porté haut les causes du féminisme et des droits civiques.

«J’ai perdu ma chanson, cette fille me l’a prise.» Quand il découvre Respect, une ballade qu’il a écrite pour son tour manager Speedo Sims, Otis Redding ne peut que constater les faits face à Jerry Wexler, le pape de la soul music au label Atlantic. Ce jour-là, le chanteur sait que le titre paru deux ans plus tôt, en 1965 sur l’imparable Otis Blue, lui échappe. Pas sûr en revanche qu’il puisse se douter alors que ce hit fera danser des générations entières, porté par la voix de la papesse soul. Combien de soirées où cet hymne au féminisme débridé aura fait se lever toutes les femmes et filles, prises d’un doux délire ! «La chanson en elle-même est passée d’une revendication de droits conjugaux à un vibrant appel à la liberté. Alors qu’Otis parle spécifiquement de questions domestiques, Aretha en appelle ni plus ni moins à la transcendance extatique de l’imagination», analysera Peter Guralnick, l’auteur de la bible Sweet Soul Music.


Enregistrée le jour de la Saint-Valentin, la version d’Aretha Franklin, morte jeudi à 76 ans, est effectivement bien différente de celle du «Soul Father», qui vantait les mérites de l’homme allant au turbin et méritant de fait un peu de respect en retour. La jeune femme se permet d’y glisser quelques saillies bien senties : «Je ne te ferai pas d’enfant dans le dos, mais ce que j’attends de toi, c’est du respect.»Le tout boosté par un chœur composé de ses sœurs Erma et Carolyn qui ponctue de «Ooh !» et «Just a little bit», donnant à l’histoire les faux airs d’une conversation complice entre femmes. Et de conclure par un tranchant : «Je n’ai besoin de personne et je me débrouille comme une grande.» La suite, tout du moins d’un point de vue artistique, donnera raison à celle qui devint ainsi pour la postérité tout à la fois l’une des égéries des droits civiques et la visionnaire pythie d’une libération des mœurs.

Dix-huit Grammy Awards

«Cette chanson répondait au besoin du pays, au besoin de l’homme et la femme de la rue, l’homme d’affaires, la mère de famille, le pompier, le professeur – tout le monde aspire au respect. La chanson a pris une signification monumentale. Elle est devenue l’incarnation du « respect » que les femmes attendent des hommes et les hommes des femmes, le droit inhérent de tous les êtres humains», analysera-t-elle a posteriori dans son autobiographie, Aretha: From These Roots.

Sa reprise de Respect n’était pas le premier succès de la native de Memphis. D’ailleurs, à l’époque, ce ne sera que le deuxième 45-tours de son premier album sous pavillon Atlantic, précédé par I Never Loved a Man (the Way I Love You) qui donne son titre à ce disque. Mais avec ce tube, bientôt suivi d’une quantité d’autres, elle se hisse vers des sommets à hauteur des mâles blancs qui dominaient l’époque. Coup double aux Grammy 1968 – les premiers d’une très longue série, dix-huit au total –, la chanson truste les charts pop, quatorze semaines au top des ventes afro-américaines où la concurrence est alors plutôt sévère, et intronise la «Soul Sister» (surnom emprunté à son précédent disque) en reine du genre : «Queen of Soul», pas moins. Elle ne sera jamais détrônée.

Pourtant l’album enregistré entre Muscle Shoals, l’usine à tubes d’Alabama, et New York, où elle dut se replier avec quelques musiciens sudistes, fut accouché dans la douleur, tel que relaté par un autre biographe émérite d’Aretha Franklin, le Français Sebastian Danchin (Portrait d’une natural woman, aux éditions Buchet Chastel). Toujours est-il que le 28 juin 1968, elle fait la une de l’hebdomadaire Time : un simple portrait dessiné d’elle, discrètement barré d’un explicite The Sound of Soul.Cette année-là, elle est juste derrière Martin Luther King en termes de ­notoriété.

Atteinte d’un cancer et officiellement rangée des hits depuis début 2017, la grande prêcheuse du respect est morte cinquante ans plus tard à Détroit, à 76 ans, devenue pour l’éternité celle dont un président des Etats-Unis (pas le moins mélomane, Barack Obama) a pu dire : «L’histoire américaine monte en flèche quand Aretha chante. Personne n’incarne plus pleinement la connexion entre le spirituel afro-américain, le blues, le r’n’b, le rock’n’roll – la façon dont les difficultés et le chagrin se sont transformés en quelque chose de beau, de vitalité et d’espoir.»

Premier disque

Avant d’en arriver là, tout n’était pas écrit d’avance pour cette fille de pasteur, née le 25 mars 1942 dans le Sud profond, où la ségrégation fait force de loi. Grandie dans le giron de ce père homme de foi, Aretha Louise Franklin trouve sa voix à l’église, comme souvent. Elle a pour premier modèle son paternel, personnalité aussi sombre à la maison qu’auréolée de lumière sur l’estrade : le pasteur Clarence LaVaughn Franklin enregistre et publie ses gospels sur la firme Chess, fréquente les stars (Sam Cooke, Jackie Wilson, Art Tatum…), enchaîne les tournées, au risque de délaisser le foyer où les enfants se débrouillent comme ils peuvent. D’autant que leur mère, Barbara Siggers, «immense chanteuse gospel»selon la diva Mahalia Jackson, a quitté le foyer au lendemain des 6 ans d’Aretha.

Sept années plus tard, l’adolescente grave son premier disque, avec le chœur de la New Bethel Baptist Church, le sanctuaire au cœur du ghetto de Detroit où son père célèbre sa mission sur Terre. L’année qui suit, elle accouche d’un premier enfant, suivant là encore les traces du prédicateur, par ailleurs fornicateur à ses heures : une des demi-sœurs de la jeune Aretha est le fruit de relations illicites avec une paroissienne de 13 ans !

Ferveur inégalée

Avant 18 ans, Aretha a déjà deux enfants. Autant dire un sérieux handicap pour qui entend faire carrière en musique. C’est pourtant la même, certes délestée des bambins qui se retrouvent chez mère-grand Rachel, qui est castée par le talent-scout John Hammond. Elle a 19 ans quand elle débarque à New York pour intégrer l’écurie Columbia, où la future Lady Soul – autre surnom absolument pas usurpé – est censée suivre le sillon creusé par Lady Day, la femme au chihuahua Billie Holiday. Las, l’histoire ne se répète jamais, et malgré d’indéniables talents et de petits succès dont un bel hommage à Dinah Washington, une de ses références avouées, et un recommandable Yeah où elle tente déjà de faire siennes quelques rengaines empruntées à d’autres, celle qui sera plus tard la première femme à rejoindre le Rock’n’roll Hall of Fame ne parvient pas à se distinguer dans le jazz. Jusqu’à ce qu’elle franchisse le Rubicon, en passant chez Atlantic où, outre Jerry Wexler, elle trouve en Arif Mardin un directeur musical à son écoute.

«Quand je suis allée chez Atlantic Records, ils m’ont juste assise près du piano et les tubes ont commencé à naître.» Il ne faudra jamais oublier qu’à l’instar d’une Nina Simone, Aretha Franklin était aussi une formidable pianiste. La liste des classiques enregistrés en moins de dix ans donne le tournis : Baby I Love You, (You Make Me Feel Like) A Natural Woman, Think, (Sweet Sweet Baby) Since You’ve Been Gone, Chain of Fools, Until You Come Back to Me… Entre 1967 et 1974, la porte-voix d’une communauté chante ou déchante l’amour, en mode énervé ou sur le ton de la confidence sur oreiller, portée par des arrangements luxuriants ou dans ce dénuement propre à magnifier les plus belles voix sudistes (de Wilson Pickett à Sam & Dave). Dans cette série qui ressemble à une irrésistible ascension, chacun a ses favoris : Call Me, par exemple, pas forcément le plus gros succès, demeure une ballade pour l’éternité où elle fait valoir toute la classe de son toucher sur les noires et ivoire. A moins que ce ne soit I Say a Little Prayer, le cantique écrit par Burt Bacharach et Hal David pour Dionne Warwick (qui se le fera chiper), tout en légèreté laidback. Qu’elle flirte volontiers avec la pop, reste fidèle à l’esprit de la soul ou mette le feu au temple frisco rock Fillmore West dans un live mémorable avec le terrible saxophoniste r’n’b King Curtis, son directeur musical assassiné quelques mois plus tard, la voix d’Aretha Franklin transcende toujours les sacro-saintes chapelles avec une ferveur inégalée. Celle héritée du gospel, la genèse de tout, auquel elle rend un vibrant hommage en 1972 avec Amazing Grace, un office avec le révérend James Cleveland qui devient le premier disque du genre à réussir la jonction avec le public profane.

La série va pourtant s’arrêter au mitan des années 70, alors que Jerry Wexler s’apprête à quitter la maison mère pour rejoindre Warner Bros. A Change Is Gonna Come, pour paraphraser la superbe complainte qu’elle a empruntée à Sam Cooke dès 1967. Le disco triomphe, et bientôt le rap qui saura lui rendre hommage, à l’image de Mos Def revisitant One Step Ahead ou de Lauryn Hill s’investissant dans The Rose Is Still a Rose. Orpheline de son mentor, Franklin elle-même quitte en 1980 Atlantic pour Arista. La chanteuse ne s’en remettra pas, alors même qu’elle parvient à toucher un public rajeuni en étant au générique des Blues Brothers. Elle y chante en femme de ménage (mais chaussée de mules en éponge roses !) Think, hymne à la liberté et à la féminité affirmée haut et fort (encore).

Ombre d’elle-même

La scène d’anthologie marque les esprits, mais dans la vraie vie, Aretha Franklin n’aspire qu’à des productions de plus en plus pompières, qui masquent par leur outrance l’essentiel : ses exceptionnelles qualités d’interprète. Les interventions de jeunes musiciens comme Marcus Miller ou Narada Michael Walden n’y font rien, même si avec ce dernier elle parvient une nouvelle fois à toucher furtivement la place de numéro 1 des charts r’n’b.

Si elle se fait rare en studio, si elle ne marque plus l’histoire de la musique, elle n’en demeure pas moins une icône pour les nouvelles générations. George Michael s’adonne ainsi à un duo – une spécialité de la diva, qui sans doute trahissait déjà un réel manque de renouvellement – avec celle qu’il considère comme une influence majeure. Toutes les chanteuses de nu soul prêtent allégeance à la première dame, qui de son côté s’illustre dans la rubrique mondanités. Elle traverse ainsi les années 90 en ombre d’elle-même, caricature de ses grands millésimes, qu’elle fructifie. Elle n’en reste alors pas moins une figure que l’on met aisément en couverture, affichant des looks pas toujours raccords, et au premier rang des chanteurs de tous les temps selon Rolling Stone.

De come-backs avortés en retours guettés par des fans toujours en demande, rien n’y fait. La star, rentrée vivre à Detroit, attise pourtant les désirs et envies des jeunes producteurs : André 3000 d’Outkast et Babyface mettent même un album en chantier, alors que l’année d’après, en 2014, le festival de jazz de Montréal la fait remonter sur scène. Longue robe blanche, cheveux blonds, elle assure le show.

Trois ans plus tard, elle est encore en blanc, mais considérablement amaigrie, pour un gala au profit de la fondation Elton John, à New York. Plus que de résurrection, cela sonne comme un concert d’adieux. Néanmoins, on gardera plutôt en souvenir le dernier grand moment d’une carrière hors norme de cette chanteuse : le 6 décembre 2015 lors des prestigieux Kennedy Center Honors, elle entre en scène en manteau de fourrure, voix aussi sûre que son doigté au piano, pour interpréter (You Make Me Feel Like) A Natural Woman devant le couple Obama, auquel elle avait déjà fait l’honneur de chanter lors de son investiture en 2009. Comme la révérence d’une voix pas ordinaire, en tout point populaire.

 

Les romans africains de cette rentrée : Mabanckou, Patrice Nganang, David Diop….

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Selon le magazine des éditeurs Livres hebdo, 567 nouveaux titres, dont 186 titres étrangers seront publiés d’août à octobre 2018. Les littératures venant du monde noir occuperont une place privilégiée dans cette rentrée littéraire dont les premiers titres seront en librairie dès le 16 août. Voici les incontournables qui feront le bonheur des aficianados des littératures issues de l’Afrique, la Caraïbe et des Amériques noires.Bonne découverte.


Avec une quarantaine de nouveaux titres, le monde noir d’Afrique, des Antilles et d’Amérique ne passera pas inaperçu en ce moment de rentrée littéraire. Parmi les têtes d’affiche cette année, le Franco-Congolais Alain Mabanckou, le Sud-Africain JM. Coetzee, l’Egyptien Alaa El Aswany ou encore la Britannique de père Jamaïcain Zadie Smith et les Algériens Boualem Sansal et Yasmina Khadra, qui reviennent sur le devant de la scène avec des récits forts, émouvants et en prise avec les violences et les dysfonctionnements de nos sociétés mondialisées. Mais ce sont les primo-romanciers qui risquent de faire l’événement cette année avec leurs textes de grande qualité, prometteurs d’un avenir fécond. Cette rentrée littéraire compte aussi des essais, des mémoires remarquables par quelques-unes des grandes  plumes du monde noir telles que Ta-Nehisi Coates, Souleymane Bachir Diagne, Henri Lopes, Dany Laferrière.

Le Mabanckou nouveau est arrivé !

Alain Mabanckoou est romancier et professeur de littérature francophone à l’Université de Californie-Los Angeles.. Seuil

Alain Mabanckou est une des têtes d’affiche de cette rentrée littéraire 2018. Tous les médias se l’arrachent, réclamant l’interview de la star en exclusivité. Il faut dire que Les cigognes sont immortelles, ce nouveau roman sous la plume d’un des auteurs les plus en vue des lettres africaines, est un modèle de perfection avec son écriture à la fois maîtrisée et ambitieuse. L’auteur de Black Bazar et de Verre cassé entraîne ses lecteurs dans le tohu-bohu de Pointe-Noire, ville du Congo-Brazzaville dont il est originaire. A travers la grille de lecture d’un narrateur adolescent au regard naïf, le roman restitue le tohu-bohu de l’Afrique post-coloniale où les grandes puissances tirent les ficelles de la vie politique et dont la violence ne manque pas de bouleverser la vie des petites gens.

A la fois récit d’apprentissage et récit historico-politique, ce roman marque peut-être un tournant dans la carrière déjà très riche de son auteur Franco-Congolais qui veut donner désormais à son œuvre une orientation plus engagée. « Je ressens le besoin de dire ce qu’est mon continent et comprendre pourquoi il va à la dérive  », déclare-t-il dans une vidéo de présentation de son nouvel opus.

Les cigognes sont immortelles, par Alain Mabanckou. Editions du Seuil, 301 pages, 19,50 euros. Parution le 16 août 2018.

Une brillante plaidoirie de JM. Coetzee contre l’«  holocauste » animal

Le Sud-Africain J.M. Coetzee a reçu le prix Nobel de littérature en 2003. Editions du Seuil

« Il m’est venu à l’esprit que les gens toléraient le massacre d’animaux parce qu’ils n’avaient jamais l’occasion d’en voir un. Ni d’en voir, ni d’en entendre, ni d’en sentir un. Il m’est venu à l’esprit que s’il y avait un abattoir au milieu de la ville, où chacun pourrait voir, entendre, sentir ce qui se qui se passe à l’intérieur, les gens pourraient changer de pratique. Un abattoir de verre. Un abattoir avec des murs en verre. » Comment prévenir l’abattage des animaux qu’elle qualifie d’un « nouvel holocauste », telle est l’obsession d’Elisabeth Costello, personnage de J.M. Coetzee que les lecteurs de ce prix Nobel sud-africain (2003) ont croisé au fil de son œuvre singulière.

Elisabeth Costello est le personnage central de L’abattoir de verre, le dernier livre de fiction sous la plume de l’auteur de Disgrâce. A la fois double de l’auteur (elle est professeur de littérature et romancière tout comme l’auteur), elle est une héroïne pas comme les autres. Elle n’est pas dans l’action, mais dans l’abstraction. Elle incarne des idées, des interrogations universelles : Pourquoi sommes-nous en vie ? Que signifie d’être humain ? Qu’est-ce qu’une belle mort ? Des interrogations qui sont au cœur des sept récits qui composent le nouveau volume que consacre Coetzee à son héroïne vieillissante. Elle lui inspire quelques-unes des plus belles pages de cet opus, animées par l’empathie pour les animaux que nos sociétés mécanisées, obsédées par leur « business plan » ont transformé, en des « êtres négligeables ».

L’abattoir de verre, par J.M. Coetzee. Traduit de l’anglais par Georges Lory. Editions du Seuil, 167 pages, 18 euros. Parution le 16 août 2018.

David Diop raconte l’aventure ambiguë des enrôlés de force africains dans la Première Guerre mondiale

Un premier roman émouvant sur la bravoure et la le désarroi des tirailleurs sénégalais sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. Ed. du Seuil

Les tirailleurs sénégalais sont les oubliés des célébrations cette année de la fin il y a cent ans, de la Première Guerre mondiale. Le beau et puissant premier roman du Franco-Sénégalais David Diop, intitulé Frère d’âme vient rappeler le rôle joué par les contingents africains sur les champs de bataille en Europe de l’Ouest pour hâter la fin de cette première boucherie de l’ère moderne.

Alpha Ndiaye et Mademba Diop ont 16 ans quand ils débarquent en Europe pour combattre sous le drapeau français. Le roman s’ouvre sur un drame : Mademaba tombe, blessé à mort et demande à son ami d’enfance de lui couper la gorge pour mettre fin à sa souffrance. Alpha refuse, mais finira par obtempérer. Puis, il portera dans ses bras le cadavre de son ami d’enfance jusqu’à la prochaine tranchée. Se retrouvant désormais seul dans la folie du grand massacre, Alpha perd la raison et distribue la mort, semant l’effroi. Il tranche les chairs ennemies, estropie, décapite, éventre. Sa sauvagerie scandalise, entraînant son évacuation…

Né à Paris de parents franco-sénégalais et maître de conférences à l’université de Pau, David Diop a déclaré que son livre est né de l’émotion qu’il a ressentie en lisant des lettres de poilus. Mais les tirailleurs n’ont pas laissé de lettres. Partant des documents de l’époque, il a imaginé la bravoure, le racisme, le désarroi, la folie… Cela donne un récit évocateur, époustouflant de lucidité d’analyse et d’humanité.

Frère d’âme, par David Diop. Editions du Seuil, 176 pages, 17 euros. Parution le 16 août 2018.

Retour sur la guerre civile camerounaise avec le talentueux Patrice Nganang

Patrice Nganang est l’auteur de plusieurs romans et d’essais. JC Lattes

Professeur de littérature francophone aux Etats-Unis et romancier, Patrice Nganang est l’auteur de plusieurs romans dont les plus connus ont pour titre Temps de chien (2001) et Mont Plaisant (2010). Ecrivain engagé et novateur, le Camerounais avait donné la parole à un chien dans Temps de chien pour raconter les heurs et malheurs du Cameroun depuis son indépendance. « Quand j’écris, je me place du point de vue de la liberté totale, celle de la feuille blanche, mais aussi celle des villes africaines où on urine sur les murs de commissariats…  », Nganang aime-t-il répéter.

C’est dans cet esprit de liberté totale qu’il a écrit son nouveau roman dans lequel il revient sur la guerre que les autorités françaises ont livrée dans les années 1950 et 1960 aux rebelles camerounais, et qu’ont poursuivie les dirigeants politiques mis en place à la tête du Cameroun au moment de l’indépendance. Refoulée par l’historiographie coloniale, cette guerre avait fait plusieurs dizaines de milliers de victimes.

Empreintes de crabe est le septième roman de cet auteur camerounais. Le passé de violences et de disruptions que le Cameroun a traversé est évoqué par le viei homme Nithap qui rend visite à son fils installé aux Etats-Unis. L’homme qui a connu de près les turbulences de cette époque restitue la tragédie que fut pour la population camerounaise ce conflit interethnique, dont la mèche fut allumée par le colonisateur en partance pour pouvoir continuer à garder sa mainmise sur le pays. A la fois saga politique et historique, ce nouveau roman de Patrice Nganang explore aussi les liens que la diaspora camerounaise entretient avec son pays, puisant dans les souffrances collectives du passé la force de faire face aux douleurs de l’exil d’aujourd’hui.

Empreintes de crabe, par Patrice Nganang. Editions JC. Lattès, 510 pages, 22,90 euros. Parution le 22 août 2018.

La prose poétique d’Aminata Aïdara

« Je suis quelqu’un » est le premier roman sous la plume de la talentueuse journaliste et bloggeuse Aminata A¨dara. Gallimard

A 34 ans, l’Italo-Sénégalaise Aminata Aïdara n’est pas inconnue du grand public. Elle est anthropologue, journaliste, bloggeuse et écrivain. Francophone, mais aussi italophone, elle s’est fait connaître en publiant en 2014 un recueil de nouvelles intitulé La ragazza dal cuore di carta (La Fille au cœur du papier). L’immigration, le métissage, le mélange des cultures sont ses sujets de prédilection.

Son premier roman, Je suis quelqu’un, raconte l’histoire d’une famille éclatée entre le Sénégal et la France. Une famille patriarcale où les femmes ont malgré tout réussi à s’émanciper. C’est aussi l’histoire de la quête identitaire d’une jeune fille paumée, tiraillée entre le monde traditionnel et celui des cités sans foi ni loi.

Le désarroi d’Estelle face à sa famille disruptive, face à sa propre souffrance existentielle, elle l’exprime à travers des délires cathartiques qui constituent les plus belles pages de ce roman poétique, quasi-rimbaldien. Les soliloques d’Estelle se lisent comme autant de textes de poésies urbaines rythmés par le refrain « Je suis quelqu’un ». « Je suis quelqu’un qui a souvent porté seul la couronne de la vie, emprunté seul le chemin de la paix. Les hommes qui voulaient m’accompagner n’ont fait que mettre des obstacles en forme de bisous, du sel sur le sol, des rires qui semaient le doute sur la bonne route… ». Une poète est née !

Je suis quelqu’un, par Aminata Aïdara. Editions Gallimard, coll. « Continents noirs », 353 pages, 21,50 euros. Parution le 23 août 2018.

La quête des origines de la Guadeloupéenne Estelle-Sarah Bulle

Estelle Sarah-Bulle est Guadeloupéenne et Là où les chiens aboient par la queue est son premier roman. Liana Levi

A la recherche de ses origines, la narratrice du très beau roman de la Guadeloupéenne Estelle-Sarah Bulle, Là où les chiens aboient par la queue, interroge son père et ses deux sœurs, dont la vieille tante Antoine hospitalisée à Paris. Femme de caractère, celle-ci avait quitté la ferme miséreuse de ses parents à Morne-Galant dès qu’elle a eu 16 ans pour aller s’installer à Point-à-Pitre. C’était en 1947 lorsque la Guadeloupe n’était pas encore un département français. La jeune femme s’ennuyait au fin fond de la campagne. Des raisons plus impératives la conduiront vingt ans plus tard à Paris.

« Voilà une éternité que je vis à Paris, et c’est comme si je n’avais toujours pas trouvé de chez moi », raconte la septuagénaire à sa jeune nièce. C’est sans doute parce qu’elle n’a pas trouvé à Paris ce qu’elle était venue y chercher et où les Blancs la prennent toujours pour une Africaine, qu’elle se souvient avec nostalgie de Morne-Galant et de l’histoire familiale qu’elle restitue avec moult détails pour sa nièce. A travers son évocation d’une famille guadeloupéenne typique des années 1950, l’auteur donne à lire dans ces pages l’histoire collective des Antilles françaises, jalonnée de turbulences sociales et de catastrophes naturelles.

A la fois mémoire de la société antillaise rurale où elle a grandi et métaphore des Antilles d’antan, le personnage de la tante Antoine illumine ses pages avec ses souvenirs empreints de tendresse et d’empathie pour le passé. Il y a dans ce roman de la jeune génération antillaise quelque chose de Patrick Chamoiseau qui sait si bien mêler la grande et la petite histoire et aussi du Gisèle Pineau pour son évocation lyrique des époques à jamais révolues.

Là où les chiens aboient par la queue, par Estelle-Sarah Bulle. Editions Liana Levi, 288 pages, 19 euros. Parution le 23 août 2018.

Présidentielle : Atepa se déclarera candidat aujourd’hui à 16h au Radisson

En 2012, c’est au Radisson Blu que Macky Sall avait fêté sa victoire présidentielle. C’est ce même cadre que Pierre Goudiaby Atepa a choisi pour annoncer aujourd’hui vendredi à 16h sa candidature à la présidentielle de 2019. Atepa, 71 ans, architecte-ingénieur, se jettera ainsi à l’eau. Après avoir été pendant des décennies l’homme qui savait murmurer à l’oreille des présidents (sénégalais et africains) dont il a été un intime, un conseiller ou un collaborateur. C’est ainsi que Senghor lui aura trouvé son premier gros contrat, celui du chantier de la BCEAO siège, dans les années 70. « Pierrot », comme l’appelle ses intimes, aura été un ami du Président Diouf. Et Abdoulaye Wade en fera son architecte conseil. Atepa se présente dans le cadre de son mouvement Sénégal Rek. Le Président des cadres casamançais a fait une première incursion en politique en 2007 lors des législatives, en soutenant financièrement la liste conduite par son « pays » Ousmane Sow Huchard, qui deviendra député. Atepa est l’auteur du livre de propositions « Oser ». Il a été annoncé récemment que son groupe Atepa Technologies sera aussi l’actionnaire majoritaire du club de foot Casa Sports. Atepa, une candidature régionaliste ou nationale ? Wait and see. Il lui restera a franchira le filtre fatidique des parrainages, pour devenir plus qu’un candidat à la candidature. Il a effectué une visite lundi dernier auprès du Khalife général des Mourides, rituel consacré de tout présidentiable, pour lui annoncer sa décision en primeur.

Amnesty international : ‘la justice sénégalaise ne respecte pas les normes internationales’

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Au Sénégal, généralement cité en modèle de démocratie dans la région, l’organisation de défense des droits de l’homme relève selon Amnesty, des « exemples de procès inéquitables », dont celui du maire de Dakar Khalifa Sall, candidat à la présidentielle de février 2019 face au président Macky Sall.

Le rapport d’Amnesty sur les droits de l’homme au Sénégal intitulé « Des paroles non suivies d’actes »  met également en exergue le cas de Karim Wade, ancien ministre et fils du président Abdoulaye Wade (2000-2012), condamné en mars 2015 à six ans de prison et également candidat déclaré à la prochaine présidentielle.

« Son procès n’a pas respecté « les normes internationales » car il ne prévoyait pas de possibilité d’appel », estime l’ONG. Amnesty cite les cas d’autres opposants sénégalais et celui de Jihadistes présumés condamnés à l’issue de procès « inéquitables » après « une longue détention préventive et sans assistance de leurs avocats ».

A l’approche des élections de 2019, le Sénégal doit garantir aux journalistes, aux leaders de l’opposition, aux contradicteurs du gouvernement et aux défenseurs des droits de l’homme leurs droits à la liberté d’expression et à organiser des manifestations pacifiques sans peur et sans répression », a indiqué François Patuel, un responsable d’Amnesty.

« Le Sénégal doit faire de la garantie d’un procès équitable une priorité et mettre immédiatement fin à l’intimidation et au harcèlement des leaders de l’opposition et à la répression contre les dissidents », a-t-il recommandé,  dans le rapport dont nous détenons copie.

« Il ne faut pas s’étonner que les procès contre des personnalités de l’opposition soient largement perçus comme motivés par des considérations politiques, compromettant ainsi la confiance du public dans le système judiciaire. Si le Sénégal veut montrer aux États membres de l’ONU qu’il est déterminé à protéger et à promouvoir les droits de l’homme, il doit entreprendre des réformes essentielles dans son système judiciaire », a-t-il dit.

La Mauritanie aussi épinglée

L’ONG a par ailleurs dénoncé, les arrestations récentes en Mauritanie de deux opposants et militants anti esclavagistes, Biram Ould Dah Ould Abeid et Abdallahi Ould Housseine, et de deux journalistes, Babacar Ndiaye et Mahmoudi Ould Saibout. Dans ce pays où le président, Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien général, est arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008 avant d’être élu en 2009, puis réélu en 2014, des élections sont prévues le mois prochain. « Ces arrestations et détentions constituent les pires signaux d’intimidation, de harcèlement et de répression par les autorités mauritaniennes des voix dissidentes à l’approche des élections législatives, régionales et locales » du 1er septembre », a affirmé M. Patuel.

Mali : Tract vous livre les résultats de la présidentielle avant leur proclamation

Selon nos informations, IBK gagne dans le centre et le sud du pays, Soumaïla Cissé l’emporte dans le nord et dans la diaspora (New-York, Paris, Dakar…). IBK rempile donc. Les chiffres des résultats provisoires seront proclamés ce jeudi dans la matinée à la télevision.

Diffamation du président des exploitants forestiers : Haïdar condamné

Le défenseur de l’environnement doit en outre payer deux millions de francs CFA (plus de 3.000 euros) d’amende au président de l’Union nationale des exploitants forestiers du Sénégal (Unefs), Abdoulaye Sow, à l’origine de la plainte, a-t-il déclaré, confirmant une information publiée par plusieurs médias sénégalais.

« Je vais faire appel » de cette décision, a indiqué M. El Ali.

Il avait en janvier 2018 cité le président de l’Unefs parmi les « trafiquants de bois » au Sénégal, selon la presse locale. Le procès s’est déroulé début juillet puis le jugement mis en délibéré à mardi.

Par ailleurs, quatre exploitants forestiers, disparus depuis le 5 août en Casamance (sud du Sénégal) étaient toujours recherchés mardi par les forces de sécurité sénégalaises, selon un responsable de l’armée.

Depuis plusieurs années, M. El Ali avertit du risque de disparition des forêts en Casamance à cause du trafic de bois.

La controverse entre MM. El Ali et Sow, à l’origine du procès en diffamation dont le jugement a été rendu mardi, avait éclaté après le massacre le 6 janvier de 14 jeunes dans la forêt protégée de Bayotte, proche de Ziguinchor, principale ville de Casamance, région agricole et touristique bordée au nord par la Gambie et au sud par la Guinée-Bissau.

Selon la justice, le massacre a été commandité et exécuté par des villageois avec le concours de membres d’une faction de la rébellion en Casamance. Fin janvier, 24 suspects avaient été arrêtés et inculpés.

Les tractations pour la paix en Casamance se sont multipliées depuis l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, en 2012, mais n’ont pas abouti à un accord politique.

Après des années de calme relatif, les incidents se sont multipliés ces derniers mois dans cette région, confrontée depuis 1982 à la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC).

‘Offense’ :Le représentant du khalife des Mourides à Thiés présente ses excuses

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Par la voix de son fils, Serigne Cheikh Touré, Serigne Saliou Touré a présenté ses excuses au khalife des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Le guide de Touba s’était déclaré offensé par les incidents de Thiès survenus le weekend dernier. Son émissaire avait était pris à partie par des disciples de Serigne Saliou Touré, qui lui reprochaient de vouloir retirer à leur marabout le titre de représentant du khalife des mourides à Thiès.

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