LES AFRIQUES – La chercheuse Asma Lamrabet, connue pour ses travaux sur l’image de la femme dans le Coran et qui dirigeait depuis 2011 le Centre des études féminines en Islam, a présenté sa démission. Ses positions progressistes lui avaient valu des torrents d’insultes.
En 2017, la médecin biologiste et essayiste Asma Lamrabet, a publié Les femmes en islam : les questions qui fâchent (Éditions En Toutes lettres, 2017). Comme l’indique le titre de l’ouvrage, celle qui était alors directrice du Centre des études féminines en Islam, connue depuis des années pour déconstruire les référentiels des penseurs conservateurs sur la femme en retournant contre eux leurs propres arguments, ne s’attendait pas à se faire que des amis.
Pourtant, il semblerait que la pression ait fini par se faire trop forte : mardi 20 mars, l’écrivaine a annoncé, sur Twitter, avoir présenté sa démission de ce centre de recherche dépendant de la Ligue des théologiens du Maroc.
Refus de toute « lecture discriminatoire »
Si la chercheuse se garde bien de donner des raisons à son départ, les médias marocains relient sa décision à ses prises de position sur la question controversée de l’héritage, ce qui a été confirmé à l’AFP par l’entourage d’Asma Lamrabet. Dans le débat sur la question successorale, qui a été ouvert en 2015 au Maroc, les progressistes critiquent une législation « inégalitaire », la femme n’ayant droit qu’à une demi-part successorale. De leur côté, les milieux conservateurs rejettent tout débat sur la question, et les dernières sorties d’Asma Lamrabet avaient « provoqué un tollé notamment parmi les salafistes, qui n’ont pas lésiné sur les insultes », rappelle le site Médias24.
« Je ne prétends pas donner une réponse figée mais je questionne, j’interroge, j’ouvre le débat. Ce qui est essentiel, c’est que je refuse toute lecture discriminatoire », confiait la chercheuse à Jeune Afrique en mars 2017, lors de la sortie de son dernier livre. Outre la question de l’héritage, elle se demandait « pourquoi l’homme musulman a-t-il le droit de se marier avec une non-musulmane sans que cette dernière ne soit obligée de se convertir alors que cela est interdit pour les femmes ? » et s’interrogeait sur la question du voile, estimant qu’il émane plus d’une recommandation que d’une obligation.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont exprimé leur soutien à cette chercheuse, médecin biologiste de formation, qui prône une lecture dépolitisée des textes religieux pour permettre aux femmes musulmanes de s’émanciper.
Jeune Afrique