POLITIQUES – Tract a reçu cette réaction du député Moustapha Guirassy, Président de Sénégalais Unis pour le Développement (S.U.D), sur le projet de loi portant introduction de l’obligation de parrainages à la présidentielle. Nous la publions in extenso:
‘Par ma voix et après réunion de ses instances, concernant le projet de loi pour l’introduction de l’obligation d’un parrainage de tout candidat à l’élection présidentielle par un minimum de 1% des inscrits dans 7 départements, soit 65.000 électeurs au regard du corps électoral actuel, le parti Sénégalais Unis pour le Développement (S.U.D) que je préside, exprime sa désapprobation totale et réitère son accord pour la rationalisation du fonctionnement et du nombre de partis politiques.
En effet, cette rationalisation des partis politiques passera d’abord et surtout, nous en sommes convaincus, par le financement public des partis politiques qui incitera ceux qui obtiennent des suffrages et des élus à des élections et sont donc financés, à continuer d’exister et conduira à la disparition à terme de ceux d’entre les partis qui n’ont aucune activité concrète connue.
Au total, nous estimons par conséquent que le projet de loi sur les parrainages à la présidentielle, son vote à l’Assemblée nationale et son adoption en Conseil des ministres survenant, serait un recul démocratique grave et une atteinte au jeu démocratique libre et transparent.
C’est également et d’abord une atteinte injustifiée à la Constitution, qui dispose que les partis politiques concourent librement aux suffrages des Sénégalais.
Nous nous interrogeons gravement sur ce à quoi servira désormais le congrès d’investiture d’un parti, formation politique qui de plus à pignon sur rue, si on doit lui exiger pour présenter un candidat à la Présidentielle, d’obtenir au préalable 65.000 parrainages de Sénégalais.
Bien des candidats à la présidentielle, par le passé, n’ont pas obtenu 65.000 votes à cette élection. Il n’empêche que personne ne peut contester que leur voix singulière et leur candidature, fût-elle de témoignage, ont beaucoup apporté au débat public, fait avancer notre projet de société collectif, servi la démocratie et exprimé quelque chose d’important par rapport à notre vivre ensemble.
En conclusion, nous appelons le Président de la République à reconsidérer sa position. Pour apaiser le climat politique ; pour préserver la cohésion nationale et pour consolider le débat démocratique, nous estimons qu’il aurait pu et qu’il aurait dû accéder à la revendication de la majorité des partis politiques qui ont participé au dialogue national auquel son Gouvernement nous a conviés : ils ont majoritairement dit non aux parrainages.
Ce projet de loi ayant été annoncé dans le communiqué du Conseil des ministres, nous osons encore espérer, parce qu’il a pris cette forme d’annonce, que c’est encore un projet et non une décision définitive, et que le Chef de l’État ne manquera pas de prendre en compte le rejet de cette disposition par le corps social et reculera devant la levée de boucliers qui ne manquera pas de s’élever face à cette mesure antidémocratique.
Fait à Dakar, le 20 mars 2018
Moustapha Guirassy, Député, Président e Sénégalais Unis pour le Développement (S.U.D)