L’ET DIT TÔT D’O.N.G – La sanctuarisation et l’immunité des anciens présidents de la République qu’on promeut pour inciter les potentats démocratiques africains à accepter de quitter le pouvoir sans craindre des poursuites judiciaires ultérieures, on devrait aussi la mettre en œuvre en France.
Nicolas Sarkozy de Nagy Bocsa. Nous avons tant aimé le haïr. Surtout depuis son discours confondateur de Dakar, pour lequel la pétulante Léboue Rama Yade a avoué avoir voulu se lever de l’assistance pour le gifler. Sarkozy a pourtant été le plus tropical des président français des vingt dernières années, par son rapport jouissif au pouvoir et sa propension à tout régenter.
Mais son inculpation est une très mauvaise nouvelle pour le prestige de l’institution présidentielle française. Celle-ci a été abaissée une première fois par les juges, qui ont poursuivi Jacques Chirac, une fois que celui-ci a quitté le pouvoir. Le grand Jacques n’a dû d’échapper à leurs fourches caudines qu’en se réfugiant derrière la maladie qui lui aurait désormais fait perdre la mémoire. Quant à ses successeurs Sarkozy et Hollande, ils n’ont eu besoin de personne pour rabaisser l’institution présidentielle. Sarkozy avec son tristement célèbre ‘ ‘casse-toi, pauv’con !’’. Hollande avec la normalitude qui ne l’aura conduit qu’à deux succès en demie teinte, car inachevés : le vote de la loi sur le mariage pour tous, sauf pour lui-même ; et la guerre au Mali, qui n’aura pas réussi à délivrer Kidal du joug des djihadistes. Hollande en aura tiré toutes les conséquences pour lui-même et pour la France, en abdiquant toute ambition de renouvellement de son bail élyséen, avouant son incapacité à écrire un récit historique pour son pays et laissant son camp socialiste en miettes.
On avait espéré qu’avec Emmanuel Macron, l’institution avait retrouvé tout son lustre. Car Macron est arrivé à habiter l’habit présidentiel avec prestance et prestige, et incarne crânement le corps du monarque républicain qu’il se doit d’être. Hélas, les juges français, au nom de leur sacro-sainte indépendance, mette un coup de canif à cette reconquista, en mettant en examen Sarkozy. Dans l’opinion publique, tout au moins internationale, tout ce qu’on retiendra, c’est qu’un ancien chef d’État français est poursuivi par la justice de son pays.
Les anciens chefs d’État français sont membres de droits du Conseil constitutionnel de leur pays, où siège les « Sages » de la République. C’est dire qu’on leur reconnait une rémanence de leur statut d’homme d’État, une immanence, et une transcendance. Sarkozy avait refusé de siéger à ce Conseil constitutionnel, parce qu’il conservait le secret espoir de reconquérir le pouvoir, et conservait une activité politique partisane. Hollande s’y est également refusé, au nom de sa normalitude de scootériste à l’eau tiède. Mettre en examen Sarkozy pour cause de financement libyen de sa campagne n’annulera pas la présidence qu’il aura exercée, en gagnant grâce à cet argent. La justice est censé réparer un tort fait au cors social. Il est avéré que Sarkozy a dépassé le plafond de ses dépense de campagnes en 2007, il est plausible qu’il a fait payer des sondages à son profit exclusif par la cassette de l’État alors qu’il était Président, ce qui est illégal. Il est enfin probable qu’il a reçu de l’argent de l’ex Guide de la Jamahiriyya.
So what ? C’est un ancien Président. Et on aurait dû le laisser à sa retraite paisible d’ancien Président. Statut qu’aucune décision de justice n’effacera. Oui, on aurait dû laisser Sarkozy tranquille. Pour éviter de nourrir le désamour croissant des citoyens envers la politique, qui reste pourtant la seule modalité de gestion acceptable du vivre-ensemble. Pour cesser d’alimenter la défiance envers un personnel politique présumé être composé de ‘ ‘tous pourris !’’. Pour permettre aux citoyens de continuer à croire en la démocratie élective et représentative.
Afin de restaurer tout cela, Président Emmanuel Macron, préparez donc votre décret d’amnistie pour le futur condamné Sarkozy.
Ousseynou Nar Gueye © Tract Quotidien 2018 – www.tract.sn