Du 23 au 28 juillet dernier, s’est tenue à la place du Souvenir africain la première édition de l’Université populaire de l’engagement citoyen (Upec). Elle a regroupé des activistes venus de toute l’Afrique. Ensemble, ils prônent un changement positif du continent africain. Dans cet entretien, le coordonnateur du mouvement Y en a marre, qui accueillait la première édition de l’Upec, Fadel Barro, revient sur les tenants et les aboutissants de cette première rencontre citoyenne.
Globalement, que peut-on retenir de la première édition de l’Université populaire de l’engagement citoyen ?
Cette session a été d’une très grande satisfaction et un succès total. Sur le plan de la mobilisation des Africains, il y a, au bout du compte, 30 nationalités qui ont répondu présent avec 26 mouvements. On était plus de 90 participants, plus la diaspora américaine qui a également pris part aux différentes activités. Le contenu de ces dernières a été riche. Parce que beaucoup de professeurs comme Zachariah Memphily, Said Ahmed et l’écrivain Fewline Sarr ont apporté leurs contributions. Il a eu 14 performances et prises de parole fortes des mouvements citoyens.
Filimbi et Lucha de Rdc, Balai citoyen du Burkina Faso, Lyina du Tchad, Our Destiny, Jeune et Fort de Cameroun, Ras-le-bol du Congo, Wake-up de Madagascar, Sindimujia du Burundi jusqu’au dernier né des mouvements citoyens – Ana Taban du Soudan du Sud – ont été représentés. Ainsi, on peut dire que c’était l’Afrique qui était présente à ces rencontres. De la Tunisie à Madagascar, en passant par les Comores, on peut dire que c’est l’Afrique qui était présente, en plus de l’Amérique du Nord et des Caraïbes. La mobilisation des artistes, aussi, a été un grand succès. On a eu la participation d’une quinzaine d’artistes, à savoir Tiken Jah Fakoly, Khadja Nin, Smockey…
Je peux ainsi dire que les travaux se sont déroulés dans une ambiance d’authenticité africaine. L’Upec a eu un impact international, tout le monde en parle. On a été très satisfait et on en sort, en tant que jeunesse africaine, grandi. Non seulement nous avons assuré le leadership, mais nous avons démontré que la jeunesse africaine est capable de rayonner à travers le monde et à travers son engagement citoyen.
Vos échanges ont tourné autour de quoi ?
Chaque jour, il y avait une thématique bien définie au cœur des discussions. Le premier jour, on a parlé de l’enjeu des mouvements citoyens. Le deuxième jour, on a échangé autour de la perspective des mouvements citoyens et le troisième jour, on a débattu sur l’Afrique réinventée. Cette conférence a été introduite par le professeur Felwine Sarr. Chaque après-midi, les mouvements citoyens nous ont renseignés sur la situation de leur pays. Ça a été très varié. Nous avons eu des causeries qui sont allées de la répression à la confiscation des libertés.
La cause féminine, c’est-à-dire la question du genre, de la participation des jeunes, de la préservation de la violence contre les femmes et les enfants était au cœur des préoccupations. On a débattu de tout. On a échangé aussi sur les prospectives, en essayant de voir comment l’Afrique doit être structurée. Nous avons également beaucoup parlé de la décolonisation, de l’esclavage en Libye, de la décolonisation des concepts et des idéologies, du savoir, de l’Afrique et de l’africanité. Mais on a essayé de voir comment assurer notre indépendance financière.
Deux tendances se sont dégagées lors des débats : certains étaient pour un engagement politique des mouvements et d’autres pour un engagement citoyen. Finalement, qu’est-ce qui a été décidé ?
Cette question n’a pas été inscrite au débat. Elle n’a pas été posée sur la table des discussions, mais oui, dans les coulisses. Ce n’était même pas à l’ordre du jour, c’est venu comme ça dans les divers. Certes, certains ont dit qu’il fallait aller au-delà de l’engagement citoyen et s’engager politiquement, mais cela n’a pas été tenu en compte. On reste exclusivement sur la citoyenneté.
Finalement, Afikki, qui doit regrouper tous les mouvements citoyens d’Afrique, a-t-il vu le jour ?
Le réseau s’appelle Afrikki Mwinda. Il a été mis en place depuis 2016. Dakar a été juste une étape de formalisation. Afrikki Mwinda regroupe tous les mouvements citoyens africains. Désormais, il est chargé d’organiser l’Upec et les autres activités qui concernent les différents mouvements. Quand il y a un problème quelque part, c’est le réseau qui organise des activités de solidarité avec les différents groupements. Il va également être le porte-parole des différents mouvements dans les grandes institutions. Certes, il y a de la distance, mais nous communiquons via les réseaux sociaux et on n’exclut pas de tenir une réunion dans un de nos pays.
Cet engagement serait-il un moyen de changer ou d’unir le continent africain ?
C’est un engagement panafricaniste et pour l’unité africaine. Pour l’instant, on l’a réussi avec les jeunes et la communauté. Plus tard, ce qu’on souhaite, c’est qu’il y ait une unité africaine.
La prochaine édition de l’Upec se tiendra où ?
Pour le moment, il y a plusieurs pays qui veulent bien accueillir cette initiative. Cela peut se tenir à Dakar pour une deuxième fois ou dans un autre pays. Pour l’instant, rien n’a été définitivement retenu dans ce sens. Car pour le choix, il faut d’abord voir la stabilité et l’accessibilité du pays. Il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. Le moment venu, ce sera au comité de pilotage de s’en charger et ce sera dans un an.
En matière d’organisation, qu’elles ont été les difficultés notées lors de cette première édition ?
En gros, il n’y a pas eu de difficultés majeures. Cette rencontre a été préparée il y a 3 ans, donc on n’a pas eu de gros problèmes. Tout a été bien maitrisé. Le seul souci rencontré durant ces 5 jours a été le manque d’eau dans différentes localités.
Que prévoit le mouvement Y en a marre pour le présidentielle 2019 ?
Nous allons mettre en place un plan qui va s’intituler ‘’Signélma ma signéla’’. Le contenu va être dévoilé dans les jours à venir. Nous continuerons également à jouer notre rôle d’éveil. On expliquera aux médias quelle sera notre position dans ce combat.
Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous accompagniez un candidat ?
Ce n’est pas encore à l’ordre du jour et je ne le pense pas aussi. On n’a jamais soutenu de candidat et ce n’est pas maintenant qu’on va le faire. Là, nous préparons notre propre plan pour aller à l’élection présidentielle et le moment venu, on le communiquera.