L’ÉCO DES SAVANES – Air Sénégal, qui lance un vol quotidien vers Paris le 1er février, est partie pour se mettre sous les ailes de la compagnie française, dont elle va utiliser la logistique et les services.
Air Sénégal s’apprête à annoncer le mois prochain un partenariat avec Air France. Signe qui ne trompe pas, la nouvelle compagnie nationale sénégalaise est autorisée à opérer au terminal E de Roissy-CDG. Or, seules Air France, ses filiales et ses alliées, comme les compagnies de l’alliance SkyTeam, ont accès à cette aérogare fonctionnelle et efficace… Explication : les effectifs de la police aux frontières y sont de plus en plus souvent adaptés au nombre de voyageurs. Conséquence pratique pour les passagers d’Air Sénégal, les services d’aéroport (enregistrement, traitement des bagages, embarquement, salon affaires, etc.) seront assurés par Air France.
Une stratégie en tandem avec Air France
Pour une compagnie qui ouvre une nouvelle ligne, la représentation commerciale doit être créée. Pour Air Sénégal, ce n’est pas encore le cas, notamment à Paris, et ce, à trois mois du premier vol Dakar-Paris. Cette représentation commerciale devrait être assurée par Air France à travers ses bureaux dans les grandes villes, son réseau d’agences de voyages, etc. Ce sont autant de coûts de structures économisées par la jeune compagnie.
L’annonce officielle attendue en novembre concrétisera des négociations entamées en juillet entre les deux compagnies. Dans un premier temps, l’accord interlines doit permettre de voyager à l’aller sur un vol Air France et au retour sur Air Sénégal avec un billet au meilleur prix, et non pas à celui prohibitif de deux allers simples juxtaposés. C’est l’antichambre de l’accord de code-share. Avec un billet Air France, il sera alors possible de voyager sur un vol Air Sénégal. Et réciproquement. On note d’ailleurs que la configuration des cabines des deux Airbus A330-900neo de la compagnie africaine est très proche de celle des avions d’Air France avec une classe affaires, une classe premium économique et une classe économique.
Envers du décor pour le passager, même s’ils s’en défendront bec et ongles et démentiront, les deux transporteurs coordonneront leurs politiques tarifaires pour remplir leurs avions en assurant une recette maximale. Donc pas de bas tarifs à attendre, car il n’y aura pas de réelle concurrence. « Sur une route où la demande est plus forte que l’offre, le remplissage annuel des avions est proche de 90 %, ce qui permet de pratiquer des tarifs élevés », constate un proche du dossier.
La commercialisation des vols vers Paris est ouverte il y a deux semaines. Actuellement, Air France s’affiche un peu moins cher qu’Air Sénégal à une poignée d’euros près. Cela dit, le montant devient prohibitif dès qu’une famille africaine voyage. Seule fenêtre ouverte pour la concurrence : accepter une escale et un voyage plus ou moins long via Madrid (Iberia), Bruxelles (Brussels Airlines), Casablanca (Royal Air Maroc), Istanbul (Turkish Airlines), etc.
Des lignes domestiques actuelles à New York en 2020
Air Sénégal qui se définit comme « une compagnie long-courrier qui propose aussi des dessertes régionales » a donc démarré au début de l’année par des lignes domestiques exploitées avec deux ATR. Avec un Airbus A319 de location vient de démarrer un quotidien Dakar-Abidjan-Cotonou en partenariat avec Air Côte d’Ivoire. Un deuxième A319, attendu dans quelques jours, va permettre la desserte de Conakry, Praia, Bamako et Ouagadougou. Puis ce sera le tour du premier long-courrier A330-900neo à destination de Paris le 1er février prochain, si l’appareil est livré dans les temps.
Les moteurs Rolls-Royce connaissent en effet des problèmes de mise au point et retardent les cadences de production d’A330neo. Pour éviter les problèmes administratifs, l’avion volera sous pavillon français avec des navigants mi-sénégalais mi-expatriés. Il relèvera donc de l’Agence européenne de la sécurité aérienne, ce qui est aussi une garantie pour les autorités américaines quand un deuxième A330 volera vers New York. Pour diriger ses opérations aériennes, Air Sénégal a débauché le Sénégalais Cheikh Seck, 45 ans, 13 000 heures de vol, commandant de bord du super jumbo Airbus A380 chez Emirates. Une recrue de taille pour une grande ambition.