Khalifa Sall a choisi de rallier le candidat Idrissa Seck. Dans une déclaration écrite, publiée ce vendredi soir, l’ex-maire de Dakar explique qu’il a décidé d’accepter « l’offre d’alliance » du candidat. Khalifa Sall, plus tôt dans la journée, a été fixé sur son sort par la cour de justice de la Cédéao, qui a rejeté ses demandes de mesures d’urgence pour participer au scrutin du 24 février. C’est un nouveau soutien de poids pour Idrissa Seck. Sinon le soutien décisif. Il suffit parfois d’un grain ajouté à la balance pour la faire pencher d’un côté. C’est ce que Idrissa Seck est en droit d’espérer de ce partenariat avec l’ex maire de Dakar. Khalifa Sall n’a été associé ni à la gestion du président Abdoulaye Wade, ni à celle de Macky Sall. Il a un pedigree virginal d’opposant depuis la perte du pouvoir par Abdou Diouf en 2000, ce qui ne l’a pas empêché de rafler la capitale contre les pouvoirs en place. Son incarcération controversée a fini d’en faire « LA » victime du système, ce qui est le type de figure politique dont le sort révolte les Sénégalais et qu’ils veulent venger dans les urnes à chaque élection. Idrissa Seck, lui même emprisonné en 2004, bénéficiera du capital -sympathie créé chez un très grand nombre d’électeurs par cette cette privation de liberté de son désormais allié Khalifa Sall.
Plus qu’un ralliement, c’est un « partenariat » qui a été scellé entre les deux hommes. Dans sa déclaration, Khalifa Sall évoque « un engagement commun de rupture et de refondation de la gouvernance ». Un engagement face à une « démocratie mise à mort ». Ce sont ses mots pour décrire le septennat du président Macky Sall, depuis toujours rendu responsable de son emprisonnement.
Cet accord était en cours de négociation depuis quelques jours. Tout part de la visite d’Idrissa Seck venu voir Khalifa Sall en prison. A la sortie, le 28 janvier, le candidat promet s’il est élu de venir « prendre » l’ancien maire de Dakar, de le libérer. « Khalifa Sall est un ami et un frère et une figure extrêmement importante du jeu politique sénégalais. La question transcende les idéologies, il y a un très fort désir de changement de la part des populations. Ce partenariat renforce la vague déjà montante pour une alternance le 24 février 2019 au Sénégal », déclare Idrissa Seck.
L’accord prévoit-il un poste pour Khalifa Sall en cas de victoire ? Ses proches précisent que c’est avant tout le projet et le programme du candidat Idrissa Seck qui a convaincu Khalifa Sall. Surprenant quand on sait que l’un est libéral et l’autre socialiste.
Pour Babacar Thioye Bâ, mandataire et proche de Khalifa Sall, le point d’entente c’est la réforme des institutions sénégalaises : « De ce point de vue, il y a une convergence totale entre le candidat Idrissa Seck et Khalifa Aboubacar Sall. Les précédents que nous avons eus avec Idriss Seck nous confortent que les engagements pris dans le cadre de cette alliance seront respectés. Et pour nous il est important que les Sénégalais retiennent que pour défaire le régime de Macky Sall, il faut faire le vote utile, le vote pour Idrissa Seck. »
Avec ce ralliement de plus, espère la coalition de l’ex-maire de Dakar, Idrissa Seck devient le principal opposant au président. Et un obstacle sérieux pour empêcher celui – ci d’accéder à un second mandat. L’imposante coalition qui a fini de se constituer autour d’Idy lui donne les moyens de cette ambition: parmi les leaders politiques et chefs de parti de la coalition Idy2019, celle-ci compte 3 anciens Premiers ministres dont lui-même ( Abdoul Mbaye, Hadjibou Soumaré), un ancien président de l’Assemblée nationale et du Sénat ( Pape Diop), plusieurs anciens ministres de premier plan ( Moustapha Guirassy, Malick Gakou, Mamadou Diop Decroix, Amsatou Sow Sidibé), des députés et anciens parlementaires au mandat marquant (Mamadou Lamine Diallo, Elène Tine), des jeunes loups de la politique disposant de base populaire ( Bougane Gueye, capitaine Diéye). Le tour de force réussi par Idrissa Seck est d’avoir convaincu l’électorat que toutes ces personnalités qui l’ont rejoint, après avoir été empêché de se présenter à la présidentielle par la controversée loi sur les parrainages, sont aujourd’hui « tous candidats ». Il ne reste plus à Idy qu’à obtenir le soutien de la carte maîtresse de cette élection : le joker Abdoulaye Wade. Et cela est à sa portée.
Tract 2019