Le sms en question de Sibeth Ndiaye ne dit pas cela. Elle répondait à une question sur un hommage national rendu à Simone Veil, en expliquant ne pas être au courant puisque «la meuf [était] morte depuis moins de vingt-quatre heures».
Après la nomination de Sibeth Ndiaye comme porte-parole du gouvernement, il est demandé si cette petite phrase prêtée à l’ancienne conseillère presse de l’Elysée a réellement été prononcée. En août 2017, dans un portrait du Canard enchaîné consacré à Sibeth Ndiaye, on avait pu lire que certains proches d’Emmanuel Macron, agacés par la communicante, faisaient «circuler l’un de ses SMS, envoyé à un journaliste demandant confirmation du décès de Simone Veil : « Yes, la meuf est dead ».»
La nouvelle ministre a toujours démenti avoir tenu ces propos. Le jour de la parution de l’hebdomadaire, elle avait ainsi déclaré à LCI : «Le SMS est totalement faux.» Lundi matin, France Inter donnait d’ailleurs une version différente du sms reçu. Dans un portrait consacré à Sibeth Ndiaye, le journaliste politique Cyril Graziani racontait ainsi : «Elle avait défrayé la chronique en envoyant ce sms le jour de la mort de Simone Veil. A la question « aura-t-elle des obsèques nationales ? » Sibeth Ndiaye avait répondu: « Aucune idée, la meuf est morte il y a moins de vingt-quatre heures ».»
«Tempête dans un verre d’eau»
Une version qui figurait déjà dans un portrait du Point consacré à la conseillère presse de l’Elysée. La journaliste Gaël Tchakaloff, qui écrivait à Sibeth Ndiaye sous forme de lettre, décrivait ainsi : «Détails sur le SMS « la meuf est dead », que tu aurais envoyé le jour de la disparition de Simone Veil. Premier scandale qui t’a plombée, en juin 2017. Qui est cette dingue de l’Elysée qui ose parler ainsi d’une égérie nationale ? Sur ton téléphone, tu m’étales les preuves de ta bonne foi. En réponse à un journaliste t’interrogeant sur la possibilité d’obsèques nationales, tu as – en réalité – écrit : « Aucune idée, la meuf est morte depuis moins de vingt-quatre heures. » Ta langue ne prend pas de gants. Le Canard enchaîné en fait un papier. Tempête dans un verre d’eau.»
Le fameux sms a été consulté par des confrères: ce sont bien ces termes-là qui ont été employés, et non ceux tronqués par le Canard. Comment l’hebdomadaire en est-il arrivé à sa version ? Le journaliste destinataire du sms explique que, ayant entendu parler de ce sms, un journaliste de l’hebdomadaire satirique l’aurait appelé pour en confirmer l’existence. Ne voyant pas l’intérêt de sortir cette info quelques semaines après le début du quinquennat, il affirme avoir demandé au Canard de ne rien en faire. Mais, un mois plus tard, un autre journaliste du palmipède sort le sms, qu’auraient fait circuler «certains proches» du Président. Sans appeler le premier intéressé pour confirmer ces propos exacts. Qui ne sont donc pas ceux réellement écrits par Sibeth Ndiaye.