Macky Sall a surendetté le Sénégal
En arrivant au pouvoir Macky Sall avait trouvé une dette publique autour de 2700 milliards de F CFA (début 2012). En sept ans, il l’a amené à 8600 milliards soit une augmentation de 211%. Aucun autre indicateur économique pertinent n’a augmenté à ce rythme fulgurant durant la même période : les exportations, essentiels pour couvrir la dette externe en devises, ont augmenté cumulativement de 47% et les recettes budgétaires de seulement 51% selon les services du FMI. Par conséquent, en 2018 notre pays a consacré plus de 40% des recettes budgétaires (soit 1000 milliards de F CFA) au paiement de la dette (principal et intérêts) selon toujours les services du FMI.
Le régime de Macky Sall a maintenu ce rythme effréné de déficit public important et d’endettement au premier trimestre 2019. D’après le même communiqué du Ministère des Finances, le déficit public (la différence entre les dépenses et les recettes budgétaires de l’administration centrale) a atteint 706 milliards de F CFA (dépenses 1217 milliards – recettes 511 milliards) au premier trimestre 2019 alors qu’il ne devrait pas dépasser 721 milliards pour toute l’année (hors dons) selon le Budget 2019 et les engagements du gouvernement auprès du FMI en janvier 2019 (page 31 du rapport du FMI portant Article IV et septième revue du programme PSI avec le gouvernement sénégalais). Cette tendance est irresponsable et insoutenable.
Il est également important de noter que le niveau des dépenses publiques au premier trimestre 2019 indiqué dans le communiqué (1217 milliards) dépasse de plus de 200 milliards ceux publiés par la Direction de la Prévision et des Etudes Economiques (DPEE) du ministère des Finances (voir page 44 de la note de conjoncture du premier trimestre 2019). Ces incohérences au sein même de l’argentier de l’Etat sont inquiétantes et soulèvent de sérieuses questions sur la fiabilité et la transparence des finances publiques et des statistiques qui en émanent.
Le gouvernement s’est engagé auprès des institutions financières internationales à mener une austérité et un ajustement budgétaires à partir de cette année
Dans leur dernier rapport de janvier 2019, les services du FMI considéraient que même si le risque demeurait pour l’instant faible, le Sénégal était « aux limites d’une dette insoutenable » (page 12, paragraphe 18 du rapport portant Article IV et septième revue du programme PSI avec le gouvernement sénégalais). Cette tournure inquiétante de phrase pour une institution adepte de la diplomatie et des euphémismes suffit à signaler le mauvais état des finances publiques. Par ailleurs, dans le même paragraphe, les services du FMI font référence à l’austérité budgétaire et l’ajustement structurel à venir en appelant le gouvernement à « adhérer strictement au plan d’ajustement budgétaire prévu, accélérer les réformes et emprunter de manière prudente ». Contrairement à ce qu’il a donc avancé dans son communiqué du 3 juin, le Ministre des Finances s’est bien engagé, au nom du gouvernement, à mener un plan d’ajustement qui sera d’autant plus draconien au vu des gros dépassements du premier trimestre 2019.
Dans le même communiqué, le Ministère des Finances se félicite des bonnes notations des agences Moody’s et Standard and Poor en ignorant les leçons de l’histoire récente. En effet, ces mêmes agences considéraient plusieurs banques telles que Lehman Brothers et les instruments financiers qui ont mené à la crise financière de 2007 (la pire de l’histoire de l’humanité) comme « excellents et à faible risque ». Qui ne sait tirer les leçons de l’histoire est condamné à les répéter.
La population sénégalaise ne devrait pas payer le prix de la gestion sombre et vicieuse du régime de Macky Sall
L’ajustement budgétaire auquel s’est engagé le gouvernement sera accompagné d’augmentation des taxes, des prix des biens de première nécessité et d’une contraction forte des dépenses publiques qui affecteront les fonctionnaires, les retraités, le tissu économique et les entrepreneurs. C’est donc le Sénégalais moyen qui en souffrira et le coût social sera élevé dans notre pays qui compte déjà plus de 7 millions de pauvres, 2 millions de personnes en situations d’insécurité alimentaires et où 80% de l’emploi est dans la précarité de l’informel (d’après l’OCDE et la Banque mondiale). Cet état des faits est politiquement et moralement inacceptable.
Il est essentiel que chaque sénégalais se saisisse de ces questions et exige une gestion techniquement, politiquement et moralement saine de nos finances publiques et de notre économie. Les scandales dans le secteur pétrolier et gazier, et plus particulièrement celui de PetroTim, illustrent certains des défis fondamentaux de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption que nous devons relever. Par exemple, il est désormais établi qu’il y a eu une transaction financière entre BP et PetroTim d’au moins 250 millions de Dollar. Le gouvernement et le Ministère des Finances devraient donner les preuves probantes que les taxes liées a cette transaction ont bien été payées et reçues par le trésor public, il s’agit là d’exigences de transparence et de reddition des comptes auxquelles ils devraient se plier. Au-delà de ces considérations fiscales, le peuple sénégalais devrait également exiger l’annulation de ce contrat frauduleux et contraire aux lois et aux intérêts de notre pays.
Je considère que le dialogue national proposé est un appel à couvrir ses crimes économiques et d’amener l’opinion publique à accepter les réalités budgétaires causés par Macky Sall et à se resigner. Il nous appartient à tous d’y résister armées de nos valeurs républicaines et de notre amour de la patrie et à tracer une meilleure voie.
Thierno Alassane Sall
Président de la République des Valeurs