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Critique de film documentaire africain : « Une histoire face à son silence »

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« A tous ceux qui ne connaissent que le silence de leur histoire » ; tel se dévoile à la fin le message de ce film documentaire empreinte de toute une histoire douloureuse à la poursuite de sa mémoire, de la mémoire de sa réalisatrice qui ne veut qu’une chose : « comprendre pourquoi ».

Un village entouré de barbelés « avec seulement deux portes » dont une menant au cimetière. C’est un vieux témoin d’une période sombre de l’histoire coloniale française en Algérie qui raconte. Cela se passe à Mansourah, un lieu de rassemblement et d’entassement de familles déportées, obligées de quitter leurs villages respectifs afin de laisser la place à des harkis, avant de se voir séparées arbitrairement, pendant que beaucoup seront fauchés par le choléra. Un douloureux abandon, cause de mémoire fissurée, de douleurs intenables mal vécues. Voilà ce que raconte ce documentaire « A Mansourah, tu nous a séparés » d’une durée de 91 mn, sortie en 2019, de la réalisatrice française d’origine algérienne, Dorothée Myriam Kellou, nominée pour le Prix Samir Kassir pou la liberté de la presse dans le monde arabe.

Il y en a qui, avec la distance temporelle, s’en souviennent « par brides », à travers la métaphore du camion qui se déplace, laissant voir le défilement d’un chemin portant toute la signification de l’arrachement. D’autres qui, comme cette grand-mère, usent d’archives photographiques pour mieux convoquer les souvenirs. Dans le récit, est ramenée l’image de « l’avion jaune » qui causa beaucoup de morts chez les révolutionnaires notamment « à Ref-raf ». Dans un document sonore inséré au film par la réalisatrice, la réalité physique du village de son père est ressuscitée, contrastant avec cet amas de ruines qui lui est postérieur, dans lequel sont enfouis tous les souvenirs de la présence des occupants d’une concession gaie et conviviale.

Il y a aussi dans les témoignages la découverte de l’horreur dans cette localité de Lakhdor où des morts jetés un milieu des cactus sont tous défigurés par les charognes. « Les femmes pleuraient », entend-on dire. En somme, ils seront trois (3) millions de déplacés dont la moitié sont des ruraux à qui la réalisatrice a voulu donner une voix posthume, sous-tendue par un effort de mémoire, de deuil, et peut-être moins de dépassement parce que sans la vérité du tragique, il est difficile de refermer une page historique non remplie.

Bassirou NIANG

In revue Awotele – Novembre 2019

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