Les Sénégalais étaient certainement pressés de voir les mesures de restrictions liées au coronavirus allégées pour se prendre leur baluchon. À preuve, à Tambacounda, la région sud-est du pays, les les usagers des moyens de transport interurbain ont pris d’assaut la gare routière. Beaucoup ont été bloqués en des lieux lors du couvre-feu qui interdisait les déplacements entre les régions.
La gare routière de Tambacounda était noire de monde hier avec la reprise du trafic interurbain. Malgré les couacs, les passagers étaient déterminés à voyager après trois mois de confinement.
Quel soulagement ! Les populations qui avaient marre d’être confinées chez elles depuis trois mois ont pris d’assaut hier les gares routières de Tamba¬counda. A peine que la levée de la mesure d’interdiction du trafic interurbain est entrée en vigueur. Sur place, le dispositif préventif est déjà en place : Points de lavage des mains, distribution des gels hydro-alcooliques disponibles, de masques à certains passagers, entre autres précautions prises. «Dakar, Diourbel, Kaolack, Touba», hèlent les «coxeurs» aux clients qui s’empressent devant les véhicules. Chacun veut rejoindre sa famille après une longue absence à cause du coronavirus.
Trouvé sur place, A. Ba soutient avoir été beaucoup lésé par l’arrêt brusque des transports : «Je suis un commerçant à Dakar. J’étais venu présenter mes condoléances à la famille de ma tante rappelée à Dieu. Malheureusement, la mesure m’a trouvé ici. Et depuis lors, j’y suis coincé. C’est une énorme perte pour moi. Mais comment faire ? C‘était une décision étatique, il fallait s’y conformer. Aujourd’hui, je rends grâce à Allah de pouvoir voyager et retrouver enfin ma famille et mon commerce.» Masque bien ajusté, il déplore néanmoins le manque de gel et autres produits de désinfection dans la gare routière. «Il devrait y avoir en grand nombre, vu le rush. Les responsables doivent veiller au respect strict des mesures barrières édictées, car c’est la condition de la réouverture des transports interurbains», dit-il.
Longtemps restés à se tourner les pouces, les travailleurs du secteur du transport affichent un sourire. Heureux comme un môme, Abdou Ndiaye, responsable de la gare routière, détaille : «Entre 8h et 11h (hier), il y a eu plus de 4 départs de véhicules 7places en direction de la capitale, sans compter les autres destinations. Habituellement, on enregistrait 2 au grand maximum 3 départs par jour. Vu la situation et la forte demande, l’on peut même aller jusqu’à 8 rotations aujourd’hui seulement. C’est énorme. Les gens étaient pressés de sortir de leur confinement. C’était stressant et même très dur.» Il poursuit : «La capitale est la principale destination des passagers. Ensuite Thiès, Diourbel, Kao¬lack. En ce qui concerne le tarif, il reste inchangé jusque-là même s’il faut déplorer l’arrogance des rabatteurs qui, à la limite, font dans l’arnaque vu l’importance du trafic.»
Aujourd’hui, le plus important est le respect des mesures-barrières, surtout la distanciation sociale, la tenue d’un manifeste. «Le rush est énorme. Néan¬moins, les responsables veillent à ce que toutes les dispositions arrêtées dans le protocole de la reprise soient respectées par les chauffeurs comme par les clients. Notre salut dépend de leur respect. La tenue du manifeste et le port du masque sont des conditions immanquables pour le voyage. Ça, nous y tenons fermement», proclame Abdou Ndiaye, responsable de la gare de Tamba. Un nouveau jour se lève.
Tract.sn (avec média)