L’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz n’a pas répondu ce jeudi à la convocation d’une commission parlementaire devant faire la lumière sur des dossiers pendant ses années de pouvoir, a annoncé cet organe.
M. Aziz, au pouvoir de 2008 à 2019, avait déjà refusé la lettre le convoquant jeudi devant cette commission d’enquête parlementaire de neuf membres constituée en janvier, avait indiqué mercredi à l’AFP une source parlementaire proche du dossier. « Il n’est pas venu à notre convocation. Les anciens présidents ne sont pas au dessus de la loi et peuvent bien être auditionnés », a déclaré jeudi le porte-parole de la commission Lemrabott Ould Bennahi, lors d’un point de presse. La commission a le droit d’« user de la force pour amener et entendre toute personne interrogée par elle, comme c’est le cas d’ailleurs pour la Haute cour de justice et pour les tribunaux ordinaires ».
« La loi permet à ce stade d’adresser des convocations pour des auditions. Pour les autres étapes à venir, elles seront précisées le moment venu par la commission », a ajouté M. Ould Bennati.
La commission ne peut pas faire venir M. Aziz de force, selon des constitutionnalistes, contrairement aux affirmations de M. Bennati. L’Assemblée nationale doit maintenant prendre en plénière « une résolution pour soit laisser tomber l’affaire, soit faire une mise en accusation pour son jugement par la Haute cour de Justice », a indiqué le professeur de droit et constitutionnaliste, Lo Abdoul Gourmo.
L’Assemblée est actuellement saisie d’un texte relatif à la Haute cour de Justice. Il précise le champ d’action de la cour et pourrait être voté lors de la session en cours jusqu’à fin juillet. La commission doit s’intéresser à plusieurs dossiers emblématiques de l’ère Ould Abdel Aziz.
Parmi ces dossiers, figurent la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l’Etat à Nouakchott, la liquidation d’une société publique qui assurait l’approvisionnement du pays en denrées alimentaires, ou encore les activités d’une société chinoise de pêche, Pully Hong Dong.
La convocation de M. Aziz s’apparente à une manifestation supplémentaire d’un début de disgrâce sous l’actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, que l’ex-président avait désigné comme son dauphin.
L’ex-président, un ancien général, est arrivé à la tête de la Mauritanie par un putsch en 2008, avant d’être élu et réélu en 2009 et 2014. M. Ghazouani, qui lui a succédé en août 2019, était son ancien chef d’état-major et ministre de la Défense.
Tract (avec médias)