Le mouvement de contestation au Mali qui réclame le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta a annoncé jeudi avoir rejeté une proposition du médiateur des Etats ouest-africains, l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, pour qu’il rencontre le chef de l’Etat malien.
La contestation « ne pouvait que réserver une fin de non-recevoir à la proposition du président Goodluck Jonathan d’organiser une rencontre avec M. Ibrahim Boubacar Keïta avant la fin de son séjour prévue le (jeudi) 13 août », a-t-elle affirmé dans un communiqué. M. Jonathan, envoyé spécial de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) au Mali, doit quitter jeudi ce pays où il était arrivé lundi, selon des sources concordantes.
La contestation « ne saurait rentrer dans une logique de discussions avec M. Ibrahim Boubacar Keïta aussi longtemps que ses militants font l’objet de chasse à l’homme par les forces de répression du régime et de condamnations expéditives », a souligné le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP). Cette coalition hétéroclite de chefs religieux, de la société civile et d’hommes politiques, réclame depuis plus de deux mois la démission du président Keïta, élu en 2013 puis réélu en 2018 pour cinq ans.
Le weekend du 10 juillet, une manifestation à l’appel du mouvement dit du 5 juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers. Le M5 évoque un bilan de 23 morts et plus de 150 blessés. Le Premier ministre, Boubou Cissé, a parlé de 11 morts et l’ONU de 14 manifestants tués.
M. Jonathan est au Mali pour une nouvelle mission de conciliation de la Cedeao, médiatrice dans la crise politique au Mali. Il a depuis son arrivée rencontré notamment l’imam Mahmoud Dicko, la figure de proue de la contestation et le chérif de Nioro (nord-ouest) Bouyé Haïdara, mentor de l’imam Mahmoud Dicko. Il a également rencontré des responsables du M5 et, selon un journaliste de l’AFP, une délégation de la majorité présidentielle.
En pleine crise politique, le Mali est en outre confronté depuis 2012 à des attaques jihadistes auxquelles se sont mêlés des heurts intercommunautaires. Ces violences, parties du Nord, se sont propagées dans le centre du pays puis au Niger et au Burkina voisins.