Plusieurs centaines de Congolais ont défilé jeudi à Bukavu, dans l’Est de la République démocratique du Congo, en soutien au prix Nobel de la Paix 2018, le gynécologue Denis Mukwege, qui affirme avoir reçu des menaces de mort.
« Nous demandons la sécurité du Dr Denis Mukwege, que les autorités dénichent les auteurs de cette menace et que la justice fasse son travail« , a déclaré l’un des manifestants, l’activiste Josaphat Baraka. Parmi les manifestants figuraient des femmes qui ont été hospitalisées à la clinique de Panzi.
C’est depuis cet établissement proche de Bukavu que le gynécologue congolais a bâti sa notoriété internationale en soignant des milliers de femmes victimes de violences sexuelles en marge des conflits armés qui ravagent la région des Kivu depuis 1996.
Fin juillet, le docteur Mukwege, 65 ans, avait fait état de menaces contre lui-même et sa famille après avoir dénoncé dans un Tweet le 26 juillet un massacre de civils dans le village de Kipupu, dans cette même province du Sud-Kivu. « Nous travaillons ensemble sur des solutions durables qui permettent à ce que le docteur Mukwege et l’hôpital (de Panzi) soient protégés par les institutions congolaises, par le Congo, et bien évidemment la mission en tant que partenaire jouera son rôle », a déclaré mercredi la responsable de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), Leïla Zerrougui.
Outre sa défense des femmes violées, le Dr Mukwege demande l’instauration d’une juridiction spéciale pour juger les violations des droits de l’homme commises dans l’Est de la RDC, notamment pendant les deux guerres du Congo (1996-1998 et 1998-2003). Comme il l’a redit devant des députés européens cette semaine, il s’appuie pour cela sur un rapport des Nations unies de 2010 qui répertorie ces violations et leurs auteurs entre 1993 et 2003. Ce rapport pointe entre autres la responsabilité du Rwanda voisin dans de nombreux massacres à partir de fin 1996.
Ce document a été récemment qualifié d' »outil de propagande » par un officiel rwandais, James Kabarebe, conseiller à la sécurité du président Paul Kagame, après avoir été longtemps son ministre de la Défense.