Ancien ministre et figure de la coalition du président Alassane Ouattara, Abdallah Albert Mabri Toikeusse, dont la candidature à la présidentielle du 31 octobre a été rejetée, « craint le pire » quant aux violences et regrette le chemin parcouru avec le président sortant, qui brigue une 3e mandat controversé.
« Nous craignons les violences. Nous savons que les Ivoiriens qui ne sont pas d’accord (avec le 3e mandat) vont protester, réagir (…) Puisque la seule méthode c’est chaque fois réprimer jusqu’à des tueries, il faut craindre le pire pour la Côte d’Ivoire », a-t-il dit à l’AFP
Ministre des Affaires étrangères, du Plan et jusqu’en mai 2020 de l’Enseignement et de la Recherche scientifique, M. Mabri Toikeusse s’était brouillé avec le camp présidentiel quand le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, décédé quelques mois plus tard d’un infarctus, en juillet, avait été désigné candidat.
Il s’insurge contre l’invalidation de sa candidature, assurant qu’il avait déposé un dossier complet et contenant le nombre de parrainages suffisants: « Ce qui était recherché par le président Ouattara et les institutions qui sont à ses ordres, c’est de choisir les candidats qui vont lui permettre d’avoir le plus grand suffrage et donc de faire son « un coup KO », le passage en force dès le premier tour pour ce troisième mandat que nous déplorons tous ».
Selon des observateurs, la candidature de M. Toikeusse aurait détourné des voix de la candidature de M. Ouattara qui vise une victoire au premier tour face à une opposition divisée.
Candidat de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), M. Mabri Toikeusse était arrivé 4e au premier tour de la présidentielle 2010 avec 2,57% derrière les trois poids lourds Gbagbo-Ouattara-Bédié.
Il avait ensuite rallié le camp de Ouattara pour devenir ministre jusqu’en 2020.
« Je regrette surtout d’avoir fait longtemps chemin ensemble en croyant qu’avec lui (Ouattara) on allait donner une nouvelle chance à la Côte d’Ivoire », a-t-il confié se disant « totalement contre le troisième mandat »
« C’est une candidature illégale. Illégitime. Le Conseil constitutionnel a été renouvelé de moitié à seulement deux semaines du processus électoral (3 des membres ont été remplacés en août) donc c’est un Conseil aux ordres du pouvoir qui a rendu hier (lundi) son verdict », a affirmé M. Toikeusse.
« En tout état de cause, au niveau de l’UDPCI au niveau des démocrates de ce pays, cette forfaiture ne passera pas et nous nous battrons jusqu’au bout », a-t-il dit.
Le Conseil constitutionnel a validé seulement 4 des 44 candidatures écartant notamment l’ancien président Laurent Gbagbo ou l’ancien chef rebelle et Premier ministre Guillaume Soro.
Ouattara aura comme adversaires son vieux rival, ancien allié et ancien président Henri Konan Bédié (1993-1999), Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre sous la présidence de Laurent Gbagbo, et l’ancien député Kouadio Konan Bertin, dissident du parti de Bédié.
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