L’interview d’Alassane Ouattara dans l’édition de Paris- Match de ce jeudi 24 septembre révèle sa psychologie particulière et son état d’esprit actuel, après dix ans à la tête de son pays : de toute évidence, le président sortant pense que la Côte d’Ivoire et sa personne, c’est une seule et même chose. Il parle des « candidatures de provocation » des condamnés (par la justice) Gbagbo et Soro. Au sujet de ce dernier, il n’hésite pas à lancer : « Ce jeune homme (Soro, 47 ans), enivré par l’argent et le pouvoir, a simplement perdu la tête ». Diantre ! Les 47 ans de Soro en font un jeune homme au yeux de Ouattara, du haut de ses 78 ans, qui doivent être juste l’âge mûr ? Tout cela laisse perplexe.
Soro a répondu sur Twitter ce jeudi : « J’ai lu l’interview d’Alassane Ouattara dans Paris-Match. Et ma conviction est faite: ce n’est pas le « ecce homo ». Cet homme est en querelle avec lui-même. Ayons de la tolérance pour lui. Ado voulait me voir misérable dans les rues de Paris? Est-ce là son programme pour la CI? » a-t-il twitté. Puis un autre tweet, toujours de Soro : « À 78 ans révolus, il manque de sagesse. Un président ne parle pas ainsi. Dans ses propos transparaît la haine d’un conjoint divorcé. Il veut me voir en prison? Sûrement dans la cellule voisine à la sienne. Pour l’heure qu’il quitte le pouvoir et ne brûle pas la Côte d’Ivoire. »
Au grand dam des opposants qui estiment que sa candidature est une « forfaiture », le Conseil constitutionnel a donc validé celle de Ouattara. Pour ce qui est des autres candidats à part Gbagbo et Soro nommément étrillés par Ouattara, le camp Ouattara (notamment par la voix du directeur du parti présidentiel, l’homme d’affaires Adama Bictogo) se charge de traiter les candidats Bédié, 86ans et Affi Nguessan, 68 ans, d’ « irresponsables » et d' »incendiaires », avec leur appel, samedi dernier, à la « désobéissance civile ».
Mais Ouattara n’est pas le dernier des pyromanes, lui qui est droit dans ses bottes dans cette interview avec Paris – Match : sa candidature à un troisième mandat ? « C’est un sacrifice. Et ce dernier mandat – si, comme je l’espère, je suis réélu – sera un sacerdoce », assure-t-il. Mais qui lui a lancé cet appel au sacrifice ? Dieu ?
Le président sortant a balayé toute idée de reporter le scrutin malgré les menaces de boycott de l’opposition (au moins celle d’Affirmer Nguessan du FPI), opposition qui a unaniment appelé à la « désobéissance civile » donc : « Il n’en est pas question (…) Le scrutin présidentiel doit se tenir le dernier samedi du mois d’octobre de la cinquième année du président en exercice. La date du 31 octobre est donc inscrite dans le marbre (…) Seuls des candidats qui savent qu’ils seront battus peuvent avoir envie de se retirer ».
Oui, cette interview montre que Ouattara n’imagine pas un destin à la Côte d’Ivoire en dehors de sa personne, à défaut de pouvoir placer à la tête du pays un homme qui aurait été sa marionnette ( nos excuses à la mémoire de feu Gon Coulibaly!). Et Ouattara ne fera rien pour apaiser le climat tendu de cette prochaine présidentielle, lourde de menaces pour la paix civile en Côte d’Ivoire. Ça aussi, c’est « inscrit dans le marbre » !
Damel Mor Macoumba Seck
Tract