Les forces de l’ordre étaient toujours déployées en grand nombre lundi à Conakry, où l’atmosphère restait tendue alors que se poursuit une médiation internationale après les violences post-électorales qui ont suivi la réélection contestée du président sortant Alpha Condé, selon des journalistes de l’AFP et des témoins.
Comme depuis plusieurs jours, des policiers, gendarmes et militaires, dont certains à bord de pick-up, bouclaient les quartiers réputés favorables à l’opposition dans la banlieue.
Des tirs ont été notamment entendus dans les quartiers Cosa et Sonfonia, sans que l’on sache s’ils ont fait des morts ou des blessés.
Malgré un appel à manifester dès lundi du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) contre la réélection d’Alpha Condé, les rues sont restées pratiquement vides, des habitants disant craindre pour leur sécurité.
Amnesty International a déclaré dimanche que les forces de sécurité guinéennes avaient tiré à balles réelles contre des manifestants et condamné les coupures d’internet depuis le début des troubles. Lundi après-midi, internet restait toujours très difficile d’accès, selon des correspondants de l’AFP.
Ces troubles, qui ont fait au moins 27 morts en une semaine selon l’opposition et une dizaine selon les autorités, se poursuivent alors que des émissaires de l’ONU, de l’Union africaine (UA) et de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) sont arrivés dimanche en Guinée.
« Dans mon quartier, les gens disent qu’ils attendent de voir l’issue de la mission conjointe pour voir sur quel pied danser », a expliqué à l’AFP un chef de quartier s’exprimant sous le couvert de l’anonymat pour des raisons de sécurité.
Les médiateurs internationaux devaient rencontrer dans la journée plusieurs ministres, des représentants du corps diplomatique et le président Condé, proclamé vainqueur samedi par la commission électorale (Céni), avant de s’exprimer en fin d’après-midi devant la presse, selon un responsable de la Cédéao à Conakry.
Ils ont également souhaité rencontrer le chef du parti d’opposition UFDG Cellou Dalein Diallo, auto-proclamé vainqueur dès le lendemain du scrutin du 18 octobre et qui depuis dénonce une fraude massive et incite ses militants à continuer la lutte jusqu’à ce que sa victoire soit reconnue.
M. Diallo, crédité de 33,5% des votes par la Céni, contre 59,5% pour Alpha Condé, a dit à l’AFP refuser de recevoir les émissaires à son domicile, où il affirme être « séquestré » depuis la semaine dernière.
Il a proposé aux délégués internationaux une rencontre dans ses bureaux, mais il affirme que ceux-ci ont été saccagés par les forces de l’ordre. « Ils n’ont qu’à se débrouiller », a-t-il dit.
Cellou Dalein Diallo, qui se présentait pour la troisième fois à la présidentielle, a par ailleurs confirmé son intention de déposer un recours devant la Cour constitutionnelle, sans se faire d’illusion.
« Même si on sait déjà à quoi s’attendre, nous allons le faire quand même. Pour cela nous avons huit jours francs à partir de la proclamation des résultats provisoires », a-t-il indiqué, sans plus détails.