L’opposant Bédié  »suspend le dialogue », le camp du pouvoir :  »c’est un chantage odieux »

Le parti du président Alassane Ouattara, réélu pour un troisième mandat controversé lors d’un scrutin marqué par des violences pré et post-électorales ayant fait 85 morts, a monté le ton dimanche, après la suspension du dialogue par l’opposition.

Le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) « invite l’opposition à cesser de ruser avec la paix, car dans cette crise, rien ne peut s’obtenir par la force ou par la violence », a notamment affirmé son porte-parole Kobenan Adjoumani, également ministre de l’Agriculture.

Vendredi, le chef de l’opposition, l’ancien président Henri Konan Bédié avait annoncé sur Twitter avoir « suspendu le dialogue », réitérant certains préalables que l’opposition avait déjà posés, notamment « la libération de tous nos militants, et cadres incarcérés » et le retour des opposants de l’étranger.

Les violences politiques et entre communautés liées à l’élection présidentielle du 31 octobre ont fait au moins 85 morts et près de 500 blessés depuis août, selon un bilan officiel.

La tension avait cependant nettement baissé après la rencontre entre le président Ouattara et M. Bédié, le 11 novembre. Les deux hommes avaient alors promis d’engager des négociations qui ont commencé en coulisses et étaient encouragées par la communauté internationale.

« La situation socio-politique qui prévaut convoque tous les acteurs politiques au tribunal de la responsabilité et exige de tous de la retenue », estime M. Adjoumani qui accuse M. Bédie d’un « chantage odieux ».

Alassane Ouattara a été réélu pour un troisième mandat controversé face à une opposition qui a boycotté le scrutin et appelé à la « désobéissance civile », puis qui a proclamé un « Conseil national de transition » censé le remplacer.

La justice ivoirienne a lancé des poursuites contre plusieurs leaders de l’opposition, dont certains sont emprisonnés.

L’opposition a exigé des « actes d’apaisement » du pouvoir en préalable à tout dialogue politique.

Le pouvoir avait levé le blocus autour des domiciles des leaders de l’opposition et libéré certains militants mais gardé en prison notamment le porte-parole de l’opposition l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan ou Maurice Guikahué, un haut cadre du parti de M. Bédié.

Les violences liées à la présidentielle de 2020 surviennent dix ans après la crise post-électorale de 2010-11, née du refus du président Laurent Gbagbo de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara.

Survenant après une décennie de tensions qui avaient coupé le pays en deux, sur une ligne identitaire entre le Nord et le Sud, elle avait fait 3.000 morts, ainsi que 300.000 réfugiés et un million de déplacés internes, selon l’ONU.

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