Sentract – La Cour suprême de Pennsylvanie a annulé ce mercredi 30 juin la condamnation pour agression sexuelle du comédien Bill Cosby, une décision qui représente un camouflet pour le mouvement #MeToo.
Tout sourire Bill Cosby est apparu devant les caméras une fois libéré mais sans prononcer une parole, rapporte notre correspondante à Washington, Anne Corpet. Il est très heureux d’avoir retrouvé sa famille, a simplement commenté l’une de ses avocates.
« Les condamnations et les peines infligées à Bill Cosby sont annulées et il doit être libéré », a écrit la haute juridiction de l’État à la fin d’un long arrêt de 79 pages.
Âgé de 83 ans, le créateur de la série « The Cosby Show » est détenu depuis sa condamnation, en septembre 2018, à de la prison ferme pour avoir drogué et agressé sexuellement Andrea Constand, une femme qu’il avait invitée à son domicile en 2004.
Dans sa décision, la Cour suprême rappelle que le premier procureur en charge du dossier avait décidé de ne pas le poursuivre au pénal, tout en l’incitant à témoigner dans une procédure au civil intentée par la plaignante.
La première condamnation de l’ère #MeToo
Or, ce témoignage a ensuite été retenu contre lui lors de son procès, quand un nouveau procureur a décidé de relancer l’affaire des années plus tard, notent les magistrats. « Quand un procureur prend une décision publique avec l’intention de peser sur les actions de l’accusé et que celui-ci le fait à son détriment (et parfois sur les conseils de son avocat), lui refuser le bénéfice de cette décision est un affront au principe fondamental d’équité », jugent-ils.
La condamnation de Bill Cosby était considérée comme la première de l’ère #MeToo et une victoire dans la lutte contre les violences sexuelles visant les femmes.
Pour les femmes qui ont été victimes du comédien, cette décision passe mal. Victoria Valentino, actrice, a réagi sur CNN : « C’est un coup de poing dans le ventre. Est-ce que nos vies ne valent rien ? Toutes les vies qu’il a endommagées ?! Je suis furieuse ! Tout le monde est stupéfait ! Comment cela est-il possible ? »
Considéré comme l’incarnation du père idéal dans son show télévisé, l’acteur, l’un des premiers Afro-Américains à percer sur le petit écran, a été accusé par une soixantaine de femmes d’agressions sexuelles et parfois de viol, couverts par la prescription. Le comédien ne devrait plus être inquiété. La Cour suprême interdit à la justice de reprendre son procès.
Sentract